Couverture de LP_380

Article de revue

Des idées au cœur de l’actualité

Pages 103 à 113

1Un nombre important de revues publient des dossiers à forte teneur internationale. Signe de crises qui se mondialisent ? Comme pour chaque édition nous livrons brut extraits ou premières lignes de ces numéros.

Cahiers d’Histoire, n° 125

Rebelles au travail

2« Rebelles », le mot est devenu subitement omniprésent dans notre univers social et politique. Que ce soit dans la chanson, le cinéma ou dans la littérature, ou plus dramatiquement dans l’actualité politique. Le mot résonne fort, et fortement polyphonique. Polysémique peut-on dire d’emblée. D’où le choix sans doute des organisateurs des Rendez-vous de l’histoire de Blois 2014 […]

3C’est sur fond de ce retour à la dimension sociale de l ’action des « rebelles » que nous proposons ici ce dossier sur les « rebelles au travail ». Non pas l’histoire de la résistance au travail, du droit à la paresse, qui circule aussi dans les courants socialistes au xixe comme au xxe siècle, comme, hors contexte, le titre pourrait le suggérer, mais histoire plus rude des conflits dans le travail, des formes diverses de résistance, de l’insoumission, de la revendication.

Recherches Internationales, n° 100

Diplomatie française : où est la boussole ?

4Dans l’éditorial du numéro « printemps-été 1995 », nous indiquions  : « Le mondial, loin d’être un facteur extérieur secondaire, ne faisant qu’apporter des corrections négligeables aux problèmes locaux, apparaît comme une réalité intérieure omniprésente façonnant la vie des états, des sociétés et des individus. » Nous étions alors dans une course à la mondialisation effrénée servie par les technologies de la communication, l’essor de la finance et la révolution des transports de marchandises. Pour l’essentiel, le cadre reste inchangé aujourd’hui. Les nations et les peuples sont pris dans la tourmente de la mondialisation et y résistent sous des formes singulières. Un besoin apparaît, visant à prolonger ces résistances par la recherche et la promotion de nouvelles alternatives internationales solidaires et démocratiques.

Économie et politique, n° 722-723

Budget et loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015

5Ce n’est un secret pour personne. La France, comme l’Europe, et en particulier sa zone euro, sont au bord du gouffre. L’Europe est en manque de demande par l’effet des politiques d’austérité salariales et sociales construites sur la baisse du coût du travail et des dépenses publiques et sociales utiles. Conséquence, la déflation frappe à la porte de l’Europe. Alors que le mal européen s’enracine dans une création monétaire pilotée au service de la finance.

6L’injection monétaire massive de la BCE dans l’économie, sans changer les règles de financement de l’activité toujours assises sur une rentabilité financière immédiate, n’ouvre pas la voie d’une reprise durable. Elle relance la croissance financière des capitaux et alimente la reprise de l’endettement public et privé. Avec le ralentissement de la croissance allemande, le couple franco-allemand est désormais devenu un couple dépressif. Qui entraîne non seulement le reste de l’Europe dans la spirale récessive, mais accentue aussi les antagonismes mondiaux. Loin de tirer les leçons de l’échec de la stratégie choisie et d’opter pour une réorientation de sa politique économique et sociale et de la construction européenne, le gouvernement français accélère la fuite en avant suicidaire dans les politiques d’austérité par l’application sans sourciller du Pacte de responsabilité. Un choix politique de droite au motif fallacieux qu’il n’y aurait pas d’autre politique possible. Les lois de finance et de financement de la Sécurité sociale pour 2015 en sont l’incarnation.

7Elles organisent la compression sans précédent des dépenses publiques et sociales, travaillant à une remise en cause fondamentale de notre modèle social. Par de nouveaux cadeaux sociaux et fiscaux au patronat, elles alimentent l’envolée des prélèvements financiers du capital au détriment des prélèvements sociaux.

REVUE TRAVAIL, GENRE ET SOCIÉTÉS, n° 32

Vues d̓ailleurs

8Une fois n’est pas coutume, le dossier de Travail, genre et sociétés invite à un voyage aux quatre coins du monde, avec des zooms sur des trajectoires professionnelles de femmes d’origines géographiques et de milieux bien différents. Ce n’est pas le thème ni l’angle de recherche qui est ici le fil conducteur mais, au contraire, la variété des situations et des contextes qui sont donnés à lire.

Revue des deux mondes [décembre 2014]

Que veut la Chine ?

9Nous n’avons jamais manqué, en France, d’amateurs de la Chine. Et le mot « amateur » ne doit pas être ici pris en mauvaise part. Bien au contraire. Pierre Morel en retrace les moments de cette passion française et l’on se rend vite compte d’un embarras du choix. Quelle bonne échelle de mesure pour comprendre la Chine ? En 1925, André Malraux écrivait ce petit livre magique et prophétique, La Tentation de l’Occident : il n’est pas interdit de le mêler au fameux Quand la Chine s’éveillera d’Alain Peyrefitte, l’un des ouvrages majeurs de nos années soixante-dix. Quant à Simon Leys, hélas disparu cet été, plus personne ne doute aujourd’hui de la justesse cinglante de ses observations sur la révolution culturelle dans Les Habits neufs du président Mao. Trois livres seulement, sur dix mille…

10Le cinquantième anniversaire de l’ouverture de l’ambassade de France à Pékin par le général de Gaulle est l’occasion d’élargir le spectre, de faire le point : où en est cette Chine qui devait s’éveiller ? Que veut-elle en jouant à la fois du référent révolutionnaire et d’un libéralisme qui effarouche jusqu’à nos propres ultras du libre marché ? Nous avons voulu pour cela donner la parole à des Chinois, historiens, sociologues. Il n’y a qu’une Chine et non pas des allégories de la Chine selon les besoins de la cause. Non pas une Chine des dissidents d’un côté et une Chine du Parti de l’autre. Cette Chine paradoxale, déroutante, complexe, nous avons voulu l’écouter. Les événements récents à Hongkong, qui ont fait craindre le pire, ont montré que la Chine avait besoin en effet qu’on l’écoute. Cela sans préjugés, sans idées toutes faites. François Bujon de l’Estang examine ici la place stratégique de la Chine dans le grand combat mondial. C’est sans doute la grande leçon de ce xxie siècle commençant : la Chine n’y apparaît plus comme une divinité immobile et lointaine, mais comme partie prenante au concert général. Puisse ce numéro contribuer à une meilleure écoute du concert.

Vacarme, n° 68

Iran, reportage intellectuel 1978-2014

11Pour avoir donné naissance à la République islamique, la révolution iranienne de 1979 a été très vite stigmatisée. Ici, nous affirmons que, contrairement aux idées reçues, la révolution iranienne n’était dans sa genèse ni islamique, ni religieuse et encore moins khomeiniste. Celle-ci, comme toutes les révolutions, fut l’œuvre d’un ensemble complexe, composé d’acteurs, d’aspirations et d’idées antagoniques. Issue d’un processus lent qui a gagné en épaisseur au gré des vagues de protestation qui montaient et se regroupaient, ce sont des fractions toujours plus importantes du corps social qui lui ont donné sa puissance. Certes le clergé chiite, sous l’égide de Khomeiny, a su mieux capter l’élan du mouvement protestataire que les groupes sociaux et les formations politiques concurrents, qu’ils soient laïcs, musulmans, démocrates ou d’extrême gauche. Mais est-ce une raison pour oublier un autre présent de l’histoire des années 1978-1979 ? Le ressaisir à la manière de Foucault permet d’éclairer le présent iranien de 2009 à aujourd’hui. Et ainsi ce qui fait aussi notre présent.

Le projet, n° 342

Religions, une affaire publique ?

12On croyait les religions reléguées à la sphère privée. Et voilà que catholiques comme musulmans se font plus visibles. La laïcité est-elle en péril ? Peut-elle au contraire bénéficier de leur contribution ?

13Chez les catholiques, il fut un temps où, pour ne pas être taxé de prosélytisme, l’on enseignait à vivre « en chrétien » sans pour autant s’en réclamer. Un témoignage dont la discrétion devait faire la force. Aujourd’hui, l’heure est davantage à l’affirmation visible de son identité. Les musulmans, eux aussi, revendiquent le droit à vivre selon leurs traditions. Dans une société « liquide », où l’individu a le choix infini de ses repères, de ses affiliations, les religions proposent une réponse éthique, une appartenance d’autant plus utile que les liens entre les êtres sont fragiles. Dans une Europe sécularisée, les pratiquants, devenus minoritaires, éprouvent un besoin accru d’affirmer l’enracinement de leurs paroles, de leurs gestes.

14La laïcité comme principe n’est pas contestée. Il est loin le temps où l’Église prétendait soumettre l’État à ses valeurs. Les associations confessionnelles assument désormais tranquillement leur identité et leur originalité, le plus souvent en bonne entente avec l’État. Pourtant, dans un monde laïc, la visibilité accrue des religions ne va pas de soi. […]

15Ces conceptions frileuses de la laïcité heurtent notre socle de valeurs. La liberté de religion, inscrite dans la Déclaration universelle des droits humains, suppose la possibilité d’une expression publique, toute restriction à cette liberté devant être proportionnée et non discriminatoire (cf. C. Baldwin). Balises essentielles, qui disqualifient, par exemple, l’interdiction des minarets en Suisse, les droits et libertés inscrits dans nos textes fondamentaux n’épuisent pourtant pas la question. Car la tension entre religions et État moderne est récurrente. Comment définir précisément le « vivre ensemble », au nom duquel la Cour européenne des droits de l’homme donne raison à la France quand elle bannit le voile intégral ? Comment un débat démocratique pluraliste peut-il s’accommoder de l’affirmation de vérités absolues, fût-ce au nom d’une loi « naturelle » ?

16S’il appartient aux religions de faire entendre dans l’espace public une voix que l’on n’entend pas, ce n’est pas en adoptant une position de surplomb qu’elles seront le plus audibles, mais en allant à la rencontre, en cheminant aux côtés de celles et ceux qui souffrent (cf. C. Dagens). En cherchant à faire éclore au cœur du débat politique une parole née des blessures, du handicap, de l’exclusion sociale (cf. É. Grieu), mais aussi en donnant vie au troisième pilier de la devise républicaine : la fraternité. Les religions ne trouvent-elles pas leur sens premier, étymologique (re-ligare), dans les liens à renouer ? Alors il ne pourra plus s’agir, pour l’humanisme laïc, de s’en affranchir, mais, tout au contraire, d’y trouver un lieu précieux de renouvellement démocratique.

Le débat, n° 181

Droite, gauche : la déliquescence

17Impopularité record du président de la République, déroute électorale de la gauche au pouvoir aux municipales et aux européennes, divisions de la droite et affaires à répétition : l’année politique qui vient de s’écouler a été marquée par une perte de crédit brutale des partis de gouvernement. Elle est d’autant plus spectaculaire et préoccupante qu’elle profite à la seule extrême droite. Trou d’air conjoncturel ou épuisement structurel ? Alain Duhamel et Marcel Gauchet reviennent sur les tenants et les aboutissants de cette situation ; ils examinent ce qu’elle révèle des données de fond de la vie politique française.

18Le plus mystérieux, dans ce paysage sinistré, est l’état de la droite, à laquelle la situation d’opposition devrait donner des ailes. Alain-Gérard Slama montre comment le problème que la gestion chiraquienne du pouvoir avait représenté pour elle, jadis, n’a été dépassé par Nicolas Sarkozy que pour en ouvrir un nouveau. Il est différent, mais il n’est pas moins difficile à résoudre. Frédéric Lazorthes met en lumière de manière plus générale les contradictions dans lesquelles la droite se débat, tant sur le plan de l’organisation que sur celui de la doctrine.

19Parmi les facteurs qui contribuent au brouillage de l’action politique, la pression médiatique n’est pas le moindre. Celle-ci a été encore accentuée, en dernier lieu, par les chaînes d’information en continu.

Commentaire, n° 147

Identité européenne et ambition française

20Interroger l’ambition française et en repérer ce qui semble être l’essentielle ambivalence sont un exercice utile pour celui qui croit à la pertinence et à la fécondité de la construction européenne et ne parvient pas à s’imaginer l’engagement de notre pays dans cette grande aventure comme un déni du passé et comme la mise en congé d’une histoire millénaire.

Esprit [décembre 2014]

Changer de rythmes

21Il y a quelque chose d’insaisissable dans les nouveaux mouvements de contestation écologique qui rassemblent de jeunes militants dans les « zones à défendre » de Notre-Dame-des-Landes ou de Sivens : mélange d’esquive et de confrontation, de prise de responsabilité et de refus de la représentation, de mobilisation engagée et de rejet de la politique. Ces luttes de microrésistance, qui ne se réclament plus d’une politique alternative structurée, se multiplient pourtant en France comme à l’étranger. Elles témoignent d’un souci du monde naturel qui donne à réfléchir.

Lignes, n° 45

Les nouvelles droites extrêmes

22L’agitation d’extrême droite, en France, en Europe : il s’agit bien sûr d’y réagir. Mais de comprendre aussi. Et les questions ne manquent pas : à quoi avons-nous affaire ? La question de ce « à quoi  » nous avons affaire se pose d’autant plus, que nous ne l’avons pour la plupart pas vue venir ; à des extrêmes droites sans aucun doute, mais à des réactions de droite aussi qui ne se caractérisent certes pas d’elles-mêmes comme « extrêmes » (des conservatismes religieux durs) ; qui le sont cependant, au moins en partie, ou qui en ont l’effet, les conservateurs durs s’ajoutant aux réactionnaires nationaux, le familialisme au nationalisme, d’une façon qui n’est certes pas inédite mais qu’on n’avait pas vue depuis un moment, en Europe peut-être, en France sûrement.

23La question des identités nationales (et religieuses) croisant celle des identités sexuelles (le mariage pour tous, le prétendu enseignement du « genre » dans les écoles), quelles sortes d’agrégats ou de syncrétismes idéologiques se constituent-ils ainsi, susceptibles de quelles configurations politiques inédites ?

24Qui encore est susceptible de s’y agréger ? Petits patrons, commerçants, classes moyennes et populaires en voie de dissociation par l’effet de la crise, etc.

25Ces questions ne se sont posées à nous ces derniers mois que sous la pression de la rue : manifestations inquiétantes, détabouisant les énoncés (homophobes, antisémites, anti-Roms), solidarisant des réseaux improbables (Soral et ses liens efficaces, via d’anciens militants de gauche, avec l’islam des banlieues) et des médias (Dieudonné/Valls). Puis des urnes : avec les résultats électoraux du Front national aux municipales, puis aux européennes (le FN, premier parti de France !), lesquels témoignent que les urnes aussi enregistrent ce mouvement d’ensemble.

26La question de la gauche demande aussi à être posée dans ce contexte, elle qui n’a pas à ce point déçu ceux qui avaient placé leur attente en elle, sans que des effets s’en ressentent, entre autres dans les régions rurales et industrielles et les électorats ouvriers et populaires.

27On parlera, à titre provisoire, mais sûr, de « nouvelles droites extrêmes », de façon à éviter de parler trop vite et trop simplement de « fascisme ». Il est douteux d’ailleurs que ce dernier mot convienne, qui est daté, qui ne dit plus rien de précis, qui ne parvient pas même à dire encore ce qui exista réellement sous ce nom. C’est d’autre chose qu’il est sans doute question, pas nécessairement moins inquiétant.

Mouvements, n° 80

Le travail contre nature ? Syndicats et environnement

28C’est à notre connaissance la première fois qu’un numéro entier de revue est consacré aux liens entre syndicalisme et environnement, dans l’espace francophone. Les différents textes réunis dans ce numéro spécial problématisent et aident à comprendre cette relation. L’idée encore fort répandue selon laquelle les syndicats seraient nécessairement les soutiers d’une croissance économique excessive, apparemment insensibles aux conséquences écologiques des modes de vie et de production actuels, est mise à mal. C’est une caricature fort utile à celles et ceux qui tentent de diviser les différents mouvements sociaux émancipatoires et de fragmenter les fronts d’opposition à la domination capitaliste. On ne peut pas non plus sombrer dans un optimisme ou un volontarisme excessif, tel qu’on le trouve parfois chez les tenants de l’« écosocialisme », pour lesquels les contradictions entre la politique écologique et l’action syndicale seraient secondaires. Les conceptions actuellement dominantes du syndicalisme et de la protection de l’environnement sont, pour le moins, en tension, sous des formes différentes d’ailleurs selon qu’on se trouve au Nord ou au Sud géopolitique.

Dissidences, n° 7

Retour et recours à l’histoire ouvrière et socialiste dans les années 1970

29Le titre mérite explication dans le cadre de ce séminaire consacré à « Histoire, socialisme et éducation ». En choisissant d’interroger le retour et les recours à l’histoire ouvrière dans les années 1970, je travaille évidemment en oblique la chronologie de votre séminaire, questionnant les liens entre socialisme et éducation entre 1830 et 1914 au titre des usages politiques qui les instruisent au mitan des années 1970. C’est donc d’un certain regard, inscrit dans l’entre-deux-mai, qu’il est question ici. Le retour vaut là recours dans une séquence restauratrice qui connaît son acmé avec la fameuse polémique de 1979 initiée par Alain Decaux et l’APHG sur l’enseignement de l’histoire/géographie [Chambarlhac, 2012] ; peu importe que ce recours échoue, il indique un moment politique de la gauche. Retour et recours au socialisme du xixe siècle composent avec l’école, lieu saturé de politique, mais aussi et surtout sans doute dans la réactualisation par le discours anti-autoritaire de 1968 avec la maxime de la Ire Internationale, « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

30Une approche éditoriale permet de cerner au plus près des acteurs cette dialectique du retour et des recours, elle introduit le questionnement de ces figures exhumées d’un socialisme d’éducation largement prémarxiste.

Vingtième siècle, n° 124

Militaires et pouvoirs au Moyen-Orient

31Alors que depuis décembre 2010, mouvements de contestation, soulèvements, révolutions bouleversent le Moyen-Orient, ce dossier de Vingtième Siècle revient sur la place et la fonction qu’ont occupées les armées dans plusieurs pays (Égypte, Irak, Israël, Liban, Turquie, Syrie), sur leur rapport à d’autres formes de pouvoir, notamment politique. Au moment de la constitution de ces armées, les militaires se voient reconnaître deux missions, celle d’intégrer les différentes composantes de la nation et celle de la défendre. Mais ils assument bientôt un rôle plus important, hérité de l’époque ottomane : ils deviennent des arbitres des forces sociales et politiques, voire, dans certains cas, ils renversent les régimes, au nom d’un idéal révolutionnaire.

Actuel marx, n° 56

Les Amériques indiennes face au néolibéralisme

32Depuis les années 1970, un nouvel acteur politique a progressivement émergé sur la scène publique latino-américaine : les peuples amérindiens. Marginalisées, exploitées, invisibilisées, victimes du racisme structurel et dépossédées de leurs terres, les populations appelées autochtones, indigènes ou aborigènes sont réapparues avec force.

Pouvoirs, n° 151

Les impôts

33Le consentement à l’impôt, présenté comme le point de départ du parlementarisme moderne, porte en réalité des conceptions variées de la légitimité du pouvoir fiscal. Que l’une de ces interprétations ait triomphé en France pendant deux siècles, avec un consentement exprimé par un Parlement représentant de la nation souveraine, n’interdit pas que l’article 14 de la Déclaration de 1789, synthèse des débats fiscaux prérévolutionnaires, ne reste passible d’autres lectures.

Charles, n° 11

Les Verts - 30 ans de transition politique

34Longtemps portés par Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère et Dominique Voynet, les Verts fêtent aujourd’hui leurs 30 ans. Nés en 1984 de la fusion de plusieurs courants écologistes, ce drôle de petit parti, réputé pour ses dissensions internes et ses débats abscons, ne se voulait ni de droite ni de gauche jusqu’au début des années 1990. Rallié depuis au PS avec les valses-hésitations que l’on sait, transformé en Europe Écologie Les Verts (EELV) depuis 2010, ce parti mouvant a toujours été une pépinière de personnalités politiques hors-normes. À l’heure où une nouvelle génération emmenée par Cécile Duflot semble en avoir pris les rênes, et où l’important débat sur la transition énergétique passe devant l’Assemblée, Charles raconte cette histoire mouvementée, cahoteuse, de l’écologie politique française

pouvoirs locaux, n° 101

Les nouveaux lieux de décision

35« La France a eu besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour se faire. Elle a aujourd’hui besoin d’un pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire. » C’est par cette citation de François Mitterrand en 1981 que débute l’exposé des motifs du projet de loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République présenté en conseil des ministres le 18 juin 2014. Cette entrée en matière laisse perplexe. Nous sommes en 2014. Est-ce pour ne pas se défaire que la France a besoin aujourd’hui d’un pouvoir décentralisé ? »

POLITIX, n° 106

Mobilisations conservatrices

36La sociologie des mouvements sociaux a plutôt favorisé l’étude des mobilisations progressistes : celles qui entendent remettre en cause l’ordre social et politique dominant. On voudrait dans ce numéro de Politix observer ce qui se passe de l’autre côté, en prenant pour objet les actions et les réactions de ceux qui sont plutôt placés du bon côté des rapports de domination, qui luttent contre la transformation…

BOOKS, n° 60

Le naufrage annoncé du modèle allemand

37Depuis 2005, l’Allemagne moribonde du tournant du millénaire affiche une santé économique insolente. La crise de 2008, loin de casser cette relance, l’a rendue plus spectaculaire encore : alors que les autres pays européens vacillaient, le chômage était divisé par deux outre-Rhin et les excédents commerciaux y atteignaient des niveaux stratosphériques. Aujourd’hui encore, le pays exporte pratiquement autant que la Chine (dix-sept fois plus peuplée) et plus que les États-Unis. Ces performances hors-normes pourraient bien pourtant n’être que le chant du cygne d’une nation condamnée au déclin. De nombreux indicateurs (un taux de natalité parmi les plus bas au monde, notamment) laissent supposer que cette situation d’apesanteur ne durera pas, que l’ancien « homme malade » de l’Europe est tout proche d’une rechute. Pire, l’embellie des dernières années, si on la replace sur une plus longue durée, cache mal la stagnation profonde du pays.

38Dans l’article qui ouvre ce dossier, Philippe Legrain, l’ancien conseiller anglais de Manuel Barroso, démystifie ce que d’aucuns ont qualifié de « second miracle économique » allemand. Cet examen sans concession n’est du reste pas l’apanage d’étrangers jaloux d’un modèle qui n’est pas le leur. En Allemagne même, l’automne 2014 a vu paraître, coup sur coup, deux ouvrages aux titres sans équivoque : L’illusion allemande et La bulle allemande. Nous avons interviewé l’auteur du second, Olaf Gersemann, qui dirige les pages économiques du quotidien Die Welt. À l’unisson de Legrain, il souligne en outre d’autres faiblesses de son pays : par exemple le poids disproportionné du secteur automobile dans le PIB. L’autosatisfaction de ses compatriotes le laisse perplexe. Car enfin, à quoi bon tous ces excédents commerciaux ? Dans un autre entretien, l’anthropologue Emmanuel Todd propose une explication : ils permettent à l’Allemagne de dominer l’Europe. Pour lui, jauger la réussite allemande à l’aune de critères strictement libéraux comme le fait Legrain, c’est ne rien comprendre aux spécificités d’un pays qui obéit à d’autres impératifs que le monde « atlantique ». L’objectif premier de l’Allemagne n’est pas le « bien-être », mais la « puissance ».

FUTURIBLES, N° 403

D’une ère à l’autre

39En 1972, quatre chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) publiaient le premier rapport au Club de Rome sous le titre The Limits to Growth, qui montrait en substance que la poursuite de la croissance économique, sur le modèle occidental de développement, exigeait une consommation toujours plus importante de ressources qui, inévitablement, buterait sur des limites. Le premier choc pétrolier conféra à ce rapport, improprement traduit en français sous le titre Halte à la croissance, un grand succès en dépit des critiques dont il fut l’objet.

40L’économie-monde était alors dominée par les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui ne représentaient guère qu’un quart de la population mondiale, et certaines de ces critiques vinrent des pays alors regroupés sous le terme de « tiers-monde » qui, naturellement, aspiraient à sortir du sous-développement. Depuis lors, fort heureusement, une part croissante de la population mondiale s’est à son tour invitée au banquet de la planète. Elle a adopté peu ou prou le même modèle de développement que l’Occident et la consommation de ressources a considérablement augmenté, celle des ressources non renouvelables s’accroissant beaucoup plus rapidement que celle des ressources renouvelables. N’allons-nous pas alors bientôt atteindre un pic de consommation infranchissable, tout en détruisant simultanément les fragiles équilibres de notre écosystème ?

41Le rapport The Limits to Growth a fait l’objet de plusieurs mises à jour montrant toutes que « le système mondial suit une trajectoire qui n’est pas durable », telle celle de Graham Turner […] Ses conclusions sont sans ambiguïtés  : la croissance démographique et le développement économique se traduisent par des pressions croissantes sur les ressources naturelles et par une explosion des pollutions qui, très prochainement, conduiront à la catastrophe. […]

42En substance, que nous enseignent les travaux dont rend compte ce numéro spécial sur la transition écologique ? Outre ce que les lecteurs découvriront au fil de leur lecture, deux choses élémentaires. D’abord — immense banalité ! — que le produit intérieur brut (PIB) n’est pas le bonheur national net : le PIB comptabilise ce qui est cher et fait l’objet d’échanges marchands, non ce qui nous est cher. Et que la croissance économique n’est pas un but mais un moyen, qu’en outre le contenu de la croissance économique, y compris en emplois et en aménités, est sans doute plus important que son taux. Nous savons cela depuis fort longtemps grâce, entre autres, à Arthur Cecil Pigou, Bertrand de Jouvenel [3] et, plus récemment, aux travaux de la commission Stiglitz. Cela signifie qu’il nous faut travailler sur les modèles de développement et les indicateurs pertinents.

43Ensuite — et c’est encore plus banal de le répéter ici — que le défi auquel nous sommes aujourd’hui confrontés est de changer d’ère. Il faut nous entendre sur ce que l’on appelle « la crise ». Les uns s’obstinent à penser qu’il s’agit d’une crise conjoncturelle et cherchent désespérément à restaurer l’ordre ancien. Comme je l’ai déjà écrit dans ces colonnes, je pense qu’ils se trompent, que nous sommes à la croisée de deux mondes : l’un qui n’en finit pas de mourir et auquel on s’accroche désespérément, l’autre qui reste très largement à inventer et à construire, que l’on a de la peine à se représenter, ce qui sans doute explique que l’on se crispe sur un schéma dépassé. Comment penser ce futur ? Comment passer du « toujours plus » au « toujours mieux », de l’ère de l’abondance à celle d’une sobriété choisie, peut-être davantage porteuse d’espoir ?

Revue du Mauss, N° 43

Du convivialisme comme volonté et comme espérance

44En juin 2013, paraissait (au Bord de l’eau) un petit livre intitulé Manifeste convivialiste. Déclaration d’interdépendance. Signé par soixante-quatre intellectuels français ou étrangers (rejoints par une cinquantaine d’autres depuis), il a déjà été traduit, au moins sous sa forme abrégée, dans une dizaine de langues. Son premier mérite est d’exister. Sa parution montre qu’avec de la volonté, il est possible de surmonter les clivages, trop nombreux et qui nous condamnent à l’impuissance, qui séparent encore tous ceux qui, partout à travers le monde, s’opposent pratiquement ou intellectuellement au règne du néolibéralisme et du capitalisme rentier et spéculatif en dessinant les contours d’un monde postnéolibéral. Ces auteurs représentent à titre personnel des courants de pensée, des réseaux associatifs, des réseaux de réseaux, etc., très variés. Pour en rester à la France : l’Appel des appels, Attac, Dialogues en humanité, Fair (le Forum pour d’autres indicateurs de richesse), les États généraux du pouvoir citoyen, le Laboratoire de l’économie sociale et solidaire, le Pacte civique, les revues ou magazines Alternatives économiques, Multitudes, la Revue du MAUSS, une frange du patronat alternatif, etc.


Date de mise en ligne : 22/03/2020

https://doi.org/10.3917/lp.380.0103

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