La Pensée 2017/3 N°391

Couverture de LP_391

Article de revue

Paul Boccara et les théories sur les crises

Pages 111 à 121

Notes

  • [1]
    Paul Boccara, Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital, éditions Delga, vol. I, 2013, et vol. II, 2015.
  • [2]
    Evsey Domar. Essays in the Theory of Economic Growth, Oxford University Press, New-York, 1957.
  • [3]
    Roy Forbes Harrod. Towards a Dynamic Economics (1948), nouvelle édition enrichie : Some Recent Developments of Economic Theory and their Application to Policy, Macmillan & Co LTD, London, 1963.
  • [4]
    Joan Robinson,The Accumulation of Capital, (1956) 1965, Macmillan, London ; Essays in the Theory of Economic Growth, Macmillan & CO. Ltd, London (1962), 1963.
  • [5]
    Nicolas Kaldor, « Alternative Theories of Distribution », The Review of Economic Studies, mars 1956. Voir aussi : « L’évolution capitaliste à la lumière de l’économie keynésienne », économie appliquée, avril-septembre 1957, ainsi que « A Model of Economic Growth », The Economic Journal, décembre 1957. Cf. également : Capital Accumulation and Economic Growth, Conference de Corfou septembre 1958, in The Theory of Capital, London, Macmillan & Co LTD, 1961. Puis : A new Model of Economic Growth, avec J. Mirrless, The Review of Economic Studies, juin 1962 ; « Inflation et récession dans l’économie mondiale », Economic Journal, décembre 1976, in N. Kaldor, économie et instabilité, textes traduits en français, Economica, Paris, 1987.
  • [6]
    Robert M. Solow, « A contribution to the theory of economic growth », The Quarterly Journal of Economics, février 1956, p. 65. Voir aussi : « Technical change and the aggregate production function », The Review of Economic and Statistics, août 1957, p. 312 et p. 320. ; « Technical progress, capital formation and economic growth », American Economic Review, mai 1962, p. 76-77, en français : Progrès technique, formation de capital et croissance économique. Voir aussi : « Substitution and Fixed Proportions in the Theory of Capital », Review of Economic Studies, juin 1962, p. 207 ; « Fixed Investment and Economic Growth », 1968, publié de nouveau dans The Goal of Economic Growth, 1969, édité par E.S. Phelps ; Growth Theory.An exposition. Clarendon Press. Oxford, 1970, traduction française : Théorie de la croissance économique, Armand Colin, Paris, 1972.
  • [7]
    Paul Boccara, « Travaux statistiques sur le “système productif” français et théories des facteurs de la crise de structure », Issues, Cahiers de recherches de la revue économie et Politique, n° 1, 4e trimestre 1978.
  • [8]
    Nicolaï Dimitrievitch, N. D. Kondratieff, Les grands cycles de la conjoncture, édition présentée par Louis Fontvieille, Economica, Paris, 1992. N. D. Kondratieff, in N. D Kondratieff et D.I.Oparin, Bolshie Zicly Conjunktury, Moscou, 1928, cité par Georges Garvy, dans « Kondratieff’s Theory of Long Cycles », Review of Economic Statistics, novembre 1943. Voporosy Konjunctury, vol. 1, sous le titre : « Bolschije cycly konjunktury », traduit en allemand en 1926, dans les Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik., puis retraduit, sous le titre : « The long waves in economic life » dans The Review of Economic Statistics, novembre 1935, et reproduit sous cette forme dans, notamment, Readings in Business Cycle Theory, A.E.A., George Allen and Unwin LTD, London, (1950), 1961.
  • [9]
    Thomas Robert Malthus, Principes d’économie politique, considérés sous le rapport de leur application pratique, 1re édition 1820, 2e éd. 1836, Calmann-Lévy, 1969.
  • [10]
    Thomas Hodgskin, Labour Defended against the Claims of Capital, 1825. 1re éd. dans le Mechanic’s Magazine, réimpression par G.D.H. Cole, 1922, The Labour Publishing Company, Londres, 1922. Traduction française par J-P. Osier in Thomas Hodgskin, Une critique prolétarienne de l’économie politique, François Maspero, Paris, 1976, p. 101 et s., « Défense du travail contre les prétentions du capital ou l’improductivité du capital prouvée en référence aux coalitions actuelles des journaliers, par un travailleur ». Voir aussi, Popular Political Economy, Four lectures delivered at the London Mechanic’s Institution, Londres, 1827 ; John Stuart Mill, Principes d’économie politique avec quelques-unes de leurs applications à l’économie sociale, 1re éd. anglaise 1848, traduction française sur la 3e éd. anglaise, Guillaumin, Paris, 1873, 2 tomes.
  • [11]
    Friedrich Engels, préface à la 2e édition allemande de La Situation de la classe laborieuse en Angleterre [1892], éditions sociales, Paris, 1975.
    Karl Marx, Le Capital, Livre 3, éditions sociales, 1976 ; Théories sur la plus-value, éditions sociales, Paris, 1976, t. III.
    Michel Tougan- Baranowsky, Les Crises industrielles en Angleterre (1894), traduit sur la 2e éd. en russe revue et augmentée par l’auteur, Joseph Schapiro, M. Giard & E. Brière, Paris, 1913.
    Paul Leroy- Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes [1874], deuxième édition, Paris, Guillaumin et Cie, 1882 ; La Question de la population [1880], Alcan, Paris, 1913.
  • [12]
    Otto Bauer, « Die Akkumulation des Kapitals » (L’Accumulation du capital), publiés dans la revue Die Neue Zeit, 31 : année 1912-1913, t. I, n° 23, p. 831-838 et n° 24, 1913, p. 862-874, articles cités d’après Rosa Luxemburg : « Critique des critiques ou : ce que les épigones ont fait de la théorie marxiste », 1915 in L’Accumulation du capital, Paris, François Maspero 1967, p. 198.
  • [13]
    Alvin H. Hansen, « Economic Progress and Declining Population Growth », The American Economic Review, mars 1939, réédité dans Readings in Business Cycle Theory, London, 1961, p. 366-384.
    Friedrich Hayek, Prices and Production [1931], 1935, traduction française : Prix et production, Calmann- Lévy, 1975.
    Joseph Schumpeter, « The Analysis of Economic Change », The Review of Economic Statistics, mai 1935, p. 2-10 ; Capitalisme, socialisme et démocratie [1942], 1946, Payot ; Business cycles, Mc Graw Hill Book Company, New York, London, 1939.
  • [14]
    Knut Wicksell, Geldzins und Guterpreise 1898, traduction anglaise : Interest and Prices, 1936 ; Vorlesungen über National ôkonomie, 1901-1906, traduits en anglais sous le titre Lectures on Political Economy, 1934-1935.
  • [15]
    François Simiand, Le Salaire, l’évolution sociale et la monnaie, Alcan, Paris, 1932. Voir aussi, Les Fluctuations économiques de longue période et la crise mondiale, Alcan, Paris, 1932.
    Charles Rist, Histoire des doctrines relatives au crédit et à la monnaie, 2e éd., Paris, Sirey.1951.
  • [16]
    Richard Easterlin in R. A. Easterlin et G. A. Condran, A note in the Recent Fertility Swing in Australia, Canada, England and Wales and the USA, études éditées par H. Richards, University of Wales Press, Cardiff, 1976.
  • [17]
    Clark John A. Mench, Christopher Freeman and Luc L.G.Soete, « Long waves, inventions and innovations », Futures, vol. 13, 1981.
    Christopher Freeman, « Technologies nouvelles, cycles économiques longs et avenir de l’emploi » in Les Enjeux du changement technologique, études présentées par Jean-Jacques Salomon et Geneviève Schméder, Economica, Paris, 1986.
    Alfred Kleinknecht, Innovation Patterns in Crisis and Prosperity, Schumpeter’s Long Cycles Reconsidered, Macmillan, London, 1987.
  • [18]
    Irving Fisher, Economica, vol 1, n° 4, p. 337-357, The debt deflation theory of great depressions, reproduit par Martino Publishing, Manfield Center, USA, 2011.
  • [19]
    James Tobin, « A Proposal for International Monetary Reform », Eastern Economic Journal 1978 ; « À currency taxation tax. Why and How ? », Open Economics Review, vol. 7, 1996, p. 493-499 ; Money, Credit and Capital, avec S. Golub, Irwin Mac Graw Hill, 1998.
  • [20]
    . Voir notamment, Theodore W. Schultz, « Investment in Human Capital », American Economic Review, mars 1961, repris dans in The Goal of Economic Growth, deuxième édition, 1969, p. 106.
  • [21]
    Denis L. Meadows et son équipe du MIT, « Les limites de la croissance », Halte à la croissance, Fayard, Paris, 1972.
    Hug Cole, Christopher Freeman, Marie Jahoda, Keith Pavitt, Thinking about the Future. À Critique of « The Limits to Growth », publié par Chatto and Windus pour Sussex University Press, Londres, 1973, traduit en français sous le titre : L’anti- Malthus. Une critique de « Halte à la croissance », Seuil, Paris, 1974.
    Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre [2007], édition française, Actes Sud, 2008 ; Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, Actes Sud, 2015. Essai, traduit en français de l’anglais, Canada, This Changes Everything Capitalism vs The Climate éditeur Simon & Schuster, New York (Lux éditeur 2015 pour l’édition française au Canada et aux états-Unis et Actes Sud, 2015, pour l’édition française des autres pays).
  • [22]
    James Tobin, op. cit.
  • [23]
    Paul Boccara, Intervenir dans les gestions avec de nouveaux critères, Messidor, 1985.
  • [24]
    Maurice Dobb, études sur le développement du capitalisme [1946], 1959, traduction française, Maspero, 1971 ; « Changes in Capitalism since the Second World War », Marxism Today, décembre 1957 ; Capitalism Yesterday and Today, traduction française Marc Longuenesse dans Recherches internationales à la lumière du Marxisme, n° 5 ; Aspects du capitalisme contemporain, 1958.
  • [25]
    Anouchavan Arzoumanian, LaCrise du capitalisme mondial à l’étape actuelle, traduction de chapitres de l’ouvrage d’Arzoumanian, Krisis mirovogo Kapitalisma na sovremennon etape, Moscou, 1962 par André Monnier in Recherches internationales à la lumière du marxisme, n° 35-36, janvier-avril 1963, p. 42-43.
  • [26]
    Joseph M. Gillman, The falling rate of profit, Marx’s law and its significance to Twentieth Century Capitalism, Dennis Dobson, London 1957 ; traduction française, Maurice Fhima, présentation et postface Maurice Andreu, La Baisse du taux de profit, La loi de Marx et sa signification pour le capitalisme du xxe siècle, EDI, 1980 ; La baisse du taux de profit, 1957, traduction française, 1980.
  • [27]
    Paul Boccara, « Poussées périodiques de la pensée sur les cycles longs, récurrence et irréversibilité : de l’apparition des fluctuations de période Kondratieff vers leur mise en cause radicale », économie et Sociétés, n° 33, série F, juillet- août 1993.
  • [28]
    Sur les théories de l’état stationnaire voir aussi Michel Lutfalla, L’état stationnaire, Gauthier Villars, Paris, 1964.
  • [29]
    Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776].
  • [30]
    David Ricardo, Principes de l’économie politique et de l’impôt [1817].
  • [31]
    . Simonde de Sismondi, Nouveaux principes d’économie politique, ou de la richesse dans ses rapports avec la population, [1819].
  • [32]
    John Stuart Mill, op. c it.
    Paul Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes [1874], deuxième édition, Paris, Guillaumin et Cie, 1882 ; La Question de la population [1880], Alcan, Paris, 1913.
  • [33]
    Rudolph Hilferding, Le Capital financier [Vienne 1910], traduit de l’allemand par Marcel Ollivier, préface de Yvon Bourdet, éditions de Minuit, Paris, 1970.
  • [34]
    Rosa Luxemburg, L’Accumulation du capital, François Maspero, Paris, 1967, tomes I et II.
  • [35]
    Vladimir Lénine, Le Développement du capitalisme en Russie. Processus de formation du marché intérieur pour la grande industrie [1899], 2e éd., 1908, éditions en langues étrangères, Moscou, Éditions sociales, Paris ; L’impérialisme, stade suprême du capitalisme (Essai de vulgarisation), avril 1917, Pétrograd, traduction française des éditions sociales, Paris, 1945. (Voir aussi Œuvres choisies en deux volumes, tome I, deuxième partie, éditions en langues étrangères, Moscou, 1953) ; La Catastrophe imminente et les moyens de la conjurer in Œuvres, tome 25, juin-septembre 1917, traduction française, éditions sociales, Paris, éditions en langues étrangères, Moscou.
  • [36]
    M. Draguilev, La Crise générale du capitalisme, éditions en langues étrangères, Moscou, 1960.
  • [37]
    Eugène Varga, La Crise économique, sociale, politique, Bureau d̓édition, Paris, 1935, 299 p. Réédition, avec une introduction de Jean Charles et Serge Wolikow, Éditions sociales, Paris, 1976.
  • [38]
    Paul Baran et Paul Sweezy, The Monopoly Capital, an Essay on the American Economic and Social Order, Monthly Review Press, New York, 1966. Traduction française, Le Capitalisme monopoliste, un essai sur la société industrielle américaine, François Maspero, Paris, 1968.
  • [39]
    Paul Boccara, études sur le capitalisme monopoliste d’état, sa crise et son issue, 1re édition, Editions sociales, Paris, 1973, 3è édition augmentée ES, Paris, 1977 ; « Théories de la régulation et suraccumulation-dévalorisation du capital », Issues, n° 32, 33, 34, 1988-1989 ; La Crise systémique, Europe et monde. Quelles réponses ?, Le Temps des cerises, Paris, 2011.
  • [40]
    Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre [2007], op. cit. ; Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique,op. cit.
  • [41]
    Paul Boccara, cf. notamment, « La révolution informationnelle, ses ambivalences, ses antagonismes, ses potentialités », La Pensée, janvier-février-mars, 2008.
  • [42]
    Jean-Claude Delaunay et Jean Gadrey, Les Enjeux de la société de service, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris 1987.
    Jacques de Bandt et Jean Gadrey (dir), Relations de services, marchés de services, CNRS éditions, Paris, 1994.
  • [43]
    Frédéric Boccara, « Firmes multinationales et balance des paiements dans la globalisation financière et la révolution technologique », thèse, université de Paris 13, 2013.
  • [44]
    PNUD, Global Public Good – International Cooperation in the 21st Century (Les Biens publics mondiaux. La coopération internationale dans le 21e siècle), édité par Inge Kaul, Isabelle Grunberg, Marc A. Stern, publié par le Programme des Nations unies pour le développement, Oxford University Press, New York Oxford 1999 ; Providing Global Public Goods. Managing Globalisation (Fournir des biens publics globaux. Gérer la mondialisation), édité par Inge Kaul, Pedro Conceiçao, Kotell Le Goulven, Ronald U. Mendoza, publié par le Programme des Nations unies pour le développement, Oxford University Press, New York, Oxford, 2003.

1Les recherches de Paul Boccara recensent les théories sur les crises depuis trois siècles. Il présente un bilan pluriséculaire des acquis des théories des différentes écoles de pensée sur les fondements des crises systémiques, ou de suraccumulation et de dévalorisation de capital durables. Il propose de revisiter l’ensemble des théories sur les bases de la suraccumulation du capital et des crises sur trois siècles de pensée économique. Cela vise ainsi à reconstruire une sorte de puzzle de différents éléments de l’explication complexe des crises nécessaires, plus ou moins catastrophiques, dans le capitalisme.

2Après avoir étudié, dans le premier volume, les théories des crises cycliques avec les limites fondamentales de l’accumulation des capitaux et leurs solutions, il présente dans le second volume les théories des crises systémiques. Il revient en premier lieu sur les théories de la croissance, puis il donne une analyse originale des théories sur les cycles de longue période. Il aborde alors les théories sur les transformations du système capitaliste lui-même jusqu’à sa crise radicale. Il souligne aussi la radicalité de la crise écologique et climatique. Il avance une théorie critique néomarxiste cherchant à dépasser les diverses analyses néokeynésiennes.

Un éclairage nouveau sur les « Théories de la croissance en équilibre stable » avec leurs négations de la suraccumulation du capital dans le long terme, à l’opposé des crises systémiques nécessaires

3Face aux analyses des crises durables dans l’entre-deux-guerres mondiales, les théories de la croissance dans le long terme des auteurs néokeynésiens d’après la Deuxième Guerre mondiale tendraient à éviter les crises systémiques et à nier leur réalité.

4Ainsi Domar définit un équilibre possible de la croissance, une croissance équilibrée sans suraccumulation, avec des conditions niant celles de la réalité dans ses équations sur l’accumulation. Il y a à la fois réalisme et irréalisme dans les équations d’équilibre possible de la croissance. Il considère l’excès éventuel d’investissement mais avec son caractère évitable. De même suraccumulation et surproduction auraient un caractère non nécessaire supposé dans la croissance. Il évoque l’insuffisance de la critique keynésienne de la loi des débouchés et prolonge l’analyse sur le long terme. Mais il critique et même rejette le concept marxiste de baisse du taux de profit. Il hésite entre les limites éventuelles de la production et celles de la demande. De fait la nécessité de la stabilité des relations de base est contraire à la réalité [2].

5Harrod, avec son schéma de croissance stable ou instable et d’excès ou insuffisance d’accumulation, prétend à une stabilité relative éventuelle supposée des relations fondamentales, notamment de la croissance du revenu et une instabilité possible avec excès ou insuffisance possible de capital [3].

6Joan Robinson analyse les types de croissance de l’accumulation du capital, leur équilibre possible et leurs limites. Elle insiste sur l’opposition salaires/profits mais avec un équilibre éventuel entre croissance de l’épargne et de l’accumulation du capital. Les limites de son analyse tiendraient à une croissance possible sans baisse du taux de profit et un âge d’or de la croissance. Les complications présentées par l’auteure sous prétexte de réalisme aboutissent en réalité au maintien de l’irréalisme fondamental pour permettre l’équilibre durable possible de la croissance capitaliste [4].

7Kaldor recherche l’harmonie de l’accumulation capitaliste, avec des définitions réalistes de conditions irréelles dans ses différents modèles de croissance parfaite. Il présente une répartition constante du produit et du revenu dans la longue durée, dans la phase ascendante du capitalisme, opposée à la suraccumulation du capital. Il transpose l’analyse keynésienne du niveau d’emploi à la répartition dans le plein-emploi et le long terme. Il définit les conditions du plein-emploi et de la production. Il distingue fluctuations courtes et équilibre stable dans le long terme. Pour Kaldor, l’égalité de croissance entre la productivité et le rapport capital investi/travailleur, est réglée par le taux de profit. Il considère ensuite les limites du modèle, le niveau du taux de profit et l’inflation. Il définit la relation entre les taux de croissance de la productivité et du salaire et la stabilité de l’accumulation [5].

8Les théories de la croissance chez Solow prétendent éviter les cycles de longue période mais les statistiques révèlent leur réalité. Les conditions générales de la théorie néoclassique de la croissance et de l’accumulation sont d’abord étudiées dans une économie « fermée » avec des relations « fixes » ou « substitution » entre les facteurs de production, ce qui aboutit à un « équilibre stable de croissance ». Le modèle de Solow de 1956 présente une relation « capital/travailleur » mais une tendance normale à l’équilibre stable de l’accumulation. Les travaux de 1957 à 1962 définissent un modèle de progrès technique incorporé dans les biens de capital. De la substitution entre facteurs de production, Solow passe à la complémentarité entre capital et travail. Il donne des indications statistiques sur un éventuel cycle capitaliste de longue période du rapport « capital/produit ». Dans ses analyses de 1963 et 1968, il fournit des données statistiques de fait sur des longues phases opposées de la croissance. L’étude de 1963 pose en réalité celle des cycles longs et des longues phases d’accumulation. L’approche empirique de 1968 confirme que les réalités statistiques des fluctuations longues de l’accumulation capitaliste et de la croissance entrent en contradiction avec la théorie du maintien du « taux naturel de croissance. » [6]

9Face aux dogmes néoclassiques et aux limites des théories sur la crise de la croissance, ou des théories dites du déséquilibre, les travaux de Paul Boccara sur le tournant du cycle de longue période vers la fin des années 1960 et vers la crise systémique sont remarquables [7].

Suraccumulation-dévalorisation du capital de longue période et cycles longs du capitalisme

Une analyse originale des cycles de longue période chez N.D. Kondratieff, avec une mise en relation des processus longs de suraccumulation et des défis de la dévalorisation du capital [8]

10Paul Boccara présente une analyse originale des cycles de longue période. Il relève la tendance de type sous-épargne et surconsommationniste de l’explication théorique de Kondratieff. Mais il réfute la thèse de l’« apologie du capitalisme » qui lui est quelquefois attribuée. Il donne des éléments sur la suraccumulation et la dévalorisation du capital de longue période chez Kondratieff, en particulier sur la composition du capital « moyens de production/salariés », productivité, or et prix, dans le long terme.

Les Théories concernant les cycles de longue période dans la pensée économique

11Paul Boccara analyse la récurrence des cycles longs, qui renvoie à la tendance à l’élévation de la composition organique du capital, l’élévation du taux de plus-value, la hausse des prix-or. Il relève encore la périodicité et l’irréversibilité des cycles longs, les théories examinées sont regroupées autour des problèmes concernant la population, la technologie et la relation moyens de production matériels/salariés, les problèmes de l’or, des prix-or, de la monnaie et du financement, enfin les transformations de structure et de régulation.

La pensée économique sur les longues phases D du passé : population, technologie, monnaie, structure et régulation

Population travailleuse et démographie

12La longue phase D de dépression de 1810-1817 à 1844-1851 est étudiée à partir de la théorie de Malthus, il s’agit d’une régulation de la population par l’emploi salarié et l’influence des mouvements démographiques sur la régulation, par le taux de profit, des longues phases opposées [9]. Ce sont aussi les travaux de Thomas Hodgskin et de John Stuart Mill avec à la fois de nouveaux développements et des confirmations réductrices [10]. L’analyse de la longue phase D de 1873-1875 à 1890-1896 s’appuie sur les théories marxistes de Engels, Marx et Tougan-Baranowsky, mais aussi sur l’apport original du néoclassique Paul Leroy-Beaulieu [11].

13La longue phase D de 1914-1920 à 1940-1946 est étudiée à partir de la polémique Otto Bauer/Rosa Luxemburg à propos de Population et capital, mais aussi la théorie d’Alvin H. Hansen et l’apport de Joseph Schumpeter [12].

Évolution de la technologie et mouvements de la composition des capitaux moyens matériels/salariés ou du rapport capital/produit

14Concernant la longue phase de difficultés de 1810-1817 à 1844-1851, Paul Boccara sur ces questions recourt aux théories de Ricardo, Malthus, Hodgskin, J.-S. Mill. Tandis que l’étude de la longue phase de difficultés de 1873-1875 à 1890-1896 renvoie à l’apport de Wicksell et Tougan-Baranowsky. Concernant la longue phase de difficultés de 1914-1920 à 1940-1946 sont analysées les théories de Hayek, Hansen, Schumpeter [13].

L’or, les prix-or et la monnaie symbolique. Les conditions du financement de l’accumulation

15Concernant ces questions, l’analyse de la longue phase de difficultés de 1815-1817 à 1844-1851 renvoie aux théories de Ricardo et Malthus. Tandis que la longue phase de difficultés de 1873-1875 à 1890-1896 est étudiée à partir de Tougan-Baranowsky et de Wicksell [14]. En ce qui concerne l’étude de la longue phase de difficultés de 1914-1920 à 1940-1946, elle se réfère à l’apport de Keynes, François Simiand, Charles Rist [15].

Réformes structurelles, dévalorisations structurelles de capital et modifications de la régulation

16L’étude sur la longue phase de difficultés de 1815-17 à 1844-51 sur ces questions s’appuie sur les théories de Malthus, Hodgskin et J.S. Mill. La longue phase de difficultés de 1873 -1875 à 1890-1896 est étudiée à partir de Leroy-Beaulieu et Tougan-Baranowsky. La longue phase de difficultés de 1914-1920 à 1940-1946 renvoie aux théories de Hansen, Keynes et Schumpeter.

Débats théoriques contemporains : altérations ou mises en cause radicales possibles de l’existence des fluctuations cycliques longues

17La récurrence concerne la démographie et le rapport actifs/inactifs, comme le montre le démographe Richard A. Easterlin [16]. Cela renvoie aussi aux systèmes technologiques et à l’évolution périodique de la composition organique des capitaux avec le recours aux théories de Mensch, Freeman, Kleinknecht [17]. Cela concerne les questions de la monnaie, de l̓or, des prix, du financement, avec notamment une analyse inédite d’Irving Fisher sur le surendettement et la déflation de la dette avec son application aux longues phases de tendance aux difficultés des années 1930 [18]. Paul Boccara présente alors les débats contemporains avec une analyse originale de l’opposition Milton Friedman/James Tobin et l’approche du tournant de longue période. C’est enfin l’étude des fluctuations longues du taux d’épargne, du taux d’intérêt et du surendettement de phase D, avec notamment Tobin [19]. Sont enfin étudiées les questions des changements de structure et de régulation. C’est notamment le rapport entre les grandes crises de structure ou les cycles longs. C’est aussi la montée des analyses en termes de régulation ou institutionnalistes.

18Altérations et potentiels de disparition ultérieure des fluctuations longues de période Kondratieff. Les mutations démographiques, notamment, les mouvements de la population active, ou le rapport « actif/inactif » caractérisent les cycles Kondratieff d’aujourd’hui. Cela concerne par exemple le travail des femmes et la réduction graduelle de retrait d’activité pour naissance d’enfants. C’est aussi l’allongement de la durée des études des jeunes, ou encore le vieillissement démographique. Les questions du type technologique de progression de la productivité avec en particulier le rapport capital/produit ou encore la révolution informationnelle sont aussi fondamentales. De même concernant la formation, interviennent notamment les théories sur le dit « capital humain », avec leurs limites [20]. Montent également les théories sur l’épuisement des ressources naturelles et sur les problèmes écologiques [21].

19Cela concerne également les questions du soutien public du marché financier, les débats autour de Tobin et des choix d’investissement (matériel ou financier) [22], les blocages structurels à dépasser et aussi la question de l’émancipation de l’or et d’une nouvelle unité monétaire mondiale. Enfin monte la nécessité d’un autre type de régulation et de gestion possible avec d’autres régulateurs que ceux fondés sur le taux de profit. On doit souligner la radicalité et la nouveauté des propositions de Paul Boccara concernant de nouveaux critères de gestion d’efficacité sociale et des nouveaux droits des salariés [23].

Analyses théoriques marxistes sur les longues phases de difficultés et les cycles de longue période

20– Dobb analyse les limites des contre-tendances à la baisse du taux de profit et la longue phase de tendance dépressive de la fin du xixe siècle. Il travaille aussi sur la longue phase de difficultés de l’entre-deux-guerres puis sur la reprise de longue durée après la Deuxième Guerre mondiale [24].

21– Arzoumanian insiste sur le ratio capital/produit, en particulier l’aggravation des contradictions de l’accumulation du capital avec la baisse de longue durée du capital fixe dans la phase de dépression. L’insuffisance cruciale nouvelle des débouchés pour l’investissement pourrait mettre en cause les mutations technologiques. [25]

22– Gillman analyse les longues phases du rapport « capital matériel/salariés », il élabore une série d’évolution de la composition du capital entre moyens matériels et travail salarié dans la longue durée. Il présente une étude des changements de structure du système, rapport technique capital/salariés et baisse du taux de profit. Ainsi qu’une montée des dépenses improductives et des perspectives d’effondrement du capitalisme [26].

23– Paul Boccara, lui-même élabore une théorie originale sur les Cycles longs [27], en relation avec les mutations technologiques, permettant d’expliquer l’originalité de la crise systémique actuelle. L’auteur met en avant la récurrence des mouvements de longue durée. Il analyse les relations techniques et économiques entre capital matériel et travail salarié. Il établit des éléments statistiques caractérisant la composition organique des capitaux et la relation capital/produit. Des éléments théoriques mettent en évidence la suraccumulation puis la dévalorisation de capital de longue période, avec la mise en place de nouvelles technologies et les cercles vicieux dans la longue phase de tendance aux difficultés. Il présente alors la périodicité de long terme qui renvoie aux conditions technico- économiques de la croissance capitaliste et aux changements démographiques. Ceux-ci concernent les fluctuations de longue période de la fécondité et de la natalité. Il s’agit aussi de l’accélération de l’élévation de la composition moyens matériels/salariés dans la dernière partie de la longue phase ascendante. C’est ensuite la détente vers la fin de la longue phase de tendance aux difficultés, avec les conditions favorisant la reprise de longue période, notamment les transformations technologiques et les transformations sociales structurelles. C’est aussi la remontée de la population active, la baisse de la part des salaires et le relèvement des profits. Enfin sont considérées la réversibilité et l’irréversibilité, à partir des mutations technologiques et des conditions structurelles du déroulement des longues phases de difficultés comme de leur issue jusqu’à l’originalité de la crise systémique actuelle.

Dévalorisations structurelles du capital, transformations systémiques du capitalisme jusqu’à la crise systémique mondiale actuelle

État stationnaire et dévalorisations structurelles du capital. Des classiques à Marx [28]

24Paul Boccara présente en premier lieu le dualisme primitif des analyses chez Smith [29], les développements classiques de tendance unilatérale chez Ricardo [30], puis les autres développements chez Malthus et Sismondi [31]. Il étudie ensuite la tentative éclectique, à la fin des classiques, de John Stuart Mill, puis les exportations de capitaux et les transformations du système chez un postclassique comme Leroy-Beaulieu. [32]Enfin, ce sont des indications sur les transformations de structure sociale de dévalorisation du capital, répondant aux difficultés profondes de la suraccumulation, chez Marx.

Théories se réclamant du marxisme sur les transformations du système capitaliste

Théories jusqu’à la Première Guerre mondiale

25– Hilferding : Capital financier et transformations systémiques du capitalisme. Il analyse les changements de structure se référant à la question de l’atténuation de la gravité, de l’ampleur et du caractère cumulatif des crises cycliques. C’est la question de « l’exportation de capital et la lutte pour le territoire économique. » [33]

26– Rosa Luxemburg : Transformations du système capitaliste et du système mondial. Elle tente une explication économique de l’impérialisme. Le débouché est, selon elle, fourni par les marchés coloniaux ainsi que par la militarisation et le développement des armements dans le système capitaliste [34].

27– Lénine : Les transformations du système capitaliste en impérialisme ou capitalisme de monopole, puis en capitalisme monopoliste d’État.

28Ce sont la concentration de la production et les monopoles. Les banques, leur nouveau rôle et le capital financier. L’exportation des capitaux et le partage du monde. La Première Guerre mondiale et le début de la transformation du capitalisme monopoliste en capitalisme monopoliste d’État [35].

Théories après la Deuxième Guerre mondiale

29– Draguilev analyse la « crise générale du capitalisme » [36]. Varga se centre sur la crise de structure de l’entre-deux-guerres [37] mais aussi sur la phase ascendante et les mesures anti-crise du capitalisme monopoliste d’État.

30– Baran et Sweezy élaborent une théorie sur la croissance après la Deuxième Guerre mondiale et le système du capitalisme d’après-guerre dans Le Capitalisme monopoliste, un essai sur la société industrielle américaine [38].

31– Boccara développe la théorie du capitalisme monopoliste d’État mais aussi celle de sa crise systémique, il fonde la première école de la régulation dite systémique [39].

Autres apports

32Sont étudiées alors les théories sur la crise écologique radicale dans le système capitaliste, les limites écologiques de la croissance mondiale et les enjeux systémiques du changement climatique [40]. Sont présentées encore les théories sur la révolution technologique informationnelle, avec ses enjeux ambivalents entre exaspération du système capitaliste et de sa crise systémique radicale et besoin d’un autre système [41]. Ce sont aussi les théories sur la radicalité de la progression massive des services avec leurs enjeux systémiques et leurs implications contradictoires pour le système économique et social et la civilisation [42]. Ce sont encore les théories sur la progression des firmes multinationales, [43] mais aussi sur les défis de biens communs publics mondiaux de l’humanité tendant à la mise en cause du système actuel [44]. Ce sont enfin les théories sur la révolution monétaire et les défis de la progression dans le monde des pays émergents. Cela exigerait une autre construction de la mondialisation.

Conclusion

33Cet article vise à la reconstitution du puzzle à laquelle Paul Boccara procède dans cette œuvre majeure. Tout le cheminement de Paul Boccara à travers les auteurs qu’il étudie a été nécessaire pour arriver à cette proposition de reconstitution, qui, même si elle ne se donne pas comme achevée, permet d’y voir nettement plus clair dans les processus qui génèrent l’ensemble des cycles économiques observés, y compris ceux de longue durée. Cette recension par Paul Boccara des théories sur les crises appelle une réflexion nouvelle pour les débats idéologiques et politiques de nos jours et surtout pour des propositions d’alternative fondamentale d’une autre régulation économique, pour le dépassement des crises capitalistes, devenu possible aujourd’hui. Ces propositions devraient d’abord s’appuyer, non seulement sur les exigences actuelles de répartition pour les salaires, mais surtout sur d’autres critères de production, contre les politiques d’austérité des salaires et des dépenses publiques. Cela exigerait des propositions de maîtrise et de dépassement des marchés, comme pour la sécurité d’emploi ou de formation, mais aussi sur d’autres critères de gestion, ou un autre crédit. Cela viserait des propositions pour développer, avec la révolution informationnelle, les dépenses de formation et de recherche avec de nouvelles qualités des formations et des recherches. Le développement de ces dépenses contre l’austérité et par les services publics contribuerait à s’opposer à la suraccumulation et au chômage, tout en favorisant l’efficacité sociale, sans se contenter de dépenser plus. Cela participerait à la construction d’une autre civilisation de toute l’humanité favorisant l’épanouissement de la créativité de chacun.


Date de mise en ligne : 22/03/2020.

https://doi.org/10.3917/lp.391.0111

Notes

  • [1]
    Paul Boccara, Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital, éditions Delga, vol. I, 2013, et vol. II, 2015.
  • [2]
    Evsey Domar. Essays in the Theory of Economic Growth, Oxford University Press, New-York, 1957.
  • [3]
    Roy Forbes Harrod. Towards a Dynamic Economics (1948), nouvelle édition enrichie : Some Recent Developments of Economic Theory and their Application to Policy, Macmillan & Co LTD, London, 1963.
  • [4]
    Joan Robinson,The Accumulation of Capital, (1956) 1965, Macmillan, London ; Essays in the Theory of Economic Growth, Macmillan & CO. Ltd, London (1962), 1963.
  • [5]
    Nicolas Kaldor, « Alternative Theories of Distribution », The Review of Economic Studies, mars 1956. Voir aussi : « L’évolution capitaliste à la lumière de l’économie keynésienne », économie appliquée, avril-septembre 1957, ainsi que « A Model of Economic Growth », The Economic Journal, décembre 1957. Cf. également : Capital Accumulation and Economic Growth, Conference de Corfou septembre 1958, in The Theory of Capital, London, Macmillan & Co LTD, 1961. Puis : A new Model of Economic Growth, avec J. Mirrless, The Review of Economic Studies, juin 1962 ; « Inflation et récession dans l’économie mondiale », Economic Journal, décembre 1976, in N. Kaldor, économie et instabilité, textes traduits en français, Economica, Paris, 1987.
  • [6]
    Robert M. Solow, « A contribution to the theory of economic growth », The Quarterly Journal of Economics, février 1956, p. 65. Voir aussi : « Technical change and the aggregate production function », The Review of Economic and Statistics, août 1957, p. 312 et p. 320. ; « Technical progress, capital formation and economic growth », American Economic Review, mai 1962, p. 76-77, en français : Progrès technique, formation de capital et croissance économique. Voir aussi : « Substitution and Fixed Proportions in the Theory of Capital », Review of Economic Studies, juin 1962, p. 207 ; « Fixed Investment and Economic Growth », 1968, publié de nouveau dans The Goal of Economic Growth, 1969, édité par E.S. Phelps ; Growth Theory.An exposition. Clarendon Press. Oxford, 1970, traduction française : Théorie de la croissance économique, Armand Colin, Paris, 1972.
  • [7]
    Paul Boccara, « Travaux statistiques sur le “système productif” français et théories des facteurs de la crise de structure », Issues, Cahiers de recherches de la revue économie et Politique, n° 1, 4e trimestre 1978.
  • [8]
    Nicolaï Dimitrievitch, N. D. Kondratieff, Les grands cycles de la conjoncture, édition présentée par Louis Fontvieille, Economica, Paris, 1992. N. D. Kondratieff, in N. D Kondratieff et D.I.Oparin, Bolshie Zicly Conjunktury, Moscou, 1928, cité par Georges Garvy, dans « Kondratieff’s Theory of Long Cycles », Review of Economic Statistics, novembre 1943. Voporosy Konjunctury, vol. 1, sous le titre : « Bolschije cycly konjunktury », traduit en allemand en 1926, dans les Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik., puis retraduit, sous le titre : « The long waves in economic life » dans The Review of Economic Statistics, novembre 1935, et reproduit sous cette forme dans, notamment, Readings in Business Cycle Theory, A.E.A., George Allen and Unwin LTD, London, (1950), 1961.
  • [9]
    Thomas Robert Malthus, Principes d’économie politique, considérés sous le rapport de leur application pratique, 1re édition 1820, 2e éd. 1836, Calmann-Lévy, 1969.
  • [10]
    Thomas Hodgskin, Labour Defended against the Claims of Capital, 1825. 1re éd. dans le Mechanic’s Magazine, réimpression par G.D.H. Cole, 1922, The Labour Publishing Company, Londres, 1922. Traduction française par J-P. Osier in Thomas Hodgskin, Une critique prolétarienne de l’économie politique, François Maspero, Paris, 1976, p. 101 et s., « Défense du travail contre les prétentions du capital ou l’improductivité du capital prouvée en référence aux coalitions actuelles des journaliers, par un travailleur ». Voir aussi, Popular Political Economy, Four lectures delivered at the London Mechanic’s Institution, Londres, 1827 ; John Stuart Mill, Principes d’économie politique avec quelques-unes de leurs applications à l’économie sociale, 1re éd. anglaise 1848, traduction française sur la 3e éd. anglaise, Guillaumin, Paris, 1873, 2 tomes.
  • [11]
    Friedrich Engels, préface à la 2e édition allemande de La Situation de la classe laborieuse en Angleterre [1892], éditions sociales, Paris, 1975.
    Karl Marx, Le Capital, Livre 3, éditions sociales, 1976 ; Théories sur la plus-value, éditions sociales, Paris, 1976, t. III.
    Michel Tougan- Baranowsky, Les Crises industrielles en Angleterre (1894), traduit sur la 2e éd. en russe revue et augmentée par l’auteur, Joseph Schapiro, M. Giard & E. Brière, Paris, 1913.
    Paul Leroy- Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes [1874], deuxième édition, Paris, Guillaumin et Cie, 1882 ; La Question de la population [1880], Alcan, Paris, 1913.
  • [12]
    Otto Bauer, « Die Akkumulation des Kapitals » (L’Accumulation du capital), publiés dans la revue Die Neue Zeit, 31 : année 1912-1913, t. I, n° 23, p. 831-838 et n° 24, 1913, p. 862-874, articles cités d’après Rosa Luxemburg : « Critique des critiques ou : ce que les épigones ont fait de la théorie marxiste », 1915 in L’Accumulation du capital, Paris, François Maspero 1967, p. 198.
  • [13]
    Alvin H. Hansen, « Economic Progress and Declining Population Growth », The American Economic Review, mars 1939, réédité dans Readings in Business Cycle Theory, London, 1961, p. 366-384.
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  • [14]
    Knut Wicksell, Geldzins und Guterpreise 1898, traduction anglaise : Interest and Prices, 1936 ; Vorlesungen über National ôkonomie, 1901-1906, traduits en anglais sous le titre Lectures on Political Economy, 1934-1935.
  • [15]
    François Simiand, Le Salaire, l’évolution sociale et la monnaie, Alcan, Paris, 1932. Voir aussi, Les Fluctuations économiques de longue période et la crise mondiale, Alcan, Paris, 1932.
    Charles Rist, Histoire des doctrines relatives au crédit et à la monnaie, 2e éd., Paris, Sirey.1951.
  • [16]
    Richard Easterlin in R. A. Easterlin et G. A. Condran, A note in the Recent Fertility Swing in Australia, Canada, England and Wales and the USA, études éditées par H. Richards, University of Wales Press, Cardiff, 1976.
  • [17]
    Clark John A. Mench, Christopher Freeman and Luc L.G.Soete, « Long waves, inventions and innovations », Futures, vol. 13, 1981.
    Christopher Freeman, « Technologies nouvelles, cycles économiques longs et avenir de l’emploi » in Les Enjeux du changement technologique, études présentées par Jean-Jacques Salomon et Geneviève Schméder, Economica, Paris, 1986.
    Alfred Kleinknecht, Innovation Patterns in Crisis and Prosperity, Schumpeter’s Long Cycles Reconsidered, Macmillan, London, 1987.
  • [18]
    Irving Fisher, Economica, vol 1, n° 4, p. 337-357, The debt deflation theory of great depressions, reproduit par Martino Publishing, Manfield Center, USA, 2011.
  • [19]
    James Tobin, « A Proposal for International Monetary Reform », Eastern Economic Journal 1978 ; « À currency taxation tax. Why and How ? », Open Economics Review, vol. 7, 1996, p. 493-499 ; Money, Credit and Capital, avec S. Golub, Irwin Mac Graw Hill, 1998.
  • [20]
    . Voir notamment, Theodore W. Schultz, « Investment in Human Capital », American Economic Review, mars 1961, repris dans in The Goal of Economic Growth, deuxième édition, 1969, p. 106.
  • [21]
    Denis L. Meadows et son équipe du MIT, « Les limites de la croissance », Halte à la croissance, Fayard, Paris, 1972.
    Hug Cole, Christopher Freeman, Marie Jahoda, Keith Pavitt, Thinking about the Future. À Critique of « The Limits to Growth », publié par Chatto and Windus pour Sussex University Press, Londres, 1973, traduit en français sous le titre : L’anti- Malthus. Une critique de « Halte à la croissance », Seuil, Paris, 1974.
    Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre [2007], édition française, Actes Sud, 2008 ; Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, Actes Sud, 2015. Essai, traduit en français de l’anglais, Canada, This Changes Everything Capitalism vs The Climate éditeur Simon & Schuster, New York (Lux éditeur 2015 pour l’édition française au Canada et aux états-Unis et Actes Sud, 2015, pour l’édition française des autres pays).
  • [22]
    James Tobin, op. cit.
  • [23]
    Paul Boccara, Intervenir dans les gestions avec de nouveaux critères, Messidor, 1985.
  • [24]
    Maurice Dobb, études sur le développement du capitalisme [1946], 1959, traduction française, Maspero, 1971 ; « Changes in Capitalism since the Second World War », Marxism Today, décembre 1957 ; Capitalism Yesterday and Today, traduction française Marc Longuenesse dans Recherches internationales à la lumière du Marxisme, n° 5 ; Aspects du capitalisme contemporain, 1958.
  • [25]
    Anouchavan Arzoumanian, LaCrise du capitalisme mondial à l’étape actuelle, traduction de chapitres de l’ouvrage d’Arzoumanian, Krisis mirovogo Kapitalisma na sovremennon etape, Moscou, 1962 par André Monnier in Recherches internationales à la lumière du marxisme, n° 35-36, janvier-avril 1963, p. 42-43.
  • [26]
    Joseph M. Gillman, The falling rate of profit, Marx’s law and its significance to Twentieth Century Capitalism, Dennis Dobson, London 1957 ; traduction française, Maurice Fhima, présentation et postface Maurice Andreu, La Baisse du taux de profit, La loi de Marx et sa signification pour le capitalisme du xxe siècle, EDI, 1980 ; La baisse du taux de profit, 1957, traduction française, 1980.
  • [27]
    Paul Boccara, « Poussées périodiques de la pensée sur les cycles longs, récurrence et irréversibilité : de l’apparition des fluctuations de période Kondratieff vers leur mise en cause radicale », économie et Sociétés, n° 33, série F, juillet- août 1993.
  • [28]
    Sur les théories de l’état stationnaire voir aussi Michel Lutfalla, L’état stationnaire, Gauthier Villars, Paris, 1964.
  • [29]
    Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776].
  • [30]
    David Ricardo, Principes de l’économie politique et de l’impôt [1817].
  • [31]
    . Simonde de Sismondi, Nouveaux principes d’économie politique, ou de la richesse dans ses rapports avec la population, [1819].
  • [32]
    John Stuart Mill, op. c it.
    Paul Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes [1874], deuxième édition, Paris, Guillaumin et Cie, 1882 ; La Question de la population [1880], Alcan, Paris, 1913.
  • [33]
    Rudolph Hilferding, Le Capital financier [Vienne 1910], traduit de l’allemand par Marcel Ollivier, préface de Yvon Bourdet, éditions de Minuit, Paris, 1970.
  • [34]
    Rosa Luxemburg, L’Accumulation du capital, François Maspero, Paris, 1967, tomes I et II.
  • [35]
    Vladimir Lénine, Le Développement du capitalisme en Russie. Processus de formation du marché intérieur pour la grande industrie [1899], 2e éd., 1908, éditions en langues étrangères, Moscou, Éditions sociales, Paris ; L’impérialisme, stade suprême du capitalisme (Essai de vulgarisation), avril 1917, Pétrograd, traduction française des éditions sociales, Paris, 1945. (Voir aussi Œuvres choisies en deux volumes, tome I, deuxième partie, éditions en langues étrangères, Moscou, 1953) ; La Catastrophe imminente et les moyens de la conjurer in Œuvres, tome 25, juin-septembre 1917, traduction française, éditions sociales, Paris, éditions en langues étrangères, Moscou.
  • [36]
    M. Draguilev, La Crise générale du capitalisme, éditions en langues étrangères, Moscou, 1960.
  • [37]
    Eugène Varga, La Crise économique, sociale, politique, Bureau d̓édition, Paris, 1935, 299 p. Réédition, avec une introduction de Jean Charles et Serge Wolikow, Éditions sociales, Paris, 1976.
  • [38]
    Paul Baran et Paul Sweezy, The Monopoly Capital, an Essay on the American Economic and Social Order, Monthly Review Press, New York, 1966. Traduction française, Le Capitalisme monopoliste, un essai sur la société industrielle américaine, François Maspero, Paris, 1968.
  • [39]
    Paul Boccara, études sur le capitalisme monopoliste d’état, sa crise et son issue, 1re édition, Editions sociales, Paris, 1973, 3è édition augmentée ES, Paris, 1977 ; « Théories de la régulation et suraccumulation-dévalorisation du capital », Issues, n° 32, 33, 34, 1988-1989 ; La Crise systémique, Europe et monde. Quelles réponses ?, Le Temps des cerises, Paris, 2011.
  • [40]
    Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre [2007], op. cit. ; Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique,op. cit.
  • [41]
    Paul Boccara, cf. notamment, « La révolution informationnelle, ses ambivalences, ses antagonismes, ses potentialités », La Pensée, janvier-février-mars, 2008.
  • [42]
    Jean-Claude Delaunay et Jean Gadrey, Les Enjeux de la société de service, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris 1987.
    Jacques de Bandt et Jean Gadrey (dir), Relations de services, marchés de services, CNRS éditions, Paris, 1994.
  • [43]
    Frédéric Boccara, « Firmes multinationales et balance des paiements dans la globalisation financière et la révolution technologique », thèse, université de Paris 13, 2013.
  • [44]
    PNUD, Global Public Good – International Cooperation in the 21st Century (Les Biens publics mondiaux. La coopération internationale dans le 21e siècle), édité par Inge Kaul, Isabelle Grunberg, Marc A. Stern, publié par le Programme des Nations unies pour le développement, Oxford University Press, New York Oxford 1999 ; Providing Global Public Goods. Managing Globalisation (Fournir des biens publics globaux. Gérer la mondialisation), édité par Inge Kaul, Pedro Conceiçao, Kotell Le Goulven, Ronald U. Mendoza, publié par le Programme des Nations unies pour le développement, Oxford University Press, New York, Oxford, 2003.
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