Le mot « ordonnance » a de nombreux synonymes. L’usage le plus ancien (xiie siècle) apparaît dans l’ordre politique. Les ordonnances d’un pouvoir exécutif se distinguent des lois établies par le pouvoir législatif, ce qui nous vaut une formule malicieuse de Proudhon : « Le peuple avait vu les rois motiver leurs ordonnances par la formule : Car tel est notre plaisir, il voulut à son tour goûter le plaisir de faire des lois. [...] Le divertissement n’est pas près de finir. » (Qu’est-ce que la propriété ?).
On rencontre aussi des ordonnances dans l’ordre juridique (l’ordonnance d’acquittement prononcée par un juge) ou administratif (une ordonnance de police, une ordonnance de paiement) – être « meublé selon l’ordonnance », signifie ne détenir que des meubles que la loi défend de saisir, en d’autres termes être meublé au plus juste ! On trouve encore des ordonnances dans l’ordre artistique (spécialement en architecture), logique et logistique (l’ordonnancement d’un processus), etc. Sans oublier le képi ou le revolver d’ordonnance (c’est-à-dire réglementaires) et l’officier d’ordonnance ou aide de camp.
Dans la plupart des cas, le terme recueille l’ambiguïté attachée à sa racine : ordonner, donner un ordre, c’est aussi bien prescrire à un sujet (au datif) qu’agencer, disposer dans un certain ordre un objet (à l’accusatif).
Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du xviiie siècle que le terme en vient à désigner couramment les prescriptions d’un médecin, orales ou écrites, mais les origines de la chose désignée (la prescription médicale) sont immémoriales, sous forme de traces écrites (tablettes, papyrus…), de prescription et autres recettes à utiliser selon les affections recensées, dès l…