Au moment de faire paraître les textes réunis dans ce livre, nous nous sommes interrogés sur leur actualité. Ils renvoient en fait à une période très précise, comprise entre les années 1977 et 1978. Durant cette période, les débats entre les opérateurs de la psychiatrie, dont on trouvera ici les interviews, portaient de façon récurrente sur le type d’organisation des services, centré de façon privilégié sur l’hôpital ou sur le secteur hospitalier, et sur l’enjeu théorico-pratique de certaines expériences jugées exemplaires pour la promotion d’un modèle généralisable de « nouvelle » psychiatrie. Aujourd’hui, après l’entrée en vigueur de la loi 180 sur l’assistance psychiatrique et l’institution du Service sanitaire national, la situation et les problématiques de la psychiatrie en Italie semblent avoir radicalement changé. On pourrait dès lors se demander si ce livre possède, outre sa valeur de document, un quelconque intérêt relativement à la conjoncture présente. Répondre à cette question implique quelques développements.
Plus d’une année après l’entrée en vigueur de la loi, le nombre des sujets internés dans les hôpitaux psychiatriques a remarquablement baissé, le nombre des traitements sanitaires obligatoires a été réduit ; en même temps, on est encore en train de discuter de la qualité et des caractéristiques des nouvelles structures intermédiaires d’assistance et d’hospitalisation, qui sont toujours manquantes. Nonobstant les critiques et les discours dramatisant avec emphase les dangers qui découleraient de la loi, on assiste donc aux premiers pas d’une nouvelle manière de pratiquer la psychiatrie qui ne se réduit pas à un petit nombre d’expériences exemplaires, et cela même si on ignore encore — il est trop tôt pour cela — en quoi consiste le changement requis par la loi…