Depuis 1962, l’histoire des harkis a été l’objet de nombreuses controverses mémorielles, au travers desquelles se sont figées un certain nombre de représentations. Qu’elles concernent leur qualité combattante, les raisons qui leur ont fait prendre les armes au côté de la puissance coloniale, leur accueil en France métropolitaine après 1962, l’attitude de l’Algérie à leur égard et les massacres qu’ils ont subis après juillet 1962, la part de responsabilité de la France dans ces violences... La liste est longue des questions qui ont été, et sont toujours, débattues à leur sujet. Malgré quelques récentes synthèses sur ce sujet, différentes représentations se sont figées qui ont contribué à présenter les « harkis » comme un groupe univoque et monolithique, mais qui est longtemps demeuré mal défini.
La perpétuation de l’usage du vocabulaire colonial crée une pseudo-proximité entre notre époque et celle de la guerre d’Algérie — qui est toujours une « Révolution » de l’autre côté de la Méditerranée. Le mot « harki » est de ces mots issus de la guerre dont l’usage s’est perpétué après la fin des hostilités. Le sens qu’il recouvre aujourd’hui — celui d’un groupe d’anciens combattants vivant en France, et leurs descendants — n’a pourtant plus guère à voir avec le sens qu’il avait entre 1954 et 1962.
Durant la guerre, les harkis étaient des combattants civils, algériens, recrutés comme auxiliaires, ou supplétifs, de l’armée française. Il existait quatre autres catégories d’auxiliaires algériens — « Groupes d’autodéfense », « Groupes mobiles de sécurité », etc…