Que nous est-il arrivé ? L’élection d’Emmanuel Macron, puis son écrasant triomphe aux élections législatives et ses débuts jupitériens sur les scènes nationale et internationale laissent l’opinion publique dans un état de sidération. Certes, quelques-uns ont bien pris leur parti, celui d’un enthousiasme littéralement fasciné et parfois quelque peu enfantin — ou celui d’une opposition frontale, à peine audible aujourd’hui mais qui prend date pour l’avenir. Cependant, la plupart des gens qui sont de fait concernés par les décisions que prendra le nouveau Président (et qu’il prendra, il importe de le rappeler, seul, car le système institutionnel français lui donne des pouvoirs sans exemple dans aucun Etat de droit digne de ce nom dans le monde d’aujourd’hui et lui permet d’activer tous les pouvoirs exécutifs et législatifs comme les circuits d’une machine sans frottement), la plupart des gens donc, citoyens français ou non, restent en vérité interdits devant la fulgurance et l’éclat de cette conquête. Crédit et défiance se mêlent non pas comme deux éléments contraires en dosage inégal, mais comme l’avers et le revers du même affect, cet affect parfaitement sain qui est celui dans lequel se tiennent naturellement les gouvernés relativement aux gouvernants et qu’on peut appeler la méfiance. Ni rejet frontal, ni adhésion passionnée, juste une réticence elle-même retenue et une capacité à se laisser surprendre, quitte à surprendre à son tour.
C’est dans cet esprit que, pour ma part, je souhaiterais que le…