Au cours de l’année 1954, l’Irak et la Syrie connaissent toutes deux des élections législatives, saluées pour le climat de liberté, auxquelles de nombreuses composantes politiques adverses participent. Pour la première fois, campagnes électorales et scrutins se déroulent selon les règles du pluralisme. Pour comprendre ces élections, il est nécessaire de restituer un « moment » électoral. Plutôt que de limiter l’analyse à un décompte des participations et des scores obtenus, ces deux élections sont l’occasion de rendre compte de l’institutionnalisation et de l’acquisition progressives de pratiques spécifiques à l’égard du vote depuis la fin de l’empire Ottoman. En outre, le contexte de ces deux scrutins démontre une demande d’élections, dans le sens où, de manière convergente, les différents protagonistes politiques, ministres, membres de l’exécutif, parlementaires, groupes d’opposition, réclament la tenue d’élection perçue comme le moyen de départager des forces concurrentes. Enfin, après le décompte des résultats, le sens du scrutin se construit dans la concurrence des différentes forces en présence, modifiant, de manière plus ou moins importante, les conséquences électorales. Obtenir la majorité des voix ne signifie pas remporter l’élection. Il est nécessaire de construire une victoire dans les institutions.
The electoral moment of 1954 in Iraq and Syria
The electoral moment of 1954 in Iraq and Syria
In 1954, free legislative elections took place in Syria and in Iraq. In both countries, there was a competition between different political forces for the first time. This might be considered as a period of pluralism. To understand these two elections, it is not enough to analyse the vote share in order to define the way majority was constituted. Both elections took place in an ‘electoral moment’. Indeed, institutionalization of parliamentary mechanisms and election practices had been underway since the end of the Ottoman Empire. Furthermore, the political context in 1954, in both Syria and Iraq proved that the different components in the political arena were keen to participate in electoral politics. Thus, governments, parliamentarians, political opponents, executive members, all wanted to run for the elections. All of them regarded that the ballot box would mediate power between them. Taking into consideration the results alone, after studying the day of polling, might not help us understand the real significance of these elections. It had been built between protagonists who negotiated for power and its distribution.