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Article de revue

Capteurs d’errance : Un labo-déambulatoire montréalais sur la mobilité culturelle

Pages 130 à 144

Une mobilité entravée

1Bien que notre propos ait pour visée de cerner, au sujet de la perception de l’itinérance, une aporie dans le discours actuel sur la transhumance des identités (dont le relativisme culturel tient lieu de nouvel universalisme embourgeoisé), ainsi que d’explorer les entraves au libre exercice de la mobilité, il faut convenir, avec une certaine humilité, que le droit au mouvement est un lieu commun qui camoufle des enjeux beaucoup plus cruels. En d’autres termes, le « droit au mouvement » (comme il est de mise de parler du « droit au logement », du « droit à un environnement sain ») ne peut tenir lieu de seule plateforme théorique. Enfin, l’exercice de la mobilité culturelle ne peut se réduire à la nomenclature des lieux et parcours qui nous redonneraient le droit à une pleine et entière subjectivité, à une pleine maîtrise de notre environnement. Sur ces questions, il faut prendre garde à ne pas adopter un point de vue inutilement euphorique. La mobilité, c’est bien sûr l’exercice d’un droit de passage. Il convient cependant de s’interroger sur les formes fracturées de nos itinéraires et déambulations.

2À ce sujet, dans l’œuvre de John Maxwell Coetzee, le choix de l’Afrique du Sud, site d’un discours sur les formes entravées de la mobilité, n’est pas l’expression du hasard. À propos de la fabrication d’une charrette qui lui permet de transporter sa mère de la ville du Cap à Port-Albert, Michael K. s’acharne avec la simplicité obstinée des vrais désespérés :

3

« Il retourna au foyer où il vivait et paya ses arriérés de loyer. « J’ai quitté mon travail, expliqua-t-il au gérant. Ma mère et moi, nous partons à la campagne, pour nous éloigner des événements. Pour l’instant, nous attendons un permis. » Il prit sa bicyclette et sa valise. En route, il acheta chez un ferrailleur une tige d’acier d’un mètre de long. […] Les roulements glissaient aisément autour du nouvel essieu, mais il n’arrivait pas à empêcher les roues de sortir de l’axe. Il essaya pendant des heures, en vain, de confectionner des attaches avec du fil de fer. Il finit par y renoncer. Je trouverai bien une idée, se dit-il ; et il laissa la bicyclette démantelée sur le sol de la cuisine des Burhmann. »
(Coetzee, Michael K, sa vie, son temps, Points Seuil, 2000, p. 26-27)

4Qu’on mesure bien la portée de ce mouvement qui est à peine un désir de bouger, de se déplacer. Il n’est pas question ici de transhumance, de périple qui nous conduit vers l’infini, mais d’un dépôt, en un espace circonscrit, de la nécessité d’être. Michael K. est expulsé de son foyer. Il se voit dans l’obligation non pas tant de fuir que de bouger, de se déplacer, de chercher en somme une 1ocalisation qui lui permettrait de (re)conquérir le statut de sujet.

5Faut-il sur ces questions faire référence à la mise en œuvre d’exils minuscules, de petites violences qui nous laissent désarmés au cœur des villes ? Pouvons-nous (intellectuels, chercheurs) être les capteurs de ces errances ? C’est le souhait que nous formulons puisque la singularité de ces petites violences est une façon de composer avec une problématique. À Montréal, par exemple, si l’on s’intéresse aux laissés-pour-compte de la Place Émilie-Gamelin, on notera que cette difficulté d’être est représentée sous l’aspect d’un ballet immobile, parfois d’une chorégraphie déboîtée. Sur cette place, les laissés-pour-compte (ceux qui n’ont plus que la « rue » comme domicile) sont, comme Michael K., condamnés à se déplacer dans les espaces réglementés par des zones de pouvoir. Voilà un « espace vert », un « lieu public », un espace propice au « repos » et à la « détente » (autant de maîtres mots d’un urbanisme conforme aux préceptes de la vie commune) qui s’apparente tout à coup à une zone de combats.

6Alors que l’activité du marcheur l’entraîne à accélérer son pas (tant il lui importe de parcourir le vaste monde, de contempler de nouveaux paysages), l’itinérant se surmène. Il va bien au-delà de ce que la raison dicte, de ce que la santé permet. Contraint, pris entre deux feux, le marcheur est à vrai dire un forçat. Alors que le déambulateur bavarde, raconte à qui veut l’entendre ses moindres périples, l’itinérant au ventre vide entend réverbérer contre sa boîte crânienne les impulsions du désordre urbain.

7C’est dans ce cadre à la fois thématique et géographique que nous soumettons aujourd’hui le projet d’une infrastructure de recherche majeure : un labo-déambulatoire sur la mobilité culturelle qui verra le jour en plein cœur de Montréal. Si l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-De-Grâce (où est située l’Université de Montréal) se veut la sphère d’action fondamentale du laboratoire, notons qu’une extension de la recherche vers d’autres lieux névralgiques s’effectuera à mesure que nos projets progresseront. L’arrondissement Ville-Marie prévoit par exemple d’ici 2025 de grands projets de revitalisation urbaine, notamment dans le Quartier des spectacles. Le square Émilie-Gamelin occupe une fonction importante dans l’imaginaire montréalais. Nous pourrons ainsi envisager l’arrondissement Ville-Marie, plus précisément le quadrilatère entourant la Gare d’autocars de Montréal, comme un point nodal où se recoupent des trajectoires souvent multipolaires et erratiques, comme un espace public où se croisent par exemple le jeune de la rue en provenance des régions venu passer l’été à Montréal et l’immigrant qui se rend à l’aéroport pour quitter le pays, faute d’avoir trouvé un emploi.

8Que veut dire au juste cette mobilité culturelle ? Au cours des dernières décennies, plusieurs spécialistes se sont intéressés aux conséquences des changements apportés par les développements industriels et technologiques tant dans la vie sociale que culturelle.

9Ces chercheurs s’interrogent sur le type de société qui émergera du cadre de la mondialisation : largement répandu et utilisé, le terme de « mondialisation » ne rend peut-être pas compte de la profondeur de ces changements dans les rapports sociaux. Dans la société en émergence, la valeur de l’avenir pourrait être le cosmopolitisme, ce qui veut dire le mélange de plusieurs identités et le sentiment d’être un citoyen du monde au-delà des nations, sans être rivé à l’une d’elles. Par ailleurs, ce sont les communautés « sans lieu » qui ont retenu ces dernières années l’attention des spécialistes des études culturelles, rappelant que nous vivons dans un monde « schizophrène » qui fait appel autant à des théories sur le déracinement et l’aliénation entre les individus et les groupes qu’à des rêves de proximité électronique. Les diasporas, entre autres, correspondent à cette nouvelle réalité globale définie par la circulation accrue de personnes, de capitaux, de technologies et d’informations.

10Dans le contexte de la mondialisation des dernières décennies, les phénomènes de mobilité culturelle n’ont cessé de s’intensifier. L’augmentation des flux migratoires de toutes sortes et le développement des technologies de télécommunication permettant des médiations à distance sont deux facteurs prépondérants d’une telle accélération. De leur impact conjugué a émergé une véritable culture en transit. Une nouvelle réflexion s’est amorcée ces dernières années sur les réalités migratoires, qui tente de dépasser l’analyse en termes de pays de résidence et de concevoir ces nouvelles situations en termes de liens entre, d’une part, les différents pays d’émigration ou d’établissement et, d’autre part, entre ces pays et le pays d’origine réel ou imaginaire, l’imaginaire étant une donnée importante de la réalité diasporique.

11Le terme même de mobilité fait partie d’un arrière-plan mythique avec lequel l’Occident compose dès les premiers âges. Faire référence à la notion de mobilité, comme le mentionne Gaston Bachelard, c’est admettre cette idée que l’homme est habité par une pulsion aérienne qui le conduit à souhaiter voyager, à s’affranchir de la finitude du corps. Ainsi la mobilité, avant d’être un discours culturel, appartient au monde des mythes et des utopies. Bachelard cite William Blake, La Divine Comédie de Dante, les œuvres de Shelley, voire celles d’Edgar Poe, pour bien indiquer que le rêve de la mobilité correspond au souhait d’en finir avec la pesanteur des territoires qui nous piègent, qui sont des impositions de lieux où nous devons vivre.

12Si la mobilité revêt chez Bachelard une forme poétique, ce n’est pas ce à quoi nous a habitué le vocabulaire sociologique de la mobilité sociale ou le vocabulaire de la mobilité-progrès. Pour ne donner qu’un exemple, les créateurs surréalistes, les écrivains associés aux avant-gardes du début du vingtième siècle (dadaïsme, futurisme) ont développé l’idée que le progrès était lié à l’apparition d’un homme-machine, à l’exacerbation du déplacement. S’incarnait là un discours nouveau revendiqué avec beaucoup de conviction. Ce monde nouveau favorisait une agilité, un nervosisme urbain (Simmel) qui modifiait la trame des grandes capitales européennes (construction de boulevards, de voies de ceinture, création de vastes projets domiciliaires, établissement de normes dans le domaine de la santé publique). La mobilité représentait un pas en avant, elle concordait absolument avec l’idée d’une régénération du tissu social tant la Grande Guerre avait été un souvenir horrible. Dans ce cas précis, la mobilité faisait référence au monde de la technique et de l’industrialisation.

13Nous souhaitons pour notre part étudier les formes culturelles de la mobilité. Nous savons bien sûr que l’emploi de la notion de mobilité fait référence dans le domaine sociologique à l’idée de stratification sociale, ou encore, dans une perspective chère à Pierre Bourdieu, aux parcours réussis dans des « champs » qui sont autant de domaines où opère cette stratification sociale.

14La mobilité culturelle, c’est la capacité de se mouvoir dans l’espace des signes et, de manière plus générale, des langages que nous manipulons. Il s’agit d’un processus où l’interaction est à l’œuvre de manière systématique. Nous ne nommons pas le monde de manière arbitraire. Nous sommes constamment informés des remaniements culturels dont ce dernier est l’objet. Le récit, objet de notre investigation, n’est pas un territoire plat, sans aspérités, mais bien au contraire un espace riche en symboles de toutes sortes. Dans notre perspective, la mobilité culturelle permet de conceptualiser la dynamique discursive des espaces que nous identifions, nommons, parcourons.

15Au cours des dernières décennies, de nombreux travaux ont été consacrés à la problématique des imaginaires du déplacement, travaux qui ont mis l’accent sur le nomadisme, le tribalisme, la question des identités « à la carte ». Si ces travaux ont permis de décrire de nouvelles manières d’être et d’agir dans le monde, il demeure que ce parti pris résolument optimiste met l’accent sur la « nomadologie », nouvelle condition du sujet postmoderne. Notre réflexion sur la mobilité culturelle se veut plus mesurée.

16Ainsi, la notion d’écriture migrante, objet d’étude privilégié dans le Québec des années quatre-vingt-dix, décrivait la façon dont les phénomènes migratoires modifient notre façon de raconter le monde. On sait que les écritures migrantes font intervenir l’idée d’un déplacement entre des univers culturels divergents. Toute réflexion sur les écritures migrantes suppose que le sujet façonne une lecture des lieux et des territoires qu’il parcourt. Ces espaces sont à la fois géographiques et culturels. Un lieu, c’est aussi un topos, une assise qui sert de fondement au lieu commun (dans le cadre d’une rhétorique), un lieu d’énonciation qui stipule de quelle manière le sujet intervient dans le monde du discours. Quant au territoire, il ne se réduit pas à une étendue géophysique, à la nomenclature de ses aspérités, saillies et autres particularités qui forment le portrait dynamique d’un espace précis. Le territoire est aussi une aire de jeu (propice à la création de nouveaux imaginaires du lieu) où le sujet de l’énonciation module sa relation à un espace circonscrit. Les récits qui traduisent l’expérience de la migration sous ses diverses formes expriment cette mobilité entre des univers culturels divergents.

17Les récits de l’écriture migrante façonnent des imaginaires à la fois euphoriques et dysphoriques. Si la migration est une expérience fondamentale qui décrit un déplacement (géographique) formateur de nouvelles expériences culturelles, ce déplacement peut être difficile, entravé par des obstacles inattendus, voire soumis à une presque immobilité. Les écritures migrantes, en d’autres mots, montrent la fragilité de l’expérience de la mobilité culturelle.

18Les phénomènes d’écritures migrantes et de mobilité culturelle font appel à la notion de récit. Celle-ci est centrale dans le domaine des études littéraires : plus que la description d’un univers raconté (et la valorisation concomitante du « contenu » du récit), la perspective engagée à partir de la notion de récit s’attache à l’analyse des formes discursives. Diverses disciplines s’y sont intéressées : la sémantique du discours, la linguistique de l’énonciation, les travaux de narratologie et d’argumentation qui ont mis l’accent sur les dispositifs formels à l’œuvre dans la formation des récits.

19La notion de mobilité culturelle s’inscrit dans le cadre des nouvelles configurations du récit de soi. Le récit de la mobilité a pour fonction de cerner de quelle manière un sujet est en mesure de circonscrire une identité propre dans l’espace. Ce récit de soi permet de décrire une subjectivité mobile qui peut alors être identifiée, nommée, puis énoncée.

20En témoigne l’apparition, depuis au moins vingt ans, de récits littéraires qui mettent l’accent sur le déplacement, en somme sur la mobilité, et qui font de ces rencontres nouées dans l’espace une problématique où interviennent les figures du métissage et de l’hybridité culturelle. Certains sont même allés jusqu’à parler d’écritures transmigrantes pour décrire cet état de fait. D’autres, plus particulièrement dans le contexte québécois, ont préféré parler de transculture. À l’évidence, notre compréhension des situations de mobilité culturelle nous impose ici même la plus grande prudence. Ainsi, ce n’est pas tant la mobilité intrinsèque qui nous intéresse que les entraves qui sont posées à l’exercice de cette dernière et leurs mises en récit. Il importe d’interroger les lieux précaires qui sont les formes mêmes de la mobilité culturelle aujourd’hui.

21La mobilité culturelle, c’est aussi la réflexion sur ceux qui n’ont pas d’espaces propres, et qui doivent sans cesse bouger, non par choix ni par dynamique ascensionnelle, mais parce que leur manque cruellement un lieu légitime où ils puissent être. Parler de mobilité culturelle, cela suppose alors d’interroger les lieux migrants qui sont des réceptacles de souffrances puisque le sujet qui nous intéresse dans le cadre de ce projet est aussi le dépossédé. À ce propos, il ne faut pas négliger l’importance de la résilience du sujet, cette plasticité psychique qui joue aux côtés de la mobilité culturelle et qui circonscrit notre relation aux espaces habités. Il faut tenir compte de la capacité des sujets de se mouvoir dans un espace où les variables de la connaissance et de l’interprétation du monde sont multiples. Ainsi, la référence à cette forme composite qu’est la mobilité culturelle suppose qu’on interroge, dans un second temps, après l’étude des formes de mobilité territoriale et discursive, la mobilité psychique.

22Nous avons vu que la notion de mobilité culturelle peut être perçue comme l’expression de la faculté de déplacement du sujet dans le monde des signes. La mobilité psychique recoupe d’autres enjeux, comme le montrent les travaux récents de René Kaës qui mettent l’accent sur les phénomènes de résilience et de plasticité de l’appareil psychique. La notion de mobilité psychique suppose que le sujet est en mesure de (re) composer avec succès au cours de l’existence les figures (souvent refoulées) de son être-au-monde, sa façon d’être présent à soi et aux autres au fil de remaniements identificatoires bien étudiés par la psychanalyse.

23Il existe une relation de complémentarité entre la mobilité culturelle et la mobilité psychique. Ainsi, la notion de mobilité culturelle s’applique principalement aux contextes de déplacements, volontaires ou forcés, de migrations ou d’exils. La précarité existentielle qui est associée à de tels déplacements justifie de prendre au sérieux cette résilience qui est une des caractéristiques de la mobilité psychique dont nous avons indiqué qu’elle émergeait dans le contexte de lieux précaires d’énonciation. Beaucoup de nuances restent à apporter à cette relation entre mobilité culturelle et mobilité psychique, mais son investigation rigoureuse devrait contribuer à une meilleure compréhension du phénomène. La réflexion sur la mobilité culturelle nous permet de rassembler divers fils, ceux de l’espace personnel et de l’espace collectif, de la réflexion sur le territoire et de l’habitabilité psychique pour ceux qui y vivent.

Montréal, une ville palimpseste

24Montréal, une ville d’espaces limitrophes et marginaux, constitue une plateforme extraordinaire pour comprendre l’impact des phénomènes contemporains de mobilité sur les grandes métropoles de la planète. La région métropolitaine, qui comptait 20,6 % d’immigrants en 2006, continue d’accueillir un nombre croissant de nouveaux arrivants. Cette conjoncture fait de l’espace montréalais un terrain privilégié pour l’exploration des phénomènes globaux de cohabitation interculturelle et d’exclusion que nous voulons circonscrire. Favorisant la création d’un pôle d’expertise nouveau, le laboratoire sur la mobilité culturelle montréalaise deviendra une plaque tournante où convergeront une multitude d’acteurs parmi lesquels la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, l’Institut national de l’image et du son, l’Université de Montréal, de nombreux chercheurs universitaires issus de diverses disciplines telles les études littéraires, les arts visuels et médiatiques, l’histoire de l’art, la sociologie, l’histoire et les études urbaines. La complémentarité des domaines de spécialisation des participants permettra l’utilisation du récit comme pratique d’autonomisation (d’empowerment) dans des contextes de mobilité précaire en milieu urbain.

25Le laboratoire aura pour mandat de circonscrire les récents phénomènes de mobilité non seulement par l’étude de récits de mots, d’images ou d’espace, mais aussi par l’examen de pratiques culturelles qui ont lieu dans la rue. Les activités du laboratoire se déploieront autour de trois pôles d’intervention, inspirés par des préoccupations relevant à la fois du domaine des arts, des lettres et des sciences humaines. Nous nous pencherons ainsi sur la mobilité migrante, qui implique un déplacement entre des univers géographiques et culturels divergents. Nous nous intéresserons en outre à la mobilité sociale par l’étude du phénomène de l’itinérance. Nous porterons une attention particulière aux obstacles à la mobilité, aux difficultés d’accès, aux déplacements empêchés, mais aussi aux impératifs de circuler. À cet égard, citons les contraventions pour flânage distribuées aux itinérants dans les métropoles et les dispositifs à ultrasons anti-jeunes installés à l’entrée des magasins. Il s’agira d’offrir, par des activités de co-création, une tribune aux sujets désolidarisés du corps social, tout en préservant vie privée et secrets de survie. Notre travail sera ici de mettre en valeur des récits qui ne trouvent pas de support de diffusion et qui constituent une forme de résistance créatrice à une mobilité imposée ou entravée. Nous nous intéresserons enfin aux pratiques d’appropriation du lieu, à l’espace public conflictuel et au patrimoine architectural montréalais en évolution. Nous voulons créer des cartes mentales ou heuristiques qui formalisent la réalité de la vie quotidienne sous ses divers aspects. Nous étudierons les modalités d’appropriation de la ville en contexte de mobilité, chercherons à voir comment les gens qui pratiquent cet espace cherchent à « faire territoire » pour se le rendre familier.

26Le laboratoire constituera une plateforme tripolaire (rue, université, virtuel) où des chercheurs pourront s’assembler autour de la collecte et de la mise en forme des récits de la mobilité. Le Centre de recherche sera le cœur du laboratoire et devrait constituer un espace modulable et adaptatif mettant en valeur le principe de la mobilité des objets, des techniques et des savoirs. Il comprendra des espaces de travail ouverts et fermés, une salle de conférence, un centre de documentation misant sur une bibliothèque virtuelle, une salle de projection, un studio de tournage et de son avec cabine de narration et une salle de montage audio-vidéo, qui rendront possibles nos activités de captation, d’édition, d’archivage et de diffusion.

27Le laboratoire sera doté d’une antenne mobile, un véhicule aménagé qui pourra transporter les chercheurs et leur équipement, servir de salle de tournage et de montage grâce à du matériel électronique portatif et possiblement permettre une diffusion audio-vidéo en temps réel. Nous souhaitons également disposer d’un chapiteau pouvant être utilisé en toute saison pour abriter des événements scientifiques et artistiques. L’antenne mobile permettra d’une part aux chercheurs d’accomplir un travail de journaliste et d’ethnographe, de façon à apporter visibilité et reconnaissance à des récits de la mobilité culturelle qui s’énoncent en contexte précaire. Elle pourra en outre être mise à la disposition des partenaires et d’artistes en résidence subventionnés par voie de concours. L’antenne mobile permettra l’organisation d’événements artistiques et de colloques itinérants qui amèneront une délocalisation du savoir et un transfert des connaissances. Elle permettra de faire de la recherche-création dans l’arrondissement où est située l’Université de Montréal et palliera l’absence d’espace commun entre université et communauté.

28Bien que le projet soit encore en chantier, nous envisageons déjà de mener sur le terrain des activités de recherche-action avec des chauffeurs de taxi, des musiciens de rue et des groupes de jardinage clandestin. Les ouvrages de fond actuels en sociologie de la culture et en anthropologie mettent de plus en plus l’accent sur la complexité de la relation entre sujet observateur et sujet observé, cette richesse de l’expérience émotionnelle pouvant, diton, être prise en compte par les nouveaux médias. L’utilisation des nouveaux médias sur le terrain, qui permet de s’approcher de la sphère intime et de la découverte scientifique dans la relation à l’autre, nous amènera en outre à développer une compréhension plus fine des lieux et des formes autrefois ignorées, souterraines et clandestines du réel.

29En complément à l’antenne mobile, nous souhaitons élaborer un modèle virtuel et créatif de Montréal, accessible en ligne, qui agirait en quelque sorte comme une muséographie virtuelle, active et interactive des récits de mobilité. Plus qu’un support technologique pour archiver des données, cet espace virtuel constituerait un outil d’investigation et un médium de diffusion. Il ferait office de vitrine, de scène où s’effectuerait un partage des connaissances auprès de la communauté scientifique et du grand public, mais aussi de coulisses où les chercheurs pourraient faire converger leurs travaux. Cette base de données originale permettrait d’offrir à l’utilisateur une cyber-expérience cognitive et émotionnelle de qualité misant sur l’interactivité, l’exploration ludique de la ville, la spatialisation du quotidien urbain à l’aide de la modélisation et l’adaptation des principes d’immersion récréative comme outil de gestion et d’accessibilité des savoirs.

30Réalisée en collaboration avec l’entreprise Electronic Arts Montréal, cette base de données spatialisée que nous imaginons pourrait prendre la forme de serious games, médias d’un nouveau genre qui utilisent les forces du jeu vidéo de divertissement à des fins de formation, de thérapie ou d’apprentissage par l’action. L’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe (idate) estimait en 2008 que l’audience mondiale potentielle pour ce type d’application (utilisé dans des domaines aussi variés que l’industrie, l’enseignement, l’éducation, la culture et la santé), pouvait alors atteindre de six cents millions à un milliard de personnes. L’idate ajoutait que le développement du « jeu sérieux » dans le domaine de la culture (par le biais du tourisme culturel et industriel notamment) et de l’éducation constituait une voie d’investigation peu développée et prometteuse. C’est donc dans cette mouvance que nous envisageons la création d’une plateforme scientifique en ligne, avec support logiciel à télécharger, dotée d’une interface semblable à celle de l’univers vidéoludique Sims, sans en avoir les exigences matérielles.

31Les Sims sont un jeu vidéo de simulation de vie qui propose de gérer le quotidien de personnages du même nom. L’univers du jeu est délimité par un quartier de ville, doté de plusieurs terrains où le joueur peut établir la résidence d’une famille de Sims. L’expérience du jeu débute habituellement par la création d’un avatar, auquel le joueur doit attribuer un prénom, un sexe, une apparence physique, des traits de personnalité et des aspirations. Chaque Sim possède différents besoins (appétit, confort, vie sociale, etc.), représentés par autant de jauges, que le joueur doit veiller à satisfaire s’il souhaite que son Sim survive ou soit heureux. Pour gravir les échelons dans le cadre d’un parcours professionnel de son choix, le Sim doit avoir développé un réseau social et posséder un certain nombre de points d’aptitudes définis dans différents domaines tels que la logique et la créativité.

32Les chercheurs associés au laboratoire sur la mobilité culturelle auraient pour mission de concevoir et de créer, avec Electronic Arts Montréal, un quartier central inspiré de l’espace montréalais réel, en particulier de l’arrondissement Ville-Marie, qui rendrait compte de son architecture, de ses personnages atypiques et des formes de mobilité culturelle qui y prennent ancrage. L’élaboration de cette plateforme web serait pour les chercheurs l’occasion de porter un regard critique sur les représentations mises en scènes dans la plateforme vidéo-ludique Sims existante et d’élaborer une réflexion sur la question du stéréotype. Dans l’esprit de développer une plateforme qui soit à la fois récréative et pédagogique, nous prévoyons de modifier le système de besoins et d’aspirations mis en place dans la série Sims pour y inclure notamment des souhaits de stimulation intellectuelle, de découverte culturelle et d’implication sociale. Nous misons par ailleurs sur la possibilité d’intégrer aux personnages des marques ostensibles de l’identité culturelle, car l’avatar constitue à nos yeux un mode privilégié de constitution iconique de l’identité dans la vie quotidienne à l’ère des accommodements raisonnables.

33Cette plateforme web que nous concevons devrait agir comme un outil de recherche, de diffusion et d’apprentissage commercialisable. Espace scientifique clandestin permettant un transfert de l’actuel sur le virtuel, la plateforme permettra d’aborder et de faire avancer la recherche en recourant à un partenariat université-industrie autour du jeu sérieux. Elle sera un outil de communication, de médiation et de réflexion sur un langage commun de recherche. Notons qu’une plateforme de type Sims dédiée à la recherche et à l’apprentissage permettrait de réintroduire la socialité dans l’éducation à distance et d’élaborer une réflexion autour des empreintes cognitives laissées par les nouveaux médias chez les sujets lisants et apprenants contemporains. Véritable école-laboratoire, elle permettrait l’apprentissage par expérimentation et miserait sur la dimension émotionnelle de l’expérience.

34Un certain nombre de lieux évocateurs dans l’imaginaire des citoyens de l’arrondissement Ville-Marie pourront faire l’objet d’une modélisation 3D par numérisation de la ville réelle ou encore création polygonale à partir de plans. Les utilisateurs, par l’entremise de leurs avatars, pourront se déplacer dans divers lieux culturels prédéterminés et avoir accès, sous un mode ludique et intuitif, à des contenus scientifiques de qualité. Quelques actions possibles : visionner des documents audiovisuels au cinéma, consulter des ebooks à la bibliothèque, visiter des expositions virtuelles 3D au musée, assister à des performances dans une salle de spectacles, prendre part à des interventions culturelles. Il serait par ailleurs possible pour les utilisateurs de visiter un laboratoire virtuel sur la mobilité culturelle, où ils pourraient discuter avec des avatars des chercheurs et consulter, au moyen d’un moteur de recherche performant, notre base de données multimédiatique complète, où serait stocké l’ensemble des résultats des travaux des chercheurs de même que tous les documents audiovisuels liés au projet, classés par ordonnancement thématique. Nous souhaitons envisager cette plateforme comme une enveloppe narrative et émotionnelle – à l’image des enveloppes psychiques dont parlait Didier Anzieu – qui, par le jeu, mènerait au document.

35La plateforme que nous voulons créer sera inspirée des jeux multi-joueurs ou massivement multi-joueurs et favorisera les interactions. Les chercheurs assureront une stimulation continue de la créativité et de l’interactivité sur le quartier central de la plateforme en intégrant par exemple de façon ponctuelle de nouvelles scènes cinématiques sous la forme de vidéos ou d’images de synthèse. Les utilisateurs auront l’opportunité de prendre part à des événements culturels virtuels inspirés de la vie montréalaise et programmés par les chercheurs à partir de données récoltées sur le terrain. Ils auront par ailleurs la possibilité de participer à des concours du type « Décore ta ville », où un prix virtuel serait remis au concepteur de la construction ou du graffiti le plus créatif. Les utilisateurs de la plateforme Sims pourront, par le biais de leurs avatars, déambuler, interagir avec des personnages joueurs (pcs) et des personnages non joueurs (npcs), en plus d’échanger du texte et des fichiers multimédias dans ce quartier virtuel, qui serait régulé par un système d’évaluation/appréciation des utilisateurs. Seuls les chercheurs détiendront l’autorisation de modifier le quartier principal, dont ils assureront la direction scientifique. Les autres utilisateurs pourront toutefois annexer des quartiers de leur création à la ville virtuelle et imaginaire en chantier sous la forme d’extensions téléchargeables rendues accessibles à la communauté. Un système d’auto-sélection par les utilisateurs des quartiers qui seront annexés au quartier principal des chercheurs pourrait assurer la qualité totale de la plateforme. Si le quartier des chercheurs a pour objectif de mettre en scène la mobilité culturelle montréalaise, les utilisateurs pourront contribuer à faire de la plateforme une véritable planète culturelle et imaginaire, dans l’esprit globe-trotter des SIMS 3, destination aventure. Les quartiers virtuels créés par la communauté constitueront un vaste terrain d’étude, une véritable planète virtuelle anthropologique.

36Considérant le besoin d’énonciation des sujets précaires, nous misons sur le potentiel thérapeutique d’une plateforme Sims, qui permettrait de créer des récits par le biais d’une interface proche du conte et du jeu. Dans le cadre de nos activités sur le terrain, il serait par exemple envisageable de travailler en collaboration avec des itinérants pour créer des musées virtuels à partir d’artéfacts où serait relatée leur histoire et seraient décrits les objets signifiants qu’ils transportent avec eux. En faisant l’expérience de la plateforme Sims dans des conditions à déterminer, des sujets précaires pourraient éventuellement, par un processus analogue aux psychodrames en institution, créer des avatars puissants d’une efficacité symbolique réelle qui les aiderait à se réinscrire dans le domaine de la sociabilité.

37Les activités de notre laboratoire sur la mobilité culturelle seront novatrices sur plusieurs plans. Le cadre conceptuel sur lequel prendra forme notre réflexion conjugue d’abord des éléments empruntés aux études littéraires et culturelles, à la sociologie et à la cybermuséologie, ce qui nous permettra d’amorcer une théorisation des formes de la mobilité culturelle contemporaine. De plus, les alliances entre l’équipe multidisciplinaire de chercheurs et nos partenaires sur le terrain rendront possible l’émergence d’un dialogue entre l’université et la communauté. Intervention, captation, archivage, interprétation, diffusion : la triple plateforme dont disposera notre laboratoire permettra de surcroît à l’équipe de diversifier la nature de ses activités. L’antenne mobile, outil polyvalent, permettra de mener des activités de recherche-création ancrées de façon concrète dans le milieu urbain montréalais. Elle rendra possible une multitude d’interventions sur le terrain et donnera une grande visibilité au Centre. La plateforme web permettra quant à elle d’élaborer et de rendre accessible une muséologie culturelle des lieux de mobilité montréalais sur un support virtuel unique. Transférer des expériences éphémères qui ont lieu dans la rue sur une base de données spatialisée constituera pour l’équipe un véritable défi technologique. Avantage non négligeable : l’infrastructure triple du laboratoire amènera un public, universitaire on non, à vivre différents types d’expériences interactives (physique, cognitive, émotionnelle, virtuelle, onirique, etc.) sur le thème de la mobilité.

38Nous croyons que notre laboratoire sur la mobilité culturelle montréalaise amènera des retombées bénéfiques et complexes : en plus de former des chercheurs et des intervenants hautement qualifiés, le laboratoire permettra au citoyen ordinaire (à l’internaute comme au passant intrigué par nos interventions) d’améliorer sa compréhension des phénomènes de mobilité culturelle et sociale qui caractérisent l’époque contemporaine. Développer ce laboratoire dans un futur rapproché est, à notre avis, d’une importance cruciale, car des situations de tension résultant d’obstacles à la mobilité agitent l’espace montréalais, qu’elles prennent la forme d’un débat sur les accommodements raisonnables ou d’une émeute à Montréal-Nord. Nous estimons qu’en étudiant les récits de mobilité entravée, en donnant la parole aux sans-voix, il est possible de changer les perceptions, de permettre un meilleur vivre-ensemble au sein des sociétés québécoises et canadiennes. Notons que notre projet de laboratoire sur la mobilité culturelle touche d’ailleurs de près plusieurs axes de priorité du gouvernement canadien en matière de politique et d’administration publique, notamment en ce qui a trait à la compréhension de phénomènes contemporains comme la diversité culturelle, l’inclusion sociale, la nature pluri-identitaire et pluri-linguistique de la société canadienne, qui représentent des défis majeurs quant à la cohésion sociale du Canada à l’aube de ce xxie siècle. Notre travail avec les nouveaux médias sur le terrain et le web rendra visibles des populations marginalisées à travers leurs pratiques du lieu et pourra susciter l’élaboration de politiques publiques sur le vivre-ensemble.

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Bibliographie

Éléments de bibliographie

  • Appadurai, A. (2001). Disjonction et différence dans l’économie culturelle globale. In Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation (pp. 63-90). Paris : Payot & Rivages.
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