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Pour approfondir votre réflexion, nous vous invitons à lire nos textes diffusés en accès libre sur la plateforme cairn.info.
1 La politique d’accueil réservée aux Ukrainiens fuyant la guerre a amené une nouvelle vague d’interrogations chez les citoyens et les professionnels qui n’avaient pas été jusqu’ici directement confrontés à l’accueil des populations victimes de ce type de conflit. Nous avons souhaité apporter des éclairages en compilant des textes de référence déjà publiés dans notre revue.
2 Comprendre les effets du traumatisme et de l’exil permet de mieux appréhender les différents enjeux associés à un accompagnement approprié. Ils donnent des repères dans la relation à l’autre, notamment pour ne pas tirer des conclusions hâtives pouvant donner lieu à une interprétation erronée et donc à un comportement inadapté. Par exemple, une réaction incompréhensible (un état de panique amenant la personne à prendre la fuite) correspond plutôt à une reviviscence qu’à un délire paranoïaque.
3 Ainsi est-il nécessaire de prendre le temps d’écouter la parole et l’histoire du sujet afin d’apporter un soutien adapté. Au niveau de l’exil, il s’agit d’approfondir la notion de perte qui peut s’entendre aussi bien sur le plan physique (sa maison, ses amis) que symbolique. C’est-à-dire que la personne perd aussi son statut, la place qu’elle avait dans son pays. La nostalgie peut alors venir entraver la possibilité de repartir à zéro, ainsi que les formalités administratives à réaliser rapidement une fois en terre d’asile, et rendre difficile le deuil de ce/ceux que l’on a perdu(s).
4 Accueillir au sein d’une institution, c’est alors instaurer un cadre où la personne pourra se sentir écoutée quel que soit l’espace concerné, qu’il s’agisse d’entretiens auprès de l’accueillante, du médecin, du psychologue, de l’assistante sociale, de la juriste ou de la kinésithérapeute. La pluridisciplinarité revient alors à offrir la possibilité de parler et ce, à partir de n’importe quel motif : une douleur, une demande de logement, des troubles du sommeil, un recours devant la Cour nationale du droit d’asile. Cette possibilité de s’adresser individuellement à un professionnel ne peut être séparée d’un espace où chaque corps de métier peut échanger pour s’entendre parler différemment de la personne accompagnée. Autre élément essentiel à un accueil adapté, donner la possibilité d’énoncer une parole au plus près de ce qu’on souhaite transmettre. Pour cela, il est indispensable d’avoir recours à un interprète, seul professionnel pouvant aussi bien respecter les mots, les silences qu’adopter une posture à une juste distance.
5 Par ailleurs, la psychanalyse a fondé notre orientation car elle propose un espace de parole respectueux de la temporalité psychique du patient. Il a ainsi la possibilité de reprendre les événements traumatiques vécus à son rythme, de les inscrire dans son histoire et à sa façon, autrement dit, dans ce qui fait sens pour lui. Cette prise en compte de la singularité de la personne se retrouve aussi lors des rendez-vous médicaux qui favorisent la rencontre avant de procéder à tout examen. Ce travail de remise en mouvement d’un sujet figé par le traumatisme et que l’on retrouve aussi bien au niveau psychologique que médical est parfois bousculé par d’autres temporalités, comme celles liées aux procédures juridiques. La juriste prend alors le temps d’écouter l’histoire de la personne, de ne pas lui faire répéter ce qu’elle a déjà dit ou écrit et de l’accompagner dans ce qui n’a pas encore été rapporté, tout en précisant qu’il sera toujours possible de reprendre ces propos. Rester à l’écoute, ne pas aller au-devant de ce que la personne pourrait dire ou pas, demander ou pas, est un positionnement qui se retrouve aussi au niveau du service social qui, à travers l’accompagnement sur les différents plans qui composent la vie sociale d’une personne, tend à lui redonner une place de sujet en partant de ses désirs, ses envies.
6 Cet espace de parole n’est pas propre aux adultes. Les enfants ont tout autant besoin d’un espace à eux, propre à leur âge, afin d’exprimer ce qui les préoccupe étant donné que la demande de consultation est généralement formulée par une personne qui en est responsable, mais aussi pour les dégager des responsabilités liées à l’exil.
7 À travers ce numéro, nous espérons que chacun et chacune d’entre vous trouvera une manière d’accueillir la parole des personnes victimes de torture et de violence politique [1].
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Pour approfondir votre réflexion, nous vous invitons à lire nos textes diffusés en accès libre sur la plateforme cairn.info.