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Article de revue

À la recherche du meurtre de la mère

Pages 29 à 46

Notes

  • [1]
    S. Freud (1939), L'Homme Moïse et la Religion monothéiste, Paris, Gallimard, 1986, p. 212-214.
  • [2]
    Ibid., p. 213.
  • [3]
    P. Merot, Trace du maternel dans le religieux, Revue française de psychanalyse, 2011, 5, p. 1353-1433.
  • [4]
    S. Freud (1900), L'Interprétation des rêves, Paris, Puf, 1967, p. 222.
  • [5]
    Homère, L'Odyssée, Paris, Gallimard, « La Pléiade », 1955, p. 700.
  • [6]
    S. Freud, S. Ferenczi (1920-1933), Correspondance, III, « Les années douloureuses », Lettre du 16 septembre 1930, Paris, Calmann-Lévy, 2000.
  • [7]
    S. Freud (1913), Le motif du choix des coffrets, L'inquiétante Étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 1985, p. 61-81.
  • [8]
    S. Freud, L'interprétation des rêves, op. cit., p. 222.
  • [9]
    S. Freud (1920), Au-delà du principe de plaisir, OCF-P, XV, Paris, Puf, 1996, p. 286.
  • [10]
    S. Freud (1917), Un souvenir d'enfance de Poésie et Vérité, OCF-P, XV, Paris, Puf, 1996, p. 65-75.
  • [11]
    S. Freud, Au-delà du principe de plaisir, op.cit., p. 288.
  • [12]
    S. Freud, L'interprétation des rêves, op. cit., p. 222.
  • [13]
    S. Freud (1927), L'humour, OCF.P, XVIII, Paris, Puf, 1994.
  • [14]
    « […] la défense qu'il [l'humour] exerce contre la possibilité de la souffrance », ibid., p. 137. Et dans « Au-delà » : « cette effrayante expérience vécue deviendra en toute certitude le contenu du prochain jeu », op. cit., p. 287.
  • [15]
    « Jeter au loin l'objet […] pourrait […] avoir alors la signification d'un défi » (« Au-delà », op. cit., p. 286). Et dans « L'humour » : « l'humour n'est pas résigné, il est empreint de défi », op. cit., p. 137.
  • [16]
    Nous l'avons déjà rencontrée à propos du jeu en particulier avec Goethe, et dans « L'humour » : « Regarde, le voilà donc ce monde qui a l'air si dangereux. Un jeu d'enfant, tout juste bon à ce qu'on en plaisante », op. cit., p. 140.
  • [17]
    L'« activité de jeu est sous l'influence du souhait […] d'être grand et de pouvoir faire comme les grands », « Au-delà », op. cit., p. 287. Et dans « L'humour » : « quelqu'un se traite lui-même comme un enfant et joue dans le même temps envers cet enfant le rôle de l'adulte supérieur », op. cit., p. 138.
  • [18]
    S. Freud, « Au-delà », op. cit., p. 288.
  • [19]
    S. Freud, « L'humour », op. cit., p. 140.
  • [20]
    D.W. Winnicott (1947), La Haine dans le contre-transfert, Paris Payot, 1969, p. 57.
  • [21]
    J. André, La Folie maternelle ordinaire, Paris, Puf, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2006, p. 20.
  • [22]
    H. Ibsen, Les Revenants, Arles, Actes Sud, 1990.
  • [23]
    J.‑C. Rolland, Les Yeux de l'âme, Paris, Gallimard, 2010, p 249.
  • [24]
    J. Cournut, Pourquoi les hommes ont peur des femmes, Paris, Puf, 2001, p. 260.
  • [25]
    L. Kahn, L'Écoute de l'analyste, Paris, Puf, « Le fil rouge », 2012, p. 103.
  • [26]
    C. Chabert, Féminin mélancolique, Paris, Puf, « Petite Bibliothèque de psychanalyse », 2003, p 89.

1 Dans la perspective freudienne, c'est le meurtre du père qui est fondateur, qui fait référence. Avec Totem et Tabou, Freud réussit l'extraordinaire performance d'articuler psychologie individuelle et psychologie collective en liant le complexe d'Œdipe à la grande histoire. L'ambivalence et la culpabilité engendrées par ce passé meurtrier font le pont : le contrat social, le religieux et le culturel permettent après-coup au drame œdipien d'engager la perlaboration individuelle du crime historique. Selon cette perspective, le meurtre du père marque une discontinuité qui introduit la causalité, la temporalité et la mémoire. Il symbolise une coupure, avant coup, de la castration fantasmée et symbolique. Il permet ainsi d'ouvrir à la vie de l'esprit grâce à l'acquisition d'un processus de pensée qui élève au-dessus de « la perception sensorielle », à savoir « la découverte de l'âme comme principe spirituel au sein de l'individu [1] ».

2 Mais pourquoi attribuer toutes ces conséquences au seul meurtre du père, puisque, finalement, Laïos et Jocaste meurent tous deux de morts violentes ? Pourquoi le matricide ne participerait‑il pas à ce processus de coupure symbolisante ? Les motifs ne manqueraient pas pour armer le geste matricide : séduction et trahison pour la mère œdipienne, omnipotence, contrôle du corps et intrusion pour la mère préœdipienne, enfin ventre plein de choses inquiétantes ou enviées pour la mère kleinienne.

3 En plusieurs endroits de L'Homme Moïse, Freud semble approcher cette question, en particulier à propos du passage du matriarcat au patriarcat. Tout en rappelant le caractère peu connu des facteurs déterminant ces changements, il souligne le rôle des forces sociales à l'œuvre et les grands bouleversements qui les accompagnent. Tenterait‑il d'aborder le meurtre de la mère ? Peut-être ! Il consacre d'ailleurs quelques lignes à l'Orestie mais sans référence explicite au meurtre de Clytemnestre par son fils : « […] il advint que l'ordre social du matriarcat fut remplacé par l'ordre patriarcal, mutation à laquelle se lie naturellement le renversement des rapports juridiques jusqu'alors existants. On croit percevoir encore dans l'Orestie d'Eschyle l'écho de cette révolution [2]. »

4 Quoi qu'il en soit, son questionnement ne remet pas en cause sa référence à un meurtre paternel fondateur, et Patrick Merot, dans son rapport sur la Trace du maternel dans le religieux [3] au Congrès des Psychanalystes de Langue Française de 2010, remarque que Freud ne s'engage pas dans la voie du matricide. Cependant, il explore avec attention les relations de la mère et de la mort.

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*

6 Dans le rêve de la mort de personnes chères, Freud montre chez l'enfant l'équivalence de la mort et du départ, « être mort signifie seulement être parti, ne plus déranger les survivants ». Ainsi de la mort de la mère : « Quand la mère part “pour ce pays inexploré d'où ne revient jamais aucun voyageur'', il semble d'abord que les enfants l'oublient, ce n'est qu'après-coup qu'ils se rappelleront la morte [4]. » Ainsi, la mort peut représenter le départ et le départ, la mort.

7 Lorsque Ulysse rencontre sa mère au Pays des morts et qu'il lui demande : « […] quelle Parque t'a prise et couchée dans la mort ? », Anticléi répond : « Ce n'est pas la langueur, ce n'est pas le tourment de quelque maladie qui me fit rendre l'âme ; c'est le regret de toi, c'est le souci de toi, c'est, – Ô mon noble Ulysse ! – c'est ta tendresse même qui m'arracha la vie [5]… » Ici la mère meurt d'être séparée du fils aimé. Serait-ce le départ qui serait matricide, un matricide causé par l'amour et la tendresse et dont l'effacement se cherche dans l'aventure conquérante ? Cela rendrait‑il compte du sentiment d'affranchissement et de délivrance que Freud éprouve au lendemain de la mort de sa mère et qu'il explique ainsi à Ferenczi : « C'est que je n'avais pas le droit de mourir quand elle était encore en vie et maintenant j'ai ce droit [6]. »

8 C'est l'inverse dans le thème des Trois coffrets [7] où l'image de la mère prend trois formes : « la mère elle-même, l'amante que l'homme choisit à l'image de celle-ci, et, finalement la Terre-Mère qui le reprend à nouveau », une reprise, qui lie la mort au retour à la mère. Si nous revenons à l'analyse des rêves de mort des personnes chères dans le texte freudien, le retour vers le corps maternel s'accompagne effectivement d'une menace, d'un danger. Telle fillette dit à son père à propos d'une des surveillantes hostiles de sa pension : « Joséphine devrait bien mourir. Pourquoi mourir, dit le père, ne suffirait‑il pas qu'elle s'en allât ? Non, répondit l'enfant, parce qu'elle pourrait revenir [8]. » Telle autre patiente habitée de souhaits meurtriers à l'égard de sa mère s'agite dès qu'elle l'approche. En d'autres termes, la thématique du départ semble concerner la mort de la mère et le retour celle de l'enfant. Départ et retour lient donc la mort de la mère à celle de l'enfant. Serait-ce la répétition de leur alternance, de leur jeu qui permettrait de maîtriser le danger et de trouver une issue symbolique ?

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10 Départ, éloignement d'un côté, rapprochement et retour de l'autre évoquent le jeu de la bobine. Si l'on s'y reporte, le « jeter au loin » est une réponse vengeresse au départ de la mère, un contrôle de ce départ par renversement. « Jeter au loin l'objet, de sorte qu'il soit parti pourrait satisfaire une impulsion de vengeance, réprimée dans la vie à l'égard de la mère parce qu'elle est partie loin de l'enfant et avoir la valeur d'un défi [9] » : ce n'est pas la mère qui part, c'est l'enfant qui jette, éloigne, fait disparaître. Partir, s'absenter, fuguer pourront prendre ensuite la même signification, et toujours le renversement animé par la vengeance et le défi comme moyen de maîtrise.

11 Dans « Un souvenir d'enfance de Poésie et Vérité[10] » un petit garçon de deux ans et demi jette des objets lourds par la fenêtre. Ils symbolisent selon Freud la mère enceinte à laquelle l'enfant disait aussi : « Maman je vais t'enfoncer le ventre ! » Il conclut son article en montrant que cette qualité expressive concernant l'attaque indirecte du corps maternel est d'autant plus vive que l'enfant a été le favori incontesté de la mère. « On garde, écrit‑il, pour la vie ce sentiment d'être un conquérant. » Dans ces cas, si l'on revient à « Au-delà du principe de plaisir », le jeu de l'enfant se transforme à l'âge adulte en activité créatrice et ne vise plus directement la mère mais le spectateur auquel sont fait partager par l'emboîtement de renversements complexes les éloignements et les retours, autrefois vécus par l'enfant et néanmoins représentés grâce à l'attention tolérante d'une mère [11]. Celle-ci serait‑elle la condition de cette « esthétique d'orientation économique » que Freud appelle là de ses vœux ? Une esthétique qui, à l'origine, représente et permet de partager les départs et les retours de la mère, fait ressentir « les impressions les plus douloureuses […] comme une jouissance supérieure » et va donc au-delà de la maîtrise de la détresse. Combien d'enfants la mort de la mère de Bambi a-t‑elle positivement traumatisés ? Au cours d'une enquête récente, Bambi a été classé par les cinéphiles dans le « Top 15 » mondial des meilleurs films d'horreur, avant Psychose d'Hitchcock. D'ailleurs, Psychose est l'histoire d'un fils taxidermiste et de sa mère momifiée à laquelle il n'a probablement jamais pu dire ce que dit cet enfant de 8 ans cité par Freud au retour du Muséum d'Histoire Naturelle : « Maman je t'aime tellement que, si tu venais à mourir, je te ferais empailler et je te mettrais dans ma chambre de manière à te voir tout le temps [12]. » Si le personnage d'Hitchcock avait pu tenir de tels propos, ne serait‑il pas devenu humoriste plutôt que criminel ?

12 L'humour noir en effet entretient une grande proximité avec le jeu. Comparons ce que Freud dit du jeu et de l'humour dans « Au-delà du principe de plaisir » et dans son article sur l'humour [13]. Nous retrouvons quatre conditions communes : la défense contre la souffrance [14], le défi [15], l'attention tolérante de la mère [16], enfin la possibilité du renversement adulte/enfant [17]. En résumé, grâce au jeu et à l'humour, l'attention tolérante d'une mère permet, en renversant le rapport adulte/enfant, de transformer une expérience de détresse en un jeu créateur. Si l'on suit le texte sur l'humour, cette transformation implique le déplacement de grandes quantités d'investissement entre moi et surmoi. Or ces « déplacements économiques » de l'humour ne retrouvent‑ils pas « l'esthétique d'orientation économique [18]» évoquée à propos du jeu créateur puisqu'ils ont la même finalité ? Le dernier point commun entre jeu et humour serait‑il cette « essence du surmoi » dont Freud parle dans sa conclusion de l'humour et qu'il rapporte non au père mais à ce qu'il nomme l'instance parentale ? « Si c'est effectivement le surmoi qui, dans l'humour, parle au moi intimidé en le consolant avec tant d'amour, soyons avertis que nous avons encore à apprendre toutes sortes de choses sur l'essence du surmoi [19]. » Cette question revient à interroger l'instance parentale qui implique la mère et le père et permet de transformer en renversements créatifs les mouvements de vengeance et de défi. Comment s'installe cette référence ? Comment procède-t‑elle ?

13

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14 Nous avons vu à propos des renversements entre la mère et l'enfant que le jeu et l'humour dirigés par des sentiments de vengeance et de défi essaient de transformer des expériences de détresse en expérience de plaisir. Je laisserai de côté la question de l'origine primaire ou secondaire de cette violence, pour me concentrer sur les conditions du renversement. Freud souligne le rôle de l'investissement maternel. Winnicott montre l'importance de l'élaboration de la haine qui implique le culturel. Les comptines en particulier apportent une aide précieuse. Par exemple, un de mes patients, pour illustrer les capacités séductrices de sa mère, avait retrouvé l'une des comptines qu'elle lui chantait enfant, elle illustrait bien l'ambivalence de leurs rapports :

15

Tu m'aimes ?
Oui !
Reste, reste au bord de l'eau.
Tu m'aimes ?
Non !
Tombe, tombe au fond de l'eau.

16 Winnicott ajoute à propos des comptines la remarque suivante : des comptines « auxquelles l'enfant prend plaisir, mais heureusement [qu'il] ne comprend pas [20] ». Je ne suis pas sûr que le « heureusement » soit nécessaire car la clinique montre que c'est peut-être au contraire l'évidence du témoignage de la transformation possible de la haine par le jeu et l'humour qui se transmet. La tendresse partagée en serait le résultat.

17 C'est une patiente en face à face depuis plusieurs années, avec une évolution globalement positive qui lui a permis de se passer d'addictions envahissantes et de reprendre avec réussite une vie professionnelle. Deux séances avant l'interruption de vacances prochaines, elle n'avait pas envie de venir à cette avant-dernière séance. Elle est très enrhumée, se mouche bruyamment et jette violemment ses mouchoirs dans la corbeille située non loin de moi tout en disant des banalités. J'hésite à intervenir à propos de ce comportement sans y parvenir. Soudain elle monte le ton jusqu'au cri témoignant d'une véritable explosion de haine qui prend ses parents pour objet. C'est la première fois que cela se passe ainsi. Nous sommes l'un et l'autre surpris et débordés. J'essaie d'intervenir, ce qu'elle interprète – probablement avec raison – comme une injonction au calme. Très en colère elle décide de partir, réunit ses affaires, s'apprête à quitter la pièce, mais avant, soudainement apaisée, dit sur un ton presque joueur : « Vous remarquerez que je ne vous serre pas la main ! »

18 La fois suivante nous revenons sur cette scène

19 Elle se souvient qu'elle était très enrhumée, qu'elle n'arrêtait pas de se moucher, son nez coulait, elle en avait plein les mains et une seule pensée l'envahissait : « Il ne faut pas que je lui serre la main, il ne faut pas que je le touche ! » C'était « impératif » ajoute-t‑elle.

20 Alors elle a tout fait pour trouver un prétexte et pouvoir partir sans avoir à me serrer la main, tout en me le faisant remarquer. Mais ensuite, bien qu'inquiète en pensant à ce qui venait de se passer, elle fut étonnée car ce sentiment se dissipa avec le souvenir de paroles que j'aurais dites au cours d'une séance assez lointaine et qui lui revenaient comme « un refrain ». Une séance au cours de laquelle elle s'en prenait aussi à ses parents leur donnant une nouvelle fois toute une série de noms d'oiseaux : j'aurais alors d'un ton apaisé, presque affectueux, ponctué son discours d'un « Qu'ils canent !», reprenant des paroles dites autrefois par elle sur le ton de la colère. Depuis cette séance, « Qu'ils canent ! », formulé sur le même ton que le mien lui revient « comme une comptine enfantine », oui c'est cela, ajoute-t‑elle, « comme le refrain d'une comptine ». Elle se chante intérieurement « Qu'ils canent ! » dès qu'elle risque d'être débordée par la colère. Ce peut être avec n'importe qui. À chaque fois c'est magique, cela l'apaise, et même plus, cela la fait rire et lui donne confiance. Comme si l'on pouvait dire avec tendresse des choses très violentes. C'est grâce à ce « refrain » qu'elle a pu revenir aujourd'hui. C'est peut-être d'ailleurs ce qu'elle attendait de moi à la dernière séance, que je puisse dire une nouvelle fois : « Qu'ils canent ! »

21 En pensant alors aux mouchoirs et à son départ précipité, je lui dis : « toucher ? couler ? ». Elle est surprise, perplexe, peut-être un peu irritée.

22 Un souvenir lui vient, elle l'avait oublié, cela se passe à la campagne, elle est une petite fille, et joue avec une autre petite fille plutôt sale et négligée, elles jouent avec l'eau d'une fontaine, l'eau coule sur le sol, il y a de la boue, elles ont les pieds nus, elles jouent à se salir et à se laver, elles rient beaucoup… c'est peut-être son plus « beau » souvenir. Je lui dis « Peut-être une autre comptine, “À la claire fontaine'' et son refrain qui viendrait à point la veille d'une séparation ? » Après un silence, elle ajoute que ces derniers temps elle se surprend à éprouver de la tendresse pour ses parents.

23 Quelques réflexions :

24 Le contexte de séparation est d'autant plus menaçant que là, c'est elle qui part la première. Les retrouvailles auto-érotiques avec le corps et ses humeurs semblent lui permettre d'effacer ludiquement l'objet de la perte. Mais le jeu du mouchoir jeté trouve sa limite et échoue : me toucher risque d'annuler le pouvoir magique de la pensée car salir, fécaliser, c'est réellement jeter l'objet. L'échec du jeu provoque alors l'explosion de haine qui, faute de rencontrer la comptine adéquate impose le départ qui devient symbolisant grâce à la négation : « Vous remarquerez que je ne vous serre pas la main » dit‑elle. Ce qui signifie, « Je pars mais je ne vous efface pas, je pars pour revenir ». Le « Qu'ils canent ! » du retour n'est qu'un après-coup, c'est à moi qu'il s'adressait lors de la précédente séance : une pensée triomphante et vengeresse. Il permet maintenant les interprétations tirées de son récit. La parole sexualisée par la première (« toucher/couler ») retrouve les auto-érotismes (le jeu dans la boue). Puis l'interprétation du transfert portant sur la séparation des vacances désexualise la pensée et la rend apte aux renversements tendres, particulièrement ceux concernant l'amour et la haine.

25 Toujours est‑il que, dans les séances suivantes, elle se montre capable, sans risque, de prendre directement sa mère comme objet de sa haine : le « Qu'ils canent ! » devenant « Qu'elle cane ! »

26 Mais ce trajet du « ils » au « elle » pose une question : la haine matricide devrait‑elle toujours se lier au meurtre du père ? Ne serait‑il pas possible de la rencontrer plus directement, particulièrement dans les moments où l'agir reprend le dessus ? Dans ces cas, le fantasme de matricide pourrait‑il se révéler sans être encadré par le meurtre du père et l'infanticide ?

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28 Que le meurtre ne puisse pas concerner la mère seule, c'est une évidence dans les cures classiques. Cependant, on considère les fins d'analyse, du fait de la séparation physique annoncée et de la menace narcissique qui l'accompagne, comme propices à la révélation de mouvements de haine dirigés contre la mère. Mais ce sont le plus souvent des désirs d'enfants ou des fantasmes d'infanticide qui se présentent. Garder la place ou éliminer ceux qui vont suivre, nécessite toute une série de transactions transférentielles avec l'imago maternelle. Ainsi le désir d'enfant peut s'exprimer par la recherche d'une grossesse tardive par don d'ovocytes, une manière comme le remarque Jacques André « de pouvoir être enceinte, mère d'un bébé que l'on a porté, grâce à la rupture génétique et psychique (?) avec la matrilinéarité [21] ». Mais Jacques André met entre parenthèses après « psychique », un point d'interrogation signalant par-là que la rupture, le décollement d'avec la mère, impose l'appel à un tiers réel, l'autre de la médecine, l'autre de la science et donc que la problématique, même agie, est objectivement triangulée.

29 Quant aux mises en échec agies de la réaction thérapeutique négative et plus généralement du masochisme moral, parviendraient‑elles, dans une sorte de politique de la terre brûlée, à faire mourir comme à petit feu l'enclave maternelle ? Mais la métaphore n'est pas juste car la situation donne le pouvoir à des imagos persécutoires, l'objet incorporé n'est pas laissé sans surveillance et le besoin de punition devient source de resexualisation des relations du moi et du surmoi.

30 Alors, pourrions-nous trouver « Le meurtre de la mère » dans sa singularité du côté des agirs extrêmes ?

31 Commençons par le suicide

32 Il peut sembler curieux de prendre le suicide comme exemple de meurtre de la mère. Pourtant, dans la pièce d'Henrik Ibsen, Les Revenants[22], le héros atteint d'une maladie incurable demande à sa mère de l'aider à mourir en lui injectant de la morphine :

33

Lui : Oui mère, aussi est-ce à toi de me secourir
La mère : À moi ? 
Lui : Et à qui donc ? 
La mère : À moi ta mère ! 
Lui : Précisément.
La mère : À moi qui t'ai donné la vie ! 
Lui : Je ne te l'ai pas demandée. Et quelle sorte de vie m'as-tu donnée ? Je n'en veux pas ! Reprends là ! »

34 Or, précédemment, alors qu'il lui a annoncé son projet d'en finir, elle lui a répondu :

35

Je ne survivrai pas à ce coup.

36 Ainsi, ce qu'il lui demande la tuera aussi, départ et retour, suicide et meurtre, matricide et infanticide se confondent dans le projet mélancolique. C'est ce que dit Jean-Claude Rolland à propos d'un exemple terrible de défenestration d'une mère : « Parce que l'affect circulant entre le parent et l'enfant est trop proximal, ou trop intrusif, ou trop violent […], alors deviennent indifférentes leurs identités respectives […] L'indifférenciation des catégories de la mort et du meurtre rejoint cette indifférenciation première des identités [23]. »

37 C'est d'ailleurs ce que reprend l'ambiguïté du titre donné pour thème à cet ouvrage car « Le meurtre de la mère » ne répond pas à la question de l'objet du meurtre. Mais est-ce spécifique du meurtre mélancolique que d'être double ? Le meurtre réel de la mère peut‑il être singulier ?

38 À ce propos, m'est revenu le souvenir d'un entretien avec un patient psychotique dans un service de sûreté en présence de collègues qui se préparaient à l'épreuve d'expertise médico-légale d'un concours hospitalier. Il s'agissait d'un patient matricide et nous avions à nous prononcer sur l'état de démence au moment des faits ainsi que sur l'accessibilité à une sanction pénale. Le patient m'avait décrit le déroulement du meurtre expliqué comme une tentative d'exorcisme du corps maternel possédé par le malin. De ce fait, une fois l'acte commis, il avait porté le corps sur son dos jusqu'au canal. Il l'y avait alors jeté en criant « Meurs Satan ! » J'étais surpris par le calme de ce patient, un calme authentique, non simulé, qui pouvait passer pour une capacité de jugement retrouvé. Ce calme rendait difficile la rédaction de mon expertise car si la question de l'état de démence au moment des faits ne faisait aucun doute, celle de l'accessibilité à la sanction pénale restait problématique.

39 C'est bien plus tard, une fois devenu psychanalyste et plus familiarisé avec les problématiques de cadre et de surmoi, que je compris que le calme du patient n'était pas à mettre uniquement sur le compte du dégagement d'une fusion avec la mère et d'un traitement neuroleptique mais qu'il provenait sans doute aussi de la situation d'écoute collective au moment de l'entretien et de sa finalité implicite à savoir notre interrogation sur sa responsabilité. D'ailleurs, du fond de son délire il était allé se rendre à la police. C'est à partir de là que je commençai à m'interroger sur les risques de l'article de loi relatif à l'irresponsabilité pénale et sur l'importance pour Oreste de la mise en place du tribunal et du débat de l'Aréopage. Ici aussi, comme chez Ibsen le meurtre concerne deux personnages confondus, la mère et le fils, la mère et le diable. La différence entre les deux situations, c'est que le patient médico-légal fait un appel délirant à l'instance tierce, la police, alors que le héros de Ibsen la refuse, en demandant à sa mère en cas de crise, de lui faire l'injection létale sans appeler de médecin. Mais chez l'un comme chez l'autre, même sur le mode négatif, il est fait appel à « l'instance parentale » et donc aussi au père. Même dans ces cas extrêmes, le triangle œdipien plus ou moins objectivé est toujours là.

40

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41 Alors reste la question : le meurtre de la mère ne pourrait‑il se représenter qu'indirectement en référence au meurtre paternel fondateur ? Faudrait‑il à son propos toujours évoquer Laïos, Œdipe, Agamemnon et Oreste ? Serait‑il en lui-même irreprésentable, non subjectivable ? C'est l'option que prend un auteur comme Jean Cournut lorsqu'il écrit : « […] depuis longtemps j'en suis séparé de cette mère première. Alors est-ce là la clef de l'énigme, précisément dans la séparation […] ? [24] » Selon cette perspective, il ne serait pas possible de représenter la séparation ou l'absence, en la redoublant d'une disparition. Nécessité serait de faire appel à l'autre de la mère, père ou enfant. Il n'y aurait pas de meurtre maternel fondateur !

42 Il est vrai qu'au terme de ce parcours, la vengeance et la haine provoquées par la rencontre avec la mère montrent que si la question de son meurtre est bien là, elle ne laisse pas de trace psychique directe comme la culpabilité consciente, voire même inconsciente ainsi que nous l'avons vu à propos du masochisme moral. La vengeance et la haine révélées par la mère ont à chaque fois suscité les références au passé, au père, aux enfants morts et aux instances culturelles, l'ensemble déterminant un processus de symbolisation impliquant en particulier le jeu et l'humour.

43 Mais un tel meurtre peut‑il vraiment n'être qu'irreprésentable, ne pas laisser sa trace, même négative, en particulier dans le processus de symbolisation et au sein de son produit, le langage ? Cette trace ne se trouve-t‑elle pas au cœur même de la langue maternelle ? C'est l'option que me fait choisir Laurence Kahn [25] lorsqu'elle parle, en référence à la mélancolie du langage de Pontalis, du « déchirement au cœur des mots », ou d'une « langue en guerre avec elle-même ». Car la langue cherche à la fois à se dissoudre dans l'absence irréductible, la chose qui échappe, l'objet perdu de la satisfaction hallucinatoire, mais porte aussi au déplacement, au mouvement vers l'autre, à la pensée conquérante. C'est peut-être la trace négative du meurtre de la mère qui équilibre le double jeu de la langue en permettant par exemple, suivant Catherine Chabert, de « réengager le sexuel en reconnaissant le prix à payer au mort pour que le vif reprenne [26] ». Ainsi de l'ambiguïté de ma formule humoristique, « toucher/couler » et de ses effets. L'interprétation ambiguë viendrait‑elle révéler la trace négative du meurtre de la mère ? Peut-être ! Ce qui est sûr, c'est qu'elle équilibre les mouvements de sexualisation et de désexualisation propres au langage, ces mouvements qui libèrent respectivement éros ou la pulsion de mort.

44 Avec l'interprétation ambiguë, il n'est pas possible de séparer l'empreinte du pas qui l'a dessinée et il n'est pas possible de ne pas s'y emboîter, tout en prenant son élan.

45 Toucher/couler !

46 Comment alors, résister au jeu que le langage propose ?

47 Je voudrais terminer avec une dernière question : celle de savoir si certains mots dits en séances sont, non pas de simples formations préconscientes riches d'une polysémie potentielle, mais des signifiants porteurs de cette trace non transformée du meurtre de la mère que nous venons d'évoquer, des signifiants sans rapport avec des représentations refoulées et dont le statut psychique reste à préciser. Je m'appuierai sur une situation clinique :

48 C'est un homme jeune, sa mère a été très tôt définitivement séparée de son père, et sa mère (la grand-mère maternelle du patient) était très envahissante. Il vient demander une analyse dans les suites d'une expérience de dépersonnalisation très angoissante survenue peu après sa réussite à un concours prestigieux, devant lui procurer rapidement une indépendance matérielle et lui permettre de quitter ses parents. Au premier entretien, il en fait le récit suivant : il est seul chez lui, pas très en forme ; en passant devant une glace, il ne se reconnaît pas. Il s'approche du miroir reconnaît bien son visage tout en ayant le sentiment que ce n'est pas lui, il le scrute, particulièrement le regard qui lui semble habité d'une violence « folle », les pupilles comme des trous opaques, sans fond, comme animées par une force démoniaque ; l'angoisse touche à la panique, il doit lutter contre l'impulsion qui l'envahit, celle de briser le miroir pour échapper à l'emprise du regard fou. Mais il a le sentiment que s'il le fait, il deviendra irrémédiablement ce qu'il veut fuir. Il parvient à s'arracher à l'image et trouve refuge auprès du réfrigérateur : il prend sans réfléchir un yaourt et le mange avec l'espoir que cette expérience va se terminer mais c'est sans succès. L'appel téléphonique d'un ami met fin à ce cauchemar éveillé.

49 Je lui demande à quoi il pensait quand l'angoisse l'envahissait. Il revient sur la séquence du yaourt, en le mangeant il avait des paroles en tête qui se répétaient : « Lait mortel ! » Je n'entends pas immédiatement la polysémie des termes et je questionne probablement trop vite : « Comme un empoisonnement ? » Il enchaîne sur le poison, l'envahissement, la toxicité de l'amour maternel et ses ressentiments à son égard.

50 Je sens qu'il s'engouffre trop vite dans cette voie et je pense à l'autre manière d'entendre « Lait mortel ! » : « Les mortels ! » Je lui fais remarquer qu'il y a quelqu'un dont il n'a pas encore parlé en regrettant peut-être de ne pas avoir tenté, au bon moment, de répéter simplement « Lait mortel ! » Il fait venir son père, un père très idéalisé et redouté. Ce père et ses avatars occuperont une bonne partie de l'analyse et en particulier la peur de ses mouvements homosexuels à son égard. À ce propos, une séquence est intéressante : il raconte une histoire d'équitation et les difficultés rencontrées pour réparer une selle défectueuse, son effort pour percer le cuir avec son poinçon et la nécessité de faire appel à un maître de manège irrité. Probablement alerté par l'ambiance anale du récit, je suis arrêté par sa manière de prononcer le mot « cuir » qu'il décompose distinctement et sans s'en rendre compte en « cu-ir ». Serait-ce un accent, des tonalités venues de l'enfance ? Je répète à l'identique. Après le maître de manège, c'est à lui désormais d'être irrité par ce détail qu'il qualifie de grossier, me demandant si je ne suis pas en train de « virer lacanien ». Mais cette histoire de cul irrité, cette histoire de cul et de colère engage des associations conduisant à sa sexualité infantile avec des jeux auto-érotiques et érotiques qui lui permettaient d'échapper à l'intrusion maternelle – elle affectionnait particulièrement les lavements –, tout en redoutant la condamnation paternelle, jusqu'à son désir, sa crainte et sa révolte d'un rapproché homosexuel entre nous. Peu après cette séquence, il fait un rêve : il est devant le même miroir que celui évoqué lors de notre premier entretien, mais là, il le brise et, avec les morceaux coupants, attaque le corps de sa mère. Les associations et souvenirs abondent : eczéma, mise à l'école, décollement/séparation. Mais surtout deux souvenirs lui viennent, d'abord un film vu à l'adolescence dans lequel une femme va être violée et rituellement sacrifiée par un seigneur sanguinaire, seigneur qui sera finalement tué, ensuite les fausses couches hémorragiques de sa mère.

51 Encore une fois la haine matricide ne parvient à se représenter qu'encadrée par le parricide et l'infanticide en lien avec les fantasmes originaires en particulier celui de scène primitive. J'arrêterai ici la clinique et j'en viens à mon questionnement.

52 À propos de la trace du meurtre de la mère, quel est le statut psychique du mot « cuir » tel qu'il s'est présenté dans la séance et tel que je l'ai entendu ? Est-ce une formation préconsciente condensant le cul, la colère, la peau, en attente d'un déploiement associatif et/ou d'une régression formelle ? Ou bien est-ce un signifiant porteur d'une trace irreprésentable en rapport avec le corps propre et le corps maternel, sorte de pictogramme sonore proche de ces formes limites dont les signifiants formels et de démarcation ont essayé de rendre compte. Enfin dernière possibilité : la décomposition phonétique, la musique de l'accent ne donnent-t‑elles pas au mot la valeur d'une comptine et ne s'approche-t‑on pas alors de l'agir de parole ? Je pencherai pour le mélange entre signifiant limite et agir de parole plutôt que pour une formation préconsciente qui n'aurait plus qu'à franchir les résistances. Mais la question reste ouverte et ses conséquences techniques ne sont pas sans importance. Je pense en effet que ce genre de signifiant lorsqu'il est entendu et que l'analyste en témoigne, tombe dans le champ du transfert comme on tombe dans le domaine public. Peut alors s'engager la transformation tragique du meurtre selon toute ses facettes, et peut-être jusqu'à l'humour. Cette transformation, plus ou moins actualisée, plus ou moins jouée, plus ou moins représentée, mêle perception et mémoire.

53 La transformation de la trace du meurtre de la mère grâce à la parole de transfert serait‑elle possible ? Permettrait‑elle, comme en rêvait André Green, de désendeuiller le langage ?

Notes

  • [1]
    S. Freud (1939), L'Homme Moïse et la Religion monothéiste, Paris, Gallimard, 1986, p. 212-214.
  • [2]
    Ibid., p. 213.
  • [3]
    P. Merot, Trace du maternel dans le religieux, Revue française de psychanalyse, 2011, 5, p. 1353-1433.
  • [4]
    S. Freud (1900), L'Interprétation des rêves, Paris, Puf, 1967, p. 222.
  • [5]
    Homère, L'Odyssée, Paris, Gallimard, « La Pléiade », 1955, p. 700.
  • [6]
    S. Freud, S. Ferenczi (1920-1933), Correspondance, III, « Les années douloureuses », Lettre du 16 septembre 1930, Paris, Calmann-Lévy, 2000.
  • [7]
    S. Freud (1913), Le motif du choix des coffrets, L'inquiétante Étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 1985, p. 61-81.
  • [8]
    S. Freud, L'interprétation des rêves, op. cit., p. 222.
  • [9]
    S. Freud (1920), Au-delà du principe de plaisir, OCF-P, XV, Paris, Puf, 1996, p. 286.
  • [10]
    S. Freud (1917), Un souvenir d'enfance de Poésie et Vérité, OCF-P, XV, Paris, Puf, 1996, p. 65-75.
  • [11]
    S. Freud, Au-delà du principe de plaisir, op.cit., p. 288.
  • [12]
    S. Freud, L'interprétation des rêves, op. cit., p. 222.
  • [13]
    S. Freud (1927), L'humour, OCF.P, XVIII, Paris, Puf, 1994.
  • [14]
    « […] la défense qu'il [l'humour] exerce contre la possibilité de la souffrance », ibid., p. 137. Et dans « Au-delà » : « cette effrayante expérience vécue deviendra en toute certitude le contenu du prochain jeu », op. cit., p. 287.
  • [15]
    « Jeter au loin l'objet […] pourrait […] avoir alors la signification d'un défi » (« Au-delà », op. cit., p. 286). Et dans « L'humour » : « l'humour n'est pas résigné, il est empreint de défi », op. cit., p. 137.
  • [16]
    Nous l'avons déjà rencontrée à propos du jeu en particulier avec Goethe, et dans « L'humour » : « Regarde, le voilà donc ce monde qui a l'air si dangereux. Un jeu d'enfant, tout juste bon à ce qu'on en plaisante », op. cit., p. 140.
  • [17]
    L'« activité de jeu est sous l'influence du souhait […] d'être grand et de pouvoir faire comme les grands », « Au-delà », op. cit., p. 287. Et dans « L'humour » : « quelqu'un se traite lui-même comme un enfant et joue dans le même temps envers cet enfant le rôle de l'adulte supérieur », op. cit., p. 138.
  • [18]
    S. Freud, « Au-delà », op. cit., p. 288.
  • [19]
    S. Freud, « L'humour », op. cit., p. 140.
  • [20]
    D.W. Winnicott (1947), La Haine dans le contre-transfert, Paris Payot, 1969, p. 57.
  • [21]
    J. André, La Folie maternelle ordinaire, Paris, Puf, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2006, p. 20.
  • [22]
    H. Ibsen, Les Revenants, Arles, Actes Sud, 1990.
  • [23]
    J.‑C. Rolland, Les Yeux de l'âme, Paris, Gallimard, 2010, p 249.
  • [24]
    J. Cournut, Pourquoi les hommes ont peur des femmes, Paris, Puf, 2001, p. 260.
  • [25]
    L. Kahn, L'Écoute de l'analyste, Paris, Puf, « Le fil rouge », 2012, p. 103.
  • [26]
    C. Chabert, Féminin mélancolique, Paris, Puf, « Petite Bibliothèque de psychanalyse », 2003, p 89.
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