Couverture de LV_683

Article de revue

Éviter le burn-out

Pour un soutien appuyé aux agents pastoraux dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes

Pages 275 à 292

Notes

  • [1]
    La recherche internationale montre en suffisance la possibilité du burn-out chez les agents pastoraux dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes. Voir, entre autres, le numéro thématique sur le burn-out dans la revue Tijdschrift voor Praktische Theologie en 2006. Je renvoie également à la bibliographie de cet article.
  • [2]
    Cf. G. Danneels, Le stress. Incontournable ? Parole de vie… Noël 2007, Antwerpen, Halewijn, 2007, p. 9. ; G. Van Edom, “Het wordt mij teveel Heer. Zorgzaam omgaan met het eigen lichaam als spirituele opdracht”, dans Id. (red.), Lichaam en levensadem. Pastorale zorg voor de hele levende mens, Antwerpen, Halewijn, 2010, p. 155.
  • [3]
    R.J. Hunter (red.), Dictionary of Pastoral Care and Counseling, Nashville, TN, Abingdon Press, 1990, pp. 112-113 : “A syndrome, often occurring among individuals in helping professions, involving emotional and physical exhaustion, depersonalization, and a feeling of reduced personal accomplishment.”
  • [4]
    Ibid. En se plaçant dans une perspective socio-psychologique, C. Maslach affirme que le burn-out a à voir avec des facteurs situationnels et liés à l’environnement, tandis que H.J. Freudenberger attribue le burn-out à des caractéristiques intrapsychiques et liées à la personnalité selon une perspective psycho-analytique.
  • [5]
    Ibid. : “Instead of a linear causality of external or internal factors, a third model, proposed by Heifetz and Bersani (1983), understands burnout as a cybernetic interplay of situational, intrapsychic, interpersonal, physical, and spiritual factors. The combination of these five factors leads to burnout when the homeostatic balance among them is heavily weighted on one and not compensated by another.”
  • [6]
    J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, p. 61.
  • [7]
    En anglais, on utilise le terme compassion fatigue. Voir p. ex. : K.J. Flannelly, S.B. Roberts, A.J. Weaver, “Correlates of Compassion Fatigue and Burnout in Chaplains and Other Clergy who responded to the September 11th Attacks in New York City”, dans Journal of Pastoral Care & Counseling, 59, 2005, pp. 213-224.
  • [8]
    Une autre expression est « stress traumatique secondaire ».
  • [9]
    T. Naegels, “Wie te dicht komt, brandt zijn vingers. Burn-out en secundaire traumatisering in de hulpverlening”, dans Weliswaar, 57, 2004, p. 33.
  • [10]
    J. Pieper, “De uitputting nabij. Oorzaken van burn-out onder rooms-katholieke basispastores”, dans A. Bisschops, J. Pieper & W. Putman (red.), Verterend vuur. Over burn-out in het basispastoraat, Zoetermeer, Meinema, 2007, pp. 13-40.
  • [11]
    Nous n’avons pas la prétention d’être exhaustif, mais de rendre plus concret le burn-out chez les travailleurs pastoraux.
  • [12]
    B. E. Taylor, K.J. Flannelly, A.J. Weaver, D.J. Zucker, “Compassion Fatigue and Burnout among Rabbis working as Chaplains”, dans Journal of Pastoral Care & Counseling, 60/1-2, 2006, pp. 35-42.
  • [13]
    J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, pp. 61-62.
  • [14]
    J. Stoeber & D. Rennert, “Perfectionism in School Teachers : Relations with Stress Appraisals, Coping Styles, and Burnout”, dans Anxiety, Stress & Coping, 21, 2008, p. 37.
  • [15]
    B.E. Taylor, K.J. Flannelly, A.J. Weaver & D.J. Zucker, op. cit., pp. 35-42. Cette étude établit entre autres que des rabbis séparés courent un plus grand risque de fatigue émotionnelle.
  • [16]
    Dans son étude sur les agents pastoraux dans la pastorale territoriale, J. Pieper voit une influence positive d’une attitude religieuse. J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, p. 74.
  • [17]
    Voir “Chaplain Burnout”, dans Religion & Ethics NewsWeekly, November 11th, 2011, http://www.pbs.org/wnet/religionandethics/episodes/november-11-2011/chaplain-burnout/9903/ (acccès 7 mai 2013) : “Chaplain Cheney : ‘Even when I was going through that, I felt an amazing sense of calm in those situations as I ministered to those soldiers, and I know that that could not have been anything from myself, it was only God, you know, Jesus Christ working through me to touch these soldier’s lives’”.
  • [18]
    La grande pression sur les agents pastoraux lors de nombreux décès se manifeste certainement dans le contexte de l’armée dans des pays où l’engagement militaire est important dans des régions à haut risque. Des agents pastoraux de l’armée américaine témoignent comment la compassion fatigue peut survenir quand il y a une concentration de soldats qui périssent ou quand il y a des décès dramatiques où les travailleurs pastoraux s’occupent des victimes ou quand ils font partie de l’équipe qui va annoncer les décès aux familles. Voir “Chaplain Burnout”, dans Religion & Ethics NewsWeekly, November 11th, 2011, http://www.pbs.org/wnet/religionandethics/episodes/november-11-2011/chaplain-burnout/9903/ (accès 7 mai 2013). Dans cet article, il est également établi que l’armée américaine déclare que, depuis le début des guerres en Irak et en Afghanistan, les travailleurs pastoraux de l’armée ont servi ensemble pendant 20.000 mois dans les secteurs de combat et que 20 % de ces agents pastoraux ont souffert de compassion fatigue ou d’une autre forme de stress posttraumatique.
  • [19]
    K.J. Flannely, G.F. Handzo, K. Galek, A.J. Weaver & J.A. Overvold, “A National Survey of Hospital Directors’ Views about the Importance of Various Chaplain Roles : Differences among Disciplines and Types of Hospitals”, dans The Journal of Pastoral Care & Counseling, 60/3, 2006, pp. 222-223.
  • [20]
    En avril 2013, Hospice 23 organisa une conférence sur l’impact du stress et du burn-out sur le personnel soignant dans les unités de soins palliatifs. La responsabilité de l’institution de soins envers son personnel y fut soulignée par plusieurs intervenants. Voir www.hospice23.org (accès 02/05/2013) : Stress and Burnout. Exploring its impact on those working in palliative care.
  • [21]
    Nous nous basons ici sur les contacts que nous avons nous-même avec des agents pastoraux en Flandre et sur les discussions de groupe d’agents pastoraux qui ont eu lieu dans le diocèse de Bruges en 2010 et auxquels nous avons assisté.
  • [22]
    Pieper cite une étude de Hall (1997) dans laquelle le conservatisme dans l’Église apparaît comme cause de burn-out. J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie, 33/1, 2006, p. 63.
  • [23]
    Ibid., p. 71.
  • [24]
    W. Smeets, “Pastores en burn-out : mogelijkheden en grenzen. Een terugblik”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, p. 78.
  • [25]
    A. Dillen, A. Liégeois & A.Vandenhoeck, “Pastores als spirituele zorgverleners. Identiteit, professionaliteit en uitdagingen”, dans Pastorale Perspectieven, 144-145, 2009, pp. 49-61.
  • [26]
    R.J. Hunter (red.), op. cit., pp. 112-113.
  • [27]
    K.J. Flannelly, S.B. Roberts & A.J. Weaver, “Correlates of Compassion Fatigue and Burnout in Chaplains and other Clergy who responded to the September 11th Attacks in New York City”, dans Journal of Pastoral Care & Counseling, 59/3, 2005, p. 213.
  • [28]
    R.J. Hunter (red.), op. cit., pp. 1079-1080.
  • [29]
    G. Danneels, op. cit., pp. 30-31 : « Mais la foi peut nous sortir de notre isolement en nous ouvrant un espace où nous sommes acceptés entièrement et sans conditions, un espace où Quelqu’un est toujours à nos côtés. Nous pouvons y être tels que nous sommes, sans qu’on nous demande l’impossible. C’est là que nous attend un Dieu qui nous aime tels que nous sommes, avec nos qualités et défauts, avec nos possibilités et notre impuissance. (…) La foi nous libère du “joug placé sur nos épaules”, du “fardeau pesant sur notre cœur”, qui exigeraient que nous fassions tout, tout seuls. Ce sentiment écrasant de responsabilité, qui est la vraie cause du stress, se dissout dans la calme confiance d’un enfant à l’égard de son Père ».
  • [30]
    A. Vandenhoeck, “Oskar De Visch is overleden. Humor in pastorale zorg”, dans A. Dillen & H. Geybels, Jeezes, da’s een goeie. Humor en Christendom, Antwerpen, Halewijn, 2009, pp. 101-117.
  • [31]
    A. Grün & M. Dufner, Spiritualité d’en bas, Paris/Les Plans sur Bex, Parole et Silence, 2012, pp. 111-119.
  • [32]
    Ibid., p. 113 : « Avec l’humour, une situation défavorable peut être retournée et maîtrisée spirituellement, d’une part en l’acceptant, et d’autre part, avec l’aide de Dieu, en la relativisant et en la dépassant ».
  • [33]
    S. Scott et al., “Caring for our Own : Deploying a Systemwide Second Victim Rapid Response Team”, dans Joint Commission Journal on Quality and Patient Safety, 36/5, 2010, pp. 233-240.
  • [34]
    http://www.theschwartzcenter.org/viewpage.aspx?pageid=20 (accès 15/05/2013) : “In contrast to traditional medical rounds, the focus is on the human dimension of medicine. Caregivers have an opportunity to share their experiences, thoughts and feelings on thought-provoking topics drawn from actual patient cases. The premise is that caregivers are better able to make personal connections with patients and colleagues when they have greater insight into their own responses and feelings. A hallmark of the program is interdisciplinary dialogue. Panelists from diverse disciplines participate in the sessions, including physicians, nurses, social workers, psychologists, allied health professionals and chaplains. After listening to a panel’s brief presentation on an identified case or topic, caregivers in the audience are invited to share their own perspectives on the case and broader related issues”.
  • [35]
    KU Leuven nieuws, Zorgpaden verbeteren teamwerking en verlagen risico op burnout, 19 februari 2013. http://nieuws.kuleuven.be/node/11654 (accès 07/05/2013).
  • [36]
    La British Medical Association (BMA) utilise par exemple sur son website le Oldenburg Burnout Inventory, développé par dr. E. Demerouti. Voir https://web2.bma.org.uk/drs4drsburn.nsf/quest?OpenForm (accès 27/05/2013).
  • [37]
    J. Stevens, E. Herrebosch, & A. Vandenhoeck, Praktijkbegeleiding van pastores. Met het oog op kwaliteit van werk en leven, Antwerpen, Halewijn, 2006, p. 59.
  • [38]
    K.J. Flannelly, S.B. Roberts & A.J. Weaver, op. cit., pp. 213-224.

Introduction

1Dans cette contribution, je pars de la conviction que, comme tous les soignants, les agents pastoraux dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes sont sensibles au burn-out [1]. On peut se demander s’ils sont ou non davantage sensibles au burn-out que les autres donneurs de soin. Dans cet article, je me focalise surtout sur la prévention du burn-out. Je définis d’abord quelques concepts : le burn-out, le stress, la fatigue émotionnelle et le stress traumatique secondaire sont des notions qui ont une relation entre elles et qui surgissent dans une conversation sur le burn-out. Je décris ensuite les causes possibles de burn-out. Son apparition est due à une combinaison de différents facteurs qui sont liés à la personnalité de l’agent pastoral, à l’organisation du travail dans le contexte des soins et à la relation entre l’agent pastoral et la communauté écclésiale. Ces trois éléments – rapport de l’agent pastoral avec lui-même, avec le contexte des soins et avec la communauté ecclésiale – contiennent de possibles causes de stress. Lorsqu’une combinaison de ces facteurs provoque un trop grand stress pendant une trop longue période, cela peut conduire au burn-out. Pour les agents pastoraux, pour les responsables dans les services de soins et pour ceux de la communauté ecclésiale, il est important de se demander comment le burn-out peut être évité chez les agents pastoraux. Je traite cette question en me basant sur la pratique du vicariat caritas du diocèse de Bruges. Je donne aussi dans le texte quelques exemples qui viennent de ma pratique en tant que superviseure.

Définitions de termes qui apparaissent dans le discours sur le burn-out

2Dans le discours sur le burn-out apparaît régulièrement la notion de stress. Le stress en lui-même est indispensable dans le fonctionnement humain. Le stress est une impulsion normale et quotidienne qui motive les personnes et les rend créatives [2]. Mais le stress peut aussi avoir une action négative en cas d’excès. Trop de stress provoque l’angoisse, la tension et des réactions chimiques dans le corps. Les gens perçoivent le stress plutôt comme une action négative et non comme une force positive. De plus, ce qui peut être stressant pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre. Par contre, une longue exposition à un stress excessif peut conduire au burn-out.

3Le burn-out est un syndrome qui survient fréquemment chez les gens dont la profession est de donner des soins et qui va de pair avec un épuisement émotionnel et physique, avec une dépersonnalisation et un sentiment de compétence personnelle amoindri [3]. D’autres caractéristiques, souvent mentionnées au plan des sentiments, sont les émotions nivelées, le sentiment d’impuissance, l’état désespéré, la perte de motivation, la perte des idéaux et la dépression. Les causes du burn-out ont souvent été attribuées par les scientifiques à des facteurs soit externes, soit liés à la personne [4]. Dans la pratique des soins et dans la littérature actuelle, on retrouve aussi un modèle holistique où une combinaison de facteurs présents dans les différentes dimensions de l’homme peut conduire au burn-out [5]. Le psychologue des religions Jos Pieper, professeur à l’université d’Utrecht, décrit le burn-out comme le résultat d’une perturbation prolongée entre la charge de travail qu’on doit porter et celle qu’on peut porter [6].

4Dans la littérature sur le burn-out de la dernière décennie apparaissent de nouveaux termes : fatigue ou épuisement émotionnel et traumatisation secondaire [7]. La fatigue émotionnelle surviendrait surtout chez les soignants. Plus le donneur de soins a de l’empathie, plus il peut se mettre à la place de l’autre, et plus il court le risque de connaître la fatigue émotionnelle. La traumatisation secondaire a une sonorité plus grave et renvoie à l’incidence d’une trop grande implication du soignant [8]. Il en vient à être traumatisé par la souffrance du demandeur de soins et va pour ainsi dire présenter les mêmes symptômes. Dans la traumatisation secondaire, l’accent est mis sur la manière dont le donneur de soins va réagir aux parcours des gens et sur l’effet que ceux-ci ont sur lui. Dans le burn-out, l’accent est davantage mis sur l’organisation, sur les conditions et sur le poids du travail. Dans le burn-out comme dans la traumatisation secondaire, les donneurs de soins peuvent présenter les mêmes symptômes, tels que l’insomnie, le doute sur ses propres capacités et un sentiment d’impuissance. Peter Adriaenssens, qui est à la tête de la psychiatrie ambulatoire de l’hôpital universitaire de Leuven et qui est aussi directeur du Vertrouwenscentrum kindermishandeling qui s’occupe de la maltraitance des enfants, trouve que « traumatisation secondaire » est un terme trop lourd pour désigner le fait normal que les donneurs de soins soient touchés par les histoires des gens et qu’ils en aient parfois des cauchemars, du chagrin ou du stress. La traumatisation par contre, affirme-t-il, est « un dommage neurobiologique contracté en vivant des situations effroyables » [9]. Dans cet article, nous n’étudions pas la fatigue émotionnelle ou le stress traumatique secondaire en soi, mais le risque d’un burn-out chez les agents pastoraux dans le secteur des soins de santé.

Les agents pastoraux actifs dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes sont-ils sensibles au burn-out ?

5Comme l’indique la définition énoncée ci-dessus, ce sont surtout les gens exerçant une profession d’aide aux personnes qui courent le risque d’un burn-out. Les agents pastoraux actifs dans le secteur des soins de santé sont donc par définition vulnérables au burn-out, parce qu’ils travaillent dans un environnement et selon un profil professionnel qui leur demande de s’impliquer et de prendre soin de l’autre. Les agents pastoraux sont-ils plus vulnérables au burn-out que les autres ? Il n’y a pas de recherche ciblée récente sur ce phénomène, mais Pieper a mené, il y a quelques années aux Pays-Bas, une étude à grande échelle sur le burn-out des agents pastoraux dans la pastorale territoriale [10]. Il en résulte que les agents pastoraux courent un risque plus élevé de contracter un burn-out à cause de l’environnement dans lequel ils évoluent et du fait de quelques facteurs liés à leur personnalité. Certaines causes possibles de ce risque plus élevé citées dans cette étude valent certainement aussi pour les agents pastoraux actifs dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes, comme par exemple la grande charge émotionnelle, l’idéalisme, la difficulté de fixer des limites, les attentes… Je me demande, à ce propos, dans quelle mesure la spiritualité personnelle et la foi des agents pastoraux – ce qui englobe plus que l’implication et l’idéalisme –, contribuent au risque d’un burn-out ou renforcent au contraire leur endurance les protégeant contre le burn-out. Dans le tableau ci-dessous, je fais la liste de certaines causes possibles de burn-out en faisant la distinction entre les facteurs personnels et les facteurs professionnels, les facteurs qui sont propres au secteur des soins et les facteurs qui ont trait à la relation avec la communauté ecclésiale ou avec celle de l’instance religieuse [11]. J’essaie également de présenter concrètement le traitement du burn-out et sa prévention. Le burn-out est cependant difficile à prévoir [12]. Les facteurs cités ne conduisent pas nécessairement au burn-out. Ils peuvent cependant en augmenter les risques. C’est plutôt une combinaison de facteurs liés à la personne, au travail ou à l’environnement qui peuvent l’y conduire.

Tableau 1

Quelques facteurs qui jouent un rôle dans les causes, le traitement et la prévention du burn-out

Agent pastoralContexte des soinsCommunauté ecclésiale
Causes de burn-outCoping Style
Faculté d’identification
Personne et style de vie
Aspects de foi
Trop peu de soutien
Charge de travail et organisation du travail
Faible communication
Équipe qui fonctionne mal
Trop peu de soutien
Exigences trop élevées
Pression due à l’image négative de l’Église
Traitement du burn-outPause
Assistance médicale, thérapie ou autre accompagnement
Soutien
Changement des conditions de travail
Soutien
Accompagnement dans la pratique
Prévention du burn-outSoutien social
Satisfaction dans le travail
Repos
Ressourcement
Foi et humour
Soutien de la direction et de l’équipe, bonne organisation du travailSoutien, formation et accompagnement dans la pratique

Quelques facteurs qui jouent un rôle dans les causes, le traitement et la prévention du burn-out

Causes de burn-out

6Un certain nombre de facteurs chez l’agent pastoral même augmente le risque de burn-out. Ceux-ci ont trait d’une part à sa personnalité et à son style de vie, et d’autre part à son travail et à son profil professionnel.

7Une première série de facteurs de burn-out sont liés à certaines caractéristiques de la personnalité. Pieper mentionne les gens qui ont une faible endurance au stress, ceux qui ont des difficultés à affronter les conflits et ceux qui ne gèrent pas ou mal leurs problèmes [13]. Une autre littérature désigne le perfectionnisme, un regard pessimiste sur soi ou sur le monde et un besoin de contrôle [14]. Des circonstances de vie personnelles telles qu’une rupture, la maladie ou la mort de membres de la famille, ou d’autres événements vécus peuvent également favoriser la fatigue émotionnelle et le burn-out [15]. Les gens qui en arrivent au burn-out souffrent souvent d’un déséquilibre entre le travail et les relations qui procurent un soutien et un ressourcement. Les agents pastoraux ont-ils grâce à leur foi plus de moyens d’éviter le burn-out [16] ? D’une part, leur foi personnelle peut représenter un grand soutien et être une grande force de motivation. L’agent pastoral peut utiliser cette foi pour par exemple tenir le coup dans une situation permanente de stress douloureux [17]. D’autre part, la foi et la conscience de la vocation peuvent aussi provoquer un sentiment excessif de responsabilité ou de trop grandes attentes. Un agent pastoral au cours d’un entretien de supervision l’exprimait ainsi : « Dieu m’a appelé pour veiller sur ces gens, comment puis-je donc penser à avoir un week-end libre ? ». La spiritualité personnelle peut compliquer la fixation de limites aux sollicitations concrètes des gens. En tant que superviseuse, je vois souvent des agents pastoraux débutant dans le service des soins de santé qui tâtonnent à la recherche de leurs limites. Ils commencent avec enthousiasme leur tâche, ont des idéaux élevés et ont un grand sentiment de responsabilité à l’égard de leurs patients ou résidents. Ils se trouvent souvent esseulés en ne recevant pas ou peu de contrôle social.

Exemple
Christine est, depuis un an, agente pastorale dans un centre d’hébergement et de soins. Elle est la seule agente pastorale pour environ 90 résidents, personnel compris. Christine travaillant actuellement à temps partiel n’a momentanément pas d’autre fonction. Son superviseur lui fait remarquer qu’elle est en train de déplacer sans s’en apercevoir les limites de son engagement et de son travail. Elle travaille de plus en plus à la maison et ne déclare déjà plus un certain nombre d’heures prestées dans les soins, car elle ne peut de toute façon plus récupérer ses heures supplémentaires. Les derniers mois, il y eut de nombreux décès. Christine ressent en raison de sa foi une grande responsabilité à donner à chaque résident l’adieu qu’il ou elle mérite. Elle y investit beaucoup de temps, mais ne consacre pas le temps nécessaire lui permettant d’intérioriser. Ces derniers temps, elle se sent surtout fatiguée et ses amis lui font remarquer que son travail l’accapare de plus en plus.

8Un certain nombre de facteurs professionnels peuvent devenir des stresseurs qui provoquent à la longue un burn-out. Les agents pastoraux sont souvent confrontés à des situations, telles que les décès, qui éveillent l’impuissance et une intensité émotionnelle. Dans des circonstances normales, l’agent pastoral peut trouver une satisfaction dans la manière dont il peut réconforter les gens qui viennent de perdre un être cher. Dans une période où les agents pastoraux sont confrontés à un grand nombre de décès, l’intensité émotionnelle peut être pesante et la satisfaction peut reculer à l’arrière-plan [18]. L’empathie aussi, qui est une attitude de base nécessaire pour un agent pastoral, a deux aspects. D’une part, une juste dose d’empathie procure de la satisfaction en raison de la richesse relationnelle qui en découle. D’autre part, une trop grande empathie, qui s’exprime par une trop forte identification et implication, est nuisible pour toutes les personnes concernées et peut contribuer au burn-out. Un autre stresseur spécifique pour l’agent pastoral est sa place dans l’organisation. Les agents pastoraux se trouvent souvent vu leur nombre et face à la hiérarchie en marge de l’institution. Pour nombre d’entre eux et pour la direction, la dimension spirituelle des soins et la tâche de l’agent pastoral est d’ailleurs difficile à saisir [19]. Sa position marginale peut être un grand stresseur lorsque l’agent pastoral sent que sa contribution n’est ni prise en compte, ni appréciée et qu’il développe pour cette raison un complexe de calimero.

9Il y a également des facteurs qui appartiennent au contexte des soins et qui accroissent le risque de burn-out. L’augmentation des tâches administratives avec pour conséquence moins de temps consacré au contact direct avec les patients et la réduction des dépenses financières qui oblige à effectuer la même tâche avec moins de personnel, sont quelques exemples de stresseurs dans le secteur des soins. Le risque de burn-out grandit lorsque les donneurs de soins, y compris les agents pastoraux, ont peu de contrôle sur leur travail, reçoivent peu de considération et de reconnaissance, ressentent des attentes trop hautes ou imprécises par rapport à leur travail ou doivent fonctionner dans un cadre de travail peu organisé [20]. Les agents pastoraux considèrent aussi que prendre soin des membres du personnel soignant fait également partie de leur tâche. Ils les accueillent après des situations de soins difficiles ou pour les problèmes rencontrés dans leur vie personnelle. Mais qui s’occupe des agents pastoraux ?

10Il est intéressant de voir, en nous basant sur l’expérience dans la pratique des soins, qu’une équipe peut également connaître une sorte de fatigue ou d’épuisement, si bien qu’on peut se demander si on peut parler d’un vrai burn-out de l’équipe. Ceci peut subvenir aussi bien dans une équipe homogène de donneurs de soins ayant la même profession que dans une équipe interdisciplinaire hétérogène. La conséquence en est en tout cas que l’équipe travaille moins efficacement, est moins productive et devient moins performante dans le soutien apporté. Dans pareille équipe, les donneurs de soins ont individuellement plus de stress, et ressentent moins de fierté, moins de joie et de satisfaction dans leur travail.

Exemple
Il s’agit d’une équipe pastorale dans un hôpital régional qui ne fonctionne pas bien depuis plusieurs années. Les membres de l’équipe sont tous individuellement de bons agents pastoraux et reçoivent en ce sens des réactions positives de la part des patients, des familles et du personnel soignant. Mais l’équipe rencontre une double difficulté : ses membres ne travaillent pas bien ensemble et les rapports avec la direction posent problème. La communication entre la direction et l’équipe pastorale est de nature telle que cette dernière se retrouve dans un rôle de victime. D’une part, la direction ne les soutient pas suffisamment et les place devant les faits accomplis. Par exemple, l’équipe n’a pas été consultée lors de l’aménagement dans l’hôpital d’un nouvel espace réservé au silence devant aussi servir de chapelle. Cet épisode eut, entre autres, pour conséquence une spirale descendante dans l’équipe, qui s’est exprimée par le découragement, par une culture de récrimination et par l’impuissance. La collaboration entre les membres de l’équipe s’est détériorée provoquant beaucoup de stress et des dissensions insurmontables. Un processus d’accompagnement interne et externe aboutit à la mise en œuvre d’une nouvelle communication entre la direction et l’équipe et à la démission d’un des agents pastoraux.

11Il y a enfin des facteurs propres à la relation entre les agents pastoraux et la communauté ecclésiale ou l’instance religieuse qui peuvent augmenter le risque de burn-out. Il y a un certain nombre de stresseurs qui reviennent souvent dans les entretiens avec les agents pastoraux [21]. Un premier stresseur est le sentiment d’un manque de reconnaissance de la part de l’autorité ecclésiale. Les agents pastoraux actifs dans le secteur des soins ont l’impression que l’accent est mis par l’autorité sur la pastorale territoriale et qu’elle accorde peu d’attention ou de considération à leur travail et à leur compétence. Un deuxième stresseur se trouve dans le fait qu’ils représentent la conception de la vie catholique et que les gens les identifient à l’autorité de l’Église. Lorsque les agents pastoraux ne sont pas d’accord avec les décisions de l’Église tout en représentant quand même cette institution ou en étant assimilés à elle, ils ressentent en eux-mêmes une sorte de grand écart intellectuel et émotionnel qu’ils parviennent parfois difficilement à gérer. Pour tenir bon dans cette situation apparaît chez eux une sorte de « dé-ecclésiologisation » par laquelle ils font la distinction entre l’institution et la Bonne Nouvelle [22]. Ces stresseurs semblent moins présents dans la nouvelle génération des agents pastoraux, parce que la distance entre eux et l’institution d’Église est plus grande. Pieper décrit encore un autre stresseur dans son étude sur le burn-out chez les agents pastoraux dans la pastorale territoriale, à savoir l’imprécision de leur rôle. Dans un contexte catholique, cette imprécision du rôle signifie le rapport entre laïcs et prêtres [23].

Exemple
Une équipe pastorale a de la difficulté à maintenir la garde (24h/24h et 7j/7j). Elle a dû renoncer à un mandat temps plein en raison de la réduction des dépenses et de l’indisponibilité temporaire pour raisons familiales d’un agent pastoral. Les effectifs étant limités, les autres membres de l’équipe sont davantage sollicités et leurs soirées, leurs nuits et leurs week-ends libres sont supprimés. Ils pensent néanmoins qu’ils doivent essayer de maintenir la garde parce qu’ils considèrent leur apport particulièrement précieux envers les personnes en détresse. Leur manager de soins réagit à leur situation de surcharge de travail en se demandant si un agent pastoral doit encore être de garde en permanence. Dans une première réaction, le responsable de l’évêché lui emboîte le pas. L’équipe réagit en étant déçue et ne se sent pas soutenue ou appréciée. Le manque de soutien que les membres de l’équipe ressentent engendre un sentiment de découragement.

Traitement du burn-out

12Il y a peu de littérature disponible concernant le traitement du burn-out chez les agents pastoraux. Souvent, le burn-out des donneurs de soins est traité par une interruption de travail ou par un congé de maladie, par le repos, ou par une assistance médicale et par une thérapie. Il est, en tout cas, certain que le burn-out est une souffrance à la fois physique, sociale, émotionnelle et spirituelle. Le burn-out est une situation dans laquelle la personne souffre dans toutes les dimensions de son être. Le corps montre les signes d’une trop longue exposition à un stress excessif. La personne en question a des sentiments de doute, d’impuissance, d’angoisse et d’hésitation. L’entourage et la société perçoivent le burn-out davantage comme une sorte d’échec personnel que comme la conséquence d’une surcharge de travail et d’une mauvaise organisation du travail, ce qui augmente chez la personne en question les sentiments de culpabilité ou de honte. Sur le plan spirituel, le burn-out a pour effet une expérience de perte de sens [24]. Ce dernier aspect semble particulièrement frustrant pour les travailleurs pastoraux. Dans le développement de leur professionnalisme, les travailleurs pastoraux se décrivent de plus en plus souvent comme des experts du sens donné à la vie, de la spiritualité et de la religion [25]. Ils prennent soin de donner un sens à la vie des autres et doivent constater qu’ils ont trop peu pris soin du sens à donner à leur propre vie. Étant donné que le burn-out entraîne une perte à tous les niveaux dans l’être humain, le rétablissement va souvent de pair avec un deuil qu’il faut faire et avec la reconnaissance de ce qui n’a pas été possible ou qui n’est plus possible. Se rétablir du burn-out amène à formuler d’autres priorités et buts afin de pouvoir garder l’équilibre.

13Lorsqu’un agent pastoral en arrive au burn-out, il ne suffit pas qu’il s’interroge lui-même. L’institution et la communauté ecclésiale aussi doivent pouvoir jeter un regard critique sur elles-mêmes et réfléchir sur les soins qu’elles accordent aux membres de leur personnel. La direction de l’institution peut se poser des questions sur les exigences du travail, sur son organisation et sur ce qu’elle peut faire pour veiller à ce que le personnel ne soit pas surchargé dans son travail. Quelle est la culture de la maison en ce qui concerne la charge émotionnelle et l’expression ou le partage du stress ? Considère-t-on comme une faiblesse le fait de ployer sous la surcharge de travail ? L’instance religieuse peut se demander si elle a suffisamment reconnu, soutenu et apprécié l’agent pastoral en question. Elle peut aussi s’interroger sur les facteurs de stress que l’agent pastoral subit dans sa relation avec elle, et peut également entamer une réflexion théologique autour de la spiritualité de l’agent pastoral pour l’aider à fixer ses limites.

Prévenir le burn-out

14Le burn-out renvoie à un déséquilibre dans la vie de l’agent pastoral [26]. Il y a chez lui manifestement un « trop » (trop de stress, trop de travail, trop d’implication, trop d’attentes…) et manifestement un « trop peu » (trop peu de soutien, trop peu d’encouragement, trop peu de communication, trop peu de détente, trop peu de ressourcement…). La prévention du burn-out semble donc devoir se diriger vers le maintien d’un équilibre parfois instable entre la charge de travail et la capacité à porter celle-ci et vers un bon soin accordé à tous les aspects de la nature humaine. Nous considérons l’objectif de prévenir le burn-out en nous situant à nouveau du point de vue de l’agent pastoral, du contexte des soins et de l’instance religieuse ou de la communauté ecclésiale.

15Les agents pastoraux ont pour tâche d’apprendre dans leur travail à écouter les signaux qui indiquent une trop grande charge de travail. L’expérience et l’âge peuvent y aider. Plus l’agent pastoral est âgé, plus il a l’expérience professionnelle, et moindre est le risque du burn-out [27]. Les agents pastoraux qui ont plus d’expérience ont exploré leurs limites et savent mieux jusqu’où ils peuvent aller que ceux qui ont moins d’expérience professionnelle. Dans la littérature qui traite des moyens d’éviter le burn-out, on parle souvent de spiritualité (se ménager des temps de prière, d’accompagnement spirituel), de temps libre à se préserver (apprendre à dire non), d’hygiène du corps (sport et repos), du soutien venant des collègues (intervision, groupes de réflexion et groupes de soutien), de restructuration cognitive (apprendre à connaître ses limites), de l’importance de relations enrichissantes, etc. Nous nous arrêtons un moment sur deux sources qui peuvent améliorer l’endurance des agents pastoraux et qui ont un lien entre elles : la spiritualité et l’humour.

16La foi personnelle des agents pastoraux peut jouer un rôle important dans la prévention du burn-out. Différentes traditions religieuses proposent un cadre d’interprétation clair concernant le repos et le ressourcement, qui sont deux facteurs d’équilibre dans la vie et dans le travail de l’agent pastoral [28]. La tradition judéo-chrétienne insiste sur un équilibre entre le travail et le repos par l’observation du sabbat ou du dimanche qui se réfère directement au jour de repos de Dieu lui-même dans le récit de la Création. Différentes grandes figures dans cette tradition, comme Jésus lui-même, se retiraient régulièrement pour méditer et se ressourcer. Il est certain que, dans la tradition catholique, l’équilibre entre action et contemplation est fortement validé. La contemplation comme temps où l’on demeure avec Dieu est considérée comme particulièrement précieuse. Ensuite, il y a aussi le thème biblique de la providence de Dieu qui peut également inspirer la foi de l’agent pastoral. Dieu pourvoit aux besoins de son peuple, au-delà des limites de l’agent pastoral, et c’est Lui qui a le dernier mot. En se basant sur cette idée, l’agent pastoral peut espérer et croire qu’il n’est pas le seul à s’occuper de cette personne. Cette foi lui permet de placer sa propre responsabilité dans une perspective vivable [29].

17L’humour est un moyen important de relativisation et peut de ce fait contribuer à prévenir le burn-out [30]. Le bénédictin Anselm Grün considère l’humilité et l’humour comme des caractéristiques fondamentales de l’existence chrétienne [31]. Dans son livre Spiritualité d’en bas, A. Grün décrit l’humilité comme un chemin qui nous fait descendre dans notre propre humus, dans la nature terrestre de l’homme. En devenant familier (avec) ses limites et par la connaissance de soi, l’homme peut faire l’expérience de Dieu. Devenir familier de son propre humus conduit à l’humour. L’humour est en définitive une réconciliation avec la réalité de l’existence humaine. Grün définit l’humour comme « la réconciliation avec notre humanité, avec notre nature terrestre et notre faiblesse » [32].

18Les institutions de soins ne sont pas insensibles à la protection de la capacité d’endurance de leur personnel et cherchent des manières de prévenir le burn-out. Nous décrivons quelques initiatives récentes dans lesquelles les agents pastoraux peuvent participer et jouer un rôle.

19Les institutions sont à la recherche de manières de mieux soutenir leur personnel soignant avec le but direct ou indirect de prévenir le burn-out. On est, par exemple, de plus en plus conscient que le débriefing est un moyen important dans les soins fournis au personnel soignant. En règle générale, on procède à des débriefings après des situations de soins lourds qui s’accompagnent d’une haute charge émotionnelle, telles que les soins lors d’un traumatisme, un décès compliqué ou un incident involontaire avec un patient. Les débriefings ne servent pas uniquement à examiner si les soins prodigués ont été pratiqués correctement, mais surtout à créer un espace pour que les donneurs de soins concernés puissent exprimer leurs sentiments et leurs impressions, et pour se réconforter les uns les autres. L’implémentation d’une initiative américaine par le chercheur Kris Van Haecht de la KU Leuven se trouve dans la même ligne. Il s’agit du fonctionnement d’un second victim rapid response team[33]. Les donneurs de soins sont pris en charge par une équipe spécialisée de collègues internes immédiatement après leur confrontation avec une lourde situation de soins, comme le suicide d’un patient dans l’institution. Des initiatives telles que les Schwartz center rounds prêtent leur attention à ce que vit le personnel soignant en dehors des soins difficiles et compliqués [34]. Les Schwartz center rounds sont des réunions mensuelles, interdisciplinaires ouvertes à tous les membres du personnel au cours desquelles on parle explicitement de la dimension humaine des soins. Elles forment un contrepoids à la pression financière et administrative dans les soins.

20De nouvelles formes d’organisation à l’intérieur du service des soins de santé peuvent également empêcher le burn-out du personnel soignant. Ainsi le chercheur flamand Svin Deneckere étudia l’effet des parcours de soins sur le travail d’équipe [35]. Les parcours de soins ont pour but de décrire et d’organiser de manière tellement précise les soins à donner à un groupe bien défini de patients que la collaboration entre les membres de l’équipe et la sécurité du patient sont garanties de façon optimale. Les membres d’une équipe qui travaille avec un parcours de soins courent moins le risque de connaître la fatigue émotionnelle et se sentent plus aptes à faire leur travail. Ils réalisèrent également de meilleurs scores sur des paramètres tels que la gestion des conflits. Le chercheur conclut que les parcours de soins sont une forme d’organisation qui diminue le risque de burn-out. Un facteur important en tout cela semble être l’appui de la direction pour rendre possible cette implémentation du parcours de soins.

21Il y a également des associations professionnelles et des institutions qui utilisent des checklists pour faire du burn-out un sujet de discussion parmi les donneurs de soins [36]. Ces checklists ne sont pas utilisés pour faire un diagnostic, mais comme un moyen pour évaluer la vulnérabilité et pour entamer le dialogue avec un soignant qui subit différents stresseurs. Les checklists mettent les mots sur ce que le soignant éprouve et ressent.

22Il est important dans la prévention du burn-out que les institutions continuent à favoriser une culture où les donneurs de soins se soutiennent les uns les autres, où la responsabilité est partagée, où la communication est bien faite et où les donneurs de soins sentent de la considération pour leur engagement.

23Le rôle de l’instance religieuse ou de la communauté ecclésiale est également important dans la prévention du burn-out chez les agents pastoraux. Les représentants de l’instance religieuse peuvent, eux aussi, contribuer à ce que les agents pastoraux gardent un bon équilibre entre la charge qu’ils doivent porter et celle qu’ils peuvent porter en leur offrant un accompagnement dans la pratique, ainsi que le soutien et la formation. Cela peut se faire de différentes manières. Nous donnons un exemple venant du diocèse de Bruges.

24L’équipe vicariale caritas du diocèse de Bruges est composée du vicaire qui porte la responsabilité finale pour la caritas et la diaconie, du vicaire-adjoint et de trois collaborateurs. Chaque collaborateur est responsable des agents pastoraux et du fonctionnement pastoral dans un secteur des soins de santé (hôpitaux généraux et psychiatriques, soins des personnes âgées, soins des handicapés). Une fois par mois, l’équipe vicariale se réunit pour harmoniser la gestion dans les différents secteurs. Le travail de l’équipe vicariale vise à soutenir, à former et à assister dans la pratique les agents pastoraux.

25L’assistance dans la pratique se fait sous différentes formes dans le diocèse de Bruges. Lorsqu’un nouvel agent pastoral débute dans une institution, il reçoit un accompagnateur local qui l’introduit et le guide dans la pratique [37]. Durant les six premiers mois de sa mise au travail (en général la durée de son contrat à l’essai), le responsable de l’équipe vicariale vient le voir environ trois fois pour faire le mentoring. Sous cette forme d’assistance, ce qui est central, l’accent est mis sur l’adaptation du candidat au profil de l’agent pastoral, son adaptation à l’institution et au groupe plus large des agents pastoraux. Lorsque l’agent pastoral signe son contrat définitif dans l’institution, on lui demande de suivre une supervision individuelle auprès d’un des superviseurs caritas reconnus dans le diocèse. Au cours d’une série de dix sessions, le supervisé a l’occasion de se familiariser à partir de l’expérience pratique. Le plus souvent cette série de supervisions se termine après un peu plus d’un an. L’agent pastoral a alors la possibilité de se joindre à un groupe d’intervision ou de supervision. On demande à l’agent pastoral un engagement minimum de deux ans (un groupe se réunit environ cinq fois par an pour la supervision ou l’intervision). À tout moment de sa carrière, l’agent pastoral est le bienvenu s’il veut rejoindre un groupe ou s’il veut suivre à nouveau une supervision individuelle ou s’il veut demander un certain nombre de coachings. La supervision et les autres formes d’accompagnement dans la pratique des agents pastoraux semblent être des moyens efficaces dans la prévention du burn-out. Une enquête réalisée par la HealthCare Chaplaincy à New York sur la traumatisation secondaire et le burn-out chez 343 agents pastoraux qui avaient été impliqués dans les soins aux victimes du 11 septembre (dont 97 étaient actifs dans le secteur des soins de santé) a montré que la CPE (Clinical Pastoral Education) avait clairement contribué à la prévention du burn-out [38]. Les agents pastoraux qui avaient suivi la CPE (une forme d’apprentissage par la pratique, le travail de groupe et la supervision), ont eu beaucoup moins de problèmes avec le burn-out par la suite.

26L’offre de formation venant du vicariat caritas du diocèse de Bruges vise d’une part à développer le professionnalisme, d’autre part à approfondir la spiritualité. En ce qui concerne l’offre de formation, on travaille sectorialement et intersectorialement, localement et en collaboration avec des instances interdiocésaines. En ce qui concerne l’assistance dans la pratique et l’offre de formation, l’équipe vicariale travaille en collaboration avec des commissions d’experts sectoriels d’agents pastoraux et de membres de direction. Le rapport annuel remis par les agents pastoraux permet de voir quels sont les besoins pour la formation suivante.

27L’équipe vicariale offre son soutien aux agents pastoraux en leur proposant la possibilité d’un entretien. Régulièrement, l’agent pastoral est invité pour un entretien confidentiel sur son travail et son bien-être. À partir de là, à condition que le travailleur pastoral donne son accord, certains points importants peuvent être discutés en équipe vicariale et dans les commissions d’experts. Le vicaire défendra les intérêts de la pastorale du secteur des soins de santé au conseil épiscopal et dans la concertation avec les vicaires. Chaque collaborateur de l’équipe vicariale prendra et gardera contact pour son secteur avec les agents pastoraux qui se trouvent pour un petit temps ou pour un temps plus long dans une situation difficile. En ce qui concerne le soutien, l’équipe vicariale accorde aussi sa pleine collaboration à l’association professionnelle des agents pastoraux catholiques dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes. L’association professionnelle vise le développement professionnel de l’agent pastoral, stimule le partage des connaissances et cherche à obtenir un statut légal reconnu pour ceux-ci.

Conclusion

28Il n’est pas établi par la recherche que les agents pastoraux dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes sont plus vulnérables au burn-out que d’autres donneurs de soins (soignants) ou agents pastoraux dans d’autres secteurs d’activité. Il est, par contre, prouvé qu’ils sont sensibles au burn-out. Une combinaison de facteurs liés à leur personne, à leur travail propre au contexte des soins, et à leur relation avec la communauté ecclésiale peut occasionner le burn-out. Cette étude met la responsabilité et le soin de la prévention du burn-out chez l’agent pastoral lui-même, auprès des institutions de soins et auprès de la communauté ecclésiale. La foi personnelle de l’agent pastoral, l’organisation du contexte de travail et le soutien et la réflexion de la communauté ecclésiale peuvent ici jouer un rôle important.

Notes

  • [1]
    La recherche internationale montre en suffisance la possibilité du burn-out chez les agents pastoraux dans le secteur des soins de santé et d’aide aux personnes. Voir, entre autres, le numéro thématique sur le burn-out dans la revue Tijdschrift voor Praktische Theologie en 2006. Je renvoie également à la bibliographie de cet article.
  • [2]
    Cf. G. Danneels, Le stress. Incontournable ? Parole de vie… Noël 2007, Antwerpen, Halewijn, 2007, p. 9. ; G. Van Edom, “Het wordt mij teveel Heer. Zorgzaam omgaan met het eigen lichaam als spirituele opdracht”, dans Id. (red.), Lichaam en levensadem. Pastorale zorg voor de hele levende mens, Antwerpen, Halewijn, 2010, p. 155.
  • [3]
    R.J. Hunter (red.), Dictionary of Pastoral Care and Counseling, Nashville, TN, Abingdon Press, 1990, pp. 112-113 : “A syndrome, often occurring among individuals in helping professions, involving emotional and physical exhaustion, depersonalization, and a feeling of reduced personal accomplishment.”
  • [4]
    Ibid. En se plaçant dans une perspective socio-psychologique, C. Maslach affirme que le burn-out a à voir avec des facteurs situationnels et liés à l’environnement, tandis que H.J. Freudenberger attribue le burn-out à des caractéristiques intrapsychiques et liées à la personnalité selon une perspective psycho-analytique.
  • [5]
    Ibid. : “Instead of a linear causality of external or internal factors, a third model, proposed by Heifetz and Bersani (1983), understands burnout as a cybernetic interplay of situational, intrapsychic, interpersonal, physical, and spiritual factors. The combination of these five factors leads to burnout when the homeostatic balance among them is heavily weighted on one and not compensated by another.”
  • [6]
    J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, p. 61.
  • [7]
    En anglais, on utilise le terme compassion fatigue. Voir p. ex. : K.J. Flannelly, S.B. Roberts, A.J. Weaver, “Correlates of Compassion Fatigue and Burnout in Chaplains and Other Clergy who responded to the September 11th Attacks in New York City”, dans Journal of Pastoral Care & Counseling, 59, 2005, pp. 213-224.
  • [8]
    Une autre expression est « stress traumatique secondaire ».
  • [9]
    T. Naegels, “Wie te dicht komt, brandt zijn vingers. Burn-out en secundaire traumatisering in de hulpverlening”, dans Weliswaar, 57, 2004, p. 33.
  • [10]
    J. Pieper, “De uitputting nabij. Oorzaken van burn-out onder rooms-katholieke basispastores”, dans A. Bisschops, J. Pieper & W. Putman (red.), Verterend vuur. Over burn-out in het basispastoraat, Zoetermeer, Meinema, 2007, pp. 13-40.
  • [11]
    Nous n’avons pas la prétention d’être exhaustif, mais de rendre plus concret le burn-out chez les travailleurs pastoraux.
  • [12]
    B. E. Taylor, K.J. Flannelly, A.J. Weaver, D.J. Zucker, “Compassion Fatigue and Burnout among Rabbis working as Chaplains”, dans Journal of Pastoral Care & Counseling, 60/1-2, 2006, pp. 35-42.
  • [13]
    J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, pp. 61-62.
  • [14]
    J. Stoeber & D. Rennert, “Perfectionism in School Teachers : Relations with Stress Appraisals, Coping Styles, and Burnout”, dans Anxiety, Stress & Coping, 21, 2008, p. 37.
  • [15]
    B.E. Taylor, K.J. Flannelly, A.J. Weaver & D.J. Zucker, op. cit., pp. 35-42. Cette étude établit entre autres que des rabbis séparés courent un plus grand risque de fatigue émotionnelle.
  • [16]
    Dans son étude sur les agents pastoraux dans la pastorale territoriale, J. Pieper voit une influence positive d’une attitude religieuse. J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, p. 74.
  • [17]
    Voir “Chaplain Burnout”, dans Religion & Ethics NewsWeekly, November 11th, 2011, http://www.pbs.org/wnet/religionandethics/episodes/november-11-2011/chaplain-burnout/9903/ (acccès 7 mai 2013) : “Chaplain Cheney : ‘Even when I was going through that, I felt an amazing sense of calm in those situations as I ministered to those soldiers, and I know that that could not have been anything from myself, it was only God, you know, Jesus Christ working through me to touch these soldier’s lives’”.
  • [18]
    La grande pression sur les agents pastoraux lors de nombreux décès se manifeste certainement dans le contexte de l’armée dans des pays où l’engagement militaire est important dans des régions à haut risque. Des agents pastoraux de l’armée américaine témoignent comment la compassion fatigue peut survenir quand il y a une concentration de soldats qui périssent ou quand il y a des décès dramatiques où les travailleurs pastoraux s’occupent des victimes ou quand ils font partie de l’équipe qui va annoncer les décès aux familles. Voir “Chaplain Burnout”, dans Religion & Ethics NewsWeekly, November 11th, 2011, http://www.pbs.org/wnet/religionandethics/episodes/november-11-2011/chaplain-burnout/9903/ (accès 7 mai 2013). Dans cet article, il est également établi que l’armée américaine déclare que, depuis le début des guerres en Irak et en Afghanistan, les travailleurs pastoraux de l’armée ont servi ensemble pendant 20.000 mois dans les secteurs de combat et que 20 % de ces agents pastoraux ont souffert de compassion fatigue ou d’une autre forme de stress posttraumatique.
  • [19]
    K.J. Flannely, G.F. Handzo, K. Galek, A.J. Weaver & J.A. Overvold, “A National Survey of Hospital Directors’ Views about the Importance of Various Chaplain Roles : Differences among Disciplines and Types of Hospitals”, dans The Journal of Pastoral Care & Counseling, 60/3, 2006, pp. 222-223.
  • [20]
    En avril 2013, Hospice 23 organisa une conférence sur l’impact du stress et du burn-out sur le personnel soignant dans les unités de soins palliatifs. La responsabilité de l’institution de soins envers son personnel y fut soulignée par plusieurs intervenants. Voir www.hospice23.org (accès 02/05/2013) : Stress and Burnout. Exploring its impact on those working in palliative care.
  • [21]
    Nous nous basons ici sur les contacts que nous avons nous-même avec des agents pastoraux en Flandre et sur les discussions de groupe d’agents pastoraux qui ont eu lieu dans le diocèse de Bruges en 2010 et auxquels nous avons assisté.
  • [22]
    Pieper cite une étude de Hall (1997) dans laquelle le conservatisme dans l’Église apparaît comme cause de burn-out. J. Pieper, “Burn-out in het rooms-katholieke basispastoraat. Stressoren en hulpbronnen”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie, 33/1, 2006, p. 63.
  • [23]
    Ibid., p. 71.
  • [24]
    W. Smeets, “Pastores en burn-out : mogelijkheden en grenzen. Een terugblik”, dans Tijdschrift voor Praktische Theologie 33/1, 2006, p. 78.
  • [25]
    A. Dillen, A. Liégeois & A.Vandenhoeck, “Pastores als spirituele zorgverleners. Identiteit, professionaliteit en uitdagingen”, dans Pastorale Perspectieven, 144-145, 2009, pp. 49-61.
  • [26]
    R.J. Hunter (red.), op. cit., pp. 112-113.
  • [27]
    K.J. Flannelly, S.B. Roberts & A.J. Weaver, “Correlates of Compassion Fatigue and Burnout in Chaplains and other Clergy who responded to the September 11th Attacks in New York City”, dans Journal of Pastoral Care & Counseling, 59/3, 2005, p. 213.
  • [28]
    R.J. Hunter (red.), op. cit., pp. 1079-1080.
  • [29]
    G. Danneels, op. cit., pp. 30-31 : « Mais la foi peut nous sortir de notre isolement en nous ouvrant un espace où nous sommes acceptés entièrement et sans conditions, un espace où Quelqu’un est toujours à nos côtés. Nous pouvons y être tels que nous sommes, sans qu’on nous demande l’impossible. C’est là que nous attend un Dieu qui nous aime tels que nous sommes, avec nos qualités et défauts, avec nos possibilités et notre impuissance. (…) La foi nous libère du “joug placé sur nos épaules”, du “fardeau pesant sur notre cœur”, qui exigeraient que nous fassions tout, tout seuls. Ce sentiment écrasant de responsabilité, qui est la vraie cause du stress, se dissout dans la calme confiance d’un enfant à l’égard de son Père ».
  • [30]
    A. Vandenhoeck, “Oskar De Visch is overleden. Humor in pastorale zorg”, dans A. Dillen & H. Geybels, Jeezes, da’s een goeie. Humor en Christendom, Antwerpen, Halewijn, 2009, pp. 101-117.
  • [31]
    A. Grün & M. Dufner, Spiritualité d’en bas, Paris/Les Plans sur Bex, Parole et Silence, 2012, pp. 111-119.
  • [32]
    Ibid., p. 113 : « Avec l’humour, une situation défavorable peut être retournée et maîtrisée spirituellement, d’une part en l’acceptant, et d’autre part, avec l’aide de Dieu, en la relativisant et en la dépassant ».
  • [33]
    S. Scott et al., “Caring for our Own : Deploying a Systemwide Second Victim Rapid Response Team”, dans Joint Commission Journal on Quality and Patient Safety, 36/5, 2010, pp. 233-240.
  • [34]
    http://www.theschwartzcenter.org/viewpage.aspx?pageid=20 (accès 15/05/2013) : “In contrast to traditional medical rounds, the focus is on the human dimension of medicine. Caregivers have an opportunity to share their experiences, thoughts and feelings on thought-provoking topics drawn from actual patient cases. The premise is that caregivers are better able to make personal connections with patients and colleagues when they have greater insight into their own responses and feelings. A hallmark of the program is interdisciplinary dialogue. Panelists from diverse disciplines participate in the sessions, including physicians, nurses, social workers, psychologists, allied health professionals and chaplains. After listening to a panel’s brief presentation on an identified case or topic, caregivers in the audience are invited to share their own perspectives on the case and broader related issues”.
  • [35]
    KU Leuven nieuws, Zorgpaden verbeteren teamwerking en verlagen risico op burnout, 19 februari 2013. http://nieuws.kuleuven.be/node/11654 (accès 07/05/2013).
  • [36]
    La British Medical Association (BMA) utilise par exemple sur son website le Oldenburg Burnout Inventory, développé par dr. E. Demerouti. Voir https://web2.bma.org.uk/drs4drsburn.nsf/quest?OpenForm (accès 27/05/2013).
  • [37]
    J. Stevens, E. Herrebosch, & A. Vandenhoeck, Praktijkbegeleiding van pastores. Met het oog op kwaliteit van werk en leven, Antwerpen, Halewijn, 2006, p. 59.
  • [38]
    K.J. Flannelly, S.B. Roberts & A.J. Weaver, op. cit., pp. 213-224.
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