Traditionnellement, les identités des Sud-Africains ont été décrites en termes de race et d’ethnicité. Le constat suivant de Pierre Van den Berghe en constitue peut-être la meilleure preuve : « l’Afrique du Sud demeure une société plurale avec une population divisée par des clivages profonds de classe, de race et d’ethnicité. Je ne vois aucune preuve concrète que ces clivages se soient résorbés au cours des trois dernières décennies… » Ce n’est qu’une fois le processus de transition démocratique enclenché qu’un intérêt envers les études sur l’identité s’est développé en Afrique du Sud. Les questions sous-tendant cet intérêt découlent à la fois des craintes héritées du passé sud-africain et des espoirs quant à l’avenir du pays. L’appartenance raciale continue-t-elle à véhiculer des significations profondément ancrées dans l’esprit populaire ? Les labels ethniques et raciaux de la vieille Afrique du Sud sont-ils toujours porteurs de sens, des labels tels que « Zoulous », « Afrikaners », « Coloureds » en particulier. Ou inversement, les Sud-Africains sont-ils en train de développer une nouvelle identité nationale ? Au vu de ces questions posées fréquemment à l’heure actuelle en Afrique du Sud, il semblerait que les Sud-Africains n’aient qu’un choix à leur disposition — appartenir de concert à une nouvelle nation, ou demeurer divisés par des clivages odieux, hérités d’un passé injuste.
Les préoccupations quant à la nature centrifuge des identités ethniques en Afrique du Sud sont certainement liées aux conditions qui ont dominé la transition politique du début des années 1990. Alors que depuis quinze ans, « en dehors des cercles intellectuels Afrikaners, l’ethnicité était généralement considérée comme le simple symptôme des contradictions du capitalisme racia…