Notes
-
[1]
Galilée, 1989.
-
[2]
Éditions du CCI, 1975. Réédition Demi-Cercle, 1991.
-
[3]
Logistique de la perception – Guerre et cinéma I, Éditions de l’Étoile, Cahiers du cinéma, 1984, 1990.
-
[4]
Galilée, 1991.
-
[5]
Galilée, 1999.
-
[6]
La Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) est un prestigieux quotidien conservateur allemand.
-
[7]
Galilée, 1993.
-
[8]
Missiles de croisière, comme par exemple le missile Tomahawk. Lancés du sol, de navires, de sous-marins ou d’avions, ils sont guidés par un calculateur ayant en mémoire une route préétablie, contrôlée en cours de vol par l’intermédiaire d’un radar altimétrique.
-
[9]
Le drone est un petit avion robot d’observation téléguidé, en général depuis l’autre côté d’une frontière, comme le Predator, de construction américaine.
-
[10]
Cf. Il Dominio dell’aria (la maîtrise de l’air), 1921. Seule une édition en langue anglaise semble disponible (Command of the air, Ayer Co. Pub., 1972), mais on peut lire un extrait de cet ouvrage dans l’Anthologie mondiale de la stratégie de Gérard Chaliand, coll. “Bouquins”, Robert Laffont, Paris, 1991.
-
[11]
Arme non létale, qui de plus désactive sans détruire. Cette bombe explose en dispersant de la poussière de graphite qui s’incruste partout, provoquant des courts-circuits, très difficiles et complexes à nettoyer. Souvent utilisée contre les centrales électriques serbes lors de la guerre au Kosovo.
-
[12]
Il s’agit du roman de H. G. Wells, La Guerre des mondes.
-
[13]
GPS : Global Positioning System (système de navigation par satellite) est de construction américaine, et possède actuellement une situation de monopole. Galileo est un programme lancé par l’Europe des Quinze, basé sur un réseau d’une trentaine de satellites européens, destiné clairement à concurrencer le GPS. Il devrait être opérationnel en 2008.
-
[14]
Galilée, 2000.
-
[15]
Payot-Rivages, coll. “Petite bibliothèque Payot”, 1995
-
[16]
La Découverte, coll. “Cahiers libres”, 2002.
-
[17]
Cf. Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob, 1997.
-
[18]
Repris dans Un paysage d’événements, Galilée, 1996.
-
[19]
Courrier international, 624, 17 octobre 2002 ; initialement paru dans le quotidien International Herald Tribune.
-
[20]
Nicolas Philippe, 2002.
-
[21]
Du 29 novembre au 30 mars 2002, en collaboration avec l’afp et l’ina. Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014, Paris. Catalogue : Actes Sud/Fondation Cartier.
1THIERRY FABRE : Paul Virilio, depuis vos premiers travaux, vous vous intéressez à la guerre. Dans Esthétique de la disparition [1], on trouve ainsi cette formule : “Tout jeune, je m’interrogeais sur l’esthétique des engins de guerre et ce que j’appelais en mon for intérieur leur énigme.” Qu’est-ce qui vous a amené à centrer votre réflexion sur ce sujet ?
2PAUL VIRILIO : Je suis un enfant de la guerre. Je suis né en 1932, peu de temps avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, et je fais donc partie de cette génération pour qui la guerre était une fatalité. Comme je l’ai dit dans un autre livre, L’Insécurité du territoire, la guerre aura été mon père et ma mère. Ce qui ne veut pas dire que je me sens un militaire ! Mais, cela dit, j’ai néanmoins fait l’occupation de l’Allemagne, pour l’état-major de la ire Armée, au service cartographique, j’ai même établi des cartes pour le maréchal Juin à Baden-Baden. Nous y avions d’ailleurs comme traducteur (c’est une information étonnante que j’ai apprise plus tard) l’auteur de Berlin Alexanderplatz, Alfred Döblin.
3T. F. : Il y a parfois des signes…
4P. V. : Oui ! Après dix-huit mois d’occupation de l’Allemagne, toute détruite puisque nous sommes alors dans les années cinquante, il y a eu six mois de guerre d’Algérie… Au total, ça fait pas mal ! Cette question de la guerre, c’est mon monde, c’est le monde de ma biographie.
5T. F. : A vous lire, il apparaît que ce qui vous importe n’est pas tant la guerre comme champ de bataille (même si vous l’avez aussi vécu) que la façon dont on la regarde.
6P. V. : Parce que j’ai été un spectateur, un enfant. Un enfant est spectateur de la guerre, il n’est pas acteur. Nous en avons souvent discuté d’ailleurs avec Georges Perec, avec qui j’ai eu beaucoup de contacts par la suite. Nous avions dix, onze ans, voyez-vous, nous étions tous les deux des spectateurs, des voyeurs même, de la guerre. Mais c’est aussi une façon d’être victime. C’est d’ailleurs un des grands problèmes de l’actualité télévisée : on est victime de la guerre télévisuelle, visuelle, tout autant que de la guerre physique, celle des blessures et des morts. A l’époque, c’était plutôt la radio, bien évidemment : les images sont arrivées par la suite. C’était audio, ce n’était pas encore audiovisuel, et l’audiovisuel possède une puissance incomparable à celle de la radio, bien sûr.
7T. F. : Analysons, à travers l’histoire, comment notre façon de regarder la guerre a changé, disons depuis la Première Guerre mondiale, puisque ce qui vous intéresse c’est surtout la façon d’appréhender la guerre.
8P. V. : C’est la stratégie de la perception. D’où, à long terme, la “stratégie de la déception”.
9T. F. : On y reviendra.
10P. V. : Eh bien d’abord, comme je l’ai dit dans de nombreux livres (Bunker archéologie [2], Guerre et Cinéma [3], L’Ecran du désert [4], à propos de la guerre du Golfe, ou Stratégie de la déception [5], à propos du Kosovo), le champ de bataille était initialement un champ de perception, de visu. C’est-à-dire que si l’on conquérait de vive force les sites élevés c’était pour dominer visuellement et physiquement l’adversaire. La conquête des sommets fait que toute guerre, tout champ de bataille est d’abord un champ de perception organisé. D’où l’invention de la tour de guet, car on ne peut pas comprendre la tour sans le guet, c’est une dominance visuelle, bien avant l’invention du satellite d’observation, des avions, etc. Alors, ce qui a changé entre la Seconde Guerre mondiale et la situation actuelle, c’est que désormais le champ de perception télévisé, audiovisuel, devient le non-lieu (et non plus le lieu) de la mère des batailles. La mère des batailles, terme que Saddam Hussein a utilisé pendant la première guerre du Golfe, c’est la bataille des batailles, celle qui doit être absolument gagnée. D’une certaine façon, l’écran est le lieu de la mère des batailles. Si on rate la conquête de l’écran, on a raté la guerre.
11T. F. : C’est finalement là où tout se joue désormais ?
12P. V. : Oui, il y a une stratégie, non pas au sens métaphorique, mais au sens de l’état-major, une stratégie médiatique de la guerre contemporaine, et ce depuis bien évidemment la Seconde Guerre mondiale, et surtout les guerres qui ont suivi. C’est un des événements de la mutation du politique.
13T. F. : A propos de mutation, vous mettez en exergue de votre ouvrage Esthétique de la disparition cette belle phrase de Paul de Tarse : “Ce monde tel que nous le voyons est en train de passer.” Qu’est-ce qui fait que notre regard n’est plus du tout le même ? Est-ce cette question de la vitesse qui vous est si chère ?
14P. V. : Tout à fait. J’ai été un enfant de la guerre “éclair”, la Blitzkrieg. Pour moi guerre et vitesse n’ont fait qu’un. Je n’aurais pas travaillé sur la vitesse si je n’avais travaillé sur la guerre. Je suis l’enfant de la Blitzkrieg. Et il y a autre chose. Quand Ernst Jünger est mort, j’ai été invité par la Frankfurter Allgemeine [6] pour faire un petit compte rendu de ce que je pensais de ce personnage, l’auteur des Orages d’acier… Eh bien, il y a d’abord une grande différence entre nous : lui, c’est un guerrier, et moi, je suis un enfant de la guerre. Quelque part nous ne sommes pas du même bord. Je suis du côté des victimes, et lui du côté des héros. Héros et victime entre guillemets, bien sûr, puisque je n’en suis pas mort ! Mais je crois que ça aussi c’est très important.
15T. F. : Vous avez aussi cette formule choc dans L’Art du moteur [7] : “Le mouvement, c’est l’aveuglement.” Voulez-vous dire qu’aujourd’hui, quand on regarde la guerre, on est dans l’aveuglement ?
16P. V. : On est dans l’aveuglement collectif, un aveuglement organisé par les médias. A cet endroit, je voudrais expliquer de façon un peu didactique l’histoire de la conquête de l’écran… Il y a d’abord eu la conquête des sommets, et sur ceux-ci la construction des remparts, châteaux forts, tours et donjons. C’est ponctuel. Après le point d’appui – je rappelle que c’est un terme technique, un point d’appui c’est un endroit que l’on va contrôler, généralement c’est un sommet, un lieu que l’on va défendre mordicus –, on est passé à la ligne de front. Celle-ci correspond à la grande guerre internationale, aux grandes batailles du passé. Enfin on arrive à la surface, et à la surface de l’écran. D’une certaine façon on est donc passé du point à la surface, dans l’espace réel puis sur l’écran. Point – ligne – surface : nous sommes dans un domaine d’accélération de la perception, et de mutations du terrain, de l’actuel au virtuel.
17T. F. : Cette surface n’est-elle pas double, à la fois pour ceux qui font la guerre (les aviateurs qui envoient des missiles et qui suivent sur leur écran de contrôle leur trajectoire) et pour ceux qui la regardent sur leur écran de télévision, à la maison ?
18P. V. : C’est exact ; en réalité, dans ma perception de la géométrie, c’est une interface. L’écran est une interface entre l’acteur et le spectateur, et il est nécessaire à la victoire. La conquête de l’écran est indispensable, d’où la nécessité de l’occuper de vive force. Là encore c’est un terme technique : on occupe de vive force un sommet ou un point d’appui. Or on peut employer ce même terme aujourd’hui : on occupe de vive force médiatique, et non pas militaire, l’écran. Pour gagner.
19T. F. : On ne peut finalement plus dissocier le regard sur la guerre de la stratégie de la guerre ?
20P. V. : Non, désormais, regarder la guerre et faire la guerre, c’est le même jeu. Je prends un exemple. Quand j’ai préparé mon livre Guerre et Cinéma aux Cahiers du cinéma, commandé par Serge Daney, les gens m’ont dit : “Ah ! Tu vas faire un livre sur les films de guerre !” J’ai dit : “Non, absolument pas, je n’en ai rien à foutre de John Wayne !” Ce qui m’intéresse, c’est comment le cinéma sert à faire la guerre. C’est de comprendre, par exemple, le principe des caméras d’acquisition d’objectifs. Le terme technique est très intéressant. Acquisition d’objectifs : on n’est pas dans la métaphore ! Je suis allé au fort d’Ivry, à Paris, où sont entreposées toutes les archives, pour leur demander des renseignements à propos des caméras. On m’y a répondu : “Mais les caméras font partie des armes maintenant.” Avant, par exemple pendant la guerre de 14-18, il y avait des photographes ou des cameramen – très peu d’ailleurs, mais tout de même – qui allaient filmer les assauts, en embarquant leur caméra dans les aéroplanes de l’époque, puis celles-ci ont été intégrées. A Ivry, une personne m’a dit : “C’est comme si vous me demandiez de vous parler de l’électricité militaire !” Voilà, le cinéma militaire, c’est comme l’électricité militaire : ça fait partie des systèmes d’armes, on n’en parle même plus ; c’est intégré.
21T. F. : Vous écrivez aussi : “La corruption de la vue, c’est celle de la vie.” Sommes-nous entrés dans un monde décidément corrompu par les images et les médias ?
22P. V. : Totalement. C’est ce que d’ailleurs j’appelle l’optiquement correct.
23T. F. : Expliquez-nous…
24P. V. : Disons que le politiquement correct est idéologique, et passe évidemment par des mots. Le politiquement correct peut être un langage totalitaire, qu’on reconnaît quand il s’agit de Hitler ou du fascisme, mais qui est masqué lorsqu’il s’agit de langages totalitaires contemporains. Orwell l’avait repéré, dès l’époque du nazisme, il faut le reconnaître, et cela a été fort bien analysé par mon ami Jean-Pierre Faye. C’était l’ère de l’audio, de la langue, de l’idéologique et du parlé correct. Or aujourd’hui on passe à l’optiquement correct. Ça n’est plus idéologique ou idéographique, mais vidéographique. Le but est d’arriver à conquérir l’optique, la Grande Optique planétaire, celle des réseaux, des télévisions interconnectées, d’Internet, pour donner l’image véritable, l’image opera mundi, celle qui est acceptable et que l’on doit accepter. C’est un événement considérable. C’est bien pire qu’Orwell.
25T. F. : C’est une captation de nos consciences ?
26P. V. : Oui, et c’est pour ça que je pense qu’aujourd’hui, avec “l’affaire” du terrorisme, la querelle des iconoclastes s’est transportée à la télévision. On n’a peut-être pas très bien compris ce mouvement-là. Pour résumer, la querelle des iconoclastes s’est d’abord tenue sur le terrain de la représentation, picturale, sculpturale, dont la destruction des bouddhas de Bámyán a été l’un des signes. Or aujourd’hui nous allons vers un iconoclasme de la présentation pure. C’est un autodafé de la vision et de l’audiovision. Ce qui est iconoclaste, c’est la présentation en live de l’événement, c’est-à-dire la mise en boucle, sans aucune distance possible. Nous ne sommes plus dans la re-présentation, mais dans la pure présentation.
27T. F. : Et donc dans une sorte de cercle auquel on ne peut échapper ?
28P. V. : Non. C’est un phénomène de perception. On retrouve d’ailleurs la même logique que la conquête du champ de perception. C’est toujours l’acquisition d’objectifs, sauf que l’objectif, à présent, c’est nous ! Nous, les téléspectateurs, nous, qui allons voter, qui allons faire pression sur les budgets militaires, les complexes militaro-industriels, etc. Nous n’en sommes qu’au début parce que la Grande Optique planétaire est en cours de constitution. On n’en est pas encore tout à fait là… Mais chaque guerre, chaque acte terroriste, chaque querelle dramatique (parce qu’on s’aperçoit que les accidents, les catastrophes et les guerres sont mis sur le même plan), sert à construire l’optiquement correct. C’est un des événements importants de cette fin de siècle. Pourquoi ? Parce qu’on passe ainsi de l’homogénéisation de l’opinion locale à travers la presse, le politiquement correct pourrait-on dire (je vous rappelle que la standardisation c’est le mot clé de la révolution industrielle, et que derrière la standardisation des objets il y a eu celle de l’opinion à travers la presse écrite – la propagande, ce n’est rien d’autre), nous en arrivons à la synchronisation de l’émotion qui vient se surajouter à la standardisation des objets ou des opinions. La synchronisation de l’émotion, c’est le live.
29T. F. : La guerre est à cet égard le grand moment de l’émotion collective ?
30P. V. : Tout à fait, comme les accidents et les catastrophes.
31T. F. : Ce dont justement se nourrissent les médias pour qui vous avez un regard critique assez féroce. Revenons sur un terme que vous utilisez, celui de dé-réalisation. Et notamment, puisque c’est notre sujet, de dé-réalisation de la guerre. Est-ce l’horizon indépassable de notre temps, comme jadis, puisqu’on parlait d’Orwell, le communisme était l’horizon indépassable du sien ?
32P. V. : Oui, d’une certaine façon, ce que l’on a appelé la cybernétique, ou le cybermonde, c’est le début d’une dé-réalisation globale. Je pense qu’on ne peut pas comprendre la mondialisation sans la dé-réalisation. Le chômage massif, les phénomènes de rupture entre les peuples, etc., sont déjà des signes de la rupture du réel, comme un accident de la réalité. Quand on dit qu’il y a une accélération de l’histoire, ça, c’est l’après-guerre, la Seconde Guerre mondiale. Nous, nous en sommes à l’accélération de la réalité. C’est la réalité de l’histoire qui s’accélère, ce n’est pas l’histoire, l’histoire s’est déjà accélérée. Au fond, on retrouve toujours le voyeur que j’étais, le contemplateur de la guerre.
33T. F. : Reparlons plus précisément des deux conflits que vous avez “regardés” de près, la guerre du Golfe et la guerre au Kosovo. Que s’est-il passé là, en l’espace de dix ans ? Y a-t-il eu de véritables transformations dans notre façon de regarder la guerre ?
34P. V. : D’abord, l’un est une guerre internationale et l’autre, la guerre dans l’ex-Yougoslavie, est une guerre civile, à laquelle l’Europe et l’OTAN se sont opposés. La première guerre du Golfe, en attendant la seconde, est une guerre internationale, c’est même une guerre mondiale en miniature. On y a utilisé tous les moyens prévus pour la troisième guerre mondiale contre l’URSS, afin de combattre Saddam Hussein sur un tout petit territoire : les cruise missiles [8], les satellites d’observation, les drones [9], les avions furtifs, etc. Ça a été une sorte de grande manœuvre, une promotion des matériels américains, une sorte de grande exposition du complexe militaro-industriel. La guerre en ex-Yougoslavie est beaucoup plus complexe, elle est d’une certaine façon, comme toutes les guerres civiles, infiniment énigmatique. La guerre civile est la pire des choses, et c’est pour cela qu’aujourd’hui nous sommes très menacés. Non pas de la troisième guerre mondiale, mais de la première guerre civile mondiale, à travers le terrorisme et à travers les effets de désagrégation qu’elle produit.
35De plus, je vous rappelle que dans la guerre du Golfe on a engagé des blindés, il y a eu une attaque au sol… La guerre en ex-Yougoslavie, elle, est une guerre aberrante sur le plan technique, c’est une guerre totalement aérienne. Pour la première fois on met en pratique la théorie de Giulio Douhet [10], cet Italien qui avait promu le principe de la guerre aérienne comme auto-suffisante dans les années vingt.
36T. F. : Là, nous y sommes ?
37P. V. : Pas encore. Disons qu’avec la bombe d’Hiroshima on a terminé une guerre du haut du ciel, en lâchant une seule bombe. A partir de la guerre en ex-Yougoslavie, on va entrer effectivement dans une guerre en apesanteur.
38T. F. : C’est cette guerre sur l’écran dont vous parliez.
39P. V. : La guerre sur l’écran, et en même temps la guerre du haut du ciel. On ne touche pas, on n’agit pas : on télé-agit, à la fois sur les éléments et sur les opinions. D’où l’apparition des spin doctors qui viennent nous raconter ce qu’on va voir. Les spin doctors sont des civils – contrairement à la guerre du Golfe où ceux qui venaient nous parler étaient des militaires –, généralement anglais ; ce sont les directeurs de la communication de la guerre.
40T. F. : Notre regard sur la guerre, dans ces conditions, change complètement ?
41P. V. : Tout à fait, entre les deux (guerre du Golfe numéro un, et Yougoslavie, Bosnie et Kosovo), c’est la mutation de la guerre. On va vers un événement tout à fait nouveau que le World Trade Center a confirmé : la confusion de l’attentat, de l’accident et de la guerre.
42T. F. : C’est le télescopage entre deux grands moments de l’émotion dont vous parlez ?
43P. V. : Oui, et en même temps la simplification des armements, la bombe au graphite [11] c’est une arme nouvelle qui coupe l’électricité, c’est du Wells, l’auteur de science-fiction : dans un de ses romans [12], il y a une arme amenée par les extraterrestres qui coupe l’électricité… Les bombes à graphite, c’est aussi de la télé-action sur l’énergie d’un pays. Il ne s’agit plus tant de tuer que de couper le courant, de débrancher.
44T. F. : Là, on est en plein dans ce que vous appelez la “stratégie de la déception”.
45P. V. : Totalement. J’ai expliqué dans ce livre, La Stratégie de la déception (qui ne m’a pas fait beaucoup d’amis en France, mais je n’en ai rien à foutre !) que l’Amérique n’avait plus besoin de l’OTAN.
46T. F. : Ce qui semble aujourd’hui assez évident…
47P. V. : … alors qu’à l’époque beaucoup d’amis m’ont dit : “Mais tu exagères, tu dis n’importe quoi.” Mais quand on est un enfant de la guerre, on ne se trompe pas souvent, parce qu’on a ça dans le sang, on sait voir derrière les images.
48T. F. : Dans cet ouvrage, vous ne parlez plus simplement de guerre de l’information mais d’arraisonnement de l’information adverse. Le problème désormais ce n’est plus simplement la façon dont on regarde la guerre, mais plutôt dont on nous la donne à voir ?
49P. V. : C’est la conquête de l’écran qui est la conquête de la présentation. Avant, il s’agissait de conquérir un ennemi et de dépasser ses lignes, d’atteindre ses forces vitales. Aujourd’hui, il s’agit de construire la présentation. Je ne dis pas la représentation – comme lorsqu’on peignait les grandes batailles napoléoniennes –, car il s’agit maintenant carrément de donner le réel, de construire la présentation réelle de ce qui arrive, c’est-à-dire de l’événement du monde. C’est d’ailleurs une tradition, je dirais théologique, démiurgique, même ! L’instantanéité, l’ubiquité, l’immédiateté sont l’apanage du divin. Or quelque part la Grande Optique c’est l’œil de Dieu, le satellite (d’observation mais aussi de retransmission instantanée des images) devient l’œil de Dieu.
50T. F. : Justement, vous ne dissociez pas le questionnement théorique, philosophique de la technique, et vos travaux évoquent souvent le satellite. Vous citez notamment un militaire américain qui dit : “Aujourd’hui, nous devons pouvoir utiliser nos satellites comme de véritables armes.” On pourrait évoquer à cet égard la passe d’armes américaine et européenne autour du GPS et de Galileo [13]. Ce combat GPS-Galileo serait-il en fait un combat pour construire le réel ?
51P. V. : Avant d’arriver à GPS ou Galileo, remontons en arrière. Après la tour de guet, qui est en quelque sorte le contrôle optique de l’ennemi et du champ de bataille, on a eu la longue-vue, puis les ballons captifs, qui servaient à observer par-dessus la colline, comme par exemple pendant la guerre d’indépendance américaine. Ensuite on a eu les avions, qui sont d’abord d’observation pendant la guerre de quatorze – et ce sont les premières images de guerre qu’on peut voir, parce qu’on embarque des caméras –, puis bien sûr les caméras d’acquisition de la Seconde Guerre mondiale qui permettent aux chasseurs de contrôler qu’ils ont bien abattu un ennemi, car il leur fallait rapporter une preuve. De même on ira envoyer des avions de reconnaissance au-dessus des villes bombardées, pour voir ce qu’il reste une fois les incendies éteints. Ensuite, effectivement, ce sont les missiles vidéos. Pendant la guerre du Golfe, certaines armes sont téléguidées par télévision. L’homme, dans son chasseur bombardier, contrôle l’image de la caméra embarquée dans les missiles pour atteindre la cible. Pardonnez-moi, mais c’est toute l’histoire…
52T. F. : Au contraire, c’est très important de rappeler ces différents repères.
53P. V. : Donc, ensuite, on voit l’apparition des satellites qui servent à contrôler le territoire ennemi, surtout mis en œuvre pendant la stratégie de la dissuasion, pour voir si l’ennemi ne préparait pas des coups fourrés. C’est encore ce qui se passe d’ailleurs en ce moment au-dessus de l’Irak, puisqu’il s’agit de sites à inspecter. Nous sommes devant une logique de contrôle aérien, aérospatial même. On retrouve la stratégie d’Orwell : “La guerre sera gagnée du haut des cieux”, et aujourd’hui on peut même dire du haut des satellites.
54La question du contrôle de l’image va de pair avec le contrôle de la position : de même que l’homme a aujourd’hui une montre à un bras, qui lui donne l’heure, demain il aura aussi une “montre” qui lui donnera le lieu. C’est déjà le cas dans les voitures équipées de GPS, ou des camions qu’on peut téléguider vers tel ou tel client. La fameuse discipline “stocks zéro” et “flux tendu” ne marche que s’il y a une localisation permanente du camion. Et maintenant, on a en plus les autobus, les taxis et bien sûr les missiles. Le contrôle du ciel n’est plus simplement effectué par une force militaire de bombardiers, c’est le contrôle de la position, je dirais même du mouvement et donc la position de l’action. On est devant des capteurs de vie, des capteurs de flux qui sont indispensables à la mondialisation, à l’instantanéité de la réaction.
55T. F. : De ce point de vue le regard devient-il alors doublement stratégique ? Pour celui qui fait la guerre, disons militairement, mais aussi pour la façon dont se construit le réel, qui définit notre perception de la guerre, et donc notre accord ou notre rejet de celle-ci ?
56P. V. : On peut dire que la guerre est devenue une pulsion scopique. A travers la télésurveillance dans les rues, dans les banques, dans les quartiers, commence à s’installer une pulsion scopique policière, prolongement de la militaire. Regardez en Angleterre, en particulier, où l’on a dépassé je crois le million de caméras. Et évidemment, face à cette pulsion scopique de l’observation, du contrôle, de la surveillance, il y a la pulsion scopique de la terreur. Infliger, faire peur, devient une nécessité militaire. Faire peur au public, pas simplement à l’ennemi, mais au public, est un des éléments de la guerre. Je le dis dans un texte qui va paraître bientôt, le ministère de la Guerre pourra être remplacé demain par le ministère de la Peur. Vous savez que Le Ministère de la Peur est un merveilleux roman de Graham Greene. Je dirais que faire peur remplace la puissance militaire… d’où la force du terrorisme ! Le terroriste n’a pas besoin du ministère des Armées ou d’un état-major, il suffit qu’il fasse peur, on l’a vu l’année dernière.
57T. F. : Nous sommes un peu dans le monde d’Orwell.
58P. V. : Totalement, mais un Orwell dépassé, un Orwell réalisé à une échelle qu’il n’imaginait pas lui-même, qu’il ne pouvait pas imaginer. Car on est là face à une “terrorisation” du réel : c’est le réel qui est terrorisé. Mon livre La Procédure silence [14] a été traduit en Allemagne sous le titre Die Kunst des Schreckens, l’art de l’effroi.
59T. F. : C’est très beau, et glaçant.
60P. V. : Je crois que la guerre est en train de devenir l’art de l’effroi. Historiquement, c’était déjà le cas – avec un côté un peu grand guignol – si on pense aux danses de guerre, avec leurs bruits, leurs chants, les tam-tams, ou aux heaumes des chevaliers qui leur donnait l’air d’avoir vingt centimètres de plus… Mais là c’est à une autre échelle !
61A propos d’effroi, au passage, savez-vous quel était le nom du chauffeur de Hitler ? Le chauffeur de sa grosse Mercedes s’appelait Schreck, effroi. Le pilote de Hitler s’appelait Effroi ! C’est inouï non ?
62T. F. : Oui, encore un signe. Parlons plus précisément des Etats-Unis et de l’après-ii septembre, alors que nous sommes à la veille d’une possible deuxième guerre contre l’Irak. Sommes-nous déjà en train de regarder la guerre avant même qu’elle n’ait commencé ?
63P. V. : Bien sûr. Ce qui s’est passé le 11 septembre 2001 n’a pas été résolu par l’affaire afghane. D’une certaine façon, la guerre en Afghanistan a la même perversité que la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Elle ne répond pas à la question de la nouvelle menace, celle de la prolifération nucléaire, de l’avènement d’un terrorisme de masse, de la possibilité pour un individu de provoquer autant de dégâts qu’une escadre de bombardiers ou de porte-avions. On est devant une mutation de la guerre qui est un phénomène historique. Je l’ai dit dès le 12 septembre sur France Inter au micro de Stéphane Paoli, on est passé de la guerre substantielle, c’est-à-dire la guerre clausewitzienne (la continuation de la politique par d’autres moyens), à la guerre accidentelle, c’est-à-dire une guerre sans formes, sans déclaration de guerre, sans uniformes, voire sans ennemi déclaré. Et donc à une énigme militaire qui “justifie” toutes les folies de W. Bush et d’autres en ce moment. C’est le délire de la guerre préventive. En réponse à un attentat-suicide on va inventer une guerre-suicide ; l’attentat de New York, si on continue comme ça, jouera le même rôle que l’attentat de Sarajevo au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale, avec les mêmes effets de propagation. C’est vrai qu’il faut s’opposer de toutes nos forces au terrorisme de masse, mais pas de cette façon-là ! Bush est en quelque sorte en retard d’une guerre, comme on l’était par rapport aux Panzers en quarante.
64T. F. : De quelle façon ?
65P. V. : Je veux dire que Bush, en déclarant la guerre à Saddam Hussein, ne répond pas à la menace terroriste, et c’est cela le problème : nous sommes devant un acte fou, aussi fou que celui du World Trade Center : attentat suicide d’un côté, guerre suicide de l’autre.
66T. F. : Mais les visées sont aussi plus stratégiques ? Je pense à ce qu’écrit Alain Joxe dans ses livres L’Amérique mercenaire [15] et L’Empire du chaos [16], où il parle de cet empire en train de se construire, et qui se nourrit du chaos : il y a quand même la volonté de maîtriser les importants champs pétroliers de cette région du monde ?
67P. V. : Oui, bien sûr qu’il y a le pétrole, c’est évident, et c’était le cas aussi en particulier pour l’Afghanistan, d’ailleurs, et de façon encore plus claire sur le plan pétrolier avec les Russes. Mais ma logique de lecture n’est pas d’ordre matérialiste. Je suis toujours, j’allais dire spiritualiste, encore une fois spectateur. Non, ce que je crois, c’est qu’il y a une réelle menace et qu’une fausse réponse à une réelle menace est pire que l’inaction. Je répète, j’y reviens parce que c’est très important : à Sarajevo, on bute quelqu’un, un jour de 1914. Bon. Personne ne voulait la guerre, tout le monde va l’avoir, et ce sera l’effondrement de l’Europe. Aujourd’hui, deux, trois individus vont foutre en l’air le World Trade Center (ne parlons pas du Pentagone qui est un objectif militaire). Et alors ? Eh bien, il se passe que l’on risque après New York la première guerre civile mondiale, c’est-à-dire une déstabilisation comme il n’y en a jamais eu. Les guerres civiles ont toujours été locales, que ce soit la guerre d’Espagne, la Commune de Paris, la guerre en Yougoslavie, etc. Elles n’ont jamais été mondiales. Or, c’est bien la menace aujourd’hui : la première guerre civile mondiale, et c’est bien plus grave que le conflit de civilisations dont nous parle Huntington [17].
68T. F. : Vous êtes dans une perception un peu apocalyptique ?
69P. V. : Je suis toujours au-delà de ce qui est dit dans le moment parce que je suis un enfant de la guerre. Relisez mes livres, vous verrez, ce n’est pas de la prophétie. J’ai envie de dire que Perec et moi sommes des voyeurs au sens où on voit des choses. Je prends un exemple : quand, en 1993, il y a le premier attentat contre le World Trade Center, j’ai écrit un texte pour la revue Globe, “New York délire [18]”, affirmant la gravité absolue de l’événement, et que c’était le signe d’un changement dans la guerre. Que m’ont dit alors mes amis ? “Arrête, tu es apocalyptique !” Huit ans après il y a à nouveau le World Trade Center et on me dit “Mais c’est apocalyptique !” Je dis : “Oui, mais maintenant c’est encore autre chose qui arrive, arrêtez d’être en retard de dix ans sur les événements !” Il ne s’agit pas de prévisions ni de prophéties. Et d’ailleurs l’Apocalypse c’est aussi l’annonce d’une bonne nouvelle, c’est la révélation d’un monde qui change !
70T. F. : Mais alors comment échappe-on à l’effroi, et à cette logique du pire ?
71P. V. : En regardant la Méduse en face, mais avec un miroir. C’est le thème de la mort dans les yeux. Nous sommes une société face à la Méduse, et on ne lui tourne pas le dos, on la regarde en biais, de profil, ou encore avec un miroir, il faut qu’elle s’auto-contemple, et ça, c’est un travail à faire collectivement, sans attendre qu’il y ait des idéologues qui nous racontent ce qui arrive.
72T. F. : Courrier international vient de publier la traduction d’un article [19] de Simon Freeman, à propos de l’Irak, avec un titre évocateur “Les télévisions en ordre de bataille”. On a déjà l’impression que ça y est, le dispositif se met en place. Quelle est votre perception, votre sentiment, avec la connaissance particulière de la guerre que vous avez analysée, alors que nous sommes, face à ce conflit qui s’annonce, comme des spectateurs sidérés ?
73P. V. : Comment dire ? D’abord je crois que le terrorisme est quelque chose qu’il faudrait réanalyser totalement. Il faut lire les textes d’Albert Camus qui viennent de paraître, ses Réflexions sur le terrorisme [20]. J’ai une grande admiration pour Camus, j’ai lu L’Homme révolté pendant que j’occupais l’Allemagne dans ma caserne, ça a été ma découverte de cet écrivain, et je suis resté camusien, avec une grande admiration pour lui…
74T. F. : Ce n’est pas tout à fait un hasard que l’on vienne vous voir, puisque La pensée de midi est née d’une expression de Camus, dans une lettre adressée à René Char.
75P. V. : En effet ! Donc, le terrorisme doit être mis au premier plan de la question de la démocratie. Celle-ci est menacée comme jamais, y compris par le nazisme ou les rétro-nazis qui virevoltent un peu partout aujourd’hui, par le terrorisme. Le terrorisme d’État et le terrorisme individuel. Cette menace est d’un tel nihilisme et d’une telle facilité à exercer ! Donc, oui, ce qui se prépare, c’est bien la première guerre civile mondiale. D’une certaine façon c’est la confirmation de la mondialisation. Il ne peut pas y avoir de mondialisation, c’est-à-dire de société réduite aux échanges instantanés, sans qu’il y ait des conflits de même nature. On est loin de la première guerre mondiale : c’est la première guerre civile de la mondialisation.
76T. F. : Nous sommes bien entrés dans le xxie siècle, mais de façon tragique.
77P. V. : On y est totalement. L’essentiel est maintenant d’analyser ce qu’est le terrorisme et en particulier ce que sera la confusion fatale entre accident et guerre. J’ai conçu une exposition pour la Fondation Cartier intitulée “Ce qui arrive [21]”, et qui reprend le thème de mon livre, à partir de la notion d’accident. Sur ce sujet, je crois, et je terminerai là-dessus, que nous entrons dans la troisième attente. Je m’explique : on a un peu oublié la notion d’horizon d’attente, d’un point de vue anthropologique. Le premier horizon d’attente, c’était la Révolution française, et c’est le XVIIIe siècle. La Grande Révolution, et on sait à quel point elle a eu une influence considérable, s’est dupliquée dans la révolution industrielle, la révolution des transports, et ainsi de suite jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique, pourrait-on dire. L’horizon d’attente de la révolution a duré deux siècles. Ensuite on a eu l’horizon d’attente napoléonien (j’ai une horreur absolue pour Napoléon, mais il faut remarquer que c’était un génie militaire) ; c’est l’horizon d’attente de la Grande Guerre. On l’a eu, en 14-18, on en a même eu deux, et on peut dire trois, avec la dissuasion nucléaire. Aujourd’hui, le dernier horizon d’attente, c’est l’accident général. C’est la Grande Catastrophe, dont les écologistes, sans savoir ou en le masquant, sont les premiers héros. Le parti de l’accident s’appelle le parti écologique. Ce que je crains, c’est la naissance d’un parti eschatologique, qui serait bien pire que le parti fasciste.
78T. F. : Toute la question est de savoir comment résister à une telle perspective, avec quels antidotes et quels éléments de pensée ?
79P. V. : En regardant en face la Méduse, en regardant le pire en face et en cessant de masquer la gravité des événements par un langage politiquement correct.
80Entretien réalisé le 7 novembre 2002.
Notes
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[1]
Galilée, 1989.
-
[2]
Éditions du CCI, 1975. Réédition Demi-Cercle, 1991.
-
[3]
Logistique de la perception – Guerre et cinéma I, Éditions de l’Étoile, Cahiers du cinéma, 1984, 1990.
-
[4]
Galilée, 1991.
-
[5]
Galilée, 1999.
-
[6]
La Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) est un prestigieux quotidien conservateur allemand.
-
[7]
Galilée, 1993.
-
[8]
Missiles de croisière, comme par exemple le missile Tomahawk. Lancés du sol, de navires, de sous-marins ou d’avions, ils sont guidés par un calculateur ayant en mémoire une route préétablie, contrôlée en cours de vol par l’intermédiaire d’un radar altimétrique.
-
[9]
Le drone est un petit avion robot d’observation téléguidé, en général depuis l’autre côté d’une frontière, comme le Predator, de construction américaine.
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[10]
Cf. Il Dominio dell’aria (la maîtrise de l’air), 1921. Seule une édition en langue anglaise semble disponible (Command of the air, Ayer Co. Pub., 1972), mais on peut lire un extrait de cet ouvrage dans l’Anthologie mondiale de la stratégie de Gérard Chaliand, coll. “Bouquins”, Robert Laffont, Paris, 1991.
-
[11]
Arme non létale, qui de plus désactive sans détruire. Cette bombe explose en dispersant de la poussière de graphite qui s’incruste partout, provoquant des courts-circuits, très difficiles et complexes à nettoyer. Souvent utilisée contre les centrales électriques serbes lors de la guerre au Kosovo.
-
[12]
Il s’agit du roman de H. G. Wells, La Guerre des mondes.
-
[13]
GPS : Global Positioning System (système de navigation par satellite) est de construction américaine, et possède actuellement une situation de monopole. Galileo est un programme lancé par l’Europe des Quinze, basé sur un réseau d’une trentaine de satellites européens, destiné clairement à concurrencer le GPS. Il devrait être opérationnel en 2008.
-
[14]
Galilée, 2000.
-
[15]
Payot-Rivages, coll. “Petite bibliothèque Payot”, 1995
-
[16]
La Découverte, coll. “Cahiers libres”, 2002.
-
[17]
Cf. Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob, 1997.
-
[18]
Repris dans Un paysage d’événements, Galilée, 1996.
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[19]
Courrier international, 624, 17 octobre 2002 ; initialement paru dans le quotidien International Herald Tribune.
-
[20]
Nicolas Philippe, 2002.
-
[21]
Du 29 novembre au 30 mars 2002, en collaboration avec l’afp et l’ina. Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014, Paris. Catalogue : Actes Sud/Fondation Cartier.