Notes
-
[4]
Bien que la démarche des sustainable livelihoods se soit diffusée rapidement, et soit utilisée désormais de façon machinale, elle présente des faiblesses, en particulier du point de vue politique dans l’appréhension des interactions entre les ménages et les institutions et, de façon générale, sur les questions de pouvoirs.
-
[5]
Ampasimbe, situé à 42 km au nord-Est de Fénérive, est très enclavé, souvent accessible uniquement à pied ou par voie fluviale et a très peu de possibilités pour la riziculture de bas-fond. Le site d’Ampasina Maningory se trouve à 18 km au nord de Fénérive-Est ; il est assez difficile d’accès, mais il est doté en infrastructures permettant d’irriguer la plaine et le bas-fond de Manjorozoro. Celui d’Ambatoharanana est à 18 km de Fénérive par une route correcte et se situe en bordure de la grande plaine aménagée d’Iazafo.
-
[6]
L’échantillon de 500 ménages en 1999 est partiellement renouvelé au fur et à mesure de la « perte » de certains ménages (refus, départ, éclatement de la famille) ; un changement de hameaux en 2005 a provoqué un renouvellement plus important, c’est pourquoi les données en panel sont prises sur la période de 2005 à 2014, afin d’avoir un échantillon conséquent.
-
[7]
Nous retenons la définition de l’agriculture familiale comme désignant « les formes d’organisation de la production agricole caractérisées par : (i) l’existence de liens organiques entre l’économie domestique de la famille et celle de l’unité de production et (ii) la mobilisation effective du travail familial sans recours au salariat permanent » (Bosc et al., 2015, 14).
-
[8]
Plusieurs études ont été conduites sur les systèmes de production à base de girofle dans la région d’Analanjirofo. Elles ont été mobilisées ici pour la bibliographie, en particulier, Fourcin et al. (2015), Danthu et al. (2014), Panco et al. (2013).
-
[9]
L’indicateur de développement humain est de 0,512 en 2016, plaçant le pays au 158e rang sur 188 pays classés (http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/MDG).
-
[10]
Cette ligne est établie à partir d’un seuil de pauvreté alimentaire et d’un seuil non alimentaire (dépenses de base indispensables) ; le seuil est de 535 603 Ariary/tête/ an en 2012 (185 € au taux de change de 2012).
-
[11]
Le taux de pauvreté est calculé à partir des consommations et selon la méthodologie de l’INSTAT afin de rendre les comparaisons possibles avec les indicateurs nationaux. Les denrées provenant de la production familiale, qui représentent une part importante de la consommation alimentaire des ménages, ont été valorisées au prix moyen au producteur dans l’observatoire. Les consommations ont été déflatées à partir de l'évolution du taux d'inflation national de 2005 à 2014 d’après l’évolution des prix déterminée par l’INSTAT.
-
[12]
Le revenu total intègre la valorisation de la production agricole au prix moyen au producteur, ainsi que les autres sources de revenus monétaires (salariat, activités commerciales, transferts, etc.).
-
[13]
La période de référence pour les enquêtes correspond à la saison agricole écoulée : les enquêtes de 2008 portent sur la saison agricole 2007-2008, et les conséquences du cyclone Ivan sur la production de girofle auraient dues être mesurées sur la saison 2008-2009, au moment des enquêtes de 2009.
-
[14]
Le dernier recensement général de population disponible en 2017 date de 1993.
1 Girofle, litchi, banane, café, riz, maïs, manioc, … : la région d’Analanjirofo, située sur la façade orientale de Madagascar, dispose de conditions agro-écologiques favorables à une agriculture diversifiée. Le nom même de la région signifie « forêt de girofliers », arbre qui a été introduit comme le litchi sous la colonisation. Malgré cette diversité et l’apparente luxuriance des paysages, les enquêtes menées auprès des ménages ruraux reflètent la persistance de la pauvreté et d’une insécurité alimentaire chronique, avec des conditions de vie qui peinent à s’améliorer.
2 Comprendre les facteurs de vulnérabilité des populations de cette zone nécessite de prendre en compte leur construction temporelle à différentes échelles, depuis celle des ménages, des villages, jusqu’au niveau national, ainsi que le lien avec le marché mondial. Pour avancer dans cette réflexion, nous nous appuyons sur les données de l’Observatoire de Fénérive-Est, situé dans la région d’Analanjirofo, qui a permis le suivi d’un panel de ménages ruraux sur trois villages. Dans la première partie, nous proposons le cadre d’analyse et la méthodologie. La seconde partie établit une typologie des ménages ruraux à travers leurs profils d’activités et les évolutions sur la période 2005-2014, durant laquelle ils ont été confrontés à des chocs climatiques, à une forte instabilité politique et à des variations brutales dans le marché mondial du girofle. Dans la troisième partie, nous présentons les facteurs structurels de cette vulnérabilité enchâssée et située et nous nous interrogeons sur les capacités d’adaptations de ces populations et sur la durabilité du système actuel compte tenu des différentes contraintes démographiques, économiques et environnementales.
1. L’APPROCHE DE LA VULNÉRABILITÉ À TRAVERS LES OBSERVATOIRES RURAUX
1.1 La vulnérabilité, une approche systémique
3 Depuis deux décennies, les recherches sur la vulnérabilité se sont élargies à plusieurs disciplines, avec des approches variées, intégrant la complexité, les changements d’échelle, les dimensions sociales, politiques et historiques selon les courants (Bidou et Droy, 2013 ; Becerra et Peltier, 2009). Ces travaux ont permis de renouveler les approches, en dépassant un cadre « aléa-centré » (cyclone, séisme, sécheresse), pour l’élargir aux conditions dans lesquelles la société elle-même produit cette fragilité face à un choc. L’approche de Wisner et al. (2004) appréhende la vulnérabilité comme l’ensemble des caractéristiques et de la situation d’une entité sociale (personne, ménage, groupe social, institution) qui influencent leurs capacités à anticiper, faire face, résister ou se rétablir après l’impact d’un aléa.
4 Les risques auxquels sont confrontées les sociétés rurales des pays du Sud sont de nature très variée, dépassant largement ceux habituellement cités qui menacent la production agricole, comme les aléas climatiques (sécheresse, cyclone, etc.) ou agronomiques (dégradation des sols, invasion acridienne, etc.) ; ces risques sont aussi le produit de choix de politique économique (dérégulation des marchés, globalisation des échanges), ou d’évolutions des structures juridiques (comme pour les réglementations foncières). Il est alors nécessaire d’aborder « les catastrophes, non plus sous l’angle de l’événement, mais comme des processus historiques, sociaux, culturels complexes qu’il convient de replacer dans un contexte plus large et d’analyser à partir du temps long » (Revet, 2009, 91).
5 La mondialisation économique et les changements environnementaux globaux, dont les effets sont de plus en plus importants, s’articulent avec le contexte institutionnel, social et économique national puis local, produisant des effets et des stratégies d’adaptation qui, à leur tour, agissent sur les autres niveaux ; le cadre systémique développé par Turner et al. (2003) permet de visualiser cet enchâssement et ces interrelations. Cette approche lie un sous-système environnemental et un sous-système social en prenant en compte les différentes échelles du risque, du niveau local au niveau mondial et en différenciant divers pas de temps, de la saisonnalité aux tendances de long terme. Les perturbations peuvent provenir de l’extérieur ou correspondre à un évènement interne à l’écosociosystème et lier plusieurs échelles et temporalités. De nombreux modèles de ce type ont été proposés, plus ou moins élaborés, qui ont en commun de placer la vulnérabilité des individus et des ménages dans une perspective multiscalaire où ceux-ci, par leurs réactions ou leurs stratégies d’adaptation, induisent une rétroaction sur les autres niveaux.
1.2 L’Observatoire rural de Fénérive-Est dans la région Analanjirofo : 1999-2014, quinze ans de suivi des ménages ruraux
6 Les observatoires ruraux sont un système d’investigation développé à Madagascar depuis 1995 pour suivre les transformations économiques et sociales à l’échelle des ménages ruraux (Droy et al., 2000). La principale originalité des observatoires réside dans la concentration sur certains sites, permettant un effet zoom pour prendre en compte le contexte et la diversité des situations, et le suivi temporel d’environ 500 ménages par observatoire et par an, choisis pour illustrer une problématique importante de l’agriculture malgache. Ils constituent un outil efficace pour l’étude des moyens d’existence des ménages selon l’approche des moyens d’existence durables (sustainable livelihoods) (Scoones, 2009 ; Ellis, 2000 ; Chambers et Conway, 1992). En effet, les observatoires fournissent des informations sur les actifs dont disposent les ménages ruraux (terre, main-d’œuvre, matériel, réseaux) et qui correspondent aux « capitaux » des moyens d’existence ; ils renseignent sur la structure des revenus, c'est-à-dire le résultat (outcome) de leurs activités. Loin de l’idée d’une communauté rurale uniforme, les observatoires permettent de différencier les stratégies que les ménages mettent en place en fonction de leurs dotations et d’en dresser une typologie. La démarche des moyens d’existence durables intègre la question de l’incertitude, déclinée sous la forme de contraintes de long terme, de chocs et de la saisonnalité ; la mise en panel d’un échantillon permet de suivre les ménages dans leurs diverses vicissitudes. En complétant par d’autres sources d’information à l’échelle régionale ou nationale, il est alors possible de comprendre l’articulation des chaînes de vulnérabilité, ce que nous allons entreprendre dans la deuxième partie [4].
La région d’Analanjirofo à Madagascar, les principales zones de production de girofle (en ha) et le site de l’Observatoire de Fénérive-Est.
Fenérive Est
La région d’Analanjirofo à Madagascar, les principales zones de production de girofle (en ha) et le site de l’Observatoire de Fénérive-Est.
7 En 1999, un observatoire du Réseau des observatoires ruraux (ROR) a été implanté dans le district de Fénérive-Est, situé au sud de la région d’Analanjirofo (figure 1). Il a fonctionné de 1999 à 2014 (année d’arrêt de l’observatoire), avec une suspension en 2009, en raison de la crise politique qui a marqué cette année. La région d’Analanjirofo est située sur la façade orientale de Madagascar, qui désigne un couloir le long de la côte Est, bordé d’un côté par l’océan Indien, et de l’autre par les escarpements qui l’isolent du reste du pays. Elle concentre actuellement l’essentiel de la production de girofle malgache, qui est un des principaux produits d’exportation agricole du pays et place celui-ci au second rang des producteurs mondiaux.
8 Les ménages de l’observatoire sont répartis sur trois sites dans le district de Fénérive. Les principales différences entre les sites sont liées, d’une part à la disponibilité en bas-fonds ou en plaines avec des aménagements hydroagricoles permettant la riziculture et, d’autre part, à l’enclavement [5]. Ces conditions agro-écologiques et géographiques influencent fortement les moyens d’existence des ménages ruraux. De 1999 à 2014, on peut alors repérer sur l’ensemble des ménages enquêtés [6], l’évolution de différents indicateurs, liés par exemple aux revenus, à la sécurité alimentaire ou à la scolarisation. Grâce à la continuité des enquêtes, un panel cylindré de 245 ménages a été constitué, couvrant 9 années, de 2005 à 2014. Les enquêtes en panel permettent d’identifier des profils de moyens d’existence de groupes de ménages, ainsi que les formes d’adaptation ou les stratégies des différents groupes pour faire face aux chocs ou aux transformations économiques et sociales.
2. LES TYPES DE MOYENS D’EXISTENCE ET LEURS ÉVOLUTIONS LE LONG DU PANEL
2.1 Une agriculture familiale diversifiée et peu mécanisée
9 En dehors des plaines littorales assez densément peuplées, la région Analanjirofoa présente des paysages de basses-collines entrecoupés de bas-fonds. Les paysans Betsimisaraka y ont développé une polyculture sur les différentes facettes de leur terroir, associant des cultures destinées en priorité à l’alimentation familiale (riz, manioc, fruit à pain) et les cultures destinées à l’exportation ; ces dernières ont été introduites depuis la colonisation, profitant de conditions agro-écologiques favorables (climat tropical chaud et humide), d’une main-d’œuvre abondante, et de la proximité de ports pour l’évacuation des produits, comme celui de Tamatave.
10 Le girofle (Sygizium aromaticum) est un arbuste qui a été introduit comme le café, initialement sous forme de plantations monospécifiques, qui ont ensuite été intégrées dans un système agroforestier plus complexe, essentiellement dans le cadre d’une agriculture familiale [7]. Ces cultures ont eu des phases d’expansion et de déclin, en fonction de différents facteurs institutionnels et/ou économiques, liés notamment aux fluctuations des marchés internationaux. C’est le cas du café qui après avoir été un des premiers produits d’exportation, se trouve actuellement rétrogradé loin derrière le girofle ou le litchi (Danthu et al., 2014) [8]. La production de girofle est insérée dans ce système agraire peu mécanisé, dont le pivot reste la culture de riz, pluvial ou irrigué, au côté d’autres cultures vivrières destinées à la consommation familiale, en particulier le manioc (Fourcin et al., 2015) ; de nombreuses activités artisanales et commerciales, souvent plus ou moins liées à l’agriculture sont mises en place selon les moyens des ménages (Andrianirina et al., 2010) et contribuent à la diversification des activités. Les produits issus de la culture du girofle sont d’une part, les clous (boutons floraux séchés) et d’autre part l’huile essentielle, qui provient de la distillation des feuilles ou, plus rarement, des clous. L’essence a des débouchés assez larges à l’exportation pour l’industrie agro-alimentaire et pharmaceutique. Les prix plus rémunérateurs de l’essence que du clou ont provoqué la multiplication des alambics artisanaux, dispersés dans les villages et fonctionnant au bois, ce qui pose des problèmes de gestion des ressources forestières
11 Comme pour une grande partie de la façade orientale du pays, cette région se caractérise par des difficultés de communication et un fort enclavement. Le réseau hydrographique est dense, les pistes sont en mauvais état et difficiles à entretenir en raison des conditions climatiques et les rivières se franchissent par des bacs au fonctionnement aléatoire. De nombreux ne sont accessibles qu’à pied pour une partie, voire la totalité, de l’année, ce qui grève lourdement les coûts de transport.
2.2 La réduction de la pauvreté : la décennie perdue
12 La période couverte par les enquêtes correspond à celle de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le contexte général à Madagascar reste celui d’une pauvreté massive et de fortes inégalités, tant sociales que territoriales [9]. L’évaluation des OMD réalisé en 2013 (INSTAT, 2014) met en évidence le maintien de 71 % de la population sous la ligne de pauvreté nationale [10]. Sur l’Observatoire de Fénérive, l’évolution du revenu total par tête de l’ensemble des ménages de l’observatoire entre 1999 et 2014 (500 ménages) montre que sur la durée de réalisation des OMD, aucune réduction de la pauvreté n’a été réalisée (figure 2).
Observatoire de Fénérive - Évolution du revenu par tête par an (Ariary déflaté base 100 en 1999)
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
-
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Moyenne Médiane
Observatoire de Fénérive - Évolution du revenu par tête par an (Ariary déflaté base 100 en 1999)
13 L’évolution du taux de pauvreté a été établie sur le panel de 245 ménages entre 2005 et 2014 [11]. Ce taux est presque toujours supérieur à 90 %, ce qui est plus élevé que la moyenne nationale, sauf pour 2012, où il n’atteint « que » 75 %. Cette année-là, l’amélioration de la situation provient d’un rare « alignement des astres » : forte hausse des prix du girofle sur les marchés internationaux et production abondante liée aux bonnes conditions climatiques.
14 Il est alors un peu vain de parler de pauvreté chronique ou transitoire, sauf pour une minorité. Ces résultats montrent que les marges de manœuvre dont disposent les ménages pour développer de nouvelles stratégies, pour intensifier la production agricole, ou pour changer d’activités en cas de choc sont contraintes par un horizon temporel rendu étroit par les priorités vitales de la famille, et en premier lieu la sécurité alimentaire.
2.3 Une typologie qui révèle des différenciations entre ménages
15 Cette petite agriculture familiale n’est pas pour autant totalement homogène : l’accès à la terre, notamment aux rizières, ou l’insertion dans les réseaux de commercialisation, contribuent à une différenciation significative, avec des impacts sur la sécurité alimentaire et les stratégies d’adaptation aux chocs. Afin d’identifier les groupes au sein du panel et les évolutions de ces groupes sur plusieurs années, nous avons eu recours à une méthode descriptive multidimensionnelle à même de mieux prendre en compte la complexité de ces systèmes ruraux, pour en dégager une typologie, certes simplifiée, mais qui met en relief les principales situations. L’analyse en composantes principales mobilise un certain nombre de variables liées aux activités des ménages, à leurs actifs (terre, matériel) et aux caractéristiques sociodémographiques du ménage ; toutes les ressources et revenus sont pris en compte, qu’ils proviennent de la production agricole (en incluant celle destinée à la consommation familiale [12]) ou du salariat, du petit commerce, de la migration temporaire. Cette typologie a été réalisée sur l’année 2006. Elle permet de dégager quatre types de ménages (figure 3). L’axe 1 horizontal (23 % de l’inertie) différencie les ménages selon le revenu en opposant les plus précaires à un petit groupe plus aisés, avec un revenu par tête trois fois plus élevé. L’axe 2 vertical (18 % de l’inertie) différencie les ménages selon l’importance de la riziculture dans leur système de production.
16 Les inégalités dans les dotations en actifs, comme les terres rizicoles, sont structurantes dans la répartition des ménages selon les groupes. Outre les surfaces disponibles, il faut prendre en compte le type d’aménagement (bas-fonds non aménagés ou parcelles dans les plaines irriguées). Les groupes A et B sont proches en termes de revenus et de production rizicole. Les plus pauvres (type A, 29 %), ont peu de terres et une production directe agricole assez peu importante (production de riz de 140 kg/tête) ; 40 % de leurs revenus provient d’activités comme la fabrication d’essence de girofle (20 % du revenu) et du salariat agricole. Ils sont surreprésentés parmi les ménages dirigés par une femme et nombreux dans le village d’Ampasimbe, village très enclavé disposant de peu de bas-fonds rizicoles. L’autre groupe (type B, 16 %) est un peu plus aisé, tout en disposant de peu de rizières (production de 147 kg/tête) ; son revenu repose largement sur la production de girofle (39 %) ; à la différence du groupe A, ils ne font pas de salariat agricole et fabriquent peu d’essence de girofle ; on les retrouve sur les trois sites.
17 Viennent ensuite les deux groupes pour lesquels la production rizicole est plus importante. Tout d’abord, un groupe où l’activité agricole domine largement les revenus, le type C (39 %) : ce sont des riziculteurs (377 kg/tête) et des producteurs de girofle. Enfin, le petit groupe des plus aisés (type D, 16 %, sont à la fois les plus gros producteurs rizicoles (500 kg/tête) et d’importants producteurs de girofle, qui, de plus, ont des activités diversifiées et rémunératrices (40 % de leurs revenus), en particulier dans la filière commerciale du girofle. Ce groupe est très bien représenté à Ambatoharanana, village proche de Fénérive, desservi par une piste correcte et situé en bordure d’une grande plaine rizicole.
Observatoire de Fénérive : typologie des ménages ruraux par analyse en composantes principales (2006)
Observatoire de Fénérive : typologie des ménages ruraux par analyse en composantes principales (2006)
18 La riziculture, le girofle et la diversification des activités sont les pivots essentiels des stratégies des moyens d’existence des ménages ; les différences entre ménages ont des causes internes à la société, en raison des inégalités de dotations entre lignages et entre familles, mais aussi des causes externes liées à l’environnement physique, selon l’emplacement des villages dans des zones plus ou moins riches en bas-fonds et en plaines, ayant ou pas bénéficié d’aménagements hydroagricoles et de routes.
19 Le suivi sur plusieurs années de quelques indicateurs selon les différents groupes permet d’identifier les contraintes et les stratégies qu’ils mettent en place pour faire face aux transformations et aux chocs.
3. SAISONNALITÉ, CHOCS, TENDANCES LONGUES : ESPACE ET TEMPS DE LA VULNÉRABILITÉ
20 L’approche par les moyens d’existence durable, initiée dès les années 1990 par Chambers et Conway (1992), puis largement développée et reprise par la DFID (Department for International Development, Grande-Bretagne), fournit un cadre d’analyse des vulnérabilités particulièrement adapté au milieu rural. Celui-ci articule des échelles (locales, régionales, nationales et internationales) et des pas de temps croissants : ils vont de la saisonnalité, qui est de l’ordre de l’année, liée au calendrier agricole, aux chocs aléatoires, parfois espacés de plusieurs années, qui sont d’ordre climatiques, économiques ou autres (sécuritaires, sanitaires) se superposant aux tendances qui sont les transformations profondes, comme la contrainte démographique et les changements structurels liés à la globalisation de l’économie.
3.1 La contrainte de la saisonnalité
21 La saisonnalité est une forte contrainte pour les moyens d’existence des sociétés rurales (Dercon et Pramila, 2000 ; Devereux et al. 2012). Dans la région d’Analanjirofo, même s’il existe une saison sèche et une saison des pluies, le climat tropical chaud et humide a permis le développement d’une grande variété de cultures selon un calendrier agricole complexe qui favorise la diversité des sources d’approvisionnement alimentaire.
22 Le riz est cultivé aussi bien sur des parcelles irriguées ou dans les bas-fonds, que sur les collines (riz pluvial), voire même de plus en plus entre les girofliers. Sur les parcelles rizicoles irriguées, il y a deux récoltes : celle de la grande saison (vary tena taona), qui a lieu en mai-juin et celle de contre-saison (vary kitrana), qui a lieu en octobre-novembre. Malgré cela, la couverture de la consommation familiale en riz n’est pas correctement assurée pour de nombreux ménages. Or, le riz est l’aliment de base qui porte, en outre, une valeur culturelle et symbolique forte. Quand la production familiale est épuisée, il est possible pour les plus aisés, sous réserve de disponibilité, d’en acheter à des prix souvent élevés au moment où ils en manquent. Mais, à défaut de pouvoir en acheter faute de ressources monétaires, beaucoup de ménages sont contraints de restreindre leur consommation, remplacer le riz par d’autres aliments, voire supprimer des repas, rendant éprouvante la période de soudure entre deux récoltes de riz. C’est pourquoi la priorité pour la grande majorité des ménages ruraux est d’assurer leur couverture alimentaire en riz, ce qui influe sur leur calendrier de travail et leur investissement sur les autres cultures. Les ménages des groupes C et D, qui sont les plus aisés, sont ceux qui en même temps ont la meilleure couverture alimentaire (figure 4). Certaines années, celle-ci est particulièrement réduite pour les ménages les plus précaires des groupes A et B.
Part des ménages ayant une couverture alimentaire en riz supérieure à 8 mois par type et par an
80
60
40
20
0
2005 2006 2007 2008 2010 2011 2012 2013 2014
A pauvres B agri. girofle C agri. riz D aisés
Part des ménages ayant une couverture alimentaire en riz supérieure à 8 mois par type et par an
23 Au-delà des difficultés intra-annuelles, les variations que l’on observe d’une année sur l’autre sont liées à la variabilité de la pluviométrie (y compris sur les zones irriguées) : le retard dans le démarrage de la saison des pluies, les périodes de sécheresse durant la période culturale, les inondations en période cyclonique, entraînent des variations importantes dans les volumes récoltés selon les années. Il faut encore y ajouter d’autres menaces récurrentes, comme les ravageurs : les rats ont commis des dégâts importants sur les cultures et dans les stocks ces dernières années.
24 La vente des produits du girofle fournit des revenus monétaires, en évitant de vendre du riz ; cette rentrée d’argent permet d’acheter des aliments en période de soudure. C’est pourquoi la production de girofle et les prix au producteur sont des composantes importantes de la sécurité alimentaire des ménages.
25 Or, en dehors des problèmes climatiques (sécheresse, vent violent), la production du giroflier est aussi soumise à des variations cycliques de production, dont les origines sont encore mal déterminées (Michels et al., 2011) : il existerait une combinaison de facteurs liés aux pratiques culturales, avec des interventions directes sur la plante (comme les coupes de branches pour faire de l’huile essentielle ou l’écimage les arbres afin de limiter leur taille) en lien avec d’autres facteurs qui seraient biotiques ou pédologiques. Les alternances de floraison entraînent de fortes fluctuations dans la production sur plusieurs années (une bonne année est suivie de 3 ou 4 mauvaises années) et introduisent un facteur d’incertitude supplémentaire pour les producteurs.
26 En dehors des conditions agroclimatiques influençant la production agricole, les facteurs économiques, comme les prix au producteur, ont évidemment un rôle significatif, en particulier sur les investissements en temps de travail (y compris en recourant au salariat agricole) ou en matériel, aménagement, renouvellement des plantations, etc. Les prix du riz au producteur sont assez stables, en restant toutefois faiblement incitatifs depuis de nombreuses années, ce qui est identifié par beaucoup d’analystes comme une des causes de la pauvreté et de la faible productivité de la riziculture en milieu rural (Ramboarison et al., 2009). Quant au girofle, il subit de fortes variations de prix au producteur, en lien avec les évolutions sur le marché mondial (figure 5).
Évolution du prix au producteur du clou de girofle (par 100g) et du riz-paddy (par kg) – Ariary constants base 100 en 1999
500
Prix en Ariary constants
400
300
200
100
-
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Riz -Paddy (kg) Girofle (100gr)
Évolution du prix au producteur du clou de girofle (par 100g) et du riz-paddy (par kg) – Ariary constants base 100 en 1999
3.2 Des chocs majeurs et répétés : les cyclones
27 En dehors des variations saisonnières et interannuelles, les populations rurales sont soumises assez régulièrement à des chocs violents, comme les cyclones, qui entraînent des destructions des cultures, d’habitations et d’infrastructures, dont les effets se font sentir sur plusieurs années.
28 La région Nord-Est de Madagascar concentre le passage de cyclones le plus fréquent du pays. La gradation de la perturbation va de la tempête tropicale jusqu’à des intensités de 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson dont le maximum est 5. De tels événements climatiques ont lieu chaque année, généralement à la fin de la saison des pluies (février-mars), avec des fréquences et des intensités variables. Selon la puissance et la trajectoire du cyclone, les dégâts peuvent être très importants, surtout que, comme dans la plupart des pays pauvres, les constructions ne sont pas conçues pour résister à des tels événements. Les activités agricoles sont affectées : les plantations de girofliers sont sensibles aux vents en raison de leur enracinement superficiel et les pluies violentes provoquent des inondations et la destruction des cultures. Sur les trente dernières années, le cyclone le plus dévastateur a été Honorine en 1986, suivi d’autres comme Bonita en 1991, Gafilo en 2004 et Ivan en 2008. Ce dernier a été particulièrement intense, avec des vents de plus de 200 km/h, des pluies torrentielles (300 mm de pluie à Tamatave en 24 h), des glissements de terrains et des inondations, provoquant plusieurs dizaines de morts et le déplacement de milliers de personnes.
29 Les enquêtes sur l’Observatoire de Fénérive permettent de suivre les conséquences du cyclone de 2008 sur l’activité et les revenus. Malheureusement l’année 2009 [13], non financée, est une année manquante, par contre avec les années 2008 et 2010, on peut comparer les situations avant et après le cyclone et donc estimer les capacités de réorganisation du système.
30 Entre 2008 et 2010, les catégories les moins aisés (A et B) ont récupéré le niveau de la production de riz par tête, mais les plus aisés (gros producteurs de riz) ont eu une récupération plus lente (figure 6). Cela s’explique par la nature des rizières exploitées : les plus aisés exploitent les rizières de zones aménagées, plus longues à réhabiliter, alors que les petits producteurs de riz ne cultivent que des bas-fonds ne bénéficiant pas d’équipement ou du riz pluvial sur les collines.
Production médiane de riz par tête selon la typologie des ménages
production de riz kg/tête/an
600
500
A pauvres
400
B agri. girofle
300
C agri. riz
200 D aisés
100
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Production médiane de riz par tête selon la typologie des ménages
31 Quant à la production de clou de girofle, le niveau de production de 2010 est à peine inférieur à celui de 2008 : ceci est d’autant plus remarquable que le giroflier, arbre de sols pauvres et minces est aisément déraciné par les vents violents et des estimations ont montré que dans certains villages, les pertes en arbres se sont élevées jusqu’à 20 %. Or, non seulement le niveau de production a été rapidement récupéré, mais il s’accroît encore les années après, surtout en 2012 en raison des prix au producteur attractifs et d’une bonne récolte. Cette situation s’explique par l’intensité mise sur la cueillette des clous, qui nécessite plusieurs passages (avec souvent des salariés), le bouton floral étant cueilli à un stade très précis. Comme dans la plupart des cultures arbustives, lorsque les prix au producteur sont bas, les paysans ne cueillent pas la totalité de la production, privilégiant d’autres activités dans leur calendrier de travail. En 2010, sous la pression, ils ont fourni un surcroît de travail sur le giroflier. En 2013, la production était mauvaise, par contre les prix élevés ont justifié l’investissement sur la cueillette. Ces dernières années, les plus aisés (D) ont d’ailleurs renforcé leur investissement dans la filière girofle (sur la commercialisation) au détriment du riz.
Production médiane de girofle (clous) selon la typologie des ménages
production de girofle kg/tête
80
A pauvres
70
60
B agri
50
girofle
40
C agri riz
30
20
D aisés
10
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Production médiane de girofle (clous) selon la typologie des ménages
32 La consommation de riz par tête est un bon indicateur du niveau de bien-être de la population ; entre 2008 et 2010, elle est passée de 115 kg/tête en moyenne en 2008 à 95 kg en 2010, avec de faibles variations selon les types de ménages ce qui signifie que les ventes ont été plus importantes au détriment de la consommation. Les années où la production de girofle est élevée et les prix rémunérateurs, la consommation par tête dépasse les 150 kg par an (2012, 2013 et 2014).
33 Le choc du cyclone Ivan semble avoir été absorbé relativement rapidement, révélant les capacités d’adaptation des populations et les stratégies de lissage des risques, propres aux différents groupes. Pour autant, en élargissant l’analyse, à la fois dans le temps et dans l’espace, les tendances longues soulèvent des questions sur le développement de cette région.
3.3 Les tendances longues : un système dans l’impasse ?
34 La tendance longue la plus problématique est celle de la croissance démographique ; la population malgache a été multipliée par 5 depuis 1960, atteignant, d’après les projections, 25 millions d’habitants en 2016 [14]. Sa croissance se poursuit avec un indice synthétique de fécondité de 4,36 enfants par femme en 2015. La répartition est très inégale et Fénérive forme un foyer de population bien distinct sur la carte des densités à Madagascar : dans certains secteurs, on atteint 100 à 150 hab./km2, ce qui est considérable, même chez des riziculteurs. On a ici une illustration de la question posée à l’échelle nationale sur l’impasse démo-économique touchant l’agriculture malgache (Dabat et al., 2008).
35 Comme souvent, la croissance de la population a conduit à la transformation des paysages et à une certaine intensification des systèmes de production. L’étude de Dandoy (1973), réalisée dans un terroir proche de l’observatoire décrit précisément les transformations des systèmes agraires depuis la colonisation. À l’époque, le système de défriche-brûlis (tavy) était encore largement pratiqué. Sous la pression de l’administration coloniale, puis de celle de l’État malgache, des aménagements des plaines ont été réalisés, avec pour objectif d’y localiser les rizières, les collines étant destinées aux plantations de girofle. Sous l’effet de la pression démographique, les sites propices à l’aménagement de rizières se sont progressivement raréfiés et les versants, avec les plantations de girofliers, ont été convertis en systèmes agro-forestiers plus ou moins complexes (Lobietti, 2013 ; Panco et al., 2013). Cette diversification sous forme d’association de culture est assez courante dans les pays en développement ; elle prend place ici dans un foyer de population aux densités déjà fortes, soulevant des interrogations sur les limites de la capacité de ce système agraire à nourrir et à faire vivre la population : faute d’équipements, d’investissements, de formation, ces activités restent pour la plupart à faible valeur ajoutée. La distillation artisanale du girofle, qui est en forte expansion ces dernières années, est fortement consommatrice de bois de feu, aggravant la déforestation.
36 Pour les ménages ruraux, le girofle garde une place centrale dans les revenus monétaires. Cependant, les plantations sont vieillissantes et peu renouvelées, illustrant la prudence des producteurs face aux variations des prix qu’aucun système de régulation ne vient atténuer. Les politiques d’appui aux cultures fonctionnent par « opérations », rarement suivies dans le temps. Car, plus encore que pour d’autres matières premières, le marché international du girofle est assez particulier. Il est dominé par l’Indonésie qui est à la fois le plus gros producteur mondial de clous, avec selon les années, entre la moitié et les trois quarts de la production mondiale, et le plus gros consommateur avec les kretek, (cigarettes parfumées au clou de girofle) ; loin derrière, les autres consommateurs sont l’Inde et les pays occidentaux. Le marché du clou de girofle est donc largement dépendant de l’évolution des pratiques de consommation des indonésiens. Les variations du marché sont liées à des événements survenus dans un pays producteur : ainsi, Ruf (2000) décrit comment la filière indonésienne du clou de girofle a été gravement affaiblie dans les années 1990 suite à l’instauration d’un monopole d’achat et à son contrôle frauduleux par un membre de la famille Suharto ; la baisse de la production indonésienne qui s’en est suivie a profité temporairement aux producteurs malgaches. On voit bien comment les risques locaux sont mis en relation au niveau mondial par l’intermédiaire des grands marchés ou par celui des évolutions climatiques.
CONCLUSION
37 Confrontés à des aléas naturels, dont l’intensité pourrait s’aggraver avec le changement climatique, tout comme aux turbulences du marché mondial du girofle particulièrement volatil, la situation des populations rurales de la Côte Est de Madagascar illustre bien l’interconnexion des vulnérabilités à différentes échelles. Les analyses sur le temps long et le suivi à travers les observatoires ruraux montrent que les ménages ruraux s’adaptent dans une certaine mesure aux contraintes démographiques en puisant dans une panoplie de techniques maîtrisées comme l’extension de rizières de bas-fonds, la complexification de systèmes agro-forestiers, la diversification d’activités agricoles et non agricoles. Ils ont également développé une culture du risque qui leur permet de limiter, autant que faire se peut, les pertes lors du passage des cyclones, puis de rétablir ensuite leurs situations assez rapidement. Cependant, l’adaptation à des contextes de plus en plus incertains trouve actuellement ses limites, l’écosociosystème englobant atteignant un point critique.
38 Les limites sont environnementales, tout d’abord, en raison de la pression croissante sur les ressources : la croissance de la population dans une zone déjà densément peuplée, entraîne la dégradation du couvert végétal, ce qui rend les sols des bassins-versants de cette région escarpée d’autant plus sensibles aux aléas climatiques. Sociales, ensuite, en raison des inégalités croissantes, en particulier dans l’accès au foncier rizicole, devenu une ressource rare : dans un contexte où la pauvreté se maintient à des niveaux importants et se manifeste par une insécurité alimentaire récurrente, l’étude des stratégies des moyens d’existence montre que seule une fraction de la population parvient à dégager des marges de manœuvre en assurant sa couverture en riz, tout en contrôlant le ramassage du clou de girofle et les activités commerciales de cette région enclavée.
39 L’élément qui a permis la création d’un foyer de population est le développement d’un agrosystème forestier à giroflier, qui lui-même est connecté à un marché mondial à la fois étroit et instable. Une sortie de cette économie de traite aurait pu être assurée par des politiques publiques cohérentes, aussi bien de développement territorial que d’ouverture à des alternatives économiques. Cependant, la répétition des crises politiques et l’affaiblissement de l’État malgache ces dernières années ne l’ont pas permis.
BIBLIOGRAPHIE
- ANDRIANIRINA N. (2014) Stratégies des ménages producteurs de girofle à Madagascar face aux enjeux de qualité, Thèse de doctorat en Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, Madagascar.
- ANDRIANIRINA N., DAVID-BENZ H., BENOIT-CATTIN M. (2010) Diversité, diversification et inégalités chez les ménages ruraux. Le cas de l’observatoire rural de Fénérive Est à Madagascar, Communication aux 4èmes Journées de recherches en sciences sociales AgroCampus-Ouest (Rennes), 9 et 10 décembre, 21 p.
- BECERRA S., PELTIER A. (eds) (2009) Risques et environnement, recherches interdisciplinaires sur la vulnérabilité des sociétés, Paris, L'Harmattan, collection Sociologies et Environnement, 575 p.
- BIDOU J.-E., DROY I. (2013) De la vulnérabilité individuelle aux syndromes de vulnérabilité : quelles mesures ? « La mesure du développement : comment science et politique se conjuguent », Revue Tiers Monde, n° 213, janvier-mars, 123-142.
- BOSC P. M., SOURISSEAU J.-M., BONNAL P., GASSELIN P., VALETTE E., BÉLIÈRES J.-F. (2015) Diversité des agricultures familiales : exister, se transformer, devenir, Versailles, Éditions Quae, 383 p.
- CHAMBERS R., CONWAY G. R. (1992) Sustainable rural livelihoods : Practical concepts for the 21st century, IDS Discussion Paper, n° 296, IDS, Brighton.
- DABAT M.-H., GASTINEAU B., JENN-TREYER O., ROLLAND J.-P., MARTIGNAC C., PIERRE-BERNARD A. (2008) L'agriculture malgache peut-elle sortir de l'impasse démo-économique ?, Autrepart, 2, 189-202.
- DANDOY G. (1973) Terroirs et économies villageoises de la région de Vavatenina (côte orientale malgache), Paris, ORSTOM, Atlas des Structures agraires à Madagascar, 1, 95 p.
- DANTHU P., PENOT E., RANOARISON K., RAKOTONDRAVELO J.-C., MICHEL I., TIOLLIER M., MICHELS T., NORMAND F., RAZAFIMAMONJISON G., FAWBUSH F., JAHIEL M. (2014) The clove tree of Madagascar : a success story with an unpredictable future, Bois et Forêts des Tropiques, 320 (2), 86-96.
- DERCON S., PRAMILA K. (2000) Vulnerability, Seasonality, and Poverty in Ethiopia, The Journal of Development Studies, 36 (6), 25-53.
- DEVEREUX S., SABATES-WHEELER R., LONGHURST R. (eds) (2012) Seasonality, Rural Livelihoods and Development, London, Routlege, 334 p.
- DROY I., RATOVOARINONY R., ROUBAUD F. (2000) Les observatoires ruraux à Madagascar. Une méthodologie originale pour le suivi des campagnes, Statéco, n° 95- 96-97, 125-129.
- ELLIS F. (2000) Rural livelihoods and diversity in developing countries, Oxford, Oxford University Press, UK, 270 p.
- FOURCIN C., PENOT E., MICHEL I., DANTHU P., JAHIEL M. (2015) Contribution du giroflier à la sécurité alimentaire des ménages agricoles dans la région de Fénérive-Est, Madagascar. Modélisation économique et analyse prospective, AFS4FOOD, Document de travail n° 14, 56 p., http://afs4food.cirad.fr/
- INSTAT (Institut national de la statistique) (2014) Enquête nationale sur le suivi des objectifs du millénaire pour le développement à Madagascar, ENSOMD 2012-2013, synthèse, 64 p., http://instat.mg/
- LOBIETTI M. (2013) Analyse des systèmes girofliers à Fénérive-Est, Madagascar : dynamiques spatiales, trajectoires et stratégies paysannes, Mémoire de fin d’études d’ingénieur agronome Montpellier SupAgro, https://afs4food.cirad.fr/
- MICHELS T., BISSON A., RALAIDOVY V., RABEMANANJARA H., JAHIEL M., MALÉZIEUX E. (2011) Horticultural agroforestry systems in the humid tropics : Analysis of clove tree-based systems in Madagascar, Acta Horticulturae, 894, 161-167.
- PANCO M., PENOT E., MICHEL I., DANTHU P., JAHIEL M., JAGORET F. (2013) Analyse des savoirs et savoir-faire paysans sur la gestion des systèmes de culture à base de girofle dans le district de Fénérive Est, Madagascar, AFS4FOOD, Document de travail, 47 p., http://afs4food.cirad.fr/
- RAMBOARISON R., RANDRIANARISON L., ANDRIANIRINA N. (2009) Dimensions structurelles de la libéralisation pour l’agriculture et le développement rural. Programme Ruralstruc Madagascar Phase II, EPP PADR. Antananarivo, mars, 236 p.
- REVET S. (2009) De la vulnérabilité aux vulnérables, in S. Becerra et A. Peltier (eds) Risques et environnement, recherches interdisciplinaires sur la vulnérabilité des sociétés, Paris, L'Harmattan, collection Sociologies et Environnement, 89-99.
- RUF F. (2000) L'avenir des cultures pérennes en Indonésie. Cacao et clou de girofle après la tempête monétaire, Revue Tiers Monde, n° 162, 431-452.
- SCOONES I. (2009) Livelihoods perspectives and rural development, The Journal of Peasant Studies, 36 (1), 171-196.
- TURNER B. L., KASPERSON R. E., MATSON P. A., MCCARTHY J.J., CORELL R. W., CHRISTENSEN L. 2003) A framework for vulnerability analysis in sustainability science, PNAS, 100 (14), 8074-8079.
- WISNER B., BLAIKIE P., CANNON T., DAVIS I. (2004) At risk. Natural hazards, people’s vulnerability and disasters, London, Routledge, 472 p.
Mots-clés éditeurs : cyclone, vulnérabilité, pauvreté, agriculture familiale, girofle
Date de mise en ligne : 22/01/2018
https://doi.org/10.3917/med.180.0069Notes
-
[4]
Bien que la démarche des sustainable livelihoods se soit diffusée rapidement, et soit utilisée désormais de façon machinale, elle présente des faiblesses, en particulier du point de vue politique dans l’appréhension des interactions entre les ménages et les institutions et, de façon générale, sur les questions de pouvoirs.
-
[5]
Ampasimbe, situé à 42 km au nord-Est de Fénérive, est très enclavé, souvent accessible uniquement à pied ou par voie fluviale et a très peu de possibilités pour la riziculture de bas-fond. Le site d’Ampasina Maningory se trouve à 18 km au nord de Fénérive-Est ; il est assez difficile d’accès, mais il est doté en infrastructures permettant d’irriguer la plaine et le bas-fond de Manjorozoro. Celui d’Ambatoharanana est à 18 km de Fénérive par une route correcte et se situe en bordure de la grande plaine aménagée d’Iazafo.
-
[6]
L’échantillon de 500 ménages en 1999 est partiellement renouvelé au fur et à mesure de la « perte » de certains ménages (refus, départ, éclatement de la famille) ; un changement de hameaux en 2005 a provoqué un renouvellement plus important, c’est pourquoi les données en panel sont prises sur la période de 2005 à 2014, afin d’avoir un échantillon conséquent.
-
[7]
Nous retenons la définition de l’agriculture familiale comme désignant « les formes d’organisation de la production agricole caractérisées par : (i) l’existence de liens organiques entre l’économie domestique de la famille et celle de l’unité de production et (ii) la mobilisation effective du travail familial sans recours au salariat permanent » (Bosc et al., 2015, 14).
-
[8]
Plusieurs études ont été conduites sur les systèmes de production à base de girofle dans la région d’Analanjirofo. Elles ont été mobilisées ici pour la bibliographie, en particulier, Fourcin et al. (2015), Danthu et al. (2014), Panco et al. (2013).
-
[9]
L’indicateur de développement humain est de 0,512 en 2016, plaçant le pays au 158e rang sur 188 pays classés (http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/MDG).
-
[10]
Cette ligne est établie à partir d’un seuil de pauvreté alimentaire et d’un seuil non alimentaire (dépenses de base indispensables) ; le seuil est de 535 603 Ariary/tête/ an en 2012 (185 € au taux de change de 2012).
-
[11]
Le taux de pauvreté est calculé à partir des consommations et selon la méthodologie de l’INSTAT afin de rendre les comparaisons possibles avec les indicateurs nationaux. Les denrées provenant de la production familiale, qui représentent une part importante de la consommation alimentaire des ménages, ont été valorisées au prix moyen au producteur dans l’observatoire. Les consommations ont été déflatées à partir de l'évolution du taux d'inflation national de 2005 à 2014 d’après l’évolution des prix déterminée par l’INSTAT.
-
[12]
Le revenu total intègre la valorisation de la production agricole au prix moyen au producteur, ainsi que les autres sources de revenus monétaires (salariat, activités commerciales, transferts, etc.).
-
[13]
La période de référence pour les enquêtes correspond à la saison agricole écoulée : les enquêtes de 2008 portent sur la saison agricole 2007-2008, et les conséquences du cyclone Ivan sur la production de girofle auraient dues être mesurées sur la saison 2008-2009, au moment des enquêtes de 2009.
-
[14]
Le dernier recensement général de population disponible en 2017 date de 1993.