Un nouveau type de mouvements sociaux est en train de naître. C’est l’hypothèse que l’on peut faire en observant deux luttes forgées au sein d’une société civile mondiale : la campagne contre les mines antipersonnel, et la campagne pour l’accès aux médicaments.
La campagne contre les mines antipersonnel est partie d’une idée et d’un raisonnement simples : il est inacceptable qu’une femme, un enfant, un civil, saute sur une mine ; or une mine, aussi intelligente soit-elle, ne fera jamais la distinction entre un civil et un militaire ; donc interdisons les mines. Début 1990, quelques individus tenaient ce discours. Moins de dix ans plus tard, sous la pression d’International Campaign to Ban Landmines (ICBL), un mouvement nourri par un réseau de 1 200 associations, 122 Etats signaient le traité international d’Ottawa. Ce dernier bannit la production, le commerce et l’usage des mines antipersonnel.
La campagne pour l’accès aux médicaments est partie d’une idée et d’un raisonnement simples : un malade doit pouvoir être soigné ; or, s’il est pauvre, bon nombre de médicaments lui sont interdits ; donc rendons les traitements accessibles, notamment par l’utilisation de médicaments génériques. En dix ans, ce qui paraît utopique a pris corps par divers événements : un procès retentissant gagné en Afrique du Sud contre les trente-neuf plus grosses multinationales pharmaceutiques du monde qui voulaient empêcher l’utilisation des génériques, des centaines de milliers de citoyens mobilisés partout dans le monde, un débat arraché au sein de l’OMC sur les limites du marché en matière de santé publique, u…