Hommage
1Notre famille médiologique vient de subir, coup sur coup, deux pertes sensibles, qui la touchent au cœur. Ont pris congé, physiquement, et donc provisoirement, Louise Merzeau et Robert Damien. Nous attachaient à eux, au jour le jour, des sentiments d’affection individuelle, mais leur prise de distance nous donne à mesurer ce par quoi ils nous enrichissaient, et ce que nous leur devons tous.
2Leur dialogue, dans Médium et dans la vie, entre connivence et confrontation, symbolisait et incarnait ce qu’on peut appeler l’ogive médiologique, en quelque sorte notre clé de voûte (et clé d’entrée dans le cénacle) : la croisée de deux arcs de réflexion, l’un sur le fait technique, l’autre sur la chose politique. Leur entrecroisement constitue, depuis vingt ans, notre point de mire. Cette mise en tension cruciale découle logiquement du double corps du Médium, à la fois matière organisée (M.O.) et organisation matérielle (O.M.). La prothèse et le collectif, l’appareillage et le nous, sont à embrasser d’une même accolade. Louise, historienne de la technique, veillait principalement sur l’architecture mouvante des réseaux numériques, à la suite d’une très profonde et remarquable étude de la révolution photographique, et de ses effets sur l’ensemble du champ culturel ; Robert, philosophe politique, et principalement de sa variante républicaine, celle où le lecteur devient électeur, a toujours articulé, dans la foulée de Bachelard, Canguilhem et Dagognet, la pensée de l’organisation politique sur l’examen des institutions et supports qui la rendent effective.
3Analysant l’une, l’ordre numérique et l’autre, l’ordre bibliographique, ils avaient en partage de saisir la puissance ordonnatrice d’un intermédiaire instrumental – ici, le Net, là, la bibliothèque – non seulement comme un modèle de savoir et une machine culturelle, mais aussi comme un milieu générateur d’autorité et de croyance. Le colloque consacré à l’œuvre de Robert Damien qui les a réunis, avec d’autres, à la BnF, en 2014, a repris et illustré maints échanges de vue dans le comité de rédaction de notre revue. « L’autorité n’agit que matérialisée » dans une institution, nous rappelait Robert le républicain, – qu’il s’agisse de l’école, la bibliothèque, le stade, le ministère… – et l’institution est nécessairement personnalisée. Autrement dit, vous qui parlez technique, n’oubliez pas le symbolique. Et Louise, la démocrate, ajoutait que se forment un nouveau type de communauté, d’autres modes d’identification personnelle et collective dans le processus de décentralisation numérique. Autrement dit, vous qui parlez du symbolique, n’oubliez pas l’engendrement technique.
4L’un nous a rendu raison du passage de la Bible à la bibliothèque, du Livre unique qui dit tout sur tout à la pluralité ordonnée de textes singuliers, en bref, de l’absolu au relatif ; l’autre, de la matrice bibliothécaire à la matrice réticulaire, du lecteur à l’internaute, de l’acte de lecture personnel à une grappe de données interconnectées, en bref, du relatif à l’infini. Ce qui s’est enchaîné dans la suite des temps, du xviie au xxie siècle, ne saurait se dissocier dans le regard que nous portons sur notre temps actuel.
5Ajoutons que nos deux amis, en bons médiologues, soucieux d’effectivité et d’effectuation, ne séparaient pas le dire du faire. Ils ont mis leurs concepts en action. Robert, dans la pratique du rugby, où il a appris, en entraîneur d’équipe, à concilier autorité et fraternité. Louise, dans la pratique de la photo, tantôt argentique tantôt numérique, pour expérimenter l’hybridation qu’elle réclamait des mémoires et des supports.
6On aura compris que nous ne sommes pas près de laisser dormir en paix ces deux esprits, ces deux défricheurs, ce deux rigoureux inventeurs. Nous sommes sûrs, à l’avenir, de les retrouver plus vivants que jamais sur notre chemin commun.
7Comité de lecture de la revue Médium
Louise Merzeau
Contributions à Médium
Louise Merzeau, 1963-2017
Louise Merzeau, 1963-2017
Louise Merzeau, professeure en sciences de l’information et de la communication, a été secrétaire de rédaction puis rédactrice en chef des Cahiers de Médiologie et était membre de notre Comité de lecture. Elle a co-dirigé Wikipédia, objet scientifique non identifié, en 2015.M43. Charlie et les autres. 2015
8#jesuischarlie : le médium identité
9Historique ! Engendré par un simple tweet, viralisé par le réseau, un processus social et politique sans précédent s’est avéré : faire d’un JE un NOUS.
M41. Rythmes. 2014
10Le flâneur impatient
11Elles nous programment, nous reprogrammons. Elles nous segmentent, nous déambulons. Elles accélèrent, nous paressons. Avec les machines, on peut toujours ruser.
M37-38. Secrets à l’ère numérique. 2013-2014
12Partager ses secrets en public
13Non, les réseaux sociaux en ligne ne tuent pas l’intimité. Le secret s’inscrit désormais dans le partage même, au sein de l’espace public numérique. Il donne lieu à des stratégies subtiles, pour rester entre soi, en rusant avec les algorithmes indiscrets des nouvelles industries de l’identité.
M34. Récits du pouvoir, pouvoirs du récit. 2013
14Twitter, machine à faire et défaire l’autorité
15Avec le microblogging, qui brise les murs dressés entre l’intime et le public, les figures de l’autorité ne sont plus la clôture et le surplomb. Dans le nouvel espace public, l’autorité ne requiert plus ni œuvre ni auteur.
M32-33. Copie, modes d’emploi. 2012
16Médiologie de la copie
17Chaque âge technologique perfectionne la qualité et amplifie le nombre de copies. Ce qui modifie peu à peu le rapport de l’un au multiple, et valorise l’original à mesure que se répandent ses avatars.
18Copier-Coller
19Il est temps de réhabiliter le copier-coller comme paradigme d’un nouvel âge médiologique.
M29. Réseaux : après l’utopie. 2011
20Le politique, c’est le médium, dialogue avec M Doueihi
21Que retenir de cette exploration ? Que « notre » identité et « leur » autorité ne pourront plus faire l’économie de la médiation numérique.
M24-25. Frontières. 2010
22Entrouvert : périmètres de la personne en hypersphère
M23. 2010
23« Symptôme » : Michael Jackson ou le traité du spectacle
M20-21. « Nous ». 2009
24La Toile
25Qu’on soit connecté ou non, notre vie sociale, publique ou privée, sera de plus en plus régie par les logiques de traçabilité, de recyclage et d’interactivité induites par la gestion numérique de nos rapports. Identité, légitimité, responsabilité… l’ensemble des droits de cité sont appelés à se redéfinir, par réaction, hybridation ou mutation.
M18. « Bonjour R. Barthes ». 2009
26Du signe à la trace
27Si Barthes était vivant, il égrènerait ses biographèmes sur le réseau. Son blog, le-plaisirdu-web.com, serait l’un des plus fréquentés de la Toile. Courts billets ciselés d’intelligence, langue inventive et néanmoins toujours accessible, érudition de l’ordinaire, liberté d’énonciation…
M13. 2007
28Une nouvelle feuille de route (De la vidéosphère à l’hypersphère)
29L’opposition entre communication et transmission doit être assouplie, si l’on veut décrypter le passage de la vidéosphère à l’hypersphère, centrée sur l’information. On pourra alors mettre en évidence la logique d’hybridation qui préside à la plupart des dispositifs et des pratiques de l’ère numérique. Notamment celle qui associe la personnalisation et la normalisation, le stock et le flux, ou bien encore le code et l’indice.
M12. Le Chef. 2007
30Figures du chef au cinéma
31Les mécanismes de la gouvernance et de l’autorité ne s’exercent qu’à travers une mythologie, simultanément mystificatrice et normative. Il n’est pas de chef sans une figure, où s’incarnent la rencontre d’un pouvoir et d’une aspiration. En ce sens, le cinéma offre plus que des illustrations.
32« Salut l’artiste » : Baudrillard
33Baudrillard aimait prendre des photos et parlait de cette allégresse – celle des matins de lumière sur une ville, ou de l’oblicité d’un livre sur une table. Moments de joie, solitaires et gracieux.
M10. Le numérique en toutes lettres. 2007
34Le livre déplié (entretien avec Michel Melot)
35Comprendre pourquoi le livre, cette invention vieille de deux mille ans, résiste à l’assaut des nouvelles technologies.
36« Salut l’artiste » : Louise Merzeau, par Régis Debray.
37Pour joindre l’acte à la parole médiologique, la monstration à la prédication, il faut plus que du talent, il faut de l’audace. Louise Merzeau ne manque ni de l’un ni de l’autre. Écrivain et photographe, graphiste et imagière, elle a l’hybridité heureuse et radicale. L’hypersphère, elle nage dedans, elle vit avec, elle en fait un exercice visuel et quotidien.
M9. 2006
38« Concept » : Mémoire
39S’il n’y a pas d’objet médiologique, mais seulement des manières médiologiques de croiser technique et culture, la mémoire pourrait bien faire exception, et constituer le point focal de nos problématiques.
40« Symptôme ». Le coton mondialisé : sur le livre d’Erik Orsenna [1]
M7. 2006
41« Salut l’artiste » : Cinq entrées dans l’œuvre de Philippe Hurteau
42Né en 1959, le peintre Hurteau produit aussi des images numériques, des installations picturales et des textes.
M5. 2005
43« Bonjour l’ancêtre » : Mallarmé
44Présenté comme l’ennemi d’une réalité que sa matérialité rendrait vulgaire, il incarne pour beaucoup le repli de l’homme de lettres, préférant au commerce de ses contemporains la solitude obscure des signes et des idées… Et pourtant…
M4. 2005
45« Concept » : Médiasphère, avec Régis Debray
46S’entend par ce mot la sphère de circulation des traces et des individus techniquement déterminée par les modes de transport dans l’espace et dans le temps prévalant à un moment donné de l’histoire.
M3. 2005
47Quels arts de masse ?
48La notion d’art de masse ne doit pas nous cacher la différenciation des publics et les stratégies culturelles qu’elle autorise.
Contributions aux Cahiers de médiologie
N°16. Éternel éphémère. 2003
49Web en stock
50Faisant suite à la législation sur les archives audiovisuelles, le projet d’un Dépôt Légal d’Internet représente une importante étape dans l’accréditation culturelle de l’éphémère. C’est reconnaître que le capital symbolique à transmettre ne saurait désormais se couper des flux de données. Mais c’est aussi exposer l’archive à une contamination par l’éphémère, qui tend à modifier la logique et la portée du geste patrimonial.
N°15. Faire face. 2002
51De la photogénie
52Chacun s’amuse à répartir les physionomies de son entourage le long d’une échelle photogénique, sans pour autant savoir à quoi pourrait bien correspondre chaque degré… À des qualités particulières du visage, ou de l’image ? Ce supplément du visage est-il une vertu naturelle qui se serait ignorée jusqu’au xixe siècle, ou une donnée historique, nécessairement technique ?
N°13. La scène terroriste. 2002
53En tant qu’orchestration d’un message, le terrorisme relève d’une analyse communicationnelle. Il ne se réduit pour autant ni à la construction d’un énoncé, ni même aux procédures de sa propagation. À ne l’envisager qu’en termes de mise en scène, on oblitérerait sa dimension organisationnelle.
N°11. Communiquer, transmettre. 2001
54Techniques d’adoption
55La démarcation claire et nette entre une continuité culturelle travaillant sur le long terme et l’essaimage instantané d’une indifférenciation technique empêche de penser les phénomènes d’hybridation qui caractérisent l’hypersphère.
N°10. Lux, des Lumières aux lumières. 2000
56Louise Merzeau, La veilleuse des âmes en peine (« Pour Monique »)
57C’est l’heure de ceux qui dormiront demain.
58Offerte et généreuse, la nuit les invite au voyage, immobiles, dans les chambres éteintes.
59Un battement laiteux s’empare alors des fenêtres
60et la ville devient bleue
61traversée d’éclairs ténus, névrotiques et fanés.
62Celui qui marche solitaire, le nez en l’air
63se sait banni de toute intimité par ces vitres
64enluminées.
65Il se souvient…
66L’écran est vide
67Une neige éternelle en silence y palpite […]
N°8. Croyances en guerre. 1999
68Quand Debray publie Critique de la raison politique, le principe d’une médiologie trouve son premier motif dans l’exhumation de l’inconscient religieux. Aujourd’hui, c’est la nature politique de la croyance que je voudrais reconnaître et défendre, face à l’entreprise de disqualification dont elle fait l’objet…
N°7. La confusion des monuments. 1999
69Monument et document sont deux régimes de trace, qui façonnent les systèmes sociaux et leur permet de se projeter dans le temps. Point de convergence entre des croyances, des savoirs, des acteurs et des techniques, les traces témoignent ainsi d’une organisation du collectif par l’organisation de la matière.
N°6. Pourquoi des médiologues ? 1998
70Ceci ne tuera pas cela.
71Médiologie est le nom que nous posons sur un certain regard. Celui de l’idiot à qui l’on montre la lune, et qui regarde le doigt. Platon, Hugo, Benjamin ou Leroi-Gourhan ont habité ce regard, avant Régis Debray. Mais un regard n’est pas une propriété. La médiologie n’est à personne, pas même aux médiologues. La médiologie existe parce qu’elle s’invente, à chaque fois qu’un funambule insensé traverse nos contrées.
N°5. Bicyclette. 1998
72Aboli bibelot d’inanité technique ou la machine à résister
73Périodiquement, la bicyclette renaît de son obsolescence technique. Elle bouscule logique instrumentale et temporalité technique. La roue tourne toujours. Comme si le vélo n’était rien d’autre qu’une machine à résister à la technologie.
N°4. Pouvoirs du papier. 1997
74Papiers sensibles
75L’histoire des papiers photographiques est une histoire de sels et de textures, écrite par des chimistes qui se seraient faits grand couturiers. Ici, l’image se couche sur un support dont elle épouse les propriétés. Elle fait des gammes avec les gris, les grades et les grains. Elle a de l’épaisseur et elle vieillit. L’image-papier travaille. Et c’est par le trouble nocturne de sa matière que le visible advient, se défigure ou se souvient.
N°1. La Querelle du spectacle. 1997
76Le lointain … et au-delà (introduction au port-folio de Patrizia Di Fiore)
Robert Damien
Contributions à Médium
Robert Damien, 1949-2017
Robert Damien, 1949-2017
Robert Damien était philosophe, professeur des universités à Nanterre. Son dernier livre publié est Éloge de l’autorité. Généalogie d’une (dé)raison politique, « Le temps de idées », Armand Colin, 2013. Médiologue de la première heure, Robert était membre de notre Comité de lecture.M52-53. Nouveaux pouvoirs, nouvelles servitudes. 2017
M48. Matières à penser : pour François Dagognet. 2016
78Souvenirs d’un disciple
79Un disciple de Dagognet témoigne ici de sa relation avec ce maître paradoxal dont il n’a pas retenu seulement les enseignements mais aussi sa manière très particulière de les délivrer. Un mandarin iconoclaste ?
M46-47. Éros Aujourd’hui. 2016
80Ève pornocrate
81Avec sa verve lucide, Proudhon préfigure le coït de la chair et du marché au cœur du nouveau capitalisme.
M.43. Charlie et les autres. 2015
82Radiographie d’un moment fraternité. La réquisition
83Vous êtes « Charlie » ? Oui. Et les autres ? Aussi. Nous revendiquons de pouvoir être plusieurs, bleu, blanc, rouge, sans être des frères ennemis. Nous sommes tous ensemble les auteurs signataires de cette augmentation sacrée : la République française.
M41. Rythmes. 2014
84Rock’n’roll ou 2’35’’ de bonheur
85Contre le menuet amidonné des quadriges, l’Europe autrichienne imposa la valse à trois temps, tournante et à couple fermé. Malgré la résistance tardive du tango argentin et de ses excès langoureux et amers, la valse signa la victoire européenne dans l’usage public des corps. Des salons aux guinguettes, son rythme fut la matrice d’une eutopie corporelle.
N°37-38. Secrets à l’ère numérique. 2013-2014
86Sécrétions
87L’homme est un animal sécrétant. Il mue, il sue, il pue. Humer la tanière où chacun baigne dans son jus donne les clés d’une identité accessible. Esprit, où es-tu ? Dans le corps qui souffle et s’évente, suinte et transpire, excrète et urine. Le secret nous spécifie dans notre genre de vie : il se trouve au bout de nos sécrétions.
N°36. L’esprit des lieux. 2013
88Le cérémonial du vestiaire
89Le vestiaire c’est une enceinte rigoureusement architecturée où l’organisation du nous requiert de chacun qu’il se concentre et s’équipe en vue de se livrer, en forme et fraternellement, au bonheur du combat. Chaque joueur acquiert, dans son rôle où il naît à soi-même, une existence révélée par ses souffrances livrées aux jugements.
N°27. 2011
90Un ancêtre. Claudel, médiologue de la ville ?
91Certes, d’autres poètes du xixe et du xxe siècle pourraient être privilégiés car ils ont célébré la modernité urbaine, industrielle et technique, du Rimbaud des Illuminations jusqu’à Zone d’Apollinaire en passant par Baudelaire ou Aragon et bien d’autres. Tous, selon des registres différents et à des titres divers, développent une exaltation de la nouvelle puissance humaine qu’incarne la ville comme nouvel ordre social libéré des tutelles naturalistes et religieuses. Le poète ne peut que saluer cette euphorie.
N° 24-25. Frontières. 2010
92Portes et fenêtres : pour un discours de la méthode afin de bien conduire sa maison
93L’homme est un être maisonnable. Il est de multiples formes de maisons, et on en peut changer. Montaigne réclamait un « chez soi où être à soi », un domicile fixe, un dedans bien dissimulé, fermé au regard, étanche et impénétrable. Nous en avons tous la nostalgie, l’espoir vain de faire retour à l’âge utérin du cocon maternel.
N° 22. 2010
94Un objet. Balles et ballons, modeste contribution à une ludographie culturelle
95On juge un être à sa position dans les alternatives majeures : êtes-vous bain ou douche, rasoir ou barbe, slip ou caleçon, baskets ou souliers, chien ou chat, maison ou immeuble, vélo ou mobylette, voitures ou transports en commun, etc. ? Il en est de même avec un autre dilemme névralgique : êtes-vous un enfant de la balle ou du ballon ?
N° 20-21. Nous. 2009
96L’équipe
97Nous parlons d’esprit scientifique, d’esprit des lois, des peuples, d’esprit de corps et même d’Esprit Saint pour qualifier ce qui inspire une totalité agissante. L’esprit vient à l’équipe. Par quels voies et moyens ? Ça vient, ça va venir, allez, allons-y, « ça ira, ça ira », comme dit la chanson sans qu’on sache vraiment d’où cela vient ni où cela va. Esprit de corps, es-tu là ?
N° 19. 2009
98Un objet. Éloge du rasoir.
99King Camp Gillette (1855-1932) est de ceux-là : il a changé la face de l’homme. Comment ? Par la mise au point en 1897, d’un outil facilement manipulable par tous : un rasoir mécanique pour la barbe, de modèle réduit et à prix modique, muni de lames interchangeables à double tranchant enserrées dans une tête démontable. Ce petit appareil autorisait le moindre des hommes à se raser confortablement lui-même.
N°16-17. L’Argent maître. 2008
100Bonjour l’ancêtre. Proudhon
101Qui se souvient que le socialiste français est l’auteur d’un Manuel du spéculateur (1853) ? Son propos : non pas détruire mais républicaniser la Bourse. Le Franc-Comtois qui créa, dès 1849, une banque mutualiste du peuple.
N°15. 2008
102Bonjour l’ancêtre. Jean Le Clerc
103Jean Le Clerc, né à Genève en 1657 et mort à Amsterdam en 1736, est considéré à tort à tort comme un polygraphe subalterne. De son œuvre monumentale, retenons plusieurs nœuds stratégiques.
N°12. Qu’est-ce qu’un chef ? 2007
104Mégalomanie et mélancolie
105Dans la mégalomanie, folie des grandeurs, se creusent les plis amers de l’idéal. Déçu de découvrir sa dépendance vis-à-vis d’autrui, le chef sombre dans la mélancolie, maladie d’Héraclès, maladie de la grandeur.
N°11. 2007
106Bonjour l’ancêtre. Les Idéologues ou le démon des Lumières (1789-1830)
107Les Idéologues ? Des « démons » promis au bûcher, disait Joseph de Maistre. Rationalistes comme on n’ose plus l’être, ils prétendaient fonder la certitude du bonheur sur la vérité du savoir. Ils récusaient ainsi toute influence positive aux émotions toujours furieuses et néfastes de l’opinion.
N°10. Les nouvelles hybrides. 2007
108Bonjour l’ancêtre. François de Neufchâteau
109Ministre de l’Intérieur sous le Directoire, président du Sénat, comte de l’Empire., poète et fabuliste, il est aussi agronome. Spécialiste des tableaux statistiques comme outil de gouvernement, il est l’organisateur de la première exposition publique des produits de l’industrie, ancêtre des futures expositions universelles.
N°9. 2006
110Symptômes. Basket, survet, market ou Homo basketicus, Homo democraticus ?
111L’humanité commence par les pieds, nous dit l’anthropologue. Le sérieux de la pensée nous propose une métaphysique du visage, du port de tête et de ses supervisions hautaines. Ne prétendons pas à cette éminence. Osons privilégier les pieds sinistres et baisser nos regards.
N°7. 2006
112Bonjour l’ancêtre. Gabriel Naudé, (1600-1653)
113Cet homme de peu, sans rang ni sang, cumule les handicaps : bibliothécaire obscur, libertin érudit, fidèle de Mazarin, défenseur scandaleux de la raison d’État. À quels titres inscrire ce soutier besogneux dans notre arbre généalogique ?
N°1. 2004
114Bonjour l’ancêtre. Proudhon et les chemins de fer
115La médiologie a toujours accordé la plus grande importance aux moyens de transport. La notion de médiasphère, par exemple, ou milieu de transmission culturelle historiquement déterminé, inclut les systèmes de transport physique en vigueur. La domestication du temps ne peut ignorer celle de l’espace. Sur cette voie, un prédécesseur…
Contributions aux Cahiers de médiologie
N° 2. Qu’est-ce qu’une route ? 1996
116Normaliser pour dominer
117Les autoroutes sont des voies de circulation ouvertes sur un horizon infini, autorisant rapidité de déplacement et fluidité d’écoulement sans carrefours ni feux rouges, sans demi-tours ni marches arrière et surtout sans rencontres frontales avec les autres : sur l’autoroute, il n’y a pas d’autre en face, imprévisible et toujours potentiellement menaçant. Il n’y a que des pareils au même.
N° 11. Communiquer, transmettre. 2001
118Questions à Régis Debray : d’un républicanisme à l’autre
N° 16. Éternel éphémère. 2003
119In extremis
N° 17. Missions. 2004
120La position du missionnaire