Notes
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[1]
Voir par exemple l’ouvrage que Diego Abad de Santillán a consacré à l’apôtre et martyr de la révolution mexicaine Ricardo Flores Magón : Ricardo Flores Magón, el apostol de la Revolución social mexicana, Mexico, Grupo cultural Ricardo Flores Magón, 1925 [réédité à Mexico par les éditions Antorcha en 1988
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[2]
Selon la définition du Littré, Dictionnaire de la langue française.
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[3]
Sur la dimension souvent méconnue de l’action de Ricardo Flores Magón, voir aussi Javier Torres Parés, La Revolución sin frontera, Mexico, Unam, Ediciones Hispánicas, 1990.
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[4]
Voir la thèse de Natalia Tikhonov, La quête du savoir : étudiantes de l’Empire russe dans les universités suisses (1864-1920), Université de Genève/EHESS, 2004. Voir aussi Claudie Weill, Étudiants russes en Allemagne 1900-1914. Quand la Russie frappait aux portes de l’Europe, Paris, L’Harmattan, 1996.
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[5]
Leurs biographies figurent dans les Dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier international, Autriche et Allemagne, série internationale du « Maitron ».
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[6]
Voir Robert Paris, Préface à J. C. Mariátegui, Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne, Paris, Maspero, 1969, pp. 7-30 et, surtout, La formación ideológica de José Carlos Mariátegui, Mexico, Siglo XXI, 1981.
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[7]
Voir Conférence des trois Internationales, tenue à Berlin les 2, 4 et 5 avril 1922, (Édition du Comité des Neuf), Bruxelles, Librairie du Peuple, 1922, p. 122.
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[8]
Voir Une vie révolutionnaire 1883-1940. Les mémoires de Charles Rappoport, texte établi et annoté par Harvey Goldberg et Georges Haupt, édition achevée et présentée par Marc Lagana, Paris, Éditions de la MSH, 1991.
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[9]
Angelica Balabanoff, Ma vie de rebelle, Paris, Balland, 1981, pp. 24-25.
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[10]
Voir Daniela Neumann, Studentinnen aus dem Russischen Reich in der Schweiz (1867-1914), Zurich, Verlag Hans Rohr, 1987.
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[11]
Voir Rosa Luxemburg, Lettres à Sophie 1916-1918, Paris, Berg International, 2003.
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[12]
Voir Antonio Gramsci, Lettres de prison, Paris, Gallimard, 1971.
-
[13]
Voir Ottokar Luban, « Fanny Thomas Jezierska (1887-1945) — Von Rosa Luxemburg zu Gramsci, Stalin und August Thalheimer — Stationen einer internationalen Sozialistin », in Jahrbuch für historische Kommunismusforschung, 2003.
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[14]
Voir Franco Andreucci, et Tomaso Detti, Il Movimento operaio italiano. Dizionario biografico, Rome, Editori riuniti, 1975 et sq., volume 3, pp. 6-20. Pour Angelica Balabanova, voir dans le volume 1 les pages 136-140. Fanny Jezierska ne figure pas dans ce dictionnaire biographique
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[15]
Lettres reproduites en annexe de l’ouvrage d’Elzbieta Ettinger, Rosa Luxemburg. Ein Leben, Bonn, Dietz, 1990, pp. 314-352.
-
[16]
Selon les expressions de Denys Cuche parlant de Flora Tristan : « Une étrangère au Pérou ou le Pérou de Flora Tristan : du rêve à la réalité », in Flora Tristan, Nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères, Paris, L’Harmattan, 1988, p. 21.
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[17]
Lettre du 4 mars 1899, reproduite dans Lettres à Léon Jogichès (réunies, annotées et préparées par Félix Tych, présentées et choisies pour l’édition française par Victor Fay), Paris, Denoël-Gonthier, 1971, volume I, pp. 273-274.
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[18]
Voir Georges Haupt, « Emigration et diffusion des idées socialistes : l’exemple d’Anna Kuliscioff », in Pluriel-débat, n° 14, 1978, p. 4, ainsi que du même auteur « Rôle de l’exil dans la diffusion de l’image de l’intelligentsia révolutionnaire », in Cahiers du Monde russe et soviétique, XIX (3), juillet-septembre 1978, pp. 239-249.
-
[19]
Bureau socialiste international. Comptesrendus des réunions, manifestes, circulaires, volume I, 1900-1907 (Documents réunis et présentés par Georges Haupt), Paris/La Haye, Mouton, 1969, 438 p.
-
[20]
Selon Jivka Damianova, qui rédige actuellement une biographie de Rakovski, celui-ci aurait proposé son mandat à Rosa Luxemburg qui en avait été privée au Congrès de Zurich de l’Internationale.
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[21]
Les autobiographies de Radek et de Rakovski figurent dans Georges Haupt & Jean-Jacques Marie, Les bolcheviks par eux-mêmes, Paris, Maspero, 1969, pp. 321-361.
-
[22]
Voir son autobiographie dans « Dejateli SSSR i Oktrjabskoj Revoljucii », in Enciklopeditch eskij slovar’ Russkogo biografi eskogo Instituta Granat, Moscou, 1927-1929, reprint complété en 1989.
-
[23]
Voir Marcello Segall, « En Amérique latine. Développement du mouvement ouvrier et proscription », in International Review of Social History, vol. XVII (1972), numéro spécial 1871, Jalons pour une histoire de la Commune de Paris, pp. 325-369.
-
[24]
Voir William J. Fishman, « Rudolf Rocker: Anarchist missionary », in History Today, XVI (1966), pp. 45-52 et, du même auteur, East End Jewish Radicals, 1875-1914, Londres, Duckworth, 1975. voir aussi la notice de Rocker dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier allemand, Jacques Droz (éd.), 1990.
-
[25]
Voir Robert Paris, « Biographies et « profils » du mouvement ouvrier : quelques réflexions autour d’un dictionnaire », in Babylone, n° 4 (1985), pp. 86-109, « [Le dictionnaire international]. L’Amérique latine », in Le Mouvement social, n° spécial « Avec Jean Maitron », octobre-décembre 1988, pp. 142-143, et « Les dictionnaires d’Amérique latine : entre mouvement ouvrier et classes subalternes », in Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 34, janvier-juin 1994, pp. 36-38.
-
[26]
Voir Georges Haupt, « Militants sociaux-démocrates allemands au Brésil (1893-1896) »,
-
[27]
Voir J. Godio, El Movimiento obrero venezolano, 1850-1944, Caracas, Ateneo de Caracas, 1980, p. 20, et Georges Haupt, La Deuxième Internationale, 1889-1914, Paris-La Haye, Mouton, 1964, p. 148.
-
[28]
Voir Robert Paris, « Un rapport sur Malatesta dans les archives de la police française », in La Trace, n° 4, octobre 1990, pp. 14-27.
-
[29]
Voir Carl Levy, « Malatesta in exile », in Annali della Fondazione Luigi Einaudi, 1981, pp. 245-280.
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[30]
Voir Gonzalo Zaragoza Ruvira, « Errico Malatesta y el Anarquismo argentino », in Historiografia y Bibliografia Americanistas, 1972, pp. 401-424.
-
[31]
Voir Claudie Weill, « Deutschsprachige und russische Sozialisten im Pariser Exil », in Anne Saint Sauveur-Henn (ed), Fluchtziel Paris. Die deutschsprachige Emigration 1933-1940, Berlin, Metropol Verlag, 2 002, pp. 129-136.
1Avant d’être institutionnalisées dans le Komintern, les « pérégrinations » des militants du socialisme international, inaugurées en quelque sorte par Flora Tristan, se sont conformées à deux modèles, celui des « pèlerins » et celui des « missionnaires », plus ou moins tributaires de la nature de la migration des personnes concernées — exil ou émigration —, et se sont inscrites dans un internationalisme de situation. Pour rester dans le registre religieux, utilisé par les militants eux-mêmes ou leurs biographes, si importante que puisse être aussi la figure de « l’apôtre » dans la mémoire et dans l’imaginaire libertaire [1], celle-ci n’interviendra pas dans cet article, l’évocation de « celui qui, par ses paroles ou ses exemples, propage une doctrine, une opinion [2] » faisant en effet primer sur sa dimension internationale l’exemplarité de la geste [3].
2Premier modèle retenu, celui des « pèlerins » regroupe à la fois, par exemple, les étudiants venus de l’Est au XIXe siècle pour s’inscrire dans les établissements d’enseignement supérieur d’Europe occidentale — nombre de femmes étudient ainsi en Suisse, premier pays européen à s’ouvrir à elles [4] — et les exilés politiques se situant dans le sillage des pères fondateurs, Karl Marx et Friedrich Engels, mais aussi Michel Bakounine, les deux catégories pouvant au demeurant se confondre. Le second est constitué par ces militants migrants voire immigrés, principalement vers le Nouveau monde, qui furent les vecteurs de diffusion des modèles européens du mouvement ouvrier, important avec eux des formes d’organisation et des théories héritées et transposées.
3Ces deux types n’existent évidemment pas à l’état pur. Dans la IIe Internationale, la Mecque du socialisme cesse ainsi d’être l’Angleterre pour se transférer en Allemagne, siège du parti hégémonique, la France, la Suisse, voire l’Italie conservant pour leur part leur rôle traditionnel de pays du refuge. La plupart des « pèlerins » en Allemagne viennent alors de l’Est européen, mais pas exclusivement : Anton Pannekoek, qui milite au sein de la gauche du SPD, est ainsi originaire des Pays-Bas. Dans cette constellation, les Autrichiens (tels que Rudolf Hilferding ou Adolf Braun [5]) occupent une place à part, compte tenu de la communauté de langue et de l’origine commune des mouvements ouvriers allemands du Reich et d’Autriche. Le cas du socialiste péruvien José Carlos Mariátegui est lui aussi spécifique : condamné à un semi-exil en Italie, il s’y marie et s’y initie au marxisme (« Je suis resté plus de deux ans en Italie où j’ai épousé une femme et quelques idées », confiera-t-il à un ami), transformant son séjour en pèlerinage, voire en Bildungsroman avant de « traduire » son expérience en « langage historique » péruvien [6]. Il l’est aussi en ce sens qu’après la révolution d’octobre, c’est surtout dans « la patrie du socialisme » que se rendent, plus ou moins volontairement, les militants des mouvements communistes, tandis qu’est également institutionnalisée la catégorie des missionnaires chargés d’imposer les consignes de Moscou à travers le monde, ces missi dominici tels que Jean Cremet à Shanghai, Louis Fraina, Sen Katayama, Bertram Wolfe et Borodine au Mexique (si l’on en croit le dictionnaire biographique de L. et V. Jeifets et P. Huber) ou, au Brésil, pour y préparer l’insurrection manquée de 1935, l’Argentin Rodolfo Ghioldi et, venus d’Allemagne, Olga Benario, Arthur et Elisabeth Ewert, ainsi que tant d’autres, urbi et orbi. À leur exclusion du corpus examiné ici, un motif évident : l’inévitable suspicion qui frappe l’internationalisme dès lors que celui-ci avoue avoir partie liée avec la diplomatie ou la politique d’un État (« Tout ce qui est nécessaire à la préservation du peuple russe est une loi pour le prolétariat international » affirmait Karl Radek dès 1 922 [7]). Nombreux sont toutefois ceux dont, dans cet article, il sera question et qui se situent à la charnière de cette institutionnalisation.
4Pour les « pèlerins », le séjour, éventuellement conçu comme provisoire, est parfois appelé à durer. Si Anton Pannekoek, certes, retourne aux Pays-Bas pour y poursuivre ses activités militantes et scientifiques, de même plus tard que son compatriote Herman Gorter, Alexander Parvus-Helphand, lui, s’installe durablement en Allemagne après ses études en Suisse, d’abord en Saxe d’où il est expulsé, puis à Munich où il se consacre toutefois davantage aux « affaires russes ». Charles Rappoport, en revanche, après avoir lui aussi séjourné et étudié en Suisse et en Allemagne, élit domicile en France où il se consacre à la diffusion du marxisme allemand dans le socialisme français [8].
5Une place particulière revient aux femmes, pour qui les pérégrinations sont aussi un parcours d’émancipation. « Devant moi, je voyais la réalisation de tous mes rêves d’adolescente : l’université, le savoir, la liberté, la possibilité de donner un sens à ma vie [...]. C’était la première fois que je voyageais seule, mais je me sentais plus à l’aise dans ce train bondé que je ne l’avais jamais été dans ma propre famille », se souvient Angelica Balabanova décrivant le voyage qui la conduit à Bruxelles [9]. Comme Anna Kuliscioff vingt ans auparavant, et comme Angelica Balabanova quelques années plus tard, Rosa Luxemburg est issue de ce vivier constitué par les étudiantes et exilées de l’empire russe à l’étranger [10]. Est-ce un hasard si l’une des premières féministes italiennes, Alessandrina Ravizza, arrivée en Italie à l’âge de 18 ans est aussi d’origine russe ? Compagne de l’anarchiste Andrea Costa, puis du dirigeant réformiste du Parti socialiste italien Filippo Turati, Anna Kuliscioff peut être classée parmi les épouses « russes » des dirigeants ou des grandes figures anarchistes, socialistes ou communistes, tout comme Olympia Kutusof (épouse de Carlo Cafiero, qui, selon Kropotkine, serait devenu fou après être tombé amoureux d’Anna Kuliscioff), Sophie Ryss (la seconde femme de Karl Liebknecht, à qui Rosa Luxemburg adresse ses plus belles « Lettres de prison » [11]), Ekaterina Germanichkaïa, que Friedrich Adler a connue et épousée en Suisse, Rosa Schlain, dont le second mari fut le dirigeant du Parti socialiste suisse Robert Grimm, Alma Lex, épouse du communiste italien Umberto Terracini, ou bien encore Giulia Schucht, la femme d’Antonio Gramsci, retournée en Russie en 1926, si bien que celui-ci correspond surtout de prison avec sa bellesœur Tatiana, restée elle en Italie [12]. Enfin, si les « fonctionnaires » ou permanentes furent surtout nombreuses au sein de la Troisième Internationale, Angelica Balabanova fut tout de même déléguée de l’Italie au Bureau socialiste international et secrétaire du mouvement de Zimmerwald avant d’être celle du Comité exécutif du Komintern. On pourrait citer aussi Fanny Jezierska, dont l’itinéraire est moins connu : secrétaire du groupe socialiste révolutionnaire russe de Berlin en 1909-1910, proche de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg pendant la guerre, membre du Parti communiste allemand et du Parti communiste polonais, chargée à Berlin du secrétariat du Komintern pour l’Europe occidentale en 1919-1920, responsable de l’Italie en 1922-1924, elle occupe ensuite de 1925 à 1929 le poste qui avait été celui d’Angelica Balabanova au Comité exécutif avant de rompre avec le Komintern et d’émigrer en France [13].
6À des degrés divers, Anna Kuliscioff, Rosa Luxemburg et Angelica Balabanova s’inscrivent, elles aussi, dans cet « internationalisme institutionnel », voire institutionnalisé. Alors que leurs destinées ne cessent de se croiser, cette dernière ne mentionne curieusement pas dans ses Mémoires la première, son adversaire réformiste au sein du PSI, mais qui milite comme elle pour le suffrage des femmes, ni Fanny Jezierska, qui, on l’a vu, lui succède auprès du mouvement ouvrier italien et au Komintern, alors que, faisant le récit de son séjour en Allemagne au tournant du siècle, elle présente Rosa Luxemburg comme une « ancienne », une militante aguerrie.
7Anna Rozenstein — le nom de Kuliscioff est un pseudonyme — arrive en 1871 à Zurich, où elle est l’une des premières femmes inscrites à l’Institut polytechnique. Rentrée en Russie en 1873, elle retourne en Suisse en 1877, puis rejoint Andrea Costa à Paris d’où elle est expulsée en 1878. À nouveau réfugiée en Suisse, ses incursions militantes en Italie se traduisent par des arrestations, des incarcérations et des expulsions. De 1881 à 1884, elle reprend ses études, de médecine cette fois, à Zurich et à Berne. De retour en Italie, devenue la compagne de Turati, elle cherche à les achever, mais est pourchassée d’une université à l’autre, de Pavie à Turin, Milan, puis Padoue. À partir de 1888, elle se consacre à nouveau à son activité militante et contribue en 1892 avec Turati à organiser le congrès de fondation du parti socialiste italien [14].
8Pour Rosa Luxemburg, les pérégrinations dont l’aboutissement est Berlin passent aussi par Zurich, où elle fait ses études d’économie politique, ainsi que par Paris, où elle rédige l’organe de la SDKP, son parti, Sprawa Robotnicza. Le projet d’émancipation se lit en creux, dans les lettres que lui adressent ses parents [15] et qui renvoient l’image d’un cocon familial, appartenant au judaïsme émancipé d’Europe centrale et correspondant peu ou prou à ce qu’à la même époque, en Occident, on qualifiait d’israélite, dans une acception plus religieuse que nationale du judaïsme (le père d’Anna Kuliscioff, en revanche, s’était converti à l’orthodoxie).
9Ces itinéraires de rupture débouchent-ils sur « une position marginale, à la frontière de plusieurs traditions culturelles » qui leur donnent « un formidable sens de l’adaptation » [16] ? Au début des années 1890, Anna Kuliscioff et Rosa Luxemburg contribuent toutes deux à l’émergence de leurs partis, la première en tant qu’organisatrice du congrès constitutif du PSI, la seconde au sein de la social-démocratie polonaise, la SDKP, dont elle restera l’une des dirigeantes aux côtés de son compagnon, Leo Jogiches, même après avoir transféré le champ principal de son activité à Berlin, berceau du « parti-guide », où son intégration est rapide (« Pauvre parti, si une gâcheuse et une ignorante comme moi peut y jouer un rôle », écrit-elle en mars 1899 à Leo Jogiches [17]) et où, à la veille de sa mort, elle figurera parmi les fondateurs du Parti communiste allemand. Hostiles toutes deux au « parti de cadres », elles fondent leurs espoirs sur le mouvement des masses, dans une perspective réformiste pour Anna Kuliscioff, révolutionnaire pour Rosa Luxemburg. Cette option fondamentale fournit la clé pour comprendre leurs critiques de la révolution russe et de l’exercice du pouvoir bolchevik.
10Expertes en « affaires russes », qui en Allemagne, qui en Italie — Anna Kuliscioff, ayant adhéré au Groupe Libération du Travail (Gruppa osvoboj denie truda), assume la rubrique « Dalla Russia » dans Critica sociale —, elles s’affirment en effet comme les représentantes d’un internationalisme vécu et pratiqué. Si c’est dans la mouvance jurassienne qu’Anna Kuliscioff contribue à créer en 1878 une fédération de l’AIT à Paris, elle intervient aussi dans les premiers congrès de la IIe Internationale, à Bruxelles en 1891 puis à Zurich en 1893, où en raison du rôle qu’elle joue dans le socialisme italien elle suscite l’affectueuse approbation de son amie Vera Zasulitch [18]. Après s’être vu refuser l’accès au congrès de Zurich, Rosa Luxemburg fait pour sa part une intervention remarquée, et diversement reçue, sur la question polonaise à celui de Londres en 1896. Dès lors, elle ne se contentera pas d’assister à tous les congrès internationaux, elle prendra aussi en 1904 la relève de Cezaryna Wojnarowska en tant que représentante de la SDKPiL au Bureau socialiste international et y fera entendre sa voix [19].
11La prise de position d’Anna Kuliscioff en faveur de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Entente soulève cependant des interrogations : motivée par son hostilité aux empires centraux qu’elle juge trop peu démocratiques, elle fait l’impasse sur la présence de la Russie autocratique dans le camp des démocraties occidentales que sont l’Angleterre et la France. En revanche, l’opposition à la guerre, bien avant son déclenchement et pendant toute sa durée, se situe chez Rosa Luxemburg dans le cadre de son engagement internationaliste et de sa dénonciation du nationalisme.
12Comme Angelica Balabanova et Fanny Jezierska, Christian Rakovski et Karl Radek (Sobelsohn), voire Michel Pavlovitch-Volonter (Vel’tman), se situent aussi à la charnière de l’internationalisme de situation et de l’internationalisme institutionnalisé, en ce sens qu’après la révolution d’octobre ils (re)transférent leur champ d’activité en Russie soviétique. Deux d’entre eux, Rakovski et Radek, ont connu Rosa Luxemburg, le premier dans les cercles étudiants révolutionnaires en Suisse — Bebel appelait d’ailleurs Rosa Luxemburg « mon cher Rakovski » dans leur correspondance [20] —, le second pour avoir appartenu à la SDKPiL. Originaire de Galicie orientale, c’est-à-dire citoyen autrichien, Karl Radek rejoint ce parti en exil, en Suisse puis à Berlin, avant de participer à la révolution de 1905 en Pologne russe. Partisan, tout comme un autre futur transfuge vers le bolchevisme, Jakob Hanecki-Fürstenberg, du Comité de Varsovie, soutenu par Lénine, qui avait fait scission d’avec le Comité directeur de la SDKPiL, il rejoint ensuite, comme Pannekoek, la gauche radicale du SPD, à Göppingen puis en Allemagne du nord (Brême et Hambourg)... Christian Rakovski, lui, « une des figures les plus internationales du mouvement socialiste européen » — selon son ami Trotsky, auquel il resta fidèle pratiquement jusqu’à sa mort (il fut l’un des accusés du troisième procès de Moscou et condamné à la détention) —, que Georges Haupt décrit comme un « Bulgare de naissance, Roumain de nationalité, Français d’éducation, Russe par ses relations, ses sympathies et sa culture [21] », déploie d’abord son activité dans le mouvement étudiant socialiste international, dont il organise en 1893 le deuxième congrès à Genève (où il étudiait alors, avant de poursuivre ses études à Berlin puis à Montpellier). Mais il est aussi la même année le délégué de la Bulgarie au congrès de Zurich de l’Internationale, faisant une entrée durable dans le mouvement ouvrier international : il devient ainsi délégué de la Bulgarie au BSI. S’il exerce brièvement la médecine (comme, plus durablement, Anna Kuliscioff) en France et songe même à devenir citoyen français, son champ d’activité principal d’avant la révolution russe reste les Balkans : il réorganise le parti roumain, est partisan des « étroits » bulgares, plus radicaux, après la scission de 1903, et est, à la veille de la Grande Guerre et pendant son déroulement, l’un des promoteurs du projet de Fédération socialiste des Balkans.
13L’internationalisme de Radek, Rakovski et Pavlovitch n’est toutefois pas cantonné à l’Europe. La « question d’Orient » les rapproche, mais tandis que Rakovski concentre son attention sur le Proche-Orient et, précocement, sur la question arménienne, l’Orient de Radek et de Pavlovitch est beaucoup plus lointain. La guerre des Boers déclenche chez ce dernier une réflexion géopolitique qui le conduit à une analyse originale de l’impérialisme. Pendant son exil, il séjourne essentiellement à Paris où il noue des liens avec les socialistes français, en particulier Jean Longuet, et fréquente de nombreux révolutionnaires orientaux, Jeunes Turcs, Persans, Indiens et Chinois [22]. C’est cette expérience qui est mise à contribution lorsqu’il participe, de même que Radek, au congrès des peuples d’Orient à Bakou en 1920. L’intervention de ce dernier dans les affaires orientales est cependant plus stratégique : ainsi déconseille-t-il, en 1926, d’appliquer au mouvement chinois la tactique du front unique qu’il avait autrefois préconisée pour l’Allemagne.
14Natif d’Odessa, Pavlovitch a incontestablement été marqué par l’atmosphère cosmopolite de cette métropole portuaire, mais aussi par la combativité révolutionnaire traditionnelle des marins. Tandis que Rakovski était entré en contact avec ceux du Potemkine en 1907 à Constanza, Pavlovitch a participé à Marseille au mouvement des marins russes à la veille de la Première guerre mondiale. Après la révolution d’octobre et la création du Komintern, cet internationalisme s’institutionnalise et les « pèlerins » deviennent des « missionnaires ». Sa délégation avec Rakovski — inaboutie — au congrès des Conseils en décembre 1918 à Berlin, sa participation clandestine au congrès de fondation du Parti communiste allemand fin décembre-début janvier, son rôle d’ambassadeur officieux des soviets pendant son incarcération à Berlin en 1919 (où il eut aussi des contacts avec Enver Pacha), son rôle de premier plan dans les négociations entre les trois Internationales en 1922, voire dans la tentative d’insurrection en Allemagne en 1923, font ainsi basculer Radek du côté de la diplomatie soviétique ou du Komintern, même si l’on peut considérer qu’il s’agit de la poursuite d’une activité internationale par d’autres moyens. Ayant présidé aux destinées de l’Ukraine soviétique, Rakovski deviendra même officiellement diplomate, en tant que plénipotentiaire de l’URSS à Londres puis à Paris. Mais ce n’est qu’après son ralliement tardif à Staline, en 1934, qu’il fut envoyé en Extrême-Orient, au Japon, en mission de la Croix-Rouge.
15* * *
16Les exilés et, plus encore les proscrits, ne s’inscrivent pas uniquement dans la catégorie des pèlerins. La biographie, la pratique ou l’expérience de nombre d’entre eux les situent incontestablement dans le champ de l’internationalisme, du côté des missionnaires mandatés ou non par une organisation, mais sur qui ne pèse par une hypothèque étatique et dont la figure est assurément moins contestable que celle des missi dominici du Komintern. C’est, par exemple, le napolitain Giuseppe Fanelli qui, ne s’autorisant apparemment que de lui-même, fonde à Barcelone en 1868 la première section espagnole de l’AIT, ou bien encore le mystérieux « Juánez », communard réfugié à Montevideo, envoyé en mission à Buenos Aires par l’Alliance bakouniniste — en qui Marcelo Segall a cru pouvoir identifier le journaliste belge et correspondant d’Élisée Reclus, Victor Buurmans, ou l‘Allianciste français Gobley [23].
17Ces différentes catégories de « missionnaires » semblent jouir d’une notoriété moindre que les « pèlerins ». En font partie, néanmoins, des personnages d’exception tels que Rudolf Rocker, social-démocrate allemand puis anarcho-syndicaliste, compagnon de Shapiro et de Malatesta, qui milite à Londres parmi les ouvriers juifs immigrés de l’East End et, pour ce faire, apprend le yiddish. Rentré en Allemagne à la fin de la grande guerre, il y fonde en 1923 l’AIT, s’enfuit lors de la prise du pouvoir par les nazis et, exilé aux États-Unis (où il mourra), poursuit ensuite inlassablement son œuvre de propagandiste et de militant, jouissant d’un rayonnement considérable en Amérique latine et plus particulièrement en Argentine [24]. Lorsqu’on procède à une expérience concrète, à savoir la rédaction de dictionnaires biographiques de mouvements ouvriers nationaux, ces militants figurent nécessairement dans différents volumes et soulèvent, dans le cas par exemple d’un Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier d’Amérique latine d’épineux problèmes de classement dans les diverses sections « nationales », pour ce qui concerne notamment l’Argentine, le Brésil ou l’Uruguay [25]. Le long exil en Amérique du Sud — de 1898 à 1902 — de l’anarchiste italien Pietro Gori a ainsi surtout pour cadre l’Argentine, où ce disciple de Lombroso fonde une revue de criminologie, Criminologia Moderna, enseigne sa discipline dans plusieurs universités, effectue des missions scientifiques en Patagonie, en Terre de Feu et, surtout, contribue en 1901 à la fondation de la Federación Obrera Regional Argentina (FORA). Mais le même Gori donne aussi des conférences en Uruguay, au Paraguay et au Chili, et figure ainsi dans les Dictionnaires de ces pays. Exemple assez simple, au demeurant, au regard de certains itinéraires de militants, généralement des anarchistes, qui parcourent plusieurs pays. Expulsé de France en 1898 et en 1901, Oreste Ristori, autre libertaire italien, ne s’en retrouve ainsi pas moins de nouveau à Marseille en 1902, d’où il s’embarque pour l’Argentine. Arrivé à Buenos Aires, il se signale par sa participation aux meetings de la grève générale de 1902 et est aussitôt expulsé. Il séjourne un temps à Montevideo avant de s’établir à São Paulo, où il crée en 1904 un hebdomadaire, La Battaglia, qui paraîtra assez régulièrement jusqu’en 1914. Toujours sur les routes, il intervient dans les États de São Paulo, Rio de Janeiro et Minas Gérais, menant une propagande inlassable et organisant les travailleurs italiens immigrés. En 1918, il est de retour à Buenos Aires où il lance un hebdomadaire anticlérical, El Burro, qui disparaîtra en 1930 lorsque, vraisemblablement à la suite du coup d’État du général Uriburu, il revient au Brésil, d’où il sera finalement expulsé vers l’Italie de Mussolini en 1936...
18Cette mobilité — on pourrait parler de volatilité — ne concerne pas seulement les libertaires. En témoigne aussi l’itinéraire d’un social-démocrate comme José Winiger. « Lettré suisse », ainsi que le présente un de ses compagnons (il était Suisse alémanique), José Winiger appartient au « Club Vorwärts » de Buenos Aires et est le principal rédacteur de l’hebdomadaire Vorwärts, « organe des intérêts du peuple travailleur », que cette association publie dès 1886. Membre de la commission qui, suite au Congrès de Paris de 1889, prépare la célébration du 1er mai 1890 à Buenos Aires, il en rédige le manifeste, préside le Comité international ouvrier chargé d’organiser la manifestation et prononce, le 1er mai 1890, le discours d’ouverture de la cérémonie. On le retrouve peu après au Brésil où il milite dans les rangs de l‘ Allgemeiner Arbeiterverein de São Paulo et participe au Congrès ouvrier de Rio de Janeiro en 1892. Membre de la Commission exécutive du Parti ouvrier du Brésil, il rédige et contresigne un rapport qui sera adressé au Congrès de Zurich de la IIe Internationale (1893) [26]. Dans le même registre, on pourrait citer encore l’initiative d’un groupe de sociaux-démocrates allemands établis ou de passage au Venezuela (il s’agissait apparemment de techniciens ou d’ingénieurs) : courant 1893 ils se réunissent dans un café de Caracas, constituent un embryon de Parti socialiste, rédigent dix contributions et décident d’envoyer « le camarade Franz Schleese » également au Congrès de Zurich [27].
19Faisant pendant à la figure de « l’enfermé », pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Gustave Geffroy, resurgit ainsi celle de « l’exilé », au carrefour de plusieurs problématiques. Si Errico Malatesta, par exemple [28], vit effectivement de longs exils en Angleterre (en 1881-1882 et 1889-1897, entre 1900-1913, puis 1914-1919) [29], aux États-Unis (1899-1900) et en Argentine (1885-1889) [30], ses interventions dans les mouvements ouvriers locaux — en Argentine notamment, où il organise un Cercle d’études sociales, lance des journaux (La Questione Sociale de Buenos Aires et El Obrero Panadero) et inspire la fondation du premier syndicat argentin, la Société de résistance des boulangers — nous renvoient à une autre problématique : celle de la présence de colonies italiennes dans les pays d’accueil, qui fonctionnent comme autant de relais ou de caisses de résonance ; autrement dit, on retrouve là la problématique de l’articulation privilégiée que constitue, entre histoire ouvrière et histoire sociale, l’émigration économique.
20Dans la diffusion du socialisme, dans l’importation des modèles européens du mouvement ouvrier, la rencontre des « missionnaires » — qui comme les « pèlerins » sont souvent des exilés, et surtout des « lettrés » — avec les immigrés du travail de même origine qu’eux joue un rôle incontestable. Ces transferts sont toutefois soumis à un nécessaire processus d’adaptation à des conditions politiques, économiques et sociales différentes de celles du pays de départ, de même que peut s’opérer un rapprochement entre les groupes immigrés nationaux, tous phénomènes qui exigent une traduction de l’expérience. Les modèles importés subsistent-ils durablement ou convergent-ils pour donner naissance à de nouvelles organisations qui résulteraient de la nationalisation des classes ouvrières ? Les réponses à ces questions, qui impliquent un examen de l’internationalisme de situation dans son évolution, ne sauraient être univoques.
21Sous une autre forme, les « pèlerins » servent eux aussi de révélateurs aux limites de l’internationalisme : s’ils ne sont pas toujours ostracisés voire liquidés comme nombre d’entre eux l’ont été en URSS, leur intégration, en dépit des affirmations initiales de Rosa Luxemburg, est rarement complète, et sans être pour autant marginalisés, ils servent au mieux de liens entre les mouvements ouvriers de leur pays de départ et du pays d’accueil. En témoigne le rôle qu’ont pu jouer les mencheviks exilés, Oreste Rosenberg en France, ou Georg Decker-Denike et Alexander Schifrin notamment dans le SPD [31], acteurs d’un internationalisme frontalier.
22R. P. & C. W.
Notes
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[1]
Voir par exemple l’ouvrage que Diego Abad de Santillán a consacré à l’apôtre et martyr de la révolution mexicaine Ricardo Flores Magón : Ricardo Flores Magón, el apostol de la Revolución social mexicana, Mexico, Grupo cultural Ricardo Flores Magón, 1925 [réédité à Mexico par les éditions Antorcha en 1988
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[2]
Selon la définition du Littré, Dictionnaire de la langue française.
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[3]
Sur la dimension souvent méconnue de l’action de Ricardo Flores Magón, voir aussi Javier Torres Parés, La Revolución sin frontera, Mexico, Unam, Ediciones Hispánicas, 1990.
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[4]
Voir la thèse de Natalia Tikhonov, La quête du savoir : étudiantes de l’Empire russe dans les universités suisses (1864-1920), Université de Genève/EHESS, 2004. Voir aussi Claudie Weill, Étudiants russes en Allemagne 1900-1914. Quand la Russie frappait aux portes de l’Europe, Paris, L’Harmattan, 1996.
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[5]
Leurs biographies figurent dans les Dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier international, Autriche et Allemagne, série internationale du « Maitron ».
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[6]
Voir Robert Paris, Préface à J. C. Mariátegui, Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne, Paris, Maspero, 1969, pp. 7-30 et, surtout, La formación ideológica de José Carlos Mariátegui, Mexico, Siglo XXI, 1981.
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[7]
Voir Conférence des trois Internationales, tenue à Berlin les 2, 4 et 5 avril 1922, (Édition du Comité des Neuf), Bruxelles, Librairie du Peuple, 1922, p. 122.
-
[8]
Voir Une vie révolutionnaire 1883-1940. Les mémoires de Charles Rappoport, texte établi et annoté par Harvey Goldberg et Georges Haupt, édition achevée et présentée par Marc Lagana, Paris, Éditions de la MSH, 1991.
-
[9]
Angelica Balabanoff, Ma vie de rebelle, Paris, Balland, 1981, pp. 24-25.
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[10]
Voir Daniela Neumann, Studentinnen aus dem Russischen Reich in der Schweiz (1867-1914), Zurich, Verlag Hans Rohr, 1987.
-
[11]
Voir Rosa Luxemburg, Lettres à Sophie 1916-1918, Paris, Berg International, 2003.
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[12]
Voir Antonio Gramsci, Lettres de prison, Paris, Gallimard, 1971.
-
[13]
Voir Ottokar Luban, « Fanny Thomas Jezierska (1887-1945) — Von Rosa Luxemburg zu Gramsci, Stalin und August Thalheimer — Stationen einer internationalen Sozialistin », in Jahrbuch für historische Kommunismusforschung, 2003.
-
[14]
Voir Franco Andreucci, et Tomaso Detti, Il Movimento operaio italiano. Dizionario biografico, Rome, Editori riuniti, 1975 et sq., volume 3, pp. 6-20. Pour Angelica Balabanova, voir dans le volume 1 les pages 136-140. Fanny Jezierska ne figure pas dans ce dictionnaire biographique
-
[15]
Lettres reproduites en annexe de l’ouvrage d’Elzbieta Ettinger, Rosa Luxemburg. Ein Leben, Bonn, Dietz, 1990, pp. 314-352.
-
[16]
Selon les expressions de Denys Cuche parlant de Flora Tristan : « Une étrangère au Pérou ou le Pérou de Flora Tristan : du rêve à la réalité », in Flora Tristan, Nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères, Paris, L’Harmattan, 1988, p. 21.
-
[17]
Lettre du 4 mars 1899, reproduite dans Lettres à Léon Jogichès (réunies, annotées et préparées par Félix Tych, présentées et choisies pour l’édition française par Victor Fay), Paris, Denoël-Gonthier, 1971, volume I, pp. 273-274.
-
[18]
Voir Georges Haupt, « Emigration et diffusion des idées socialistes : l’exemple d’Anna Kuliscioff », in Pluriel-débat, n° 14, 1978, p. 4, ainsi que du même auteur « Rôle de l’exil dans la diffusion de l’image de l’intelligentsia révolutionnaire », in Cahiers du Monde russe et soviétique, XIX (3), juillet-septembre 1978, pp. 239-249.
-
[19]
Bureau socialiste international. Comptesrendus des réunions, manifestes, circulaires, volume I, 1900-1907 (Documents réunis et présentés par Georges Haupt), Paris/La Haye, Mouton, 1969, 438 p.
-
[20]
Selon Jivka Damianova, qui rédige actuellement une biographie de Rakovski, celui-ci aurait proposé son mandat à Rosa Luxemburg qui en avait été privée au Congrès de Zurich de l’Internationale.
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[21]
Les autobiographies de Radek et de Rakovski figurent dans Georges Haupt & Jean-Jacques Marie, Les bolcheviks par eux-mêmes, Paris, Maspero, 1969, pp. 321-361.
-
[22]
Voir son autobiographie dans « Dejateli SSSR i Oktrjabskoj Revoljucii », in Enciklopeditch eskij slovar’ Russkogo biografi eskogo Instituta Granat, Moscou, 1927-1929, reprint complété en 1989.
-
[23]
Voir Marcello Segall, « En Amérique latine. Développement du mouvement ouvrier et proscription », in International Review of Social History, vol. XVII (1972), numéro spécial 1871, Jalons pour une histoire de la Commune de Paris, pp. 325-369.
-
[24]
Voir William J. Fishman, « Rudolf Rocker: Anarchist missionary », in History Today, XVI (1966), pp. 45-52 et, du même auteur, East End Jewish Radicals, 1875-1914, Londres, Duckworth, 1975. voir aussi la notice de Rocker dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier allemand, Jacques Droz (éd.), 1990.
-
[25]
Voir Robert Paris, « Biographies et « profils » du mouvement ouvrier : quelques réflexions autour d’un dictionnaire », in Babylone, n° 4 (1985), pp. 86-109, « [Le dictionnaire international]. L’Amérique latine », in Le Mouvement social, n° spécial « Avec Jean Maitron », octobre-décembre 1988, pp. 142-143, et « Les dictionnaires d’Amérique latine : entre mouvement ouvrier et classes subalternes », in Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 34, janvier-juin 1994, pp. 36-38.
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[26]
Voir Georges Haupt, « Militants sociaux-démocrates allemands au Brésil (1893-1896) »,
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[27]
Voir J. Godio, El Movimiento obrero venezolano, 1850-1944, Caracas, Ateneo de Caracas, 1980, p. 20, et Georges Haupt, La Deuxième Internationale, 1889-1914, Paris-La Haye, Mouton, 1964, p. 148.
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[28]
Voir Robert Paris, « Un rapport sur Malatesta dans les archives de la police française », in La Trace, n° 4, octobre 1990, pp. 14-27.
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[29]
Voir Carl Levy, « Malatesta in exile », in Annali della Fondazione Luigi Einaudi, 1981, pp. 245-280.
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[30]
Voir Gonzalo Zaragoza Ruvira, « Errico Malatesta y el Anarquismo argentino », in Historiografia y Bibliografia Americanistas, 1972, pp. 401-424.
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[31]
Voir Claudie Weill, « Deutschsprachige und russische Sozialisten im Pariser Exil », in Anne Saint Sauveur-Henn (ed), Fluchtziel Paris. Die deutschsprachige Emigration 1933-1940, Berlin, Metropol Verlag, 2 002, pp. 129-136.