Notes
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[1]
Nous nous plaçons ici dans la lignée des travaux majeurs de Rita Thalmann sur les femmes et le nazisme (voir notamment Rita Thalmann (dir.), Femmes et fascismes, Paris, Tierce, 1987), mais aussi des travaux plus récents de Elke Frietsch, voir notamment : Elke Frietsch, Kulturproblem Frau. Weiblichkeitsbilder in der Kunst des Nationalsozialismus, Cologne, Böhlau, 2006.
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[2]
Universität Heidelberg, Die NS-Frauen-Warte. Zeitschrift der NS-Frauenschaft, https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/frauenwarte [consulté le 15 mai 2020].
-
[3]
À partir de 1936, seules les femmes faisant déjà fait partie d’une organisation nationale-socialiste peuvent prétendre intégrer la NS-Frauenschaft. Cf. Kathrin Kompisch, Täterinnen : Frauen im Nationalsozialismus, Cologne, Böhlau, 2008, p. 58-59.
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[4]
Leurs origines, approches et niveaux universitaires sont très divers. Par exemple, des travaux de licence ou master abordent des aspects particuliers : Lenka Kopecká, Das Bild der Frau in der NS-Zeitschrift « NS-Frauen-Warte », Mémoire de licence, université Palacky, Olomouc, 2015. https://theses.cz/id/xkfj76/BP_Kopecka_Lenka.pdf ; Miriam Zlobinski, Die « Volksgenossin » in der Modefotografie – publizierte Ideale 1937 bis 1939, Mémoire de master, université Humboldt, Berlin, 2014. Nous renvoyons également à notre mémoire de Master 2 : Estelle Goetgheluck, La représentation des femmes dans la ‘NS-Frauenwarte’ entre 1941 et 1944 : une propagande de mobilisation entre idéal et pragmatisme, Sorbonne-Université, septembre 2017. L’ouvrage de Kirsten Döhring, Renate Feldmann, Von « N.S. Frauen-Warte » bis « Victory » : Konstruktionen von Weiblichkeit in nationalsozialistischen und rechtsextremen Frauenzeitschriften, Berlin, Logos-Verlag, 2011, étudie un numéro de chaque année de parution.
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[5]
Par comparaison, la revue contemporaine Die Mode, destinée au public féminin d’une élite intellectuelle et à l’étranger, censée servir de vitrine à la modernité du national-socialisme et à sa prétendue hégémonie culturelle en Europe, coûtait 1,5 RM. Cf. Marion Wittfeld, « ‘Geschmackerziehend und stilbildend’. Modefotografie im Nationalsozialismus am Beispiel der Zeitschrift ’Mode und Heim’ (1931 – 1944) », Zeithistorische Forschungen, Heft 2, 2015, p. 356-369, https://zeithistorische-forschungen.de/2-2015/id=5242 [consulté le 12 mai 2020]. Voir aussi : Julia Bertschik, « Propaganda für den gehobenen Geschmack. Wie die Nazis die Modeberichterstattung missbrauchten », Journalistik Journal, avril 2006, https://www.halem-verlag.de/propaganda-fur-den-gehobenen-geschmack/ [consulté le 12 mai 2020].
-
[6]
Kirsten Döhring, Renate Feldmann, Von « N.S. Frauen-Warte » bis « Victory »…, op. cit., p. 88-89.
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[7]
Ce numéro est consultable à la contemporaine (LC), 4 P 11304, mais aussi en ligne sur le site de la bibliothèque universitaire d’Heidelberg. Je remercie chaleureusement Maria Effinger et Bettina Müller d’avoir effectué à ma demande la numérisation de l’ensemble de l’année de parution 1935/1936.
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[8]
Sur le thème des publicités, nous nous permettons de renvoyer à notre mémoire de Master 1 : Estelle Goetgheluck, Die Werbung in der « NS-Frauen-Warte » 1941-1944 : Von der Unterstützung zur Instrumentalisierung des Krieges, Sorbonne-Université, Paris, 2015.
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[9]
Nous utilisons ici à dessein le singulier pour parler des femmes, suivant la terminologie retenue à l’époque dans la propagande.
-
[10]
Pour une référence en français, voir entre autres : Anna Maria Sigmund, Les Femmes du IIIe Reich, Paris, Jean-Claude Lattès, 2004.
-
[11]
Voir par exemple : Claudia Koonz, Les Mères-patrie du IIIe Reich, les femmes et le nazisme, Paris, Lieu commun, 1989 (1re éd. américaine 1986).
-
[12]
Voir par exemple Joachim Fest, Les Maîtres du IIIe Reich, Paris, Grasset, 2011, chapitre 10 : La femme et la mère allemandes, p. 515-540, en particulier p. 530 et suiv.
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[13]
Voir entre autres : Irene Gunther, Nazi Chic ? Fashioning Women in the Third Reich, Oxford / New York, Berg, 2004, p. 99.
-
[14]
Sur l’évolution des rôles endossés par les femmes suite à l’entrée en guerre, voir Nicole Kramer, Volksgenossinnen an der Heimatfront. Mobilisierung, Verhalten, Erinnerung, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2011.
-
[15]
Irene Gunther, Nazi Chic ?..., op. cit., p. 98.
-
[16]
Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 11, fin 1941, p. 12, https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/frauenwarte1941/0228.
-
[17]
Cette différence entre les femmes « lambda » et l’élite est une constante dans le rapport à l’habillement sous le nazisme. Malgré les prescriptions officielles, dans la pratique, les femmes jouissent d’une certaine liberté d’action lorsque leur statut et leurs moyens financiers le leur permettent – ainsi, on voit Leni Riefenstahl régulièrement en pantalon, Eva Braun même en bikini, les femmes de hauts responsables politiques dans des tenues très sophistiquées. Voir le compte-rendu de l’exposition sur l’habillement à l’époque nazie « Glanz oder Grauen ? » en 2013 à Ratingen : < https://www.welt.de/regionales/duesseldorf/article106159391/War-fuer-die-Nazis-eine-Hose-mehr-als-eine-Hose.html et la visite virtuelle du Musée de l’industrie de Oberhausen https://industriemuseum.lvr.de/de/ausstellungen/ausstellungsarchiv/glanz_und_grauen_1/glanz_und_grauen_.html#. [Consultés le le 7 juillet 2020].
-
[18]
Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 2, octobre 1943, p. 3, https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/frauenwarte1943/0017.
-
[19]
Nos résultats rejoignent ici ceux de Elke Frietsch, Kulturproblem Frau, op. cit., qui constate également que leurs représentations dans des revues nationales-socialistes ne réduisent pas les femmes à de simples « machines reproductives ».
-
[20]
Sur la politique d’« intégration » des femmes au régime, voir l’ouvrage de Sybille Steinbacher (dir.), Volksgenossinnen. Frauen in der NS-Volksgemeinschaft, Göttingen, Wallstein, 2007.
1Dans l’imaginaire collectif des pays occidentaux, la femme allemande est souvent représentée de la même manière : blonde, grande, le teint pâle et les yeux clairs. Ce type de représentations caricaturales ne manque pas de rappeler l’idéal racial aryen de l’Allemagne nationale-socialiste, et l’on peut se demander pourquoi c’est cette représentation-là qui est ancrée dans les esprits et si elle a effectivement été promue par la culture populaire et visuelle nationale-socialiste (fig. 1). Ce questionnement nous conduit vers une autre interrogation : existe-t-il une femme nazie typique et, si oui, à quoi ressemble-t-elle ? Nous nous interrogerons ici sur le concept de féminité nationale-socialiste en nous demandant s’il existe une représentation féminine typique encouragée par le régime et si cette représentation correspond aux idéaux de race et de genre du Parti. Pour tenter de répondre à cette question, nous allons étudier la représentation des femmes dans les cinquante-quatre derniers numéros de la revue pour femmes parue pour la première fois en 1932 Die NS-Frauen-Warte, c’est-à-dire au cours de ses quatre dernières années de parution dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale (1941-1945) [1].Les numéros choisis sont numérisés et disponibles en ligne [2] .
Une revue illustrée largement diffusée à destination d’un public féminin
2Die NS-Frauen-Warte, qui prétend représenter « le point de vue de la femme nationale-socialiste », est une revue illustrée qui paraît en Allemagne de 1932 à 1945. Elle est publiée par la NS-Frauenschaft (Ligue nationale-socialiste des femmes), l’organisation pour les femmes du NSDAP, le parti nazi, qui réunit des femmes convaincues, chargées de former le reste de la population féminine ; la NS-Frauenschaft fait elle-même partie d’une organisation plus large, le Deutsches Frauenwerk [3].
3Nous n’avons pas d’informations sur l’équipe rédactionnelle, le financement, la diffusion, la réception, le lectorat ou encore les ventes de la revue car, si elle est mentionnée comme référence dans certains ouvrages spécialisés sur la presse en Allemagne nazie, elle n’a fait l’objet que de peu de recherches universitaires [4] ; aucune monographie n’existe sur cet organe de presse. Néanmoins, il paraît plausible qu’elle ait été à la fois éditée pour les femmes de la NS-Frauenschaft, mais aussi pour un public féminin plus large, pas forcément acquis entièrement à la cause nationale-socialiste, auprès duquel il s’agissait de promouvoir l’idéal de la Volksgemeinschaft (communauté de peuple).
4La revue est commercialisée au prix modique de 30 pfennigs (à peine plus cher que les illustrés populaires contemporains tels que Berliner Illustrierte Zeitung ou Völkischer Beobachter [5]) et est publiée à grand tirage : celui-ci atteint 1,5 millions d’exemplaires en 1939 [6]. Son sous-titre proclame qu’elle est « la seule revue féminine officielle du Parti » (« die einzige parteiamtliche Frauenzeitschrift »), ce qui vise à assoir sa légitimité et laisse penser qu’elle a pour objectif de transmettre l’idéologie nationale-socialiste dans les domaines considérés comme féminins, mais aussi de proposer une sorte de « norme » pour définir la féminité nationale-socialiste.
5La revue paraît deux fois par mois et brasse un grand nombre de thématiques politiques, sociétales, quotidiennes, littéraires et artistiques, toujours en lien avec les domaines considérés comme féminins. Le numéro 15 de janvier 1936 [7], paru encore en temps de paix et représentatif du contenu courant de la revue, comporte par exemple un article sur l’entraide entre « camarades » (Volksgenossinnen), un autre sur la représentation de la femme « allemande » dans les arts, deux courtes nou- velles sur le thème de l’hiver (« Frau Elend » et « Schnee »), un résumé des actions de la NS-Frauenschaft durant l’année 1935, un épisode de roman-feuilleton, les résultats d’un concours de bricolage, des conseils pour les mères d’enfants en bas âge, une page botanique, une double page consacrée à la mode sur le thème du carnaval, suivie de trois autres pages de mode, une page de recettes, neuf pages de publicités et de petites annonces [8], et enfin un supplément de huit pages proposant des divertissements (lecture, jeux, devinettes), le tout agrémenté de poésies et d’illustrations dites « allemandes ». Cet exemple nous montre que la revue est conçue comme un accompagnement et un encadrement au quotidien, mais aussi comme un moyen de divertissement. Tous les domaines couramment considérés comme féminins (cuisine, mode, etc.) y sont représentés et instrumentalisés dans le sens de l’idéologie nationale-socialiste ; ainsi, la page « recettes » titre : « La femme allemande privilégie les produits allemands » (« Die deutsche Frau bevorzugt deutsche Erzeugnisse »), en l’espèce : épeautre vert, millet, chou, pommes de terres, rutabaga ou encore lard et harengs.
« Jeune fille de Forêt-Noire », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 20, juin 1942, p. 1.
« Jeune fille de Forêt-Noire », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 20, juin 1942, p. 1.
« Mères, vous portez la patrie », Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 9, mai (?) 1944, p. 1.
« Mères, vous portez la patrie », Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 9, mai (?) 1944, p. 1.
Les femmes et leur image dans Die NS-Frauen-Warte : uniformité ou diversité ?
L’idéal aryen
6Selon l’idéologie nationale-socialiste, « la femme » [9] doit occuper un rôle clairement défini et incarner des valeurs précises pour être une vraie « camarade du peuple » (Volksgenossin) et faire partie de la Volksgemeinschaft [10]. Au cœur de cette communauté reposant sur une unité raciale et politique, la femme a pour mission principale de perpétuer la race et d’en sauvegarder la soi-disant pureté [11]. Le fondement de ce modèle de société repose sur la différenciation biologique, puisque le rôle de la femme y est limité à sa fonction reproductrice et à tout ce qui s’en approche. Ainsi, cette dernière est la garante de la famille, du foyer mais aussi de l’éducation et de la transmission des valeurs et de la culture « allemandes » ; elle doit donc s’éloigner de tout ce qui pourrait, selon les nationaux-socialistes, entraver sa fonction de mère, comme par exemple l’emploi, les études et toutes les restrictions à la maternité telles que l’avortement.
7Physiquement, la « Volksgenossin » doit être saine (la pratique sportive est encouragée chez les jeunes filles) et la beauté doit apparaître sans artifices [12]. Ainsi, le teint hâlé est apprécié mais il doit être obtenu par la seule exposition au soleil, l’usage du rouge à lèvres ou de tout autre produit cosmétique est proscrit [13].
8Pour résumer, la femme détient un rôle fondamental dans la construction de la nouvelle société puisqu’elle engendre ses futurs représentants, ce qui en fait une actrice hautement politique, et cette mission doit s’incarner dans son comportement comme dans son image. Ce rôle est cependant cantonné aux domaines considérés comme féminins. Elle peut intégrer des groupes féminins caritatifs, être impliquée dans sa communauté proche, mais elle est globalement évincée du monde politique, du monde du travail et de l’espace public.
Les femmes dans Die NS-Frauen-Warte : conformité à l’idéal…
9Est-ce donc cette femme-là que nous retrouvons dans Die NS-Frauen-Warte ? Pour répondre à cette question, nous avons recensé dans une base de données les images des cinquante-quatre numéros étudiés, puis sélectionné notre corpus d’étude à partir des critères suivants : les images représentant une ou plusieurs femmes, celles évoquant une femme en ne représentant qu’une partie de son corps, ainsi que les premières de couverture en raison de leur caractère programmatique pour chaque numéro. Nous avons ensuite décrit les caractéristiques physiques des femmes représentées (longueur et couleur de cheveux, âge approximatif, posture active ou passive), puis nous avons associé chaque image à un ou plusieurs rôles-types selon ce qu’elle suggérait. Ces données nous ont permis d’établir des statistiques et de mettre en évidence des tendances sur toute la période ou d’année en année.
10Il ressort de notre étude que la femme la plus représentée dans Die NS-Frauen-Warte est jeune, aux cheveux mi-longs, aussi souvent blonde que brune, et présente en général une attitude passive. Les rôles-types qui lui sont le plus souvent attribués sont d’une part celui de la femme au foyer (192 occurrences, soit 17 % du corpus), d’autre part celui de la mère (fig. 2) (133 occurrences, soit 10 % du corpus). Sans grande surprise, les représentations attendues de la femme nationale-socialiste sont donc bien présentes dans la revue, et ces résultats confirment que Die NS-Frauen-Warte a effectivement diffusé l’idéal féminin que nous venons de présenter.
… et instrumentalisation de représentations plus diverses
11Toutefois, la conformité globale à l’idéal-type attendu doit être nuancée : dès lors que l’on étudie la répartition des représentations dans le temps, on remarque que celles-ci varient en fonction du contexte politique et économique et qu’il existe même une certaine diversité. À mesure que la guerre se prolonge, on dénombre par exemple de plus en plus de femmes « âgées » et de moins en moins de « mères », une figure pourtant sacralisée par le Parti ; de même, les femmes représentées adoptent de plus en plus une attitude active. En effet, il faut souligner ici que la troisième catégorie-type la plus présente n’est autre que celle de la « travailleuse ». Elle rassemble des femmes pratiquant ostensiblement une activité rémunérée, comme ouvrière, sténotypiste ou encore conductrice de tramway, ce qui va a priori à l’encontre des recommandations du Parti : il est certes fait appel en priorité aux femmes célibataires sans enfants et aux femmes ne devant plus s’occuper de leurs familles, mais les postes occupés alors sont pour beaucoup, et de plus en plus fréquemment, des postes laissés vacants par les hommes et qui n’auraient probablement jamais été attribués à des femmes en temps de paix [14].
12L’étude approfondie des images permet également de mettre en évidence l’existence de représentations marginales de femmes en activité, telles que les femmes dans le milieu militaire, les « scientifiques » ou « médecins », représentations surprenantes car elles empiètent sur les domaines supposés masculins et impliquent des études relativement longues, quasiment inaccessibles pour les femmes à cette époque. Ainsi, nous rencontrons la professeure Lotte Müller qui s’acquitte visiblement d’une tâche complexe et importante en laboratoire, comme en témoignent sa concentration et la prise de vue valorisante en contre-plongée (fig. 3). On voit aussi, et uniquement au cours de la dernière année de parution (et donc de guerre), des femmes en uniforme, apprenant à manier du matériel militaire en étroite collaboration avec les hommes qu’elles assistent, notamment en première ligne au sein de la Flakartillerie, l’unité antiaérienne (fig. 4). On retrouve ici, au-delà même de la proclamation de la guerre totale en 1943, un écho à l’appel lancé dans les derniers mois de guerre à toute la population civile, femmes, enfants et vieillards y compris, pour constituer des unités de défense aérienne.
« Professeur docteur Lotte Müller », Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 3, novembre 1943, p. 4.
« Professeur docteur Lotte Müller », Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 3, novembre 1943, p. 4.
« Les dirigeantes, bien formées et bien entraînées, sont des modèles et inspirent la motivation », Die NS-Frauen-Warte, vol. 13, n° 4, décembre 1944 ou janvier 1945, p. 2.
« Les dirigeantes, bien formées et bien entraînées, sont des modèles et inspirent la motivation », Die NS-Frauen-Warte, vol. 13, n° 4, décembre 1944 ou janvier 1945, p. 2.
« Une jeune Japonaise en tenue traditionnelle nationale, le kimono », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 17, avril 1942, p. 8.
« Le loisir du dimanche : se compter les poux l’une l’autre », Die NS-Frauen-Warte, vol. 11, n° 10, janvier 1943, p. 16.
« Le loisir du dimanche : se compter les poux l’une l’autre », Die NS-Frauen-Warte, vol. 11, n° 10, janvier 1943, p. 16.
13On remarque également la présence d’« étrangères » – qu’elles soient considérées comme des amies ou des ennemies du régime – ce qui permet à la lectrice de se situer entre modèles et contre-modèles. « La Japonaise » (fig. 5) ou « la Hollandaise » sont des cousines lointaines qui partagent les valeurs de « l’Allemande », elles font l’objet d’articles de société mettant l’accent sur le caractère pittoresque de leurs modes de vie, tout en soulignant leur respectabilité et leur proximité avec « l’Allemande ». D’autres étrangères évoquent plutôt la collaboration, l’entraide voire l’amitié entre les peuples, comme dans les articles consacrés aux rencontres entre représentantes des organisations féminines d’Allemagne, de Norvège, d’Italie, d’Espagne et du Japon, ou encore l’évocation de femmes issues des minorités germaniques des régions annexées (au pays de la Warta, anciennement polonais, par exemple) qu’il convient d’aider et même d’éduquer. A l’inverse, « l’Américaine », « l’Anglaise » ou « la Soviétique » (fig. 6) incarnent tout ce qu’il ne faut pas être. Elles sont raillées, méprisées, ridiculisées et leurs représentations sont des caricatures concentrant de nombreux préjugés. Néanmoins, elles sont bien présentes, et la manière de les figurer permet à la fois de valoriser les critères féminins nationaux-socialistes et de préciser ceux-ci en donnant à voir des critères à éviter.
14Sans revenir ici sur l’ensemble des vingt-cinq catégories définies dans notre étude, il convient de mentionner enfin la présence, certes marginale mais intéressante, des « endeuillées » (fig. 7). Ce type d’iconographie semble aller à l’encontre du discours et de la stratégie propagandistes mis en évidence jusqu’ici, puisqu’il montre une conséquence directe et douloureuse de la guerre, autrement dit une forme de défaite de l’armée allemande, pouvant a priori conduire à une démobilisation à l’arrière. Mais ces illustrations du deuil peuvent aussi, au contraire, être utilisées dans le but de renforcer la mobilisation des femmes, soit qu’elles permettent aux nombreuses lectrices faisant l’expérience de cette même souffrance de se sentir moins seules, soit qu’elles enjoignent les femmes à redoubler d’efforts pour mener l’Allemagne à la « victoire finale » afin que leurs proches ne soient pas morts en vain. Un tel portrait de femme en souffrance suscite des sentiments d’injustice, de colère, de tristesse et de compassion et rappelle le devoir de protéger la nation, l’urgence à mettre fin à ces souffrances ; elle renforce à la fois la position de l’Allemagne en guerre et la justification de cette guerre.
« Pour que vive l’Allemagne », Die NS-Frauen-Warte, vol. 11, n° 13, mars 1943, p. 2.
« Pour que vive l’Allemagne », Die NS-Frauen-Warte, vol. 11, n° 13, mars 1943, p. 2.
Rhétorique de la mode
Entre rêverie et pragmatisme
15Parallèlement à l’augmentation, avec le temps, de ces représentations inattendues a priori, mais dont l’évolution correspond bien à une adaptation à la réalité du conflit, on note l’amenuisement de ce qui reste tout de même l’une des rubriques les plus importantes de la revue : il s’agit de la rubrique « mode », dont les images forment 39 % du corpus à elles seules.
16Si on compte 182 représentations de mannequins en 1941- 1942, ce chiffre passe à 85 en 1943-1944 et à seulement 13 en 1944-1945. Cette rubrique donne à voir des femmes qui peuvent sembler éloignées de l’idéal féminin national-socialiste : des femmes intemporelles, ni mères, ni actives, qui sont parfois même maquillées, qui invitent à la coquetterie et éloignent a priori la lectrice des objectifs nationaux-socialistes. On peut alors imaginer que c’est le caractère initialement léger, divertissant et quelque peu déviant de ces pages mode qui serait la cause de leur baisse de fréquence. Mais force est de constater que, malgré cette disparition progressive, la rubrique est bien présente dans chaque numéro, à la seule exception du dernier de janvier 1945, et perdure donc dans le temps malgré les restrictions.
17Ce constat nous invite à interroger l’importance de cette rubrique au sein de la stratégie de propagande de la revue. Tout d’abord, l’abondance des images qui la composent permet de marteler l’apparence d’une « anständige Frau », d’une femme convenable, « allemande », digne de faire partie de la « Volksgemeinschaft ». La présence de cette rubrique se justifie donc par son aspect normatif : elle permet de montrer à quoi ressemble la « femme allemande », comment elle se vêt, ce qu’elle dégage ; cette rubrique contribue donc à nourrir les imaginaires et fixer la norme à laquelle se référer en faisant de ces mannequins de véritables modèles, malgré la persistance d’éléments contraires à l’idéal décrit plus haut. Le mannequin (fig. 8) prend certes la pose et porte du rouge à lèvres, mais il dégage droiture, assurance, élégance et respectabilité, des valeurs que doit sans aucun doute incarner la femme « allemande ».
« Tenues quotidiennes, comme elles nous plaisent », Die NS-Frauen-Warte, vol. 11, n° 10, janvier 1943, p. 10.
« Tenues quotidiennes, comme elles nous plaisent », Die NS-Frauen-Warte, vol. 11, n° 10, janvier 1943, p. 10.
« Une robe transformée cinq fois », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 20, juin 1942, p. 12.
« Une robe transformée cinq fois », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 20, juin 1942, p. 12.
18Malgré son apparente superficialité, la rubrique « mode » prend également tout son sens en temps de guerre précisément en raison de sa vocation initiale de divertissement. Lorsque les défaites s’enchaînent, que les pénuries s’aggravent et que l’inquiétude gagne, ces quelques pages créent l’illusion d’un monde normal dans lequel tout va bien, à l’instar des stratégies de propagande mises en place dans le domaine du cinéma. Elles permettent aux lectrices d’échapper à leur quotidien et de rêver quelques instants, ce qui peut avoir un effet favorable sur leur moral et leur « combativité » et fait d’elles des alliées pour la « victoire finale ».
19En parallèle à cette stratégie d’évasion, la rubrique est également mise au service de la guerre via des thématiques ancrées dans le quotidien de l’arrière. Elle devient une alliée des lectrices en proposant toutes sortes de conseils et d’astuces pour repriser des vêtements usés, actualiser des pièces démodées ou usées, économiser le tissu ou les points des cartes de rationnement, et ainsi donner l’illusion de pouvoir pallier les importantes pénuries de textile. Ce sont près de 21 % des articles de mode qui ne sont pas dédiés à l’esthétique de la mode mais à son côté pratique, comme le prouvent leurs titres qui comportent les mots « praktisch » (pratique), « sparsam » (économique), « vorhanden » (disponible) ou des dérivés. Ainsi, l’article « une robe transformée cinq fois » propose aux lectrices des instructions afin de modifier à l’envi une ancienne robe (fig. 9), et leur donne à la fois l’impression de disposer d’une garde-robe plus fournie, mais aussi d’être mieux armées pour affronter les difficultés quotidiennes.
20Le maintien de la rubrique mode jusqu’au début de 1945 et l’intégration d’éléments très concrets concernant la gestion de l’habillement féminin au quotidien montrent donc deux ressorts de la propagande à destination des femmes, davantage complémentaires que contradictoires ; il s’agit de divertir pour assurer le moral (et donc la mobilisation) du « front de l’arrière », et en même temps d’aider à surmonter les obstacles pratiques – entre déni de la réalité et confrontation assumée avec celle-ci.
21Ces observations nous permettent de constater la grande malléabilité des images. Quel que soit leur sujet, il est possible de les manipuler, de les réinterpréter pour qu’elles adhèrent au propos qui doit être transmis, quitte à opérer des retournements les plus grotesques. Le traitement du port du pantalon par les femmes dans Die NS-Frauen-Warte en est un bon exemple.
L’idéal à l’épreuve de la guerre : l’exemple du pantalon
22Nous l’avons vu, la femme doit incarner les valeurs nationales-socialistes à la fois dans ses actions et dans son apparence. Ainsi, dès les années 1920, certaines pratiques vestimentaires sont fortement décriées par les nazis qui les considèrent comme responsables de la prétendue dégradation morale de « l’Allemande », et les décrivent comme « masculinisantes », « judéifiées » ou « sous domination française » [15].
23Conformément à ces convictions, les femmes portant un pantalon, vêtement masculin s’il en est à cette époque, sont marginales dans l’ensemble du corpus, mais pourtant pas inexistantes. La première occurrence, dans la rubrique mode, est un vêtement de sport – plus exactement une combinaison de ski [16].Dans ce cas, c’est l’activité qui justifie le port du pantalon, mais cela reste peu représentatif puisque le ski n’est accessible qu’à une petite élite [17] – et peut-être encore plus difficilement accessible en temps de guerre. La seconde occurrence apparaît quelques mois plus tard dans la rubrique mode toujours, et elle est accompagnée d’un petit poème satirique qui se moque des femmes ayant adopté la mode masculine : « Autrefois très clairement nous distinguions / S’il s’agissait d’un homme ou d’une femme », commence l’auteur, un certain Ludwig Krafft, pour ensuite mettre en garde ces femmes contre les dérives d’une telle attitude (fig. 10). Le poème est accompagné d’une illustration censée être humoristique qui suggère que, même habillée en homme, la femme ne saurait se libérer de ses supposés instincts féminins. Le message est donc clair, une « Volksgenossin » ne peut porter le pantalon, même pour travailler, car ce n’est pas convenable.
24Pourtant, lorsque la situation s’aggrave à la fin de la guerre, le régime fait appel aux femmes, dans des milieux très divers. Afin d’encourager et de justifier cette mobilisation, Die NS-Frauen-Warte publie des reportages, photographies à l’appui, sur lesquelles apparaissent des femmes en pantalon. On y lit par exemple : « En l’absence de son mari, la paysanne prend le relais. Comme toute autre main d’œuvre masculine manque aussi à la ferme, elle doit s’acquitter de certaines tâches masculines. Elle attelle ici les chevaux à la charrette afin de se rendre seule en ville [18]. » On aperçoit également des ouvrières à l’usine ou des mécaniciennes en pantalon.
25L’interdit supposé est finalement complètement levé lorsqu’à l’été 1944, une photographie grand-format montrant des femmes en uniforme, vêtues de vestes et de pantalons, fait la Une de la revue (fig. 11). La question n’est plus de savoir ce qu’il est convenable de porter pour les femmes, mais jusqu’où celles-ci seront capables d’aller pour leur pays, et la réponse suggérée par la revue est qu’elles iront jusqu’à mettre entre parenthèses leur vie, leur mission initialement définie de génitrices, et leur féminité. Ainsi, le pantalon est passé de vêtement hostile à la féminité à un attribut normalisé, qui n’est certes pas décrété comme féminin, mais qui ne lui est plus tout à fait incompatible.
26Ce retournement de situation montre qu’aux moments les plus critiques, il est toujours possible de contourner, voire de renverser les idéaux pour les adapter à l’iconographie sélectionnée, et donc, de dire tout et son contraire en fonction des besoins de l’instant.
« Quand elle porte la culotte », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10 n° 20, juin 1942, p. 13.
« Quand elle porte la culotte », Die NS-Frauen-Warte, vol. 10 n° 20, juin 1942, p. 13.
Conclusion
27Si les représentations fidèles à l’idéologie nationale-socialiste sont bien présentes dans l’organe de propagande féminin Die NS-Frauen-Warte, elles n’épuisent pas les manières de représenter les femmes [19]. Les représentations empiriquement constatées dans cette revue témoignent d’une grande diversité. Mais, qu’elles s’éloignent de la ligne officielle du régime ou non, elles servent toujours la propagande.
28Ces résultats mettent en évidence une double logique d’instrumentalisation de la représentation féminine : d’une part, des images correspondant très fortement à un « idéal-type » servent à la propagation d’un modèle vers lequel tendre ; d’autre part, l’inclusion de variantes féminines s’éloignant de cet « idéal » et donnant l’impression générale d’une certaine diversité des représentations permet qu’un grand nombre de femmes puisse se sentir concerné, ceci visant sans doute à créer un contexte favorable à la réception des idéaux affichés. Cette double logique démontre bien que la rédaction oscille entre le désir de marquer la norme en se référant aux directives du régime, et l’impératif de composer avec la réalité et de montrer des femmes de tous âges, de tous environnements sociaux, aux expériences variées, afin de renforcer le sentiment d’inclusion des lectrices qui ne correspondent peut-être pas tout à fait aux critères biologiques et politiques des nationaux - socialistes [20].
« Des femmes allemandes défendent leur patrie en s’enrôlant comme auxiliaires de la Flakwaffen », Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 10, juin (?) 1944, p. 1.
« Des femmes allemandes défendent leur patrie en s’enrôlant comme auxiliaires de la Flakwaffen », Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 10, juin (?) 1944, p. 1.
29Cette oscillation entre idéal et pragmatisme touche à son paroxysme dans le contexte de la guerre puisqu’il faut justifier la mobilisation féminine dans de nombreux domaines qui leur sont alors a priori inaccessibles, car considérés comme masculins, et où leur présence défie l’idéal auquel on voulait les faire adhérer.
Mots-clés éditeurs : Presse illustrée, Genre, National-socialisme, Propagande
Date de mise en ligne : 09/11/2020
https://doi.org/10.3917/mate.135.0040Notes
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[1]
Nous nous plaçons ici dans la lignée des travaux majeurs de Rita Thalmann sur les femmes et le nazisme (voir notamment Rita Thalmann (dir.), Femmes et fascismes, Paris, Tierce, 1987), mais aussi des travaux plus récents de Elke Frietsch, voir notamment : Elke Frietsch, Kulturproblem Frau. Weiblichkeitsbilder in der Kunst des Nationalsozialismus, Cologne, Böhlau, 2006.
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[2]
Universität Heidelberg, Die NS-Frauen-Warte. Zeitschrift der NS-Frauenschaft, https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/frauenwarte [consulté le 15 mai 2020].
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[3]
À partir de 1936, seules les femmes faisant déjà fait partie d’une organisation nationale-socialiste peuvent prétendre intégrer la NS-Frauenschaft. Cf. Kathrin Kompisch, Täterinnen : Frauen im Nationalsozialismus, Cologne, Böhlau, 2008, p. 58-59.
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[4]
Leurs origines, approches et niveaux universitaires sont très divers. Par exemple, des travaux de licence ou master abordent des aspects particuliers : Lenka Kopecká, Das Bild der Frau in der NS-Zeitschrift « NS-Frauen-Warte », Mémoire de licence, université Palacky, Olomouc, 2015. https://theses.cz/id/xkfj76/BP_Kopecka_Lenka.pdf ; Miriam Zlobinski, Die « Volksgenossin » in der Modefotografie – publizierte Ideale 1937 bis 1939, Mémoire de master, université Humboldt, Berlin, 2014. Nous renvoyons également à notre mémoire de Master 2 : Estelle Goetgheluck, La représentation des femmes dans la ‘NS-Frauenwarte’ entre 1941 et 1944 : une propagande de mobilisation entre idéal et pragmatisme, Sorbonne-Université, septembre 2017. L’ouvrage de Kirsten Döhring, Renate Feldmann, Von « N.S. Frauen-Warte » bis « Victory » : Konstruktionen von Weiblichkeit in nationalsozialistischen und rechtsextremen Frauenzeitschriften, Berlin, Logos-Verlag, 2011, étudie un numéro de chaque année de parution.
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[5]
Par comparaison, la revue contemporaine Die Mode, destinée au public féminin d’une élite intellectuelle et à l’étranger, censée servir de vitrine à la modernité du national-socialisme et à sa prétendue hégémonie culturelle en Europe, coûtait 1,5 RM. Cf. Marion Wittfeld, « ‘Geschmackerziehend und stilbildend’. Modefotografie im Nationalsozialismus am Beispiel der Zeitschrift ’Mode und Heim’ (1931 – 1944) », Zeithistorische Forschungen, Heft 2, 2015, p. 356-369, https://zeithistorische-forschungen.de/2-2015/id=5242 [consulté le 12 mai 2020]. Voir aussi : Julia Bertschik, « Propaganda für den gehobenen Geschmack. Wie die Nazis die Modeberichterstattung missbrauchten », Journalistik Journal, avril 2006, https://www.halem-verlag.de/propaganda-fur-den-gehobenen-geschmack/ [consulté le 12 mai 2020].
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[6]
Kirsten Döhring, Renate Feldmann, Von « N.S. Frauen-Warte » bis « Victory »…, op. cit., p. 88-89.
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[7]
Ce numéro est consultable à la contemporaine (LC), 4 P 11304, mais aussi en ligne sur le site de la bibliothèque universitaire d’Heidelberg. Je remercie chaleureusement Maria Effinger et Bettina Müller d’avoir effectué à ma demande la numérisation de l’ensemble de l’année de parution 1935/1936.
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[8]
Sur le thème des publicités, nous nous permettons de renvoyer à notre mémoire de Master 1 : Estelle Goetgheluck, Die Werbung in der « NS-Frauen-Warte » 1941-1944 : Von der Unterstützung zur Instrumentalisierung des Krieges, Sorbonne-Université, Paris, 2015.
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[9]
Nous utilisons ici à dessein le singulier pour parler des femmes, suivant la terminologie retenue à l’époque dans la propagande.
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[10]
Pour une référence en français, voir entre autres : Anna Maria Sigmund, Les Femmes du IIIe Reich, Paris, Jean-Claude Lattès, 2004.
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[11]
Voir par exemple : Claudia Koonz, Les Mères-patrie du IIIe Reich, les femmes et le nazisme, Paris, Lieu commun, 1989 (1re éd. américaine 1986).
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[12]
Voir par exemple Joachim Fest, Les Maîtres du IIIe Reich, Paris, Grasset, 2011, chapitre 10 : La femme et la mère allemandes, p. 515-540, en particulier p. 530 et suiv.
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[13]
Voir entre autres : Irene Gunther, Nazi Chic ? Fashioning Women in the Third Reich, Oxford / New York, Berg, 2004, p. 99.
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[14]
Sur l’évolution des rôles endossés par les femmes suite à l’entrée en guerre, voir Nicole Kramer, Volksgenossinnen an der Heimatfront. Mobilisierung, Verhalten, Erinnerung, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2011.
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[15]
Irene Gunther, Nazi Chic ?..., op. cit., p. 98.
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[16]
Die NS-Frauen-Warte, vol. 10, n° 11, fin 1941, p. 12, https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/frauenwarte1941/0228.
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[17]
Cette différence entre les femmes « lambda » et l’élite est une constante dans le rapport à l’habillement sous le nazisme. Malgré les prescriptions officielles, dans la pratique, les femmes jouissent d’une certaine liberté d’action lorsque leur statut et leurs moyens financiers le leur permettent – ainsi, on voit Leni Riefenstahl régulièrement en pantalon, Eva Braun même en bikini, les femmes de hauts responsables politiques dans des tenues très sophistiquées. Voir le compte-rendu de l’exposition sur l’habillement à l’époque nazie « Glanz oder Grauen ? » en 2013 à Ratingen : < https://www.welt.de/regionales/duesseldorf/article106159391/War-fuer-die-Nazis-eine-Hose-mehr-als-eine-Hose.html et la visite virtuelle du Musée de l’industrie de Oberhausen https://industriemuseum.lvr.de/de/ausstellungen/ausstellungsarchiv/glanz_und_grauen_1/glanz_und_grauen_.html#. [Consultés le le 7 juillet 2020].
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[18]
Die NS-Frauen-Warte, vol. 12, n° 2, octobre 1943, p. 3, https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/frauenwarte1943/0017.
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[19]
Nos résultats rejoignent ici ceux de Elke Frietsch, Kulturproblem Frau, op. cit., qui constate également que leurs représentations dans des revues nationales-socialistes ne réduisent pas les femmes à de simples « machines reproductives ».
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[20]
Sur la politique d’« intégration » des femmes au régime, voir l’ouvrage de Sybille Steinbacher (dir.), Volksgenossinnen. Frauen in der NS-Volksgemeinschaft, Göttingen, Wallstein, 2007.