Hasard ou perversité, quelques habitants de Biarritz logent aussi à Barbès. Ils partagent le temps et l’espace entre la Goutte-d’Or et la Reine des Plages. Huit cents kilomètres, cinq heures de train, bientôt quatre, une heure d’avion, des habitants qui respirent l’air marin et le carbone du boulevard Barbès. Qu’y a-t-il de commun entre ici et là ? Apparemment, rien. Biarritz est une ville touristique en bord de mer, située aux premières places dans le classement des villes romantiques. La Goutte-d’Or est un quartier d’immigration et de commerces associés. La foule de Biarritz est bronzée en été, pâle en hiver. Le bronzage de Barbès traverse les quatre saisons. Les sorties d’écoles, d’églises et de cinéma sont claires en bord de mer, foncées aux bouches de métro. Les mosquées sont à un jet de pierre de la synagogue, l’église évangéliste côtoie l’église Saint-Bernard.
Dans les deux territoires, une population d’environ 25 000 habitants se comprime là-bas dans un mouchoir de poche, se dilate ici dans les grands espaces. La surface de Biarritz est de 11,6 km2, la Goutte-d’Or se contente de 0,37 km2. 2 200 habitants au kilomètre carré à Biarritz, 35 000 à Barbès. A Biarritz, les habitants sont plus âgés, les classes d’école ferment. 20 % des habitants ont plus de soixante-quinze ans. La proportion des jeunes diminue, car les familles peinent à se reloger sur place et l’espérance de vie blanchit les têtes. A la Goutte-d’Or, on ouvre tous les ans de nouvelles classes. La plupart des habitants sont jeunes, locataires…