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Article de revue

Le passage à l'acte exemplaire

Intervention à l'école de Ville-Évrard le 1er février 2008

Pages 79 à 85

Notes

  • [1]
    Il s’agit de la plaquette de présentation annonçant cette journée. Voir annexe.

1Il se trouve que si l’on est attentif à l’enseignement de Lacan puisque, après tout, il est l’un des rares à prétendre donner de l’acte ou du passage à l’acte une structure, autrement dit un mécanisme qui s’enclenche à l’insu du sujet et qui le dépose devant son acte, l’acte qu’il a commis, si donc l’on suit là-dessus l’enseignement de Lacan, on peut dire que le passage à l’acte est ce qui se produit chez un parlêtre, lorsqu’il est nié comme désirant. Chaque fois qu’un parlêtre n’est pas reconnu comme relevant de la catégorie d’un désir dont il s’autoriserait, pas d’un désir dans lequel il serait pris, par lequel il serait concerné, mais d’un désir dont il serait nommément responsable, peut se produire chez lui ? ce n’est pas obligatoire ? un passage à l’acte.

2Passage à l’acte qui correspond d’ailleurs, si l’on suit la clinique, beaucoup moins à l’accomplissement à proprement parler d’un désir sexuel, si je peux m’exprimer ainsi, que d’un désir de reconnaissance, désir d’être reconnu, d’être reconnu comme désirant, c’est-à-dire, du même coup, comme appartenant à l’espèce à l’image de laquelle il est constitué.

3À présenter les choses comme j’essaie de le faire, on s’interroge sur la force qui motive ainsi, je ne dis pas le sujet, mais ce bonhomme ou cette dame : quelle est la force qui ainsi les meut et leur impose en quelque sorte un devoir, devoir de se faire reconnaître comme relevant de l’ordre du désir en tant que figurant parmi ceux qui les ont légitimité à désirer ?

L’impératif Phallique

4Eh bien, cet impératif a un nom très précis, c’est l’impératif phallique. Le passage à l’acte vient s’inscrire dans cette conception, dans la conception lacanienne, dans cette façon de le mettre en place, comme justement l’acte qui est nécessaire, qui n’est pas de l’ordre du contingent, mais qui est nécessaire, pour faire reconnaître que de cet ordre phallique, ledit parlêtre en question, relève.

5Il en relève ? et je peux le dire tout de suite ? que ce soit pour le servir, cet ordre phallique, ou bien pour le nier. Comme nous le savons et comme c’est excellemment présenté dans l’argument dont j’ai pu prendre connaissance sur vos papiers [1] (ce qui me donne cette liberté pour entrer de plain-pied dans ces considérations structurales) : le passage à l’acte relève donc de cet ordre phallique soit pour le servir, soit pour se faire pas moins reconnaître comme en relevant, dans la mesure où un certain nombre de gestes, d’actes précisément peuvent venir le refuser, le nier. Vous reconnaissez là bien sûr tout ce qui s’inscrit dans le registre de la délinquance, des crimes, des viols, de la violence, etc.

6Ce qui est frappant dans cette conception, c’est que c’est à la suite de l’acte donc ? sans doute avez-vous déjà insisté sur ce point ? c’est à la suite de l’acte que son auteur se retrouve comme un sujet, c’est-à-dire de façon parfaitement rétroactive, après coup : il n’était pas là avant. C’est pourquoi les recherches pour préméditation, les recherches cliniques ou juridiques en préméditation sont si souvent vaines. On veut forcer, contraindre le bonhomme, à reconnaître qu’il avait préparé son coup. Il se retrouve l’auteur de son coup après qu’il ait été commis. Il en est pas moins responsable bien sûr, mais en tout cas c’est après qu’il s’en retrouve le sujet, c’est-à-dire constitué dans une identification qui peut être définitive et qui, désormais, va, je dirais, l’habiter.

Devenir Un

7Voilà donc ce qu’il est : il est devenu, du fait de son acte, il est devenu Un. Il ne savait pas très bien jusque-là, maintenant il est Un.

8Un : soit dans la classe de ceux qui appartiennent à cet ensemble, à ce phallus, soit parce qu’il habite en marge, mais c’est néanmoins par rapport à lui qu’il se situe en marge.

9Si j’ai donné ces quelques réflexions, si je leur ai donné le titre de « passage à l’acte exemplaire », qu’est-ce que j’ai bien pu vouloir dire par là ?

10J’ai essayé de signifier par là qu’il y a pour chacun d’entre nous, chacun des parlêtres, effectivement, un passage à l’acte, qu’on serait tenté de qualifier d’exemplaire parce que je n’osais pas l’appeler originel, un passage à l’acte et qui va être celui qui va marquer, comme nous le savons, son adolescence, c’est-à-dire le moment où il peut éprouver qu’il est de l’ordre du nécessaire qu’il puisse se faire reconnaître (ne serait-ce d’ailleurs que pour lui-même, car ça peut rester dans la clandestinité bien sûr) mais pour se faire reconnaître comme responsable habité par un désir qui lui est propre et nommément bien sûr désir sexuel. Quand je parlais tout à l’heure de l’effet de l’identification qui découle du fait du passage à l’acte, on voit bien comment, dans ce cas de figure, celui de l’adolescence, c’est bien entendu l’identification sexuée qui est sollicitée, qui est en cause, et qui peut, comme nous le savons, à ce moment-là, selon la nature du passage à l’acte, être décisive pour la suite.

11Alors, pourquoi peut-on qualifier cette affaire qui est le tourment de l’adolescence, pourquoi peut-on la qualifier de passage à l’acte ?

12Eh bien, d’abord, on voit comment, effectivement, ça peut paraître nécessaire. Mais il y a de très nombreux cas où ce nécessaire est évité, contourné ; j’évoque tout ce que nous savons de cette adolescence qui se prolonge, sans que le jeune n’endosse justement la responsabilité prise dans son for intérieur : il est tout seul, il ne peut demander l’avis de personne sur la responsabilité de se reconnaître, ne serait-ce qu’à ses propres yeux, comme habité, relevant de la catégorie du désir.

13Passage à l’acte, dans la mesure où celui-ci introduit une rupture. Une rupture avec les référents qui sont les siens, qui sont ces référents bien réels que constituent ses parents, et d’où il a brusquement, et souvent de façon assez traumatique, à déménager. Déménager de référent pour passer d’un référent bien réel, et en tant que ceux-là ne peuvent pas, le plus souvent, le considérer comme sexué mais comme étant toujours pour eux de la catégorie de l’enfant qu’ils aiment. Et qu’ils aiment en tant qu’enfant. D’où la violence qu’il a à effectuer pour prendre un référent Autre et qui n’est plus réel celui-là, puisque nous pouvons dire qu’il est symbolique. Mais, je dirais, en tant que cela lui appartient à lui et à sa responsabilité d’adulte. Je ne vais pas entrer là dans une clinique que vous connaissez parfaitement et qui relève, si je puis dire, de ce qu’on pourrait appeler les tourments habituels et normaux de l’adolescent. Y compris, comme on le sait, bien souvent ceux de la jeune fille qui, prise justement dans la nécessité de se faire reconnaître à ses propres yeux à elle comme une femme, comme entrant dans la catégorie de ce qui est concerné et pris par le désir, pourra avoir une première expérience, comme on s’exprime, détachée de toute recherche de plaisir ou de satisfaction ou de quoi que ce soit. Mais première expérience envisagée exclusivement comme le moyen de marquer le franchissement.

Eléments constitutifs du passage à l’acte

14Il me semble donc qu’il est légitime à ce propos de parler de passage à l’acte, puisque l’on y trouve les quelques éléments qui sont constitutifs de ce moment. D’abord un effet rétroactif constitutif de l’identité et ensuite un type d’actions qui va être régulièrement marqué par l’épreuve ? je cherche les métaphores ou la métaphore qui seraient correctes ? d’un arrachement. On sort d’un espace qui pouvait jusqu’ici sembler ne connaître justement que ce qu’il en est de la privation ou de la frustration ? je veux dire de ces petites affaires occasionnelles ? pour se trouver affronté à un Réel qui est d’un tout autre type : ce n’est pas seulement celui de la solitude que j’évoquais tout à l’heure, mais celui d’une carence, d’un manque essentiel et qu’il y a à affronter comme tel.

15À la linéarité et la simplicité des conduites qui pouvaient prévaloir jusque-là pour la satisfaction des besoins, à cette linéarité se trouve brusquement substitué un monde radicalement différent, y compris, je dirais, évidemment dans l’audition et l’exercice de la parole. On n’est plus, là, dans la simplicité de la tension organisée par le rapport à l’objet, mais dans un autre domaine.

16Ceci a-t-il un autre intérêt que d’essayer, pour nous, de faire entrer le passage à l’acte, d’homogénéiser ce qui peut se produire comme passage à l’acte, puisque aujourd’hui la question ? et votre texte le montre très bien ? est essentiellement posée dans le registre des problèmes suscités par la délinquance.

17L’intérêt, me semble-t-il, de cette approche, est non seulement d’humaniser, d’endosser comme expressions éminemment propres à l’être parlant, comme humaines, les diverses catégories de passages à l’acte ? y compris ceux qui relèvent de la délinquance ? et cela, non pas afin de prendre une position généreusement humaniste, absolument pas, mais pour essayer de voir si, dans notre exercice clinique, nous sommes en mesure de répondre valablement à ces manifestations.

18En effet, telle que je vous la présente, on voit bien comment, s’il est une catégorie de passage à l’acte, celle que je situe donc du côté de l’adolescence, cette catégorie relève d’un ordre symbolique, c’est-à-dire d’un manque ; symbolique en tant qu’il est celui qui, justement, entretient et anime la jouissance sexuelle, le défaut propre à l’ordre symbolique n’a pas d’autre sens que d’être celui qui anime la jouissance sexuelle.

19En revanche, il peut arriver, je le présenterais comme ça quitte à ce que vous me contestiez, il peut arriver que ce manque pour certains, ne soit admissible que dans la catégorie d’un manque non plus symbolique, mais purement réel. C’est dire que, dans un espace social qui leur apparaît parfaitement compact et plein, ils n’ont pas d’insertion et il n’y a pas de place pour pouvoir venir loger et y reconnaître une subjectivité, ne serait-ce que parce que les signifiants propres à la langue circulante sont faits de telle sorte qu’ils ne ménagent pas la place à cette subjectivité souhaitée, voulue ; c’est-à-dire n’accordent pas pleinement cette reconnaissance de sujet désirant, relevant ? vous voyez la difficulté ? relevant du même phallus, du même groupe. Car j’en fais ici comme une catégorie abstraite et générale. Mais dans la vie sociale nous avons irrésistiblement tendance à vouloir le communautariser. Le fait donc de se trouver exclu de cette reconnaissance, de cette reconnaissance comme Un dans cet espace social compact où il n’y a d’autres moyens que la tentative d’y introduire soi-même un manque réel, avec en retour ? du fait d’introduire soi-même un manque dans cet espace social compact ? cet effet de se retrouver soi-même non plus seulement comme Un, mais comme Un phallique : ce qui est responsable du manque.

20J’ai, comme vous sans doute, été surpris de voir des enfants de la bonne bourgeoisie et qui ne manquaient alors, on peut le dire, de rien ? c’était bien le problème ? des enfants de la bonne bourgeoisie procéder à des rapts de portables, ce dont ils n’avaient rien à faire évidemment puisqu’ils en avaient déjà plein les poches. Mais j’ai en mémoire ces agressions nocturnes commises, comme ça, contre des passants. Et on dira : « Oui ! … c’était l’audace. » « Vouloir se montrer qu’on était capable de… qu’on n’avait pas peur. » « Sûrement, sûrement des actes dits gratuits, ça ! » « C’est présent dans la littérature depuis bien longtemps. » « On connaît ça ! » Mais enfin, on pouvait aussi penser qu’il y avait là une espèce de tentative de forage, effectuée dans ce tissu social compact. Et justement, en retour, ce sentiment d’assurance de soi spécial. Ce n’est pas là à un sujet qu’on a affaire, c’est vraiment à quelque un qui s’est mis en marge et il est bien évident que si cette marginalité se trouve confortée du fait d’appartenir à une autre communauté, on voit bien comment la mécanique s’enclenche.

Le suicide

21J’en parle là, j’en dis un mot là tout de suite. Parce qu’il est bien évident que le suicide est l’un de ces moyens d’introduire dans l’espace ce trou, ce manque dont évidemment le sujet ne sera pas là pour en jouir.

Le crime

22Il serait intéressant d’interroger nos collègues qui pratiquent l’expertise. Je n’en ai qu’une expérience qui a été limitée dans le temps, celle de la fréquentation d’une Maison d’arrêt dans le nord de la France. Mais où j’ai appris beaucoup de choses… Je revois ce brave homme… J’étais là uniquement pour… À l’époque, c’était il y a un certain nombre d’années, il s’agissait essentiellement pour le psychiatre de vérifier si les nouveaux arrivants n’avaient pas une maladie mentale.

23Je revois ce quinquagénaire, faciès de brave homme, jovial, bien. Quand on le voyait arriver, on se disait : « Mais qu’est-ce qu’il a bien pu faire celui-là ? » Un mauvais coup semblait mal cadrer avec son aspect bonhomme. « Qu’est-ce qu’il avait donc pu faire ? »

24Je pose donc la question, évidemment.

25« J’ai tué ma belle-mère. »

26[Rires dans la salle]

27Il n’avait pas honte. Il était manifestement soulagé. Il avait le sentiment d’avoir répondu à la situation. Il n’avait pas écouté ma conférence. Mais il savait que lorsqu’on a affaire à quelqu’un, comme ça, qui nie systématiquement votre appartenance à la catégorie des êtres désirants, comment faites-vous ? Comment vous débrouillez-vous ?

28Et donc je ne peux pas le dire autrement : c’est honteux ! … ? mais ça lui avait fait du bien.

29[Rires et remous dans la salle]

30Il était tranquille. Je vais le dire encore de façon plus épouvantable : il avait sauvé son honneur.

31Qu’est-ce que c’est qu’un mari, comme ça, que la belle-mère au foyer vient sans cesse piétiner et lui refuser d’avoir droit à la parole, à la direction des choses, à sa propre femme, etc. Hein, c’est vrai ! Alors il avait le choix entre boire ou la tuer !

32[Rires dans la salle]

33Moi, ça m’a beaucoup impressionné, vous voyez.

Le viol

34Moi, là aussi, j’aimerais beaucoup que nos collègues experts cherchent dans la psychologie des violeurs. Je dois dire, je n’en ai pas. Je ne peux pas faire état d’une expérience. Je n’ai pas d’expérience de ces cas-là. Mais, de voir de quelle façon chez eux… ce serait dans le rapport à une femme et très vraisemblablement à la mère, déjà, au départ. Mais peut-être ensuite, justement, du fait d’un défaut d’amarrage dans l’ordre symbolique de quelle façon une femme pourrait leur paraître, sans cesse, ce qui vient leur dénier le droit à l’exercice sexuel et comment, dès lors ce qu’ils poursuivent ainsi serait leur malheur personnel, dès l’instant où une femme, l’image d’une femme serait ici représentative de ce qui ne leur est pas reconnu.

35Je ne vais pas entrer dans un autre chapitre, ça n’a aucun intérêt…

36Mais celui des violences conjugales : quand ça passe à la violence. C’est-à-dire quand le passage à l’acte, quand le coup devient imparable, inévitable ; ce sont bien ces moments-là !

37Alors, est-ce que ce sur quoi j’attire votre attention, est-ce que ça veut dire que, du même coup, ça vient absoudre et atténuer la responsabilité des passages à l’acte auxquels nous avons, auxquels vous avez affaire, auxquels la société a affaire ? Sûrement pas.

38Ce n’est pas de cela dont il est question. Ce dont il est question c’est de ceci : c’est que si ceux à qui ils ont affaire ne sont pas en mesure d’humaniser leurs gestes… Non pas le prendre pour le geste d’un détraqué, d’un cinglé, d’un malade, d’un impuissant, de tout ce que vous voudrez, d’un dégénéré, d’un chromosome de travers… Si ceux à qui ils ont affaire ne sont pas en mesure d’humaniser leurs gestes, c’est-à-dire de reconnaître notre humanité, la structure dont nous dépendons, par laquelle nous sommes constitués, de la reconnaître dans leur fichu exercice… Eh bien, nous les fixons dans l’identité que cet acte est venu leur donner. Du même coup, nous ne rendons service à personne. D’abord nous commettons, je me permets de le dire, une erreur. C’est une erreur. Et puis nous ne faisons pas notre travail légitime.

39Il y a ce très beau travail que vous connaissez sûrement de Lacan sur Psychanalyse en criminologie où il souligne le caractère avant tout symbolique, c’est ainsi qu’il l’appelle à l’époque, mais ce n’est pas moins exact, ce geste a une valeur symbolique. Je veux dire qu’il témoigne d’une difficulté essentielle, profonde et que ce geste cherche à résoudre. Si bien que ce que la psychanalyse peut apporter à la criminologie, c’est de reconnaître la valeur symbolique de ses gestes et de ses actes.

40J’ai pris le parti de ne pas intervenir trop longtemps pour qu’éventuellement, si vous en avez l’envie, vous puissiez discuter. Mais il y a un dernier point sur lequel je voudrais attirer votre attention et qui concerne, ici plus particulièrement, ceux qui sont intéressés par la psychanalyse.

41Le passage à l’acte dans une cure : c’est évidemment le moment où le désir qui cherchait à se faire entendre – il se trouve qu’il n’a pas pu être entendu – comme le passage à l’acte vient le rappeler.

42Alors, je ne vais pas reprendre avec vous les histoires canoniques concernant ce point. Ce n’est pas ce qui m’intéresse pour poursuivre.

43Ce qui m’intéresse davantage, et je m’arrêterai là-dessus, c’est que, lorsque vous lisez l’histoire du mouvement psychanalytique, vous voyez qu’elle est dominée par toute une série, de la part des élèves, toute une série de passages à l’acte. Passages à l’acte qui prennent, en général, la forme de séparations, de scissions, de dénonciations : ce qu’on appelle des querelles d’organisations, comme on s’exprime aujourd’hui, de chapelles.

44Qu’est-ce que ça vient dire ? Qu’est-ce que ça illustre ?

45Ça illustre ce fait, ça vous montre bien qu’on peut aussi essayer d’humaniser les psychanalystes. Cela montre que, lorsque dans un milieu donné, un psychanalyste a le sentiment que sa propre conceptualisation (évidemment, ce qui est à la clef, c’est l’organisation de son désir à lui, de son fantasme…) n’est pas admise, donc il n’est pas reconnu… Il n’est pas reconnu comme désirant… Il n’est pas reconnu comme psychanalyste, mais c’est avant tout comme désirant… Il n’a donc d’autre recours que de partir et d’essayer de faire son milieu, son propre milieu, dans lequel il pourra faire valoir ses idées.

46Toute l’histoire du mouvement autour de Freud ? je ne rentre pas dans les problèmes contemporains ? lisez l’histoire autour de Freud, vous verrez que c’est ça tout le temps au point que Freud aura des appréciations défavorables sur ses élèves.

47Le problème, c’est qu’il n’a pas pu résoudre cette difficulté et donc il en a été réduit à défendre ce qui est apparu très vite comme un dogme avec le souhait que ses élèves poursuivent ce dogme.

48Je vous fais ce petit détour pour vous faire remarquer que le degré d’abstraction avec lequel j’ai abordé ce problème du passage à l’acte à la suite de Lacan, ce degré d’abstraction devrait parfaitement permettre une pacification du milieu ? je ne parle pas du milieu social, je n’ai aucune prétention de réformateur ni de quoi que ce soit ? mais, je dirais, pour le problème général de ce que l’on appelle comme ça, les querelles d’école. Ce niveau-là, cette façon de prendre les phénomènes permet parfaitement de lever l’hypothèque que fait peser cette exigence d’être reconnu dans ce qui est son propre désir, mais aussi, lève l’hypothèque de tous les communautarismes.

49C’est une figure, comme vous le voyez, suffisamment générale pour que chacun puisse s’y reconnaître, et donc pour que chacun puisse ne pas faire de l’identité qu’il a reçue de son propre passage à l’acte, s’il en a reçu une, mais puisse faire la vérité ultime qu’il aura systématiquement à vouloir faire reconnaître par tous et à imposer à tous.

50Donc vous voyez, il me semble qu’il y a dans cet abord, quelque chose d’intéressant et qui nous touche qui que nous soyons.


Date de mise en ligne : 01/01/2010.

https://doi.org/10.3917/lrl.092.0079

Notes

  • [1]
    Il s’agit de la plaquette de présentation annonçant cette journée. Voir annexe.
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