Couverture de MAV_061

Article de revue

Le comportement des indices boursiers socialement responsables en période de crise

Pages 30 à 49

Notes

  • [1]
    Une première version de cet article a fait l’objet d’une présentation à l’occasion de la « 2ème université : réalités et prospectives du développement durable », 28 et 29 octobre 2010, ESC de Clermont Ferrand. L’auteur tient à remercier les deux rapporteurs anonymes de la Revue « Management & Avenir » pour leurs remarques pertinentes et constructives.
  • [2]
    Abdelbari El Khamlichi, Clermont Université, Université d’Auvergne, Centre de Recherche Clermontois en Gestion et Management (EA 3849), abdelbari.el_khamlichi@u-clermont1.fr
  • [3]
    Dans cet article nous utilisons indifféremment les notions de SR « socialement responsables » et « éthiques »
  • [4]

Des indices boursiers classiques aux indices boursiers SR [3]

1Dans sa conception classique, un indice boursier est un indicateur qui permet de mesurer l’évolution dans le temps de la performance d’un marché boursier, d’un secteur d’activité ou d’un portefeuille échantillonné (Topsacalian, 2000, p.54). Ce qui distingue un indice boursier c’est le choix des valeurs retenues, son mode de calcul et sa pondération. Ainsi, la première étape pour la construction d’un indice boursier est de faire un échantillonnage pour déterminer les valeurs dont les cours vont servir au calcul de cet indice. Le choix et le nombre des valeurs dépendent du rôle assigné à l’indice (Topsacalian, 1996, p.10). Ainsi on peut trouver :

  • Un indice large qui contient la plupart des valeurs du marché et dans lequel tous les secteurs économiques sont représentés. Les économistes se basent sur la performance de ces indices pour dégager les tendances et faire des prévisions sectorielles. Par exemple, l’indice américain S&P 500 fait partie de cette catégorie.
  • Un indice étroit représentant les valeurs sélectionnées en fonction de plusieurs critères tels que la taille, la liquidité, etc. Le CAC 40 en France et le DAX 30 en Allemagne font partie de cette catégorie.
Dans cet article, nous allons étudier une catégorie particulière des indices, celle des indices boursiers éthiques pour lesquels le filtrage se fait selon des critères extra-financiers, souvent liés aux orientations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).

2Pour ce faire, l’article sera scindé en deux parties : dans la première nous allons présenter les indices boursiers socialement responsables ainsi que leurs particularités, puis dans la deuxième nous allons nous intéresser à leur performance depuis le début de la crise financière.

1 – Présentation et particularités des indices boursiers éthiques

3La création des fonds d’investissement depuis les années 1920 a été la première manifestation d’intégration de l’investissement socialement responsable (ISR) dans les marchés financiers. Cette intégration s’est manifestée également à travers les indices boursiers SR qui ont vu le jour dans les années 1980. Pour faire partie d’un indice SR, les firmes passent au préalable par un processus de filtrage.

4La stratégie de filtrage consiste à effectuer une sélection des titres à inclure ou à exclure de l’indice boursier SR. Ainsi, on distingue le filtrage positif, le filtrage négatif ou le mix de filtrage :

  • Le filtrage négatif : c’est la stratégie déployée par la première génération de fonds éthiques (Burlacu et al., 2004, p.20), elle fonctionne par l’élimination pure et simple des titres de sociétés jugées « immorales » ou non éthiques. Se trouvent exclues les sociétés dont l’activité est non éthique (tabac, alcool, OGM, etc.) ou dont les pratiques sont immorales (corruption, violation des droits de l’homme, discrimination raciale, sexuelle, religieuse, etc.). Le Pax Fund, créé en 1971 a été le premier fonds d’investissement SR ouvert à l’épargne publique [4], sa stratégie consistait à éliminer de son portefeuille les sociétés qui participaient aux dépenses de la guerre du Vietnam.
Le filtrage négatif se distingue par la rapidité et la simplicité de sa mise en œuvre, ce qui permet de minimiser le coût de cette stratégie. Il a également l’avantage d’être plus transparent eu égard à la conformité aux critères de sélection choisis. Cependant, sa principale limite est d’exclure des sociétés en se basant uniquement sur leur secteur d’activité sans tenir compte de leur comportement éthique et de leurs relations avec les parties prenantes, ce qui explique pourquoi ce type de filtrage est rarement opéré seul (Thibierge et Laguecir, 2012, p.32) :
  • Le filtrage Positif : Cette stratégie consiste à inclure dans le portefeuille, des sociétés qui respectent des critères sociaux et environnementaux. En effet, seules les sociétés ayant une performance sociale élevée (Serret, 2004, p.2) font partie du portefeuille. Cette pratique d’inclusion thématique peut être accompagnée par une approche normative de sélection des meilleures entreprises en matière éthique appelée : Best in class. Force est de constater que cette dernière démarche s’opère secteur par secteur, elle n’entraîne pas de réduction de l’univers d’investissement (Le Maux et Le Saout, 2003, p.7) mais plutôt du nombre de sociétés sélectionnées.
Le filtrage positif présente l’avantage d’utiliser des filtres multicritères contenant des dizaines d’indicateurs afin d’attester la conformité d’une entreprise à ses critères tout en tenant compte de sa relation avec les parties prenantes. Cependant, l’analyse multicritère présente des limites : elle rend le processus complexe et long à mettre en œuvre, augmente de ce fait les frais de gestion des fonds qui utilisent cette stratégie et limite le caractère éthique des fonds parce que les secteurs non éthiques (armement, alcool, tabac, etc.) ne sont pas exclus.

5Une solution médiane consiste à utiliser conjointement le filtrage positif et négatif afin de tirer profit des avantages de chacun des deux. Ainsi, les partisans du mix de filtrage considèrent que c’est un moyen permettant de faire pression sur les entreprises en excluant leurs titres tout en poussant les autres à adopter les meilleures pratiques. Quelle que soit la méthode utilisée, le but final des gestionnaires étant de faire progresser la conformité aux standards ISR et la transparence de l’information extra-financière (Sagnier, 2006, p. 248).

6Certes les États-Unis ont été les pionniers dans le lancement des indices SR, mais les autres pays ont suivi pour lancer leur propre gamme. Actuellement, une vingtaine de familles d’indices sont présentes sur les marchés financiers et servent de support à plusieurs produits financiers SR. Nous nous proposons de passer en revue les principaux indices dans le monde par zone géographique et de mentionner leurs particularités par rapport aux indices boursiers traditionnels.

1.1 – Présentation des indices boursiers éthiques par zone géographique

Les États-Unis : le berceau des indices éthiques

7Le premier mouvement a eu lieu en 1980 aux États-Unis à l’initiative d’une banque de Boston qui a mis en place l’indice Safe (South Africa Safe Equity), son objectif a été de recenser les entreprises du S&P 500 non impliquées dans le commerce avec l’Afrique du Sud, pays accusé à l’époque de ségrégations raciales à l’encontre des Noirs. Cette initiative s’est accentuée après une résolution des Nations Unies, la même année, appelant les gouvernements à suspendre leurs crédits et investissements en Afrique du Sud (De Brito et al., 2005, p.43). De nombreuses sociétés se sont retirées du pays pour intégrer l’indice Safe et faire partie des portefeuilles des investisseurs. Le démantèlement de l’apartheid ainsi que l’élection de Nelson Mandela en tant que président en 1994 ont mis fin à ce mouvement (Pagès, 2006, p.10), mais le concept continue d’exister…

8Le mois de mai 1990 a connu le lancement du premier indice éthique par l’agence américaine KLD, cet indice fut nommé Domini 400 Social Index. Regroupant 400 sociétés sélectionnées sur la base de critères éthiques, le DSI 400 a été pendant des années le seul indice éthique existant (Le Maux, Le Saout, 2003, p.10) après la disparition de son prédécesseur Safe, ainsi que la seule référence pour la comparaison de performance des placements éthiques (Déjean 2005, p.64).

9L’indice Calvert Social Index créé en 2000 a été conçu pour répliquer la performance de l’indice de référence Russell 1000, il a été le premier à utiliser conjointement le filtrage positif et négatif (Havemann, Webster, 1999, p.27).

Les indices européens

10Au Royaume-Uni, les indices NPI ont été lancés en 1998 pour répliquer la performance de l’indice FTSE All-Shares. Ensuite, l’indice FTSE4good est apparu suite à un partenariat signé en 2001 entre la bourse de Londres et l’agence de notation sociale EIRIS avec le concours de l’UNICEF. Cet indice global est composé d’une large famille d’indices régionaux et sectoriels et continue d’être l’indice éthique de référence de la place londonienne.

11En Europe continentale, plusieurs pays disposent d’une offre plus ou moins diversifiée en termes d’indices SR. Ainsi, l’Allemagne a été la première à doter sa place boursière d’un indice éthique et ce, dès avril 1997. En effet, l’indice NaturAktienIndex a été lancé pour tenir compte des sociétés qui s’engagent dans le développement durable et la protection de l’environnement. La France est aussi représentée grâce à l’offre de la société française Vigeo (ex AReSE), cette agence a joué un rôle important en lançant l’indice ASPI (Advanced Sustainable Performance Indice) Eurozone. Cet indice a été conçu dans l’objectif d’être un benchmark de référence en termes de développement durable en Europe. La famille d’indices éthiques ESI (Ethibel Sustainability Index) est très présente sur le marché de l’investissement éthique depuis sa création en 2001. Ces indices sont devenus propriété de l’agence française Vigeo à partir de 2005 et continuent de refléter la performance d’indices éthiques avec une couverture géographique mondiale.

12D’autres places boursières européennes sont également concernées par cette catégorie d’indices. Par exemple, en Suisse, le cabinet SAM a commencé dès 1999 à diffuser des indices éthiques, l’offre englobe notamment l’indice DJSGI (Dow Jones Sustainability Group Index), ainsi que des indices européens Stoxx Sustainability.

13La bourse italienne dispose également de sa famille d’indices éthique depuis janvier 2000, il s’agit des indices SR ECPI E-Capital Partners Ethical Indexes. Prenons deux indices de cette famille : l’indice SR ECPI Global qui contient les 300 sociétés les plus importantes eu égard à leurs capitalisations boursières, et l’indice ACPI Euro répliquant quant à lui la performance de 150 valeurs européennes. Les critères de filtrage utilisés sont ceux de l’agence de notation E-capital Partners.

14Suite à une joint-venture entre la banque Kempen et le leader néerlandais du développement durable : l’agence SNS, les Pays-Bas disposent de leur propre indice éthique appelé Smaller Europe SRI Index, il bénéficie d’une couverture européenne et présente la particularité de viser les petites capitalisations souvent délaissées par d’autres indices. Afin de représenter les valeurs SR dans les pays nordiques, la bourse suédoise avait lancé sa gamme d’indices SIX/GES ethical index depuis 2004, ces indices visent à répliquer la performance des entreprises éthiques présentes dans quatre pays (la Suède, le Danemark, la Norvège et la Finlande).

1.2 – Les particularités des indices boursiers éthiques

15Les indices boursiers SR sont une catégorie d’indices qui suit l’évolution d’un portefeuille constitué uniquement de sociétés cotées respectant des exigences fixées par une agence de notation éthique. Ils sont dans ce sens des sous-ensembles d’univers d’investissement (Le Saout, 2005, p.24).

16Bien que chaque indice éthique soit obtenu après filtrage d’un indice classique de référence, plusieurs différences peuvent être constatées d’un indice à l’autre notamment quant à la stratégie et aux critères utilisés pour construire l’indice. Nous présenterons les principaux critères de sélection des titres pour passer ensuite à leurs modes de calcul et de pondération avant d’aborder les facteurs de développement de cette catégorie d’indices.

Les critères de sélection

17Compte tenu de la difficulté de distinguer les activités éthiques et celles qui ne le sont pas, la limite entre les 2 univers est souvent floue. Ainsi, les critères de sélection des titres sont multiples voire hétérogènes (Pérez, 2002, p.141). C’est pour cette raison que chaque agence de notation établit une liste de critères qui correspond à sa vision de l’éthique et qui n’est pas forcément partagée par les autres agences.

18Le rôle de ces agences de notation consiste à produire une information synthétique destinée aux investisseurs, sur les performances des entreprises d’un point de vue environnemental, social et de gouvernance. De par ce rôle qui leur est assigné, ces agences ont également contribué à définir la notion même de responsabilité sociale et à en créer les normes d’acceptations des sociétés jugées éthiques (Zarlowski, 2007). De même, elles ont permis de dynamiser le marché en servant de référence à de nouveaux produits financiers socialement responsables (Déjean et al., 2004).

19En plus des agences utilisant le filtrage négatif, il existe des indices qui utilisent exclusivement des critères positifs. Citons l’exemple de l’indice européen ASPI Eurozone : pour le calcul de cet indice l’agence de notation française Vigeo n’exclut aucun secteur a priori mais fait appel à un système de scoring. Gond et Igalens (2010, p.75) donnent une illustration de la méthode d’évaluation utilisée par Vigeo et affirment qu’il s’agit d’un bon exemple relativement avancé et sophistiqué. La même démarche est appliquée par l’agence canadienne Jantzi-Sustainalytics. N’étant pas contraintes d’utiliser exclusivement l’un des 2 filtres, la majorité des agences sélectionnent leurs indices en utilisant conjointement le filtrage positif et négatif, divers exemples peuvent être cités notamment l’agence américaine KLD et britannique EIRIS.

20Les valeurs sont retenues pour faire partie de l’indice éthique sur la base des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Cependant, des contradictions peuvent apparaître. Pour ne citer qu’un exemple : fermer une usine qui pollue est une action éthique du point de vue environnemental, mais les licenciements qui peuvent en résulter ne sont pas éthiques d’un point de vue social. L’objectif de chaque agence est de veiller à ce que ses critères éthiques soient compris par les investisseurs, et que ces derniers puissent identifier ceux qui correspondent le mieux à leurs attentes. Cela pose la question de l’homogénéité des critères de performance sociétale utilisés par les agences de notation extra-financière.

Les critiques à l’égard des agences de notation

21Étant externes à l’entreprise, ces agences jouissent a priori d’une certaine forme d’objectivité, mais le degré de sophistication des techniques qu’elles utilisent varie d’une agence à une autre (Gond et Igalens, 2010 ; Zarlowski, 2005). Cela a été mentionné dans une littérature critique à l’égard des agences de notation. Ainsi Igalens et Gond (2003) ont passé en revue les données de l’ARESE pour l’année 2000 en présentant les avantages et les inconvénients des méthodologies utilisées pour la mesure de performance sociale. Bessire et Onnée (2010) ont également soulevé le problème de la légitimité de ces agences et des informations qu’elles fournissent aux investisseurs.

22Ainsi, les agences de notation utilisent aussi bien les données primaires que secondaires sur les entreprises analysées. Ces données constituent des « inputs » et sont transformées en « output » dont la qualité dépend de la qualité des informations collectées (Igalens et Gond, 2003). Face au manque de standardisation des normes de la responsabilité sociale des entreprises, plusieurs perceptions se retrouvent en concurrence (Zarlowski, 2005) et chaque agence promeut sa propre vision de l’éthique.

23Cette situation exige de la part des agences de notation un effort supplémentaire en matière de transparence et de communication (De Brito et al., 2005, p.46) lorsqu’il s’agit de présenter les critères qu’ils utilisent. En effet, la crédibilité de ces agences repose non seulement sur les compétences techniques des analystes mais aussi sur la rigueur de l’approche méthodologique utilisée.

24Dans la pratique, plusieurs indices éthiques sont obtenus suite à un filtrage négatif, ce qui revient à exclure certains domaines d’activité jugés non éthiques par l’agence de notation.

Tableau 1

Les principaux secteurs d’activité exclus par agence de notation*

Tableau 1
EIRIS (UK) FTSE4GOOD Tabac, jeux, armement, énergie nucléaire. ETHIBEL* (B) ESI Expériences sur énergie nucléaire. les animaux, OGM, armement, SAM (CH) DJSI Alcool, tabac, jeux. KLD (USA) DSI 400 Alcool, tabac, jeux, armement, énergie nucléaire.

Les principaux secteurs d’activité exclus par agence de notation*

* Rachetée par Vigeo en 2005.
Source : De Brito et al. (2005)

25Une simple comparaison des secteurs non éthiques exclus montre qu’une société peut être exclue selon les critères établis par une agence de notation alors qu’elle peut faire partie d’un indice diffusé par une autre agence (De Brito et al., 2005, p. 273). Ce manque de standardisation est connu comme un des problèmes majeurs qu’affrontent les indices boursiers éthiques. Pérez (2002, p.142) a expliqué partiellement cela par le fait que la sensibilité à un secteur ou à l’autre varie selon les pays. Aussi, des différences peuvent être constatées entre les indices du même pays, deux indices éthiques américains illustrent ce propos : l’indice Calvert accorde plus d’importance aux principes de gouvernement d’entreprise alors que le DSI 400 met en avance les critères environnementaux (Pagès, 2006, p.30).

Le processus de sélection

26À partir d’un indice de référence, l’agence de notation procède au choix des entreprises selon ses propres critères et le type de filtres qu’elle utilise. Ainsi, quel que soit le type de filtrage (positif, négatif, mixte), l’agence exclut certaines valeurs et ne garde que celles qui correspondent à son orientation éthique.

27Le processus de sélection commence par la définition d’un indice traditionnel existant qui va constituer l’univers de départ, cet indice peut être par exemple le S&P 500, le DJ Stoxx, le FTSE All Shares, etc. L’agence applique ses filtres extra-financiers en excluant des valeurs (si le filtrage négatif est utilisé), et en en intégrant d’autres (si l’agence accompagne son filtre négatif par une autre stratégie comme le « best in class » par exemple). Certains indices ajoutent des contraintes de représentativité, comme le DJSI World qui retient 20% de la capitalisation boursière de chaque secteur, le DJSI Stoxx qui en retient 45% ou le FTSE4GOOD qui fixe un flottant de 10% comme contrainte. L’existence de ces contraintes induit un biais méthodologique important lors de la comparaison des indices éthiques avec leurs benchmarks.

28Après cette première étape, les valeurs qui arrivent à passer les différents filtres constituent l’univers d’arrivée et font partie de l’indice éthique. Le poids des titres retenus pour constituer ce dernier est supérieur à leur pondération respective dans l’indice de départ. L’indice ainsi constitué fait l’objet de révisions régulières (annuelles, trimestrielles) afin d’inclure les sociétés éligibles et exclure celles qui ne remplissent plus les critères fixés par l’agence. Les indices éthiques sont ainsi plus concentrés que les indices traditionnels parce qu’ils ont passé les filtres et donc leur poids dans le nouvel indice augmente considérablement. Cela implique des conséquences en termes de volatilité de l’indice et par conséquent de sa performance.

29Hamid et Sandford (2002) ont été les premiers à adopter une démarche plus générale consistant à analyser conjointement des indices éthiques européens et américains et ont signalé la difficulté de comparaison que posent la subjectivité et la multitude de critères de sélection utilisés par chaque indice. Le Saout (2005) a adopté la même démarche en comparant des indices éthiques de la famille Dow Jones et ceux de la famille FTSE4GOOD. L’auteur a soulevé le problème de l’influence de construction des indices sur leur performance, notamment les différences en termes de taille, des modes de calcul et de pondération de ces indices, ce qui peut biaiser les comparaisons.

2 – Performance des indices SR

30Le lien entre la performance financière et la performance sociétale recouvre des enjeux managériaux importants pour tout dirigeant d’entreprise (Gond et Igalens, 2010) compte tenu des bénéfices attendus et des coûts des investissements engagés. Cela a fait l’objet de plusieurs recherches académiques, mais les résultats ne sont pas convergents (Gond, 2001, 2006) malgré les tentatives de synthèse menées sous forme de méta-analyses (Orlitzky et al., 2003 ; Allouche et Laroche, 2005).

31Pour le cas des indices boursiers, l’investisseur éthique s’intéresse à la performance non financière des sociétés composant l’indice, ce qui se manifeste à travers l’impact social, environnemental. Autrement dit, il s’agit d’une quête de « capital-éthique » ou de « plus-value éthique » (Serret, 2003, p.2). Ce même investisseur se demande également si son investissement est rentable d’un point de vue financier et s’il doit consentir des sacrifices pour investir conformément à ses principes éthiques. Cette question demeure légitime afin de savoir si l’éthique sociale et la performance financière de l’entreprise vont de pair, et si l’actionnaire d’une part et les salariés d’autre part pourront être tous gagnants. Ainsi, « battre » l’indice de référence (Pérez, 2002, p.143) en dégageant une performance supplémentaire tout en respectant les exigences SR constitue un objectif ambitieux pour les indices et les fonds indiciels éthiques.

2.1 – La rentabilité et le risque des indices SR

32Les deux notions que nous présenterons sont étroitement liées. Nous commençons par la rentabilité des indices éthiques pour passer ensuite aux risques qui leur sont associés.

La rentabilité

33Même si la rentabilité n’est pas le premier objectif affiché par les investisseurs éthiques, comme nous venons de le voir, les sociétés de gestion et les fournisseurs d’indices le mettent en avant afin de légitimer leur offre et attirer de nouveaux investisseurs. Certains acteurs s’en servent comme un argument marketing (Gond, 2006, p.71) dans le cadre de la diffusion de leurs croyances et de la promotion de l’ISR.

34Ainsi, selon les partisans de l’ISR, les indices éthiques peuvent dégager une rentabilité supplémentaire par rapport aux indices traditionnels grâce aux facteurs suivants : tout d’abord, la bonne gouvernance des sociétés incluses dans ces indices garantie par les rapports des agences de notation minimise les risques sociaux et environnementaux (Serret, 2003, p.2), ce qui permet à l’entreprise de construire un avantage concurrentiel (Gond et Igalens, 2010, p.91). Les décisions prises par les actionnaires SR vont dans le sens de renforcer ces bonnes pratiques de gouvernance (Serret, 2004, p.3). Ensuite, l’exclusion de certains secteurs controversés permet de se protéger contre des risques potentiels. Ces derniers se manifestent par des indemnités à payer à l’Etat ou aux victimes en cas de procès. L’exemple des indemnités payées par les sociétés du tabac évoqué par De Brito et al. (2005, p.260) peut être cité à ce niveau. Aussi, les flux de liquidité pourraient se déplacer vers les entreprises socialement responsables, ces dernières bénéficieraient mécaniquement d’une prime financière et d’un coût du capital faible (Gond, 2006).

35Certains investisseurs peu soucieux de l’éthique apprécient cependant les sin stocks (Hong et Kacperczyk, 2009, p.17) même si cette conclusion est nuancée par Salaber (2007, p.19) en fonction de l’environnement légal du pays et de son « aversion au péché ». Enfin, et compte tenu de l’attractivité des indices ISR, certains estiment que des flux font se déplacer des indices traditionnels vers les indices SR, cet effet de liquidité (Le Maux et Le Saout, 2003, p.15) peut expliquer l’augmentation des encours et atténue la baisse de ces indices même en période de baisse des marchés financiers.

Le risque associé

36Considérer l’éthique comme contrainte revient à penser qu’elle sera pénalisante pour un investisseur pour plusieurs raisons. Premièrement, l’univers des indices SR se retrouve restreint par rapport à son indice de référence, d’où un manque de diversification (Serret, 2003, p.2), ce qui cause une augmentation de la volatilité conformément à la théorie financière (Havemann et Webster, 1999, p.16 ; Saadaoui, 2008, p.2). Ce risque s’accentue avec l’accumulation des critères d’exclusion comme le soulignent Jégourel et Verdié (2012, p.26).

37Deuxièmement, la rentabilité peut être impactée négativement à court terme à cause des coûts de mise en place des règles de bonne conduite dans les entreprises éthiques (Boutin-Dufresne, 2002, p.9). à cela s’ajoutent des coûts imposés par les contraintes de liquidité (Le Saout et Buscot, 2009, p.167) et les contraintes sociales. Le coût de ses dernières s’avère faible selon Burlacu et al. (2004, p.21).

38La troisième raison est liée au comportement des investisseurs qui peuvent, à tout moment, retirer leurs capitaux investis dans les sociétés adoptant des critères socialement responsables (Le Saout, 2005, p.24). Cela pourrait se traduire par des mouvements de vente massifs et induirait à la baisse le cours des titres SR. Ce risque est minimisé par certains chercheurs (Gond, Jégourel et Verdié, 2012) qui considèrent que les investisseurs éthiques sont, a priori, plus loyaux et visent le long terme en gardant leurs titres même si la tendance est à la baisse.

2.2 – La performance des indices boursiers SR dans la littérature

39Contrairement à l’importance des recherches relatives à la performance des fonds d’investissement SR, la performance des indices SR n’a pas été beaucoup étudiée dans la littérature (Fowler et Hope, 2007, p.245). Cela s’explique principalement par la nouveauté de ces indices qui constituent le champ d’analyse d’une littérature plus récente (Le Saout et Buscot, 2009).

40Ainsi, les premières études datent du milieu des années 90 et ont porté uniquement sur le marché américain. L’étude de Sauer (1997) a porté sur l’indice américain DSI 400 en effectuant une comparaison avec deux indices de référence : le S&P 500 et le CRSP. L’auteur ne trouve pas de différence significative de performance et conclut à l’absence d’impact des filtres éthiques sur la performance des indices. Cette conclusion a été confirmée par d’autres études sur le même indice (Abramson et Chung, 2000 ; Statman, 2000).

41Au Royaume-Uni, l’agence de notation EIRIS a mené une étude prospective (Havemann et Webster, 1999) préalablement au lancement de ses indices éthiques sur la place de Londres qui a eu lieu deux ans plus tard. Les auteurs de l’étude ont choisi d’appliquer les filtres éthiques à l’indice large FTSE all Shares, les 5 indices fictifs ont été calculés par un fournisseur d’indice et ont été comparés avec l’indice de référence. L’étude a abouti à la conclusion que la performance des indices constitués ne diffère pas de celle du benchmark FTSE All Share.

42Outre l’indice DSI 400, d’autres indices américains ont fait l’objet de recherches empiriques. Ainsi, l’indice DJSGI a été étudié par d’autres chercheurs. Selon Cerin et Dobers (2001), l’indice DJSI surperforme son indice de référence le DJSGI grâce à la bonne gouvernance des entreprises et à l’exposition aux secteurs technologiques caractérisés par leur capitalisation boursière importante. Fowler et Hope (2007) de leur part ont analysé les caractéristiques de l’indice et ont précisé certains biais méthodologique tels que l’effet taille.

43Le Saout (2005) a proposé de reconstruire les indices éthiques pour rendre possible leur comparaison et trouve que certains, en particulier le FTSE4GOOD, surperforment leur benchmarks. Ce résultat a été partagé par d’autres chercheurs (Curran et Moran, 2007 ; Schröder, 2007) alors que Vermeir et Friedrich (2006) et Collison et al. (2008) ne trouvent pas de différences significatives de performance.

44Par ailleurs, l’impact de l’indice éthique sur les entreprises qui y sont contenues a été étudié dans d’autres recherches (Cumming et al., 2005 ; Curran et Moran, 2007), ces derniers précisent l’impact positif sur la société après l’annonce de son intégration dans un indice éthique. Une explication se trouve dans le modèle proposé par Ricart et al. (2005) qui ont mené une analyse approfondie des sociétés leaders de chacun des 18 secteurs d’activité couverts par le DJSI. Il s’agit, selon les auteurs, d’un impact sur le système de gouvernance de ces entreprises pour qu’il soit conforme aux exigences de l’indice éthique. Quant à Collison et al. (2008), ils se sont intéressés aux sociétés de l’indice FTSE4GOOD et ils ont remarqué que l’impact se situe au niveau de l’amélioration de la qualité de divulgation de l’information, tout en nuançant cette conclusion par le fait que des différences pourraient exister au sein de la même famille d’indices.

45Une littérature s’est développée en parallèle afin d’apporter un regard critique sur la performance de l’ISR. En effet certains chercheurs mettent en cause les mesures utilisées et les proxys utilisés (Igalens et Gond, 2003), les contraintes liées à la pondération des indices SR prenantes ne sont pas sensibles aux mêmes aspects de la responsabilité sociétale (Gond, 2001). D’autres chercheurs critiquent la pertinence des mesures de performance s’appuyant sur des indicateurs boursiers (Thibierge et Laguecir, 2012) et proposent d’autres critères de performance alternatifs prenant en considération les actifs immatériels et l’horizon d’investissement étant donné que les investisseurs en ISR ne sont pas des investisseurs financiers classiques.

46Par ailleurs rares sont les auteurs qui ont analysé la performance des investissements SR après la dernière crise financière. Ainsi, Fernandez et Souto (2009) considèrent que cette crise a été une menace vu que ces entreprises sont pénalisées par des frais supplémentaires dus à leur engagement éthique, même si cette menace pourrait se transformer en opportunité sur le long terme (Giannarakis et Theotokas, 2011). L’investissement SR n’est donc pas à l’abri des baisses importantes que connaissent les marchés en période de crise financière (Amenc et Le Sourd, 2010).

47Dans la suite de cet article, nous proposons d’étudier graphiquement le comportement des indices SR et leurs homologues classiques pendant la dernière crise financière.

2.3 – Performance des indices boursiers SR en période de crise financière

48Nous considérons 3 indices boursiers SR représentant l’Europe, les États-Unis et le Canada (voir Tableau n°2) avec leurs 3 homologues classiques. L’étude couvre la période de décembre 2007 à janvier 2010. Les données proviennent de la base de données Reuters.

Tableau 2

Les caractéristiques des 3 indices SR retenus

Tableau 2
Famille d’indices Date de création Agence de Notation Processus et critère de sélection Dow Jones Stoxx Sustainabil ity Index (DJSI Stoxx) octobre 2001 SAM : Agence suisse Univers de départ : L’indice européen DJ Stoxx (600 sociétés) 1. Sélection « Best in Class » : les 57 secteurs d’activité sont tous représentés, le calcul du score se base sur les critères de l’agence SAM pour choisir les meilleures sociétés en termes de pratique ESG 2. Contrainte de représentativité : retenir les meilleurs 20% des entreprises de l’indice DJ Stoxx 600. 3. Reconstitution annuelle et révision trimestrielle Univers d’arrivée : DJSI Stoxx (154 sociétés) Calvert Social Index avril 2000 Calvert : Agence américaine Univers de départ : DJ Total Market Index (1000 Sociétés) 1. Exclusion des sociétés ne respectant pas les critères fixés par l’agence dans ses 7 domaines axés principalement sur l’environnement et les droits de l’homme. 2. Reconstitution annuelle et révision trimestrielle Univers d’arrivée : Calvert Social index (662 sociétés) Jantzi Social Index (JSI) janvier 2000 Jantzi-sustainalytics : Agence canadienne Univers de départ : S&P/TSX 60 (et 300) 1. Sélection Best of Sector parmi les sociétés de l’indice S&P/TSX 60 (puis S&P/TSE 60) sur la base du respect des critères ESG 2. Sélection Best of Sector parmi les valeurs de l’indice composite S&P/TSX (puis S&P/TSE 300) 3. Contrainte de représentativité : combiner les grandes capitalisations et la représentativité sectorielle dans l’indice. 4. Reconstitution annuelle et révision mensuelle Univers d’arrivée : JSI (60 sociétés)

Les caractéristiques des 3 indices SR retenus

Construction de l’auteur à partir des sites Internet des 3 indices SR

49Selon le Bureau national des recherches économiques (NBER) la crise financière des subprimes a commencé en décembre 2007. Nous allons effectuer une analyse graphique pour voir comment se sont comportés les indices éthiques en période de crise par rapport à leurs homologues classiques.

50Les indices boursiers socialement responsables ne sont que des sous-ensembles des indices classiques. De ce fait, il n’est pas surprenant que les 3 indices et leurs benchmarks soient fortement corrélés, ils suivent la même tendance comme le montrent les graphiques 1, 2 et 3. Aussi, nous remarquons que les trois graphiques prennent la forme d’un « V » avec un plus bas au 2ème trimestre de 2009, après une année 2008 qui était la plus difficile pour tous les indices étudiés. Ainsi, 2 périodes peuvent être dégagées : une période de baisse qui commence en décembre 2007 jusqu’au deuxième trimestre 2009. Cette date est le point d’inflexion des 3 courbes marquant un retournement de tendance pour les 3 indices, une évolution positive a pu alors être constatée. Cela est confirmé par le Bureau National des Recherches Economiques (NBER) qui fixe la fin de la crise en juin 2009.

Graphique 1

L’indice Calvert (.CALVIN) et DJ Index (.DJI)

Graphique 1

L’indice Calvert (.CALVIN) et DJ Index (.DJI)

Graphique 2

L’indice JSI (.JSITR) et S&P/TPX 300 (GSPTSE)

Graphique 2

L’indice JSI (.JSITR) et S&P/TPX 300 (GSPTSE)

Graphique 3

L’indice DJ Sustainability (.SUTP) et Stoxx

Graphique 3

L’indice DJ Sustainability (.SUTP) et Stoxx

tableau im6
Graphique Période étudiée Indice Marché Code Reuters Code Reuters du benchmark 1 Du 30/11/2007 (début de la crise financière) Au 31/01/2010 Calvert social index USA (.CALVIN) (.DJI) 2 Jantzi social index Canada (.JSITR) (.GSPTSE) 3 DJ Stoxx Sustainability Europe (.SUTP) (.Stoxx)

51L’indice européen DJ Stoxx Sustainability (Graphique 3) réplique parfaitement son indice de référence Stoxx et une forte corrélation est observée sauf durant le 2ème trimestre de 2008. Cela veut dire que l’indice SR a réalisé une performance comparable à celle de son benchmark. Ainsi nous ne pouvons parler ni de surperformance ni de sous performance malgré le manque de diversification de l’indice SR.

52Quant à l’indice américain Calvert (Graphique 1), il surperforme par rapport à son indice de référence durant la période haussière et sous performe quand le marché est à la baisse. Ce résultat peut être expliqué par la stratégie d’exclusion des valeurs non éthiques « sin stocks » connues par être résistantes à la crise « recession-proof » (Bauer et al., 2007). De même, l’importance des valeurs offensives contenues dans l’indice accélère la baisse ou la hausse plus que la moyenne du marché. Pour la même raison, l’indice canadien JSI 60 (Graphique 2) affiche un comportement similaire à celui de l’indice SR américain. Sont ainsi constatées une baisse et une hausse plus fortes que celles de l’indice de référence, l’écart était plus important au premier trimestre de 2008 et à partir du 3ème trimestre 2009.

53La comparaison des 3 indices précédents avec leurs benchmarks conforte l’idée selon laquelle les indices boursiers socialement responsables ne garantissent pas une protection contre les baisses de marché en période de crise (Amenc et Le sourd, 2010), leur comportement n’étant pas très différent de celui des indices boursiers classiques. De manière générale ce résultat va dans le sens des travaux qui trouvent l’absence de différence de rendement entre les indices SR et leurs homologues (Le Saout, 2005). Les critères éthiques ne pénalisent pas le rendement des titres sélectionnés. Ce résultat est particulièrement intéressant étant donné que notre échantillon englobe des indices qui utilisent le filtrage positif et négatif.

54Si les indices socialement responsables ont bénéficié durant leurs premières années de la hausse des valeurs technologiques (Cerin et Dobers, 2001), cet effet s’est avéré transitoire comme le soulignent Le Saout et Buscot (2009). Par ailleurs, certains biais méthodologiques liés au calcul et pondération des indices peuvent expliquer des différences de rendement (Fowler et Hope, 2007). Nous avons essayé d’éviter ces biais en effectuant une comparaison graphique, un à un, des indices appartenant à la même famille.

55Sur un plan global, après plus de trente années de recherche sur la relation entre la performance sociétale et financière, le débat autour de cette question centrale n’est pas clos. Dans leur stratégie de légitimation et de diffusion des croyances (Gond, 2006), les partisans de l’ISR et les agences de notation éthique ne reprennent que les études démontrant l’impact positif des filtres utilisés. En ce faisant, ils essaient de justifier que l’intégration de l’éthique dans les portefeuilles paie, au moins à long terme. L’approche académique, quant à elle, est supposée être une investigation plus rigoureuse.

Conclusion

56Les indices SR sont des sous ensembles des indices classiques. Ils procèdent au filtrage des valeurs qu’ils contiennent selon des critères ESG. Malgré leur histoire récente, ils s’imposent comme une alternative aux investisseurs soucieux de l’éthique dans leurs portefeuilles.

57Ce sont les agences de notation sociale qui ont lancé ces indices en partenariat avec les fournisseurs d’indices traditionnels. Ainsi, chacune des agences sociales choisit les valeurs selon sa propre conception de l’éthique et de la responsabilité sociale. Cette multitude de critères de choix pose le problème du niveau d’éthique de ces indices et leur contribution dans le mouvement du développement durable.

58Les indices SR ont en commun un processus de filtrage qui commence à partir d’un indice de marché constituant l’univers de départ pour aboutir à un univers d’arrivée matérialisé par les indices SR. De ce fait, ces derniers sont moins diversifiés que leur benchmark ce qui nous a poussé à nous interroger sur leur performance.

59Nous avons étudié la réaction des 3 indices issus des principaux marchés de l’industrie socialement responsable (Europe, États-Unis et Canada) et ce depuis l’avènement de la dernière crise financière. L’analyse graphique a montré une forte corrélation entre chaque indice et son benchmark et la même évolution, en « V », est constatée pour les 3 paires d’indices. Les 3 groupes d’indices étudiés ont connu le rebond à la fin du 1er semestre 2009 après plus de 17 mois de baisse, notons également l’absence de toute surperformance ou sous performance à long terme d’un indice ou de l’autre par rapport à son benchmark. En période de hausse ou de baisse, les indices SR américains et canadiens amplifient la tendance sans perte de performance. De manière générale, nous pouvons conclure que le comportement des indices boursiers socialement responsables n’est pas très différent de celui de leurs homologues conventionnels.

60Notre article contribue à mieux comprendre le fonctionnement des indices boursiers SR ainsi que leur comportement par rapport aux benchmarks pendant la dernière crise financière. Cette contribution est certes partielle mais ouvre la voie à de futures recherches. En effet, d’autres chercheurs peuvent par exemple élargir le périmètre de leurs études à plusieurs indices SR pour les comparer entre eux, et tenir compte de l’évolution des firmes composant chaque indice.

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Notes

  • [1]
    Une première version de cet article a fait l’objet d’une présentation à l’occasion de la « 2ème université : réalités et prospectives du développement durable », 28 et 29 octobre 2010, ESC de Clermont Ferrand. L’auteur tient à remercier les deux rapporteurs anonymes de la Revue « Management & Avenir » pour leurs remarques pertinentes et constructives.
  • [2]
    Abdelbari El Khamlichi, Clermont Université, Université d’Auvergne, Centre de Recherche Clermontois en Gestion et Management (EA 3849), abdelbari.el_khamlichi@u-clermont1.fr
  • [3]
    Dans cet article nous utilisons indifféremment les notions de SR « socialement responsables » et « éthiques »
  • [4]
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