Arnold Daghani (de son vrai nom Korn) a fait publier le présent livre sous la forme initiale de journal intime, sous le titre roumain Groape este in livada de visini à Bucarest, en 1946.Déporté et interné en même temps que lui et sa femme, je savais alors qu’il tenait un journal, aussi suivi que possible, en fonction des circonstances… et des disponibilités en papier.Ce journal était rédigé en langue roumaine. La raison m’apparaissait évidente : ni les Allemands, ni les autres « maîtres » lituaniens ou ukrainiens ne maîtrisaient cette langue.En fait, ce que l’on est tenté, à la lecture du présent ouvrage, de qualifier de « journal » est plutôt, en réalité, une compilation de notes éparses, griffonnées dans les affres de l’angoisse d’un homme réduit à l’esclavage, condamné à une mort lente ou à une exécution sommaire.Il parvint à sauvegarder ses notes et choisit de les transcrire fidèlement en s’abstenant, voire même en s’interdisant d’y apporter la moindre modification, d’où certaines approximations, des confusions et des fautes d’orthographe.D’une manière générale, les journaux intimes — souvent écrits sur de petits cahiers — ont de spécifique qu’ils permettent, à l’inverse des autobiographies ou des mémoires, de conserver un souvenir authentique des événements qui ponctuent la vie du diariste.Arnold Daghani était artiste peintre et nous le savions fragile. Il eut la chance relative de pouvoir, par son métier, être utile à nos « maîtres » : portraits, écriteaux, décorations florales, etc…