Notes
-
[*]
Professeur d’histoire à l’Université De Montfort, Leicester. Article traduit de l’anglais par Laurent Feutrie.
-
[1]
J. Guthrie, Soccer Rebel : The Evolution of the Professional Footballer, Londres, Pentagon, 1976, p. 69-70 ; Manchester Guardian, 6 septembre 1955.
-
[2]
The National Archives (TNA), LAB 3/993, procès-verbal des débats de la commission d’enquête, premier jour, 15 octobre 1951, p. 3.
-
[3]
Professional Footballers’ Association Archives (PFAA), Manchester, procès-verbal de la réunion extraordinaire des membres de l’AFPTU de Londres et du Sud, 27 février 1939.
-
[4]
Cet arrêt rendu en 1995 par la Cour de justice des communautés européennes libéralise les transferts internationaux.
-
[5]
G. Imlach, My Father and Other Working-Class Football Heroes, Londres, Yellow Jersey, 2005.
-
[6]
C’est le cas de G. Whannel, Media Sport Stars : Masculinities and Moralities, Londres, Routledge, 2001, p. 100-108, et de E. Sheldon, « Becoming a Man in Post-War Britain : Football, Class and Identity in Liverpool and Newcastle, 1951-1979 », thèse de doctorat, Université de Manchester, 2015, p. 46-63.
-
[7]
J. Walvin, The People’s Game : The History of Football Revisited, Édimbourg, Mainstream, 1994, p. 172-76 ; D. Russell, Football and the English : A Social History of Association Football in England, 1863-1995, Preston, Carnegie, 1997, p. 144-51.
-
[8]
A. McIvor, Working Lives : Work in Britain since 1945, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2013.
-
[9]
J. P. W. Mallalieu, This Football Business, Londres, Tribune Publications, 1951, p. 8.
-
[10]
« The Football Industry - I », Planning, XVII, 26 février 1951, p. 164.
-
[11]
Association Football : Report of a Committee of Investigation into the Terms and Conditions of Association Football Players, Londres, HMSO, 1952, p. 9.
-
[12]
« English Professional Football », Planning, XXXII, 1966, p. 104-105.
-
[13]
Manchester Guardian, 22 octobre 1948.
-
[14]
Mass-Observation Archive (M-OA), Topic Collection, 82/1/E, The Keep, Brighton, B. N. Figg à Peter Wilson, 10 mars 1947 ; Ibid., anonyme (Liverpool) à Peter Wilson, 9 mars 1947.
-
[15]
A. Hardaker, Hardaker of the League, Londres, Pelham, 1977, p. 81.
-
[16]
Daily Mirror, 19 juillet 1951 ; Daily Express, 10 mars 1956.
-
[17]
TNA, LAB 3/992, Fred Howarth à E. Sams, 11 décembre 1951 ; TNA, LAB 10/986, note de la réunion tenue le 17 juillet 1951, 20 juillet 1951.
-
[18]
Daily Express, 16 octobre 1951 ; J. Harding, For the Good of the Game : The Official History of the Professional Footballers’ Association, Londres, Robson, 1991, p. 236.
-
[19]
C. Howell, Trade Unions and the State : The Construction of Industrial Relations Institutions in Britain, 1890-2000, Princeton, Princeton University Press, 2005, p. 91.
-
[20]
TNA, LAB 83/3392, National Arbitration Tribunal, Award N° 942, 1947 ; Ibid., Industrial Disputes Tribunal, Award n° 399, 24 juillet 1953.
-
[21]
TNA, LAB 10/27, Stanley Rous à Sir Godfrey Ince, 4 février 1949.
-
[22]
TNA, LAB 3/992, rapport de la réunion de la commission mixte de la FA, de la FL et du syndicat des joueurs, 21 septembre 1950 ; TNA, LAB 10/986, compte rendu, 13 juillet 1951.
-
[23]
Association Football…, op. cit., p. 18.
-
[24]
TNA, LAB 10/27, G. A. Isaacs à J. P. W. Mallalieu, 12 août 1950 ; Ibid., compte rendu, H. A. Whitson, 24 novembre 1948.
-
[25]
TNA, LAB 3/992, mémorandum du cas de l’AFPTU, 20 septembre 1951, p. 1-3 ; Ibid., AFPTU à Fred Howarth, 13 mai 1949 (copie).
-
[26]
« The Football Industry - II », Planning, XVII, 5 mars 1951, p. 199.
-
[27]
TNA, LAB 10/1073, Grimsby Town FC, Training Rules and Players’ Instructions, 1951-1952.
-
[28]
L. Shackleton, Clown Prince of Soccer, Londres, Nicholas Kaye, 1955, p. 19 ; « The Football Industry - II » art. cité, p. 199.
-
[29]
Lancashire Archives (LA), Football League Collection (FLC), Preston, DDFOL/1/1/2/4, procès-verbal du Football League Management Committee (FLMC), 8 février 1948 ; Ibid., compte rendu du FLMC, 8 janvier 1950 et 19 septembre 1950 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 29-30 janvier 1950 et 14 avril 1950 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu du FLMC, 21 février 1954 et 1er novembre 1955.
-
[30]
TNA, LAB 3/993, procès-verbal des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, deuxième jour, 16 octobre 1951, p. 19.
-
[31]
FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu du FLMC, 13 décembre 1953 ; Ibid., compte rendu interne du FLMC, 11 août 1950 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu du FLMC, 17 octobre 1950.
-
[32]
LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 5 mai 1955 et 1er juin 1956.
-
[33]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 8 janvier, 29-30 janvier et 12 février 1950.
-
[34]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 3 juillet 1949.
-
[35]
G. Eastham, Determined to Win, Londres, Stanley Paul, 1964, p. 51-54 ; G. Imlach, My Father…, op. cit., p. 59.
-
[36]
LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 4 octobre 1953 ; W. Vamplew, Pay Up and Play the Game : Professional Sport in Britain, 1875-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 240.
-
[37]
LA, FLC, DDFOL/1/1/110, compte rendu interne du FLMC, 2 avril 1954.
-
[38]
TNA, LAB 3/992, mémo sur les joueurs professionnels affiliés à et sous contrat avec des clubs de la FL, 10 décembre 1951.
-
[39]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/4, compte rendu interne du FLMC, 14 décembre 1947.
-
[40]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, 1er novembre 1951, p. 10-11 et 17.
-
[41]
TNA, LAB 3/992, mémorandum du cas de l’AFPTU, 20 septembre 1951, p. 3-4 ; TNA, LAB 10/986, notes sur la réunion avec le syndicat des joueurs de football, 21 juillet 1951.
-
[42]
Débats à la Chambre des communes (HC Deb), 21 mai 1957, vol. 570, col. 1151-1153.
-
[43]
TNA, LAB, 10/986, notes de la réunion tenue le 17 juillet 1951, 20 juillet 1951.
-
[44]
TNA, LAB 3/992, rapport sur une réunion de la FA, de la FL et de l’AFPTU, 19 octobre 1949.
-
[45]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, 2 novembre 1951, p. 59 et cinquième jour, 12 novembre 1951, p. 19.
-
[46]
TNA, LAB 10/1606, notes d’une réunion tenue au ministère du Travail, 20 janvier 1961.
-
[47]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 6 et 22-23.
-
[48]
G. Eastham, Determined to Win, op. cit., p. 59.
-
[49]
TNA, LAB 10/986, Jimmy Fay au ministère du Travail, 14 juin 1951.
-
[50]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 11-12 ; TNA, 3/992, Jimmy Fay à Fred Howarth, 12 juin 1951.
-
[51]
S. Bartram, Sam Bartram, his Autobiography, Londres, Burke, 1956, p. 142.
-
[52]
G. Imlach, My Father…, op. cit., p. 51-52 ; A TNA, LAB 3/992, FPTU à Fred Howarth, 13 mai 1949.
-
[53]
L. Shackleton, Clown Prince of Soccer, op. cit., p. 25.
-
[54]
G. Imlach, My Father…, op. cit., p. 57.
-
[55]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, p. 51.
-
[56]
R. Taylor et A. Ward, Kicking and Screaming : An Oral History of Football in England, Londres, Robson, 1995, p. 38-39 ; The Everton Collection, 796 EFC/1/1/25, compte rendu du conseil des directeurs de l’Everton FC, 23 septembre, 4 et 11 novembre 1947, 7 mai, 4 juin, 5 et 31 août, 14 septembre 1948, 25 octobre, 29 décembre 1949, 31 janvier, 14 et 21 février, 1er août 1950.
-
[57]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, p. 41-42.
-
[58]
HC Deb, 21 mai 1957, vol. 570, col. 1152.
-
[59]
S. Bartram, Sam Bartram. His Autobiography, op. cit., p. 141.
-
[60]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, cinquième jour, p. 9 et quatrième jour, p. 51.
-
[61]
TNA, LAB 3/992, Football League, Introductory Remarks, sd [1951].
-
[62]
Ibid.
-
[63]
Modern Record Office (MRO), University of Warwick, MSS.292B/91/64, Justice Wilberforce, Eastham v Newcastle United FC and others, 4 juillet 1963, p. 14.
-
[64]
S. Cullis, All for the Wolves, Londres, The Sportsmans Book Club, 1961, p. 186.
-
[65]
TNA, LAB 10/1606, notes d’une réunion tenue au ministère du Travail, 20 janvier 1961.
-
[66]
Eastham v Newcastle United FC, loc. cit., p. 13 ; TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 5 et 18.
-
[67]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 41.
-
[68]
TNA, LAB 10/986, extrait de notes sténographiées prises à la réunion du Joint Committee, 12 avril 1951 et coupure tirée du Daily Telegraph, 4 juin 1951.
-
[69]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, procès-verbal de la réunion générale ordinaire des actionnaires de la FL, 30 mai 1949 ; Ibid., procès-verbal de l’assemblée générale annuelle de la FL, 3 juin 1950.
-
[70]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, sixième jour, 27 novembre 1951, p. 24-25.
-
[71]
TNA, LAB 3/992, Préambule au cas de la League, sd [1951], p. 6.
-
[72]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, p. 58.
-
[73]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête, troisième jour, p. 35 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 16 avril 1943 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 26 septembre et 19 octobre 1954.
-
[74]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 17 août 1952 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 9 janvier 1955.
-
[75]
Manchester Guardian, 20 octobre 1948 ; TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête, quatrième jour, p. 37.
-
[76]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, cinquième jour, p. 38.
-
[77]
TNA, LAB 3/992, Football League, Memo 3, 14-15 octobre 1951, p. 10.
-
[78]
A. Ramsey, Talking Football, Londres, Stanley Paul, 1952, p. 58-59.
-
[79]
Association Football, loc. cit., p. 16.
-
[80]
LAB 10/1144, déclaration de l’AFPTU sur le rapport de la commission d’enquête, sd [1952] ; T. Finney, Finney on Football, Londres, The Sportsmans Book Club, 1960, p. 146 ; N. Lofthouse, Goals Galore, Londres, Stanley Paul, 1954, p. 48 ; B. Wright, The World’s My Football Pitch, Londres, Stanley Paul, 1953, p. 79.
-
[81]
I. Sharpe, The Football League Jubilee Book, Londres, Stanley Paul, 1963, p. 178 ; TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête, quatrième jour, p. 13.
-
[82]
R. Holt et T. Mason, Sport in Britain, 1945-2000, Oxford, Blackwell, 2000, p. 81.
-
[83]
J. Hill, Striking for Soccer, Londres, Peter Davies, 1961, p. 14-15.
-
[84]
Rapport de la conférence des clubs de la FL, 27 mars 1950, LA, FLC, DDFOL/4/1, M-1.
-
[85]
FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu des débats de la commission d’enquête, cinquième jour, p. 60-61 ; Ibid., compte rendu interne du FLMC, 13 décembre 1953.
-
[86]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 3 mars et 1 mai 1952 ; Ibid., compte rendu du FLMC, 4 avril 1952.
-
[87]
LA, FLC, DDFOL/4/3, M-3., H. Wilson Keys à Alan Hardaker, 29 février et 10 mars 1960 ; Ibid., Hardaker à Mr Olive, mars 1960
-
[88]
Daily Mirror, 6 décembre 1952.
-
[89]
A. Ledbrooke et E. Turner, Soccer from the Press Box, Londres, Nicholas Kaye, 1955, p. 45 ; A. Ramsey, Talking Football, op. cit., p. 59.
-
[90]
TNA, LAB 3/992, Football League, Memo 3, 14-15 octobre 1951, p. 10.
-
[91]
Daily Express, 28 juillet 1953.
-
[92]
LA, FLC, DDFOL/4/1, M-1, rapport d’une conférence des clubs, 24 mars 1952, p. 2 ; LA, FLC, DDFOL/4/3, M-3, compte rendu d’une réunion des actionnaires de la FL, 8 décembre 1959, p. 7.
-
[93]
I. Gazeley, « Manual Work and Pay, 1900-70 », in N. Crafts, I. Gazeley et A. Newell (dir.), Work and Pay in Twentieth-Century Britain, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 55-79.
-
[94]
J. P. W. Mallalieu, This Football Business, op. cit., p. 14.
-
[95]
T. Finney, Finney on Football, op. cit., p. 137.
-
[96]
S. Cullis, All for the Wolves, op. cit., p. 181.
-
[97]
TNA, LAB 3/992 Football League, Memo 3, 14-15 octobre 1951, p. 11 ; Ibid., Préambule au cas de la League, s.d. [1951], p. 8 ; Manchester Guardian, 22 mars 1952.
-
[98]
J. McIlroy, Right Inside Soccer, Londres, Nicholas Kaye, 1960, p. 81.
-
[99]
N. Lofthouse, Goals Galore, op. cit., p. 49 ; T. Finney, Finney on Football, op. cit., p. 145. Voir aussi R. Flowers, For Wolves and England, Londres, Sportsmans Book Club, 1964, p. 93 ; A. Ramsey, Talking Football, op. cit., p. 59.
-
[100]
J. P. W. Mallalieu, This Football Business, op. cit., p. 16 ; TNA, LAB 3/992, Préambule au cas de la League, s.d. [1951], p. 8.
-
[101]
The Observer, 28 février 1959.
-
[102]
The Observer, 22 février 1959.
-
[103]
LA, FLC, DDFOL/4/5, M-5, mémo sur les questions dignes d’attention en relation avec les propositions de l’Arsenal, 18 juillet 1960.
-
[104]
LA, FLC, DDFOL/4/5, M-5, rapport d’une réunion des membres associés de la FL, 25 octobre 1960 ; Daily Mirror, 2 décembre 1960.
1Le 5 septembre 1955, Jimmy Guthrie, ancien joueur de football professionnel et président de l’Union des entraîneurs et des joueurs de football professionnels (Association Football Players’ and Trainers’ Union, AFPTU) monta à la tribune lors du Congrès des syndicats britanniques (Trades Union Congress, TUC) qui se tenait à Southport et déclara :
Je suis ici en tant que représentant des derniers travailleurs contraints de Grande-Bretagne… Nous demandons votre aide pour abattre un système sous le joug duquel […] des êtres humains sont achetés et vendus comme du bétail. Un système qui, comme au temps de la féodalité, lie un homme à un maître ou, en cas de rébellion, l’empêche de trouver un autre emploi. Les conditions d’emploi du joueur de football professionnel ressemblent à de l’esclavage.
3Appuyée par « Wee » (le tout-petit) Georgie Wood, de la Fédération des artistes de variétés (Variety Artists’ Federation, VAF), la motion de Guthrie, aux termes de laquelle les joueurs de football devraient jouir « des mêmes droits que tous les autres employés, y compris la liberté de passer et de rompre un contrat de travail » et « de la liberté de gagner autant d’argent que possible », fut adoptée à l’unanimité « sous les acclamations [1] ». Son discours, qui reçut un grand écho dans la presse, témoigne de l’importance, pour la culture populaire d’après-guerre, de la question des conditions d’emploi dans l’industrie du football en Angleterre. Aucun autre secteur d’activité de taille aussi modeste ne fit l’objet de discussions aussi approfondies, ni ne vit ses réglementations internes plus méticuleusement disséquées et les propositions d’améliorations plus régulièrement exposées au débat public. En 1951, le représentant légal de l’AFPTU affirma que les modalités contractuelles et la rémunération des joueurs de football éveillaient « l’intérêt d’une très grande partie de l’opinion publique » et que, par conséquent, c’était « une question d’importance […] bien au-delà du sort personnel des joueurs concernés ou du bien-être de ce corps de travailleurs dans son ensemble [2] ».
4Cartel des clubs professionnels de premier plan en Angleterre et au Pays de Galles, la Ligue de football (Football League, FL) était l’organisation qui contrôlait les conditions d’emploi des joueurs d’élite, avec la participation de la Fédération anglaise de football (Football Association, FA), organe directeur de ce sport. Depuis les années 1890, un système organisant la retenue ou le transfert des joueurs régissait leur mouvement entre les clubs et, depuis 1901, imposait un salaire maximal limitant le salaire hebdomadaire de base que les joueurs pouvaient recevoir. On en était arrivé à considérer ces réglementations, prises ensemble, comme essentielles au bon fonctionnement de la compétition au sein de la FL : elles devaient garantir que les clubs les plus riches n’attirent pas tous les meilleurs joueurs ; que les clubs plus pauvres reçoivent une indemnisation adéquate pour l’entraînement et la formation des jeunes joueurs ; que les employés ne soient pas tentés de changer de club trop souvent. Cependant, leurs adversaires leur reprochaient d’être « unilatérales et dépassées » et considéraient le système de transfert « comme une sorte d’esclavage [3] ». Dans l’entre-deux-guerres, l’AFPTU, soutenue par des supporters et des journalistes sympathisants, avait mené campagne pour mettre fin à ce système de retenue-et-transfert et revenir sur le salaire maximal, sans grand succès. Mais l’amélioration des conditions de travail et la progression générale du syndicalisme après 1945 créèrent un contexte plus favorable à la cause des réformateurs. Pendant les quinze années suivantes, la bataille pour la révision des conditions d’emploi des joueurs devint le point focal des débats publics concernant le football professionnel, déterminant les représentations qu’en eurent les contemporains et sa mémoire actuelle.
5Les représentations populaires des conditions d’emploi des footballeurs professionnels à cette époque ont en commun avec le vocabulaire de Guthrie et celui d’autres pourfendeurs de la situation d’être marquées par l’emploi d’une série de formules toutes faites et interchangeables : « esclaves », « serfs », « domestiques » et « travailleurs contraints ». Opposant souvent l’ancien système du salaire maximal et de la retenue-et-transfert à la relative liberté des ouvriers ordinaires de l’industrie et à celle des footballeurs, après 1961 et surtout après l’arrêt Bosman [4], des lectures soit misérabilistes soit nostalgiques ont dominé les autobiographies, les biographies et le journalisme populaire récents. Des livres, comme celui de Gary Imlach, présentent les joueurs de football des années 1950 comme des hommes issus de la classe ouvrière qui auraient été dépourvus de moyens pour faire face à la faiblesse de leur salaire, à des contrats léonins et à des directeurs indifférents à leur bien-être [5]. D’autres idéalisent la période du salaire maximal en la présentant comme un temps où aurait régné une camaraderie égalitaire, que ce soit au sein de la profession ou entre joueurs et supporters, et où les revenus des uns et des autres se seraient rapprochés comme jamais auparavant ni depuis [6]. Relativement constantes au cours des dernières décennies, ces interprétations ont été influencées dans une large mesure par les journalistes sportifs actuels qui, à leur tour, ont nourri les récits populaires et les études savantes consacrés au monde du football [7].
6Nous voudrions ici proposer une nouvelle lecture des conditions d’emploi des joueurs de football après 1945. Il nous apparaît en effet qu’elles étaient plus complexes qu’on ne l’admet en général et que le traitement des employés était varié. En regardant au-delà de la relation directe entre le club et le joueur et en reconnaissant que le marché de l’emploi du football et les conditions qui y régnaient étaient en réalité le résultat d’un ensemble d’interactions entre l’association patronale, la fédération nationale, l’employeur, le syndicat et la main-d’œuvre du « vestiaire », on peut analyser autrement la façon dont les joueurs de football était réellement traités. Dans le pire des cas, les conditions d’emploi des joueurs pouvaient être rapprochées de l’« esclavage » et du « féodalisme » ; mais les réglementations, restrictives sur le papier, étaient souvent interprétées de façon telle qu’elles offraient en pratique des libertés et des rétributions plus larges que ne le disaient les textes.
7Notre propos s’appuie sur deux sources de premier plan qui sont restées largement inexploitées dans les précédentes études du football professionnel en Angleterre et au Pays de Galles : les archives de la Ligue de football et celles du ministère du Travail. Les archives de la Ligue de football permettent de mieux comprendre l’attitude et les actions de cette association patronale. Les comptes rendus internes du comité de direction de la FL (Football League Management Committee, FLMC), en particulier, ne sont devenus accessibles aux chercheurs que récemment et donnent des détails inédits sur des cas individuels. Les archives du ministère du Travail révèlent quant à elles le rôle joué par le gouvernement dans l’arbitrage entre le syndicat et la FL dans les années 1940 et 1950. Les dossiers de la commission d’enquête du ministère du Travail de 1951, chargée du différend entre les deux parties, en particulier les comptes rendus détaillés de ses auditions, sont importants dans la mesure où ils dépassent les frontières réglementaires qui encadraient le travail des joueurs de football. C’est une source exceptionnelle pour connaître le traitement individuel des joueurs et les expériences professionnelles vécues sous le système de retenue-et-transfert et de salaire maximal. Nous avons croisé ces sources avec des autobiographies de joueurs et de directeurs, éclairantes mais peu exploitées jusqu’ici, pour proposer une analyse qui donne du champ aux expériences individuelles. En explorant le fonctionnement concret de ce système, il est possible de prolonger les récentes analyses des existences laborieuses britanniques à la mine et à la boutique en prenant en considération ces espaces culturels d’importance que sont le stade de football et le vestiaire [8].
Contextes de l’emploi dans le football
8L’activité des joueurs de football professionnels était contrôlée et réglementée par trois organisations interconnectées : les clubs, la Fédération anglaise de football (FA) et la Ligue de football (FL). Organe directeur du jeu en Angleterre, la Fédération était chargée du développement de l’activité sportive à tous les niveaux, depuis les clubs locaux de jeunes et d’amateurs jusqu’aux clubs nationaux d’adultes. L’ensemble des clubs et des ligues professionnels étaient affiliés à la Fédération et soumis à ses réglementations. La Ligue, cependant, était exclusivement composée des quatre-vingt-douze clubs professionnels de tête en Angleterre et au Pays de Galles (quatre-vingt-huit avant 1950). Elle occupait une position privilégiée au sein de la Fédération : tous les membres de son organe administratif, le FLMC, étaient automatiquement membres de droit de l’instance directrice de la Fédération, le conseil de la FA. Forte de ses clubs et de ses joueurs, la FL contribuait massivement aux recettes de la FA, grâce aux matchs de coupe de la FA et aux matchs internationaux. La Ligue jouissait donc d’une influence considérable sur la prise de décision au sein de l’instance mère. Un rapport la décrivait comme « un royaume dans un empire » et relevait, puisque les clubs de la FL constituaient la principale source de revenus, que « le royaume semblait parfois avoir plus de pouvoir que l’empire [9] ». Il est certain qu’à partir de 1945, la FL avait acquis une autonomie considérable. Elle réglementait les activités des clubs affiliés, depuis les salaires, les primes et les transferts jusqu’aux aménagements, aux rencontres et au pourcentage des recettes reversées aux clubs jouant à l’extérieur. Selon le rapport de 1951 de l’organisme de recherche Planification économique et politique (Political and Economic Planning, PEP), elle était « dans une position bien plus avantageuse… [pour exercer] un contrôle central sur les activités financières et commerciales du football » que ne l’était la FA [10].
9La différence entre le club, employeur, et le FLMC, qui s’apparentait à une association patronale réglementant certaines conditions d’emploi et représentant les « entreprises » du secteur, échappait souvent aux observateurs contemporains. Si les intérêts des deux entités se recoupaient en principe, ils n’étaient pas toujours identiques. Défenseur des souhaits collectifs de ses membres, le FLMC tentait notamment de concilier des approches et des politiques qui pouvaient différer entre les clubs de première et de deuxième division qui disposaient d’une voix chacun lors des réunions annuelles en tant que membres de droit, et les clubs des deux autres divisions qui n’avaient que quatre votes à se partager en tant que membres associés. Les divergences de point de vue entre les plus riches et les plus démunis pouvaient se résoudre quand le FLMC faisait appel à la notion d’« égalité entre les clubs », principe clé de la FL, hérité de ses débuts au XIXe siècle [11]. Le FLMC s’appuyait systématiquement sur cet argument dans tous les débats, internes ou publics, relatifs aux contrats, au mouvement et au salaire des joueurs. Bien que le FLMC affirmât régulièrement être un organe exécutif au service des décisions de ses membres, les changements de règlementation pouvaient difficilement être mis en œuvre sans son soutien. Même les clubs prestigieux ne disposaient que d’une marge de manœuvre limitée pour modifier le cadre réglementaire dans lequel travaillaient leurs employés. Cette situation encourageait l’inertie et le conservatisme, aggravés par la règle de la majorité des trois quarts qui s’appliquait aux assemblées générales annuelles.
10L’AFPTU, rebaptisée en 1957 Association des joueurs de football professionnels (Professional Footballers’ Association, PFA), représentait les intérêts collectifs des joueurs. Après avoir été largement marginalisée par la FL et la FA entre les deux guerres, elle devint plus combative à partir de 1945 et gagna en influence parmi les joueurs de football. Des succès liés aux revendications sur les indemnisations en cas de blessure et sur la réintégration des employés pendant la guerre et immédiatement après, donnèrent des ailes aux dirigeants du syndicat [12]. Aidée par un climat favorable au progrès du syndicalisme, l’AFTPU vit ses effectifs augmenter fortement, d’abord sous Jimmy Guthrie, militant qui ne reculait pas devant l’affrontement, puis, à partir de 1957, sous son successeur Jimmy Hill, un ancien joueur professionnel qui avait fait des études, disposait de relations et avait un talent de communiquant. Pour la première fois, l’expression publique d’un mécontentement à propos des conditions d’emploi trouva un soutien au sein de la classe politique, en particulier de la part des députés travaillistes Joseph Percival William Mallalieu et Ellis Smith, et de Walter Monckton, avocat puis ministre conservateur du Travail entre 1951 et 1955.
11Le syndicat trouva aussi un soutien considérable dans la presse populaire. Un éditorial d’octobre 1948 publié dans le Manchester Guardian le notait : « l’opinion publique est probablement favorable aux joueurs en ce moment [13] ». Cette remarque pouvait s’appuyer sur les réponses à un questionnaire proposé dans le Sunday Pictorial en mars 1947. À la question « Pensez-vous que les joueurs de football auraient raison de faire grève pour obtenir une augmentation de salaire ? », nombre de sondés répondirent oui, avec des remarques comme : « Les clubs n’ont jamais été aussi nantis qu’aujourd’hui, je suis d’avis que des joueurs comme Lawton de Chelsea, Matthews et beaucoup d’autres ont bien autant le droit d’être payés comme des ‘vedettes’ que… [des acteurs de cinéma] comme Sid Field, Stewart Granger, etc. » ou « C’est leur droit le plus strict [de faire grève parce qu’ils] sont une des raisons qui suscitent l’intérêt du public [14] ». Dès 1951, les instances gouvernantes du sport craignaient de perdre la bataille des relations publiques. Au début des années 1960, le secrétaire de la FL affirma que « seul le point de vue d’un des camps était exposé de façon cohérente dans la presse, à la télévision et à la radio » et que les articles « étaient souvent biaisés en faveur des joueurs [15] ».
12Les tensions entre la FL et le syndicat des joueurs modelèrent les relations professionnelles du football de l’après-guerre. Les réunions conjointes étaient rares avant 1945 et les relations se bornaient pour l’essentiel à des contacts entre les secrétaires des deux instances pour régler des questions relatives aux indemnisations par les assurances et aux prestations sociales. Après la guerre, des revendications plus vigoureuses donnèrent lieu à une série de menaces de grèves : d’abord en 1945 et 1946 pour des augmentations de salaire ; de nouveau en 1947 en raison du refus du FLMC de négocier ; une fois encore en 1951 au sujet des salaires et des conditions d’emploi ; et finalement, en 1960-1961, à l’issue d’une campagne de dix mois qui s’acheva par l’abolition du salaire maximal. À plusieurs occasions, l’AFPTU recourut aussi à des armes telles que le refus de signature de contrat et l’exclusion des membres qui jouaient de nuit ou donnaient gratuitement des entretiens à la télévision [16]. Les tensions entre les parties étaient exacerbées par des querelles de personne. Les relations entre Fred Howarth, secrétaire de la FL de 1933 à 1956, et Jimmy Fay, secrétaire de l’AFPTU de 1929 à 1953, étaient conflictuelles depuis les années 1930. Jimmy Guthrie, de son côté, était antipathique aux membres les plus importants du FLMC et de la FA en raison de son style de négociation, âpre et agressif, et de l’usage continuel qu’il faisait de la presse à des fins de « propagande » syndicale [17]. Des titres de la presse populaire conservatrice le surnommèrent « le Boulganine du football » (Ball Game Bulganin) et, bien qu’il y eût peu de signes que sa politique fût aussi subversive que celle des militants syndicaux d’autres branches, les instances dirigeantes le tenaient pour un fauteur de troubles, affirmant qu’il serait impossible de conclure un accord tant que l’APFTU resterait sous sa direction [18]. Les historiens des relations sociales au Royaume-Uni ont décrit les années 1940 et 1950 comme une période phare des négociations collectives de branche. Au moment où étaient adoptées des procédures consultatives très complètes pour les emplois du secteur tertiaire, l’arbitrage et la négociation collective furent introduits pour conclure des accords dans le football professionnel. L’arbitrage obligatoire pouvait être mis en œuvre lors des conflits entre syndicats et employeurs qui débouchaient sur des impasses et quand « les conditions d’emploi n’étaient pas respectées par l’employeur [19] ». L’AFPTU eut recours pour la première fois au Tribunal national d’arbitrage (National Arbitration Tribunal) en 1947 et porta en 1953 sa première affaire devant le Tribunal des conflits du travail (Industrial Disputes Tribunal) qui lui succéda [20]. Une commission permanente mixte (Joint Standing Committee, JSC), composée de représentants de la FL, de la FA et de l’AFPTU, chargée de « s’occuper… du bien-être des joueurs », fut créée en mars 1949 [21]. En pratique, cependant, elle exacerba les tensions mutuelles : le syndicat était accusé d’exiger trop et trop vite et de faire pression pour obtenir un arbitrage prématuré, tandis que les employeurs se voyaient reprocher d’être peu disposés à négocier. La situation étant bloquée, le ministère du Travail mit sur pied en 1951 une commission d’enquête [22]. Le rapport de cette commission pressa les parties de revenir à des négociations mixtes « dans un esprit plus conciliant » et avec « moins de soupçons mutuels [23] ». Le FLMC se retira cependant de la JSC en 1956, puis en 1958. Cette dernière sortie mit, de fait, un terme à la première tentative du secteur du football de faire fonctionner des procédures de négociation volontaire. Pour sa part, la FA n’appréciait guère d’être identifiée comme un employeur, aux côtés de la FL et de ses clubs, lors des conflits avec les joueurs professionnels. Elle affirma qu’en se joignant à la JSC, elle avait espéré « qu’elle pourrait maintenir l’équilibre entre les deux parties » mais s’inquiétait du risque de compromettre, par cette participation, sa liberté d’agir « en tant qu’autorité de référence du sport ». Les responsables du ministère du Travail, quant à eux, plaçaient la FA nettement « du côté des employeurs » dans leurs communications internes, tandis que le syndicat la rangeait dans le même camp que la FL lors des conflits du travail qu’il porta devant le tribunal d’arbitrage après 1947 [24].
Contrats et conditions d’emploi
13Le contrat des joueurs fut le point focal des conflits du travail dans le football d’après-guerre. Les joueurs signaient directement avec leur club. Cependant, il s’agissait de contrats types établis par la FA, stipulant que le joueur s’engageait à se soumettre aux réglementations de la FA et de la FL. À la signature, le joueur était obligé d’adhérer à la FA, ce qui lui permettait de jouer pour son club et dans le championnat national de la coupe de la FA. Puis il signait un formulaire distinct d’adhésion à la FL qui lui permettait de jouer dans le championnat de la FL (s’il était dans la réserve ou la troisième équipe, il signait un formulaire d’adhésion à une ligue moins prestigieuse). L’AFPTU contestait ce système de contrôle partagé des contrats et des adhésions, le considérant comme inutile et déroutant pour le joueur, et proposait des contrats alternatifs qui ne liaient que le joueur et son club [25].
14Le contrat d’un joueur de football l’obligeait donc à remplir une série d’obligations envers son club, la FA et la FL. Il fixait le salaire à payer et engageait le joueur à jouer de façon efficace, à assister à l’entraînement, à rester en bonne forme et à obéir aux ordres de ses employeurs. Outre les clauses générales du contrat, les clubs avaient leurs propres règles, conçues pour « garder un joueur à la hauteur de sa tâche ou à l’abri du danger [26] ». Outre des instructions d’entraînement d’ordre général, les règles du club de Grimsby Town interdisaient aux joueurs de se rendre dans des débits de boisson pendant la journée, d’aller danser en semaine et de se déplacer à vélo ou à moto [27]. Len Shackleton, attaquant du club de Sunderland, dénonça les recueils de règles des clubs comme « des manuels stupides », remplis « d’un dogme obscur d’interdits » qu’il comparait au régime disciplinaire des forces armées tout en reconnaissant que d’autres clubs, moins sévères, se fiaient « au bon sens du joueur – et à l’œil vigilant du directeur et de l’entraîneur [28] ». La transgression de ces règles pouvait entraîner la rupture du contrat, des suspensions ou des renvois. Cependant, il ne semble pas que les employeurs les aient appliquées de façon systématique ou rigoureuse. Dans les archives de la FL, on ne trouve la trace que de sept recours contre des ruptures de contrat pour des motifs disciplinaires entre 1945 et 1955 et, à l’exception de trois cas, la mesure fut suspendue ou arbitrée à l’avantage du joueur [29]. Qui plus est, la fameuse clause « d’inefficacité manifeste », qui permettait aux clubs de résilier le contrat d’un joueur après un préavis de quatorze jours, fut supprimée du règlement de la FA en 1951 parce qu’elle n’était utilisée que « très rarement [30] ».
15Des suspensions de longue durée étaient prononcées dans des cas graves, comme l’acceptation de rémunérations illégales, le refus d’appliquer des instructions venues de la FL ou du club ou la rupture malveillante d’un contrat. Parmi les affaires célèbres, on peut citer en 1953 la suspension sine die du joueur de Mansfield Town, D. O. Jones, pour avoir reçu des paiements irréguliers en violation des règles de la FA et de la FL, ainsi que les suspensions de Charlie Mitten et Neil Franklin qui avaient quitté leur club pour rejoindre des équipes non affiliées en Colombie au début des années 1950 [31]. Les salariés qui étaient considérés comme des fauteurs de trouble étaient assurément traités avec sévérité, sans égard pour leur célébrité. En 1955, l’ancien international d’Angleterre Wilf Mannion fut suspendu pour avoir refusé de donner le nom du club qui aurait tenté de le débaucher et de lui faire abandonner Middleborough plusieurs années auparavant, épisode qu’il avait relaté dans un article de presse. Quand il demanda au FLMC sa réinscription un an plus tard, le comité de direction lui opposa un refus en arguant de son âge et de « son incapacité à se plier aux instructions [32] ». Mais ces pratiques punitives n’étaient pas courantes. Le FLMC intervenait parfois pour apaiser les relations entre un club et ses joueurs, bien qu’il s’assurât également que les salariés soient réprimandés avec la sévérité requise en cas de comportement déplacé. Ainsi en février 1950, lorsque les allégations d’un joueur de Notts County selon lesquelles ses camarades avaient « vendu » un match s’avérèrent infondées, le FLMC blâma le diffamateur pour « mauvaise conduite » et reprocha à son club de n’avoir pas pris les mesures nécessaires en temps opportun [33]. Mais ni le club ni la FL ne préconisèrent le renvoi du joueur.
16Il est certain que la plupart des clubs prenaient soin de leurs joueurs. En général, leurs salariés pouvaient trouver par leur intermédiaire un logement, les jeunes célibataires étant hébergés par des logeuses liées au club et les joueurs mariés se voyant fournir une maison. Certains étaient même soupçonnés de bénéficier de contrats de location subventionnés, en infraction avec les règlements de la FL [34]. Il arrivait que la pénurie de logements et leur qualité médiocre pèsent sur les relations entre l’employeur et ses salariés mais, en général, les joueurs considéraient le logement comme un des « avantages en nature » de leur emploi [35]. Des prêts étaient proposés aux joueurs, beaucoup plus couramment qu’aux débuts du football professionnel, à une époque où on considérait encore souvent qu’on « ne pouvait pas faire confiance » à un salarié « pour gérer ses propres affaires financières [36] ». La FL encourageait de fait les clubs à aider les joueurs par des prêts autant que le besoin s’en faisait sentir et validait les plans de remboursement [37].
17La question du travail à temps partiel montre bien les limites des généralisations en matière de traitement des joueurs. Normalement, les directeurs et les administrateurs préféraient que leurs joueurs travaillent à plein temps. Des 3 154 professionnels enregistrés dans des clubs de la FL pendant la saison 1951-1952, seuls 620 étaient employés à temps partiel, tandis que 362, enrôlés pour leur service national, étaient payés à la rencontre [38]. Mais les clubs n’hésitaient pas à proposer des emplois complémentaires pour inciter les joueurs à signer, notamment les seniors en fin de carrière. La garantie d’un poste de directeur des ventes pendant cinq ans chez un fabricant de machines à écrire motiva ainsi le transfert de Tommy Lawton de Chelsea au club de troisième division de Notts County en 1947 [39]. Cependant de nombreux joueurs protestèrent devant la commission d’enquête de 1951 contre les employeurs qui rejetaient leurs demandes de temps partiel. « La direction du foot ne veut pas qu’un joueur pense à son avenir ou essaie de s’améliorer », déplora, après un refus de Chelsea, Frank Mitchell, qui voulait reprendre un petit hôtel dans la station balnéaire de Pezance ; d’autres dénonçaient les directions de clubs qui contrecarraient leurs efforts pour « acquérir de l’expérience dans un second métier [40] ». La politique en la matière variait, la décision dépendant souvent du degré de contrôle que les employeurs pensaient pouvoir exercer sur les conditions de travail de leurs salariés.
Le système de retenue-et-transfert
18Le système par lequel un club pouvait retenir les joueurs inscrits ou les transférer dans un autre club était l’objet des polémiques les plus vives concernant l’emploi des footballeurs. À la fin de chaque saison, juste avant que la plupart des contrats n’arrivent à expiration, chaque directeur de club avait coutume de répartir les joueurs enrôlés en deux listes – l’une pour les joueurs retenus, l’autre dénombrant les joueurs disponibles pour un transfert. Cette dernière était ensuite transmise à la FL pour diffusion. Une troisième option consistait à annuler le contrat et l’enrôlement du joueur pour lui permettre de trouver un autre club. Si un joueur n’était pas satisfait des termes de sa retenue, ou voulait passer dans un autre club, il pouvait refuser de renouveler son contrat et déposer un recours auprès du FLMC. Mais tant qu’on lui offrait le salaire minimal de retenue, déterminé par les règles de la FA (332 livres en 1951 et 418 en 1958), son recours avait peu de chance d’être accepté. Tant qu’il figurait sur la liste des retenus, il lui était interdit de négocier pour passer dans un autre club, que ce dernier soit ou non affilié à la FL. Par ailleurs, un joueur pouvait exercer un recours contre son placement sur la liste de transfert, ou encore pour faire baisser l’indemnité de transfert prélevée par le club de départ. Mais les recours traînaient souvent en longueur et les clubs n’avaient pas l’obligation de payer les joueurs qui restaient sur la liste des retenus ou la liste de transfert.
19À partir des années 1950, le système de retenue-et-transfert s’imposa comme un sujet phare dans la presse sportive grand public : il donna lieu à des discussions véhémentes entre ses partisans et ses opposants, et les débats devinrent de plus en plus vifs. L’AFPTU le présentait comme « archaïque, oppressif et totalement indéfendable » : le système autorisait qu’un joueur soit « lié à un club pour la vie », retenu « sans emploi et sans salaire » et privé de « toute liberté raisonnable de nouer un contrat [41] ». Ce point de vue était soutenu par des personnalités politiques comme les députés travaillistes Eric Fletcher, qui affirmait que le système « privait [le joueur de football] de sa liberté » et Joseph Percival William Mallalieu, qui le décrivait comme « une forme d’esclavage dans un sens très réel – car un homme est lié par un contrat à un club donné, même si son contrat a expiré », et le présentait comme un système dans lequel des êtres humains étaient traités comme du bétail « parce qu’un joueur de football ne peut passer d’un club à l’autre que si le club désireux de l’accueillir paie le prix exigé [42] ». La FL et la FA, pour leur part, le défendaient systématiquement avec l’argument que la liberté contractuelle « sapait les fondements de la compétition » et qu’elle « mènerait au chaos » si elle était autorisée [43]. Les objectifs du système de transfert, affirmaient-elles, étaient systématiquement présentés d’une façon biaisée ; plutôt qu’« un instrument servant à acheter et à vendre les joueurs », c’était « un moyen de protéger les clubs faibles », d’« étouffer le braconnage » et « de donner au club comme au joueur un sentiment de stabilité [44] ». Les deux organisations concédaient que certains joueurs étaient mécontents de leur sort, mais elles interprétaient ce fait comme des griefs « contre des clubs et des directeurs particuliers ». « Le système est sans défaut, déclara le président de la FL Arthur Drewry devant la commission d’enquête de 1951, mais il y a des abus [45] ».
20Le système pouvait être dévoyé de maintes façons. Les critiques syndicales se concentraient sur les fréquentes « épreuves » endurées par les joueurs en raison d’indemnités de transfert élevées et de retenues qui leur étaient imposées contre leur gré [46]. Les joueurs retenus qui voulaient changer de club se sentaient particulièrement pris au piège. Alors qu’il avait reçu le salaire maximal la saison précédente, John Jordan refusa en 1951 d’être retenu par Sheffield Wednesday avec une rémunération plancher. Il demanda à être placé sur la liste de transfert, mais le club refusa. L’AFPTU soutenait qu’en le retenant au salaire minimal, le club « l’empêchait pour ainsi dire de jouer au football ». En fin de compte, le club le plaça sur la liste de transfert pour une indemnité de 4 000 livres que plusieurs clubs trouvèrent « trop élevée ». Sans revenus financiers et sans emploi, sa « seule issue » fut de passer à un niveau de jeu inférieur au Tonbridge FC dans le Kent. De la même façon, le milieu défensif Alf Parkinson, qui s’était produit près de cent fois pour la première équipe des Queen’s Park Rangers entre 1945 et 1951, se vit refuser un transfert et se retrouva à vendre des journaux [47]. Même des joueurs en vue pouvaient subir l’obstination de leur employeur. Le manager de George Eastham lui aurait dit en 1960 : « Vous ne quitterez pas Newcastle, c’est ‘non’ et quand je dis ‘non’, le conseil dit ‘non’ ». Sans l’assistance d’un ami de la famille qui lui offrit un emploi de vendeur de liège dans le Surrey, il est probable que ce jeune international anglais de moins de 23 ans aurait « été forcé de se soumettre » et de signer à nouveau. Son cas sort de l’ordinaire : ayant pu tenir bon pendant quatre mois, il finit par obtenir de son club qu’il accepte de le transférer à l’Arsenal Football Club de Londres [48].
21Les indemnités de transfert furent probablement l’obstacle le plus puissant à la libre mobilité des joueurs à cette époque. Pour le secrétaire de l’AFPTU, Jimmy Fay, elles étaient la cause principale de leur mécontentement et la raison pour laquelle beaucoup « quittent le sport ou passent à un niveau inférieur [49] ». Une série de cas recensés dans les archives du ministère du Travail confirme ce point de vue. Le Gallois Danny Winter, par exemple, fut placé sur la liste de transfert à la suite d’une altercation avec son directeur à Chelsea en 1951. Bien qu’il eût joué de façon continue dans l’équipe de réserve la saison précédente, une somme de 6 000 livres fut mise sur son nom et il fut forcé, avec plusieurs de ses coéquipiers, de quitter la FL. D’autres cas, comme celui de Ken Sykes, de Middlesbrough, qui fut placé sur la liste de transfert à 1 000 livres car il n’avait joué que quelques fois pour les réserves, sont détaillés dans une lettre de Jimmy Fay à son homologue de la FL Fred Howarth [50]. Pour ceux qui jouaient dans les divisions inférieures, une indemnité de transfert quelle qu’elle fût était une entrave à la recherche d’un autre engagement. Comme l’écrivit Sam Bartram de Charlton dans ses mémoires, cet « aspect tout à fait inique » du système pouvait atteindre aussi bien les internationaux que les joueurs passés par de nombreux clubs [51].
22Le fonctionnement impersonnel du système exacerbait tout particulièrement les critiques. Les salariés étaient censés être avisés de la décision par écrit. Mais les clubs recouraient à diverses méthodes, ici en punaisant une liste sur le panneau du vestiaire ou en glissant un mot dans l’enveloppe de la paie, là en convoquant le joueur pour un entretien avec le directeur. Beaucoup étaient seulement prévenus de vive voix, tandis que d’autres découvraient dans la presse locale leur nom sur la liste de transfert et l’indemnité demandée [52]. Les joueurs qui font le récit de leurs transferts minimisent invariablement leur rôle dans le procédé. Len Shackleton présentait son premier transfert, qui le fit passer de Bradford Park Avenue à Newcastle, comme quelque chose « qui rappelait le marché aux bestiaux » ; l’accord aurait été conclu entre les clubs avant même qu’on eût demandé son avis au joueur [53]. Stewart Imlach n’aurait été qu’un objet dans la décision du conseil de Bury de le transférer à Derby County en 1954 ; il aurait signé sans en discuter avec sa famille, ni avec son directeur, et sans pouvoir visiter son futur club [54]. Or, les documents fournis par la FL à la commission d’enquête de 1951 contredisent de tels récits. Ils établissent que le joueur était « le maître absolu » des décisions relatives à son transfert et qu’il décidait en dernier ressort du cours des événements [55]. Les souvenirs des individus ne concordent pas non plus toujours avec le fil des événements qui ressort des registres de comptes rendus des clubs. Le récit de T. G. Jones, selon lequel le conseil d’Everton, déterminé à l’empêcher de quitter le club, le laissait sur la liste de transfert, est contredit par le fait que le joueur fit et retira des demandes de transfert pendant plusieurs saisons. Son club étudia d’ailleurs plusieurs propositions, y compris du côté italien avec l’AS Rome en 1948. T. G. Jones prétendit qu’il avait refusé de passer au Pwllheli FC, où il devint directeur des joueurs en été 1950. Or il avait repris un hôtel dans cette ville galloise et les minutes d’Everton révèlent qu’il dédaigna une offre de dernière minute de la part de Notts County, offre qui lui aurait permis de demeurer dans la FL [56].
23Il y a de bonnes raisons de croire que le système était en fait moins restrictif qu’on ne le pense en général. L’AFPTU affirma avoir reçu « des piles de lettres » envoyées par des membres lésés par le système de retenue-et-transfert et répéta, lors d’un échange à la commission de 1951, que les cas mentionnés n’étaient pas isolés [57]. Les syndicalistes évoquaient un « mécontentement palpable » parmi les joueurs à la fin des années 1950 [58]. Cependant, un assez faible nombre de clubs semble avoir recouru au système pour empêcher la mobilité de leurs salariés. On savait que certains, comme le Charlton Athletic Football Club alors dirigé par Jimmy Seed, avaient pu offrir un transfert gratuit à un joueur qui n’était pas à la hauteur de leurs exigences, « tout ce qui était possible » étant fait pour s’assurer que le joueur « trouve un nouveau club [59] ». Les officiels de la FL affirmaient qu’il n’y avait probablement que « quelques rares » cas de joueurs insatisfaits, soutenant qu’un club « ferait une folie s’il retenait contre son gré [un joueur] avec lequel il avait passé un contrat [60] ». Les chiffres de la FL appuient cette analyse. Le tableau 1, qui utilise des données remontant à 1951, montre que près de 60 % des joueurs figurant sur la liste de transfert étaient passés à un autre club au début de la saison suivante, avec ou sans indemnité. La FL tira argument du faible nombre de recours – 69 au total – déposés par des joueurs placés sur des listes de transfert pour affirmer que les autres joueurs étaient « satisfaits » de demeurer sur la liste, peut-être parce qu’ils avaient trouvé un engagement dans le football hors de la FL ou dans un autre métier [61].
Nombre de joueurs figurant sur la liste des transferts de la Ligue de football, été 1951
Nombre de joueurs figurant sur la liste des transferts de la Ligue de football, été 1951
24Les données disponibles étayent également l’affirmation de la FL et de la FA selon laquelle le règlement de la procédure d’appel était favorable au salarié. Les statistiques de 1952-1953 montrent que dans 34 cas l’indemnité de transfert fut réduite en appel et que, dans 17 cas supplémentaires, des transferts gratuits furent accordés. Dans 22 cas seulement, soit plus de 30 %, le recours n’aboutit pas, le plus souvent parce que le joueur avait signé avec un club non affilié à la Ligue [62]. Le tableau 2 montre que, dans la durée, à partir de 1948, les indemnités étaient réduites dans environ trois quarts des procédures d’appel à chaque saison. Il montre aussi qu’à partir de 1954-1955, la gratuité était accordée deux fois plus souvent que la réduction de l’indemnité de transfert demandée par le club. Ces données recoupent les chiffres cités dans le cadre de l’affaire Eastham v. Newcastle United jugée devant la Haute cour de justice d’Angleterre et du Pays de Galles en 1963, qui indiquent que 51,9 % (259) des 499 joueurs qui firent appel pour obtenir des réductions d’indemnité de transfert entre 1956 et 1963 obtinrent des transferts gratuits, tandis que 25 % (125) virent leur indemnité réduite [63]. Le directeur du Wolverhampton Wanderers FC, Stan Cullis, affirma que le FLMC avait pris « des mesures draconiennes pour s’assurer qu’une indemnité de transfert n’empêche jamais un joueur de travailler [64] ». D’autres voix, plus indépendantes, étaient d’accord avec le FLMC pour dire que les rouages d’appel fonctionnaient efficacement et que les joueurs y avaient recours « fréquemment » et « avec succès [65] ». En effet, la réduction, voire la suppression d’indemnité par le FLMC était devenue si courante que certains clubs se mirent à adapter leurs stratégies d’emploi en retenant les joueurs qu’ils ne voulaient pas garder afin d’éviter de perdre de précieuses indemnités de transfert. Les exemples de ce type, où la liste de retenue « servait à gagner de l’argent pour un homme que [le club] était disposé à transférer », devinrent de plus en plus courants. Telle est la situation que le jugement de l’affaire Eastham désigna comme l’élément du système retenue-et-transfert qui interférait le plus avec « le droit » d’un joueur à « chercher un autre emploi [66] ».
Issue des recours intentés contre les indemnités de transfert par les joueurs auprès du Comité de direction de la Football League (FLMC), 1946/47-1954/55
Issue des recours intentés contre les indemnités de transfert par les joueurs auprès du Comité de direction de la Football League (FLMC), 1946/47-1954/55
Les salaires
25Depuis le début du XXe siècle, les règlements de la FL fixaient le salaire hebdomadaire maximal de tous ses professionnels. Ce maximum fut peu à peu augmenté après 1945, pour passer de 9 livres en 1945 à 12 en saison et 10 en été en 1947, puis à 15 et 13 livres en 1954, et enfin à 20 et 17 livres en 1958. Des salaires minimaux, 7 livres en saison et 5 en été, furent aussi introduits en 1947. Ils furent revalorisés très lentement et ne s’élevaient encore qu’à 8 livres pour toute l’année en 1958. À partir des années 1950, un barème salarial avec des taux minimaux et maximaux calculés selon l’âge (de 17 à 20 ans) avait été introduit. Les clubs gardaient quelque liberté pour modifier le salaire de base d’un joueur en fonction de sa capacité physique et de ses performances, soit en insérant une clause contractuelle qui établissait une correspondance entre son salaire hebdomadaire et l’équipe pour laquelle il avait été sélectionné, soit en demandant la permission au FLMC de mi-saison de donner le maximum à un employé dont le club « jugeait qu’il avait le droit d’être classé comme un joueur de la première équipe [67] ». On ne peut savoir à coup sûr combien de joueurs avaient reçu le salaire maximal à un moment donné. En 1951, Jimmy Guthrie déclara que « seul un petit nombre », 300 environ (soit approximativement 10 %), de tous les joueurs affiliés à la FL reçurent le maximum prévu par le contrat ; le Daily Telegraph avance le nombre un peu plus élevé de 340 [68]. Les chiffres de la FL sont considérablement plus élevés, avec 600 joueurs (20 % environ) touchant le maximum en 1948-1949 et 25 % la saison suivante [69]. En 1951, la FL produisit des statistiques plus détaillées, résumées dans le tableau 3, qui indiquent qu’il y avait un large éventail de salaires dans toutes les divisions. Alors que 448 joueurs seulement (20,6 %) touchaient le maximum par contrat, un pourcentage bien plus élevé (61,9 %) y avait droit en cas de sélection dans la première équipe (voir tableau 4). Cela confirme l’assertion du secrétaire de la FL, Fred Howarth, selon laquelle non seulement presque tous les joueurs de la première équipe touchaient le maximum dans les divisions supérieures, mais aussi une large minorité d’entre eux dans les niveaux inférieurs [70].
Niveau de salaires contractuels de base en livres sterling des joueurs à plein temps affiliés à la Ligue de Football pendant la saison de jeu 1951
Niveau de salaires contractuels de base en livres sterling des joueurs à plein temps affiliés à la Ligue de Football pendant la saison de jeu 1951
Joueurs touchant le salaire maximal par contrat et sélectionnés dans la première équipe, 1951
Joueurs touchant le salaire maximal par contrat et sélectionnés dans la première équipe, 1951
26Pour la plupart des joueurs, le versement d’indemnités constituait la seconde source principale de revenus. Au départ, les indemnités étaient octroyées « pour un service long et fidèle » à partir des recettes d’un match spécial ou d’un fonds de souscription, comme cela se passait depuis longtemps pour le cricket à l’échelon du comté [71]. Dans les années d’après-guerre, les joueurs pouvaient recevoir une indemnité d’un maximum de 750 livres après cinq ans passés dans un même club. Si un joueur partait avant l’échéance de l’indemnité, il avait droit au versement d’une quote-part. Malgré la généralisation des indemnités, il faut remarquer qu’on continua de les verser de façon discrétionnaire. Cette situation ambivalente, perçue comme une « obligation » par les employeurs et les salariés sans être garantie par les règlements de la FL, pouvait faire naître de graves griefs parmi les joueurs [72]. Il est certain que certains clubs tirèrent un profit indu de ce caractère « optionnel », en particulier en ce qui concerne le versement des quotes-parts. Bristol City, par exemple, réduisit la somme accordée à Len Townsend lors de son transfert à Milwall en arguant que le joueur avait lui-même demandé sa mobilité – c’était là un argument généralement admis par la FL. En avril 1953, Aston Villa retira la quote-part de l’arrière Pat Daly au seul motif de sa mauvaise conduite ; mais, dans d’autres cas, le FLMC passa outre l’avis du club et le força à payer l’indemnité due [73]. Le FLMC, en effet, déconseillait aux clubs de faire des promesses concernant les indemnités et trancha de plus en plus en faveur des joueurs, surtout s’il y avait la preuve d’un accord écrit [74]. En général, les clubs payaient à l’échéance les indemnités calculées selon un barème admis. Des clubs comme Arsenal, Portsmouth et Stoke City étaient réputés bien s’occuper de leurs employés à cet égard [75]. Les chiffres annuels de la FL étayent l’affirmation de son président, selon laquelle les trois quarts environ de tous les joueurs affiliés (et par conséquent presque tous ceux qui y avaient droit) recevaient des indemnités sous une forme ou sous une autre [76].
27Les joueurs de football percevaient des revenus supplémentaires sous la forme de primes de match, de primes au talent, d’indemnités de match international, de frais de tourisme, etc. Les primes de match hebdomadaires et les primes au talent furent rendues obligatoires pour les clubs des divisions supérieures en 1952. Les primes pouvaient gonfler le salaire annuel d’un joueur de façon significative, avec un montant de l’ordre de 30 à 40 livres pour un joueur moyen selon une estimation de 1951 [77]. La prime au talent, versée aux équipes en tête du classement de la Ligue et qui progressait à mesure des étapes de la coupe de la FA, pouvait également gonfler les revenus d’un joueur à succès. Alf Ramsey releva que ses camarades du Tottenham Hotspur et lui-même avaient reçu 50 livres de plus pour leurs victoires dans les championnats de première et de deuxième division en 1949-1950 et 1950-1951. Il eut aussi droit à une indemnité de 30 livres (qui passa à 50 à la fin des années 1950) quand il fut sélectionné pour l’équipe d’Angleterre, ainsi qu’à des indemnités légèrement inférieures pour des matchs moins emblématiques [78]. La commission d’enquête de 1951 préconisa des augmentations substantielles de ces indemnités en guise de récompense pour les joueurs dont elle disait qu’ils appartenaient à la classe des « stars [79] ». Le syndicat fit campagne pour obtenir une indemnité de match international de 100 livres et reçut le soutien de vedettes anglaises comme Tom Finney et Nat Lofthouse, même si d’autres, comme le capitaine Billy Wright, trouvaient « ridicule » l’idée de recevoir 100 livres pour quatre-vingt-dix minutes de football [80]. De tels versements faisaient fréquemment l’objet de débats dans la presse, mais ils ne concernaient qu’une toute petite minorité de professionnels. L’introduction en 1948 d’une caisse de prévoyance (Provision Fund) de la FL était plus pertinente pour la majorité des joueurs. Elle distribuait une somme équivalant à 7,5 à 10 % des revenus de la carrière d’un joueur quand il partait à la retraite ou qu’il atteignait l’âge de 35 ans. Les contributions étaient issues d’un léger prélèvement sur les entrées [81].
28Les cas de paiements illégaux reçus par des joueurs tinrent une grande place dans les colonnes des journaux et les salles de réunion. Ils restèrent une pratique répandue pendant toute la période, comme le prouvent de nombreux témoignages. Le scandale Sunderland de 1957, à l’occasion duquel les directeurs du club et cinq joueurs furent l’objet d’une suspension tandis que dix autres se virent retrancher leurs indemnités, est en général considéré comme le temps fort de la dénonciation publique de l’« hypocrisie » du salaire maximal et de l’ampleur des paiements sous le manteau [82]. Convaincu que les paiements illégaux « étaient acceptés dans tout le pays », le syndicat monta une campagne pour prouver que les joueurs de Sunderland n’étaient pas plus coupables que d’autres professionnels. En une semaine, il rassembla les signatures de 250 joueurs qui avouaient avoir reçu des paiements illégaux [83]. Les clubs de la FL eux-mêmes étaient au courant du problème depuis longtemps. En 1950, le président du Manchester City, Bob Smith, avait pressé ses collègues de mettre un terme à cette pratique en déclarant une amnistie pour les contrevenants. Il déclara qu’environ trois quarts des clubs contournaient la règlementation de la FL à l’occasion des accords de transfert. On pressa le FLMC d’adopter une ligne plus dure, mais celui-ci reconnut que les preuves de contournement des règles étaient difficiles à obtenir et opposa que le conseil d’administration du club était « le seul lieu pour y mettre un terme » [84]. Néanmoins, une série de clubs furent confondus, et Mansfield Town Troisième Division faillit se faire exclure de la FL en 1953 [85]. Il existait aussi des zones grises relevant du marché noir du football. En mars 1952, neuf clubs avouèrent avoir donné de petites sommes d’« argent de poche » à leurs joueurs qui étaient en déplacement pour vingt-quatre heures lors de matchs joués à l’extérieur. On estima que cette pratique violait les règlements de la FL et les clubs furent mis à l’amende, même si Liverpool comme Manchester nièrent avoir violé les règles [86]. Huit ans après, United reçut un nouveau blâme quand on apprit que les joueurs continuaient à recevoir de l’argent pour aller au cinéma ou au théâtre quand ils séjournaient à Londres. Soucieuse d’empêcher « les joueurs d’autres clubs d’exiger la même somme », la FL écrivit au club pour lui ordonner de mettre un terme à cette pratique [87].
29Combien gagnaient les joueurs de football en prenant en compte tous ces paiements ? Cela est plus aisé à préciser pour le haut de l’échelle des salaires que pour le bas. Dès 1952, des journaux comme le Daily Mirror débattaient pour savoir si la somme de 1 000 livres par an, un revenu qu’une petite proportion de joueurs commençait à atteindre, était excessive pour un professionnel [88]. Les journalistes Archie Ledbrooke et Edgar Turner estimèrent en 1955 que les joueurs d’élite jouissaient de revenus annuels de 1 400 livres, et que les joueurs d’un bon club pouvaient « très facilement » gagner 1 000 livres « sans remporter un championnat ni arriver en finale de coupe ». Alf Ramsey confirma dans son autobiographie de 1952 qu’il gagnait autour de 1 000 livres [89]. Les revenus moyens étaient évidemment bien plus modestes. La FL donna sa propre estimation des revenus ordinaires de trois catégories de joueurs en 1951. Selon ses calculs, le joueur de niveau supérieur touchait 1 012 livres par an, contre respectivement 825 et 688 pour les niveaux moyen et inférieur [90]. Selon l’estimation d’un rapport de la PEP de 1966, la moyenne générale était de 711 livres en 1955, chiffre qui était passé à 841 puis à 1 026 en 1961, à la veille de l’abolition du salaire maximal. Les conclusions, mises en valeur dans le tableau 5, montrent une augmentation progressive correspondant à la revalorisation de la limite salariale, mais indiquent aussi une relative égalité des revenus au sein des quatre divisions de la FL, même si ces revenus tendaient à s’étaler à la fin des années 1950. Le syndicat se plaignit que ce genre de statistiques ne rendait pas compte des épreuves qu’affrontaient les joueurs des clubs en difficulté dans les divisions inférieures, surtout ceux qui touchaient presque le minimum ou étaient employés au match. En 1953, Jimmy Guthrie protesta contre le nouveau salaire minimal fixé à moins de 8 livres par semaine : il ne suffisait pas à subvenir aux besoins d’« un homme marié avec des enfants à charge [91] ». Des plaintes concernant le préjudice subi par les joueurs payés « au match » plutôt qu’à la semaine, principalement ceux qui avaient été appelés pour effectuer leur service national, continuèrent à se faire entendre jusqu’au début des années 1960 [92].
Revenus moyens des joueurs en livres sterling au sein de la FL, 1955-1961*,**
Revenus moyens des joueurs en livres sterling au sein de la FL, 1955-1961*,**
* Troisième Division (Sud) jusqu’en 1958/59** Troisième Division (Nord) jusqu’en 1958/59
30Le choix d’un élément de comparaison pour les revenus des joueurs de football était aussi important pour les contemporains qu’il l’est aujourd’hui pour les historiens. Les travailleurs manuels bénéficièrent d’une sensible amélioration de leurs revenus pendant cette période, avec des salaires réels qui augmentèrent de 40 % entre 1950 et 1965 [93]. Le revenu des joueurs de football, en comparaison, était bloqué par les restrictions sur les salaires, les primes, les indemnités, les prestations et les primes au talent, et ne s’éleva que très lentement. Le tableau 6 démontre que l’écart salarial entre les joueurs de football et les ouvriers de l’industrie se combla durant les années 1950. Les salariés à plein-temps qui recevaient le salaire minimum fixé par la FL gagnaient certainement moins que les ouvriers de beaucoup d’autres secteurs. Mais les partisans de l’AFPTU avaient depuis longtemps porté leur attention vers d’autres sportifs, et surtout vers les acteurs et les artistes de variétés qui devinrent leur principal élément de comparaison. Joseph Percival William Mallalieu soulignait que les joueurs de football, s’ils semblaient bien gagner leur vie, comparés aux cheminots et aux mineurs, avaient une carrière beaucoup plus courte. Il appelait à considérer qu’en tant qu’« artistes du divertissement public », leurs revenus n’approchaient pas ceux des artistes de music-hall [94]. « Imaginez M. Rex Harrison qui se produirait dans My Fair Lady au Royal Drury Lane pour un salaire maximal de 20 livres par semaine (en hiver seulement, bien sûr !) », remarquait le footballeur Tom Finney en 1960. « Ridicule ? Évidemment. Mais Stanley Matthews, dans son domaine, est une aussi grande vedette que Rex Harrison. Il devrait être payé en conséquence [95] ». Peu de gens pouvaient contester que les artistes de variété gagnaient plus que les joueurs de football, bien que leurs revenus de base soient similaires. Mais certains répliquaient que, le football n’étant pas un jeu reposant sur le talent individuel, il serait irréaliste et inéquitable d’y être payé comme une star. Au contraire des acteurs, avançait Cullis, les joueurs stars dépendaient de leurs équipiers pour leur succès et le salaire maximal était donc essentiel « dans l’intérêt de l’esprit d’équipe ». Il mettait aussi en doute l’idée répandue selon laquelle les joueurs exceptionnels avaient une influence directe sur les recettes des entrées comme c’était le cas au théâtre ou dans les films [96].
Comparaison des revenus hebomadaires des ouvriers de l’industrie et des joueurs de football en shillings, 1947-1960
Comparaison des revenus hebomadaires des ouvriers de l’industrie et des joueurs de football en shillings, 1947-1960
31Dans l’ensemble, les points de vue concernant les revenus des joueurs de football étaient plus variés et plus nuancés qu’on ne l’admet en général. L’affirmation de la FL selon laquelle aucune autre organisation ne traitait son personnel « avec autant de générosité » en lui offrant des « conditions d’emploi plus confortables que celles de n’importe quelle classe d’ouvriers du pays », était critiquée par la presse pour son ambiguïté et sa partialité [97]. Mais l’argument selon lequel les joueurs de football vivaient à l’aise, malgré ce qu’un joueur appelait « les restrictions mesquines » de ce sport, fut régulièrement exprimé de la fin des années 1940 au début des années 1960 [98]. On oublie aussi souvent que des joueurs, des responsables et des journalistes, quelles que soient leurs positions dans le débat sur l’avenir du système, tournèrent en dérision et critiquèrent régulièrement l’analogie de « l’esclavage » utilisée par le syndicat des joueurs. Nat Lofthouse affirmait que la plupart des joueurs étaient « heureux et satisfaits de leur sort » et qu’il n’avait jamais rencontré d’« esclave du football » ; certains joueurs plaisantaient en disant qu’ils aimeraient bien rester « des esclaves jusqu’à soixante-dix ans [99] ». D’autres rejetaient cette rhétorique dénonciatrice, la trouvant exagérée et inutilement « pittoresque [100] ».
32Les conditions dans lesquelles travaillaient les joueurs salariés du football d’après-guerre en Angleterre et au Pays de Galles ont été complexes et diverses. Les clubs employaient les joueurs, mais ils le faisaient en utilisant des contrats types et des clauses établies par les organismes jumeaux de contrôle du football professionnel, la FL et la FA. Le salaire maximal et le système retenue-et-transfert n’ont été que les éléments les plus saillants d’une myriade de règles et de règlements qui établissaient les relations disciplinaires, contractuelles et financières entre les salariés du football et leurs employeurs. L’exécutif de la FL considérait la réglementation comme l’élément central du fonctionnement du football professionnel, ce qui excluait d’en négocier les termes comme l’aurait souhaité le syndicat des joueurs. Pour le syndicat, suivi par un groupe toujours plus nombreux de journalistes acquis à sa cause, la réglementation était le rempart d’un système antédiluvien dont il fallait faire table rase.
33Les études qui ont abordé la question ont tendance à se focaliser étroitement sur les conflits entre le syndicat et les clubs pris dans leur ensemble, en négligeant le contexte réglementaire dans lequel ils opéraient, le rôle actif du FLMC et de la FA et les multiples façons dont la réglementation a été interprétée dans les conseils d’administration des clubs. Or, en prenant en compte l’ensemble des facteurs qui déterminent les conditions d’emploi des joueurs de football, on peut conclure que, si ces dernières ont pu être extrêmement dures, surtout en ce qui concerne le système de transfert, beaucoup d’employeurs appliquaient la réglementation avec souplesse. Les clubs traitaient souvent bien leurs joueurs, les payant à la hauteur de leurs moyens et en mettant à leur disposition des avantages en nature, notamment des logements subventionnés et une assistance médicale, ainsi que des vacances et des loisirs gratuits. On jugeait que les joueurs mécontents portaient atteinte au moral de l’équipe, et il était donc rare pour un club de conserver un salarié contre son gré pour le pousser à quitter la Ligue de football de façon définitive. Ceux qui voulaient sortir de la profession, comme le rappelait aux critiques le président de la FL, étaient rarement obligés « de remplir tous les termes de leur contrat [101] ». Lorsque les directions des clubs traitaient les employés avec sévérité, le FLMC intervenait souvent pour jouer les modérateurs ou trancher en faveur du joueur. Même The Observer, vigoureux critique du système de retenue-et-transfert, était forcé de reconnaître que la FL « appliquait rarement » ses règles dans « toute leur dureté [102] ».
34L’abandon du salaire maximal des joueurs de football au début de 1961 révéla la diversité des opinions sur la question de leur rémunération. Derrière la bataille entre la FL et le syndicat à laquelle la presse populaire donna écho, il y a eu des conflits entre clubs riches et clubs pauvres, entre ceux qui étaient prêts à payer davantage les joueurs et ceux qui ne l’étaient pas, entre ceux qui préféraient les rémunérer sous forme de salaire et ceux qui préféraient les primes, les paiements à la prestation ou d’autres formes de primes au talent. Le FLMC lui-même reconnut que de nombreux clubs avaient fini par accepter l’argument du syndicat selon lequel le joueur de football était le seul employé qui n’était pas autorisé à négocier « le meilleur salaire pour ses services [103] ». Mais beaucoup d’autres ont rejeté une augmentation des salaires, l’estimant impossible alors que la fréquentation déclinait : selon eux, ces revalorisations feraient perdre leur emploi aux joueurs des équipes de réserve et de division inférieure [104]. Dans toutes ces discussions, les directeurs de club cherchèrent à protéger la viabilité financière de leur entreprise. Mais nous ne devrions pas ignorer le fait que beaucoup, y compris ceux qui rejetaient tout changement, pensaient sincèrement qu’ils avaient à cœur l’intérêt de leurs employés. De ce point de vue, l’idée d’une industrie du football « esclavagiste » contrastait avec les réalités du stade ; c’était un slogan qui méconnaissait les bons traitements et le train de vie confortable dont jouissait la majorité des joueurs professionnels.
Notes
-
[*]
Professeur d’histoire à l’Université De Montfort, Leicester. Article traduit de l’anglais par Laurent Feutrie.
-
[1]
J. Guthrie, Soccer Rebel : The Evolution of the Professional Footballer, Londres, Pentagon, 1976, p. 69-70 ; Manchester Guardian, 6 septembre 1955.
-
[2]
The National Archives (TNA), LAB 3/993, procès-verbal des débats de la commission d’enquête, premier jour, 15 octobre 1951, p. 3.
-
[3]
Professional Footballers’ Association Archives (PFAA), Manchester, procès-verbal de la réunion extraordinaire des membres de l’AFPTU de Londres et du Sud, 27 février 1939.
-
[4]
Cet arrêt rendu en 1995 par la Cour de justice des communautés européennes libéralise les transferts internationaux.
-
[5]
G. Imlach, My Father and Other Working-Class Football Heroes, Londres, Yellow Jersey, 2005.
-
[6]
C’est le cas de G. Whannel, Media Sport Stars : Masculinities and Moralities, Londres, Routledge, 2001, p. 100-108, et de E. Sheldon, « Becoming a Man in Post-War Britain : Football, Class and Identity in Liverpool and Newcastle, 1951-1979 », thèse de doctorat, Université de Manchester, 2015, p. 46-63.
-
[7]
J. Walvin, The People’s Game : The History of Football Revisited, Édimbourg, Mainstream, 1994, p. 172-76 ; D. Russell, Football and the English : A Social History of Association Football in England, 1863-1995, Preston, Carnegie, 1997, p. 144-51.
-
[8]
A. McIvor, Working Lives : Work in Britain since 1945, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2013.
-
[9]
J. P. W. Mallalieu, This Football Business, Londres, Tribune Publications, 1951, p. 8.
-
[10]
« The Football Industry - I », Planning, XVII, 26 février 1951, p. 164.
-
[11]
Association Football : Report of a Committee of Investigation into the Terms and Conditions of Association Football Players, Londres, HMSO, 1952, p. 9.
-
[12]
« English Professional Football », Planning, XXXII, 1966, p. 104-105.
-
[13]
Manchester Guardian, 22 octobre 1948.
-
[14]
Mass-Observation Archive (M-OA), Topic Collection, 82/1/E, The Keep, Brighton, B. N. Figg à Peter Wilson, 10 mars 1947 ; Ibid., anonyme (Liverpool) à Peter Wilson, 9 mars 1947.
-
[15]
A. Hardaker, Hardaker of the League, Londres, Pelham, 1977, p. 81.
-
[16]
Daily Mirror, 19 juillet 1951 ; Daily Express, 10 mars 1956.
-
[17]
TNA, LAB 3/992, Fred Howarth à E. Sams, 11 décembre 1951 ; TNA, LAB 10/986, note de la réunion tenue le 17 juillet 1951, 20 juillet 1951.
-
[18]
Daily Express, 16 octobre 1951 ; J. Harding, For the Good of the Game : The Official History of the Professional Footballers’ Association, Londres, Robson, 1991, p. 236.
-
[19]
C. Howell, Trade Unions and the State : The Construction of Industrial Relations Institutions in Britain, 1890-2000, Princeton, Princeton University Press, 2005, p. 91.
-
[20]
TNA, LAB 83/3392, National Arbitration Tribunal, Award N° 942, 1947 ; Ibid., Industrial Disputes Tribunal, Award n° 399, 24 juillet 1953.
-
[21]
TNA, LAB 10/27, Stanley Rous à Sir Godfrey Ince, 4 février 1949.
-
[22]
TNA, LAB 3/992, rapport de la réunion de la commission mixte de la FA, de la FL et du syndicat des joueurs, 21 septembre 1950 ; TNA, LAB 10/986, compte rendu, 13 juillet 1951.
-
[23]
Association Football…, op. cit., p. 18.
-
[24]
TNA, LAB 10/27, G. A. Isaacs à J. P. W. Mallalieu, 12 août 1950 ; Ibid., compte rendu, H. A. Whitson, 24 novembre 1948.
-
[25]
TNA, LAB 3/992, mémorandum du cas de l’AFPTU, 20 septembre 1951, p. 1-3 ; Ibid., AFPTU à Fred Howarth, 13 mai 1949 (copie).
-
[26]
« The Football Industry - II », Planning, XVII, 5 mars 1951, p. 199.
-
[27]
TNA, LAB 10/1073, Grimsby Town FC, Training Rules and Players’ Instructions, 1951-1952.
-
[28]
L. Shackleton, Clown Prince of Soccer, Londres, Nicholas Kaye, 1955, p. 19 ; « The Football Industry - II » art. cité, p. 199.
-
[29]
Lancashire Archives (LA), Football League Collection (FLC), Preston, DDFOL/1/1/2/4, procès-verbal du Football League Management Committee (FLMC), 8 février 1948 ; Ibid., compte rendu du FLMC, 8 janvier 1950 et 19 septembre 1950 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 29-30 janvier 1950 et 14 avril 1950 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu du FLMC, 21 février 1954 et 1er novembre 1955.
-
[30]
TNA, LAB 3/993, procès-verbal des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, deuxième jour, 16 octobre 1951, p. 19.
-
[31]
FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu du FLMC, 13 décembre 1953 ; Ibid., compte rendu interne du FLMC, 11 août 1950 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu du FLMC, 17 octobre 1950.
-
[32]
LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 5 mai 1955 et 1er juin 1956.
-
[33]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 8 janvier, 29-30 janvier et 12 février 1950.
-
[34]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 3 juillet 1949.
-
[35]
G. Eastham, Determined to Win, Londres, Stanley Paul, 1964, p. 51-54 ; G. Imlach, My Father…, op. cit., p. 59.
-
[36]
LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 4 octobre 1953 ; W. Vamplew, Pay Up and Play the Game : Professional Sport in Britain, 1875-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 240.
-
[37]
LA, FLC, DDFOL/1/1/110, compte rendu interne du FLMC, 2 avril 1954.
-
[38]
TNA, LAB 3/992, mémo sur les joueurs professionnels affiliés à et sous contrat avec des clubs de la FL, 10 décembre 1951.
-
[39]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/4, compte rendu interne du FLMC, 14 décembre 1947.
-
[40]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, 1er novembre 1951, p. 10-11 et 17.
-
[41]
TNA, LAB 3/992, mémorandum du cas de l’AFPTU, 20 septembre 1951, p. 3-4 ; TNA, LAB 10/986, notes sur la réunion avec le syndicat des joueurs de football, 21 juillet 1951.
-
[42]
Débats à la Chambre des communes (HC Deb), 21 mai 1957, vol. 570, col. 1151-1153.
-
[43]
TNA, LAB, 10/986, notes de la réunion tenue le 17 juillet 1951, 20 juillet 1951.
-
[44]
TNA, LAB 3/992, rapport sur une réunion de la FA, de la FL et de l’AFPTU, 19 octobre 1949.
-
[45]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, 2 novembre 1951, p. 59 et cinquième jour, 12 novembre 1951, p. 19.
-
[46]
TNA, LAB 10/1606, notes d’une réunion tenue au ministère du Travail, 20 janvier 1961.
-
[47]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 6 et 22-23.
-
[48]
G. Eastham, Determined to Win, op. cit., p. 59.
-
[49]
TNA, LAB 10/986, Jimmy Fay au ministère du Travail, 14 juin 1951.
-
[50]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 11-12 ; TNA, 3/992, Jimmy Fay à Fred Howarth, 12 juin 1951.
-
[51]
S. Bartram, Sam Bartram, his Autobiography, Londres, Burke, 1956, p. 142.
-
[52]
G. Imlach, My Father…, op. cit., p. 51-52 ; A TNA, LAB 3/992, FPTU à Fred Howarth, 13 mai 1949.
-
[53]
L. Shackleton, Clown Prince of Soccer, op. cit., p. 25.
-
[54]
G. Imlach, My Father…, op. cit., p. 57.
-
[55]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, p. 51.
-
[56]
R. Taylor et A. Ward, Kicking and Screaming : An Oral History of Football in England, Londres, Robson, 1995, p. 38-39 ; The Everton Collection, 796 EFC/1/1/25, compte rendu du conseil des directeurs de l’Everton FC, 23 septembre, 4 et 11 novembre 1947, 7 mai, 4 juin, 5 et 31 août, 14 septembre 1948, 25 octobre, 29 décembre 1949, 31 janvier, 14 et 21 février, 1er août 1950.
-
[57]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, p. 41-42.
-
[58]
HC Deb, 21 mai 1957, vol. 570, col. 1152.
-
[59]
S. Bartram, Sam Bartram. His Autobiography, op. cit., p. 141.
-
[60]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, cinquième jour, p. 9 et quatrième jour, p. 51.
-
[61]
TNA, LAB 3/992, Football League, Introductory Remarks, sd [1951].
-
[62]
Ibid.
-
[63]
Modern Record Office (MRO), University of Warwick, MSS.292B/91/64, Justice Wilberforce, Eastham v Newcastle United FC and others, 4 juillet 1963, p. 14.
-
[64]
S. Cullis, All for the Wolves, Londres, The Sportsmans Book Club, 1961, p. 186.
-
[65]
TNA, LAB 10/1606, notes d’une réunion tenue au ministère du Travail, 20 janvier 1961.
-
[66]
Eastham v Newcastle United FC, loc. cit., p. 13 ; TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 5 et 18.
-
[67]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, troisième jour, p. 41.
-
[68]
TNA, LAB 10/986, extrait de notes sténographiées prises à la réunion du Joint Committee, 12 avril 1951 et coupure tirée du Daily Telegraph, 4 juin 1951.
-
[69]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, procès-verbal de la réunion générale ordinaire des actionnaires de la FL, 30 mai 1949 ; Ibid., procès-verbal de l’assemblée générale annuelle de la FL, 3 juin 1950.
-
[70]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, sixième jour, 27 novembre 1951, p. 24-25.
-
[71]
TNA, LAB 3/992, Préambule au cas de la League, sd [1951], p. 6.
-
[72]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, quatrième jour, p. 58.
-
[73]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête, troisième jour, p. 35 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 16 avril 1943 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 26 septembre et 19 octobre 1954.
-
[74]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 17 août 1952 ; LA, FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu interne du FLMC, 9 janvier 1955.
-
[75]
Manchester Guardian, 20 octobre 1948 ; TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête, quatrième jour, p. 37.
-
[76]
TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête du ministère du Travail, cinquième jour, p. 38.
-
[77]
TNA, LAB 3/992, Football League, Memo 3, 14-15 octobre 1951, p. 10.
-
[78]
A. Ramsey, Talking Football, Londres, Stanley Paul, 1952, p. 58-59.
-
[79]
Association Football, loc. cit., p. 16.
-
[80]
LAB 10/1144, déclaration de l’AFPTU sur le rapport de la commission d’enquête, sd [1952] ; T. Finney, Finney on Football, Londres, The Sportsmans Book Club, 1960, p. 146 ; N. Lofthouse, Goals Galore, Londres, Stanley Paul, 1954, p. 48 ; B. Wright, The World’s My Football Pitch, Londres, Stanley Paul, 1953, p. 79.
-
[81]
I. Sharpe, The Football League Jubilee Book, Londres, Stanley Paul, 1963, p. 178 ; TNA, LAB 3/993, compte rendu des débats de la commission d’enquête, quatrième jour, p. 13.
-
[82]
R. Holt et T. Mason, Sport in Britain, 1945-2000, Oxford, Blackwell, 2000, p. 81.
-
[83]
J. Hill, Striking for Soccer, Londres, Peter Davies, 1961, p. 14-15.
-
[84]
Rapport de la conférence des clubs de la FL, 27 mars 1950, LA, FLC, DDFOL/4/1, M-1.
-
[85]
FLC, DDFOL/1/1/1/10, compte rendu des débats de la commission d’enquête, cinquième jour, p. 60-61 ; Ibid., compte rendu interne du FLMC, 13 décembre 1953.
-
[86]
LA, FLC, DDFOL/1/1/2/5, compte rendu interne du FLMC, 3 mars et 1 mai 1952 ; Ibid., compte rendu du FLMC, 4 avril 1952.
-
[87]
LA, FLC, DDFOL/4/3, M-3., H. Wilson Keys à Alan Hardaker, 29 février et 10 mars 1960 ; Ibid., Hardaker à Mr Olive, mars 1960
-
[88]
Daily Mirror, 6 décembre 1952.
-
[89]
A. Ledbrooke et E. Turner, Soccer from the Press Box, Londres, Nicholas Kaye, 1955, p. 45 ; A. Ramsey, Talking Football, op. cit., p. 59.
-
[90]
TNA, LAB 3/992, Football League, Memo 3, 14-15 octobre 1951, p. 10.
-
[91]
Daily Express, 28 juillet 1953.
-
[92]
LA, FLC, DDFOL/4/1, M-1, rapport d’une conférence des clubs, 24 mars 1952, p. 2 ; LA, FLC, DDFOL/4/3, M-3, compte rendu d’une réunion des actionnaires de la FL, 8 décembre 1959, p. 7.
-
[93]
I. Gazeley, « Manual Work and Pay, 1900-70 », in N. Crafts, I. Gazeley et A. Newell (dir.), Work and Pay in Twentieth-Century Britain, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 55-79.
-
[94]
J. P. W. Mallalieu, This Football Business, op. cit., p. 14.
-
[95]
T. Finney, Finney on Football, op. cit., p. 137.
-
[96]
S. Cullis, All for the Wolves, op. cit., p. 181.
-
[97]
TNA, LAB 3/992 Football League, Memo 3, 14-15 octobre 1951, p. 11 ; Ibid., Préambule au cas de la League, s.d. [1951], p. 8 ; Manchester Guardian, 22 mars 1952.
-
[98]
J. McIlroy, Right Inside Soccer, Londres, Nicholas Kaye, 1960, p. 81.
-
[99]
N. Lofthouse, Goals Galore, op. cit., p. 49 ; T. Finney, Finney on Football, op. cit., p. 145. Voir aussi R. Flowers, For Wolves and England, Londres, Sportsmans Book Club, 1964, p. 93 ; A. Ramsey, Talking Football, op. cit., p. 59.
-
[100]
J. P. W. Mallalieu, This Football Business, op. cit., p. 16 ; TNA, LAB 3/992, Préambule au cas de la League, s.d. [1951], p. 8.
-
[101]
The Observer, 28 février 1959.
-
[102]
The Observer, 22 février 1959.
-
[103]
LA, FLC, DDFOL/4/5, M-5, mémo sur les questions dignes d’attention en relation avec les propositions de l’Arsenal, 18 juillet 1960.
-
[104]
LA, FLC, DDFOL/4/5, M-5, rapport d’une réunion des membres associés de la FL, 25 octobre 1960 ; Daily Mirror, 2 décembre 1960.