Copier n’est pas un comportement que nous devrions a priori blâmer : comment grandir sans imiter ? Et comment accéder aux œuvres d’art sans en passer, dans la majorité des cas, par leurs reproductions ? Plutôt que de défendre avec Walter Benjamin les valeurs « auratiques » de l’original ou de la première fois, on développe ici, pour penser sans anathème de principe la prolifération des copies, la distinction des œuvres autographiques et allographiques ; sous la double pression des nouvelles technologies et de l’impératif démocratique de leurs conditions d’accès, les œuvres opèrent une émancipation allographique en se détachant du ici et du maintenant de leur première énonciation.
Mon propos surgit d’une vieille curiosité pour les méandres et les aventures de la représentation : que veut dire mettre une chose – ou un signe – à la place d’une autre ? En travaillant plus ou moins consciemment, ou somnambuliquement, sur cette notion, je me suis intéressé au mimétisme, sorte de degré premier ou primaire des duplications liées au représenter : les identifications, les prises d’empreintes, les relations dites analogiques, ou indicielles, produisent des « copies » grosses d’ambivalences et d’énigmes. Que veut dire un peu précisément imiter, ressembler à ou paraître le même ? Les relations d’analogie ne sont ni sûres ni très stables.
L’ancienne rhétorique distinguait, parmi les traits ou qualités d’un orateur, celui d’être copieux. J’aimerais, à la faveur d’une forte allitération qui fait paronomase, mieux cerner quelques fonctions positives ou créatives de cette chose tenue pour subalterne, voire déshonorante : au rebours de l’injonction « Défense de copier …