L’artiste toujours précède l’analyste. Ça se rabâche. Oripeau dont la valeur tient dans l’éclat qui masque ce qu’il voile. Pourtant ne s’agit-il pas, malgré la tentation de métaphore, d’une course où l’analyste, lièvre qui s’amuse à tout autre chose qu’à la gageure, se voit devancé par la tortue besogneuse. L’artiste fraye la voie : ce qu’il attrape de son temps donne une écriture des coordonnées du réel auquel chacun s’affronte. La distance de l’artiste à l’analyste n’est pas de structure, mais d’usage : à l’acte artistique s’ouvre la transmission et la prise d’une valeur sociale, que reste-t-il de l’acte psychanalytique ? On sait le sort réservé à la passe. Ici, la visée n’est pas de déterminer la position de l’œuvre dans un nouage singulier, mais d’éclairer l’impossible du lien social contemporain par le jeu, la labilité et la tension auxquels les artistes le soumettent. Deux assertions massives réunissent le consensus : le Beau n’est plus le point de fuite de l’art, l’art a abandonné le semblant (soit la métaphore). Il y a plus d’un siècle, le premier pas fit aller chercher la beauté dans le mal jusqu’à apercevoir que la substitution de la perle par la merde n’attentait en rien à la structure toujours tendue vers le même point. Aussi fallut-il l’enfermer dans une boîte pour foncer sur la Chose. Passage de « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l’ai trouvée amère. − Et je l’ai injuriée » (Rimbaud, 1873) à « Merde d’artiste » (Piero Manzoni, 1961). Lacan évoque qu’à propos de « La Chose freudienne », la remarque qu’on lui fit que…
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