Notes
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[1]
Agnès François-Lecompte, Maître de Conférences, Université Bretagne Sud / IREA (EA 4251), agnes.lecompte@univ-ubs.fr
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[2]
Michel Gentric, Maître de Conférences, Université Bretagne Sud / IREA (EA 4251), michel.gentric@univ-ubs.fr
-
[3]
Source : Toselli (2008), Estimation réalisée à partir des données de l’Organisation Mondiale du Tourisme.
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[4]
L’hébergement touristique a réalisé 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires et représenté plus de 150 000 emplois salariés en France en 2008 selon l’INSEE (ESA 2008).
-
[5]
Pour une information sur les différents labels écologiques dans le secteur de l’hôtellerie, le lecteur pourra se reporter aux référentiels des labels “Clé verte” et “Écolabel européen” disponibles en ligne : http://www.laclefverte.org/nos-valeurs-clef-verte.php et http://www.ecolabels.fr/fr/recherche-avancee/categories-de-produits-ou-services-certifies/services/services-d-hebergement-touristique.
-
[6]
Union européenne et Organisation Mondiale du Tourisme.
-
[7]
Consultables sur : http://www.sustainabletourismcriteria.org/
-
[8]
Citons, par exemple, le cas de la Région Pays de Loire qui prend en charge à hauteur de 80% les frais de certification à l’“Écolabel Européen” ou à la “Clé verte” pour la première année où l’hôtelier la demande. Pour la région Bretagne, le financement est de 70%.
-
[9]
Enquête Accor « Les attentes des clients de l’hôtellerie en matière de développement durable », juin 2011, disponible sur : http://www.accor.com/
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[10]
Nous accompagnions plusieurs hôtels, parmi ceux interviewés, dans le cadre d’une expérimentation initiée par le Grenelle de l’environnement.
-
[11]
Les 2 experts étaient respectivement délégué régional AFNOR et conseiller Tourisme dans une CCI.
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[12]
Selon le Panorama de l’hôtellerie en France en 2012 de Coach Omnium, 83% des hôtels français sont indépendants et 42% d’entre eux sont membres d’une chaîne volontaire.
1Première industrie devant le pétrole et l’automobile, la filière touristique compte au niveau mondial pour 11% du PIB et 8% de l’emploi [3]. Deuxième secteur du tourisme en termes de poids économique [4] après la restauration, l’hébergement s’engage actuellement fortement pour limiter son impact environnemental. S’il n’existe pas de statistiques officielles du nombre d’hôtels engagés dans une démarche de développement durable en France, la hausse très importante du nombre d’établissements porteurs d’un label écologique témoigne de cette vague verte dans l’hôtellerie française [5]. Lancés en 2005 dans le secteur des résidences hôtelières, les deux principaux labels écologiques ont été affichés par près de 400 hôtels français fin 2011 : 265 hôtels disposent du label « Clé verte » (51 en 2009) et 160 de l’« écolabel européen » (65 en 2009). Bien que ces chiffres restent à relativiser par rapport au nombre total d’hôtels en France (près de 17 000), ils dénotent un engagement croissant.
2Ce constat positif va dans le sens d’un tourisme plus durable, souhaité par les institutions françaises et internationales [6]. Médiatisé à la suite du sommet de la terre en 1992, le concept de développement durable est progressivement intégré par les différents secteurs d’activité et acteurs économiques. Dans le secteur touristique, la notion de tourisme durable ou responsable a vu le jour au début des années 2000 et s’est depuis peu à peu propagée. Une première conférence s’est réunie sur ce thème en 1995 et a donné lieu à une « charte du tourisme durable ». En 1999, l’OMT s’empare à son tour de ce thème et publie avec l’ONU un code mondial d’éthique du tourisme. En octobre 2008, un nouveau pas est franchi avec la publication des Critères Mondiaux du Tourisme Durable [7] par une coalition de 27 organisations internationales dont l’ONU et l’OMT dans le but d’en améliorer sa compréhension et d’en faciliter sa diffusion auprès des entreprises touristiques. En France, la volonté de développer plus largement les pratiques du tourisme durable se retrouve autant au niveau de l’état (la France préside depuis 2006 le Groupe de travail international sur le développement du tourisme durable) que dans le dynamisme des instances régionales [8].
3De portée résolument globale, le tourisme durable suppose une amélioration des pratiques de tous, à la fois sur le plan des ressources naturelles, du respect socioculturel des populations et de la répartition économique des revenus (OMT, 2004). Parmi ces 3 piliers, l’aspect environnemental est celui qui est le plus régulièrement mis en avant par les professionnels (guide Atout France, 2011) et les touristes (enquête Accor [9]).
4Dans un contexte marqué par le volontarisme des pouvoirs publics et la labellisation écologique croissante des professionnels, la question de la prise en compte de l’environnement par les hôtels mérite d’être approfondie. L’objet de cette recherche est d’étudier les déterminants et résultats de l’engagement environnemental des hôtels, et, de proposer un modèle descriptif de « corporate greening » appliqué à ce secteur. Pour cela, une recherche qualitative sur la base d’entretiens a été menée auprès d’hôtels français engagés dans cette démarche. La première partie de l’article est consacrée à une revue de littérature. Le modèle de Mair et Jago (2010) est notamment développé et appliqué au secteur de l’hébergement touristique. Nous présentons ensuite la méthodologie et les résultats de l’enquête de terrain. L’article se termine par une discussion des résultats.
1 – La prise en compte de l’environnement dans la gestion des hôtels : fondements conceptuels
1.1 – Le courant de recherche sur le « corporate greening »
5Le concept étudié dans cette recherche est celui de « corporate greening » qui désigne le processus de mise en œuvre d’une gestion environnementale par l’entreprise. Il fait donc référence à une adoption progressive de mesures environnementales (aussi appelé « going green »), concernant à la fois les pratiques internes et les équipements choisis (Lynes et Dredge, 2006 ; Tzschentke, Kirk et Lynch, 2008 ; Mair et Jago, 2010). Cette notion de « corporate greening » ou « goeing green » peut être rapprochée des travaux français sur l’engagement environnemental. Inspiré des recherches issues de la gestion des ressources humaines, l’engagement dans le domaine environnemental se caractérise par trois dimensions : l’intégration de l’environnement dans la stratégie, le volontarisme du dirigeant pour diffuser ses valeurs personnelles au sein de ses équipes et enfin la formalisation de la stratégie environnementale à travers la mise en place d’un système de management environnemental et des ressources dédiées dans l’entreprise (Berger-Douce, 2010).
6Différents modèles décrivant les motivations et freins de la prise en compte de l’environnement par une entreprise ont été proposés. Ces modèles ont été testés sur des secteurs d’activité spécifiques (le vin pour Marshall et al., 2005 ; l’industrie aérienne pour Lynes et Andrachuk, 2008 ; le secteur des évènements touristiques pour Mair et Jago, 2010) à l’exception du modèle de Bansal et Roth (2000) se voulant plus générique. Le modèle de Marshall et al. (2005) propose et valide l’existence de 2 types de moteurs dans une gestion pro-environnementale : les déterminants internes à l’organisation tels que les valeurs du dirigeant, le bien-être des employés, les bénéfices en termes de qualité et de coût, et, les déterminants externes tels la différenciation concurrentielle et la conformité avec les lois. Ce modèle constitue une formalisation assez simple des motivations à s’engager dans une gestion environnementale et n’aborde pas les freins, ni le processus d’engagement.
7Bansal et Roth (2000) proposent un modèle plus complexe de « corporate ecological responsiveness », organisé autour de 3 grandes motivations : la compétitivité, la conformité avec les réglementations et le sentiment de responsabilité environnementale du dirigeant. Ces 3 variables ont été testées sur 53 entreprises appartenant à différents secteurs de production et de services. Ils ne constituent pourtant pas une liste exhaustive des motivations pouvant intervenir dans le processus (Mair et Jago, 2010).
8L’apport majeur du modèle de Lynes et Andrachuk (2008) est de structurer en 3 temps l’engagement d’une entreprise dans une démarche de responsabilité sociale (RSE) : les motivations (1), essentiellement liées aux enjeux financiers, compétitifs, de conformité avec la loi et d’image, sont activées et renforcées par des catalyseurs (2) pour aboutir à un engagement de la firme (3). Pour les auteurs, la variable intermédiaire de catalyseur désigne également les freins contextuels pouvant empêcher l’action.
9Ces 3 modèles (Bansal et Roth, 2000 ; Marshall et al.., 2005 ; Lynes et Andrachuk, 2008) ont été compilés par Mair et Jago afin d’obtenir une représentation exhaustive du processus d’engagement environnemental des entreprises. Leurs travaux représentés en Figure 1 constituent donc une synthèse des modèles existants et intègrent les motivations et les freins intervenant dans le processus de « corporate greening ».
Proposition d’un modèle d’engagement environnemental (corporate greening) pour les hôtels, adapté de Mair et Jago (2010)
Proposition d’un modèle d’engagement environnemental (corporate greening) pour les hôtels, adapté de Mair et Jago (2010)
Les éléments entre parenthèses, absents du modèle de Mair et Jago, sont issus de la littérature spécifique à l’hôtellerie10Le modèle de Mair et Jago (2010), présenté en Figure 1, établit 4 catégories de facteurs expliquant le degré d’engagement environnemental d’une entreprise :
- Le contexte externe et interne de l’entreprise : ces variables vont jouer un rôle en créant un contexte favorable ou défavorable au « corporate greening ». Le processus peut être influencé en interne par le secteur d’activité, la taille et le type de la structure, les valeurs internes à l’entreprise, et, en externe, par, les pouvoirs publics, la situation économique, les attentes des consommateurs et les technologies à disposition qui peuvent rendre la prise en compte de l’environnement une tâche plus ou moins facile.
- Les moteurs internes et externes : ces variables représentent les motivations et éléments guidant l’adoption de pratiques environnementales. Il s’agit des bénéfices attendus en termes d’image, d’avantage compétitifs, d’hygiène et commerciaux en répondant aux attentes des clients sur la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). De plus, la formalisation de la politique RSE en interne facilite et encourage les prises de décision en faveur de l’environnement, par exemple sur la politique achat.
- Les freins : ces variables jouent le rôle de barrières à l’adoption des pratiques environnementales. Il s’agit du manque de temps, des coûts générés par la démarche, du manque d’expertise sur les questions environnementales.
- Les catalyseurs : il s’agit des éléments déclenchant la prise en compte de l’environnement par l’entreprise. Les médias peuvent exercer une pression en alertant l’opinion publique sur certains enjeux. En interne, les valeurs personnelles du dirigeant et la culture de l’entreprise sont aussi supposées jouer le rôle de facilitateur (ou inversement de freins) au corporate greening.
11Le modèle proposé par Mair et Jago (2010) et validé dans le domaine des évènements touristiques semble le plus complet pour décrire le processus de prise en compte de l’environnement dans une entreprise. Nous souhaitons identifier à travers cette étude s’il peut s’appliquer au domaine des hôtels, étant donné les possibles variations sectorielles mises en évidence dans la revue de littérature.
1.2 – La prise en compte de l’environnement dans la gestion des hôtels
Principales actions menées par les hôteliers prenant en compte l’environnement
Principales actions menées par les hôteliers prenant en compte l’environnement
12La littérature sur la prise en compte de l’environnement par les hôtels est abondante. Plusieurs études de cas témoignent des multiples formes possibles de l’engagement au sein de chaînes hôtelières pionnières en Europe. Le groupe Accor, leader européen, a ainsi mis en place une charte « environnement » diffusée dans l’ensemble de ses 4 000 hôtels, une politique d’achat durable, ou encore, la construction de bâtiments HQE (Guillon, 2004). Le groupe Hilton a engagé ses hôtels européens dans le programme « Hilton’s we care » avec pour objectif des économies financières à grande échelle (Bohdanowicz, 2011). La chaîne Scandic, première chaîne hôtelière scandinave avec 130 hôtels, constitue un modèle sur le thème de l’engagement durable en investissant très fortement dans la formation de ses salariés et en favorisant les liens avec les communautés locales (Goodman, 2000 ; Bohdanowicz et Zientara, 2008 ; Toselli, 2008). Un ensemble d’études quantitatives a également mis à jour les principales actions menées par les hôtels, en matière de gestion environnementale, dans différentes zones géographiques : Afrique du Sud (Merwe et Wöcke, 2007), Kuala Lumpur (Kasim, 2009), Espagne (Cespedes-Lorente et al., 2003 ; Gil et al., 2001 ; Claver-Cortes et al., 2007), Ghana (Mensah, 2006), Grande Bretagne (Kirk, 1998 ; Stabler et Goodall, 1997 ; Knowles et al., 1999 ; Tzschentke et al., 2008) etc. Les résultats montrent que le degré d’engagement environnemental est variable et qu’il est fonction de la taille de l’établissement (lien positif), de son standing (lien positif), de son ancienneté (lien négatif) et de l’affiliation à une chaîne d’hôtels (lien positif).
13Les retombées positives de la prise en compte de l’environnement dans la gestion d’un hôtel, sont de plusieurs types. Le premier d’entre eux est d’ordre financier : la baisse des coûts engendrée par les économies d’énergie permet une plus grande performance économique. Ce principe du gagnant-gagnant connu sous le nom d’hypothèse de Porter (Porter et van der Linde, 1995) est vérifié dans certaines études (Alvarez et al., 2001 ; Gil et al., 2001 ; Cespedes-Lorente et al., 2003,) mais invalidé par d’autres (Claver-Cortes, 2007). L’argument financier est ainsi présenté comme le plus important pour décider les managers à incorporer l’environnement dans leur stratégie (Stabler et Goodall, 1997). D’autres recherches mettent en évidence une motivation supplémentaire : le bénéfice santé et sécurité (Mensah, 2006) quand d’autres soulignent le rôle capital joué par les parties prenantes (Cespedes-Lorente et al., 2003) et, plus précisément, l’appartenance à des réseaux professionnels et syndicaux comme élément déclencheur de la démarche environnementale (Merwe et Wöcke, 2007 ; Callot, 2011). Enfin, trois études récentes ont mis l’accent sur les convictions du dirigeant et les valeurs humaines comme élément moteur de l’engagement d’un hôtelier (Tzschentke et al., 2008 ; Callot, 2011 ; Parry, 2012) surpassant les motivations financières.
14A l’inverse, les principales raisons du non engagement de la majorité des hôteliers semblent être le manque de connaissances, l’existence d’idées reçues erronées sur le sujet (Merwe et Wöcke, 2007 ; Kasim, 2009) et l’absence de pression exercée par les consommateurs (Kasim, 2009). Sur ce dernier point, la recherche menée par Robinot et Giannelloni (2010) confirme que les touristes ne tirent pas de satisfaction de l’engagement environnemental des hôtels.
15Au final, la revue de littérature sur l’hôtellerie verte permet de dégager un certain nombre de variables influençant l’engagement environnemental des hôtels. Ces déterminants confirment et/ou apportent des compléments à la modélisation proposée par Mair et Jago (2010) et permettent d’élaborer un modèle de « corporate greening » appliqué au domaine des hôtels. La formalisation obtenue, présentée en Figure 1, constitue donc une proposition des déterminants de l’engagement environnemental des hôtels qui sera confrontée à un terrain empirique dans la suite de cet article.
2 – Méthodologie
16Pour répondre à l’objectif annoncé et confirmer le modèle conceptuel proposé (Figure 1), une étude exploratoire a été menée au cours du second semestre de l’année 2011. Les caractères rétrospectif et réflexif des informations recherchées nécessitaient la conduite d’entretiens en profondeur et permettaient de dépasser les représentations des interviewés. Nous nous sommes approchés au plus près des pratiques et préoccupations réelles des interviewés en réalisant les entretiens in situ, et, en cela, avons évité, autant que possible, le biais de désirabilité sociale lié au sujet de la recherche. Rajoutons que la complexité et la relative émergence du concept de « corporate grening » ont également conduit les précédentes tentatives de modélisation à retenir une approche qualitative (Bansal et Roth, 2000 ; Marshall et al., 2005 ; Lynes et Andrachuk, 2008 ; Mair et Jago, 2010 ; Parry, 2012). Par ailleurs, notre insertion dans le milieu concerné a conforté notre choix d’un « opportunisme méthodique » (Girin, 1989) [10].
17Le respect du principe de « saturation sémantique » (Glaser et Strauss, 1967), nous a conduit à mener 18 entretiens auprès de propriétaires et dirigeants d’hôtels. Ces entretiens ont duré entre 50 minutes et 4 heures. Ils ont été menés à l’aide d’un guide d’entretien comportant 4 thèmes : la genèse de la démarche ; les difficultés rencontrées ; les moteurs de l’engagement, et, les actions menées en faveur de l’environnement. L’échantillon, présenté en Tableau 2, comprend une grande variété de profils d’établissement : en termes de taille (9 à 140 chambres), de standing (2 à 4 étoiles), de profil de clientèle (tourisme et/ou affaire), de rattachement ou non à une enseigne intégrée ou non (Best Western, Logis, Ibis, Novotel…). L’hétérogénéité de leur degré d’avancement dans une démarche environnementale a été appréhendée, a priori, au travers de leur label environnemental et de la date de son obtention.
Présentation des hôtels étudiés et des éléments cités dans les entretiens
Présentation des hôtels étudiés et des éléments cités dans les entretiens
18Enfin, une analyse de contenu thématique a été menée sur la retranscription intégrale des entretiens et s’est focalisée sur les catégories émergentes par une comparaison continue des données collectées (Goulding, 1999). Cette méthode a permis de dégager les résultats présentés ci-après ; résultats qui ont été soumis pour triangulation à deux « experts » [11] des démarches environnementales dans le secteur hôtelier.
3 – Résultats
19L’analyse des discours des hôteliers interviewés est présentée de façon synthétique dans le Tableau 2. Les résultats seront présentés en reprenant les 4 grandes étapes du modèle : le contexte, les moteurs, les freins et les catalyseurs.
3.1 – Contexte
20Les actions environnementales doivent être analysées en regard du contexte dans lequel les entreprises évoluent (Bansal et Roth, 2000). En ce sens, nous retrouvons certains éléments généraux de contexte précédemment cités. La façon dont les hôteliers travaillent à la réduction de leur impact environnemental est affectée par différents facteurs de contexte :
- la taille de leur établissement : plus l’hôtel est grand, plus le personnel est nombreux et plus le coaching environnemental des équipes est lourd. À contrario, un établissement de grande taille dispose souvent de moyens financiers plus confortables et d’une équipe dirigeante plus disponible ;
- l’étendue de leurs activités et équipements : en plus de l’hébergement, les hôtels sont nombreux à proposer des services de restauration, bar ou encore de détente (spa, piscine…). Généralement, lorsqu’une démarche environnementale est entreprise, elle touche l’ensemble des activités proposées par l’établissement.
- le standing de leur établissement : contrairement aux travaux de Mensah (2006), nos résultats semblent montrer plus de facilité à agir pour des hôtels économiques que pour des hôtels de luxe, pour lesquels les attentes de confort des clients peuvent constituer un frein ;
- leurs valeurs organisationnelles : présentes dans le modèle de Mair et Jago (2010), les valeurs de l’entreprise jouent bien un rôle dans le contexte des hôtels mais uniquement pour les hôtels intégrés rattachés à un réseau national (type Ibis, Mercure, Best Western).
21Au sein de notre échantillon, l’âge de l’entreprise ne paraît pas influencer la démarche, contrairement aux résultats de Gil et al. (2001).
22Des éléments de contexte externe ont aussi été avancés tels que la situation économique actuelle invitant à des économies d’énergie, les tendances nouvelles de consommation poussant à s’intéresser aux produits écologiques / biologiques, l’incitation des pouvoirs publics locaux tels que les CCI et les régions soucieuses d’accroître l’attractivité de leur territoire. Enfin, la disponibilité de technologies permettant de concevoir ou rénover des bâtiments moins énergivores et plus respectueux de l’environnement, ainsi que l’existence d’écolabels, fournissant une démarche visant à une meilleure prise en compte de l’environnement dans le management et les pratiques des hôtels, sont également des éléments de contexte externe favorables.
3.2 – Les moteurs
3.2.1 – Les moteurs internes
23La prise en compte de l’environnement par les hôtels apparaît essentiellement poussée par des motivations d’ordre interne.
24Pour les hôtels indépendants, les convictions personnelles du dirigeant paraissent déterminantes pour impulser ces démarches en interne et mobiliser leurs équipes sur ce projet.
« L’entreprise va avoir 110 ans cette année. Si je la transmets, qu’est-ce que je transmets ? Je transmets un bloc de béton pour faire de la défiscalisation ou est-ce que je transmets quelque chose qui va être exploité de façon correcte pour le bien-être de tout le monde ? ».
« Je trouvais intéressant que cela se fasse à l’échelle des entreprises qui à la fois contribuent le plus et ont le plus de moyens pour changer les choses […]. Le concept de responsabilité sociale des entreprises me convient bien… ».
27A contrario, lorsque les hôtels appartiennent à un groupe intégré, ils agissent en application des décisions prises par la direction de leur réseau (Ibis, B&B, Best Western…). Si le groupe décide de s’engager dans une politique environnementale, comme c’est le cas pour les enseignes Ibis, Novotel ou B&B, tous les établissements se doivent d’appliquer ces consignes.
28Dans les deux situations (hôtel indépendant ou intégré), les gérants rencontrés visent un écolabel pour leur entreprise (Iso 14001, Écolabel européen, Clé verte…), ce qui les oblige à respecter une liste de critères environnementaux. Pour les hôteliers, qui ne sont pas, de fait, experts en management environnemental, ces labels constituent un cahier des charges, un guide dans la mise en œuvre d’un management environnemental.
« En 2007, j’ai découvert qu’il existait des labels dans mon secteur d’activité qui permettaient de reconnaître un certain nombre de démarches et ça a été une espèce d’aspirateur puisque on avait du coup un certain cahier des charges à respecter ».
30La perspective d’économies financières motive également certains hôteliers, mais ne fait souvent dans un premier temps que compenser les investissements initialement réalisés. Si la recherche de gains financiers n’est pas annoncée comme la motivation première, elle récompense néanmoins les efforts réalisés et s’insère plus globalement dans une volonté d’appliquer des règles de bonne gestion.
« Financièrement, il faut dire aux hôtels que sur certains critères, ça va nous coûter, mais que dans l’ensemble, ça peut être un gain financier aussi ».
« Je ne suis pas un super écolo. Je trouve souvent en fait que c’est simplement raisonnable, c’est d’éviter le gâchis, d’être attentif à toutes ces choses ».
33La mobilisation de l’ensemble du personnel sur une meilleure prise en compte de l’environnement dans leurs pratiques est présentée comme concourant à une plus grande implication et motivation des équipes ; des équipes qui deviennent plus soudées et plus fidèles, dans un secteur souvent présenté en tension en termes de ressources humaines et de conditions de travail.
« On a eu aussi des salariés qui ont été très, très motivés par la démarche et qui non seulement se tenaient au courant des nouvelles actions, les mettaient en place au fur et à mesure, mais aussi, faisaient en sorte que les nouvelles recrues, qui s’assuraient qu’elles soient bien au courant aussi de ce qu’il fallait faire ».
3.2.2 – Les moteurs externes
35Différentes motivations externes ont été évoquées par les répondants mais restent au second plan par rapport aux motivations internes évoquées précédemment.
36Les motivations telles que l’obtention d’un avantage compétitif, le développement d’une image positive, ou encore les politiques d’achat durable des clientèles d’affaires ont été souvent évoquées par les répondants, mais davantage comme des retombées positives de leur engagement environnemental a posteriori que comme des motivations à l’origine de la démarche. De plus, le bénéfice commercial réel de l’engagement est souvent présenté comme minime et de façon assez récurrente, les hôtels ne font pas de leur engagement en faveur de l’environnement un axe de différentiation marketing. Leur discours sur leur engagement environnemental reste assez discret pour ne pas passer pour des donneurs de leçons ou ne pas être perçus par leurs clients comme faisant du « greenwashing ».
« C’est une démarche assez globale. C’est un plus, maintenant savoir si véritablement le client va choisir son établissement par rapport à ce critère-là, j’en suis pas forcément certaine ».
« Là où c’est le plus mature, c’est sur le tourisme d’affaire où c’est vraiment un critère d’entrée, pour le séminaire en particulier. C’est-à-dire que les gens cherchent des lieux qui portent des valeurs ».
39En complément, un moteur externe révélé comme important par la recherche exploratoire correspond à un « effet de réseau ». Les hôteliers interviewés appartiennent tous à un réseau professionnel qui a souvent joué le rôle de levier. Par effet d’entraînement et d’émulation, le nombre d’hôteliers engagés dans le processus s’agrandit.
« C’est comme ça qu’on a commencé, c’est un déclic, parce qu’on a senti que tous… ne s’y mettent pas, mais ceux dont on était proche de la philosophie s’y mettaient… ».
41Le souhait d’apporter à leurs clients des facteurs d’hygiène optimaux c’est-à-dire un environnement et des produits sains a aussi été cité par quelques hôteliers de façon plus marginale.
« Depuis 20 ans, je suis en bio. C’est pour la santé, la santé, la santé. L’alimentation, la santé, être en bonne forme, ne pas être malade… ».
« Au niveau alimentaire, la notion de santé va rentrer de plus en plus dans nos préoccupations. C’est ce vers quoi il va falloir qu’on tende de plus en plus ».
3.3 – Freins
44Concernant les freins, l’analyse des discours des répondants met principalement en avant le manque de ressources à leur disposition : temps requis pour la constitution des dossiers de labels, coût de certains équipements ou encore la difficulté de trouver des solutions environnementales sur des sujets pointus.
« Le plus difficile, c’est le temps, le temps qu’il faut pour collecter les données. C’est vraiment du temps, et là…, ça vient s’ajouter aux tâches de management et commerciales qu’on fait au quotidien ».
« On fait l’effort de prendre des produits bio, des peintures bio, de mettre en place des choses qui vont nous coûter, c’est pour la planète mais ça va nous coûter, et en plus, il faut payer pour avoir l’écolabel ».
« Pour les serviettes de toilette, on cherche un produit qui soit écoresponsable. À ma connaissance, le coton ce n’est pas le truc le plus idéal qui soit. Mais il faut qu’on allie qualité/confort/résistance et coût, donc voilà. Donc, on est en train de chercher ».
48En parallèle, la volonté de ne pas dégrader le confort du client peut aussi freiner leur engagement et agir comme un filtre que chaque action potentielle doit passer avant d’être mise en application. L’exigence du confort client semble tantôt agir comme un frein réel de l’engagement tantôt comme un garde-fou.
« Ce qui provoque le plus de critiques de notre clientèle, ce sont les distributeurs de savon, c’est-à-dire qu’on n’a plus de produits d’accueil, on met le savon en distributeurs ».
« Nous avons des minibars dans les chambres et des minibars c’est très énergivore. La solution proposée… c’était de proposer que ce soit emmené par le personnel de nuit : c’est une solution, tout à fait, mais qui n’est pas envisageable pour nous pour notre type de clientèle ».
51L’étude met également en évidence l’existence d’une difficulté liée à la gestion des équipes. L’hôtellerie est une activité de service basée en grande partie sur les ressources humaines où les équipes ne sont pas forcément toutes convaincues du bien-fondé de la démarche, le poids des habitudes est important et l’absence de procédures est souvent une réalité.
« Il a fallu changer les processus : nettoyer une chambre, c’est un peu le cercle vertueux : on arrive, on met les produits pour qu’ils agissent, on change le linge sale… et on termine par l’aspirateur. Quand vous changez un truc, eh bien, ça change, ça lui change, c’est plus pareil. Mais c’est tellement automatique chez elles, elles font ça depuis longtemps, donc, dès qu’on change un petit truc… ».
« Sur le tri des déchets, c’est un combat permanent. C’est des trucs comme ça qui ne sont jamais vraiment acquis, même si ca progresse… ».
3.4 – Catalyseurs
54Concernant les catalyseurs, bien que Mair et Jago (2010) soulignent l’influence des médias sur les comportements individuels et organisationnels, cela n’est pas ou très peu mentionné par les hôteliers interviewés. Dans notre étude, les catalyseurs, associés aux éléments déclenchant le processus et accélérant sa mise en œuvre, sont distincts selon le statut de l’hôtel (indépendant versus intégré à un réseau). Pour les structures indépendantes, les catalyseurs sont de façon quasi systématique les convictions personnelles du dirigeant couplées aux organisations institutionnelles locales (CCI, Offices de tourisme, Conseil général, Conseil régional, …). Celles-ci en organisant des réunions d’information et des ateliers d’échanges d’expériences, en accompagnant y compris financièrement les hôteliers dans leur démarche d’obtention d’un écolabel, facilitent le processus.
« C’était la mise en place par la CCI d’une aide pour mettre en place la « clé verte ». Je me suis dit, je n’allais pas être tout seul pour le faire […]. C’était vraiment ça, l’élément déclencheur, c’était cette aide là. Ça nous a mis le pied à l’étrier ».
56De plus, pour les hôtels indépendants, l’hôtelier, en tant que chef de PME est naturellement décisionnaire sur l’engagement environnemental de son établissement. Bien souvent, il s’agit de personnes ayant des convictions écologiques à titre privé et souhaitant les transmettre à la structure qu’ils pilotent.
« Je fais partie de Europe Ecologie, (…) je trouve que aller vers le côté biodiversité, hôtel écologique, c’est aussi aller dans le mouvement du respect des individus, de la terre et tout ca donc (..) ».
58Dans les hôtels appartenant à des chaînes intégrées, l’élément déclencheur, au contraire, est une décision émanant du groupe. Les hôtels IBIS, Novotel, B&B interrogés se sont ainsi engagés dans une démarche environnementale pour la simple raison que cela est demandé par la direction du réseau. Ainsi, les hôtels IBIS de France sont tous en voie d’être certifiés ISO 14001, idem pour B&B et le label Clé verte. Dans le contexte de réseau intégré, c’est la volonté et la culture d’entreprise du réseau et non la personnalité du gérant d’hôtel qui constitue l’élément déclencheur de la décision.
« Tous les hôtels B&B sont labellisés « Clé verte ». C’est une démarche Réseau, si l’un des hôtels perd son label, c’est l’ensemble du réseau qui peut être remis en cause ».
« (…) Dans cette optique, il y a eu la norme ISO 9001 et la norme Iso 14001 pour tout ce qui est environnement, ça fait partie des engagements de la marque d’avoir son côté environnemental ».
61In fine, le degré de prise en compte de l’environnement par l’hôtel résulte de l’action cumulée de ces différents facteurs : contextes, moteurs, freins et catalyseur. Le niveau d’engagement environnemental de l’hôtel variera le long d’un continuum allant d’une prise en compte minimale à une stratégie pilotée par les enjeux écologiques.
62Ces résultats suggèrent quelques modifications du modèle proposé (Figure 1) et sont intégrés au modèle final présenté en Figure 2.
Modèle final d’engagement environnemental des hôtels, adapté de Mair et Jago (2010)
Modèle final d’engagement environnemental des hôtels, adapté de Mair et Jago (2010)
Les déterminants qui sont apparus comme les plus importants à travers l’étude sont soulignés4 – Discussion
63La comparaison du modèle de « corporate greening » des hôtels présenté à l’issue de cette recherche avec la revue de littérature existante soulève trois faits saillants.
64Tout d’abord, notre étude souligne l’importance des facteurs humains dans la prise en compte de l’environnement par le secteur de l’hôtellerie. Ceux-ci interviennent sous plusieurs formes dans notre modèle et conditionnent autant le démarrage que la réussite du « corporate greening ».
65La présence d’un « éco-champion » en interne (Andersson et Bateman, 2000) apparaît comme un levier essentiel dans la mise en place d’un management environnemental et surpassant semble-t-il les motivations financières. En cela, nos résultats s’inscrivent dans les travaux récents de Tzschentke et al., (2008), Callot (2011) et Parry (2012). Le dirigeant, convaincu de l’intérêt d’agir pour l’environnement, est « moteur du changement » (Mair et Jago, 2010) au sens où il identifie les problématiques majeures et les freins à lever, recherche des solutions, et, les diffuse au sein de l’organisation et au-delà. Ce levier semble plus important au sein des hôtels indépendants ou participants à une chaîne volontaire qu’au sein des chaînes d’hôtels intégrés. Au-delà du dirigeant, le rôle d’émulation joué par le réseau professionnel où des confrères se comparent, s’imitent et avancent collectivement vers un même objectif est apparu assez fortement dans cette étude, à l’instar des travaux de Merwe et Wöcke (2007) et Callot (2011).
66Le facteur humain apparaît également comme l’un des principaux garants de l’engagement car il faut remporter l’adhésion des personnels, travailler avec eux à la modification de leurs pratiques (achats, nettoyage des chambres, tri des déchets…) y compris au sein des chaînes d’hôtels intégrés disposant de procédures en phase avec leur politique.
67Une fois maîtrisée, l’intégration de l’engagement environnemental au management humain se révèle bénéfique car les équipes sont souvent motivées par la perspective d’une labellisation écologique et fières de travailler dans une structure porteuse de valeurs.
68Le deuxième point important soulevé par notre analyse du « corporate greening » des hôtels est la prédominance des moteurs internes par rapport aux moteurs externes. De façon assez unanime, les hôteliers interrogés ont souligné qu’ils communiquaient peu leur engagement à leurs clients, de façon à ne pas être « donneur de leçons » ni à « stresser » ou « agresser » leurs hôtes avant tout en recherche de détente et de confort.
69Pour les clients les plus sensibilisés, une information plus approfondie sur l’engagement environnemental de l’hôtel est souvent proposée dans les livrets d’accueil dans les chambres.
70Pour les hôteliers interviewés, l’engagement environnemental constitue une façon de minimiser leurs impacts environnementaux conformément à leurs valeurs, de ne pas gaspiller leurs ressources, de « prendre le train en marche » comme l’ont évoqués certains. Aucun n’a affirmé avoir fait ce choix dans une optique commerciale. Les hôteliers sont unanimement d’accord pour affirmer que les clients, à l’exception de quelques rares écolo-convaincus, ne choisissent pas un hôtel parce qu’il possède un label environnemental. Si les achats responsables des entreprises se développent, les hôteliers ne s’imaginent cependant pas réellement capter une clientèle nouvelle grâce à leur engagement environnemental. L’obtention d’un label environnemental est plutôt vue comme une façon d’améliorer la gestion de son hôtel et d’aller dans le sens du progrès.
71Troisièmement, les facteurs intervenant dans le processus d’engagement environnemental des hôtels sont pour partie différents qu’il s’agisse d’hôtels intégrés ou d’hôtels indépendants adhérant ou non à une chaîne volontaire. Dans le premier cas, l’hôtel appartient à un réseau, et, le gérant de l’hôtel, qu’il soit propriétaire de ses locaux ou salarié du groupe, doit appliquer les règles de gestion émanant de sa direction. Un des enjeux pour le groupe est de se donner, par cette voie, une image d’entreprise responsable, engagée dans le développement durable. Les actions menées sont assez standard (non remplacement systématique des serviettes, réduction des débits d’eau, ampoules basse consommation…) et vont de pair avec des économies d’énergie. Dans le cas des hôtels indépendants, le dirigeant est autonome dans ses choix même s’il est affilié à une chaîne volontaire [12]. L’engagement environnemental est alors largement affaire de convictions personnelles qui peuvent être stimulées par l’exemple de confrères. Pour certains hôteliers, l’environnement devient au fil du temps et de l’engagement un critère influençant toute prise de décision en interne. Lorsque l’hôtelier chausse « les lunettes du développement durable » pour reprendre l’expression de l’un d’eux et qu’il a les mains libres dans la gestion de sa PME, le niveau d’engagement environnemental atteint parfois un niveau important (petit déjeuner 100% bio et local, bilan carbone, actions de mécénat, prime de développement durable aux salariés, témoignage auprès des confrères…) et va au-delà des enjeux d’économies d’énergie.
72Le statut de l’hôtel détermine donc non seulement la genèse et les motivations de l’engagement, mais aussi parfois le degré d’avancement dans la démarche.
Conclusion, limites, voies de recherche
73Cette recherche s’inscrit dans un champ encore peu développé en France. Le développement d’un tourisme plus durable est pourtant une priorité annoncée par de nombreuses régions et nécessite une meilleure compréhension des enjeux et ressorts de l’engagement environnemental des acteurs, qu’il s’agisse de l’hébergement, de la restauration, des activités de loisirs ou encore des services de transport. En cherchant à « transférer » les modèles conceptuels de « corporate greening » au secteur hôtelier, ce travail met en évidence les leviers, les freins et les catalyseurs de l’engagement environnemental de ce secteur. Ces résultats soulignent le rôle des convictions personnelles du directeur d’établissement, ainsi que l’effet « réseau » lié aux confrères ou aux pouvoirs publics locaux. En contrepartie, les motivations financières ne semblent pas constituer le moteur principal de l’engagement environnemental.
74Pour accroître la « crédibilité » et la « confirmabilité » des résultats, nous nous sommes attachés à respecter les règles des méthodologies qualitatives : entretiens en profondeur, taille de l’échantillon définie par la saturation sémantique, analyse thématique, triangulation des résultats… (Pellemans, 1999). Néanmoins, la recherche s’est focalisée sur des hôtels engagés dans une démarche environnementale et situés principalement dans les régions Pays de Loire et Bretagne. Il conviendra dans le futur d’accroître la « robustesse » des résultats de la recherche en s’intéressant à des hôtels n’ayant pas entrepris une réduction de leur impact environnemental - cela permettra parallèlement d’en approfondir les raisons, et, à des hôtels localisés dans des régions ayant des contraintes en ressources naturelles différentes et des incitations institutionnelles moins fortes. Enfin, une fois le modèle conceptuel épuré - et des échelles de mesures élaborées - une étude quantitative à grande échelle permettrait de s’assurer de sa « validité ».
75Des travaux de recherche futurs pourraient également s’atteler à comprendre la dynamique temporelle du processus d’engagement environnemental. L’étude présentée ici adopte une vision statique de l’engagement alors qu’il est aussi possible d’envisager un engagement progressif en plusieurs étapes (Schaefer et Harvey, 1998 ; Winn et Angel, 2000 ; Parry, 2012) ; qu’en est-il dans le contexte des hôtels ? Cette posture permettrait ainsi d’identifier les différentes étapes du corporate greening ainsi qu’une évolution éventuelle des freins et motivations selon le degré d’avancement dans la démarche (Parry, 2012).
Bibliographie
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Notes
-
[1]
Agnès François-Lecompte, Maître de Conférences, Université Bretagne Sud / IREA (EA 4251), agnes.lecompte@univ-ubs.fr
-
[2]
Michel Gentric, Maître de Conférences, Université Bretagne Sud / IREA (EA 4251), michel.gentric@univ-ubs.fr
-
[3]
Source : Toselli (2008), Estimation réalisée à partir des données de l’Organisation Mondiale du Tourisme.
-
[4]
L’hébergement touristique a réalisé 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires et représenté plus de 150 000 emplois salariés en France en 2008 selon l’INSEE (ESA 2008).
-
[5]
Pour une information sur les différents labels écologiques dans le secteur de l’hôtellerie, le lecteur pourra se reporter aux référentiels des labels “Clé verte” et “Écolabel européen” disponibles en ligne : http://www.laclefverte.org/nos-valeurs-clef-verte.php et http://www.ecolabels.fr/fr/recherche-avancee/categories-de-produits-ou-services-certifies/services/services-d-hebergement-touristique.
-
[6]
Union européenne et Organisation Mondiale du Tourisme.
-
[7]
Consultables sur : http://www.sustainabletourismcriteria.org/
-
[8]
Citons, par exemple, le cas de la Région Pays de Loire qui prend en charge à hauteur de 80% les frais de certification à l’“Écolabel Européen” ou à la “Clé verte” pour la première année où l’hôtelier la demande. Pour la région Bretagne, le financement est de 70%.
-
[9]
Enquête Accor « Les attentes des clients de l’hôtellerie en matière de développement durable », juin 2011, disponible sur : http://www.accor.com/
-
[10]
Nous accompagnions plusieurs hôtels, parmi ceux interviewés, dans le cadre d’une expérimentation initiée par le Grenelle de l’environnement.
-
[11]
Les 2 experts étaient respectivement délégué régional AFNOR et conseiller Tourisme dans une CCI.
-
[12]
Selon le Panorama de l’hôtellerie en France en 2012 de Coach Omnium, 83% des hôtels français sont indépendants et 42% d’entre eux sont membres d’une chaîne volontaire.