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Article de revue

Branding et labels en tourisme : réticences et défis

Pages 205 à 222

Notes

  • [1]
    Pascale Marcotte, Professeure agrégée, Université du Québec, Trois-Rivières, Québec, Canada, pascale.marcotte@uqtr.ca
  • [2]
    Laurent Bourdeau, Professeur titulaire, Université Laval, Québec, Canada, laurent.bourdeau@ggr.ulaval.ca
  • [3]
    Erick Leroux, Maître de Conférences HDR, IUT Saint Denis, LARGEPA Paris II, leroux_erick@hotmail.com
  • [4]
    À titre d’information, le coût total de la candidature des sites suisses de La Chaux-de-Fonds et Le Locle à la liste du Patrimoine mondial est estimé à 230 000 € (Courvoisier et Aguillaume, 2011). Cet exemple illustre le coût d’élaboration d’un dossier de mise en candidature et témoigne des exigences financières associées à l’obtention d’un label.
  • [5]
    Tout comme le label « Grand site de France », les labels « Patrimoine mondial » et « Parc national » indiquent que ces territoires ont été reconnus comme ayant des caractéristiques naturelles ou culturelles exceptionnelles. Afin de conserver ces caractéristiques, les territoires qui font la démarche de labellisation doivent s’engager à les protéger, et à mettre en place des plans assurant une croissance qui respecte la capacité de charge des lieux.

1Réserve de biosphère, ville de design, capitale culturelle, parc naturel régional, site du Patrimoine mondial, parc national, grand site, qualicities, station verte et pavillon bleu… Depuis les années 1990, on assiste, dans l’industrie touristique, à une prolifération de « labels » (cf. Font et Harris, 2004). Parmi cette panoplie, certains labels sont apparus afin de protéger des territoires soumis à la pression grandissante du tourisme. En effet, la croissance soutenue du tourisme depuis les cinquante dernières années a créé une pression sur des sites culturels et naturels fragiles, et dont certains étaient, jusque-là, pratiquement inconnus (Landorf, 2009). Ces territoires cherchent donc à se doter d’un label afin de protéger leurs ressources, ou de les développer durablement. Dans d’autres cas, le label représente surtout une reconnaissance, par un organisme extérieur, du caractère exceptionnel de la destination. Il s’associe alors au prestige de tout un réseau comprenant d’autres destinations ou sites reconnus par ce même label. L’obtention du label vient alors s’inscrire dans la stratégie de positionnement ou de promotion touristique du territoire ; il devient un argument promotionnel.

2Si le constat de l’utilisation grandissante des labels dans la promotion touristique est fait (cf. Meyronin, 2009 ; Ashworth & Kavaratzis, 2009), cette utilisation n’en pose pas moins un grand nombre de questions, et ce, tant d’un point de vue pratique que théorique. Les touristes ont-ils vraiment confiance en ces labels ? Quels labels ont plus de valeur, les labels publics ou les labels privés ? Les labels assurent-ils réellement la protection des ressources ? Dans une perspective de développement durable, le recours aux labels pose des défis encore plus grands. D’une part, se posent les difficultés propres à toute promotion touristique d’un territoire, c’est-à-dire à la construction d’un branding territorial qui doit définir une « histoire » (Olins, 2000) ou une identité commune et assez spécifique pour que la destination soit immédiatement reconnue. Une « histoire » qui doit en plus considérer l’offre de plusieurs produits touristiques et la présence de nombreux acteurs aux intérêts différents, sinon divergents (Ooi, 2004). D’autre part, le développement durable impose de trouver un équilibre entre la protection des ressources territoriales et une promotion qui vise, entre autres, à maintenir ou augmenter la fréquentation. Dans cette perspective, le développement touristique et économique doit se réaliser en tenant compte de la valorisation écologique, sociale et culturelle du milieu. À ces défis, s’ajoute le fait que dans certains sites touristiques protégés, les stratégies de marketing sont perçues avec méfiance. Comment dans ce cadre peut-on avoir recours à un label pour faire une promotion durable de l’ensemble d’une destination ?

3Cet article s’attache donc à l’étude de l’utilisation, dans la promotion touristique, des labels de territoire. Pour ce faire, deux objectifs sont poursuivis :

  1. Définir et distinguer les termes de labels et de marques dans l’industrie touristique, et analyser leur interrelation dans la promotion.
  2. À partir d’exemples de labels de reconnaissance liés au développement durable, notamment les parcs nationaux, les sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), les Grands sites de France et les Parcs naturels régionaux ; analyser les raisons de leur utilisation, ou non-utilisation, dans la promotion touristique des destinations.

Le label, une marque de crédibilité

4De façon générale, afin d’obtenir un label, les entreprises doivent réussir un processus de certification assurant que leurs produits, services, processus de production ou système de gestion atteignent ou dépassent les normes définies par l’organisme d’accréditation. Pour obtenir son label, l’entreprise doit alors adhérer à un programme de certification, tel que le processus de la norme ISO (International Organization for Standardization) (Jamal et al., 2006). L’application rigoureuse des normes de l’organisme d’accréditation pourra garantir l’uniformité des produits, des services, du processus de production ou du système de gestion. Cette application rigoureuse des normes pourra dès lors accroître la crédibilité de la marque aux yeux des consommateurs, ces derniers étant assurés de l’uniformisation de la production (Larceneux, 2003).

5Il existe également des programmes de certification représentant des niveaux de qualité. Ceux-ci peuvent prendre en compte des critères environnementaux, socioculturels ou économiques, et peuvent s’inscrire dans une démarche de développement durable (Otis et Barabé, 2011). Dans ce genre de programme, le label, souvent représenté simplement par un logo, démontre que le produit ou l’entreprise respecte la qualité ou les exigences de l’organisme de certification (ex : l’ Eco-label européen, délivré en France par AFNOR, l’Association Française de Normalisation [cf. Ecolabel.fr, 2010]).

6Tant pour les programmes de certification qui se basent sur le processus de production que pour les certifications liées à la qualité (Jamal et al., 2006), l’entreprise peut choisir de faire appel à un organisme de certification indépendant, par ailleurs public ou privé, afin d’assurer une plus grande crédibilité du processus. L’objectivité du processus et la notoriété de l’organisme de certification se transféreront ainsi au produit ou service évalué. Le label, et son processus d’évaluation, représenteront alors une source d’information supplémentaire sur les produits et services, une source pouvant être plus crédible que la seule marque du produit (Larceneux, 2003).

1 – Label et tourisme

7Dans l’industrie touristique, on retrouve également des processus de labellisation – au sens de certification – qui assurent que le service touristique offert a été produit, ou est disponible, selon des normes définies (cf. Black et Ham, 2005 ; Font, 2002). Comme dans le cas de la certification d’autres produits ou services, les organisations touristiques peuvent alors apposer un logo qui assure au consommateur que les normes de certification ont été atteintes ou dépassées (ex : le logo « Tourisme et handicap », garantissant les normes du label « Tourisme et handicap »). De la même façon, il s’agit d’un engagement public de l’organisation touristique aux yeux des consommateurs, engagement démontrant l’adhésion à des règles ou des normes qui sont contrôlées par un organisme indépendant. Autre exemple, pour être labellisés « Pays cathare », les producteurs agroalimentaires et touristiques de la destination doivent répondre à un cahier des charges strict et suivre une formation sur le catharisme (Garcia et Genieys, 2005).

8Pour les organisations touristiques, l’obtention d’une telle certification représente également l’accès à un réseau, à un savoir-faire. Dans le cas du tourisme durable, les processus de certification représentent aussi des outils d’accompagnement pour les gestionnaires d’entreprises afin qu’ils intègrent des méthodes de réduction des déchets, de protection de la nature ou encore afin qu’ils favorisent l’achat local. Ces processus sont ainsi des moyens effcaces de transformer des principes abstraits de développement durable en actions concrètes (Woodland et Acott, 2007). Ces processus de labellisation ont toutefois un coût. La mise sur pied du dossier de candidature, la mise aux normes, le suivi, engendrent des dépenses et nécessitent des ressources dont ne disposent pas toujours les entreprises, et notamment les producteurs touristiques de pays pauvres (Cañada et Gascón, 2008) [4].

9Au sein de l’industrie touristique, il existe aussi des « labels » qui ne suivent pas un processus aussi normé que les processus d’accréditation des produits ou des services. Ces labels s’apparentent davantage à des formes de reconnaissance, mais dont la notoriété peut être aussi forte, sinon plus, que celle des organismes d’accréditation. Par exemple, les labels « Patrimoine mondial » ou « parc national » sont accordés à des biens ou des territoires après qu’ils aient été évalués par un comité d’experts, et ce, selon des critères prédéterminés [5] (voir l’encadré). Ces critères de sélection se basent principalement sur la conservation, l’unicité et le caractère remarquable ou particulièrement représentatif, des territoires. Ces labels de reconnaissance intègrent généralement moins de normes que les processus d’accréditation, car ils considèrent parfois des dimensions plus difficiles à mesurer, et parfois aussi plus difficiles à maintenir dans le temps (ex : valorisation de la culture locale, protection à long terme du patrimoine naturel).

10Néanmoins, que ce soit dans le cadre d’une accréditation ou d’une « reconnaissance », les labels peuvent être utilisés par l’organisation touristique à des fins promotionnelles. L’obtention du label est en effet l’occasion d’employer un nom dont le prestige s’étend à l’ensemble des membres. Comme dans le cas des produits et services en général, ces labels permettent aussi de réduire la perception de risque pour les consommateurs. En effet, pour le touriste, ces labels permettent de réduire le risque associé à son choix, un risque qui peut être perçu comme très élevé étant donné l’intangibilité que représente une destination touristique inconnue. En outre, devant la rude concurrence, le label devrait le rassurer, lui confirmer que la destination choisie est reconnue pour ses qualités exceptionnelles, que cette destination mérite une visite.

11Ce sont à ces labels de reconnaissance que nous nous intéressons ici, et particulièrement aux labels qui intègrent des notions de développement durable, c’est-à-dire qui visent tant à protéger qu’à développer les territoires.

2 – Labels, marques territoriales et branding touristiques

12Au cours des dernières années, le concept de marque territoriale a gagné en force et a reçu une attention accrue à la fois des praticiens et des universitaires (Andersson, 2007). On observe en effet que le développement de marques de territoire (branding place) devient une activité importante pour les gestionnaires qui veulent attirer des clientèles ciblées – telles que des investisseurs, des entreprises ou des résidents. Suivant cet intérêt des élus et des gestionnaires de territoire, la littérature scientifique s’y est également largement investie, investissement qui s’est traduit par l’apparition de revues spécialisées dans le domaine. Notre propos n’est toutefois pas de recenser cette littérature de plus en plus abondante sur le « branding place ». Il est davantage de considérer précisément le recours aux labels comme un des ingrédients utilisés dans la conception de la marque (brand) d’un territoire. En d’autres mots, nous nous intéressons à l’utilisation d’une labellisation, telle que l’inscription d’une région à la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, comme instrument de marketing (Ashworth et Kavaratzis, 2009 ; Courvoisier et Aguillaume, 2011).

13La labellisation dans le domaine touristique apparaît comme une façon de caractériser le territoire (ex : en reconnaissance de sa dimension exceptionnelle). En effet, le label accordé à un territoire influencera à son tour la marque du territoire (Ritchie et Ritchie, 1998). Toutefois, le label fonctionne également à travers un réseau de sites ou de territoires reconnus. Le prestige attribué au label sera tributaire de la notoriété de l’organisme accréditeur, mais également des autres sites labellisés. Ces autres sites sont donc à la fois concurrents, mais aussi partenaires. Leur prestige individuel s’ajoute à la valeur du label.

2.1 – Développement et mise en marché de la marque de la destination

14Le débat – à savoir si la conception d’une marque de territoire est la même que la conception d’une marque de produit – n’est pas tranché (Ashworth et Kavaratzis, 2009 ; Parkerson et Saunders, 2005). En effet, si pour certains scientifiques et professionnels, le développement de la marque d’une destination touristique peut se réaliser de la même façon que le développement de produits ou de services (Anholt, 2002, 2003 ; Cai, 2002 ; Morgan et al., 2002), pour d’autres, le développement de la marque d’une destination diffère (Wagner et Peters, 2009).

15Pour l’ensemble des auteurs, les marques de site ou de territoire, tels que celles des villes et des régions, apparaissent comme un cadre de confiance, un gage de qualité (Lorenzini et al., 2010 ; Anholt, 2002). Une marque à succès est unique, elle peut être intemporelle, et permet de se distinguer de ses compétiteurs (Wagner et Peters, 2009). Dans un marché touristique très concurrentiel, l’image de marque d’un territoire ou d’un site joue donc un rôle majeur, car elle en évoque les qualités et stimule des émotions dans l’esprit des touristes. Ainsi, pour se distinguer, la marque d’une destination peut s’appuyer sur un label particulièrement prestigieux. Dans le cas du label du Patrimoine mondial par exemple, ce label est devenu un signe très apprécié et recherché par les touristes qui veulent respecter le patrimoine (Petr, 2009). De même, les parcs nationaux ou les parcs naturels régionaux sont des repères pour les touristes qui cherchent un certain niveau d’expérience.

16On peut donc comprendre que le concept de marque d’une destination ait été adopté par plusieurs villes ou régions (Hankinson, 2001). Citons par exemple, le cas de la Nouvelle-Zélande avec sa marque « New Zealand 100% Pure » (Morgan et al., 2002.). Ces marques de destination touristique ou de territoire sont reconnues comme étant performantes à cause de leurs efforts de « branding » dans les médias, et de leur excellent positionnement qui démontre l’existence d’une véritable identité du territoire et d’un attachement émotionnel des visiteurs envers le site (Morgan et al., 2002). L’objectif des marques associées aux sites touristiques consiste en effet à créer des liens affectifs avec les visiteurs pour qui les produits de vacances sont riches en termes d’expériences hédonistes. La relation entre les émotions et la destination devient alors fort importante pour la marque touristique (Hall, 2004).

17Néanmoins, la mise en marché de la marque d’un territoire apparaît complexe car elle représente une grande variété d’attributs tangibles et intangibles à l’intérieur d’un territoire, et sur lesquels différents acteurs manifestent des intérêts parfois divergents (Tasci et Kozak, 2006). En effet, la présence de différents acteurs ou événements sur un territoire rend plus difficile le contrôle et le développement de la marque d’une destination (Morgan et al., 2002). En parallèle, les acteurs du territoire doivent aussi s’assurer d’une protection des sites et d’une croissance durable en matière touristique (Marcotte et Bourdeau, 2010). Cette présence des différents acteurs implique alors tous les éléments qui forment l’identité ou le caractère de ce territoire (Fan, 2006). En d’autres mots, la coordination des actions promotionnelles et le développement d’une personnalité unique de la destination sont complexifiés par le fait que la destination peut inclure plusieurs villes, villages ou États à l’intérieur du territoire (Hanna et Rowley, 2008). Ces acteurs doivent alors chercher à coordonner leurs actions promotionnelles, ce qui peut représenter un défi complexe s’il n’y a pas un pouvoir décisionnel au niveau du territoire (Anderson, 2007). Cela apparaît d’autant plus important si l’on considère que la marque d’une destination touristique représente non seulement l’identité des organisations touristiques de la destination, mais permet également de créer un avantage concurrentiel (Wagner et Peters, 2009).

2.2 – Marque et image de la destination

18Si la marque d’une destination peut renforcer l’image de la destination (Wagner et Peters, 2009), des variables incontrôlables – telle une crise politique ou du terrorisme – peuvent affecter négativement l’image de la destination. La marque de la destination peut donc être affectée par des éléments économiques, sociopolitiques ou historiques (Papadopoulos et Heslop, 2002). Il est alors difficile de créer une image cohérente d’un territoire car les touristes interprètent ou réorganisent les attributs d’un pays en fonction des événements qui n’y sont pas contrôlés (Caldwell et Freire, 2004).

19Pour cette raison, l’utilisation d’un label à l’intérieur d’un territoire revêt une grande importance puisqu’il représente une variable pouvant être contrôlée par les gestionnaires ou les acteurs du territoire. Un label sera alors comme un des ingrédients constitutifs de la marque du territoire. Comme cette dernière, il peut susciter un attachement et amener le touriste, par la confiance qu’il lui attribue, non seulement à visiter le site, mais aussi à vouloir visiter les autres sites labellisés. Dans le cas des parcs nationaux du Québec par exemple, nombre de visiteurs choisissent de visiter des régions différentes, mais en organisant leur itinéraire afin d’y inclure la visite d’un des parcs nationaux. Ils présentent alors un comportement de grande fidélité au « label » Parcs Québec (Bourdeau et Marcotte, 2010). Certes, ils changent de territoire géographique, mais demeurent fidèles aux parcs nationaux car ils pensent qu’ils auront chaque fois accès à un territoire unique, mais dont la norme commune est celle du caractère exceptionnel.

20Le développement d’une marque de territoire ou de sites touristiques repose donc sur une stratégie à long terme de la gestion de la marque sachant que les valeurs de celle-ci doivent être durables, pertinentes et transmissibles, mais aussi comprises tant par les visiteurs que les acteurs du territoire (résidents, producteurs touristiques, politiques et autres organisations présentes sur le territoire). Autrement dit, une marque de territoire ou de site doit non seulement représenter le motif de visite du touriste, mais aussi les valeurs fondamentales et la réputation du territoire et de ses résidents (Gilmore, 2002).

2.3 – Label et impacts économiques

21Si le label peut être considéré comme un moyen de rassurer le touriste lors de sa prise de décision, la hausse de fréquentation à la suite de la labellisation d’une destination touristique n’est toujours pas clairement démontrée. D’une part, les sites labellisés sont souvent déjà des destinations connues, et dont la renommée a d’ailleurs pu contribuer à l’obtention de la labellisation. D’autre part, plusieurs facteurs externes pourraient contribuer à une hausse soudaine de leur fréquentation (ex : un film, une actualité médiatisée) (Hall et Piggin, 2002). Toutefois, des exemples de destinations qui ont vu leur fréquentation augmenter à la suite de l’obtention d’un label font aussi école, et incitent d’autres gestionnaires de territoire à entreprendre de pareilles démarches. Par exemple, pour certains sites de pays occidentaux, on aurait assisté, suite à leur inscription sur la Liste du Patrimoine mondial, à une hausse des taux de fréquentation de l’ordre de 20 à 40% (cf. Le Monde, 19-07-2008, dans Meyronin, 2009, p. 156). D’autres sites de pays du tiers-monde, comme le Laos, ont vu, en une dizaine d’années, quadrupler leur fréquentation depuis l’obtention de la labellisation (Benhamou, 2010). D’autres réussites de labellisation, tel que le succès retentissant de Lille à titre de Capitale culturelle européenne en 2004, ont aussi eu un impact important, notamment sur les attentes que les villes candidates entretiennent maintenant à l’égard des retombées de cette attribution.

22Malgré ces statistiques sur la hausse de fréquentation, jusqu’à maintenant, on retrouve peu d’études scientifiques empiriques et quantitatives portant sur les impacts économiques des marques territoriales (Cai, 2002 ; Caldwell et Freire, 2004) ou d’un label (Lorenzini et al., 2010 ; Thogersen, 2000). À notre connaissance, seule l’étude de Mazanec et al. (2007), réalisée à l’aide de données empiriques, démontre un impact positif des sites reconnus Patrimoine mondial sur la croissance du tourisme pour les pays étudiés. Par contre, on ne peut prouver que des éléments extérieurs, non associés au label, ne puissent influencer les impacts économiques de la certification d’une destination sur le tourisme à l’intérieur d’un territoire. D’autre part, la diversité des sites labellisés au plan de leur taille, de développement touristique, de leur proximité des zones émettrices, rend également très relative toute comparaison de retombées.

3 – Le tourisme pour instituer un label et un label pour attirer les touristes

23Quand ce n’est pas le climat, ce sont presque toujours les sites de patrimoine naturel et culturel reconnus qui attirent les touristes. Par exemple, en Australie et dans quelques pays africains, les parcs nationaux représentent le principal attrait touristique (Armstrong et Kern, 2011). Dans plusieurs cas, dont ceux des parcs nationaux et des Grands sites de France, c’est d’ailleurs la pression touristique croissante qui a justifié la mise en place de ces formes de protection.

« Le tourisme apparaît à partir des années 60, tant en Europe qu’ailleurs dans le monde, comme un argument puissant en faveur de la création de Parcs nationaux : la protection de la nature pour elle-même n’est pas un thème suffisamment mobilisateur, sauf cas particulier (Suisse par exemple), pour assurer la promotion et la mise en place d’un Parc et soustraire ainsi de vastes étendues de terres à l’exploitation économique traditionnelle »
(Richez, 1992, p. 77).
Ainsi, le tourisme, en attribuant une valorisation économique très forte à ces territoires, a cautionné la protection de leur patrimoine et a favorisé la mise en place de labels de protection ou de reconnaissance de leur caractère exceptionnel. Il s’avère toutefois maintenant que ce sont ces labels qui cautionnent des sites touristiques. Aujourd’hui, les labels « créent » les sites touristiques. Certes, on souhaite toujours que les labels renforcent la protection du patrimoine, mais de plus en plus, les labels servent à faire reconnaître des territoires comme des sites exceptionnels. Ainsi, des lieux pittoresques, des sites d’histoire locale, obtiennent soudainement, avec l’attribution d’un label, des valeurs universelles, dignes des grandes œuvres de l’humanité (Duval et Gauchon, 2007). Le label, par sa rareté, son prestige, crée alors un effet de désirabilité du territoire.

3.1 – De la protection à la promotion

24Les labels cautionnant les sites touristiques, on assiste donc à un glissement dans l’utilisation des labels, de la protection vers la promotion des sites. Dans le cas du label du Patrimoine mondial, initialement conçu comme une initiative de conservation pour protéger les sites du patrimoine naturel et culturel, le label a évolué pour devenir une marque convoitée (Ryan et Silvanto, 2009). Des chercheurs suggèrent d’ailleurs que le label du Patrimoine mondial représente une certification de qualité aux yeux des touristes et pourrait même influencer positivement leur prise de décision dans le choix de leur prochain voyage (Ryan et Silvanto, 2009). Ce constat est d’autant plus valable pour les pays pauvres où la venue de touristes étrangers peut représenter un apport économique non négligeable à court terme. Certains gouvernements peuvent alors être tentés de privilégier une exploitation commerciale des sites, parfois au détriment de leur authenticité et de la préservation intégrale (Landorf, 2009).

3.2 – Label et promotion. Entre réticence et envie

25Même si on constate une croissance de la demande pour la labellisation des territoires, il apparaît qu’une fois le label obtenu, son utilisation dans la promotion touristique n’est pas constante, ni pour les offices de tourisme chargés de la promotion de l’ensemble du territoire, ni pour les entreprises et les partenaires touristiques situés sur le territoire labellisé (Marcotte et Bourdeau, 2006, 2011). Ainsi, même si les élus ou les responsables territoriaux peuvent investir d’importantes sommes pour obtenir un label, le label peut, par la suite, être plus ou moins utilisé dans la promotion.

26D’une part, même si les équipements de patrimoine naturels et culturels se tournent de plus en plus vers le loisir et les activités touristiques offertes aux visiteurs afin de financer et maintenir leurs activités, certains gestionnaires de sites labellisés demeurent davantage préoccupés par la dimension de conservation des ressources que par la promotion du site. En effet, dans le domaine du patrimoine culturel et naturel, le marketing suscite parfois de la méfiance, étant considéré comme une technique de vente à court terme, comme une façon rapide, mais dangereuse pour la ressource, d’accroître le nombre de visiteurs (Chhabra, 2009 ; Sharpley et Pearce, 2007). Ainsi, même si le label a ou aurait une efficacité promotionnelle certaine, il n’est pas toujours mis de l’avant. Par exemple, pour les parcs nationaux britanniques, la conservation apparaît la priorité absolue des gestionnaires, au-delà de la promotion des activités récréatives, qui sont elles-mêmes plus importantes que la prise en considération des impacts sociaux ou économiques du parc dans son milieu (Sharpley et Pearce, 2007). Dans ce cadre, il apparaît clair que le label est accessoire dans la gestion des sites. Ainsi, l’utilisation, ou la non-utilisation, peut sous-entendre un conflit quant aux objectifs poursuivis par l’organisation, entre protection et commercialisation.

27L’industrie touristique est une industrie complexe, rassemblant plusieurs acteurs avec des objectifs parfois consensuels, parfois opposés. Ainsi, même si les opérations liées à la labellisation ou plus largement au branding de la destination doivent être faites de façon congruente et dans un processus continu avec les autres efforts marketing (Ashworth et Kavaratzis, 2009), tous les partenaires ne recourent pas de façon systématique au label, et ce, pour différentes raisons. Parmi les barrières qui entravent la collaboration promotionnelle entre les gestionnaires de sites naturels et patrimoniaux labellisés et les acteurs de l’industrie touristique, on note l’absence de modes de communication clairs et constants entre les partenaires et le manque de leadership des responsables du label (Aas et al., 2005 ; Chhabra, 2009).

28Le manque de communication peut se traduire en un manque de connaissance de la réglementation sur l’utilisation du label territorial. Par exemple, les acteurs du territoire ne savent pas toujours qui peut utiliser le label dans la promotion touristique. Ainsi, malgré la littérature abondante qui démontre que les partenariats présentent des avantages dans la promotion et la gestion d’une destination touristique, il est difficile pour un territoire de mettre de l’avant un seul et unique label qui ne peut, en outre, être légalement utilisé par tous.

29Dans d’autres situations, les entreprises peuvent ne pas percevoir d’avantages concurrentiels à utiliser le label. Tant les employés, les médias, les gestionnaires que les partenaires du réseau de distribution évalueront à leur façon la valeur du label (Jones, 2005), et certains pourront considérer qu’il ne représente aucun avantage pour leur organisation. Par exemple, confronté à un manque d’espace publicitaire, le gestionnaire peut préférer faire la promotion de « son » entreprise, plutôt que celle de la région, fut-elle labellisée (ex : un hôtelier, plutôt que de se référer au parc naturel régional à proximité, peut préférer mettre en avant ses propres services).

30La profusion des labels à l’intérieur d’un territoire peut aussi conduire à la confusion, tant pour les touristes que pour les partenaires régionaux. Il faut en outre souligner que pour certains labels de reconnaissance, il n’y a pas véritablement de normes ou de cahiers des charges associés à la nomination. Certains gestionnaires peuvent aussi éprouver des difficultés à maintenir les standards qui ont permis l’obtention du label (ex : certains sites du Patrimoine mondial sud-américains ont été inscrits pour leur valeur exceptionnelle, mais éprouvent de grandes difficultés à procurer une expérience touristique de qualité, à assurer la sécurité des touristes et une équité dans l’accessibilité du site par la population locale, [cf. Arellano et Stuart, 2010]).

31Ainsi, pour certains partenaires, le label n’apparaît pas prioritaire dans l’argumentation promotionnelle de la destination, car il n’apporte aucune garantie quant à la qualité de l’expérience culturelle et touristique qui sera offerte aux touristes. Pour d’autres, l’utilisation de ces labels viserait plutôt à joindre une clientèle particulière de touristes. Il apparaît par exemple que ce sont les touristes les plus expérimentés en matière touristique qui sont les plus influencés par l’utilisation du label Patrimoine mondial dans la promotion des entreprises privées (Marcotte et Bourdeau, 2006).

32Des difficultés organisationnelles ou le manque de leadership du gestionnaire principal du label peuvent également expliquer sa non-utilisation. Lorsque le « leader » n’assume pas son rôle d’attrait majeur, où qu’il ne souhaite pas promouvoir le site de façon prioritaire, les partenaires peuvent difficilement s’approprier ou promouvoir ce label (ex : les parcs nationaux anglais, Sharpley et Pearce, 2007). Dans d’autres cas, les meneurs de dossier de labellisation du territoire peuvent ne plus être aussi actifs qu’au moment de la mise en candidature. Les organisations publiques consacrent des efforts importants à la constitution des dossiers (Courvoisier et Aguillaume, 2010), mais après quelques années, la mobilisation autour du label peut s’estomper. Par exemple, on remarque que les sites du Patrimoine mondial qui ont été inscrits récemment sur la Liste utilisent davantage et de façon plus importante le label dans leurs outils promotionnels électroniques. Si plusieurs éléments influencent par la suite l’utilisation du label (taille du site, niveau de développement touristique, proximité du site labellisé avec d’autres sites touristiques), on peut penser que l’effet de nouveauté de l’obtention influence également le recours au label dans la promotion touristique de la destination (Marcotte et Bourdeau, 2010). De même, l’obtention d’un titre (ex : Capitale culturelle) donne parfois lieu à tout un battage publicitaire, qui contribue fortement à la reconnaissance touristique d’une destination. Toutefois, après quelques années d’obtention, l’intérêt semble diminuer ou n’est plus à propos.

4 – Discussion et Conclusion

33Malgré la complexité associée à l’utilisation promotionnelle d’un label, nous avons vu, au cours des dernières années, plusieurs territoires y recourir afin de faire reconnaître une de leurs « icônes » et stimuler l’attractivité de leur région. Par exemple, dans les pays occidentaux, on assiste à une croissance constante du nombre de demandes d’inscription sur la Liste du Patrimoine mondial, à telle enseigne que l’UNESCO a demandé explicitement aux pays les plus riches de diminuer le rythme de leurs demandes. Le contexte hautement concurrentiel dans lequel se trouvent les entreprises touristiques et les organisations publiques nationales chargées de faire la promotion des destinations touristiques (ex : les offices de tourisme), les amènent à affiner leurs techniques de marketing. Comme dans d’autres secteurs économiques, dont le domaine agroalimentaire, les organisations cherchent des moyens de se distinguer, de trouver une niche, et ce, en ne misant pas seulement sur une stratégie de prix. Dans ce cadre, la revalorisation d’un territoire par l’histoire, l’authenticité, la tradition (Garcia et Genieys, 2005) ou par son caractère exceptionnel, apparaissent comme des arguments plus éloquents, sinon convaincants. Dans ce cadre, un label attribué par une organisation externe, et qui mettrait en avant le caractère unique et exceptionnel d’une destination, apparaît comme un argument de poids. Reconnu par des comités d’experts, l’État ou des organisations internationales, le caractère exceptionnel d’un territoire vient d’être démontré. L’assurance de l’unicité du lieu justifiera que le site mérite d’emblée une visite. Le label rencontrera alors les objectifs d’accroissement du prestige et de la crédibilité du territoire, ainsi que de la réduction du risque aux yeux du consommateur.

34Malgré les investissements qu’ils représentent, les labels ne sont pas toujours utilisés par les gestionnaires des sites ou par les partenaires territoriaux. Que ce soit par manque de confiance envers le marketing, perçu comme un outil de rentabilité uniquement à court terme et qui fait courir le risque d’enfreindre les règles de protection, ou que ce soit par la perception que le label ne représente pas d’intérêt direct pour le gestionnaire et les partenaires. Comment peut-on faire une promotion durable de l’ensemble d’une destination ? On peut répondre à cette question en considérant tout d’abord la nature du label accordé par un organisme d’accréditation. Contrairement aux labels accordés aux produits ou aux services, les labels accordés aux destinations touristiques ne cherchent pas à uniformiser les sites reconnus, ni l’expérience du touriste, ni à standardiser la qualité d’un produit touristique. Ils cherchent avant tout à protéger ou à faire reconnaître le caractère exceptionnel du site naturel ou patrimonial, et ainsi à sensibiliser touristes et gestionnaires à sa protection. Sa richesse et son intérêt se trouvent dans le caractère exceptionnel et unique du site, non en son caractère uniformisé. En d’autres mots, la labellisation d’une destination touristique ne peut pas être aussi normée que la labellisation d’un produit ou d’un service.

35Un autre constat apparaît quand on étudie la nature d’un label associé à un territoire. Il est difficile de mesurer avec autant d’exactitude l’impact d’un label sur une destination que de mesurer l’impact des normes ou des standards de production ou de qualité d’un produit ou d’un service. Dans le cas des destinations, la qualité d’un territoire se mesure davantage par sa diversité que par son « niveau de qualité ». Ce constat est d’autant plus vrai avec l’intégration d’une perspective de développement durable, qui intègre des dimensions sociales et culturelles, en plus des différents partenaires du territoire. En conséquence, la labellisation d’un territoire ou d’une destination touristique s’apparente plus à une reconnaissance qu’à une normalisation.

36Ces constats apparaissent fort importants, car ils soulignent la complexité de la démarche promotionnelle à l’intérieur d’un territoire (Voir figure 1). Tout comme la marque de la destination qui doit s’établir malgré une diversité de partenaires et d’intérêts, le label et son utilisation seront confrontés à différents acteurs n’ayant pas toujours les mêmes intérêts promotionnels ou de protection. L’absence d’un pouvoir décisionnel central au niveau du territoire accroîtra d’ailleurs encore plus les difficultés de réaliser une utilisation promotionnelle efficace du label, comme celle de la marque dans lequel il s’inscrit.

Figure 1

La promotion du label à travers les destinations de différents territoires

Figure 1

La promotion du label à travers les destinations de différents territoires

37Certes, le prestige associé au label peut inciter les partenaires à l’utiliser, mais si les normes et exigences qui ont justifié son obtention ne sont pas rencontrées, le label perdra sa valeur de référence. De même, si les partenaires du réseau n’en maintiennent pas les exigences, le label perdra de sa crédibilité, et de son intérêt. Comme avec n’importe quel label, les responsables de sa gestion doivent en préserver et en améliorer la réputation et le prestige. Un label peut alors devenir un outil permettant aux acteurs de collaborer à l’intérieur du territoire, et entre les territoires. Dans le domaine du tourisme durable, une obligation inhérente à la gestion du label signifie à la fois de garantir l’authenticité, l’intégrité et la préservation des sites et de les rendre disponibles pour les touristes qui désirent visiter et apprécier ces sites (Ryan et Silvanto, 2009). Dans la gestion du label Patrimoine mondial, les autorités internationales jouent présentement un rôle relativement faible. De plus, il existe peu de données nous permettant d’évaluer le rôle et les actions des gouvernements du niveau national dans la gestion du label de la Liste du Patrimoine mondiale, et par conséquent, dans la gestion de la marque de la destination ou du territoire. D’autres labels ont toutefois des exigences plus strictes (ex : les Grands sites de France voient leur statut évalué tous les 6 ans) ou sont encadrés par des lois qui leur donnent les moyens de leurs ambitions (ex : les parcs nationaux de certains pays).

38Il importe donc de se rappeler que les labels sont un des ingrédients d’une marque territoriale et qu’à ce titre, ils sont de plus en plus sollicités pour ajouter de la valeur à la marque, qu’à en protéger les ressources. Les labels touristiques tirent leur intérêt du prestige, de l’unicité et de leur caractère de représentativité, mais également de leur capacité à maintenir ces caractéristiques à l’ensemble des membres du réseau. Alors que la gestion de la marque d’un produit ou d’un service est réalisée par une seule entreprise ou une organisation, la gestion de la marque d’un territoire exige la prise en compte de plusieurs partenaires. C’est également le cas du label, qui s’avère un outil commun à un ensemble du territoire, mais qui en plus, doit tenir compte de plusieurs territoires. Dans le cas d’un label attribué à un produit ou un service, l’entreprise doit gérer ce label en lien avec l’organisme d’accréditation. Si le label du territoire informe le touriste, permet d’accroître la perception que l’expérience touristique pouvant y être vécue sera exceptionnelle ou encore, la crédibilité de l’expérience touristique sur ce même territoire, le label est plus difficile à gérer en matière commerciale, principalement parce que ce label appartient en quelque sorte à tous les acteurs, et de plusieurs territoires.

Quelques exemples de labels territoriaux d’exception et de développement durable
L’appellation « Patrimoine mondial » est attribuée à des sites – biens ou lieux – qui sont considérés comme possédant des valeurs universelles exceptionnelles. Après un processus de sélection par un groupe d’experts, ils sont inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial afin d’y être protégés. Dix critères (esthétique, historique, représentation du génie humain ou de processus naturel) permettent de justifier le caractère exceptionnel de ces sites. C’est en 1972 que cette appellation était créée par la conférence générale de l’UNESCO. Constatant la dégradation irrémédiable que subissaient certains sites culturels et naturels, l’UNESCO choisissait de mettre sur pied un processus de reconnaissance de la valeur de ces sites. Le prestige accordé par cette reconnaissance doit contribuer à sensibiliser les citoyens et les gouvernements à l’importance de la préservation de ce patrimoine pour les générations à venir (Voir à ce sujet http://whc.unesco.org/fr/faq/#q1).
Les Grands sites de France sont des icônes, des paysages emblématiques qui profitent d’une très grande attractivité. Protégé par l’État, le label « Grand Site de France ® » garantit que le site est « préservé et géré suivant les principes du développement durable, conciliant préservation du paysage et de “l’esprit des lieux”, qualité de l’accueil du public, participation des habitants et des partenaires à la vie du Grand Site » (http://www.grandsitedefrance.com/document.php?pagendx=27). Le label est attribué pour 6 ans, par le ministère en charge de l’écologie, après avis de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages, et du Réseau des Grands Sites de France. En 2000, un Réseau des Grands Sites de France était créé. Ce réseau lie des sites qui ont déjà obtenu le label, mais également des sites qui aspirent à son obtention, et qui souhaitent profiter de l’expertise du Réseau, mais aussi de la notoriété des sites labellisés.
Conformément aux principes édictés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les parcs nationaux sont de vastes aires protégées « …naturelles ou quasi naturelles mises en réserve pour protéger des processus écologiques de grande échelle, ainsi que les espèces et les caractéristiques des écosystèmes de la région, qui fournissent aussi une base pour des opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique, éducative et récréative, dans le respect de l’environnement et de la culture des communautés locales » (Dudley, 2008 ; p.19). Une des caractéristiques marquantes des parcs nationaux est que le parc devrait « contenir des échantillons représentatifs des régions naturelles majeures, ainsi que des caractéristiques biologiques, panoramiques et environnementales les plus marquantes, où les espèces végétales et animales natives, les habitats et les sites géomorphologiques sont d’une importance spéciale du point de vue spirituel, scientifique, éducatif, récréatif ou touristique » (Dudley, 2008 ; p.20). Dans ce cadre, la visite d’un parc national devrait assurer aux touristes une visite de lieux exceptionnels.
Contrairement aux parcs nationaux, le plus souvent inhabités, les Parcs naturels régionaux ont été créés afin de protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités. En France, la marque « Parc naturel régional » est une propriété du ministère en charge de l’Environnement. La création d’un parc s’articule sur l’initiative des collectivités locales autour d’un projet de développement durable afin de protéger et mettre en valeur ses paysages et son patrimoine naturel et culturel, patrimoine reconnu comme remarquable, mais dont l’équilibre est fragile. Cette reconnaissance du caractère remarquable doit provenir du niveau national et/ou international. (Depraz, 2003 ; http://www.parcs-naturels-regionaux.tm.fr/fr/accueil/ ).

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Notes

  • [1]
    Pascale Marcotte, Professeure agrégée, Université du Québec, Trois-Rivières, Québec, Canada, pascale.marcotte@uqtr.ca
  • [2]
    Laurent Bourdeau, Professeur titulaire, Université Laval, Québec, Canada, laurent.bourdeau@ggr.ulaval.ca
  • [3]
    Erick Leroux, Maître de Conférences HDR, IUT Saint Denis, LARGEPA Paris II, leroux_erick@hotmail.com
  • [4]
    À titre d’information, le coût total de la candidature des sites suisses de La Chaux-de-Fonds et Le Locle à la liste du Patrimoine mondial est estimé à 230 000 € (Courvoisier et Aguillaume, 2011). Cet exemple illustre le coût d’élaboration d’un dossier de mise en candidature et témoigne des exigences financières associées à l’obtention d’un label.
  • [5]
    Tout comme le label « Grand site de France », les labels « Patrimoine mondial » et « Parc national » indiquent que ces territoires ont été reconnus comme ayant des caractéristiques naturelles ou culturelles exceptionnelles. Afin de conserver ces caractéristiques, les territoires qui font la démarche de labellisation doivent s’engager à les protéger, et à mettre en place des plans assurant une croissance qui respecte la capacité de charge des lieux.
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