Couverture de MED_163

Article de revue

Introduction

Pages 7 à 8

Notes

  • [1]
    Université de Mons (UMONS - Belgique), humanOrg et CERMi. marc.labie@umons.ac.be
  • [2]
    En particulier de son Département d’espagnol, au travers des Professeures Dominique Van Ham et Marta Bonet Bofill et de leurs étudiants, que nous remercions ici très sincèrement. Par ailleurs, nous tenons à remercier très chaleureusement Camille Lambillotte et Didier Toussaint pour l’appui fourni dans la finalisation des versions françaises des textes.
English version

1 En matière de développement, la microfinance fait partie des domaines qui reçoivent une attention toute particulière en Amérique latine. En effet, si c’est bien en Asie que la microfinance est la plus présente (du moins si on mesure cette présence par la taille des institutions), c’est en Amérique latine que se sont développées plusieurs tendances qui ont structuré fortement le secteur depuis son apparition (dans sa version « contemporaine ») fin des années 1970, début des années 1980. Parmi celles-ci figurent évidemment la structuration d’une approche commerciale des pratiques microfinancières et la mise en place de cadres de régulation permettant le développement parallèle de divers types d’institutions. En Amérique latine, plus qu’ailleurs, la microfinance a ainsi intégré le champ des institutions financières, tout en arguant de sa volonté de continuer à contribuer à une meilleure inclusion financière et à une certaine lutte contre la pauvreté. C’est donc probablement dans cette région que les tensions entre performances financières et performances sociales se sont fait le plus sentir. Certains y considèrent que la commercialisation de la microfinance (globalement définie comme l’exercice des activités dans une optique de couverture de la totalité des coûts augmentée d’un profit permettant la croissance) représente la phase de maturité du secteur, là où d’autres estiment qu’il s’agit plutôt de la consécration absolue de la perte de son âme.

2 Dans un tel contexte, l’apparition, au cours des dernières années, de plusieurs gouvernements inscrivant leurs politiques dans une démarche marquée à gauche constitue une « confrontation » des plus intéressantes avec la microfinance, tant d’un point de vue économique et social que politique. Ces nouvelles gauches décident-elles « d’adopter » la microfinance (au titre de la mission sociale propre au secteur) ou, au contraire, de la combattre, la visualisant comme la nouvelle expression de « l’exploitation capitaliste des pauvres » ? La question n’est pas sans intérêt, à la fois pour ceux qui s’intéressent à ces nouvelles coalitions politiques et pour ceux qui se consacrent à la microfinance dans la région.

3 Le colloque intitulé « Microfinanzas y Nueva Izquierda en América Latina » organisé en novembre 2012 à l’Université d’Anvers, à l’initiative d’un ensemble de partenaires coordonnés par l’Institut de la politique et de gestion du développement (IOB) de cette université, a rassemblé divers acteurs et chercheurs impliqués dans le secteur de la microfinance en Amérique latine et a tenté de mettre en évidence les grands axes qui permettent de comprendre comment les nouvelles gauches et la microfinance cohabitent aujourd’hui. Les réponses ne sont pas univoques et de nombreux points de vue différents ont été exprimés. Avec le soutien de la Faculté de traduction et d’interprétation [2] de l’Université de Mons (UMONS), le présent dossier propose une version française d’articles rédigés sur base de contributions effectuées en langue espagnole lors de ce colloque. Il vise à partager avec le public francophone des réflexions qui, sans cela, lui seraient moins accessibles, renouant ainsi en quelque sorte avec l’histoire et la tradition de la revue, puisqu’à l’origine, l’espagnol faisait partie des langues de publications de Mondes en Développement.

4 Quatre textes composent le dossier. Le premier, rédigé par plusieurs des coordinateurs du colloque en question (François Doligez, Florent Bédécarrats, Johan Bastiaensen et Peter Marchetti), offre un résumé critique des débats. Il propose une perspective globale sur la manière dont la région a vécu cette confrontation entre microfinance et nouvelles gauches. Ensuite, deux textes cherchent à approfondir la démarche. Le premier, rédigé par l’auteur de ces lignes et Annabel Vanroose, propose une vision globale du champ latino-américain de la microfinance en se référant aux travaux des sociologues Pierre Bourdieu et Luc Boltanski. Il confronte, ensuite, cette description théorique à la réalité en cherchant à montrer, au travers de diverses données statistiques, dans quelle mesure l’image que l’on se fait de la microfinance latino-américaine est pertinente ou pas. Le deuxième texte est, quant à lui, un relevé particulièrement impressionnant de l’ensemble des législations en place en matière de régulation de la microfinance en Amérique latine. Coécrit par Verónica Trujillo Tejada, Victoria Muriel Patino et Fernando Rodríguez López, cet article permet de prendre conscience du fait que si la microfinance ne s’est pas développée de la même manière partout en Amérique latine, c’est également vrai des approches en matière de régulation et de supervision. Là comme ailleurs, l’hétérogénéité est souvent bien plus présente que ce que l’on imagine. Enfin, le dossier se clôture sur un cas particulièrement intéressant : le Nicaragua. Il s’agit d’une analyse plus politique visant à expliciter l’ensemble des tensions qui ont mené à une confrontation entre les autorités et le secteur de la microfinance. Rédigé par Johan Bastiaensen, Peter Marchetti, René Mendoza et Francisco Pérez, le texte montre que, comme dans de nombreux cas, les résultats sont parfois plus paradoxaux que ce à quoi on pouvait s’attendre.

Notes

  • [1]
    Université de Mons (UMONS - Belgique), humanOrg et CERMi. marc.labie@umons.ac.be
  • [2]
    En particulier de son Département d’espagnol, au travers des Professeures Dominique Van Ham et Marta Bonet Bofill et de leurs étudiants, que nous remercions ici très sincèrement. Par ailleurs, nous tenons à remercier très chaleureusement Camille Lambillotte et Didier Toussaint pour l’appui fourni dans la finalisation des versions françaises des textes.
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