Il était prévisible que le dixième anniversaire du génocide des Tutsi serait marqué de cérémonies au Rwanda, de déclarations du Président Paul Kagame, d’initiatives mémorielles des associations Ibuka (« Souviens-toi ») internationales. A partir de cette année 2004, et ce n’est pas une coïncidence, le cinéma (de fiction s’entend) s’empare du génocide des Batutsi perpétré par les Bahutu en présence des forces militaires belges, françaises (présentes sur place en application de l’accord d’assistance militaire au Rwanda signé par le Président Giscard d’Estaing en 1975 et, déjà, le Président Juvénal Habyarimana), des Casques bleus (la Minuar) qui ne firent rien pour l’empêcher. Des polémiques concernant cette inaction, cette complicité passive, surgirent et perdurent, en France particulièrement ; ce versant-ci du génocide figure dans les films occidentaux qui mettent en jeu des personnages de soldats, humanitaires ou religieux blancs (le Rwanda fut proclamé par Rome royaume du Christ-Roi en même temps que l’Espagne, en 1946, des massacres furent commis dans des églises, des religieux y incitèrent, Jean-Paul Il célébra les cent ans de l’évangélisation du Rwanda en 2000). Des journalistes étaient sur place durant ces mois d’avril à juillet 1994, des informations et des reportages furent publiés et diffusés dès 1994, des documents étaient donc disponibles. Par ailleurs, des témoignages et des essais d’historiens, d’anthropologues, de juristes, avaient paru. Le révisionnisme et le négationnisme suscitaient des polémiques qui persistent…