Notes
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[1]
Les migrations actuelles obéissent à plusieurs facteurs. Mais les experts anticipent que les dérèglements climatiques, si rien n’est fait, conduiront des centaines de millions de personnes à migrer d’ici le milieu du siècle.
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[2]
Les économistes parlent d’un problème de passager clandestin : nous souhaitons en règle générale bénéficier d’une planète propre, de beaux paysages, d’une nourriture abondante et de conditions climatiques tempérées. Mais, s’il faut « payer » pour cela, nous préférons que la facture soit envoyée aux « autres », plus pollueurs, plus gourmands, plus riches etc.
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[3]
Conseil Pontifical « Justice et Paix », Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, no 462.
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[4]
Encyclique Laudato si’, no 106 ; dans la suite nous ne mentionnerons dans le corps du texte que le numéro de paragraphe.
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[5]
Steffen Will et al., « Planetary boundaries : Guiding human development on a changing planet », dans Science, vol. 347, issue 6223, 2015.
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[6]
Voir par exemple Anthony D. Barnosky et al., « Approaching a state shift in Earth’s biosphere », dans Nature 486, 52 – 58, 2012.
-
[7]
Steffen Will et al., « The trajectory of the Anthropocene : The Great Acceleration », dans The Anthropocene Review, January 16, 2015.
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[8]
Voir Jan Zalasiewicz, Colin Waters et Martin J. Head, « Anthropocene : its stratigraphic basis », dans Nature 541, 289, 2017.
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[9]
Irradiance solaire, distance terre-soleil, variation de l’orbite terrestre, inclinaison de la terre sur son axe de rotation, dérive des continents, volcanisme, émissions de méthane et d’oxygène par le vivant, capacité d’absorption des océans, etc.
-
[10]
Depuis mille ans, la température moyenne n’a varié que de quelques dixièmes de degré par siècle.
-
[11]
L’instrumentation qui permet d’analyser les phénomènes en jeu (température, niveau de la mer…) est de plus en plus fine et sophistiquée grâce notamment au recours aux satellites. Ses résultats sont de plus en plus convergents. Pour la température par exemple, les conclusions sur l’évidence de sa hausse depuis le milieu du xixe siècle sont issues du recoupement des données fournies par quatre laboratoires de réputation mondiale à partir de données de multiples agences.
-
[12]
Dû au réchauffement de l’eau, qui la dilate, et à la fonte des glaciers et des banquises.
- [13]
-
[14]
Le Groupement intergouvernemental d’Experts sur le Climat, créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme pour l’Environnement des Nations Unies, rassemble des membres de tous les pays appartenant à l’Organisation des Nations Unies. Voir www.ipcc.ch.
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[15]
L’élément qui contribue le plus à l’effet de serre naturel est la vapeur d’eau. Si l’homme peut très significativement perturber le cycle local de l’eau, ses émissions directes de vapeur d’eau (provenant des centrales électriques, de l’irrigation, des barrages, de la déforestation…) ne sont pas suffisantes pour perturber le cycle global. Par contre, le réchauffement en cours du climat aura des conséquences sur la présence de vapeur d’eau dans l’atmosphère. En effet, plus l’air est chaud, plus il contient de vapeur d’eau. Un léger réchauffement de la planète entraînera une augmentation des concentrations totales de vapeur d’eau, ce qui renforcera encore l’effet de serre. C’est ce qu’on appelle une rétroaction positive, c’est-à-dire une réaction qui amplifie le phénomène premier.
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[16]
L’acidification de l’océan est quantifiée par la diminution du pH de l’eau de mer qui a diminué de 0,1 (soit de 26 %) depuis le début de l’ère industrielle. Les conséquences de cette acidification sur les écosystèmes marins sont graves en elles-mêmes.
-
[17]
La modélisation du climat, nécessaire pour projeter son avenir en fonction de divers scénarios, progresse tant du fait de l’amélioration permanente des mesures que des capacités de calculs qui permettent d’affiner et d’enrichir les modèles. Au niveau mondial, on dénombre une vingtaine de modèles globaux. Voir Catherine Jeandel et Rémy Mosseri (dir.), Le Climat à découvert. Outils et méthodes en recherche climatique, CNRS Éditions, Paris, 2011.
-
[18]
Voir www.ipcc.ch. Même si du fait de la complexité des phénomènes, les résultats des simulations font apparaître des écarts d’un modèle à l’autre, notamment au niveau régional, les principales conclusions s’avèrent robustes et mènent au même constat global.
-
[19]
Millenium Ecosystem Asssessment (MEA), Ecosystems and human well being : Synthesis, Island Press, Washington DC, 2005.
-
[20]
Bradley J. Cardinale et al., « Biodiversity loss and its impact on humanity », dans Nature 486, 59-67, 2012.
- [21]
-
[22]
Ressources vivantes des milieux aquatiques [ndlr].
- [23]
-
[24]
Philippe Cury et Yves Miserey, Une mer sans poissons, Calmann-Lévy, Paris, 2008.
-
[25]
Voir par exemple http://edu.mnhn.fr/mod/page/view.php?id=1350.
-
[26]
Leakey Richard et Levin Roger, La sixième extinction. Évolution et catastrophes, Flammarion, Paris, 1997.
-
[27]
Position occupée par un organisme dans une chaîne alimentaire [ndlr].
-
[28]
Apport excessif d’éléments nutritifs dans les eaux, entraînant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l’écosystème [ndlr].
-
[29]
Voir par exemple Sonia Kéfi et al., « Early Warning Signals of Ecological Transitions : Methods for Spatial Patterns », dans PLoS ONE 9 (3) : e92097, 2014, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0092097, et Marten Scheffer et al., « Catastrophic shifts in ecosystems », dans Nature 413, 591 – 596, 2001.
-
[30]
André Cicolella, Toxique planète. Le scandale invisible des maladies chroniques, Seuil, Paris, 2013.
-
[31]
Baptiste Monsaingeon, Homo detritus. Critique de la société du déchet, Seuil, Paris, 2017.
- [32]
-
[33]
Pour autant, cela fait longtemps qu’on ne laisse pas la parole aux tenants de la terre plate…
-
[34]
Les principaux arguments des « climatosceptiques » ont reçu des réponses documentées et convaincantes. Voir par exemple le site www.realclimate.org, une des références dans la communauté scientifique qui travaille sur les questions climatiques.
-
[35]
Voir Naomi Oreskes et Erik M. Conway, Marchands de doute, Le Pommier, Paris, 2012.
-
[36]
Voir Stéphane Foucart, La fabrique du mensonge, Denoël, Paris, 2013.
-
[37]
Voir Alain Grandjean, « La leçon d’économie du pape François », dans Laudato si’, édition commentée, Parole et Silence, Paris, 2015.
- [38]
-
[39]
Donella H. Meadows, Dennis L Meadows, Jorgen Randers, William W. Behrens III, The Limits to Growth. A Report for the Club of Rome’s Project on the Predicament of Mankind, Universe Books, New York, 1972.
-
[40]
G. Turner, « Is Global Collapse Imminent ? », dans MSSI Research Paper no 4, Melbourne Sustainable Society Institute, The University of Melbourne, 2014.
-
[41]
Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Seuil, Paris, 2015.
-
[42]
Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2006.
-
[43]
Comme en son temps la thèse intellectuellement remarquable de Jean-Pierre Dupuy, le catastrophisme éclairé.
-
[44]
Même s’il y a des écarts considérables au plan culturel entre les différents continents, on peut affirmer l’unité de notre civilisation : à de très rares exceptions près, le modèle consumériste occidental se généralise avec beaucoup de force et d’envie. Or, c’est bien ce modèle qui est en cause aujourd’hui.
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[45]
Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010, no 9 : AAS 102, 2010, p. 46.
-
[46]
Ibid., no 5, p. 43.
-
[47]
Voir Stéphane Foucart, Des marchés et des dieux. Comment l’économie est devenue religion, Grasset, Paris, 2018.
-
[48]
Gaël Giraud, Illusion financière : des subprimes à la transition écologique, Éd. de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2014.
-
[49]
Romano Guardini, La fin des temps modernes, Seuil, Paris, 1952, p. 77.
1Manifeste pour une écologie intégrale, l’encyclique Laudato si’ du pape François est un appel poignant à la sauvegarde de la « maison commune », « notre terre opprimée et dévastée », qui reconnaît la responsabilité de l’homme dans le changement climatique et la crise écologique. Même si elle s’inscrit dans la pensée sociale de l’Église et rappelle les prises de position de Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et des conférences des évêques de nombreux pays, elle franchit indéniablement une étape dans la perception et la compréhension des enjeux écologiques dans leur totalité, en appelant à une conception intégrale de l’écologie. Mais comme d’autres appels, elle semble se heurter encore à une forme d’indifférence. Les mots de Jacques Chirac au sommet de Johannesburg prononcé en 2002 sont toujours d’actualité : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. »
2La prise de conscience des conséquences écologiques de l’activité humaine s’est aiguisée dans les dernières décennies du fait de leur ampleur croissante et des moyens d’investigations et d’analyses de plus en plus poussés mis en œuvre par les communautés scientifiques concernées. Pour autant, elle est encore loin d’être partagée. Malgré l’importance de ces impacts actuels sur les populations soumises à des canicules, des cyclones, des incendies, des sécheresses intenses, qui peuvent les pousser à émigrer [1], la majorité des êtres humains ne semblent pas encore prêts à accepter les remises en cause profondes que leur évitement et même leur simple modération supposent. L’écart est substantiel entre la connaissance approfondie de quelques experts, la compréhension limitée de la majorité, l’intériorisation par chacun de sa propre responsabilité et pour finir l’engagement dans la résolution de problèmes qui nous dépassent individuellement, même s’ils nous concernent tous [2]. Dans cet article, nous allons exposer dans une première partie les enjeux écologiques en partant de ce qu’en disent les scientifiques puis nous nous intéresserons dans une deuxième partie aux diverses manières avec lesquelles ils sont interprétés, en montrant en quoi ces représentations influent fortement sur un éventuel passage à l’acte.
L’état des lieux, vu par les scientifiques
3Les principales préoccupations écologiques peuvent s’exposer en quelques thématiques : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la pression excessive sur les ressources biologiques (animales ou végétales) et les écosystèmes (dont les forêts et les sols), la production non contrôlée de déchets de toutes sortes et la dispersion de centaines de milliers de polluants d’où des pollutions massives des océans, la pression sur les ressources minérales. Ces problématiques sont interdépendantes, tant en termes d’effets que de solutions : le changement climatique pèse sur la biodiversité (qu’on pense à l’effet destructeur des incendies géants), tout comme la pollution ; la pression sur les ressources limitera à terme nos possibilités pour nous adapter aux conséquences du changement climatique, etc. Elles ont toutes des conséquences sociales potentiellement dramatiques.
4Le pape François exprime fort bien l’enjeu majeur que constitue l’acceptation des limites de la planète :
De là, on en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la « presser » jusqu’aux limites et même au-delà des limites. C’est le faux présupposé « qu’il existe une quantité illimitée d’énergie et de ressources à utiliser, que leur régénération est possible dans l’immédiat et que les effets négatifs des manipulations de l’ordre naturel peuvent être facilement absorbés [3] » [4].
6Une équipe pluridisciplinaire de scientifiques a montré [5] que nous avions dépassé les « limites planétaires » dans au moins quatre domaines sur les dix qu’ils analysent. Ce travail se recoupe avec celui d’une autre équipe [6] selon laquelle nous approchons de transitions critiques, avec la possibilité de transformer notre planète de manière rapide et irréversible en un état que l’humanité n’a jamais expérimenté. Nous sommes en proie à des phénomènes exponentiels, bien mis en évidence par des chercheurs publiant, dans The Anthropocene Review [7], un tableau de bord de 24 indicateurs planétaires. Ils permettent de visualiser la « Grande Accélération » : à partir des années 1950, les indicateurs relatifs aux activités humaines (croissance économique, population, transport, consommation d’énergie, d’eau, émissions de gaz à effet de serre, etc.) connaissent une croissance exponentielle. Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, a proposé d’appeler l’Anthropocène la nouvelle époque géologique dans laquelle nous sommes entrés. C’est l’Union internationale des sciences géologiques qui actera à la fois cette nouvelle époque et sa date de naissance. À ce jour, la balance penche en faveur de l’immédiat après-guerre mondiale ; c’est la proposition du groupe de travail présidé par le géologue britannique Jan Zalasiewicz, qui a remis ses conclusions en septembre 2016 [8].
Le changement climatique : sa réalité, ses causes et ses conséquences
7La question du changement climatique est à la fois majeure en termes d’impacts et d’irréversibilité. Très représentative du travail des scientifiques, elle fait l’objet d’une prise en charge politique au plus haut niveau mais avec des controverses qui se déplacent en ce moment du diagnostic aux solutions et un lien très fort et démontré avec l’activité économique.
8À l’échelle de l’histoire de la planète, le climat n’a cessé de changer sous l’influence de multiples déterminants [9]. Mais un changement climatique récent peut s’observer depuis le milieu du siècle dernier, qui se caractérise par plusieurs éléments distincts et convergents. Tout d’abord, la hausse de la température moyenne planétaire [10] est évaluée à 0,85 °C [11] sur la période 1880-2012. Elle s’est accélérée au milieu du siècle dernier et son rythme de croissance est de l’ordre de 0,12 °C par décennie sur la période 1951-2012. En outre, le rythme d’élévation du niveau moyen des mers [12], autre indicateur essentiel d’un réchauffement de la planète, se situe depuis le milieu du XIXe siècle à un niveau supérieur au rythme moyen des deux derniers millénaires. Entre 1901 et 2010, le niveau moyen des mers à l’échelle du globe s’est élevé de 0,19 m. On relève par ailleurs un faisceau de signaux qui sont la signature du réchauffement et qui en traduisent déjà les premières conséquences [13]. Les températures ont plus augmenté la nuit que le jour au-dessus des continents. Les épisodes de précipitations intenses et d’inondation ont augmenté dans l’hémisphère nord. On a observé un plus grand nombre de vagues de chaleur extrême et ces vagues touchent un plus grand nombre de régions. Sur les deux dernières décennies, temps très bref à l’échelle de l’histoire, la masse des calottes glaciaires a diminué, les glaciers de pratiquement toutes les régions du globe ont continué à reculer et les étendues de la banquise arctique et du manteau neigeux de printemps de l’hémisphère nord ont diminué. Le réchauffement des eaux de surface fait sortir les cyclones tropicaux de leur route habituelle. C’est le cas de l’ouragan Sandy de l’automne 2012, qui a touché la Nouvelle-Angleterre. Il les rend plus puissants comme Irma en 2017.
9La réalité et les causes de ce changement climatique font l’objet d’un consensus au sein de la communauté scientifique dont les travaux sont synthétisés avec la plus grande rigueur par le GIEC [14] sous forme de rapports publiés environ tous les cinq ans. Le climat se réchauffe en raison de l’émission dans l’atmosphère de gaz à effet de serre (GES) du fait des activités humaines (qui s’ajoutent donc aux GES présents naturellement dans l’atmosphère). Les concentrations atmosphériques des principaux gaz à effet de serre, d’origine anthropique [15] que sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) ont toutes augmenté depuis 1750 en raison des activités humaines, pour atteindre des niveaux sans précédent depuis au moins 800 000 ans. La concentration du dioxyde de carbone a augmenté de 40 % depuis l’époque préindustrielle. Cette augmentation s’explique, en premier lieu, par l’utilisation de combustibles fossiles et, en second lieu, par le bilan des émissions dues aux changements d’utilisation des sols. L’océan a absorbé environ 30 % des émissions anthropiques de dioxyde de carbone, ce qui a entraîné une acidification de ses eaux [16]. Si nous poursuivons cette croissance, les modèle climatiques [17] montrent que la hausse des températures moyennes sera comprise entre + 3,7 °C et + 4,8 °C, à l’horizon 2100 (et sa progression continuera après) [18]. Or nous savons que l’écart de températures entre une période glaciaire et une période interglaciaire – comme celle que nous vivons depuis environ 12 000 ans – est de 5 °C environ. La hausse potentielle de la température est donc considérable ; un changement d’ère climatique se réaliserait en un siècle (contre des millénaires naturellement).
10Les impacts de ces changements sont l’objet d’études approfondies. On sait déjà qu’ils sont tragiques pour les pays du Sud : accroissement de l’aridité et de la désertification dans les zones déjà sèches, bouleversement des moyens d’existence (approvisionnement alimentaire et en eau potable, risque d’effondrement des écosystèmes marins) des zones côtières, insécurité alimentaire, migrations climatiques… Dans les pays développés, elles seront lourdes aussi (un été sur deux en 2050 en moyenne sera caniculaire comme 2003 en Europe de l’Ouest avec des risques de mortalité et de morbidité, particulièrement pour les populations urbaines) ; elles nécessiteront d’entreprendre de très gros travaux d’adaptation, notamment pour les résidences, installations industrielles et infrastructures situées auprès des mers et océans. Ces impacts viennent ainsi se surajouter aux sources actuelles d’injustice et de dureté de la vie que connaissent des milliards d’êtres humains.
L’effondrement des écosystèmes naturels de la biodiversité
11Le Millenium Ecosystem Assessment [19] entrepris par plusieurs centaines de chercheurs au tournant du millénaire a montré que les écosystèmes terrestres et marins sont massivement dégradés par les activités humaines, et que 60 % des services écologiques qu’ils rendent aux sociétés sont en déclin. Les services liés à la régulation des conditions de vie, en particulier – tels que l’épuration de l’air et de l’eau, la stabilisation du climat local et régional, la modération des crues et sécheresses, la pollinisation des plantes, le recyclage des déchets organiques… –, qui bénéficient aux humains parmi bien d’autres espèces, se raréfient sur l’ensemble de la planète, témoignant de la désorganisation, du dysfonctionnement et de l’instabilité croissants des écosystèmes. Le déclin de ces « services » observé à l’échelle mondiale est une mesure indirecte de la dégradation en cours et de la perte de résilience des écosystèmes terrestres et marins [20].
12Plus récemment a été créé l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) [21], l’analogue du GIEC pour la biodiversité. Ses quatre derniers rapports, récemment publiés, alertent la communauté internationale sur l’effondrement des écosystèmes naturels, déjà en cours. Depuis 2015, la grande barrière de corail près de l’Australie a continué de se dégrader et elle est désormais condamnée à disparaître. Il existe désormais des régions de Chine où les plantes à fleurs (angiospermes ou magnoliopphytes) ne poussent plus, faute de pollinisateurs (disparition des abeilles liée aux néonicotinoïdes notamment), à moins que ce ne soient des femmes rurales pauvres qui pollinisent à la main… Les ressources halieutiques [22] disparaissent. Aujourd’hui, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime à 31 % la part des stocks mondiaux surexploités en 2013, contre 10 % en 1974 [23]. L’un des meilleurs spécialistes de la question, Philippe Cury [24], anticipe un effondrement des pêcheries mondiales avant le milieu de ce siècle.
13Plus généralement [25], sous la pression de plusieurs facteurs conjugués (la fragmentation des espaces, les polluants chimiques, les invasions biologiques, la pression humaine sur les ressources et… le dérèglement climatique) les espèces disparaissent de manière accélérée. Les rapports cités confirment que la terre est en train de subir sa sixième extinction [26] de masse : les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. Dans les campagnes françaises, les populations d’oiseaux se sont effondrées d’un tiers en quinze ans, tandis que le nombre d’insectes volants a décliné de 75% à 80 % en Allemagne depuis le début des années 1990.
14La dégradation des terres causée par les activités humaines menace les conditions de vie de 3,2 milliards de personnes, soit deux cinquièmes de l’humanité. En cause : la surconsommation induite par le mode de vie occidental, conjuguée à la hausse de la consommation dans les pays émergents et en développement. Et leurs corollaires : agriculture intensive, urbanisation galopante, tensions sur les ressources. L’IPBES estime qu’à l’heure actuelle, moins de 25 % des terres échappent à cette pression anthropique. En 2050, ce pourrait être 10 %.
15Soulignons pour finir ce trop rapide tour d’horizon que les impacts humains sur la biodiversité ne sont pas simplement proportionnels à l’augmentation des pressions exercées – on parle à ce sujet d’effets non linéaires. La résilience des écosystèmes est bien sûr limitée : au-delà d’un certain seuil de perturbation, les écosystèmes basculent vers un autre régime de fonctionnement, généralement défavorable aux niveaux trophiques [27] supérieurs… dont les humains, comme le montrent par exemple l’eutrophisation [28] des eaux douces et côtières, le blanchissement des récifs coralliens, la désertification de certaines régions [29]…
Déchets, pollutions, toxicité et pression excessive sur les ressources minérales
16Le Pape n’hésite pas à invoquer une culture des déchets :
Ces problèmes sont intimement liés à la culture du déchet, qui affecte aussi bien les personnes exclues que les choses, vite transformées en ordures. […] On n’est pas encore arrivé à adopter un modèle circulaire de production qui assure des ressources pour tous comme pour les générations futures, et qui suppose de limiter au maximum l’utilisation des ressources non renouvelables, d’en modérer la consommation, de maximiser l’efficacité de leur exploitation, de les réutiliser et de les recycler. Aborder cette question serait une façon de contrecarrer la culture du déchet qui finit par affecter la planète entière, mais nous remarquons que les progrès dans ce sens sont encore très insuffisants.
18Nous ne développerons pas ici ces sujets : notre planète est devenue toxique [30] et nous la prenons pour une poubelle [31]. Chaque année, près de 10 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans les océans qui en contiennent 300 millions, éventuellement sous forme infinitésimale, très dangereuse pour les poissons. « En 2050, si rien ne change, la masse de plastiques dans l’océan sera supérieure à celle des poissons », peut-on lire dans un rapport de la Fondation Ellen MacArthur [32]. Les déchets générés par nos sociétés d’abondance sont encore très souvent exportés vers les pays les plus pauvres, pour les éloigner de notre vue. Ils s’entassent en montagnes sur lesquelles des enfants récupèrent certes de quoi survivre, mais sont au contact de polluants parfois hautement toxiques.
19Pour terminer cette description trop rapide des enjeux écologiques, citons la pression excessive sur les ressources de la lithosphère, les minerais et énergies fossiles. Les procédés industriels les plus récents utilisent les propriétés remarquables (par exemple catalytiques) de minerais peu répandus sur terre qui sont l’objet de recherches et d’exploitation de plus en plus « méthodiques ». Pour autant, c’est probablement du côté des ressources plus banales que nous pourrions avoir les premières « mauvaises surprises » dans ce siècle. En particulier une insuffisance de phosphore et de nitrate, indispensables à l’agriculture, conduirait à une tragédie, sur une planète peuplée en 2050 d’environ 10 milliards d’habitants. On pourrait connaître aussi des tensions sur le cuivre, l’argent, l’étain, parmi bien d’autres minéraux du fait de la difficulté d’accès aux gisements restant et de leur usage exponentiel.
Les représentations de la crise écologique
20Après avoir brossé sommairement ce tableau, nous allons passer en revue les différentes familles de représentation et d’attitudes observables en les classant de manière schématique pour en faire ressortir les éléments saillants : la négation ou l’indifférence, la confiance dans la science et la technique pour régler les problèmes admis, la conviction au contraire que notre civilisation va s’effondrer et pour finir la prise en charge et la responsabilisation pour un changement « radical ».
La crise écologique et le changement climatique n’existent pas ou sont des problèmes secondaires
21C’est aujourd’hui la manière de voir (ou plutôt de ne pas voir !) les enjeux écologiques la plus répandue dans les pays « développés ». L’indifférence ou la minimisation des problèmes proviennent d’abord d’un manque d’information. Les médias ne donnent en général que des informations parcellaires qui ne donnent pas accès à une vue d’ensemble. Ces informations font par ailleurs souvent mention de controverses, au motif « d’information objective ou équilibrée [33] ». Il n’est donc pas facile d’y voir clair. En outre, on observe aussi un certain sentiment d’impuissance individuelle par rapport à l’immensité de la tâche : « Mon action individuelle ne servira de toute façon à rien, alors à quoi bon. »
22Cette indifférence peut être aussi due à la pression du quotidien. Sans évoquer le cas des centaines de millions de personnes mal nourries ou qui vivent dans des conditions insupportables, victimes de violences politiques ou de crises écologiques, la vie est assez difficile pour certains qui ne veulent pas avoir en plus à lire des informations générales et stressantes. Plus souterraine mais tout aussi importante est l’attitude d’acteurs économiques (les agriculteurs en sont un exemple très illustratif) qui, soumis à la concurrence internationale, ne veulent pas subir de contraintes dues à ces questions ; une manière implicite de ne pas reconnaître leur importance (ou de les mettre au second plan) y compris pour eux-mêmes : le changement climatique et l’érosion de la biodiversité impactent fortement l’agriculture et sont pour elle un enjeu vital au sens littéral du terme.
23Sur ces premières difficultés se greffe aussi une intuition que le personnel politique perçoit très bien : prendre au sérieux ces problèmes conduira probablement à la limitation de sa consommation et au renchérissement des biens et à des contraintes croissantes sur la liberté d’entreprendre. L’écologie sera perçue comme punitive, un risque électoral ! Ce manque de prise en charge réelle au plus haut niveau a des effets délétères sur nos concitoyens insuffisamment sûrs d’eux-mêmes et qui attendent un signal politique clair, incarné dans des décisions et des actes, les « belles paroles » ne suffisant pas.
24Sur ce manque d’information subi ou choisi peut venir se greffer une rassurance à bon compte : la planète est immense et sa capacité de réparation élevée, nous avons d’ailleurs résolu plusieurs problèmes majeurs comme le trou de l’ozone ou été capables de nous passer du DDT… De nombreux pays en Europe, en particulier, donnent à penser qu’un équilibre s’est installé entre la nature et l’homme. L’idéologie du progrès peut compléter le tableau : il est bien vrai que l’humanité a progressé sur de nombreux plans et on peut penser, sans autre forme d’analyse, qu’elle s’en sortira une fois de plus !
25À côté de ces manières finalement plutôt « bon enfant » de passer à côté des enjeux écologiques, il règne notamment dans certains milieux dirigeants (économiques ou politiques) une idéologie beaucoup plus combattante et vraiment anti-écologique. Donald Trump en est le représentant le plus marquant et le plus dangereux. La construction organisée du climatoscepticisme [34] a été dévoilée notamment par les travaux de Naomi Oreskes [35]. En résumé, des industriels concernés (pour le climat ce sont les industries des énergies fossiles) utilisent les moyens à leur portée soit pour nier les résultats des études qui seraient contraires à leurs intérêts soit plus subtilement pour financer des travaux scientifiques et des campagnes de communication instillant le doute dans l’opinion publique. Ces méthodes ont été appliquées dans d’autres secteurs (le tabac, le plomb, les phytosanitaires, etc.) [36]. Cette idéologie anti-écologique trouve sa source dans les milieux ultralibéraux. On le comprend facilement. L’écologie montre une « défaillance de marché », comme le disent les économistes, ce qui conduit à légitimer l’intervention de la puissance publique sous forme de taxes ou de réglementations. Il est plus efficace stratégiquement, pour les lobbys, de tuer le mal à la racine en créant le doute et en décrédibilisant les conclusions qui fonderaient cet interventionnisme honni.
26Ce n’est donc pas par hasard que le pape François insiste dans son encyclique sur la nécessaire réforme en profondeur de l’économie [37] : « Le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral ni l’inclusion sociale » (109), et :
L’environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate. Une fois de plus, il faut éviter une conception magique du marché qui fait penser que les problèmes se résoudront tout seuls par l’accroissement des bénéfices des entreprises ou des individus. Est-il réaliste d’espérer que celui qui a l’obsession du bénéfice maximum s’attarde à penser aux effets environnementaux qu’il laissera aux prochaines générations ?.
La science et la technique nous sauveront
28La science et la technique ont indiscutablement permis de faire progresser la condition humaine. Il n’est donc pas étonnant que notre société ait tendance à les révérer au point de penser qu’elles régleront des problèmes même reconnus comme majeurs. Cette pensée est un peu paradoxale dans la mesure où ces problèmes sont largement dus au déploiement massif des machines, qui sont gourmandes en énergie, consommatrices de ressources naturelles et… sales. Elle est pourtant très répandue. L’appel d’Heidelberg, au moment du Sommet de la Terre à Rio, signé par 264 scientifiques dont 72 prix Nobel, pour défendre une « écologie scientifique » (par opposition à une idéologie écologiste irrationnelle qui s’opposerait au progrès économique et social) est très représentatif de cette idéologie [38]. Fusion nucléaire, géo-ingénierie, drones, nourriture artificielle, synthèse biologique, recherche de minerais sur des astéroïdes voire déménagement sur une autre planète, sont autant de prouesses techniques présentées comme des solutions. Poussé à son apogée, c’est le transhumanisme qui couronne cette idéologie, en prétendant repousser toutes les limites auxquelles nous avons à faire, dont celle d’être mortel, croyance sans fondement solide pour les transhumanistes !
29S’il est clair que la résolution des crises écologiques nécessitera l’apport des techniques (qu’on pense par exemple à toutes celles qui nous permettent de consommer moins d’énergie, comme un simple thermostat !), il l’est tout autant que la fuite en avant technologique se heurte à deux problèmes majeurs. D’une part elle suppose une consommation croissante d’énergie et de ressources, d’autre part elle est à la fois inaccessible à l’immense majorité des habitants de la planète et sans rapport à leurs besoins immédiats. Ce qui se dessine derrière c’est en fait un monde à deux vitesses avec d’un côté les très riches derrière des murs et la grande masse de l’humanité dans le chaos.
L’effondrement est inéluctable, il faut s’y préparer
30Le recoupement des éléments de diagnostic évoqués plus haut donne à penser que notre civilisation va s’effondrer. Ce risque a été pour la première fois exposé sur la base d’une modélisation scientifique dans le rapport au Club de Rome publié en 1972 [39]. Contrairement aux critiques violentes qu’il a subies, les projections faites dans ce rapport et réétudiées en 2014 par le physicien Graham Turner [40] montrent leur réalisme. Plus récemment est née la « collapsologie [41] ». À l’instar de nombreuses civilisations [42], la nôtre, selon les collapsologues, va s’effondrer sous le croisement des crises et l’aveuglement des élites dirigeantes. Cette vision « apocalyptique » de la crise conduit ses défenseurs à imaginer des stratégies essentiellement adaptatives. Comment vivre dans un monde post-effondrement ? Certains imaginent des organisations autarciques plutôt repliées sur elles, et elles-mêmes productrices de sens. D’autres militent pour un renforcement de nos capacités d’entraides indispensables dans des situations de pénuries exacerbées pouvant déclencher rapidement des violences incontrôlables. Ce courant, très minoritaire aujourd’hui, a l’immense mérite de prendre vraiment au sérieux les avertissements des scientifiques. Ne doutons pas que la trajectoire actuelle conduit nos sociétés à l’effondrement. Cette perspective est cependant peu mobilisatrice [43] face à la crise globale. Elle peut déclencher diverses formes de rejet, de déni, d’angoisse et d’immobilisme (à quoi bon !).
L’appel à l’écologie intégrale
31Si l’on ne peut être certain de l’effondrement de notre civilisation [44], il est clair que son évitement suppose une remise en cause de nos modèles en profondeur, rapidement et fermement. C’est le sens des propos du Pape :
Pour que surgissent de nouveaux modèles de progrès, nous devons « convertir le modèle de développement global [45] », ce qui implique de réfléchir de manière responsable « sur le sens de l’économie et de ses objectifs, pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres [46] ». Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès ».
33La seule manière de concilier la gravité du diagnostic écologique et le maintien d’une « vie bonne » pour les habitants de notre maison commune, c’est bien d’attaquer les causes de cette crise à la racine. Il s’agit de changer les règles du jeu économique, de cesser de croire en la toute-puissance des marchés [47], de développer une nouvelle capacité de gestion des communs comme le plaide le chef économiste de l’AFD (Agence française de Développement), l’économiste et jésuite Gaël Giraud [48].
34Le Pape nous invite ainsi à une conversion intégrale, des individus comme des communautés. C’est sur cette invitation que nous conclurons cette mise en perspective des enjeux écologiques et de leurs représentations :
Cependant, il ne suffit pas que chacun s’amende pour dénouer une situation aussi complexe que celle qu’affronte le monde actuel […]. On répond aux problèmes sociaux par des réseaux communautaires, non par la simple somme de biens individuels : « Les exigences de cette œuvre seront si immenses que les possibilités de l’initiative individuelle et la coopération d’hommes formés selon les principes individualistes ne pourront y répondre. Seule une autre attitude provoquera l’union des forces et l’unité de réalisation nécessaires [49]. » La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire.
Notes
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[1]
Les migrations actuelles obéissent à plusieurs facteurs. Mais les experts anticipent que les dérèglements climatiques, si rien n’est fait, conduiront des centaines de millions de personnes à migrer d’ici le milieu du siècle.
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[2]
Les économistes parlent d’un problème de passager clandestin : nous souhaitons en règle générale bénéficier d’une planète propre, de beaux paysages, d’une nourriture abondante et de conditions climatiques tempérées. Mais, s’il faut « payer » pour cela, nous préférons que la facture soit envoyée aux « autres », plus pollueurs, plus gourmands, plus riches etc.
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[3]
Conseil Pontifical « Justice et Paix », Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, no 462.
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[4]
Encyclique Laudato si’, no 106 ; dans la suite nous ne mentionnerons dans le corps du texte que le numéro de paragraphe.
-
[5]
Steffen Will et al., « Planetary boundaries : Guiding human development on a changing planet », dans Science, vol. 347, issue 6223, 2015.
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[6]
Voir par exemple Anthony D. Barnosky et al., « Approaching a state shift in Earth’s biosphere », dans Nature 486, 52 – 58, 2012.
-
[7]
Steffen Will et al., « The trajectory of the Anthropocene : The Great Acceleration », dans The Anthropocene Review, January 16, 2015.
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[8]
Voir Jan Zalasiewicz, Colin Waters et Martin J. Head, « Anthropocene : its stratigraphic basis », dans Nature 541, 289, 2017.
-
[9]
Irradiance solaire, distance terre-soleil, variation de l’orbite terrestre, inclinaison de la terre sur son axe de rotation, dérive des continents, volcanisme, émissions de méthane et d’oxygène par le vivant, capacité d’absorption des océans, etc.
-
[10]
Depuis mille ans, la température moyenne n’a varié que de quelques dixièmes de degré par siècle.
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[11]
L’instrumentation qui permet d’analyser les phénomènes en jeu (température, niveau de la mer…) est de plus en plus fine et sophistiquée grâce notamment au recours aux satellites. Ses résultats sont de plus en plus convergents. Pour la température par exemple, les conclusions sur l’évidence de sa hausse depuis le milieu du xixe siècle sont issues du recoupement des données fournies par quatre laboratoires de réputation mondiale à partir de données de multiples agences.
-
[12]
Dû au réchauffement de l’eau, qui la dilate, et à la fonte des glaciers et des banquises.
- [13]
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[14]
Le Groupement intergouvernemental d’Experts sur le Climat, créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme pour l’Environnement des Nations Unies, rassemble des membres de tous les pays appartenant à l’Organisation des Nations Unies. Voir www.ipcc.ch.
-
[15]
L’élément qui contribue le plus à l’effet de serre naturel est la vapeur d’eau. Si l’homme peut très significativement perturber le cycle local de l’eau, ses émissions directes de vapeur d’eau (provenant des centrales électriques, de l’irrigation, des barrages, de la déforestation…) ne sont pas suffisantes pour perturber le cycle global. Par contre, le réchauffement en cours du climat aura des conséquences sur la présence de vapeur d’eau dans l’atmosphère. En effet, plus l’air est chaud, plus il contient de vapeur d’eau. Un léger réchauffement de la planète entraînera une augmentation des concentrations totales de vapeur d’eau, ce qui renforcera encore l’effet de serre. C’est ce qu’on appelle une rétroaction positive, c’est-à-dire une réaction qui amplifie le phénomène premier.
-
[16]
L’acidification de l’océan est quantifiée par la diminution du pH de l’eau de mer qui a diminué de 0,1 (soit de 26 %) depuis le début de l’ère industrielle. Les conséquences de cette acidification sur les écosystèmes marins sont graves en elles-mêmes.
-
[17]
La modélisation du climat, nécessaire pour projeter son avenir en fonction de divers scénarios, progresse tant du fait de l’amélioration permanente des mesures que des capacités de calculs qui permettent d’affiner et d’enrichir les modèles. Au niveau mondial, on dénombre une vingtaine de modèles globaux. Voir Catherine Jeandel et Rémy Mosseri (dir.), Le Climat à découvert. Outils et méthodes en recherche climatique, CNRS Éditions, Paris, 2011.
-
[18]
Voir www.ipcc.ch. Même si du fait de la complexité des phénomènes, les résultats des simulations font apparaître des écarts d’un modèle à l’autre, notamment au niveau régional, les principales conclusions s’avèrent robustes et mènent au même constat global.
-
[19]
Millenium Ecosystem Asssessment (MEA), Ecosystems and human well being : Synthesis, Island Press, Washington DC, 2005.
-
[20]
Bradley J. Cardinale et al., « Biodiversity loss and its impact on humanity », dans Nature 486, 59-67, 2012.
- [21]
-
[22]
Ressources vivantes des milieux aquatiques [ndlr].
- [23]
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[24]
Philippe Cury et Yves Miserey, Une mer sans poissons, Calmann-Lévy, Paris, 2008.
-
[25]
Voir par exemple http://edu.mnhn.fr/mod/page/view.php?id=1350.
-
[26]
Leakey Richard et Levin Roger, La sixième extinction. Évolution et catastrophes, Flammarion, Paris, 1997.
-
[27]
Position occupée par un organisme dans une chaîne alimentaire [ndlr].
-
[28]
Apport excessif d’éléments nutritifs dans les eaux, entraînant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l’écosystème [ndlr].
-
[29]
Voir par exemple Sonia Kéfi et al., « Early Warning Signals of Ecological Transitions : Methods for Spatial Patterns », dans PLoS ONE 9 (3) : e92097, 2014, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0092097, et Marten Scheffer et al., « Catastrophic shifts in ecosystems », dans Nature 413, 591 – 596, 2001.
-
[30]
André Cicolella, Toxique planète. Le scandale invisible des maladies chroniques, Seuil, Paris, 2013.
-
[31]
Baptiste Monsaingeon, Homo detritus. Critique de la société du déchet, Seuil, Paris, 2017.
- [32]
-
[33]
Pour autant, cela fait longtemps qu’on ne laisse pas la parole aux tenants de la terre plate…
-
[34]
Les principaux arguments des « climatosceptiques » ont reçu des réponses documentées et convaincantes. Voir par exemple le site www.realclimate.org, une des références dans la communauté scientifique qui travaille sur les questions climatiques.
-
[35]
Voir Naomi Oreskes et Erik M. Conway, Marchands de doute, Le Pommier, Paris, 2012.
-
[36]
Voir Stéphane Foucart, La fabrique du mensonge, Denoël, Paris, 2013.
-
[37]
Voir Alain Grandjean, « La leçon d’économie du pape François », dans Laudato si’, édition commentée, Parole et Silence, Paris, 2015.
- [38]
-
[39]
Donella H. Meadows, Dennis L Meadows, Jorgen Randers, William W. Behrens III, The Limits to Growth. A Report for the Club of Rome’s Project on the Predicament of Mankind, Universe Books, New York, 1972.
-
[40]
G. Turner, « Is Global Collapse Imminent ? », dans MSSI Research Paper no 4, Melbourne Sustainable Society Institute, The University of Melbourne, 2014.
-
[41]
Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Seuil, Paris, 2015.
-
[42]
Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2006.
-
[43]
Comme en son temps la thèse intellectuellement remarquable de Jean-Pierre Dupuy, le catastrophisme éclairé.
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[44]
Même s’il y a des écarts considérables au plan culturel entre les différents continents, on peut affirmer l’unité de notre civilisation : à de très rares exceptions près, le modèle consumériste occidental se généralise avec beaucoup de force et d’envie. Or, c’est bien ce modèle qui est en cause aujourd’hui.
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[45]
Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010, no 9 : AAS 102, 2010, p. 46.
-
[46]
Ibid., no 5, p. 43.
-
[47]
Voir Stéphane Foucart, Des marchés et des dieux. Comment l’économie est devenue religion, Grasset, Paris, 2018.
-
[48]
Gaël Giraud, Illusion financière : des subprimes à la transition écologique, Éd. de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2014.
-
[49]
Romano Guardini, La fin des temps modernes, Seuil, Paris, 1952, p. 77.