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Article de revue

Regard sur une démarche évaluative « partenariale » municipale : recompositions et résistances des professionnels dans l’école

Pages 21 à 43

Notes

  • [1]
    Les PEDT sont instaurés par la Circulaire n° 2013-036 du 20 mars 2013. La signature d’un PEDT devient une condition pour bénéficier des allocations du fonds d’aide aux activités périscolaires.
  • [2]
    « Appel de Bobigny : vers un grand projet national pour l’enfance et la jeunesse », 18 octobre 2010.
  • [3]
    Cet observatoire a été créé à l’initiative du Ministère de l’Éducation nationale, du laboratoire Triangle et des associations d’éducation populaire en 2013 dans la lignée de la loi de refondation de l’école. Il a été accueilli au sein de l’Institut français de l’Education de 2013 avant sa dissolution en 2018.
  • [4]
    Trois réunions du comité par ville soit un total de six réunions de deux heures.
  • [5]
    Au sein des dix écoles, les temps périscolaires (midi et soir) ont été observés pendant une semaine continue.
  • [6]
    Au total 55 enseignants ont été rencontrés, 10 directeurs et directrices d’école, ainsi que 15 responsables de l’animation.
  • [7]
    Cette référence au « sale boulot » de E. Hughes (1962) est ici mobilisée dans le sens d’activités s’inscrivant dans un système relationnel et donc non pas par essence « sales » mais dans la confrontation avec les autres groupes.
  • [8]
    Échanges informels avec l’Inspection d’Académie et la ville B, entretien téléphonique, novembre 2016.
  • [9]
    Notes d’observation, comité de pilotage ville B, septembre 2016.
  • [10]
    Entretien avec un directeur d’école primaire, ville B, septembre 2016.
  • [11]
    Entretien avec une directrice d’école primaire, ville A, novembre 2017.
  • [12]
    Entretien avec un directeur d’école primaire, ville A, novembre 2017.
  • [13]
    Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport.
  • [14]
    Entretien avec une responsable de loisirs, ville B, novembre 2016.
  • [15]
    Entretien avec une responsable de loisirs, ville A, novembre 2017.
  • [16]
    Dans le document présenté ci-dessus, il est évoqué le temps « SMAP » soit le Service Municipal d’Accueil Périscolaire.
  • [17]
    Entretien avec le directeur du service Education de la ville A, le conseiller pédagogique départemental, octobre 2017.
  • [18]
    Commentaire de l’observatoire POLOC, renvoyé aux équipes de l’école C, octobre 2017.
  • [19]
    Entretien avec un directeur d’école, ville A, novembre 2017.
  • [20]
    Entretien avec la directrice de l’école, ville A, février 2017.
  • [21]
    Récit d’entretien avec des enseignants de cycle 3, ville B, avril 2017.
  • [22]
    Notes d’observation, ville B, septembre 2016.
  • [23]
    Nous remercions ici Youna Manini pour le travail d’observation qu’elle a effectué pour le compte de l’observatoire POLOC sur ces temps d’étude au sein de la ville A.
  • [24]
    Récit d’entretien avec une enseignante de maternelle, ville A, novembre 2016.
  • [25]
    Dans la ville A, si les enseignants peuvent effectuer ces devoirs, la municipalité encourage plutôt une prise en charge par des animateurs périscolaires. Dans la ville B, les enseignants ont été invités à assurer le temps des « devoirs » uniquement dans les quartiers prioritaires.
  • [26]
    Entretien avec des enseignants de cycle 3, ville A, février 2017.
  • [27]
    À ce titre, on pourrait faire un rapprochement avec le décalage constaté par Kakpo sur les familles populaires et les attentes scolaires contemporaines (2015).
  • [28]
    Observations des études dans les villes A et B, 2017, réalisée avec l’aide de Youna Manini.
  • [29]
    Entretien avec deux animatrices du temps périscolaire, ville B, mai 2017.
  • [30]
    Entretien avec des enseignants de cycle 2, ville A, avril 2017.
  • [31]
    Entretien avec une directrice d’école, ville B, septembre 2017.
  • [32]
    BAFA : Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur.
  • [33]
    Entretien avec le responsable périscolaire, Ville A, avril 2017.
  • [34]
    Entretien avec le responsable périscolaire, Ville A, avril 2017.

Introduction

1Depuis le début de la décennie 1980, l’espace local s’affirme comme l’un des lieux de définition des politiques éducatives, de manière volontaire ou involontaire (Van Zanten, 2006). Ces dernières sont le résultat de négociations principalement entre l’Etat et les collectivités territoriales et conduisent à des transformations majeures de l’action menée (Dutercq, 2000 ; Van Zanten, 2001 ; Barrère, 2013 ; Pons, 2015 ; Baluteau, 2017). Ainsi, les municipalités ne souhaitent plus simplement gérer des locaux scolaires mais être des actrices de la « réussite éducative » au sein de laquelle le partenariat de la communauté éducative s’affirme (Moignard, Ouafki, 2015). Cette évolution des politiques éducatives s’inscrit plus largement dans la dynamique de territorialisation des politiques publiques, devenue le point d’entrée du traitement des problèmes publics (Le Galès, 1995 ; Thoenig, Duran, 1996 ; Epstein, 2015). La mise en place des projets éducatifs de territoire (PEDT), fortement encouragée à partir de 2013 [1], illustre la généralisation des dispositifs partenariaux territorialisés entre les collectivités territoriales et l’éducation nationale (Ben Ayed, 2009 ; Laforets, 2016 ; Frandji, Morel, 2017). Cette démarche appelée de ses vœux par les élus locaux et les associations d’éducation populaire en 2010, promeut la « combinaison de l’éducation formelle, de l’éducation informelle et non formelle » [2] et positionne au cœur du jeu d’acteurs les municipalités.

2Les recherches sur les modalités concrètes de mise en œuvre de ces PEDT insistent d’une part sur le fait que la logique partenariale participe à une « dépolitisation des enjeux éducatifs » (Frandji et al., 2015) et produisent de nouvelles modalités de fabrication d’un projet local (Rancon, 2018). D’autre part, les analyses montrent que les acteurs de terrain se sont focalisés sur la « réorganisation de la gouvernance » et ont relégué au second plan les « problématiques liées aux inégalités sociales d’échec et de réussite scolaire » au profit des enjeux d’égalité de territoire (Frandji & Morel, 2017, p. 5). Par ailleurs, la mise en œuvre concrète de ces dispositifs au sein de la variété des communes en France impacte directement les formes de mobilisation et de démobilisation des acteurs dans la promotion des temps périscolaires (Casta, 2017).

3Ces premiers travaux se sont principalement intéressés aux décideurs de l’action publique et moins à celles et ceux qui vivent cette dynamique partenariale au quotidien. Pourtant, ces outils sont présentés comme ceux d’un renforcement de la participation de chacun (Lacouette Fougère, Lascoumes, 2013). Ainsi, cette nouvelle gouvernance locale produit des effets non seulement sur les élèves (Netter, 2016) mais aussi sur les pratiques professionnelles des acteurs de terrain. Cette injonction partenariale s’appuie sur la conviction partagée selon laquelle la réussite des élèves est corrélée aux capacités collaboratives des enseignants aussi bien avec les parents que les professionnels de santé et sociaux (Garnier, 2003). Cette dynamique conduit les enseignants à s’impliquer dans une multiplicité de procédures pour traiter de l’échec scolaire (Pelhate, 2018) et à mobiliser des savoirs éloignés de leur vocabulaire professionnel et à dé-pédagogiser les difficultés des élèves (Morel, 2012 ; Payet et al., 2018). En outre, la réforme des rythmes produit des co-présences dans des lieux au sein desquels enseignants et animateurs se côtoient (Liot, Rubi, 2018) et conduit à interroger les espaces de travail (Thémines, 2018).

4Notre article se focalise précisément sur cette demande de mise en place de partenariat local du point de vue de ces acteurs de la réussite éducative présents dans l’école. En premier lieu, nous interrogeons les modalités d’enrôlement de ces professionnels de l’éducatif dans le dispositif qu’est le PEDT, et plus largement dans l’instauration d’un partenariat entre le scolaire et le périscolaire. De quelle manière les enseignants et les responsables de loisirs appréhendent-ils respectivement ce travail partenarial impulsé par leurs hiérarchies ? En second lieu, notre article se propose d’analyser les usages de ce partenariat, promu dans le cadre d’une démarche d’évaluation, par les enseignants et les animateurs. Comment cela participe-t-il à des redéfinitions des postures professionnelles et des enjeux de légitimité ? Certains acteurs parviennent-ils à imposer leur registre professionnel dans ce partenariat ? Cet article analyse les recompositions de la gouvernance locale dans le champ de l’éducation en portant un regard sur la réception des politiques publiques par certains de ses ressortissants, un champ encore peu travaillé en sociologie de l’action publique et (trop) souvent laissé aux seuls acteurs de l’évaluation (Duvoux 2015 ; Warin 2016 ; Revillard 2018).

5Les données présentées dans cet article sont issues d’un post doctorat réalisé au sein de l’observatoire POLOC [3] (2016-2018). Ce dernier a été chargé d’assurer l’évaluation des PEDT de deux grandes villes françaises entre 2016 et 2018. Sans avoir assuré l’évaluation des dispositifs, nous avons observé les différentes réunions organisées dans ce contexte. Ainsi, nous avons été associée aux quatre réunions de formation à la démarche engagées auprès des responsables de loisirs et des équipes enseignantes. Nous avons également assisté aux réunions du comité de pilotage et aux séances de restitution des rapports d’évaluation auprès des acteurs de terrain. En outre, nous avons enquêté sur les dispositifs d’aide aux devoirs promus par les deux municipalités en nous appuyant sur des entretiens auprès des enseignants, des directeurs d’école et des animateurs des temps périscolaires. Cette enquête se fonde sur des observations de réunions des comités de pilotage [4], sur des observations des temps périscolaires [5], sur les documents d’évaluation transmis par les différentes écoles et sur des entretiens semi-directifs dans cinq écoles par ville [6]. Par cette enquête ethnographique, nous interrogeons la manière dont les professionnels de l’éducation ont concrètement réagi à la mise en place ou au renforcement des relations partenariales et à la démarche d’évaluation engagée pour l’accompagner.

6Tout d’abord, notre regard portera sur les modalités d’enrôlement des professionnels dans cette évaluation, et plus largement dans le PEDT, en mettant à jour les mécanismes de résistance. Ensuite, notre article analysera les modalités plurielles d’usages du travail en commun promues par l’évaluation et le PEDT. Si le travail partenarial est initialement centré sur des aspects organisationnels, cette évaluation confère des ressources aux acteurs pour affirmer leurs positions au sein de l’école ainsi que pour produire des revendications professionnelles pour les enseignants. In fine, on assiste à la construction d’un consensus a minima entre les professionnels de l’éducation autour du partenariat et sur la mobilisation de cette évaluation des PEDT comme une opportunité pour affirmer la légitimité des postures professionnelles de chacun.

La profession pour comprendre l’enrôlement dans les dispositifs partenariaux

7Sur le plan socio-économique, les deux villes ont des données proches de la moyenne nationale des territoires urbains en matière de chômage et de pauvreté. Bien que les deux villes soient dirigées par une majorité socialiste, la place de la question éducative dans leur histoire municipale diffère. La ville A est engagée depuis plusieurs décennies dans la promotion d’une politique éducative locale. L’année 2013 est qualifiée de « rupture » par les acteurs de la municipalité en raison de la forte opposition qu’ils ont rencontrée de la part des équipes enseignantes suite aux nouvelles modalités d’organisation de la semaine. La question éducative n’a pas été centrale dans les politiques municipales de la ville B. La réforme des rythmes scolaires en 2013 a fait l’objet de débats moins âpres qu’au sein de la ville A, et a conduit à des restructurations importantes du service Education. Dans les deux cas, les municipalités ont directement sollicité l’observatoire POLOC pour conduire une évaluation de leur PEDT. L’observatoire POLOC présente cette évaluation aux acteurs de l’école comme une démarche permettant de soutenir des collaborations professionnelles, estimées être l’élément clé d’une politique locale de « réussite éducative ». Pour les deux municipalités, l’objectif de l’évaluation est de parvenir à créer un dialogue régulier entre les animateurs et les enseignants et de ce fait de conquérir leur place d’acteur éducatif aux côtés de l’Éducation nationale. Or, l’analyse des modalités d’enrôlement dans cette démarche montre que du côté des directeurs d’école, l’enjeu est de faire accepter à leurs collègues la participation à un « sale boulot » [7], c’est-à-dire des tâches peu valorisantes et estimées éloignées de la relation pédagogique qu’ils privilégient avec leurs élèves et de la relation entretenue avec des partenaires extérieurs plus traditionnels (orthophonistes, éducateurs du centre social) en particulier dans les REP – Réseaux d’éducation prioritaire – (Garnier, Pelhate & Rufin, 2018). En revanche, du côté des responsables périscolaires, cette tâche est plus valorisée car elle s’inscrit dans une démarche de reconnaissance de leur rôle éducatif dans l’école.

S’investir a minima et protéger les équipes enseignantes du « sale boulot »

8Dans les deux municipalités, l’évaluation de la relation entre les enseignants et les animateurs est menée dans cinq écoles. Ces dernières sont choisies à la suite de négociations entre les responsables des services Education des villes et l’inspection d’académie. La contrainte posée par l’observatoire POLOC est que l’évaluation s’appuie sur des écoles représentant la pluralité des situations socio-économiques du territoire. Les écoles choisies se situent soit dans des quartiers d’éducation prioritaire soit dans des quartiers ayant connu une augmentation récente du nombre d’habitants. En revanche, les écoles des quartiers de centre-ville ne sont pas ou très peu retenues. Les municipalités et les inspections d’académie préfèrent se focaliser sur les populations les plus précaires et pour lesquelles l’enjeu de la réussite scolaire est le plus criant. En outre, la préexistence de relations cordiales entre les municipalités, l’inspection d’académie et les équipes enseignantes entre en ligne de compte dans le choix des écoles. Ainsi, certaines écoles sont écartées par la municipalité en raison de leur forte opposition à la réforme des rythmes en 2013. Quant à l’inspection d’académie, elle refuse certains choix en arguant que les écoles concernées sont « trop sollicitées » [8], sont en conflit avec la hiérarchie ou encore sont jugées peu impliquées dans les politiques en cours. Finalement, les cinq écoles retenues sont le résultat d’un choix municipal et académique tandis que les équipes enseignantes et d’animation sont sommées de participer à cette démarche. Cette apparente contradiction entre le partenariat, dont l’essence serait le volontariat, et la contrainte est justifiée par les municipalités et les inspections d’académie par le fait que ce travail entre scolaire et périscolaire servira d’exemple aux autres équipes par la suite.

9Dans ce contexte, les directeurs d’école se positionnent pour protéger leurs collègues de cette nouvelle mission qu’ils assimilent à un « sale boulot ». Cette protection se manifeste lors des premières rencontres organisées entre l’équipe de l’observatoire POLOC, les inspecteurs de circonscription de l’Education nationale, les directeurs d’école et les responsables du périscolaire. Lors de ces journées, des ateliers entre représentants d’une même école sont organisés. Les équipes composées principalement des directeurs et des responsables d’animation doivent formaliser ce qu’ils nomment un « journal de référence », c’est-à-dire identifier les axes communs de leurs projets éducatifs respectifs, et proposer ensuite dans des « journaux de suivi d’actions », une ou plusieurs actions pour améliorer la « complémentarité » et le « partenariat » [9] entre les temps scolaires et périscolaires. L’observation de ce travail collectif dévoile comment les directeurs d’école se placent en relais de leurs collègues tout en protégeant ces derniers d’un travail supplémentaire. Plusieurs d’entre eux insistent sur le fait qu’ils ne peuvent proposer des actions partenariales sans associer directement leurs équipes. On retrouve ici la posture professionnelle des directeurs d’école primaire qui, sans statut réglementaire ni autorité hiérarchique, fondent leur légitimité professionnelle sur leur capacité à travailler avec leurs pairs (Leroy-Audouin, Suchaut 2007 ; Duchauffour 2013). Dès lors, ils ne remplissent in fine que le journal de référence avec le responsable du périscolaire et non le journal de suivi. De retour dans leur école, certains directeurs veillent à limiter l’engagement de leurs collègues. Ainsi, pour certains d’entre eux, la résistance passe par le refus de dédier de nombreuses réunions à ce dossier avec leurs équipes ou de nous accorder des entretiens en le justifiant ainsi :

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« Mon boulot ce n’est pas de gérer les dossiers avec les villes. Je suis là pour que notre école fonctionne bien, et que l’on accompagne bien les élèves » [10].

11D’autres directeurs d’école, une fois le projet présenté en équipe, gèrent seuls ce dossier en remplissant les journaux de suivi afin d’éviter un travail supplémentaire à leurs collègues. C’est ce que défend une directrice d’école de la ville A qui ne traite de ce dossier qu’avec la responsable du périscolaire.

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« Pour moi, le rôle de directrice c’est de décharger les collègues du mieux que je peux. Quand j’ai une association qui me sollicite pour nous rencontrer, je dis toujours ok mais plutôt moi. Les collègues, ils ont déjà leurs classes à gérer, voir les parents et ici c’est souvent, il faut essayer de les soulager sinon ils passeraient toutes leurs soirées en réunion. » [11]

13Enfin, d’autres directeurs d’école déclarent que l’évaluation ne dynamise pas le partenariat mais est chronophage, d’autant que « tout se passe bien avec le périscolaire » [12]. Ces remarques partagées s’inscrivent dans un mouvement de résistance à la multiplication des tâches auxquelles sont confrontés les enseignants (tâches administratives, participation à des projets collectifs) qui les éloignent de leur classe, ce qui est identifié comme le cœur de leur métier. Cette démarche fait également écho au positionnement difficile des enseignants face à l’évaluation par des personnes extérieures et aux injonctions contradictoires (Lantheaume, Hélou 2008). En effet, cette évaluation nécessite que les enseignants répondent aux injonctions locales, ici le partenariat renforcé avec le périscolaire, tout en s’éloignant des injonctions nationales sur la réussite de l’élève en classe. Finalement, l’enrôlement des équipes enseignantes se fait de manière très contrainte par les directeurs eux-mêmes qui perçoivent l’évaluation comme une tâche dévalorisante à laquelle ils consacrent du temps sous contrainte. Quant aux responsables des temps périscolaires, leur enrôlement se fait plus aisément dans un contexte de reconnaissance professionnelle inachevée.

Le partenariat : une condition d’existence pour l’animation

14Dans les choix d’école, les équipes d’animation ont été peu considérées en amont par les municipalités et les inspections d’académie. L’association avec les enseignants est apparue comme essentielle pour promouvoir une politique éducative partagée tandis que les acteurs du périscolaire apparaissent comme « naturellement » favorables au partenariat avec les équipes enseignantes. Pour autant, une logique de protection des équipes se dessine également, bien que la collaboration avec les enseignants soit identifée comme nécessaire pour les légitimer au sein de l’école.

15La reconnaissance municipale du métier d’animateur s’est traduite par un soutien à la préparation de formation qualifiante (principalement le BPJEPS [13]) et à la pérennisation des postes de responsable du périscolaire en les titularisant. Cependant, cette valorisation institutionnelle a conduit à la redéfinition de leurs missions depuis 2013. Alors que la plupart des responsables d’animation étaient positionnés sur des temps d’animation auprès des enfants, ils ont progressivement quitté « le terrain ». Les services municipaux de l’éducation ont souhaité en faire des relais de la politique éducative locale et les positionner en tant qu’interlocuteurs des équipes enseignantes et référents des parents au sein des écoles. Dès lors, leur participation à l’évaluation et leur engagement pour accroître le partenariat entre les temps scolaires et périscolaires se fait avec une moindre résistance. Ceci tient à trois raisons principales. Tout d’abord, l’offre de formation qualifiante (BPJEPS) produit une transformation de leurs missions, et à ce titre ils identifient le projet comme une tâche illustrant l’évolution de leur qualification. Ensuite, la municipalité est leur responsable hiérarchique directe ce qui leur donne moins de capacité de mobilisation. Surtout, en tant qu’agent municipal, ces professionnels se sont progressivement socialisés à du travail collectif de coordination (réunions avec les acteurs associatifs du quartier, comités de suivi du projet éducatif de territoire, etc.) qui ressemble à la démarche d’évaluation de l’observatoire POLOC. Ainsi, pour les responsables d’animation, s’engager pleinement dans le processus d’évaluation et dans l’identification d’actions partenariales est un gage supplémentaire de leur reconnaissance comme des acteurs éducatifs. Les questionnements portent moins sur l’opportunité d’une telle démarche d’évaluation que sur leur positionnement face à l’imposition du registre scolaire dans les activités proposées (voir section 2).

16Néanmoins, ces nouvelles tâches ne sont pas exemptes de critiques et certains responsables d’animation font état de leur « devoir de protection » de leurs équipes. Pour ces derniers, ils insistent sur le fait que le cœur du métier d’animateur demeure l’accompagnement des enfants collectivement plutôt que d’accumuler les réunions et les montages de projets collectifs. Ce n’est pas le travail partenarial dans ce qu’il peut être constitué d’échanges et de dialogues informels quotidiens qui est critiqué mais les temps contraints institutionnels de réunion jugés trop nombreux et peu productifs. Certains responsables d’animation négocient pour continuer à participer aux différents temps d’animation périscolaire :

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« Moi, je suis complètement déchargée mais je ne peux pas m’empêcher d’aller un peu sur du temps d’animation. C’est vrai, on est tout le temps en réunion, là en ce moment c’est l’évaluation, mais après ça sera les formations de la ville, etc. Et franchement, le terrain ça me manque et je me rends compte que les enfants ils ne savent pas qui je suis… Enfin, si, ils savent mais ils ne me voient pas comme leur animatrice et ça me manque » [14].

18Par ailleurs, plusieurs responsables d’animation insistent sur le turnover important des équipes d’animateurs, en raison de leur statut précaire et de leur parcours (ce sont principalement des étudiants) ce qui leur demande tous les ans un travail de formation chronophage. Une responsable du temps périscolaire de la ville A souligne que cette activité de formation est très contraignante, et ne permet pas de dédier du temps à d’autres projets, dont le renforcement des liens avec les enseignants [15]. L’évaluation est une tâche supplémentaire qui vient perturber un travail d’organisation en interne au temps périscolaire déjà complexe.

19Un premier regard sur la démarche évaluative initiée par l’observatoire POLOC dévoile comment les deux professions engagées dans l’école font face distinctement à la demande de partenariat. Les modalités d’enrôlement se distinguent en fonction de leur profession. Les directeurs d’école résistent pour limiter leur temps d’implication dans le projet et pour limiter l’impact sur les activités de leurs collègues. Pour les responsables d’animation, le travail d’évaluation est plutôt présenté comme une opportunité pour affirmer leur position d’acteur éducatif au même titre que les enseignants. Toutefois, les deux groupes identifient la relation avec les enfants comme le cœur de leur métier. Pour autant, l’identification d’un projet partagé se focalise plutôt sur leurs relations entre groupes professionnels que sur leurs relations avec les enfants. Il s’agit d’interroger maintenant la manière dont l’évaluation est concrètement mobilisée par ces deux groupes de professionnels dans leurs relations bilatérales mais aussi dans leurs relations à leur hiérarchie respective.

Modes de résistance et usages d’une démarche évaluative partenariale

20L’évaluation des deux PEDT a pour objectif de produire du « changement », c’est-à-dire de renforcer le partenariat entre les acteurs scolaires et périscolaires, dans le but d’assurer la réussite éducative de tous les enfants. Or, l’analyse du partenariat initié et soutenu par des actions partagées au cours de l’année scolaire dévoile deux principaux mécanismes. Tout d’abord, le travail partenarial ne signifie pas systématiquement un partage sur des valeurs et des objectifs communs. Il peut agir comme un outil assurant le respect du pré carré de chaque acteur. Surtout, ces actions renforcent le registre scolaire dans les pratiques adoptées. Ensuite, ce travail partenarial constitue une opportunité, notamment pour les équipes enseignantes, pour relayer des revendications professionnelles locales et affirmer leur domination au sein de l’école.

Une résistance feutrée, le registre scolaire réaffirmé

21Face à l’injonction évaluative et la nécessité de produire des actions partagées entre les équipes enseignantes et les équipes d’animation, les acteurs s’opposent peu frontalement. En revanche, leur résistance se traduit par le choix d’actions qui remettent peu en question les champs d’action de chaque acteur et par la valorisation d’actions préexistantes.

22La première manière de contourner la demande de mise en place d’un partenariat se traduit par des propositions d’actions communes portant principalement sur l’organisation de l’école et non sur des projets avec des objectifs éducatifs partagés. Ainsi, plusieurs thèmes sont favorisés : comment autoriser l’accès aux salles de classe sur le temps périscolaire ? Comment partager de mêmes règles de sécurité dans l’école ? Ces questionnements sont très mobilisateurs pour les enseignants. Ces derniers indiquent que les équipes d’animation appliquent des règles distinctes de celles du temps scolaire dans l’établissement ce qui provoquerait de la confusion pour les élèves.

Carnet d’observation – Comité de suivi de l’évaluation. 7 février 2017 – Ville B

Alors que la discussion porte sur la gestion des devoirs, un directeur d’école insiste sur la nécessité de former les animateurs pour gérer le temps périscolaire du soir, et en particulier celui dédié aux devoirs. Il déclare qu’il est nécessaire que des formations soient proposées sur ce point. Cette observation est partagée et soutenue par l’élue de la ville.
« Il faut aussi se demander comment on peut aider les animateurs dans la démarche de gestion de groupe. Franchement, il faut apprendre à passer de la personne qui joue le midi, ou à 16h30, à celle qui va encadrer les devoirs. Il faudrait vraiment penser à la gestion de ces différents temps ».

23Ainsi, plusieurs actions proposées par le directeur d’école et le responsable du périscolaire tendent à accroître les normes partagées sur les manières d’être et d’agir des enfants dans les différents temps, en mobilisant comme référentiel les normes scolaires. La question de l’organisation du temps des « devoirs » sur le temps périscolaire ainsi que la gestion des « temps de transition » entre les temps scolaires et périscolaires sont au cœur de nombreux journaux de suivi. C’est le cas au sein de la ville B où plusieurs actions ont pour objectif une « meilleure organisation » entre le temps scolaire et le temps périscolaire. Une école décide que les enseignants feront l’appel aussi bien pour le temps scolaire que pour connaître les modalités de fréquentation de la cantine et de la garderie du soir. L’objectif est de rendre visible pour l’enfant l’intégralité de sa journée et de faciliter la connaissance en amont des acteurs d’animation des fréquentations des différents temps périscolaires le jour J.

Exemple n° 1 de journal de suivi – Ecole dans un quartier mixte – Ville[16]

Période d’observation : Du 10/10/2016 au 08/02/2017
Objet évaluatif : Les temps de l’enfant. Temps scolaire, temps périscolaire, temps extrascolaire : des responsables et des objectifs différents
Changement recherché : Chaque enfant vit la plus grande diversité d’expérience possible sur ces différents temps : variété des lieux, variété des rencontres, variété des activités.
Marqueurs de progrès :Qu’est-ce qui s’est passé ? Faits importants ? Changements ?
  1. Nombre d’enfants ayant une activité périscolaire
En périscolaire :
Maternelle : Midi : 53 inscrits, une 40 aine de présents
Soir : 60 inscrits pour 40 aine de présents
Elémentaire : Midi 75 inscrits pour 60 présents
Soir : 96 inscrits pour 70 présents
  1. Des outils de régulation de vie collective qui servent les différents temps de l’enfant
Les fiches d’appel du SMAP en élémentaire : pendant l’appel de cantine, les enseignants font également l’appel pour le temps périscolaire, ces fiches sont récupérées le matin pour connaitre les effectifs.

Exemple n° 1 de journal de suivi – Ecole dans un quartier mixte – Ville[16]

24Cet exemple montre que le partenariat est promu a minima à travers une action facilitant l’organisation de la journée pour les adultes et non via la définition d’un projet éducatif partagé. La mise en place du « journal de suivi » oblige certes les responsables périscolaires et les directeurs d’école à échanger mais sans que cela porte sur le contenu des pratiques éducatives.

25Notons qu’au sein de la ville A, l’encadrement hiérarchique a été plus conséquent dans le choix des actions communes afin de démontrer à l’observatoire POLOC le caractère exemplaire du territoire et, par leur truchement, au sein du réseau français des villes éducatrices dans lequel la ville est investie. Dès lors, les actions proposées doivent viser un contenu éducatif.

26

« Nous, on ne veut plus des questions sur l’organisation de la cour, etc. Bon, c’est vrai qu’on a eu la question des locaux, mais là ça y est. On a une grande salle pour le périscolaire, et puis on a proposé des aménagements de cour. On veut qu’ils travaillent vraiment sur les contenus entre eux » [17].

27Quelques écoles se plient à cette requête en proposant de partager des outils sur les règles au sein de l’école, tels que des chartes et des systèmes communs de sanction, sans travailler sur des actions éducatives précises. Cette implication limitée dans le processus partenarial permet de satisfaire a minima sa hiérarchie ainsi que l’équipe d’évaluation qui voit dans ces outils des impacts possibles en matière de « comportement ou d’apprentissage des enfants et, éventuellement, en termes de pratiques des professionnels » [18].

28Les autres écoles ont résisté non pas tant aux dynamiques de partenariat qu’à l’exercice d’évaluation en mobilisant des projets déjà existants. Cette modalité de résistance souligne tout d’abord que le diagnostic d’absence de partenariat entre temps scolaire et temps périscolaire est simpliste. En effet, plusieurs écoles ont des acteurs scolaires et périscolaires qui coopéraient déjà avant la démarche d’évaluation. Au lieu de proposer de nouvelles actions dans le cadre de la démarche d’évaluation, les acteurs présentent leurs actions selon le format requis par le journal de référence et les journaux de suivi. Ce fonctionnement est notable pour les écoles situées dans des quartiers en éducation prioritaire. Ces territoires ont été les premiers et les plus visés par le développement des logiques partenariales (Laforets, 2016 ; Pelhate, 2018). Dès lors, la démarche partenariale est intégrée par les professionnels. Comme l’indique une directrice d’école située en REP + dans la ville A, les projets structurent le quotidien de son école.

29

« On est tout le temps dans tous les projets, c’est tellement compliqué ici qu’on a toujours de l’expérimentation alors un peu plus, un peu moins ! » [19].

30Dans les faits, cette école propose lors de l’évaluation de l’observatoire POLOC, le suivi de deux projets associant le scolaire et le périscolaire, l’un concernant la gestion des enfants les plus perturbateurs en maternelle (voir ci-dessous), l’autre la médiation entre élèves en élémentaire. Ces deux projets ne sont donc pas définis au moment de l’évaluation, ils l’ont été en 2016. Par contre, ils sont portés à la connaissance à l’équipe d’évaluation dans un souci de valorisation des démarches pré-existantes.

Exemple n° 2 : Journal de suivi – Ecole REP – Ville A

Période d’observation : Du 26/09/2017 au 09/11/2017
Axe de travail en commun choisi (cf. journal de référence)Améliorer le climat scolaire par la prise en charge éducative des Elèves à Besoins Educatifs Particuliers (EBEP) en maternelle
Contexte et diagnostic.
Quel est le problème ?
1/ La communauté éducative fait face à une difficulté dans la gestion éducative de certains élèves.
2/ La communauté éducative a des difficultés à mobiliser les familles dans l’école, qu’il s’agisse d’échanges de données (fiches d’information…) ou de participation à la vie de l’école
Changement recherché.
Que veut-on améliorer en travaillant ensemble ?
Pour cela, la communauté éducative souhaite se mobiliser autour de 3 axes forts, déclinés en objectifs opérationnels :
1. La stratégie d’équipe :
1.1. L’amélioration de la communication interprofessionnelle, dans l’école (PE-ATSEM-AL)
1.2. L’utilisation optimale des locaux
2. La co-éducation
2.1. L’amélioration de la communication avec les familles.
2.2. La formation des personnels (Ville et Education nationale)
3. Les pratiques partenariales
3.1. L’amélioration de la communication interprofessionnelle, hors école (travailleurs sociaux, PMI, halte-garderie)
3.2. L’amélioration de la cohérence et cohésion interprofessionnelles, dans l’école (PE, ATSEM, AL)
Amélioration(s) à opérer sur la prochaine période d’observation
Qui fait quoi pour quand ?
* Le plan de l’école annoté sera réalisé lors de la prochaine entrevue.
* Les demandes auprès de l’Education Nationale devraient se réaliser courant novembre, la directrice ayant rdv avec l’IEN de circonscription : ressources pour aménager l’espace, un temps de formation destiné à une réflexion collective scolaire-périscolaire concernant les règles, les sanctions, la gestion des situations complexes, l’aide ponctuelle de conseillers pédagogiques ASH et maternelle.
* Un premier bilan de l’initiative de la communication avec les familles par SMS. Ce bilan doit être mené entre professionnels, avec les familles et auprès des enfants.
* Les demandes auprès de la Ville seront transmises pour une formation spécifique et pratique concernant les EBEP.

Exemple n° 2 : Journal de suivi – Ecole REP – Ville A

31Le journal de suivi ci-dessus révèle une action particulièrement cadrée, avec trois axes d’intervention qui n’ont pas été définis mais qui ont fait l’objet en 2017 d’une note conjointe de la directrice de l’école et la directrice des temps périscolaires aux services de l’éducation de la Ville A et à l’inspection d’académie [20]. Il s’agit de poursuivre une action amorcée dans l’école pour envisager un travail plus conséquent avec les familles et entre les acteurs éducatifs, dont la fiche de suivi n’est qu’un des éléments. En effet, pendant l’entretien, la directrice évoque l’existence d’autres projets annexes (atelier cuisine des mères à l’école, pique-nique des familles en début d’année, relations avec le centre social) qui s’inscrivent dans le même objectif sans être évoqués dans le journal de suivi. L’évaluation proposée du partenariat est en réalité un moment de valorisation d’actions pré-existantes dans l’école entre les acteurs scolaires et périscolaires.

32Enfin, cette étude resserrée des actions promues dans le cadre d’un partenariat entre temps scolaire et temps périscolaire dévoile la domination du registre scolaire est celui qui domine alors même que le directeur d’école et le directeur du périscolaire remplissent ensemble les journaux de suivi. Tout d’abord, nous avons relevé la méconnaissance des projets périscolaires par les directeurs d’école lors des réunions initiales d’élaboration d’actions partagées. Si dans certaines écoles, les échanges entre le directeur d’école et le responsable périscolaire sont réguliers, dans la plupart des cas ils sont limités à des rencontres annuelles de présentation générale des projets périscolaires et scolaires. Surtout, les actions partenariales envisagées dans les écoles ont souvent pour objectif de contrôler l’investissement des animateurs sur ce temps des devoirs. En effet, plusieurs enseignants insistent sur le turnover et le manque de formation des animateurs pour encadrer les devoirs alors que les familles demanderaient à ce que les enfants bénéficient d’un accompagnement de qualité sur ce temps périscolaire. Certains enseignants reprochent la proximité qui existerait entre les animateurs et les enfants, en matière de langage ou de comportement, ce qui contreviendrait à ce qu’ils estiment être une posture éducative [21]. Cette proximité n’est pas perçue comme une possibilité pour permettre le rapprochement entre les codes scolaires et les codes familiaux (Kakpo, 2015) ni pour que les animateurs décryptent le curriculum caché. Les enseignants encouragent plutôt la municipalité à proposer des formations spécifiques aux animateurs pour qu’ils se rapprochent des pratiques enseignantes (apprendre à réviser une dictée, aider les élèves sur la numération etc). En revanche, peu d’interrogations portent sur la pertinence de l’exercice des devoirs pour la réussite des élèves, et peu de réflexions sont partagées entre les enseignants sur le type de devoirs donnés par cycle. Par exemple, dans une école de la ville B, l’action commune vise à réorganiser le temps des devoirs [22]. Le directeur d’école et le responsable du périscolaire s’accordent tous les deux sur le fait que certains élèves de cycle 2 ne sont pas disponibles pour réaliser leurs devoirs directement à la sortie de l’école. En outre, ils conviennent que le temps dédié de quarante-cinq minutes ne correspond pas à la réalité du travail demandé. Néanmoins, la norme scolaire n’est pas interrogée malgré le constat d’une fatigue intellectuelle de nombreux élèves. Le responsable périscolaire propose un aménagement de ce temps, en l’occurrence le fait de pouvoir jouer, mais sans interroger l’intérêt de ce temps scolarisé du périscolaire. Quant au directeur d’école, il incite le responsable périscolaire à accroître l’autonomie des élèves sur le temps dédié aux devoirs, sans expliciter ce qui est attendu de cet exercice, alors même qu’il est souvent source de conflits au sein des familles (Kakpo 2015).

Exemple n° 3 de journal de suivi – Ecole dans un quartier mixte – Ville B

Période d’observation : du 01/09 au 10/10/2016
Object évaluatif (résumé) : Organiser le temps et l’espace dans le respect des rythmes de l’enfant
Changement recherché : Accroître l’autonomie des enfants
Marqueurs de progrèsQu’est-ce qui s’est passé ?
Faits importants, changements ?
Situations à entreprendre (qui/pour quand)
3. Les enfants (CP/CE1) s’organisent sur le temps périscolaireLes élèves de CP-CE1 sont fatigués à 16h et une pause supérieure est nécessaire pour certains avant de reprendre le travail.
Les enfants de CP-CE1 ont-ils besoin de 45 min pour faire les devoirs
Sur le temps d’étude, les enfants seront installés dans la salle de bibliothèque et la salle de sport. Ils pourront commencer par des jeux ou les devoirs.
Attention il faut que les devoirs soient faits.

Exemple n° 3 de journal de suivi – Ecole dans un quartier mixte – Ville B

33Enfin, cette prégnance du registre scolaire se retrouve dans l’organisation concrète des temps d’étude [23]. Les élèves arrivent souvent en rang dans les salles, s’assoient à un bureau, dans le silence, tandis que les animateurs font répéter les leçons, préparent les dictées. Alors même que plusieurs animateurs ne sont pas formés et n’apprécient pas ce temps des devoirs, il devient l’objet central des réflexions partenariales centrées sur la meilleure organisation pour la réalisation de ce travail personnel.

34L’analyse de ces partenariats, initiés ou soutenus dans le cadre de l’évaluation, révèle comment les équipes enseignantes parviennent à les contourner. À plusieurs reprises, les actions partenariales présentées sont préexistantes à la démarche d’évaluation et permettent aux équipes de ne pas s’engager dans de nouveaux projets. En outre, la domination du registre scolaire est largement perceptible dans la manière dont les actions partagées sont définies alors même que les directeurs d’école et les responsables périscolaires remplissent ensemble les documents d’évaluation. Néanmoins, ces mécanismes de résistance ne sont qu’un des usages de cette évaluation. Ce moment est aussi propice à un travail de construction de revendications professionnelles de la part des équipes auprès de leur hiérarchie respective.

Porter des revendications professionnelles et affirmer sa légitimité par le partenariat

35La démarche partenariale offre finalement des ressources aux équipes enseignantes afin de se positionner face à leur hiérarchie et pour les animateurs pour légitimer leur profession au sein de l’école par l’adoption des normes scolaires.

36Tout d’abord, les équipes enseignantes profitent de cette démarche pour souligner l’augmentation de leur temps de travail en dehors de leur temps en classe et de préparation pour la classe. Pour le signifier, les journaux de suivi sont la plupart du temps envoyés en retard à l’équipe d’évaluation tandis que les mails d’accompagnement, avec leur hiérarchie en copie, soulignent le manque de temps structurel des directeurs, en raison de leurs décharges trop limitées. Les échanges avec l’équipe d’évaluation et les comités de suivi offrent alors aux directeurs un espace pour réclamer des décharges plus conséquentes à leur hiérarchie, notamment si le partenariat avec le périscolaire doit s’accroître. Par ailleurs, les réunions auxquelles participent les enseignants font l’objet d’âpres négociations au sein de la ville A afin qu’elles soient décomptées des 108 heures de services annuels tout comme les entretiens accordés à la chargée d’évaluation ou les réunions de concertation nécessaires à la rédaction des journaux de suivi. Cette revendication des agents de l’Education nationale est d’autant plus insistante qu’ils soulignent la différence de traitement des animateurs. Ces derniers font ce travail de concertation durant leurs horaires de travail, et non sur le temps de pause (principalement entre midi et deux), voire dans le cas de la ville A, les animateurs du périscolaire bénéficient d’heures de vacation payées pour participer aux entretiens de l’équipe d’évaluation.

37Ensuite, cette démarche constitue une opportunité pour les équipes enseignantes de contester l’organisation de la semaine en neuf demi-journées. Lors de chaque comité de suivi dans les deux villes, l’organisation de la semaine en quatre jours et demi est contestée et une demande de changement est faite à la municipalité. Ce plaidoyer revient également dans nos entretiens consacrés aux pratiques des devoirs des enseignants. Une enseignante de maternelle insiste pour nous rencontrer afin de plaider contre la semaine de quatre jours et demi, en particulier en école maternelle. Elle estime que cette organisation de la semaine est un « non-sens » et qu’elle ne permet pas d’offrir un travail de qualité pour les enfants l’après-midi [24]. La démarche d’évaluation est décrite alors comme un pis-aller puisqu’elle ne traite pas de la question des rythmes scolaires. Dans cette perspective, le travail partenarial demandé par leur hiérarchie dans le cadre de l’évaluation paraît incongru pour certains enseignants. En effet, le travail partenarial est perçu comme la conséquence de cette nouvelle organisation des rythmes scolaires et non comme un outil au service de la réussite éducative.

38Enfin, la démarche d’évaluation permet aux enseignants d’affirmer leur position dominante dans la transmission des savoirs aux enfants. Cela se traduit dans l’ensemble des discussions inhérentes au temps des devoirs organisés sur le temps périscolaire. En effet, plusieurs enseignants regrettent la gestion municipale du temps périscolaire et notamment l’encadrement du temps des devoirs par des animateurs [25] qui ne leur paraît pas pertinente. Les animateurs sont décrits comme « n’ayant pas la même autorité sur les enfants » [26], souvent incapables d’obtenir des conditions de travail studieuses (silence, élèves assis en continu, etc.) et surtout n’étant pas en capacité de faire apprendre puisque cela renvoie directement à un métier, celui d’enseignant. Certes, les enseignants reconnaissent à de nombreux animateurs leur bonne volonté et leur empathie pour les élèves. Pour autant, ils valorisent une prise en charge par les pairs de ce temps de devoirs afin d’échanger sur les apprentissages scolaires pour les élèves. Dans les deux villes, plusieurs enseignants ont souhaité que les temps d’études des enfants en CP et en cycle 3 soient encadrés par leurs collègues de manière à ce que les nouveaux élèves en élémentaire prennent conscience du rôle d’élève et que les élèves de cycle 3 se préparent au rythme du collège. Dans ce cas, si un enseignant est présent, c’est systématiquement lui qui prend en charge les élèves les plus en difficulté. Dès lors, les enseignants affirment leurs compétences, et leur légitimité, dans la réalisation de tâches pour l’école hors de l’école et non en complémentarité avec l’équipe périscolaire. En outre, une partie des enseignants insiste sur le fait que les devoirs bien réalisés sont le gage d’une scolarité réussie. Ils proposent donc aux enfants les plus en difficulté et dont les familles auraient de faibles capitaux scolaires de rester sur ces temps d’étude. La réalisation des devoirs par les animateurs leur fait craindre une prise en charge moins adaptée et de ce fait mettrait en péril leur réussite scolaire.

39Du côté des animateurs, la démarche partenariale leur offre surtout une opportunité pour affirmer leur légitimité professionnelle plutôt que de contester les choix de leur hiérarchie. Là encore, le temps des devoirs est le moment le plus propice pour analyser comment les animateurs s’emparent de ce temps particulier. Pour la majorité d’entre eux, ils respectent les normes scolaires pour affirmer progressivement leur légitimité au sein de l’école. Les animateurs les plus familiers des savoirs scolaires – en l’occurrence des étudiants – sont les plus à même d’être affectés à la gestion des devoirs. Surtout, malgré le décalage avec l’animation, plusieurs animateurs insistent sur l’importance des devoirs pour réussir à l’école. Ils organisent ainsi le temps des devoirs en reproduisant leur propre expérience scolaire, non sans décalage parfois avec les attentes contemporaines d’enseignants [27]. Ainsi, les observations des temps d’étude [28] font ressortir le fait que les enfants doivent s’asseoir à des bureaux, voire peuvent avoir des places désignées – surtout les élèves les plus perturbateurs – et doivent travailler dans le silence ou en chuchotant. Dans plusieurs études observées, les élèves d’une même classe sont sommés de participer à la révision de la dictée en même temps et l’animateur agit comme un répétiteur. Or, pour plusieurs animateurs, ce respect des normes scolaires leur permet de gagner la confiance des équipes enseignantes ce qui participe à leur légitimité dans l’école. Par exemple, dans la ville B, deux animatrices indiquent qu’elles ont vu les élèves de CP progresser au cours de l’année et se félicitent de participer avec les enseignants à leur réussite. L’une d’entre elles indique son « plaisir de voir les progrès en lecture des petits » tandis que l’autre insiste sur le fait qu’elle a réussi à créer une relation de confiance avec les enseignants pour mieux aider les enfants [29]. Dans nos entretiens, plusieurs enseignants évoquent le cas de l’étude de l’animateur X ou Y dans lequel « c’est silencieux », « on voit que les élèves travaillent » [30], voire ont explicité aux animateurs la posture à avoir pour cette « activité intellectuelle qui doit être faite dans le calme » [31]. Le respect de ces attitudes est gage de légitimité pour les animateurs.

40Cependant, pour quelques animateurs, qui ne sont pas des étudiants mais des détenteurs de diplômes de l’animation (BAFA, BPJEPS [32]) et exercent dans des structures extrascolaires, cette activité des devoirs est remise en question. Ils insistent sur le fait que cette tâche ne correspond pas à leur métier d’animateur puisque c’est une activité individuelle, basée sur les savoirs scolaires et réalisées sans qu’ils aient connaissance des attentes des enseignants. De plus, ils soulignent la fatigue des enfants et leur difficulté à se concentrer en fin de journée. Dès lors, ce sont dans ces études, que les animateurs proposent le plus rapidement des activités annexes aux devoirs (lecture, jeux de société) voire en amont proposent des activités trimestrielles distinctes (atelier arts plastiques, grands jeux extérieurs). Pour autant, ils font le choix d’hybrider leurs pratiques en choisissant des activités valorisées par les enseignants (lecture, jeux de société) et qui participent activement à la réussite éducative. Les responsables d’animation insistent sur le fait que cette relation facilite le partage des locaux, et en particulier l’utilisation des salles de classe. Ainsi dans une école de la ville A, les animateurs ont obtenu d’occuper les salles de classe de cycle 2 équipées en tableau numérique interactif en soulignant qu’ils l’utilisent pour faire des jeux de mathématiques avec les élèves [33]. Finalement, le registre scolaire est quelque peu modifié mais reste fortement mobilisé pour asseoir leur légitimité dans l’école face aux enseignants. En outre, ils deviennent des interlocuteurs directs des équipes enseignantes avec lesquelles le service municipal de l’Education a parfois du mal à instaurer le dialogue. C’est ainsi qu’un responsable d’animation assure « [je travaille] de concert avec le directeur mais je sais que c’est moins évident pour [son responsable] d’échanger avec lui » [34]. À ce titre, ils affirment leur place de relais et d’acteurs engagés dans la promotion du PEDT.

Conclusion

41Le partenariat, leitmotiv de l’action publique contemporaine, et plus encore des politiques éducatives locales, est une demande centrale dans le cadre de la démarche d’évaluation étudiée ici visant à assurer la « réussite de tous les enfants ». Par cette démarche, l’équipe chargée de l’évaluation fait du partenariat l’une des solutions majeures aux enjeux de réussite éducative.

42Cet article insiste tout d’abord sur les capacités de mobilisation des acteurs de l’école face aux demandes de renforcement des relations partenariales. Si les enseignants et les animateurs soulignent que cette démarche partenariale les éloigne de leur classe ou du groupe d’enfants, les capacités de résistances sont plus fortes du côté des enseignants. Ces derniers mobilisent la démarche évaluative pour contester certaines décisions de leur hiérarchie ainsi que celles prises par la municipalité dont ils dépendent. Du côté des animateurs, les résistances pour ce travail évaluatif sont moindres. Ils s’engagent dans le partenariat pour s’assurer leur légitimité dans la réussite éducative, et plus particulièrement, au sein de l’école.

43Ensuite, cet article offre une clé de lecture pour saisir la manière dont le registre scolaire est prépondérant et s’est affirmé avec la mise en œuvre des PEDT. Cette démarche d’évaluation souligne comment les enseignants sont les acteurs dominants au sein de l’école et souhaitent que les acteurs du périscolaire adoptent de nouvelles normes d’action pour unifier leurs pratiques. Cette capacité des enseignants est renforcée par une action menée dans leur espace de travail, l’école, face à une profession, l’animation, qui interroge ses pratiques et ses actions dans celui-ci.

44Finalement, l’étude de la mise en œuvre concrète du processus de territorialisation des politiques éducatives nécessite un regard attentif sur les pratiques des acteurs de terrain. Ces ressortissants de l’action publique usent de stratagèmes divers pour contester ces logiques partenariales et territorialisées, mais rarement de manière explicite et frontale en particulier du côté des enseignants. Nous pouvons faire l’hypothèse que l’absence de conflictualité ouverte de la part des enseignants tient à notre période d’observation. Dans les deux territoires, les conflits ouverts ont été nombreux lors de la réforme des rythmes scolaires en 2013 et leur mise en place en 2014. Les mobilisations enseignantes n’ont pas abouti, à part sur l’obtention du non-partage obligatoire des salles de classe. Cela conduit les enseignants à être dans une posture de contestation plus discrète qui passe aussi par l’affirmation du registre scolaire comme registre légitime au sein de l’école.

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Notes

  • [1]
    Les PEDT sont instaurés par la Circulaire n° 2013-036 du 20 mars 2013. La signature d’un PEDT devient une condition pour bénéficier des allocations du fonds d’aide aux activités périscolaires.
  • [2]
    « Appel de Bobigny : vers un grand projet national pour l’enfance et la jeunesse », 18 octobre 2010.
  • [3]
    Cet observatoire a été créé à l’initiative du Ministère de l’Éducation nationale, du laboratoire Triangle et des associations d’éducation populaire en 2013 dans la lignée de la loi de refondation de l’école. Il a été accueilli au sein de l’Institut français de l’Education de 2013 avant sa dissolution en 2018.
  • [4]
    Trois réunions du comité par ville soit un total de six réunions de deux heures.
  • [5]
    Au sein des dix écoles, les temps périscolaires (midi et soir) ont été observés pendant une semaine continue.
  • [6]
    Au total 55 enseignants ont été rencontrés, 10 directeurs et directrices d’école, ainsi que 15 responsables de l’animation.
  • [7]
    Cette référence au « sale boulot » de E. Hughes (1962) est ici mobilisée dans le sens d’activités s’inscrivant dans un système relationnel et donc non pas par essence « sales » mais dans la confrontation avec les autres groupes.
  • [8]
    Échanges informels avec l’Inspection d’Académie et la ville B, entretien téléphonique, novembre 2016.
  • [9]
    Notes d’observation, comité de pilotage ville B, septembre 2016.
  • [10]
    Entretien avec un directeur d’école primaire, ville B, septembre 2016.
  • [11]
    Entretien avec une directrice d’école primaire, ville A, novembre 2017.
  • [12]
    Entretien avec un directeur d’école primaire, ville A, novembre 2017.
  • [13]
    Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport.
  • [14]
    Entretien avec une responsable de loisirs, ville B, novembre 2016.
  • [15]
    Entretien avec une responsable de loisirs, ville A, novembre 2017.
  • [16]
    Dans le document présenté ci-dessus, il est évoqué le temps « SMAP » soit le Service Municipal d’Accueil Périscolaire.
  • [17]
    Entretien avec le directeur du service Education de la ville A, le conseiller pédagogique départemental, octobre 2017.
  • [18]
    Commentaire de l’observatoire POLOC, renvoyé aux équipes de l’école C, octobre 2017.
  • [19]
    Entretien avec un directeur d’école, ville A, novembre 2017.
  • [20]
    Entretien avec la directrice de l’école, ville A, février 2017.
  • [21]
    Récit d’entretien avec des enseignants de cycle 3, ville B, avril 2017.
  • [22]
    Notes d’observation, ville B, septembre 2016.
  • [23]
    Nous remercions ici Youna Manini pour le travail d’observation qu’elle a effectué pour le compte de l’observatoire POLOC sur ces temps d’étude au sein de la ville A.
  • [24]
    Récit d’entretien avec une enseignante de maternelle, ville A, novembre 2016.
  • [25]
    Dans la ville A, si les enseignants peuvent effectuer ces devoirs, la municipalité encourage plutôt une prise en charge par des animateurs périscolaires. Dans la ville B, les enseignants ont été invités à assurer le temps des « devoirs » uniquement dans les quartiers prioritaires.
  • [26]
    Entretien avec des enseignants de cycle 3, ville A, février 2017.
  • [27]
    À ce titre, on pourrait faire un rapprochement avec le décalage constaté par Kakpo sur les familles populaires et les attentes scolaires contemporaines (2015).
  • [28]
    Observations des études dans les villes A et B, 2017, réalisée avec l’aide de Youna Manini.
  • [29]
    Entretien avec deux animatrices du temps périscolaire, ville B, mai 2017.
  • [30]
    Entretien avec des enseignants de cycle 2, ville A, avril 2017.
  • [31]
    Entretien avec une directrice d’école, ville B, septembre 2017.
  • [32]
    BAFA : Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur.
  • [33]
    Entretien avec le responsable périscolaire, Ville A, avril 2017.
  • [34]
    Entretien avec le responsable périscolaire, Ville A, avril 2017.
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