Notes
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[1]
Jean Nicolas, La Rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale (1661-1789), Seuil 2002, « Folio Histoire », Gallimard, 2008.
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[2]
Jonathan I. Israël, Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité. 1650-1750, Paris, 2005 (2001), p. 157-375.
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[3]
Ibid., p. 377-627.
-
[4]
Ibid., p. 629-796.
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[5]
Manfred Walther, « Spinoza et les Lumières radicales », in Catherine Secrétan, Tristan Dagron, Laurent Bove, Qu’est-ce que les Lumières « radicales » ? Libertinage, athéisme et spinozisme dans le tournant philosophique de l’âge classique, Paris, 2007, p. 300.
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[6]
Yves Citton, L’Envers de la liberté. L’invention d’un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières, Paris, 2006, p. 459-466.
1Qu’est-ce que les Lumières ? Cette question rendue célèbre par la réponse d’Emmanuel Kant dans l’opuscule homonyme ne cesse de faire retour en changeant d’aspect en fonction des configurations historiques, des hégémonies intellectuelles et des conditions politiques et sociales. Nul ne conteste qu’une grande partie des bases de nos structures intellectuelles, morales, politiques ne dérivent de ce mouvement très complexe, diversifié, contradictoire qui, commencé dans le dernier tiers du xviie siècle, a renouvelé la pensée. Ces processus ont eu des dimensions philosophiques enracinées dans la pensée de Bacon, Galilée, Descartes et dans la révolution scientifique de la nouvelle science mathématique de la nature. Ce mouvement et ces évolutions se sont manifestés sur le plan social, politique, idéologique, culturel avec la première révolution anglaise (1642-1660), puis en ce pays encore, en regard de la monarchie restaurée des Stuart, par la brève « Glorious Revolution » de 1688. Un siècle plus tard, en un monde encore transformé, ce sera l’Indépendance de États-Unis et la première étape de la Révolution américaine. Et enfin, de façons différentes, de 1789 à 1815, le cours de la Révolution française, du Consulat et de l’Empire. Même les courants hostiles aux Lumières s’accordent sur l’importance de cette époque historique qu’ils déplorent et combattent en se laissant regrouper sous l’appellation (faussement homogénéisante) de Contre-Lumières ou d’Anti-Lumières.
Changement de conjoncture historiographique
2Ce dernier mouvement n’a cessé d’accompagner le monde moderne ; il a su quelquefois mettre en évidence certaines apories et limites des Lumières, sans fournir à aucun moment une alternative historique humaine digne de ce nom. Si les études savantes des historiens de la pensée, des idées et de la culture n’ont jamais été interrompues et ont produit des œuvres souvent remarquables, le rationalisme supposé être celui des Lumières, après avoir repris des couleurs à la suite de la victoire sur les fascismes et de la mise en place du Welfare State, a été contesté ces dernières années par des courants qui ont emprunté aux Contre-Lumières un certain nombre de leurs critiques. Ces courants ont certes, en partie, maintenu l’acquis en matière de libertés civiles et politiques, de connaissances scientifiques ils ont souligné le rôle crucial du droit, étendu même la sphère de ces acquis à tous ceux qui avaient été souvent exclus de la civilisation (peuples colonisés, nations dominées, femmes), ils ont défendu l’expansion des institutions politiques propres à la démocratie représentative héritière des régimes constitutionnalistes du xixe siècle. Une révision de l’actualité des Lumières s’est alors opérée au sein des courants dits post-structuralistes d’abord et ensuite postmodernes. Cette révision a eu pour épicentre la philosophie progressiste de l’histoire accusée par certains de se leurrer de l’image d’un « grand récit » émancipateur tout à la gloire du Progrès, de l’Universel, de la Civilisation, alors que ces notions recouvraient la stratégie dominatrice de « l’Occident », déniaient la validité des autres civilisations et produisaient une religion laïque en se racontant des histoires sur l’Histoire présupposée devoir déboucher sur une fin heureuse. Levi-Strauss, Foucault, Lyotard, Rorty se sont accordés sur cette critique. Toutefois, il leur a fallu ensuite affronter l’écueil du relativisme historique et du scepticisme avec des stratégies diverses pour repenser les rapports de l’universel et du particulier, de la liberté et de l’égalité.
3Or, depuis les années 1980, dans le milieu de la recherche en matière d’histoire des courants d’idées, se met en place un dispositif historiographique qui entend implicitement surmonter ces critiques, notamment en faisant apparaître qu’elles concernent seulement un courant des Lumières, le courant politiquement et intellectuellement modéré – Locke, Newton, Voltaire, voire Montesquieu, Hume –, ou que du moins elles sont surmontées principalement par un autre courant jusqu’ici minoré, celui des Lumières radicales. Systématisé par Spinoza, ce dernier courant s’exprime chez une pluralité d’auteurs comme les « spinozistes » hollandais, Bayle, tous les athées et matérialistes ou panthéistes qui inventent librement un néospinozisme, surtout en France avec Du Marsais, le curé Meslier, Don Deschamps, Mably, Helvetius, La Mettrie, et Diderot, point culminant. Il touche aussi l’Angleterre, devenue après 1740 le centre des Lumières modérées – le whiggisme –, avec Collins et Toland, l’Italie avec Ricuperati. Soulignons par ailleurs que la connaissance de l’évolution des rapports sociaux, celles des contradictions et crises de l’Ancien Régime de 1661 à 1789, celle du mouvement des luttes et expériences paysannes et urbaines ont été renouvelées par le travail de Jean Nicolas et de son équipe [1].
4Les Lumières radicales ne sont pas un mouvement hérétique minoritaire. Elles sont le protagoniste d’un débat qui complique l’opposition des Lumières aux Anti-Lumières en se posant en troisième acteur original liant le combat contre les anti-Lumières à un dépassement des limites et des équivoques des Lumières modérées. Les Lumières se dédoublent et se divisent en deux camps alliés sous certains points de vue, mais antagonistes en définitive quant à leurs objectifs finaux.
La radicalisation du paradigme des lumières radicales
5Le concept de Lumières radicales a été mis en circulation par la grande historienne Margaret C. Jacob dans son livre de 1981 The Radical Enlightenment. Pantheists, Freemasons, and Republicans (Les Lumières radicales. Panthéistes, Francs-Maçons et Républicains, non traduit en français). Il a été repris et transformé par l’historien américain Jonathan Irvine Israël dans son livre synthèse de 2001 devenu référence Radical Enlightenment. Philosophy and the Making of Modernity 1650-1750, traduit très rapidement en français sous le titre modifié Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza, et la naissance de la modernité (1650-1750) aux éditions Amsterdam en 2005. Cet éditeur fait un remarquable travail sur cette thématique. Il a publié en 2007 un volume collectif intitulé Qu’est-ce que les Lumières » radicales » ? Libertinage, athéisme et spinozisme dans le tournant philosophique de l’âge classique, placé sous la direction de Catherine Secrétan, Tristan Dagron, Laurent Bove.
L’apport de Margareth C. Jacob
6 Margareth C. Jacob expose la première l’opposition entre Lumières modérées et Lumières radicales qui conduit à la nécessité de repenser les découpages historiques et géographique, les généalogies intellectuelles et le déplacement des enjeux. Le terme de « radical » est anachronique ; il est emprunté à la politologie anglo-saxonne pour désigner l’aile gauche du libéralisme, celle qui unit république et égalitarisme. En Angleterre, ce terme recouvre correctement le courant social, idéologique et politique radical qui s’est manifesté durant la Révolution avec les Diggers et les Livellers et qui fut combattu à la fois par les monarchistes et les libéraux, eux-mêmes partisans d’un régime constitutionnel et du règne de la loi naturelle fondée sur les droits de l’individu libre et propriétaire, avec Locke à leur tête. Ce courant révolutionnaire qui s’exprimait dans le langage évangélique du renversement des hiérarchies fut battu. Les dissenters désireux de lui donner une base théorique le poursuivirent d’autres façons. Les plus notables comme Anthony Collins et John Toland la cherchèrent dans un panthéisme incluant à la fois des éléments de la philosophie naturelle de Bruno et de l’ontologiede Spinoza. Le radicalisme politique se lia à un radicalisme théorique qui refusait tout compromis avec la religion assimilée à la superstition. Margareth Jacob analyse la genèse de ce courant et le met en rapport avec un réseau culturel formé de salons, de cercles philosophiques et surtout de loges maçonniques. Les Pays-Bas en furent la base.
7 Ce courant de panthéistes qui veulent légitimer la république en l’inscrivant dans une philosophie théorique effraye par la logique de sa critique théologico-politique ceux des penseurs des Lumières qui entendent alors aménager un compromis entre religion et critique et cantonner les revendications sociales et politiques dans le cadre du nouvel ordre issu de 1688. De ce point de vue, c’est la conjonction entre la politique juridique et morale de Locke et l’épistémologie de la nouvelle science élaborée par Newton et son cercle (Oldenburg, Clarke) qui est le cadre théorique de référence. Le Dieu de Newton demeure le Dieu créateur et conservateur du monde dont la nouvelle science étudie les lois immuables. Si ce Dieu se révèle à l’homme les institutions ecclésiastiques qui reçoivent la Révélation doivent se soumettre à l’État souverain et tolérer l’expression de diverses confessions religieuses. Cet ordre humain inscrit dans l’ordre naturel est lui-même une création spécifique dont Dieu délègue à l’homme la responsabilité : ce qui ne saurait être toléré est l’athéisme, le matérialisme ou le panthéisme sur le plan religieux et la subversion républicaine sur le plan politique. On a là le système conceptuel en quelque sorte typique des Lumières que l’on dira « modérées ». Voltaire en ses Lettres philosophiques en donne une version classique unissant le déisme, l’État constitutionnel de droit avec ses libertés de penser et de croire, ses garanties légales et son relatif conservatisme social. C’est la synthèse du premier libéralisme.
8 Il suit de la recherche de Margareth Jacob plusieurs conséquences. Cet espace à trois se structure autour d’alliances et de renversements d’alliances. Les Contre-Lumières peuvent accepter provisoirement le compromis avec les Lumières modérées pour lutter contre les Lumières radicales tout en se réservant le droit d’une critique radicale des Lumières en leur ensemble. Les Lumières radicales peuvent s’allier avec les modérées dans la critique de la superstition et du despotisme ; mais il leur faut construire leur autonomie en radicalisant la critique spéculative et politique de tout modératisme.
9 Ensuite, sur le plan de la périodisation historique comme l’avaient déjà fait les recherches plus anciennes de Paul Hazard, il faut prendre en grand compte la période 1650-1750 et donner toute son importance au dernier tiers du xviie siècle puisque c’est là que se constitue la division interne des Lumières.
10 Enfin, sur le plan géographique il faut à la fois tenir compte de la diversité extrême en Europe des positions et des argumentations et en même temps ne pas négliger la caractérisation « nationale » des Lumières. Pour Margareth Jacob il faut prendre ainsi la mesure des Lumières hollandaises qui sont trop négligées par les historiens et étudier la contamination réciproque avec l’importance de l’Enlightenment anglais dans la formation des Lumières radicales au tournant des xviie et xviiie siècles. De manière plus générale, c’est l’Angleterre qui, après 1740, est le centre du mouvement majoritaire, non la France.
La radicalisation de Jonathan Israël
11 Jonathan Israël consacre la catégorie des Lumières radicales et en prouve la fécondité heuristique et la fonction historiographique en déplaçant d’abord géographiquement le concept. Il lui donne ensuite un contenu systématique fondé sur la philosophie de Spinoza. Seule celle-ci, en effet, procure selon lui une consistance doctrinale au radicalisme philosophique, politique et religieux qui unit les divers néospinozismes se développant après 1680, surtout en France.
12 Israël s’accorde tout d’abord avec Jacob pour réévaluer toute l’importance des Lumières hollandaises. Initialement tributaires de Hobbes et de sa critique laïque de l’Écriture et du royaume ecclésiastique des spectres, de Descartes et de sa physique mécaniste, ces Lumières se renouvellent au contact de Spinoza. Ce philosophe inspire une onde longue d’œuvres critiques de la religion, de la morale religieuse, de la monarchie et souvent défend le modèle politique d’une république fédérale laïque. Israël restitue avec éclat des figures et des destins souvent tragiques. Tels ceux de Van den Ende, qui fut maître de latin pour Spinoza, ou des frères Koerbagh, républicains accusés d’athéisme, de Louis Meyer auteur de Philosophia Scripturae Interpres (La philosophie interprète de l’Écriture). Il montre que ces débats ont remué l’Allemagne et les pays scandinaves. C’est contre ces Lumières radicales postspinoziennes que se constitue l’intervention philosophique de grand style accomplie par Leibniz et son élève Wolff pour élaborer une métaphysique rationnelle, compatible à la fois avec le christianisme et les sciences, et pour consolider des monarchies appelées à se réformer dans le sens d’un constitutionnalisme juridique.
13 Toutefois Israël n’accepte pas l’anglocentrisme de Jacob. Pour lui, c’est en France que se continue, s’amplifie et se systématise le courant qui est aussi le parti des Lumières radicales. Ce mouvement commence avec Bayle et son célèbre article « Spinoza » du Dictionnaire historique et critique. La discussion du « système absurde » de l’Éthique cache une fascination qui se manifeste dans la thèse de l’athée vertueux. Le scepticisme de Bayle a pour limite une éthique non normative empruntée largement à Spinoza. Le mouvement s‘intensifie avec les traductions françaises des ouvrages de Spinoza assurées par Boulainvilliers. Il culmine dans les ouvrages plus systématiques des matérialistes français, d’Holbach, La Mettrie et, le plus grand et le plus original de tous, Diderot.
14 Pourquoi accorder à Spinoza le rôle majeur de source principale des thématiques des Lumières radicales ? Pourquoi ce privilège qui pourrait faire craindre un panspinozisme fétichiste et conduire à la recherche vaine des influences ? Pourquoi radicaliser l’interprétation de ceux qui, comme Paul Vernière dans un livre essentiel : Spinoza et la pensée française avant la Révolution, avaient étudié les néospinozismes présents dans la pensée française d’avant la Révolution, sans faire de Spinoza la référence absolue ? À cette objection, Israël répond en soutenant que Spinoza est le seul philosophe à avoir systématisé une ontologie de la puissance immanente de la nature, à avoir éliminé toute physico-théotéléologie et tout finalisme transcendant de la nature et à avoir récusé tout dualisme entre la pensée et l’étendue, à avoir affirmé l’identité de l’âme et du corps, à avoir aussi élaboré une éthique de la joie définie comme augmentation simultanée de la puissance d’agir du corps et de la puissance de penser de l’esprit. Cette éthique implique la critique de la superstition, de la crédulité dans les miracles et les mythes du créationnisme, la redéfinition de la religion en sentiment social positif et en symbolisation du lien humain de coopération. Elle cultive la raison comme recherche des liens de communauté que nouent entre elles les choses singulières et elle promeut l’essor de la science, des sciences de la nature et de la nature humaine.
15Cette science redéfinit le niveau de l’humain au sein de la nature comme niveau complexe, mais appartenant toujours à la nature, sans constituer un empire dans un empire au nom d’une liberté de choix purement imaginaire. Cette science n’est pas la saisie immédiate et définitive d’une totalité puisque la totalité se produit dans le système ouvert des interdéterminations des processus en mouvement. Et aussi parce que la raison se dépasse ici en science intuitive des choses singulières, incluant ainsi les processus singuliers dans cette actualisation indéfinie. La science de l’homme est indissolublement éthique et politique et elle repose sur l’économie des jeux d’affects appelés à trouver la convenance la plus productive. Cette naturalisation de l’humain n’est pas réduction mécaniste, mais intelligence d’un niveau de la nature singulier mais non transcendant. Voilà pourquoi Spinoza et les spinozismes récusent ce qui est le cœur pratique des Lumières modérées, un normativisme qui transforme en absolu encore transcendant la capacité des humains à comprendre leur pouvoir de produire le milieu de vie qu’ils façonnent ainsi que ses lois d’organisation. La politique est alors conçue par-delà tout contractualisme comme système en devenir d’activité autonome par lequel une pluralité d’individus déterminés, une multitude se produit dans un rapport circulaire en constituant à partir d’elle-même une puissance souveraine. La démocratie est ainsi non pas tant un régime déterminé que le processus ouvert et non garanti de la constitution réciproque du peuple et de la puissance souveraine de l’État. L’ontologie spinoziste n’est pas un constitutionnalisme théologique et politique. Elle pense la manifestation d’une puissance infinie sans fondement autre qu’elle-même et s’exprimant dans la puissance des modes finis. La démocratie radicale qu’elle exprime n’a pas d’autre fondement que les relations transindividuelles entre puissances individuelles.
16C’est cet ensemble de thèses qui fait l’unicité de Spinoza et qui constitue une pensée en réservoir d’une puissance critique inépuisable de toutes les autorités métaphysiques, théologiques, morales et politiques. L’unicité de la philosophie de Spinoza est de maintenir un lien entre la déconstruction et la possibilité d’une reconstruction logico-éthico-politique. Spinoza a ainsi donné une cohérence aux multiples besoins et formes de vie et de pensées nouvelles qui faisaient pression au sein du monde moderne en constitution. À tous ceux qui font valoir que ce panspinozisme risque d’être totalisant, voire totalitaire, Israël répond, dans sa contribution au recueil de 2007 « Unité et diversité des Lumières radicales », que les adversaires eux-mêmes en dénonçant la virulence de multiples critiques et en en faisant un bloc obligeaient la pensée critique à se donner une expression cohérente et systématique. Le spinozisme pouvait intégrer, pour les retourner de manière positive, les accusations non nécessairement semblables d’athéisme, de libertinisme, de panthéisme, de matérialisme qui étaient toutes marquées du stigmate de l’infamie, et puiser dans Spinoza les éléments de ce qui constituait une révolution de pensée, une révolution philosophique.
17À ceux qui l’accusent de négliger la pluralité des formes théoriques prises par les Lumières, Israël pourrait montrer la fécondité de sa recherche à partir du caractère opératoire de la structure tripartite ainsi conceptualisée. Ses Lumières radicales, en effet, après une présentation du contexte social et culturel organisent la présentation de « l’essor du radicalisme philosophique » en prenant pour référence les moments essentiels du parcours de Spinoza. C’est d’abord le Traité théologico-politique qui permet la radicalisation de la critique en révolutionnant l’interprétation de l’Écriture, en supprimant la soumission de la philosophie à la théologie et en rejetant totalement les miracles. C’est lui qui affirme l’autonomie de la politique et le principe démocratique. Tous ces gestes sont reconstruits en intégrant les œuvres convergentes (les frères Lacourt, les frères Koerbagh, Louis Meyer, les rencontres avec Huyghens et Boyle). C’est ensuite l’Éthique et son parcours qui va de la métaphysique de la substance unique et infinie et de sa projection dans l’univers des modes finis jusqu’à l’anthropologie du désir et des affects et à la théorie éthico-politique qui donne le cadre des grands philosophèmes de l’émancipation. C’est enfin le Traité politique qui « donne toute sa mesure au combat pour la liberté », la tolérance et l’égalité. Ces analyses se complètent de l’histoire de la diffusion des débats retentissants auxquels donnent lieu ces thèses aux Pays-Bas, en Allemagne en France [2].
18Sur cette base il devient possible de reprendre en deux temps les affrontements qui ont fait rage en Europe. La période 1680-1730 est celle des nouvelles controverses [3]. Avec Bayle et Fontenelle la critique historique dissout les croyances superstitieuses et les oracles. De Van Dale à Bekker s’accomplit la mort du diable. En même temps que se réalise l’effondrement du cartésianisme qui avait de fortes places, s’organise la grande contre-offensive intellectuelle des Lumières modérées, elles-mêmes diverses. La période 1730-1750 est marquée par une progression des Lumières radicales avec la diffusion des manuscrits clandestins dont le célèbre Traité des Trois Imposteurs connu aussi comme Esprit de Spinoza [4]. Le déisme se fait de plus en plus incisif en France avec Boulainvilliers, le marquis d’Argens, en même temps que se constitue le néospinozisme, ce qu’Israël nomme « le roman spinoziste français ». Ce seront les matérialistes français qui ôteront au panthéisme son équivocité de crypto-religion pour donner à ce radicalisme sa marque originale matérialiste et sensualiste, en déportant le spinozisme dans le sens d’un paradigme rationnel dépassant le mécanisme, surtout avec Diderot. Ce dernier est en quelque sorte l’énorme penseur encore trop méconnu qui se fait à la fois l’écho et le recréateur de Spinoza en menant à bien, en compagnie de d’Alembert, la publication de l’Encyclopédie, la plus formidable entreprise de rénovation intellectuelle et morale de toute la modernité, qui explore enfin de nouvelles voies en sciences de l’organisation et en anthropologie et conduit une critique inédite de l’ethnocentrisme et du machisme.
Pertinence et limites du nouveau paradigme
19Les Lumières radicales de Jonathan Israël feront date par la fermeté de la proposition interprétative, la richesse des analyses réellement transnationales, la puissance de la thématique. Cette synthèse magistrale est à la fois un ouvrage de recherche de haut niveau et un texte lisible par un public qui dépasse les spécialistes. Il est possible de formuler des remarques critiques de méthode : la texture de l’enquête est, par exemple, relativement linéaire et relève d’une histoire des idées qui ne s’inscrit pas dans la thématique de l’archéologie du savoir avec ses brisures, ses configurations décalées.
20Ce qui fait surtout problème est plutôt la non-élaboration de catégories supposées expliciter le spinozisme de base, comme celle d’athéisme, de panthéisme, de matérialisme. Ces notions renvoient, en effet, à des stratégies complexes et à des contaminations dont témoignent les œuvres singulières. Tout panthéisme n’est pas nécessairement voué à légitimer un choix politique républicain, en raison d’une tentation mystifiante qui renvoie à la philosophie naturelle de la Renaissance, et certaines élaborations conduisent quelquefois à produire une religion de substitution avec ses cultes et rituels. Le panthéisme rationaliste ne peut s’épuiser dans une intuition du tout ; il doit se renverser en analyses déterminées de choses singulières déterminées. Le matérialisme, de son côté, ne se confond pas nécessairement avec un rationalisme qui pour se vouloir cadre des sciences physiques serait obligatoirement mécaniste. Il se fait souvent organiciste, aléatoire et il introduit des catégories nouvelles : flux vital, énergétisme, résonances, réseau, modèle de la fibre et des compositions de fibres. Les contributions de Toland, de Don Deschamps, du curé Meslier, de Pluquet, de Bonnet, de d’Holbach, de Maupertuis et, bien sûr, de Diderot exigent que soient à chaque fois définis ces concepts et spécifié le spinozisme singulier en question.
21Israël conviendrait sans doute de la pertinence de ces nécessaires particularisations. Il demeure cependant une difficulté plus grave. De nombreuses figures majeures n’entrent pas dans ce drame binaire, même s’il est compliqué par l’intervention des Anti-Lumières. Que faire par exemple d’auteurs comme Vico, Rousseau, Montesquieu, Hume ? Par son manichéisme de fait, le paradigme des Lumières radicales laisse de côté des auteurs qui pour être quelquefois des modérés en politique (Vico, Montesquieu, Hume) sont des novateurs radicaux sur d’autres plans ; ou qui pour être radicaux et républicains en politique (Rousseau) sont des critiques virulents des « philosophes », accusés de complicité avec une civilisation utilitariste et incapables de traduire son potentiel scientifique en vertu et pratiques éthico-politiques soucieuses de l’égalité sociale des droits et de la souveraineté des peuples (comme par ailleurs de l’analyse historique de l’origine et des racines de l’inégalité). Cette critique n’invalide pas l’ensemble de l’apport d’Israël. Elle oblige à pousser les analyses et à étudier les configurations intermédiaires entre les trois références et leurs contaminations réciproques, à compliquer les types idéaux pour parvenir à spécifier et à individualiser les positions effectives historiquement manifestées.
22On peut de toute manière rendre plus pertinent et plus fin le maillage opéré par les trois paradigmes, Lumières modérées, Lumières radicales et Contre-Lumières. C’est ce que suggère Manfred Walther, spécialiste de Spinoza et fondateur des Studia Spinozana. Dans sa contribution au recueil de 2007 « Spinoza et les Lumières radicales », il se réfère à la monographie de Panajotin Kondylis, Die Aufklärüng im Rahmen neuzeithlischen Rationalismus, publiée en 1981 et passée inaperçue, qui montre que le problème qui a divisé les Lumières a été le statut réservé au normativisme éthique et politique.
23La force de Spinoza est de penser ensemble la conception immanente de la nature et la détermination tout aussi immanente de la nature humaine – la liberté humaine ne constitue pas un empire dans un empire, sans tomber dans le nouveau normativisme pratique, sans céder davantage à un relativisme sceptique. Pour comprendre les Lumières radicales il faut faire intervenir la présence inquiétante des Lumières sceptiques qui peuvent soit, pour des raisons de conservation sociales, passer un compromis avec l’ordre établi pour peu que ce dernier consente quelques réformes (Hume, Voltaire, Montesquieu), soit se convertir en enthousiasme ou intuitionnisme normatif, livré à la décision d’une foi morale (Shafestbury, Rousseau) sceptique quant à la valeur éthique de la science de la nature et de la civilisation. Walther propose donc de dialectiser le paradigme de Jonathan Israël en introduisant un quatrième paradigme en quelque sorte transversal, le paradigme des Lumières sceptiques aux issues équivoques [5]. Spinoza représenterait alors une troisième voie, la seule qui donne cohérence aux Lumières radicales, en leur permettant d’échapper au dilemme de choisir entre normativisme éthico-politique, donc liberté et idéalisme, et scepticisme relativiste et nihiliste, donc nécessité et matérialisme.
24La fécondité de l’œuvre de Jonathan Israël se manifeste enfin dans son aptitude à se situer dans un champ de débats où elle peut-être interprétée, révisée et transformée de manière créatrice. C’est là le sens d’un autre ouvrage publié par les éditions Amsterdam réellement à la pointe de l’innovation. Il s’agit de la recherche magistrale d’Yves Citton, spécialiste de la littérature du xviiie siècle et philosophe, L’envers de la liberté. L’invention d’un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières. Faisant aussi de Spinoza la référence axiale, l’auteur montre qu’en partant de cet envers de la liberté qu’est réputé être le nécessitarisme de Spinoza, la prise en compte ainsi permise des conditionnements naturels et sociaux assure mieux que la thèse du libre arbitre et du normativisme moral la liberté effective. Citton reprend la question des néospinozismes français en montrant que plutôt qu’une reprise des thèses de Spinoza ou que d’un jeu d’influences, ce courant de plus en plus fort – il culmine avec d’Holbach et Diderot – produit de nouvelles thèses qui déplacent Spinoza dans des voies novatrices. Il s’agit d’un imaginaire spinoziste inédit et fécond qui abandonne, chemin faisant, toute prétention à une intuition du Tout de la Substance, cette natura naturans. Ainsi se trouve libérée une nouvelle rationalité des divers niveaux de l’objectivité du réel, lui-même saisi en ses singularités, la natura naturata. Celle-ci s’étend de la vie à la société, de la morale réconciliant joie et raison à la connaissance de la connaissance. Sont ainsi exploitées les œuvres de Bayle, Bergier, Bonnet, Boulainvilliers, Don Deschamps, Diderot, Du Marsais, des divers auteurs de l’Encyclopédie (Jaucourt entre autres), du médecin Gaultier, de La Mettrie, de Lignac, Maupertuis, Meslier, Pluquet, Tissot et Vauvenargues. Citton réécrit en quelque sorte le grand livre de Paul Vernière en faisant apparaître que ces néospinozismes ne relèvent pas d’un courant hérétique et minoritaire mais sont constitutifs d’un courant majeur et original puisque chacun des déplacements peut se référer au texte de Spinoza et l’infléchir de manière créative.
25Citton résume son parcours en quelques thèses ultimes sous le titre « Portrait-robot de l’envers » [6]. L’imaginaire spinoziste s’élabore à plusieurs voix et sur plusieurs voies. Il dessine l’image d’une rationalité impliquant l’élaboration d’une nécessité se réciproquant en pensée de l’aléatoire, des flux et des fluctuations, en dynamiques non linéaires et en processus porteur de bifurcations. La liberté se pose tout d’abord, en effet, à partir de son « envers », le déterminisme qui élimine la croyance au libre arbitre et les illusions d’une toute puissance fondée sur l’ignorance des déterminations internes et externes. La liberté effective est le propre de tout agent qui, muni d’une certaine connaissance de ces conditionnements, peut faire ce qui lui est utile et sortir de la servitude. L’organisation d’une communauté politique est d’autant plus forte qu’elle repose sur la multiplication des capacités de raisonner. Mais cette communauté est exposée en permanence au jeu des affects de haine, de rivalité et de concurrence. La liberté n’est donc pas un état donné à sanctionner, mais un processus de libération qui chemine selon des degrés de puissance qui sont à construire dans le cadre de ce déterminisme participatif. La question centrale de l’émancipation est celle d’un potentiel d’intelligence à faire émerger puis à actualiser, d’un possible à effectuer au sein de processus du corps humain et de la machine sociale.
26À l’intérieur des choses singulières que nous sommes, la liberté se définit simultanément par notre puissance de réarrangement des affects. Corps et âme, pratiques corporelles et pratiques intellectuelles-spirituelles sont l’envers et l’endroit d’un même composé. Nous sommes des ensembles complexes naturels capables de gérer les motifs qui nous meuvent. Les sociétés humaines sont des complexes de complexes qui peuvent se réécrire et se reconditionner. Cela dans la mesure où les individus les constituant, dans le cadre de leurs rapports sociaux de transindividualité, sont capables de réécrire et de reconditionner une identité qui n’est pas une essence fixe, mais un ensemble de relations, métastables en certaines limites, à découvrir indéfiniment.
27À chacun de ces niveaux et de l’intérieur de chacun de ces réseaux, la liberté est à concevoir comme résultant d’une tension entre trois axes dont les tendances contradictoires sont à articuler de façon toujours problématique. Le premier axe est celui de la flexibilité adaptative. Les êtres les plus libres dans la nature comme dans la société sont ceux qui sont capables de changer en certaines limites le cours de leurs comportements. Élasticité, sensibilité et flexibilité sont des propriétés à la fois ontologiques et éthiques. Dans une situation donnée, elles conditionnent tout progrès d’un organisme vers un niveau supérieur. Cette supériorité se marque dans la capacité active de résoudre les tensions inscrites dans la situation de départ prise en compte, non dans l’accession à un but final définitif. Elle ne renvoie à nulle providence, à nul dessein de la nature ou de l’histoire, mais au fait même de l’existence-vie. C’est le traitement des données singulières qui permet d’infléchir selon une concaténation inédite l’inertie accumulée par les corps en mouvement, en maximisant la réactivité à des variations minimes perçues dans l’environnement pertinent. Le second axe de la liberté est celui de la persévérance relativement équilibrée, par et dans la résistance aux changements de l’environnement immédiat. Tout corps complexe est ainsi radicalement exposé à l’existence transindividuelle sans garantie de survie infinie. La disparition est une possibilité toujours ouverte que la liberté peut ou non contrecarrer. La liberté est alors pour toute chose singulière la tendance qui lui permet, peu ou prou, à divers degrés, de maintenir une stabilité relative aléatoire sans prédétermination d’essence, avec et en dépit des modifications aussi inévitables qu’équivoques. Le troisième axe de la liberté est la dissidence métastable et inventrice. « Moins un être est libre, plus on est sûr de le modifier, et plus la modification lui est nécessairement attachée. » (Diderot). Le dernier mot ne peut revenir à l’équilibre dynamique. Ce dernier est en tension avec la métastabilté de système sur des seuils de basculement et de bifurcation. L’individu, plus ou moins complexe, est d’autant plus libre qu’il peut innover sans se laisser enfermer dans un dilemme ontologique. Il peut inventer une issue qui est une ligne de fuite par rapport aux termes du dilemme. L’écart, l’insolite, le dissensus, la dissidence sont des caractères naturels à la fois ontologiques, physiologiques et éthico-politiques.
28Il serait, certes, facile d’accuser Yves Citton de mettre Spinoza et les néospinozismes en syntonie avec un modèle de rationalité qui succéderait à la fois à la causalité linéaire du mécanisme, à la causalité des vitalismes ou à la causalité dialectique hégélienne ou marxienne. Il serait facile de discuter l’intervention dans la reconstruction de cet imaginaire spinoziste de schèmes et de concepts empruntés à la théorie de l’individuation de Simondon, à la thermodynamique des systèmes non linéaires étudiés par Prygogine ou à la théorie des catastrophes de Thom ou encore à l’ontologie sociale de Tarde. Une fois encore, dirait-on, on aurait à faire à une interprétation actuelle qui projetterait anachroniquement les ressources théoriques du présent, jugées aujourd’hui les plus pertinentes, dans le système de Spinoza pour transformer celui-ci en précurseur d’une rationalité dont notre temps aurait besoin et qui y existe par ailleurs à l’état dispersé. On aurait là un Spinoza nouveau qui succéderait à bien d’autres. Cette objection est à prendre en compte. Mais il demeure, par ailleurs, que ces néospinozismes analysés par Citton font apparaître la richesse expérimentale de recherches neuves qui visent bien une autre figure de la rationalité. C’est en ce sens qu’elles peuvent se revendiquer d’une libre lecture de Spinoza. En formant le concept d’un imaginaire spinoziste qui réinvente Spinoza sans le contredire expressément, Yves Citton fait voir les néospinozismes comme autant de poèmes théoriques qui mettent en image de nouvelles lumières radicalisant en une sorte de mouvement autocritique les Lumières radicales. Celles-ci ne seraient donc pas un paradigme clos et épuisé, mais l’anticipation encore imaginaire des Lumières du futur, capables de surmonter les limites anciennes, un laboratoire théorique aux virtualités non épuisées, celui d’un dialectique nouvelle. C’est là un beau risque.
Bibliographie
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Notes
-
[1]
Jean Nicolas, La Rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale (1661-1789), Seuil 2002, « Folio Histoire », Gallimard, 2008.
-
[2]
Jonathan I. Israël, Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité. 1650-1750, Paris, 2005 (2001), p. 157-375.
-
[3]
Ibid., p. 377-627.
-
[4]
Ibid., p. 629-796.
-
[5]
Manfred Walther, « Spinoza et les Lumières radicales », in Catherine Secrétan, Tristan Dagron, Laurent Bove, Qu’est-ce que les Lumières « radicales » ? Libertinage, athéisme et spinozisme dans le tournant philosophique de l’âge classique, Paris, 2007, p. 300.
-
[6]
Yves Citton, L’Envers de la liberté. L’invention d’un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières, Paris, 2006, p. 459-466.