En début de soirée de la journée du 14 janvier 2011, qui a connu des manifestations politiques à Tunis et ailleurs, revendiquant la liberté, la dignité et la justice sociale, les Tunisiens et le Monde entier ont appris que l’ancien dictateur Ben Ali avait fui le pays vers l’Arabie Saoudite, après 23 années de règne. Que s’est-il réellement passé qui a fait chuter l’une des dictatures les plus dures de l’histoire du pays ? La réponse précise à cette question nécessiterait encore plus de temps et de recul. Mais, a posteriori, on peut affirmer que le 14 janvier n’a été que le moment culminant d’un long processus politique et social qui a commencé en janvier 2008 dans la région minière du Sud-Ouest du pays et qui continue encore aujourd’hui. En relisant la chronologie de ce processus il nous est possible de soutenir aujourd’hui que cette révolution est née dans les régions marginalisées et pauvres du Sud et de l’Ouest du pays contre les autres régions, contre non seulement le pouvoir autoritaire mais aussi les injustices sociales. De fait, cette révolution est née dans les marges contre le centre (la capitale et le Sahel) qui détient tous les pouvoirs politiques et économiques et concentre l’essentiel des richesses du pays. Mon article tente d’explorer la géographie sociale et politique de cette révolution.
Social geography and geopolitics of the Tunisian revolution: the revolution of the Alfa
Social geography and geopolitics of the Tunisian revolution: the revolution of the Alfa
Late in the afternoon of January 14, 2011, which saw political demonstrations in Tunis and elsewhere, demanding freedom, dignity and social justice, Tunisians and the whole world learned that the former dictator Ben Ali fled the country to Saudi Arabia after 23 years of reign. What has really happened that brought down one of the hardest dictatorships in the history of the country ? The answer to this question would require more time and perspective. But, in retrospect, we can say that January 14 was only the culmination of a long political and social process that began in January 2008 in the mining region southwest of the country and continues today. Looking at the chronology of this process, we can argue that this revolution was born in marginalized and poor areas in the South and the West against the other regions, not only against the authoritarian rule but also social injustices. In fact, this revolution was born in the margins against the center (the capital and the Sahel) which holds all the political and economic powers and concentrates most of the country’s wealth. My paper attempts to explore the social and political geography of this revolution.