Couverture de MED_155

Article de revue

Survie entrepreneuriale en Afrique : le cas des entreprises guinéennes

Pages 125 à 140

Notes

  • [1]
    Laboratoire d’économie de la firme et des institutions (EA4012), Université Lumière Lyon 2.
    med.doumbouya@ish-lyon.cnrs.fr. Université d’Ottawa. mdoumbouya@uottawa.ca
  • [2]
    Petite entreprise désigne à la fois les micro-entreprises et les petites et moyennes entreprises (PME). Le tissu économique africain en général et guinéen en particulier est dominé par les très petites entreprises informelles peu intégrées dans le système productif. Les PME forment le chaînon manquant de la chaîne de production (Hugon, 2003).
  • [3]
    Environ 50% des Guinéens vivent en dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
  • [4]
    La Guinée dispose des deux tiers des réserves mondiales de bauxite. Elle produit aussi de l’or, du diamant et du fer. L’instabilité institutionnelle peut aussi être avancée. Suite au décès du Président Conté, l’armée a dirigé le pays du 23 décembre 2008 au 15 novembre 2010, date de proclamation du second tour des élections présidentielles. Même si l'espoir renaît, avec ce changement, la situation socioéconomique et politique reste tendue : la dépolitisation de l’armé est ardue et de vives tensions politiques persistent, entre les partis au pouvoir et l’opposition, sur les conditions d’organisation des élections législatives.
  • [5]
    Entre décembre 2009 et décembre 2010, la masse monétaire est passée de 18% à 38,5% du PIB. Cette expansion résulte principalement de la forte croissance des créances nettes sur l’État, 31,1% du PIB en 2010 contre 18,5% en 2009. Sur la même période, le taux d’inflation (en glissement annuel) est passé de 7,9% à 20,8% (Cellule technique de suivi de la conjoncture macroéconomique, 2010).
  • [6]
    Cette externalisation des coûts est surtout liée à l’instabilité de la demande de proximité.
  • [7]
    Selon la Banque mondiale, l'indice des droits légaux renseigne les lois les mieux conçues pour améliorer l'accès au crédit ; il s'étend de 0 à 10. L'indice sur la divulgation de l'information sur le crédit mesure la portée, l'accès et la qualité de l’information disponible sur le crédit dans les registres publics et/ou privés. Il s'étend de 0 à 6, 6 étant le nombre d’informations recherchées (voir : http://www.doingbusiness.org/default.aspx).
  • [8]
    Selon cet auteur, l’univers en Afrique se caractérise par « une incertitude radicale », c’est-à-dire non probabilisable. En conséquence l’arbitrage se fait non entre risque et rentabilité, mais entre incertitude et liquidité, d’où les comportements court-termistes et la forte préférence pour la liquidité.
  • [9]
    En 2004, 1 US$ = 2267,9 Francs Guinéens (GNF).

1 La libéralisation et l’ouverture des économies en Afrique laisse aux entreprises la responsabilité de créer des richesses pour répondre à la fois aux besoins du marché domestique, dans un périmètre certes variable (proximité immédiate, territoire national), et à ceux du reste du monde. Cette double responsabilité à laquelle elles font face s’assume dans un cadre environnemental contraignant : instabilité économique et sociale, absence de ressources financières et problèmes d’accès au marché.

2 Si l’on s’accorde aujourd’hui pour reconnaître l’importance de l’entrepreneuriat dans la lutte contre la pauvreté, la singularité de l’entrepreneuriat en Afrique impose de concevoir des modèles adaptés pour apporter des connaissances théoriques et pratiques (Verstraete, 2002) indispensables à son essor. Car, au-delà de la détection d’opportunité (Shane, Venkataraman, 2000) et/ou de création de valeur nouvelle (Bruyat, 2001), l’entrepreneuriat africain est affecté par un problème d’organisation. Or, selon Gartner (1995 et 1985) et Verstraete (2003), l’entrepreneuriat, c’est aussi une création d’organisation.

3 Comment procéder pour inscrire les actions entrepreneuriales africaines dans un contexte dynamique ? Comment traduire les visions des entreprises en Afrique en organisations solides et concurrentes, aptes à répondre au défit de la mondialisation ?

4 Nous répondons à ces questions en nous servant des résultats de l’enquête intégrée de base pour l’évaluation de la pauvreté en Guinée (EIBEP, 2002- 2003). Cette enquête multisectorielle porte sur 7 611 ménages en Guinée ; son questionnaire concerne plusieurs domaines : démographique, social et économique.

5 La première partie présente le tissu entrepreneurial guinéen : structure, diversité, dimension, forces et faiblesses. La seconde aborde la problématique de l’essor entrepreneurial guinéen en situation socio-économique difficile.

1. SYNOPSIE DU TISSU ENTREPRENEURIAL GUINÉEN : CARACTÉRISTIQUES, STRUCTURE ET DIVERSITÉ

1.1 Caractéristiques des petites entreprises [2] guinéennes : l’entreprise, un bien familial

6 La présence de multiples petites exploitations spécialisées dans différentes branches d’activités constitue une spécificité de l’économie guinéenne. La particularité de ces entreprises est d’être des réponses familiales spécifiques aux exigences économiques et sociales auxquelles les populations sont confrontées. Ces réponses sont à l’image d’une économie caractérisée par des déséquilibres structurels constants et par la marginalisation de nombreux agents.

7 En initiant les toutes premières institutions financières spécialisées dans le financement des activités agricoles, en 1988, l’État entendait remédier à l’exclusion financière occasionnée par la privatisation des banques publiques et promouvoir l’inclusion économique et financière, particulièrement des zones rurales, qui abritent environ 80% de la population pauvre. Toutefois, la dégradation économique et le manque de visibilité de certains programmes de microfinance n’ont pas permis l’émergence et l’essor des petites entreprises opérant, pour l’essentiel, dans le secteur informel.

8 Les données de l’EIBEP fournissent d’importants enseignements sur un effectif de 6 253 entreprises.

9

  1. Les entreprises sont pratiquement toutes des propriétés familiales. Leur mode de gestion et leur trésorerie sont étroitement liés au rythme de vie familiale. Le chiffre d’affaires journalier réalisé est quasi systématiquement mobilisé au jour le jour pour faire face aux besoins quotidiens de la famille.
  2. Les entreprises sont présentes dans de nombreuses branches de l’économie (agriculture, commerce, activités de fabrication, transports…) (graphique 1). Cette multiplicité de domaines couverts traduit l’ampleur du micro-entrepreneuriat à l’échelle nationale. Toutefois, certaines branches connaissent une surreprésentation, notamment le commerce (65,6% du total des entreprises), les activités de fabrication (14,2%) ; tandis que d’autres sont sous-représentées, c’est le cas de l’intermédiation financière (0,7%) ou de la production-distribution d’électricité, de gaz et d’eau (0,1%).
  3. La durée de vie moyenne des entreprises est brève (8,7 mois). Cette courte existence révèle la nature dérisoire des actifs mobilisés dans ces unités de production et les motivations qui se cachent derrière leur création (répondre aux besoins vitaux de la famille).

Graphique 1

Effectif des entreprises

figure im1

Effectif des entreprises

Source des données brutes : EIBEP (2002/2003).
Graphique 2

Auto-emploi par branche d’activité économique

figure im2

Auto-emploi par branche d’activité économique

Source des données brutes : EIBEP (2002/2003).

10 L’enquête montre l’importance de l’auto-emploi par branche d’activité économique (graphique 2). Toutes branches confondues, le nombre d’auto-emplois est supérieur à celui des entreprises déclarées. Dans la branche de construction, par exemple, on relève 2,51 auto-emplois par ménage, pour un nombre d’entreprises déclaré de 1,51. Cette situation se justifie par la diversification d’activités (intra ou interbranches) pratiquées par les ménages pour se prémunir contre le risque de défaillance de leur entreprise et s’assurer un revenu régulier dont la perte peut entrainer la baisse du niveau de vie de la famille. Ce nomadisme entrepreneurial est commandé par l’évolution de l’environnement économique mais aussi par la taille du ménage : plus cette taille est importante plus ses membres recherchent des activités rentables pour améliorer et/ou préserver leurs conditions de vie.

11 La quasi-totalité des petites entreprises sont à l’origine conçues pour satisfaire les besoins sociaux primaires (alimentation, logement, santé, éducation des enfants…), besoins qui ne sont plus assurés (ou peu) par l’État avec la libéralisation économique et financière, initiée par les programmes d’ajustement structurel mis en place sous l’égide du FMI et la Banque mondiale depuis 1986. Cette réalité explique, à juste titre, la mobilisation de la famille entière dans la gestion de ces petites exploitations.

12 La “dynamique du dedans” (Balandier, 2004) qui caractérise ces entreprises passe par la création d’activités basées sur la proximité spatiale (proximité immédiate), temporelle (courte période) et sociale (liens sociaux, confiance…). La confusion entre sphère productive et domestique s’accompagne de la faible présence du salariat, de l’inexistence de la comptabilité et/ou du recours au crédit institutionnalisé (Hugon, 2003).

1.2 Structure organisationnelle et diversité des micro- entreprises

13 La nature des entreprises étudiées rend compte de leur mode de gestion. Trois principaux enseignements se dégagent : (i) étant donné leur caractère familial, pratiquement toutes les entreprises sont dirigées par des chefs de famille ; (ii) il s’agit d’entreprises où le salariat est très peu présent ; (iii) les emplois non salariés sont hétérogènes et mobilisent davantage d’aides familiales.

1.2.1 Des entreprises familiales sous la direction du chef de ménage

14 Les entreprises enquêtées sont dirigées par les chefs de famille. Ceux-ci peuvent être des pères, si le couple vit maritalement, ou des mères de famille. Dans les familles polygames, il n’est pas rare que le père de famille ait à gérer plusieurs entreprises, souvent une par épouse.

15 L’entreprise familiale est sous la direction du chef de famille, qui est généralement le principal apporteur du capital. Son statut de chef de famille lui confère le pouvoir décisionnel dans l’entreprise. Ses décisions ne sont pas discutables car elles sont théoriquement prises dans l’intérêt de la famille. Deux conséquences découlent de cette situation. Tout d’abord la caisse de l’entreprise est confondue avec celle du chef de famille. Pour l’entreprise il devient dès lors difficile d’observer les traces des opérations (recettes/dépenses) dans le temps, dans la mesure où les recettes sont directement affectées à la satisfaction des besoins de la famille et ce, au gré des choix du chef de famille. Ensuite, en cas de dépenses extra-familiales (effectuées par le chef de famille), celles-ci viennent en diminution du revenu du ménage et donc de son bien-être. Elles constituent des fuites dans le budget familial et l’absence de traces (comptables) ne favorise pas la pérennisation des activités de l’entreprise concernée, d’autant plus qu’il s’agit d’exploitations qui connaissent un faible niveau d’emploi salarié.

1.2.2 L’entreprise familiale et la faible présence du salariat

16 La structure organisationnelle révèle que sur 4 146 emplois dénombrés, seuls 554 sont salariés, soit 13%, contre 87% de non salariés (tableau 1). Néanmoins, en fonction des branches d’activité le taux de salariat varie. Les activités extractives (37% du total des emplois dans la branche), l’administration (33%) ou encore la construction (22%) enregistrent les niveaux de salariat les plus élevés. D’autres branches, en revanche, comme la production-distribution d’électricité (0%), l’intermédiation financière (8%) ou encore la fabrication (6%), comptent pas, ou très peu, de salariés. Cette situation est attribuable à la structure du capital productif mobilisé par les ménages dans ces différentes exploitations. Les entreprises, qui mobilisent un capital physique considérable, recourent plus facilement au salariat.

Tableau 1

Emplois salariés et non salariés

Activités employés Ensemble
auto-emploi
Nombre
d’entreprises
Emplois
salariés
Emplois non
salariés
Ensemble des
emplois
Nombre % Nombre % Nombre Emploi/
entreprise
Nombre Emploi/
entreprise
Agriculture, chasse, sylviculture, pèche 243 24 13 162 87 186 0,77 429 1,77
Activités extractives 158 41 37 71 63 112 0,71 270 1,71
Activités de fabrication (produits alimentaires, textiles) 890 76 6 1 140 94 1 216 1,37 2 106 2,37
Production-distribution d’électricité, de gaz, d’eau 4 0 0 2 100 2 0,50 6 1,50
Construction 249 83 22 294 78 377 1,51 626 2,51
Commerce de gros et de détail, réparation de véhicules 4 108 168 10 1 479 90 1 647 0,40 5 755 1,40
Transport, entreposage et communications 214 46 20 187 80 233 1,09 447 2,09
Intermédiation financière 46 2 8 24 92 26 0,57 72 1,57
Administration publique et défense, assurance sociale obligatoire 341 114 33 233 67 347 1,02 688 2,02
Toutes branches 6 253 554 13 3 592 87 4 146 10 399
figure im3

Emplois salariés et non salariés

EIBEP (2002/2003).

17 Cette observation trouve sa justification dans l’espérance des profits par entreprises et par branche. Les entreprises ayant un capital productif conséquent réalisent, toutes choses égales par ailleurs, plus de profits et sont mieux à même de faire face aux charges salariales, comme le montre la colonne "ensemble emplois" du tableau 1. Quant à l’éventuelle sous-estimation de l’effectif des salariés, elle serait liée à l'existence de travail non déclaré ou déclaré sous forme d'aides familiales ou d'apprentis (cf. 1.2.3). Toutefois, ces analyses n'apportent pas vraiment de réponses à la faiblesse de l'emploi en général, d’où l’intérêt de prendre en compte l’auto-emploi. De plus, certaines branches, comme le commerce de gros et de détail, ou encore des activités de fabrication, créent des emplois mais restent dominées par du personnel non salarié (90% pour le commerce et 94% pour les activités de fabrication).

1.2.3 L’entreprise familiale et l’hétérogénéité des emplois non salariés

18 Une analyse des emplois non salariés révèle qu’ils sont composés essentiellement d’aides familiales et d’emplois d’apprentis (tableau 2). Dans l’agriculture, le commerce ou les activités extractives, plus de 50% des emplois non salariés sont exercés par des aides familiales. Ces activités sont celles immobilisant le moins de ressources financières. L’implication de la famille dans ces activités est révélatrice de la faiblesse des capitaux investis, et l’exploitation de ces derniers ne permet pas l’embauche d’un employé. Cette participation familiale traduit aussi l’expression de la volonté familiale de s’assurer, à partir des activités exercées, des revenus viatiques favorables à l’amélioration (ou au maintien) du bien-être collectif. La présence des apprentis est plus accentuée dans la construction (84%), les activités de fabrication (76%), le transport, l’entreposage et les communications (90%) car il s’agit de branches dont les activités nécessitent une certaine qualification liée à l’utilisation d’instruments de production relativement modernes.

Tableau 2

Emplois non salariés

Emplois non salariés
Aides familiales Apprentis Ensemble des non
salariés
Nombre % Nombre % Nombre %
Agriculture, chasse, sylviculture, pèche 144 89 18 11 162 100
Activités extractives 48 68 23 32 71 100
Activités de fabrication (produits alimentaires, textiles…) 273 24 867 76 1 140 100
Production-distribution d’électricité, de gaz, d’eau 0 0 2 100 2 100
Construction 46 16 248 84 294 100
Commerce de gros et de détail, réparation de véhicules 1 232 83 247 17 1 479 100
Transport, entreposage et communications 18 10 169 90 187 100
Intermédiation financière 3 13 21 87 24 100
Administration publique et défense, assurance sociale obligatoire 71 30 162 70 233 100
figure im4

Emplois non salariés

EIBEP (2002/2003).

19 Les entreprises “puisent” leurs appentis dans la population jeune (enfants, adolescents ou jeunes adultes) en échec scolaire ou que les parents n’ont pas voulu (ou pas pu) scolariser pour diverses raisons (charges scolaires, absence d’école à proximité, privation de main-d’œuvre…) et qui sont confiés à un professionnel de métier. Dans certains cas, l’apprenti peut devenir un membre à part entière de la famille de son maître (entrepreneur-chef de famille), si son lieu de provenance est distant du lieu d’apprentissage (lieu d’implantation de l’entreprise) ou s’il est très jeune. À son statut de formateur s’associe celui d’éducateur ; quant à l’apprenti, il a l’obligation de participer aux tâches familiales au même titre que les enfants de son maître. Cette confusion des rôles (formateur/éducateur) justifie pourquoi de nombreux apprentis restent longtemps chez leur maître, même après avoir acquis les bases du métier, particulièrement dans les entreprises non agricoles.

20 La mobilisation d’aides familiales obéit ainsi à une logique de contrat implicite liant le chef de famille (entrepreneur) aux différents membres composant la famille. Ce contrat est une réponse familiale collective et solidaire face à la dégradation de l’environnement économique et social national. Il s’agit, dans ce cas de figure, d’une réponse rationnelle, visant à amenuiser les charges d’exploitation afin de dégager plus de profits pour le bien-être de la famille, tout en pérennisant l’activité.

2. PROBLÉMATIQUE DE L’ESSOR ENTREPRENEURIAL EN SITUATION SOCIOÉCONOMIQUE DIFFICILE

2.1 Le nomadisme entrepreneurial comme solution à l’urgence sociale

21 Fortin (2002, 27) définit l’esprit d’entreprise à travers un certain nombre de critères : « Des attitudes et des valeurs comme l’autonomie, la responsabilité, la créativité et la solidarité » et « des compétences de savoir-faire, de savoir-être et de savoir-agir appropriées à sa situation de vie ». Ces valeurs permettent de déceler et de saisir des opportunités, que ce soit à titre individuel ou collectif. L’équilibre entre la sécurité (par exemple du revenu) et le risque (interne et/ou externe à l’entreprise) reste garant du bien-être collectif et/ou individuel.

22 Le choix d’entreprendre collectivement est donc pour beaucoup de ménages guinéens une forme d’assurance. En effet, dans un environnement socioéconomique caractérisé par la faiblesse des revenus et la fréquence des chocs accentuant la précarité (crise alimentaire, déséquilibres macroéconomiques structurels…) de telles initiatives constituent un rempart contre l’appauvrissement. Deux objectifs essentiels sont visés par cette politique : limiter les fuites de revenus en dehors de la famille et/ou en attirer davantage vers elle, par la diversification d’activités propices à l’essor d’emplois familiaux. De plus, cette organisation collective et informelle est un moyen pour les familles de surmonter les obstacles administratifs et légaux qu’un entrepreneur doit dominer pour créer une entreprise. Selon la Banque mondiale (2009) les procédures de création d’entreprise nécessitent 13 étapes en Guinée, contre 10,2 dans la région Afrique subsaharienne (ASS) et 5,8 dans les pays OCDE. Ces étapes sont franchies en 41 jours (contre 47,8 jours pour toute l’ASS et 13,4 jours pour les pays OCDE) pour un coût total de 135,7% du revenu par habitant (contre 111,2% pour toute l’ASS et 4,9% pour les pays OCDE) et un capital minimum d’environ 500% du revenu par habitant (173,4% pour toute l’ASS et 19,7% pour les pays OCDE).

23 Ces difficultés justifient la préférence de la majorité des agents économiques pour le secteur informel, surtout ceux pour qui l’objectif de l’entreprise et le bien-être de la famille sont étroitement liés. De telles conditions sont décourageantes pour de "petits" entrepreneurs [3] qui considèrent avant tout l’entreprise comme une entité sociale censée apporter des réponses aux besoins familiaux. Dans un environnement économique caractérisé par des instabilités de tous genres, le recours à la pluriactivité s’interprète de différentes façons.

24 Premièrement, les marges bénéficiaires dans les domaines d’activités ciblés sont faibles et leur baisse tendancielle. La similitude des activités pratiquées par les ménages mène à une rapide saturation des marchés, entraînant une baisse des prix et des marges. Face à l’importance des dépenses familiales et à leur urgence, les familles n’ont pas d’autres options que de diversifier leurs activités. Deuxièmement, les moyens de production sont insuffisants. Les entreprises étudiées disposent de trop peu de moyens matériels et humains pour se développer ou affronter la concurrence. En l’absence de capitaux elles n’ont guère de chance de prospérer, on peut donc comprendre pourquoi leur taux de disparition élevé.

25 Troisièmement, l’état d’esprit de la personne qui détient le pouvoir de décision dans l’entreprise est déterminant. Si les dispositions acquises par l’entrepreneur/chef de famille envers l’entreprise dépassent le simple cadre de la satisfaction des besoins quotidiens de la famille, cette entreprise a plus de chance de surmonter les difficultés environnementales car elle bénéficiera davantage d’attention de celui-ci. Dans le cas contraire, son espérance de vie est courte car elle peut être abandonnée (ou bénéficier de moins d’attention) si le chef d’entreprise décèle des opportunités de profit dans d’autres secteurs. Ceci démontre pourquoi les (faibles) investissements ciblent des domaines ayant une durée de retour sur investissement relativement courte.

26 Les entreprises étudiées souffrent d’un mode de gestion hybride, associant tradition et modernité. Dans la majeure partie des cas, le mode traditionnel de gestion domine à cause du niveau de qualification du chef d’entreprise. Les attentes familiales de l’entreprise en sont une autre cause, car elles conditionnent sa structure organisationnelle et motivent les décisions importantes. Pour certains auteurs (Berger et al., 1993), cette gestion traditionnelle de l’entreprise est incompatible avec le développement économique. Elle serait une contrainte majeure à l’éclosion de l’initiative individuelle et à la croissance de l’activité. En revanche, pour d’autres auteurs (Redding, 1990), la « famille-entreprise » peut être source de création de nombreuses richesses, comme c’est le cas des chinois de Hong Kong. En Afrique, de nombreux auteurs (Camilleri, 2007 ; Zadi Kessy, 1998) montrent que les pratiques traditionnelles sont plutôt favorables à l’éclosion et à l’essor de l’entrepreneuriat. Autrement dit, les problèmes que rencontrent les entreprises en Afrique ne sont pas attribuables à l’absence d’esprit d’entreprise. Ce qui nous amène aux questions relatives à la capacité des entreprises, particulièrement à l’accès aux ressources financières.

2.2 L’entrepreneuriat en environnement contraignant : s’adapter ou disparaître

2.2.1 L’instabilité économique comme frein à l’essor entrepreneurial

27 La dynamique entrepreneuriale en Guinée est une forme de réponse sociétale aux hostilités environnementales. Les caractéristiques et les modes d’organisation des petites entreprises stimulent l’emploi et le bien-être familial. L’importance et l’urgence des besoins mobilisent l’ensemble des membres de la famille (père, mère et autres membres, adultes ou non). Cette dynamique interne collective occupe le vide créé par l’État dans la fourniture des services sociaux de base (éducation, santé, logement…) et dans l’incitation effective à la création d’activités. La population guinéenne est évaluée à dix millions d’habitants, selon la Banque mondiale. En 2009, le taux de croissance du PIB réel était de -0,3% contre 4,9% en 2008 et 3,0% en 2005. L’indice des prix à la consommation (en pourcentage moyen de variation annuelle) était estimé, en 2009, à 4,7%, contre 18,4% en 2008 et 31,4% en 2005. Pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, ces statistiques étaient de 10,5% (2009), 11,6% (2008) et 8,9% (2005) (FMI, 2010). Sous l’effet de la crise financière de 2009, la Guinée a connu un net recul des investissements totaux (13% du PIB en 2009, contre 17,2% en 2008 et 19,5% en 2005). Cette situation est due à la baisse de la demande mondiale de matières premières dont la Guinée est exportatrice [4]. L’application par l’État d’une politique budgétaire anticyclique, pour relancer l’économie, n’a pas non plus permis de générer des niveaux de croissance suffisants pour relancer l’économie (FMI, 2010) ; au contraire, elle a plutôt contribué à la dégradation du solde budgétaire global, qui est passé de -0,5% du PIB en 2007 à -7,6% du PIB en 2009.

28 Ces données montrent l’insuffisance et l’irrégularité des revenus créés par l’économie formelle ainsi que l’importance de l’instabilité des prix [5] dans l’économie. En tenant compte du niveau d’investissement (13% en 2009 contre 22,2% pour l’ASS) on entrevoit les raisons du développement des petites entreprises familiales à travers le pays.

29 Celles-ci passent pour des régulateurs du chômage (Hugon, 2003) ou d’une partie de la vie sociale (Gadrey, 2006) et ses acteurs sont, selon Hugon (citant Latouche), « plus entreprenants qu’entrepreneurs et plus ingénieux qu’ingénieurs ». La diversification d’activités associée à l’externalisation des coûts de production [6] constitue un rempart à la faiblesse des revenus d’activités et une alternative à leur non-accumulation.

30 Partant de ce constat, on peut comprendre le taux élevé de disparition de ces petites entreprises.

31 D’une part, on attend d’elles qu’elles préservent les capacités de la famille sans que celle-ci ne leur donne les moyens nécessaires (en termes d’investissement et de capital humain). La fonction sociale l’emporte dans ce cas sur la fonction productive, ce qui pose un problème de pérennisation des activités. Cet aspect est soulevé par Gartner (1995 et 1985) et Verstraete (2003) pour qui l’entrepreneuriat est aussi synonyme de création d’organisation.

32 D’autre part, ces mêmes petites entreprises font face à un environnement externe peu propice à leur développement : instabilité des prix défavorable à la fixation des anticipations, difficultés d’accès au financement (cf. infra), etc. Il en résulte un choix pour les activités informelles avec une très faible intensité capitalistique et un essor du marché domestique. Ce développement endogène accentue l’autonomie de ces unités de production par rapport aux marchés nationaux et, par conséquent, accroît leur vulnérabilité.

33 Finalement, l’instabilité macroéconomique, en renforçant la précarité, éloigne les petites entreprises des circuits économiques classiques. L’emploi dans le secteur informel représenterait environ 70% de la population active (60% de la force de travail et plus de 90% des nouveaux emplois selon Hugon, 2003). Cette situation difficile, associée à la rareté des ressources financières, rend quasi insupportable la concurrence à ces entreprises.

2.2.2 L’accès aux ressources et au marché : une question de survie pour les petites entreprises face à la concurrence

34 En dépit de l’important rôle qu’elles assument (régulation du chômage, création de richesse…) les petites entreprises ne bénéficient que très marginalement des ressources financières formelles. Ce faible accès aux ressources a des effets considérables sur leur intégration au marché et sur leur faculté à faire face à la concurrence. Il justifie les moyens d’action mis à la disposition des entrepreneurs, ainsi que leur périmètre d’action.

35 Toutefois, ces raisons doivent être placées dans leur contexte environnemental. Il est admis qu’en situation d’incertitude, l’information vient à manquer, le risque devenant important, les agents économiques privilégient les solutions acceptables aux solutions optimales (Hugon, 2003). Le manque de confiance en l’avenir qui en résulte n’autorise aucune projection dans le futur, confinant ainsi nombre de petites entreprises dans des créneaux économiques communautaires (activités de proximité fortement consommatrices de main-d’œuvre… cf. graphique 1). Ces pratiques, engendrées par une distribution imparfaite de l’information, sont pour les acteurs concernés une solution relativement "satisfaisante". En admettant que ces acteurs soient animés d’une rationalité limitée, ils n’en restent pas moins exposés aux chocs extérieurs considérables : instabilité macroéconomique, cadre juridique défaillant… Outre le fait que l’occurrence des risques associés à ces projets est très élevée, se pose aussi le problème de la réalisation des garanties antérieurement prises en cas de défaillance des clients ; d’où le rationnement des crédits pratiqué par les banques.

36 L’accès au crédit bancaire est difficile pour les petites entreprises. Plusieurs raisons expliquent cette situation, nous en retenons deux : la première (position des clients) évoque la frilosité des banques ; tandis que la seconde (position des banques) dénonce l’absence (ou l’insuffisance) de libéralisation financière. Les banques déplorent l’existence d’éléments perturbateurs (taux d’intérêt administrés, niveau de réserve obligatoire, cadre réglementaire laxiste…), défavorables à la transformation des dépôts en investissements productifs. La faible profondeur du système financier qui en résulte incite les différents agents économiques (banques et autres opérateurs économiques) à privilégier les activités de courte période, moins utilisatrices du capital physique immobilisable.

37 En Guinée, en 2004, sur 66,4% de crédits utilisés, 59,2% sont destinés au financement des activités de court terme, 7,1% pour le moyen terme et 0,1% pour le long terme. Entre 2000 et 2002, ces proportions étaient respectivement de 58,1%, 8,6% et 0,3%. Ces statistiques (tableau 3) montrent la faible inclinaison des banques à financer les investissements (crédits à moyen et long terme). Les crédits à court terme sont composés de crédits documentaires, crédits de campagne ou encore de fonds de roulement, leur importance dans les actifs bancaires renseigne sur le déséquilibre qui caractérise leur situation financière. Il s’agit donc de banques vulnérables qui, en cas de crise dans les secteurs majoritairement financés, pourraient en être sérieusement affectées.

Tableau 3

Structure des crédits à l’économie en % des crédits bancaires

2000-02 2003 2004
Total crédit utilisé 67,0 72,1 66,4
Court terme 58,1 60,1 59,2
Moyen terme 8,6 11,8 7,1
Long terme 0,3 0,2 0,1
Valeurs non imputées 33,0 27,9 33,6
Total 100,0 100,0 100,0

Structure des crédits à l’économie en % des crédits bancaires

Les valeurs non imputées sont des facilités bancaires, techniquement non assimilables aux crédits, créées par le jeu des dates de valeur à l’encaissement (float bancaire).
FMI (2006).

38 La frilosité du secteur bancaire tient aussi au comportement des entreprises. En effet, les résultats de l’enquête révèlent leur forte concentration dans le secteur tertiaire ; on peut avancer comme raison, la primauté de l’objectif social sur l’objectif économique. En outre, les petites entreprises sont dans l’incapacité de satisfaire aux exigences bancaires : demandes de crédits non recevables, garanties insuffisantes ou absence de statut juridique légal. Le tableau 4 [7] illustre la défaillance du cadre législatif dans l’accompagnement des entreprises demandeuses de crédits.

Tableau 4

Mesures sur la divulgation de l’information sur le crédit et des droits des débiteurs et créanciers

Indicateur Guinée Région OCDE
Indice des droits légaux 3,0 4,5 6,8
Indice de divulgation d’information sur le crédit 0,0 1,4 4,8
Couverture par les registres publics (% adultes) 0,0 2,5 8,4
Couverture par les bureaux privés (% adultes) 0,0 4,8 58,4

Mesures sur la divulgation de l’information sur le crédit et des droits des débiteurs et créanciers

Banque mondiale (2009).

39 L’indice des droits légaux montre à quel point il est difficile d’accéder aux ressources financières en Guinée (3/10 en Guinée, contre 4,5/10 pour toute l’ASS et 6,8/10 pour les pays de l’OCDE). Quant à la divulgation de l’information sur les crédits, elle est complètement négligée, aucune trace n’existe ni dans les registres publics ni dans les registres privés. Alors que dans le reste de l’ASS et dans la zone OCDE, cet indice est respectivement de 1,4/6 et 4,8/6.

40 Dans un tel contexte d’incertitude (“radicale” selon Hugon [8]), l’information qui circule est imparfaite et asymétriquement distribuée, les banques n’ont pas d’autres choix pour se protéger que de rationner les crédits (Stiglitz et Weiss, 1981). Finalement, le système financier se développe en déséquilibre avec l’économie réelle. D’un côté, on a des banques peu intégrées dans le système économique national, alors qu’elles sont très liquides (Doumbouya, 2005), ce qui pose le problème de leur légitimité ; de l’autre côté, la population rencontre des difficultés d’accès aux ressources financières.

41 L’avènement et l’essor de la finance décentralisée a certes permis l’amélioration de l’accès aux ressources financières aux nombreux acteurs, mais la défaillance du financement des investissements a conduit à la création d’institutions alternatives spécialisées dans le financement des exclus bancaires. Dix institutions de microfinance (IMF) opèrent en Guinée (contre 11 banques dont 10 effectivement opérationnelles). En décembre 2004, ces IMF disposaient d’un portefeuille de crédits de 22,25 milliards GNF (contre 10,97 milliards GNF de dépôts [9]) soit 0,2% du PIB ou 3,3% des crédits bancaires à l’économie (tableau 5). Ces crédits ont été alloués à environ 172 490 clients en 2004, à travers un réseau de 144 agences, ce qui donne un taux de pénétration (en nette croissance) estimé à 13% environ.

Tableau 5

Indicateurs d’Institutions de microfinance en Guinée, 1997-2004

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Réseau d’IMF (1) 73 83 98 110 114 120 127 144
Nombre de clients 60 213 75 629 88 102 109 225 118 716 138 953 160 212 172 490
Taux de pénétration (en %) (2) 5.2 6.4 7.3 8.8 9.4 10.8 12.2 12.8
Volume des dépôts (milliards GNF) 2,15 2,66 3,33 4,41 5,39 6,81 8,92 10,97
En % du total des dépôts du secteur bancaire 1,0 1,2 1,4 1,6 1,5 1,5 1,5 1,3
Volume de crédits (milliards GNF) 4,76 6,54 8,44 10,46 12,02 16,69 19,50 22,25
En % du total des prêts du secteur bancaire 2,1 2,4 2,8 3,5 3,4 3,8 3,2 3,3
Dont prêts non performants (en % du total des prêts) 12,5 12,3 14,7 4,6 4,6 2,0 5,0 7,0
Taux d’intérêt sur les prêts (moyenne, en %) 23 22 22 23 25 26 30 26
figure im7

Indicateurs d’Institutions de microfinance en Guinée, 1997-2004

(1) Nombre total de guichets (2) Ce taux indique le pourcentage de familles qui a accès aux services de la micro-finance. On a supposé que la taille médiane des familles en Guinée est de 6 (EIBEP 2002/03).
BCRG (2005). Ces statistiques sont celles des quatre IMF les plus importantes en Guinée : Crédit rural de Guinée-SA ; Caisses populaires d'épargne et de crédit Yètè Mali ; PRIDE-Finance ; Agence autonome d'assistance aux entreprises (3AE).

42 L’essor de la microfinance trouve ses origines à la fois dans l’expansion bien réelle de ses activités et dans l’amélioration qualitative des connaissances statistiques du secteur. Selon Servet (2005), l’essor des programmes de microfinance provient aussi des externalités (“positives”) de la financiarisation des économies en développement.

43 De l’observation de l’impact de ces programmes sur les micro-entreprises, il résulte que la microfinance vise davantage un objectif social qu’économique. À ce jour, aucune étude d’impact ne peut garantir en Guinée l’effet positif des programmes de microfinance sur le développement des micro-entreprises, alors que les premiers programmes sont en place depuis vingt ans. Le niveau moyen des crédits ne permet qu’une reconstitution insignifiante du capital ; quant aux taux d’intérêt, leur niveau (26% en 2004 contre 23% en 1997, en moyenne) traduit les charges financières auxquelles ces petites entreprises font face. Ce faible effet multiplicateur des crédits (Servet, 2006) ne met pas les ménages/entreprises à l’abri du surendettement, pendant que les institutions créancières se développent, comme le montre la baisse des prêts non performants dans leur portefeuille de crédits.

44 Finalement, l’élargissement des services financiers à ces petites entreprises marginalisées ne suffit pas pour leur permettre de supporter la concurrence du marché. Ces services restent dérisoires face à leurs besoins en biens de productions et de croissance.

CONCLUSION

45 Les petites entreprises en Guinée font face à la fois à un environnement peu favorable à leur essor et à une demande sociale pressante. La fréquence des chocs, particulièrement macroéconomiques, compromet la pérennisation de leurs activités ; alors que la demande sociale (besoins familiaux), que l’entreprise doit satisfaire, ne permet aucune accumulation favorable à la constitution du capital productif. Ces deux éléments sont, entre autres, à la base du "cantonnement" de ces entreprises. Or, dans un contexte économique mondial de plus en plus libéralisé, parvenir à un développement économique passe par l’enracinement de l’entrepreneuriat dans la société. Ceci permet d’allonger la durée de vie moyenne des entreprises et donc, à terme, de renforcer les capacités des familles qui vivent au quotidien la précarité (ou la pauvreté).

46 La diversité des branches d’activités dans lesquelles interviennent ces entreprises et leur effectif montrent à quel point ces ménages sont entreprenants. Néanmoins, leur faible niveau d’expertise pour intervenir efficacement nécessite le soutien des décideurs publics et privés afin de les accompagner dans leur croissance. Considérant les moyens à disposition, il est clair que la concurrence, en l’occurrence mondiale, n’est pas favorable à leur essor. La réduction des charges d’intermédiation financière et des efforts de réorientations de la finance formelle permettraient de créer une synergie des banques et des IMF dans le financement de l’économie. Cette synergie peut constituer un atout pour les petites et moyennes entreprises qui, dans les conditions actuelles, ne participent que très marginalement à l’économie mondiale.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

  • BALANDIER G. (2004) Sens et puissance, Paris, PUF, 334 p.
  • BANQUE MONDIALE (2009) Doing Business Project, 209 p. http://francais.doingbusiness.org/ExploreTopics/StartingBusiness/
  • BCRG (2005) Statistiques sur la microfinance en Guinée.
  • BERGER B., LANDA J.-T., REDDING S.G., GODSELL G. (1993) Esprit d’entreprise, cultures et sociétés, Paris, Maxima, Laurent du Mesnil.
  • BRUYAT C. (2001) Créer ou ne pas créer ? Une modélisation du processus d’engagement dans un projet de création d’entreprise, Revue de l’entrepreneuriat, vol. 1, n° 1, 18 p.
  • CAMILLERI J.-L. (2007) La micro-entreprise rurale en Afrique : de la survie à la croissance. Le cas rwandais, Paris, L'Harmattan, 163 p.
  • CELLULE TECHNIQUE DE SUIVI DE LA CONJONCTURE MACROÉCONOMIQUE (2010) Tableau de bord mensuel de l’économie guinéenne, n°78, 26 p.
  • DOUMBOUYA M.L. (2005) Une analyse critique de la théorie de la répression financière : le cas de la Guinée, Thèse de Doctorat, Lyon, Université Lumière Lyon 2, 519 p.
  • EIBEP (Enquête intégrée de base pour la réduction de la pauvreté) 2002-2003. Année de publication 2008, ministère du Plan, Guinée.
  • FMI (2010) Afrique subsaharienne : retour à une croissance forte ? Perspectives économiques régionales, avril, 113 p.
  • FMI (2006) Rapport des services du FMI relatif aux consultations de 2005 au titre de l’article IV et au programme de référence, note d’information au public, n° 06/37, 93 p.
  • FORTIN P.-A (2002) La culture entrepreneuriale, un antidote à la pauvreté, Paris, Fondation de l'entrepreneurship, 248 p.
  • GADREY J. (2006) L'invention de l'utilité sociale des associations en France : à la recherche de convention, de régulation, de critères et de méthodes d'évaluation, Économie et Solidarité, Revue du CIRIEC-Canada, Presses de l'Université du Québec, 7- 26.
  • GARTNER W.B. (1995) Aspects of organizational emergence, in I. Bull, H. Thomas, G. Willard, Entrepreneurship, perspectives on theory building, Oxford : Pergamon. 67-86.
  • GARTNER W.B. (1985) A conceptual framework for describing the phenomenon of new venture creation, Academy of Management Review, vol. 10, n° 4, 696-708.
  • HUGON P. (2003) Les micro-unités et les PME : entre tissus d’entrepreneurs émergents et activités de survie ?, Techniques Financières et Développement, n° 72, septembre, 13-23.
  • REDDING S.G. (1990) The spirit of chinese capitalism, Berlin, de Gruyter. 267 p.
  • SERVET J.-M. (2006) Quand le micro crédit enferme les plus pauvres dans la dette, L’avis de l’expert, Le Temps, 8 décembre.
  • SERVET J.-M. (2005) Le besoin d’objectifs principaux nouveaux pour la microfinance : lutter contre les inégalités et faire face aux risques, Techniques Financières et développement, n° 78, mars, 12-20.
  • SHANE S., VENKATARAMAN S. (2000) The Promise of entrepreneurship as a field of research, Academy of Management Review, vol. 25, n° 1, 217-228.
  • STIGLITZ J.E., WEISS A. (1981) Credit Rationing in Markets with Imperfect Information, The American Economic Review, Vol. 71, n° 3, 393-410.
  • VERSTRAETE T. (2003) Proposition d’un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat, Éditions de l’ADREG, http://asso.nordnet.fr/adreg/Adreg_07.pdf
  • VERSTRAETE T. (2002) Essai sur la singularité de l’entrepreneuriat comme domaine de recherche, Éditions de l’ADREG, http://asso.nordnet.fr/adreg/Adreg_07.pdf
  • ZADI KESSY M. (1998) Culture africaine et gestion de l’entreprise moderne, Abidjan, Éditions CEDA, 248 p.

Mots-clés éditeurs : entreprise, ménage, développement, financement, Guinée

Mise en ligne 31/10/2011

https://doi.org/10.3917/med.155.0125

Notes

  • [1]
    Laboratoire d’économie de la firme et des institutions (EA4012), Université Lumière Lyon 2.
    med.doumbouya@ish-lyon.cnrs.fr. Université d’Ottawa. mdoumbouya@uottawa.ca
  • [2]
    Petite entreprise désigne à la fois les micro-entreprises et les petites et moyennes entreprises (PME). Le tissu économique africain en général et guinéen en particulier est dominé par les très petites entreprises informelles peu intégrées dans le système productif. Les PME forment le chaînon manquant de la chaîne de production (Hugon, 2003).
  • [3]
    Environ 50% des Guinéens vivent en dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
  • [4]
    La Guinée dispose des deux tiers des réserves mondiales de bauxite. Elle produit aussi de l’or, du diamant et du fer. L’instabilité institutionnelle peut aussi être avancée. Suite au décès du Président Conté, l’armée a dirigé le pays du 23 décembre 2008 au 15 novembre 2010, date de proclamation du second tour des élections présidentielles. Même si l'espoir renaît, avec ce changement, la situation socioéconomique et politique reste tendue : la dépolitisation de l’armé est ardue et de vives tensions politiques persistent, entre les partis au pouvoir et l’opposition, sur les conditions d’organisation des élections législatives.
  • [5]
    Entre décembre 2009 et décembre 2010, la masse monétaire est passée de 18% à 38,5% du PIB. Cette expansion résulte principalement de la forte croissance des créances nettes sur l’État, 31,1% du PIB en 2010 contre 18,5% en 2009. Sur la même période, le taux d’inflation (en glissement annuel) est passé de 7,9% à 20,8% (Cellule technique de suivi de la conjoncture macroéconomique, 2010).
  • [6]
    Cette externalisation des coûts est surtout liée à l’instabilité de la demande de proximité.
  • [7]
    Selon la Banque mondiale, l'indice des droits légaux renseigne les lois les mieux conçues pour améliorer l'accès au crédit ; il s'étend de 0 à 10. L'indice sur la divulgation de l'information sur le crédit mesure la portée, l'accès et la qualité de l’information disponible sur le crédit dans les registres publics et/ou privés. Il s'étend de 0 à 6, 6 étant le nombre d’informations recherchées (voir : http://www.doingbusiness.org/default.aspx).
  • [8]
    Selon cet auteur, l’univers en Afrique se caractérise par « une incertitude radicale », c’est-à-dire non probabilisable. En conséquence l’arbitrage se fait non entre risque et rentabilité, mais entre incertitude et liquidité, d’où les comportements court-termistes et la forte préférence pour la liquidité.
  • [9]
    En 2004, 1 US$ = 2267,9 Francs Guinéens (GNF).
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.80

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions