Notes
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[*]
Docteur en sciences de l’éducation, CERLIS, Paris 5.
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[1]
Il s’agit des maîtres spécialisés des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté. Outre les psychologues scolaires, les maîtres spécialisés sont soit des maîtres E dont l’aide est « à dominante pédagogique » soit des maîtres G. Les circulaires les plus récentes définissant les missions des uns et des autres datent de 2002.
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[2]
Le Groupe d’études et de recherche des rééducateurs de l’Éducation nationale a été créé en avril 1963.
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[3]
Le livre de Bartout L., Brunelle L. & Piacère J. Lecture et orthographe, problèmes d’apprentissage, d’évaluation et de rééducation. Paris : Colin, 1977, est tout a fait représentatif de cette direction, de même les différents ouvrages d’André Inizan.
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[4]
Maître spécialisé, psychologue scolaire puis inspecteur, il sera responsables des formations RPP au CNPS jusqu’en 1978.
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[5]
« Tout éducateur, et particulièrement celui qui est placé au centre du problème, doit chercher les responsabilités dans une telle situation. La pédagogie, les structures de l’enseignement ne doivent-elles pas être remises en question ? Ne sommes nous pas en train d’opérer, en vain, un replâtrage dans un édifice qui s’écroule ? Ne sommes-nous pas complices de cet état de fait en donnant l’illusion que les erreurs peuvent être réparées a posteriori ? » (Ducoing, 1965, p. 24) « Nous ne voulons pas être là pour justifier 45 élèves par classe, des maîtres non formés, des méthodes pédagogiques rétrogrades. » (Ducoing, 1963, p. 6)
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[6]
La préparation à ce diplôme était assurée par les deux centres nationaux, le C.N.E.F.E.I. et le C.N.E.F.A.S.E.S (jusqu’à sa fermeture en 1997).
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[7]
Les deux tiers des mémoires ont été rédigés par des stagiaires du centre de Suresnes, un tiers par ceux du centre de Beaumont.
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[8]
Aimé Labregère (1925-1991), après avoir été instituteur puis professeur de lettres et philosophie, devient, en 1954, inspecteur de l’Éducation nationale. Il enseigne ensuite, au Centre national d’études et de formation pour l’enfance inadaptée de Suresnes, il est nommé en 1964 inspecteur d’académie et appelé au ministère de l’Éducation nationale où il restera comme chargé de mission pour l’éducation des enfants handicapés jusqu’en 1980.
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[9]
L’équipe éducative serait constituée, selon Labregère, de l’ensemble des enseignants, du médecin de santé scolaire, de l’assistante sociale, de la directrice de l’école, des parents, etc. Voir Labregère A, 1976, p. 28.
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[10]
Les seules voix discordantes sont celles de rééducateurs proches de mouvements pédagogiques comme le G.F.E.N. Voir par exemple la position de Louisette Poezevara, R.P.M. : « La vocation du G.A.P.P. est d’aider l’enfant dans la salle de classe. Lorsqu’un enfant éprouve des difficultés, l’objectif n’est pas de le « sortir » de la classe mais de rechercher avec le maître des solutions possibles dans la classe pour résoudre tel ou tel problème (…) L’un des rôles importants du G.A.P.P. est de permettre une évolution de l’école au niveau des pratiques pédagogiques » Poezevara L. (1977, p. 56).
1Actuellement à l’école primaire, les élèves qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages peuvent être aidés, plusieurs fois par semaine, par des maîtres spécialisés des réseaux d’aides [1]. Les prescriptions concernant tant les maîtres spécialisés que les maîtres des classes insistent sur la nécessité d’une concertation entre eux. Ces prescriptions ne sont pas nouvelles puisqu’on trouve déjà des indications en ce sens dans les circulaires créant les réseaux d’aides en 1990. Les prescriptions insistent sur la dimension pédagogique de la concertation. Contrairement à ce qu’on pourrait penser a priori puisqu’il s’agit d’enseignants qui interviennent auprès des mêmes élèves et dans les mêmes disciplines fondamentales, une telle collaboration ne va pas de soi. Une analyse historique permet de mettre en évidence qu’une forme de concertation évitant soigneusement la confrontation de démarches pédagogiques a longtemps été considérée par les enseignants spécialisés et les maîtres des classes comme une alternative bien préférable. En fait, l’idée selon laquelle la collaboration peut et doit porter sur la pédagogie suppose une rupture avec une conception ancienne des relations entre les deux catégories d’enseignants qui a prévalu entre 1970 et 1990, période durant laquelle les groupes d’aide psychopédagogique (G.A.P.P.) avaient la responsabilité des aides à apporter aux élèves. C’est cette conception ancienne que nous analyserons ici en présentant les résultats d’une enquête historique et sociologique sur le fonctionnement des GAPP. Il s’agira de retracer les moments de l’élaboration des conceptions et des pratiques de collaboration entre les maîtres... évitant la question de la pédagogie.
2L’histoire des G.A.P.P. présentée ici participe d’une histoire plus générale : celle du processus de division du travail à l’école primaire. Le modèle « un maître, une classe », forme traditionnelle de l’organisation du travail à l’école primaire dure jusqu’au début des années soixante-dix. A cette date, la création des G.A.P.P. permet la présence dans les écoles de maîtres non chargés de classes. Puis la création des ZEP, au début des années quatre-vingt, accroît la présence de maîtres surnuméraires. Enfin, dans un troisième temps, la création des emplois jeunes va signifier la présence d’adultes supplémentaires (non enseignants) dans les écoles. La division du travail entre enseignants et entre enseignants et non enseignants n’a cessé de s’amplifier dans les dernières décennies. Les recherches actuelles (Florin et al., 2004, Garnier, 2003) sur les processus de division du travail à l’école primaire privilégient la question de la polyvalence. Elles mettent en évidence comment la multiplication de différents intervenants (collègues, emplois jeunes, intervenants municipaux, voire parents d’élèves) aboutit de fait à un aménagement de la polyvalence pourtant revendiquée par les enseignants comme constitutive de leur identité. L’analyse du problème du partage du travail sous l’angle de la polyvalence conduit à le considérer en termes de répartition des disciplines enseignées : quelles sont celles que les maîtres acceptent de déléguer, à qui et dans quelles conditions ? L’histoire des G.A.P.P. permet d’aborder la division du travail sous un autre aspect, en privilégiant cette fois l’analyse des modalités et des obstacles à des collaborations entre enseignants dans les mêmes disciplines et auprès des mêmes élèves.
3Le cas des maîtres spécialisés, rééducateurs, exerçant dans les G.A.P.P. peut donc être considéré comme un cas particulier du processus général de division du travail à l’école primaire, mais sa singularité tient à ce que le groupe professionnel des rééducateurs s’est progressivement constitué comme un groupe autonome par rapport aux autres enseignants. Du point de vue de leur statut, les rééducateurs sont des enseignants : on ne peut devenir rééducateur sans avoir été enseignant auparavant. Les rééducateurs ne sont pas des personnels paramédicaux : quels qu’aient pu être, à l’origine, les liens dans les cultures professionnelles entre les rééducateurs de l’Éducation nationale et les rééducateurs paramédicaux, la création des formations à l’intérieur de l’Éducation nationale affirme le monopole des enseignants sur les rééducations pratiquées à l’intérieur de l’école. Enseignants, les maîtres rééducateurs ne sont pas pour autant seulement des maîtres supplémentaires (comme ceux, par exemple, dont la présence dans les écoles sera liée à partir des années 1980 au classement en ZEP) ; ils bénéficient d’une formation spéciale débouchant sur une certification qui limite l’accès au groupe, ils s’adressent à un public spécifique et surtout ils cherchent à faire reconnaître la spécificité de leur travail en le différenciant de celui des enseignants ordinaires. En ce sens ils constituent un « segment professionnel » au sens où le sociologue des professions Anselm Strauss utilise ce terme pour analyser les processus de division du travail au sein de professions constituées (Strauss, 1992 ; Baszanger, 1990). La définition de la spécificité du travail des rééducateurs se joue historiquement en deux temps : d’abord par rapport aux personnels paramédicaux, puis par rapport à leurs collègues enseignants. Au cœur du processus de définition de l’identité collective du groupe des rééducateurs se trouve la question de son rapport au travail enseignant ordinaire. Cette question peut se comprendre en deux sens distincts mais liés : en quoi le travail du rééducateur se distingue-t-il ou se rapproche-t-il du travail enseignant dans la classe ? Comment le travail du rééducateur avec un élève s’articule-t-il à celui de l’enseignant de la classe ? Historiquement le groupe des rééducateurs des G.A.P.P., qu’il s’agisse des rééducateurs en psychopédagogie (R.P.P) ou des rééducateurs en psychomotricité (RPM), a eu tendance à chercher sa spécificité dans un éloignement de la pédagogie ordinaire. Cette spécificité a été progressivement acceptée par les maîtres des classes ordinaires en contre-partie du respect d’un principe absolu de non ingérence dans la pédagogie des classes.
4Il s’agira donc ici de retracer l’histoire du groupe professionnel des rééducateurs en montrant comment l’effort de définition d’une identité spécifique du groupe influe sur les modalités de la collaboration avec les enseignants dans le sens d’un évitement de la pédagogie.
1 – Les premiers rééducateurs, « des enseignants parmi les enseignants »
5Les premières expériences de rééducations sont menées à l’initiative de psychologues scolaires travaillant au Centre national de pédagogie spéciale de Beaumont sur Oise (CNPS). Elles ont lieu à la fin des années cinquante, dans un contexte où les travaux de psychologues pour distinguer la dyslexie de la débilité permettent de définir une catégorie d’élèves dont les mauvais résultats scolaires ne sauraient être imputés à la débilité, ni, donc, entraîner une orientation en classe de perfectionnement. Dès les années 1950, les responsables de l’Éducation nationale soutiennent l’idée que certaines dyslexies ont des causes pédagogiques et non médicales et relèvent donc d’une rééducation proprement pédagogique : autrement dit une rééducation qui doit être assurée par des enseignants spécialisés, et non par des personnels paramédicaux (orthophonistes). Reprenant cet argument les premiers rééducateurs revendiqueront leur spécificité d’enseignants par rapport aux rééducateurs paramédicaux.
6Mais si des rééducations « pédagogiques » sont possibles, que penser des pratiques pédagogiques qui ont conduit les élèves à avoir besoin de rééducation ? Paule Parent, directrice du CNPS, répond très clairement lors d’une journée consacrée aux troubles des apprentissages : les recherches sur les rééducations permettent de désigner des pratiques néfastes et les connaissances acquises dans les rééducations doivent permettre d’améliorer les pratiques pédagogiques ordinaires.
« Ce sera le rôle des psychologues participant à nos travaux de mettre en lumière les méfaits grave d’un certain enseignement de la lecture hâtif et prématuré par rapport aux possibilités mentales de l’enfant. A les suivre, nous comprendrons mieux l’importance de toutes les activités éducatives destinées à rendre possible la conquête de la langue : éducation du sens de l’espace et du temps par l’éducation physique, des exercices de rythmique, de groupement, de classification ».
8Les premières rééducations sont conçues comme une « récupération » sur le plan pédagogique, ce qui suppose une critique au moins implicite de la pédagogie pratiquée dans la classe de l’élève. Dans cet esprit, les rééducations ne sont qu’un pis aller : les connaissances qu’elles pourront apporter sur les difficultés des élèves devraient permettre de développer des méthodes pédagogiques ordinaires plus efficaces. Cette conception de la rééducation s’inscrit explicitement dans la logique du rôle attribué par Wallon aux psychologues scolaires : étudier les méthodes d’enseignement les plus compatibles avec le développement intellectuel et affectif des élèves, ce qui est une des définitions de la psychopédagogie. La création des rééducateurs a donc, en un sens, son origine dans la mise en cause de la pédagogie ordinaire, mais le projet initial est de mettre la rééducation au service de cette pédagogie ordinaire. Les premiers rééducateurs en psychopédagogie formés à partir de 1961 reprennent ces arguments à leur compte. Dans les articles où ils présentent leur rôle, ils s’assignent aussi une action en direction des enseignants : « Nous mettrons toujours au premier plan de nos préoccupations non pas l’étude de l’inadaptation scolaire comme simple constat, mais la prévention des troubles, c’est-à-dire que les problèmes de « pédagogie normale » nous intéressent en premier lieu. » [2] (Ducoing, 1963, p. 3). Cet argument est par ailleurs tout à fait précieux pour affirmer la légitimité de rééducateurs enseignants par rapport à des rééducateurs paramédicaux, qui ne peuvent agir qu’en direction des élèves.
9Un des arguments avancés en faveur de rééducations à l’école et de rééducateurs enseignants est donc l’apport possible de la pédagogie spécialisée dans les rééducations à la pédagogie ordinaire. Mais quelle est la nature de cet apport ? S’agit-il d’un partage de connaissances générales sur les apprentissages scolaires [3] ou bien d’échanges sur les démarches pédagogiques à adopter avec tel élève particulier ? Ces deux directions sont fort différentes car, dans la première, rééducateurs et enseignants n’ont pas à exposer leurs propres pratiques.
10La deuxième direction, au contraire, implique que le rééducateur sache ce que fait l’enseignant, et inversement, et même qu’ils agissent en harmonie. Or cette deuxième direction est incompatible avec un des aspects de la définition des rééducations élaborée dés le début par les rééducateurs. En effet, les rééducateurs insistent sur la nécessité d’une rupture avec la classe. La critique de la classe se conjugue de différentes façons. Michel Lobrot, professeur au CNPS jusqu’à la fin des années soixante, fait une critique du « conditionnement » auquel sont soumis les élèves. André Inizan [4], quant à lui, dénonce la pédagogie qui réduit les élèves les plus faibles à l’inactivité intellectuelle et à l’ennui. Le plus souvent la critique est globale et se présente comme un plaidoyer en faveur de changements structuraux dans l’organisation pédagogique, la formation des enseignants etc. [5]. La rééducation doit donc rompre avec ce qui se passe dans la classe. Michel Lobrot parle, de façon très significative, de « déconditionnement ». La rupture avec la classe se situe tout à la fois dans le type de relation pédagogique et dans le choix des activités proposées, les deux étant d’ailleurs liées. L’élève doit retrouver une appétence scolaire en retrouvant une liberté opposée au conditionnement qu’il a subi dans la classe. Tous les rééducateurs ne reprennent pas à leur compte l’expression de « déconditionnement », la définition de la nature de la rééducation peut même être très différente d’un rééducateur à l’autre, mais ils insistent tous sur la rupture avec les pratiques de la classe. Pour certains, la rupture avec la classe va conduire à proposer à l’élève des activités très éloignées des activités scolaires, pour d’autres (proches des conceptions d’André Inizan) il va s’agir au contraire d’un renforcement de la sollicitation pédagogique absente de la classe ordinaire.
11Dans la définition de leur rôle par les rééducateurs, l’éloignement par rapport à leur métier initial d’enseignant va s’accentuer à mesure que la référence à la psychanalyse va devenir plus importante dans leur culture professionnelle. Les journées organisées par l’association professionnelle font une place très importante à une compréhension de l’échec scolaire à la lumière de la psychanalyse. Dès 1965, la définition proposée par Jean-Louis Ducoing, président de l’association professionnelle, distingue très nettement le rééducateur et l’enseignant de la classe : « Le rééducateur se situerait donc entre le maître de la classe nouvelle et le psychothérapeute. Son attitude est plus neutre, plus cathartique que le premier. La rééducation n’est pas une psychothérapie mais il y a bien là une attitude psychothérapique » (Ducoing, 1965, pp.21-22). Une telle définition de la rééducation la rend très proche de ce que Maurice Debesse, à la même période et pour les C.M.P.P., nommait « pédagogie curative ». Les premiers rééducateurs entretiennent donc des liens complexes avec l’école, les enseignants et la pédagogie. Ils défendent l’idée d’une rééducation menée à l’intérieur de l’école par des rééducateurs enseignants, ils affirment vouloir enrichir les connaissances pédagogiques ordinaires mais en même temps, ils définissent déjà pour le rééducateur un rôle bien distinct de celui de l’enseignant de la classe et qui les éloigne de leur identité d’enseignant.
2 – La négociation de leur rôle par les rééducateurs des G.A.P.P
12La création des G.A.P.P. vise à généraliser les expériences menées par les premiers rééducateurs. Bien qu’approuvée par les syndicats enseignants cette création ne correspond cependant pas à une demande des maîtres. Aussi l’accueil fait aux G.A.P.P. dans les écoles fut-il souvent très réservé. Dans les G.A.P.P., les rééducateurs ont à expliquer et à justifier leur action auprès de leurs collègues. Un corpus de littérature grise constitué par les mémoires professionnels réalisés par les candidats au diplôme de directeur d’établissements spécialisés (D.D.E.S).) [6] fournit une source de témoignages sur les relations entre les écoles et les G.A.P.P. Entre 1975 et 1990, chaque année deux à quatre mémoires ont été consacrés aux G.A.P.P., soit au total un corpus de 43 mémoires [7]. Ces mémoires consistent le plus souvent en une analyse des réponses à des questionnaires envoyés à de nombreux G.A.P.P., mais ils présentent aussi des études de cas menées à l’aide d’entretiens. La diversité des méthodologies utilisées dans les mémoires ne permet aucune utilisation statistique des réponses aux différents questionnaires ; en revanche, le nombre des questionnaires traités multiplie les témoignages.
13Maîtres sans classe et par là sans élèves, les rééducateurs ont à négocier école par école, classe par classe, les conditions mêmes de leur exercice. La négociation porte sur tous les aspects : le lieu d’exercice (affectera-t-on une salle spécifique au rééducateur ?), le niveau de son intervention (comment répartira-t-il son temps entre la maternelle et l’élémentaire ?), le type d’intervention (interviendra-t-il dans la classe, hors la classe, avec un élève, un groupe d’élèves ?), et surtout le choix des élèves (selon quels critères seront-ils désignés et par qui ?). Malgré les prescriptions officielles et le contrôle hiérarchique, l’autonomie des enseignants (rééducateurs et maîtres des classes) dans l’organisation du travail des rééducateurs est en réalité très grande. La place de la négociation est donc centrale. Dans cette négociation, les rééducateurs doivent respecter une règle d’or : ne pas mettre en cause la pédagogie de leurs collègues, ce qui rendrait impossible le travail. Le respect de cette règle est d’autant plus possible et facile que leur rôle est défini comme très différent de celui de l’enseignant de la classe. Un compromis s’établit le plus souvent : les rééducateurs s’interdisent tout commentaire sur la pédagogie de leurs collègues, en retour ils se voient reconnaître une spécificité : ils sont les spécialistes de la dimension psychologique.
2.1 – Les termes du compromis : tabou sur les pratiques pédagogiques de la classe, reconnaissance de la spécificité des rééducateurs
14En se refusant à intervenir auprès de leurs collègues sur un plan pédagogique, les rééducateurs s’opposent aux prescriptions officielles donnés par la circulaire du 25 mai 1976 et aux recommandations faites par les inspecteurs. La première circulaire sur les G.A.P.P., de 1970, précisait clairement que pour certains élèves « la classe ordinaire ne peut ni ne doit s’adapter à eux ». La circulaire de 1976 indique au contraire que la mission première des G.A.P.P. est de permettre le maintien du plus grand nombre possible d’élèves dans les classes ordinaires en apportant un soutien et aux élèves et aux maîtres qui les accueillent. Les commentaires faits par les responsables administratifs insistent sur l’évolution des prescriptions. Par exemple Aimé Labregère [8], conseiller technique au ministère, souligne le passage d’une fonction « éthologique » (observer les élèves et agir sur eux) à une fonction « écologique » (agir sur le milieu environnant). Les commentaires de l’inspecteur général Raymond Toraille sont plus radicaux encore : il souhaite que les G.A.P.P. deviennent des agents de la rénovation pédagogique, les ferments d’une transformation de l’école. « Le G.A.P.P. est un instrument de subversion pédagogique, c’est-à-dire de mise en question de l’ordre pédagogique traditionnel. » (Toraille, 1978, p. 5).
15La difficulté de l’exercice n’échappe pas à Labregère qui précise que la définition « écologique » de la mission du G.A.P.P. repose sur une conception nouvelle du statut des maîtres dans l’école. A la conception qui fait du maître le seul responsable de sa classe devrait, selon lui, se substituer l’idée d’une équipe pluridisciplinaire responsable collectivement des enfants. Les maîtres spécialisés, membres des G.A.P.P. interviendraient au sein d’une « équipe éducative » [9]. C’est à cette condition que les membres du G.A.P.P. pourraient ne pas apparaître comme des « contrôleurs » du travail de leurs collègues, comme des inspecteurs. La collaboration entre les enseignants signifie une co-intervention (les deux enseignants agissent en même temps dans le même lieu), un partage des élèves. Le rééducateur n’intervient pas auprès du maître pour lui conseiller d’autres méthodes, mais pour lui faire part d’informations sur ses élèves.
16Dans les prescriptions, la collaboration suggérée entre les maîtres et les rééducateurs concerne donc la connaissance que l’enseignant a de ses élèves et de leurs difficultés. Mais de quelle nature est la connaissance des élèves ? S’il s’agit d’analyser des difficultés qu’un élève rencontre dans des exercices scolaires, comment cette analyse pourrait-elle ne pas tenir compte des exercices proposés ? Comment la « connaissance des élèves » pourrait-elle ne rien savoir des méthodes pédagogiques utilisées par leurs enseignants ? Même sous couvert de parler des élèves, comment pourrait-il ne pas être question des méthodes utilisées, des exercices proposés ? Or précisément, rééducateurs et maîtres des classes refusent de s’engager dans cette voie.
17En effet, face à ces injonctions d’adopter un modèle « écologique », les rééducateurs qui s’expriment dans les revues professionnelles ou syndicales sont quasi unanimes [10]. Les membres des G.A.P.P. n’ont pas à intervenir sur la pédagogie des enseignants, ils se refusent à jouer ce qu’ils qualifient de rôle de conseiller pédagogique. Les rééducateurs les plus convaincus de la nécessité d’une transformation de l’école refusent ce tournant « écologique » qu’ils interprètent comme un tournant « pédagogique » (Piat, 1983, p. 29). L’essentiel de leur travail se situe, selon eux, en direction des élèves pour lesquels il s’agit de restaurer la relation à l’école. Ainsi, en 1979, dans le numéro de L’école libératrice (organe du syndicat national des instituteurs) consacré aux G.A.P.P., les rééducateurs qui signent l’article sur les actions préventives précisent clairement les buts de l’observation en classe : « Soyons clairs, le rééducateur vient en classe voir l’enfant dans des activités précises, il ne porte, en aucun cas, quelque jugement que ce soit sur la pédagogie pratiquée, les méthodes utilisées : l’enseignant est seul maître de sa pédagogie dans sa classe. » (Grelier et al. 1979, p. 1440). La spécificité revendiquée des membres des G.A.P.P. est de travailler avec les élèves et non avec leurs enseignants et de chercher à améliorer la relation des élèves avec l’école. Le refus d’intervention dans la pédagogie des collègues et la définition de l’identité spécifique des rééducateurs sont étroitement liés.
18Dans leur résistance aux prescriptions hiérarchiques, les rééducateurs reçoivent de fait le soutien des enseignants des classes. Non que ces derniers soient nécessairement convaincus de l’utilité des rééducateurs tels qu’ils se définissent, mais les maîtres rejoignent les rééducateurs dans le refus d’une intrusion dans la pédagogie. De nombreux mémoires pour le D.D.E.S. interrogent les enseignants sur l’évolution de leurs attentes vis-à-vis des G.A.P.P. Les témoignages de ces institutrices d’une école d’Argenteuil (extraits d’un mémoire qui cite très largement les entretiens menés) sont très représentatifs d’une acceptation progressive du G.A.P.P. et de son rôle « psychologique » grâce au respect de l’interdit de la discussion de la pédagogie de l’enseignant, qui est le corollaire de cette définition :
« Je considère le G.A.P.P. comme devant m’apporter une aide au niveau psychologique plus qu’au niveau du rattrapage scolaire, le soutien je peux le faire » (témoignage d’une directrice) […]. « Je pensais qu’il suffirait que quelqu’un répète mes leçons avec insistance, en « rabâchant » avec les enfants en échec pour que, miracle, l’enfant apprenne à lire, je ne voyais le problème d’échec qu’en rapport avec les effectifs en mon temps disponible trop réduit pour l’élève qui avait des difficultés d’apprentissage. » (Institutrice de CP) […]. « Je vois le G.A.P.P. comme une aide sur tous les plans, au niveau psychologique avant toute chose. Il y a de plus en plus d’enfants qui souffrent du manque d’affection de la part des parents que par le passé. Quand l’enfant trouve quelqu’un pour l’écouter, il est heureux, vous pouvez le remettre en confiance vis-à-vis de lui-même puisqu’il est en situation d’échec, ce qui est positif. Les enseignants sur le plan scolaire, il n’y a trop rien à redire mais pour tout ce qui est psychologie, nous en manquons vis-à-vis des enfants. J’entends encore des termes employés, signes de rejet, qui blessent et sans nous donner de leçons vous contrebalancez ce que nous apportons sur le plan strictement scolaire. » (Institutrice). »
20Les rééducateurs, qu’ils soient RPP ou RPM, vont majoritairement se référer à une définition de la rééducation très distinguée des pratiques pédagogiques ordinaires tant dans ses objectifs (restaurer la relation de l’élève à l’école et sa confiance en lui-même) que dans ses moyens (place importante accordée aux jeux de toutes sortes). La spécificité du rééducateur et de la rééducation justifient l’absence de lien entre le travail de rééducation et celui de la classe. Les maîtres des classes ignorent le plus souvent ce que font leurs élèves pendant ces séances et certains rééducateurs vont jusqu’à revendiquer le secret sur le travail mené avec les élèves.
2.2 – La pédagogie en question
21Il faut cependant nuancer ce tableau en analysant les témoignages qui font état de collaborations plus étroites et dans lesquelles il est bien question de pédagogie. Ces collaborations peuvent être classées en deux grandes catégories selon que la collaboration concerne deux enseignants (le rééducateur et le maître de la classe) ou les membres du G.A.P.P. et l’ensemble des maîtres de l’école.
22Première catégorie : les interventions des rééducateurs dans la classe. Quelques témoignages font état de R.P.M. initiant toute une classe (les élèves et le maître) à la danse, l’expression corporelle ou le mime. Le rééducateur se place là en situation d’expert transmettant des savoirs ou des techniques. Mais les témoignages les plus nombreux nous présentent des rééducateurs prenant en charge des ateliers. Ces ateliers sont de deux types. Soit il s’agit d’ateliers « d’expression » (expression corporelle, fabrication de masques, théâtre, travail autour des contes…), la collaboration avec l’enseignant se limite alors à un partage des élèves et n’implique ni une discussion ni un accord sur le contenu pédagogique proposé aux élèves. Le rééducateur a, dans ce cas, un statut d’intervenant co-animant la classe. Soit les ateliers ont des contenus plus directement scolaires. Ces ateliers supposent une concertation sur la constitution des groupes, qui sont souvent homogènes, le R.P.P. prenant fréquemment en charge le groupe le plus faible. Les réponses données aux enquêteurs sur les activités proposées sont souvent très précises : en maternelle, les activités tournent autour du langage (Arnaud, 1983) (travail sur l’articulation, mais aussi travail sur la construction de phrases complexes, en référence aux travaux de Laurence Lentin) (Didier, 1983). Au C.P., les actions de soutien en lecture passent, par exemple, par un travail sur les concepts de Boehm, des jeux de lecture au sens large. Une discussion pédagogique sur les contenus de ces ateliers s’engage-t-elle alors entre les enseignants ? Les jugements portés sur les différents types d’ateliers incitent à une réponse prudente. Le partage des élèves dans des ateliers d’expression ne pose pas de problème. Par contre les auteurs des mémoires soulignent que les ateliers d’apprentissages scolaires demandent une grande collaboration entre l’enseignant et le rééducateur et qu’ils ne donnent pas satisfaction. Ces ateliers apparaissent aux rééducateurs des G.A.P.P. comme sortant du cadre de leur spécificité et comme une concession visant à conquérir la confiance des maîtres ; les enseignants, eux, leur reprochent de compliquer le travail quotidien. On remarquera que si ces ateliers permettent des discussions pédagogiques, elles ont pour point de départ les propositions du maître spécialisé, qui accepte de ne pas être seulement un « observateur » dans la classe.
23La deuxième forme de collaboration, assez rare, correspond à ce que nous avons nommé plus haut le « partage de savoirs pédagogiques ». Les G.A.P.P. sont sollicités par les inspecteurs ou par leurs collègues pour des exposés sur des problèmes pédagogiques généraux ou sur le rôle des structures spécialisées. Un mémoire répertorie les thèmes suivants : la pédagogie par objectifs, les pré-requis, l’apprentissage de la lecture, le langage, l’aide aux enfants en difficulté, les relations dans le groupe classe, l’organisation du travail des institutrices de maternelle, l’évolution du dessin d’enfant, la psychologie de l’enfant (Maestracci, 1983) Dans ce cas, les G.A.P.P. participent à la formation continue des enseignants. Le débat, s’il existe, s’engage avec toute l’équipe d’école et non avec un enseignant dans une relation duelle. Il en est de même quand le G.A.P.P. est à l’initiative d’une réflexion collective dans l’école sur une difficulté repérée comme par exemple les difficultés en orthographe (Terrieux 1977) ou dans l’apprentissage de la lecture. Cette forme de collaboration contourne l’obstacle de la relation duelle et de « l’exposition » des pratiques individuelles, en instaurant le débat au niveau de toute l’équipe de l’école.
24Un point important ressort de ces témoignages : la discussion et la collaboration pédagogiques s’instaurent soit en contournant la relation de face à face par un travail collectif dans lequel le G.A.P.P. est moteur, soit par l’implication du rééducateur qui propose et mène lui-même les activités dans la classe. Ces formes de collaboration sont rares, même si elles sont mentionnées tout au long de la période.
Conclusion
25La division du travail entre maîtres spécialisés sans classe et maîtres des classes peut s’analyser sous deux dimensions. D’une part, la répartition des tâches, c’est-à-dire : que fait le rééducateur, auprès de quels élèves intervient-il ? D’autre part, la mise en cohérence des interventions du rééducateur et de l’enseignant de la classe auprès des mêmes élèves. Dans le cas des G.A.P.P., pour ce qui est des « rééducations » individuelles, la question de l’harmonisation « pédagogique » est réglée sans même être posée puisque la rééducation se définit par la distance par rapport à l’intervention du maître de la classe. L’échange sur les choix pédagogiques des uns et des autres à propos d’élèves singuliers n’a pas lieu d’être, même si des échanges ont bien lieu concernant l’histoire familiale, les réactions psychologiques face à la difficulté. Un facteur a été déterminant dans les pratiques d’organisation de ce partage du travail : la recherche de la définition d’une identité professionnelle spécifique du groupe. Les choix des rééducateurs concernant la nature même de cette identité sont très liés à l’évolution des idées au cours de la période, notamment à la diffusion de la psychanalyse et des travaux sur « le relationnel » (Castel, 1981). Mais c’est moins la nature des choix qui importe que le fait même d’une recherche d’une identité spécifique et des conséquences de cette quête sur l’organisation du travail.
26En 1990, les G.A.P.P. sont remplacés par les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (R.A.S.E.D.). Les missions des maîtres spécialisés sont définies dans l’esprit d’une rupture avec les pratiques antérieures des G.A.P.P. Les textes séparent deux missions : l’une d’aide pédagogique, l’autre d’aide « rééducative ». La première est dévolue aux maîtres « E », la seconde aux maîtres « G ». La circulaire réitère à de nombreuses reprises l’injonction de collaboration entre les enseignants et insiste aussi sur les effets attendus des aides qui doivent se mesurer « par rapport à des critères objectifs en usage dans la classe ». La volonté est explicite concernant les maîtres E de faire du pédagogique le noyau de leur identité contrairement à ce qui avait pu se passer pour les rééducateurs des G.A.P.P. La difficulté dans l’application de ces prescriptions a tenu à ce qu’elle supposait une rupture avec les conceptions et les pratiques antérieures alors que les personnels des nouveaux RASED étaient des anciens des G.A.P.P et que les habitudes étaient établies dans les écoles concernant les relations entre maîtres spécialisés et enseignants des classes. Mais au-delà de la difficulté initiale, l’analyse des modalités de collaboration entre les maîtres des RASED et ceux des classes ne devrait pas manquer de rencontrer deux questions : comment les maîtres E définissent-ils leur identité non seulement par rapport aux maîtres des classes mais aussi par rapport aux autres maîtres sans classe ? Comment les enseignants peuvent-ils faire de « l’exposition » de leurs pratiques au regard d’autres enseignants une attitude ordinaire ?
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Mots-clés éditeurs : enseignants spécialisés, identité professionnelle, groupe aide psychopédagogique, rééducateur, travail en équipe, difficulté scolaire, R.A.S.E.D
Date de mise en ligne : 22/01/2013.
https://doi.org/10.3917/lsdle.394.0063Notes
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[*]
Docteur en sciences de l’éducation, CERLIS, Paris 5.
-
[1]
Il s’agit des maîtres spécialisés des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté. Outre les psychologues scolaires, les maîtres spécialisés sont soit des maîtres E dont l’aide est « à dominante pédagogique » soit des maîtres G. Les circulaires les plus récentes définissant les missions des uns et des autres datent de 2002.
-
[2]
Le Groupe d’études et de recherche des rééducateurs de l’Éducation nationale a été créé en avril 1963.
-
[3]
Le livre de Bartout L., Brunelle L. & Piacère J. Lecture et orthographe, problèmes d’apprentissage, d’évaluation et de rééducation. Paris : Colin, 1977, est tout a fait représentatif de cette direction, de même les différents ouvrages d’André Inizan.
-
[4]
Maître spécialisé, psychologue scolaire puis inspecteur, il sera responsables des formations RPP au CNPS jusqu’en 1978.
-
[5]
« Tout éducateur, et particulièrement celui qui est placé au centre du problème, doit chercher les responsabilités dans une telle situation. La pédagogie, les structures de l’enseignement ne doivent-elles pas être remises en question ? Ne sommes nous pas en train d’opérer, en vain, un replâtrage dans un édifice qui s’écroule ? Ne sommes-nous pas complices de cet état de fait en donnant l’illusion que les erreurs peuvent être réparées a posteriori ? » (Ducoing, 1965, p. 24) « Nous ne voulons pas être là pour justifier 45 élèves par classe, des maîtres non formés, des méthodes pédagogiques rétrogrades. » (Ducoing, 1963, p. 6)
-
[6]
La préparation à ce diplôme était assurée par les deux centres nationaux, le C.N.E.F.E.I. et le C.N.E.F.A.S.E.S (jusqu’à sa fermeture en 1997).
-
[7]
Les deux tiers des mémoires ont été rédigés par des stagiaires du centre de Suresnes, un tiers par ceux du centre de Beaumont.
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[8]
Aimé Labregère (1925-1991), après avoir été instituteur puis professeur de lettres et philosophie, devient, en 1954, inspecteur de l’Éducation nationale. Il enseigne ensuite, au Centre national d’études et de formation pour l’enfance inadaptée de Suresnes, il est nommé en 1964 inspecteur d’académie et appelé au ministère de l’Éducation nationale où il restera comme chargé de mission pour l’éducation des enfants handicapés jusqu’en 1980.
-
[9]
L’équipe éducative serait constituée, selon Labregère, de l’ensemble des enseignants, du médecin de santé scolaire, de l’assistante sociale, de la directrice de l’école, des parents, etc. Voir Labregère A, 1976, p. 28.
-
[10]
Les seules voix discordantes sont celles de rééducateurs proches de mouvements pédagogiques comme le G.F.E.N. Voir par exemple la position de Louisette Poezevara, R.P.M. : « La vocation du G.A.P.P. est d’aider l’enfant dans la salle de classe. Lorsqu’un enfant éprouve des difficultés, l’objectif n’est pas de le « sortir » de la classe mais de rechercher avec le maître des solutions possibles dans la classe pour résoudre tel ou tel problème (…) L’un des rôles importants du G.A.P.P. est de permettre une évolution de l’école au niveau des pratiques pédagogiques » Poezevara L. (1977, p. 56).