« Jamais, quand c’est la vie elle-même qui s’en va, on n’a autant parlé de civilisation et de culture... [...] Il y a un étrange parallélisme entre cet effondrement généralisé de la vie, qui est la base de la démoralisation actuelle, et le souci d’une culture qui n’a jamais coïncidé avec la vie, qui est faite pour régenter la vie... » Artaud in Le Théâtre et son double (1938). Soixante-dix ans plus tard, les phrases cinglent, « civilisation » et « culture » émaillent de manière récurrente les discours politiques officiels, alors même que la course à la rentabilité atteint la force de vie.Tartuffe de Molière, scénographie et mise en scène de Stéphane Braunschweig, Théâtre national de Strasbourg.
Pour sa dernière mise en scène dans ce théâtre qu’il dirige depuis le 1er juillet 2000 (il entrera en fonction à la tête du théâtre national de la Colline en janvier 2009), et qui comprend la réputée Ecole du TNS, Stéphane Braunschweig a choisi la pièce qui essuya « la cabale des dévots », subit par conséquent une censure, fut modifiée de même que, un temps, le nom du personnage éponyme (Panulphe) et son qualifié (l’Hypocrite), et s’est accompagnée de placets au roi. Pourquoi représenter Tartuffe ou l’Imposteur aujourd’hui ? Les classiques possèdent la vertu d’inscrire dans l’histoire, et l’hypocrisie demeure un sujet d’actualité, on le sait, de plus, dans cette œuvre, Molière porte une attention aiguë à la religion qui, aujourd’hui, est invitée et s’invite dans la république, régime pourtant laïque…