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Article de revue

Travail des enfants, risques professionnels et législation industrielle dans les industries textiles et minières en Grande-Bretagne au début du XIXe siècle

Pages 91 à 114

Notes

  • [*]
    Professeur d’histoire sociale et directeur du Centre for the Social History of Health and Healthcare (CSHHH), Glasgow Caledonian University. Traduit de l’anglais par Isabelle Giard.
  • [1]
    Voir, par exemple, P. W. J. Bartrip, “British government inspection, 1832-1875 : some observations”, Historical Journal, Vol. 25, No. 3, 1982, p. 605-626 ; H. Freudenberger, F. J. Mather et C. Nardinelli, “A New Look at the Early Factory Labor Force”, Journal of Economic History, Vol. 44, 1984, p. 1085-1090 ; C. Nardinelli, “Corporal Punishment and Children’s Wages in Nineteenth-Century Britain”, Explorations in Economic History, Vol. 19, 1982, p. 283-295 ; id., “Child labor and the Factory Acts”, Journal of Economic History, Vol. 40, 1980, p. 739-755 ; P. Kirby, “Causes of short stature among coalmining children, 1823-1850”, Economic History Review, Vol. 48, 1995, p. 687-699 ; J. Humphries, “Short stature among coalmining children : a comment”, Economic History Review, Vol. 50, 1997, p. 531-537 ; P. Kirby, “Short stature among coalmining children : a rejoinder”, ibid., p. 538-541 ; id., “The historic viability of child labour and the Mines Act of 1842”, in M. Lavalette (ed.), A Thing of the Past ? Child Labour in Britain in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Liverpool, Liverpool University Press, 1999, p. 101-117 ; P. Kirby, Child Workers and Industrial Health in Britain, 1780-1850, Rochester, Boydell Press, 2013 ; A. Turner, « Corps meurtris : genre et invalidité dans les mines de charbon d’Écosse au milieu du dix-neuvième siècle », in J. Rainhorn (dir.), Santé et travail à la mine, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2014, p. 239-260.
  • [2]
    Les plus anciens rapports sur la santé des enfants ouvriers, apparus dans les années 1780, étaient presque exclusivement consacrés à la lutte contre les maladies contagieuses dans les premiers districts manufacturiers. Voir J. E. M. Walker, John Ferriar of Manchester, M. D. : His Life and Work, MSc thesis, University of Manchester, 1973, p. 4-8 ; R. B. Hope, Dr Thomas Percival, A Medical Pioneer and Social Reformer, 1740-1804, M. A. thesis of Manchester University, 1947, p. 37-38 ; J. Innes, “Origins of the Factory Acts : the Health and Morals of Apprentices Act 1802”, in N. Landau (ed.), Law, crime and English society, 1660-1830, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 230-255.
  • [3]
    B. Ramazzini, Treatise of the Diseases of Tradesmen, Londres, Andrew Bell, 1705. On avait également tendance à attribuer les difformités des enfants à des postures « non naturelles » et à des formes inhabituelles d’efforts physiques. Voir C. A. Struve, A Familiar view of the domestic education of children during the early period of their lives : being a compendium addressed to all mothers, who are seriously concerned for the welfare of their offspring, Londres, Murray and Highley, 1802.
  • [4]
    P. Kirby, Child Workers…, op. cit., p. 27-35 et p. 61-98.
  • [5]
    Matthew Baillie a été obligé d’admettre qu’il n’était « pas vraiment familiarisé avec la condition des enfants employés dans de telles manufactures » et de préciser qu’il n’avait effectué qu’une seule visite de filature. Robert Owen l’avait accompagné à New Lanark (« la seule fabrique que j’aie jamais vue ») : Parliamentary Papers (désormais PP), 1816 (397), p. 29-30. À la question : « Que savez-vous de l’état sanitaire général des enfants dans les manufactures » ?, un autre répondit « rien » (PP, 1816 (397), p. 35) ; un autre encore déclara : « Je n’ai pas pour habitude de visiter des manufactures. » (Ibid., p. 43.) La seule expérience de l’industrie textile d’un autre membre avait été une visite des fabriques de dentelle du Buckinghamshire effectuée vingt ans auparavant : ibid., p. 45. Voir aussi W. H. Hutt, “The Factory System of the Early Nineteenth Century”, Economica, mars 1926, p. 167 ; PP, 1816 (397), p. 99.
  • [6]
    Coal Mines Act, 1842. Lois Victoria (désormais Vict.) 5 & 6, chap. 99.
  • [7]
    Selon Hutchins et Harrison, « la loi Lord Ashley avait attaqué le problème à la racine [et constituait] l’ingérence la plus autoritaire de l’État dans l’industrie au cours du XIXe siècle », tandis que Mathias laissait entendre que les « horreurs de l’ancien système […] avaient été mises en évidence par une enquête parlementaire […], à la suite de quoi elles avaient été éradiquées par le Mines Act de 1842 qui interdisait le travail de fond pour les femmes et les enfants de moins de 10 ans ». B. L. Hutchins et A. Harrison, History of factory legislation, Londres, P. S. King & Son, 1911, p. 82 ; P. Mathias, The first industrial nation : an economic history of Britain, 1700-1914, Londres, Methuen 1983 (1re éd. 1967), p. 183 ; O. MacDonagh, “Coal mines regulation : the first decade, 1842-1852”, in R. Robson (ed.), Ideas and institutions of Victorian Britain, Londres, Bell, 1967, p. 58-86 ; O. MacDonagh, Early Victorian government, 1830-1870, Londres, Weidenfeld & Nicholson, 1977 ; A. Heesom, “The Coal Mines Act of 1842, social reform, and social control”, Historical Journal, Vol. 24, 1981, p. 69-88 ; U. R. Q. Henriques, The early factory acts and their enforcement, Londres, The Historical Association, 1971 ; J. Walvin, A child’s world : a social history of English childhood, 1800-1914, Harmondsworth, Penguin, 1982, p. 62.
  • [8]
    P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, 1800-1845, thèse inédite, Université d’Oxford, 1955, p. 165-174 ; R. Church, The history of the British coal industry, I : 1830-1913, Victorian pre-eminence, Oxford, Oxford University Press, 1986, p. 193-199 ; P. Kirby, “The historic viability…”, op. cit. ; id., “Victorian Social Investigation and the Children’s Employment Commission, 1840-42”, in N. Goose et K. Honeyman (eds.), Children and Childhood in Industrial England : Diversity and Agency, 1650-1900, Aldershot, Ashgate, 2013, p. 135-155.
  • [9]
    C. Nardinelli, “Child labor and the Factory Acts”, op. cit., p. 739 et 755 ; P. Kirby, Child Labour in Britain, 1750-1870, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2003, p. 93-130.
  • [10]
    P. Kirby, “Victorian Social Investigation…”, op. cit. ; id., “The historic viability…”, op. cit. Voir aussi id., “The Transition to Working Life in Eighteenth and Nineteenth-Century England and Wales”, in K. Lieten et E. van Nederveen Meerkerk (eds.), Child Labour’s Global Past : 1650-2000, Amsterdam, International Institute for Social History, Peter Lang, 2011, p. 119-135. Le taux d’accidents du travail parmi les enfants ouvriers de l’époque moderne demeure assez mal connu. Pour quelques statistiques, voir J. McKechnie, “A peculiarly British phenomenon ? Child Labour in the USA”, in M. Lavalette (ed.), A Thing of the Past ?…, op. cit., p. 211-214.
  • [11]
    P. A. Sambrook, “Childhood and sudden death in Staffordshire, 1851 and 1860”, in P. Morgan et A. D. M. Phillips, Staffordshire Histories : Essays in Honour of Michael Greenslade, Stafford, Staffordshire Records Society, 1999, p. 216-252, p. 226. En milieu rural, les enfants n’étaient pas à l’abri d’accidents dus à des machines. Verdon décrit ainsi le cas d’une domestique aidant à la batteuse, dont « les vêtements se sont malheureusement accrochés dans la roue, et à laquelle personne n’a porté secours avant que l’une de ses jambes ne soit atrocement arrachée », N. Verdon, Rural Women Workers in Nineteenth-Century England : gender, work and wages, Woodbridge, Boydell Press, 2002, p. 89-90.
  • [12]
    T. A. Welton, “On the effect of migrations in disturbing local rates of mortality, as exemplified in the statistics of London and the surrounding country, for the years 1851-1860”, Journal of the Institute of Actuaries and Assurance Magazine, Vol. 16, 1870-1872, p. 164-165.
  • [13]
    Sambrook avance que l’enregistrement des causes des décès était « médicalement imprécis » et ce, même vers le milieu du XIXe siècle. P. A. Sambrook, “Childhood and sudden death in Staffordshire…”, op. cit., p. 221.
  • [14]
    PP, 1819 (24), p. 357.
  • [15]
    W. R. Lee,”Robert Baker, the first doctor in the factory department, part 1, 1803-1858”, British Journal of Industrial Medicine, Vol. 21, 1964, p. 85-179, tab. 1, p. 89. Voir aussi PP, 1819 (24), p. 250.
  • [16]
    Huzzard remarque que, dans une usine, les blessures étaient soignées selon leur gravité, les plus bénignes étant confiées à « une vieille femme du voisinage » qui connaissait les traitements courants. Les blessures plus sérieuses étaient éventuellement soignées en premier lieu par le médecin de famille du propriétaire, les cas les plus graves étant traités à l’hôpital local. S. Huzzard, The Role of the certifying surgeon in the state regulation of child labour and industrial health, 1833-1973, thèse inédite, University de Manchester, 1976, p. 8-9.
  • [17]
    PP, 1841 (203), p. 5.
  • [18]
    J. Black, A Medico-topographical, Geological and Statistical Sketch of Bolton and its Neighbourhood, Bolton, 1836, p. 169. En 1816, Kinder Wood, le médecin d’Oldham, notait une augmentation du nombre des accidents de ce type dans les petites filatures : PP, 1816 (397), p. 195.
  • [19]
    Lettre de Mr B. Fothergill à Messrs. Sharp et Roberts, ingénieurs, Manchester, 16 mai 1840, cité par L. Horner, PP, 1841 (203), p. 14.
  • [20]
    Annexe au rapport de L. Horner, ibid., p. 19.
  • [21]
    PP, 1819 (24), p. 20 ; PP, 1841 (203), p. 3-4.
  • [22]
    Ibid., X, p. 4.
  • [23]
    Caledonian Mercury, 21 mars 1836 ; “Fatal Accident”, The Manchester Times and Gazette, 11 juin 1836.
  • [24]
    “Another Fatal Accident”, The Manchester Times and Gazette, 18 juin 1836. Un ouvrier prétendit à la commission de 1819 qu’il avait vu « jusqu’à deux ou trois morts par jour à cause des courroies ». PP, 1819 (24), p. 20-21.
  • [25]
    Rapport de J. Heathcote, Superintendent of Factories, PP, 1841 (203), Special Reports of the Inspectors of Factories, p. 22. Voir aussi J. Tann, The Development of the Factory, Londres, Cornmarket Press, 1970.
  • [26]
    J. Montgomery, The Theory and Practice of Cotton Spinning, also an historical sketch of the Rise and Progress of Cotton Spinning, Glasgow, J. Niven Jr., 1833, p. 39-40.
  • [27]
    W. G. Rimmer, Marshalls of Leeds : Flax Spinners, 1788-1886, Cambridge, Cambridge University Press, 1960, p. 216 ; rapport de J. Heathcote, Superintendent of Factories, PP, 1841 (203), Special Reports of the Inspectors of Factories, p. 22.
  • [28]
    “Accidents by Machinery’”, The Manchester Times and Gazette, 7 février 1835.
  • [29]
    J. L. Bronstein, Caught in the Machinery : Workplace Accidents and Injured Workers in Nineteenth-Century Britain, Stanford, Stanford University Press, 2008, p. 100-102 ; PP, 1841, X (203), Special Reports of the Inspectors of Factories, p. 10, 63. Il subsistait encore des affaires judiciaires fondées sur la culpabilité des enfants. Au début du XXe siècle, une fillette de 10 ans ayant eu les bras arrachés par une machine dans une filature de coton aux États-Unis avait été déboutée au motif qu’elle avait assumé tous les risques de son travail. J. Mitchell, ‘Burden of Industrial Accidents’, Annals of the American Academy of Political and Social Science, n°38, 1911, p. 81-82.
  • [30]
    PP, 1841 (203), p. 4.
  • [31]
    Voir rapports de Bisset Hawkins in PP, 1834 (167), p. 271-274 ; PP, 1841, X (203).
  • [32]
    “Accident by Machinery – Liability of Mill-Owners”, The Manchester Times and Gazette, 22 août 1840. Voir aussi The Preston Chronicle du même jour.
  • [33]
    Report from the S. C. on the Act for the Regulation of Mills and Factories, 18 février 1841, PP, 1841, X, p. 189 ; Factory Act, 1844, Vict. 7, chap. 15, sections xx-xxiii.
  • [34]
    Factory Act, 1844, Vict. 7, chap. 15. Cet aspect de la loi de 1844 a servi de modèle pour les dispositions relatives à l’établissement de rapports contenues dans le Mines Inspection Act de 1850 : Vict. 13 & 14, chap. 100, Coal Mines Inspection Act. P. W. J. Bartrip et S. B. Burman, The Wounded Soldiers of Industry : Industrial Compensation Policy, 1833-1897, Oxford, Clarendon Press, p. 54-63 et 83-92.
  • [35]
    S. Huzzard, The Role of the certifying surgeon…, op. cit., p. 39-41 ; J. Bronstein, Caught in the Machinery, op. cit., p. 15-16. Il est également probable que ces statistiques sous-estiment le nombre des accidents puisque leur compte rendu incombait aux employeurs.
  • [36]
    B. R. Mitchell, British historical statistics, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 262 ; D. Greasley, “The diffusion of machine cutting in the British coal industry, 1902-1938”, Explorations in Economic History, Vol. 19, No. 3, 1982, p. 246-268.
  • [37]
    PP, 1842, XV, Commission for Inquiring into the Employment and Condition of Children in Mines and Manufactories, First Report of the Commissioners, p. 126.
  • [38]
    G. Poole, “The history and development of underground haulage”, Historical Review of Coal Mining (Mining Association of Great Britain), 1924, p. 98-100 ; N. Wood, “On the conveyance of coals underground in coal mines”, Transactions of the North of England Institute of Mining and Mechanical Engineers, Vol. III, 1855, p. 245-246 ; G. C. Greenwell, “On the underground conveyance of coals”, Transactions of the Manchester Geological Society, Vol. X, 1870-1871, p. 54-56.
  • [39]
    T. H. Walton, Coal Mining Described and Illustrated, Philadelphie, H. C. Baird & Co, 1885, p. 54.
  • [40]
    A. J. Taylor, “Labour productivity and technological innovation in the British coal industry, 1850-1914”, Economic History Review, Vol. 14, No. 1, 1961, p. 48-70, p. 57.
  • [41]
    PP, 1842, XVII, Appendix to First Report of the Commissioners, Part II, p. 62.
  • [42]
    E. Wade, “The putter of the Northumberland and Durham coalfield”, Bulletin of the North East Group for the Study of Labour History, 1978, p. 12.
  • [43]
    G. Poole, “The history and development of underground haulage”, art. cité, p. 98.
  • [44]
    PP, 1842, XVII, p. 150.
  • [45]
    PP, 1800, XXVI, Second Report from the Committee Appointed to inquire into the State of the Coal Trade, p. 31 ; PP, 1842, XVI, Appendix to First Report of the Commissioners, Part I, p. 32.
  • [46]
    P. Kirby, “Causes of short stature among coalmining children, 1823-1850”, Economic History Review, Vol. 48, 1995, p. 687-699 ; J. Humphries, “Short stature among coalmining children…”, art. cité ; P. Kirby, “Short stature…”, art. cité.
  • [47]
    PP, 1842, XVI et p. 226, 233.
  • [48]
    Ibid., p. 210-211 et 556 ; PP, 1842, XVII, p. 95.
  • [49]
    P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, op. cit., p. 172-173.
  • [50]
    Id. “Mortality from violence in British coal-mines, 1800-1850”, Economic History Review, Vol. 21, No. 3, 1968, p. 545-561, p. 549.
  • [51]
    PP, 1842, XV, Commission for Inquiring into the Employment and Condition of Children in Mines and Manufactories, First Report of the Commissioners, Appendix to First Report of the Commissioners, Part I, fig. 2, p. 540.
  • [52]
    PP, 1842, XVI, XVII.
  • [53]
    PP, 1842, XVI, 510 ; K. N. Moss, “Ventilation of coal mines”, Historical Review of Coal Mining, 1924, p. 138.
  • [54]
    T. H. Walton, Coal Mining Described and Illustrated, op. cit., planche 7, p. 63.
  • [55]
    P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, op. cit., p. 173.
  • [56]
    Northumberland Archives, Bell 9/122 ; Hansard’s Parliamentary Debates (Lords), 24 juin 1842, col. 543.
  • [57]
    PP, 1842, XVII, p. 534 ; PP, 1842, XVI, p. 653.
  • [58]
    PP, 1842, XVI, p. 129-30.
  • [59]
    PP, 1842, XV, p. 133.
  • [60]
    PP, 1835, V, Select Committee on Accidents in Mines, p. 77.
  • [61]
    G. Parkinson, True stories of Durham pit-life, Londres, C. H. Kelly, 1912, p. 20-21.
  • [62]
    PP, 1842, XVI, p. 297.
  • [63]
    PP, 1835, V, p. 131-132 ; PP, 1842, XVI, p. 539.
  • [64]
    PP, 1835, V, p. 107.
  • [65]
    PP, 1842, XV, p. 257.
  • [66]
    J. Warburton, “Economical working of mines”, Transactions of the Manchester Geological Society, Vol. VIII, 1868-1869, p. 53-64, p. 62.
  • [67]
    PP, 1835, V, p. 90.
  • [68]
    PP, 1835, V, p. vi ; PP, 1842, XV, p. 137.
  • [69]
    R. L. Galloway, Annals of the coal trade, Vol. II, 1905, p. 157-162.
  • [70]
    J. R. Leifchild, “Life, enterprise, and peril in coal mines”, Quarterly Review, Vol. 110, 1861, p. 329-367, p. 352.
  • [71]
    PP, 1842, XVI, p. 175.
  • [72]
    PP, 1852-1853, XX, First Report from the Select Committee on Accidents in Coal Mines, p. 28.
  • [73]
    O. MacDonagh, “Coal mines regulation ; the first decade, 1842-1852”, op. cit., p. 60-62.
  • [74]
    R. L. Galloway, Annals of the coal trade, op. cit., p. 40-90.
  • [75]
    Ibid., p. 41-55.
  • [76]
    P. E. H. Hair, “Mortality from violence in British coal-mines…”, art. cité, p. 554 et 560.
  • [77]
    A. Heesom, “The northern coal-owners and the opposition to the Coal Mines Act of 1842”, International Review of Social History, Vol. XXV, 1980, p. 236-271, p. 242-243.
  • [78]
    PP, 1842, XVI, p. 149.
  • [79]
    Ibid., p. 124.
  • [80]
    Ibid., p. 125.
  • [81]
    Hansard’s Parliamentary Debates (Lords), 24 juin 1842, col. 545-546.
  • [82]
    Ibid., 4 juillet 1842, col. 1000 ; P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, op. cit., p. 164-165.
  • [83]
    PP, 1842, XVI, XVII, Prosopography of evidence.
  • [84]
    House of Lords Journal, Vol. LXXIV, 6th May to 1st August 1842.
  • [85]
    Vict. 5 & 6, chap. 99.
  • [86]
    The National Archives, TNA HO87/1, Factory and Mines Entry Books, 14 décembre 1843 ; P. W. J. Bartrip, “British government inspection…”, art. cité, p. 613-616.
  • [87]
    Hansard’s Parliamentary Debates (Lords), 1er août 1842, col. 891 ; R. N. Boyd, Coal pits and pitmen : a short history of the coal trade and the legislation affecting it, Londres, Whittaker & Co, 1892, p. 73.
  • [88]
    R. N. Boyd, Coal pits and pitmen, op. cit., p. 66.
  • [89]
    E. W. Binney, “Copy of a petition presented lately to Parliament by Mr. Brotherton. The humble petition of Edward William Binney, of Manchester, in the County of Lancashire, Gentleman”, Mining Journal, Vol. XII, 1842, p. 142.
  • [90]
    PP, 1854, XIX, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 6.
  • [91]
    Vict. 5 & 6, chap. 99 ; PP, 1846, XXIV, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 5 ; A. Heesom, “The Coal Mines Act of 1842, social reform, and social control”, Historical Journal, Vol. 24, 1981, p. 69-88, p. 78.
  • [92]
    PP, 1849, VII, Report from the Select Committee of the House of Lords Appointed to Inquire into the best Means of preventing the Occurrence of Dangerous Accidents in Coal Mines, QQ. 194-6, p. 261. Par la suite, H. S. Tremenheere a émis des objections sur le titre d’inspecteur des mines : « Je n’ai jamais exécuté les tâches que ce titre implique », The Times, 25 août 1871, Tremenheere Family Papers, Morrab Library, Penzance, Packet 120.
  • [93]
    PP, 1845, XXVII, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 19.
  • [94]
    Wigan Record Office, WRO DDX/E1/Box 99/2, livre de correspondance de William Peace, 4 ou 5 mars 1843.
  • [95]
    PP, 1842, XVI, p. 485.
  • [96]
    F. Engels, The condition of the working class in England, Londres, Penguin Books, 1987, p. 255 (1re éd. Leipzig, 1845).
  • [97]
    PP, 1866, XIV, Select Committee on Mines, p. 227.
  • [98]
    Ibid., p. 224.
  • [99]
    Vict. 5 & 6, chap. 99 ; R. N. Boyd, Coal pits and pitmen, op. cit., p. 73-74.
  • [100]
    PP, 1846, XXIV, p. 15 et 63.
  • [101]
    A. A. Cooper, Speeches of the Earl of Shaftesbury upon subjects relating to the claims and interests of the labouring class, Londres, Chapman & Hall, 1868, p. 33.
  • [102]
    Voir C. Hamlin, Public Health and Social Justice in the Age of Chadwick : Britain, 1800-1854, Cambridge, Cambridge University Press, 1998. Même l’étude novatrice de Thackrah sur la santé professionnelle n’est qu’une tentative limitée de cerner les problèmes de santé des enfants : C. T. Thackrah, The Effects of Arts, Trades and Professions, Leeds, Baines & Newsom, 1832 ; G. Calvert Holland, Diseases of the Lungs from Mechanical Causes, Londres, John Churchill, 1843 ; J. P. Kay, “Observations and Experience concerning Molecular Consumption and on Spinners’ Phthisis”, North of England Medical and Surgical Journal, août 1830-mai 1831, p. 348-363. Dans la Commission des mines de 1842, seuls 2,3 % des témoins venaient du milieu médical : P. Kirby, Evidence to the Children’s Employment Commission, 1842 (base de données). UK Data Archives, Université de l’Essex, 2009.
  • [103]
    F. Keeling, Child Labour in the United Kingdom, Londres, P. S. King & Son, 1914, p. xi-xii.
  • [104]
    PP, 1842, XV, p. 103 ; J. Burnett, Destiny obscure : autobiographies of childhood, education and the family from the 1820s to the 1920s, Londres, Allen Lane, 1982, p. 313 ; PP, 1928-1929, VIII, Report of the Departmental Committee on the Use of the Guss in Somerset Mines.
  • [105]
    Comme H. S. Tremenheere en témoignait en 1858, « la tendance à la rationalisation du travail dans les houillères, qui avait commencé à se généraliser même avant l’adoption du Mines Act [de 1842] […] va rendre le travail des très jeunes garçons au fond des mines bien moins nécessaire qu’auparavant ». PP, 1857-1858, XXXII, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 8.
  • [106]
    Les spécialistes du travail des enfants de nos jours ont défini les formes les plus dangereuses de ce travail dans les économies en voie de développement comme un problème urgent de santé publique. On préconise d’améliorer les conditions de travail sans passer par la loi, de façon à améliorer les conditions de travail, afin de minimiser les dangers immédiats menaçant les nombreux enfants qui échappent au contrôle de l’État. Voir, par exemple, le très intéressant ouvrage d’A. G. Fassa, D. L. Lewis et T. J. Scanlon (eds.), Child Labour : A Public Health Perspective, Oxford, Oxford University Press, 2010.

1Il est généralement admis que la législation industrielle du début du XIXe siècle a été le principal moteur de l’éradication de l’emploi des enfants dans l’industrie et de leur protection contre les risques professionnels. Cependant, les débats entre historiens sur l’évolution de ce pan de la politique sociale ont connu plusieurs étapes. Pendant la plus grande partie du siècle dernier, les socio-historiens se sont principalement penchés sur les nombreuses campagnes contre l’exploitation des enfants et la législation de protection qui en a découlé, considérant que ces lois avaient, dans une large mesure, réussi à réglementer le travail des enfants dans l’industrie. Plus récemment, ce sont les divers éléments ayant favorisé l’émergence des lois sur le travail des enfants qui ont fait l’objet d’un intérêt croissant. De nouvelles interrogations quant aux effets de ces lois sur l’amélioration de la sécurité au travail ont ensuite vu le jour. En particulier, leur capacité à réglementer effectivement les principaux secteurs industriels comme les mines de charbon et le textile a été remise en question [1].

2Certains commentateurs critiques des premières lois sur le travail des enfants ont également souligné les nombreuses idées reçues qui sous-tendaient les appels à la réglementation de l’époque. Ainsi, malgré l’attention grandissante portée à la santé des enfants employés dans les filatures à partir des années 1780, les accidents du travail causés par les machines font partie des aspects les moins documentés de la santé professionnelle de cette catégorie de la population jusqu’aux années 1830-1840. Cela s’explique partiellement par le fait que le monde médical était alors incapable d’établir une distinction entre les conséquences spécifiques du travail sur la santé et l’incidence plus générale des maladies infantiles dans les villes industrielles [2]. La plupart des témoins médicaux ayant participé aux premières enquêtes publiques ont adopté une approche essentiellement « théorique » du problème de la santé professionnelle des enfants. Les médecins se référaient souvent à d’éminents prédécesseurs comme Ramazzini, qui s’intéressait principalement aux effets des matières dangereuses et aux conditions de travail [3]. Ils avaient ainsi tendance à attribuer à des causes professionnelles de nombreuses affections sans rapport avec le travail, par exemple des malformations des jambes et des pieds, tandis que des risques plus tangibles tels que les accidents du travail étaient fréquemment ignorés [4]. En outre, les premières commissions gouvernementales à se pencher sur le travail des enfants étaient souvent de simples comités ad hoc, réunis exclusivement à Londres, soit à des centaines de kilomètres des principaux districts manufacturiers, et les « experts » médicaux apportant leur témoignage étaient pour la plupart recrutés dans des hôpitaux universitaires londoniens. Ainsi, sur les huit témoins médicaux de la commission manufacturière Sir Robert Peel de 1816, un seul avait observé directement des filatures ou la main-d’œuvre dans les usines [5]. On comprend pourquoi les rapports sur la santé professionnelle des enfants avant les années 1830 comportaient de graves lacunes.

3Pendant ce temps, dans l’industrie minière, l’apparition de techniques très complexes d’extraction dans les mines profondes de certaines régions avait, dans les années 1830 et 1840, progressivement diminué le rendement du travail des enfants et aggravé sa dangerosité. La première grande réforme concernant les enfants dans les houillères britanniques a été le Coal Mines Act de 1842 qui prohibait le travail au fond pour les enfants de moins de dix ans et pour toutes les femmes sans exception [6]. Cette loi, considérée comme une grande victoire humanitaire, a été appelée Lord Ashley’s Act du nom du philanthrope qui en avait été l’initiateur. Bon nombre d’historiens sont partis du principe que cette interdiction avait été suivie d’effet [7]. Des études récentes ont toutefois remis en question l’application de ces textes, certaines soulignant que la réglementation avait été avant tout influencée par les transformations fondamentales dans l’industrie elle-même et que les progrès techniques avaient exercé une influence considérable sur l’évolution de la sécurité au travail, la structure par âge des ouvriers et l’âge auquel les enfants commençaient à travailler dans différentes régions [8]. Plus récemment encore, d’autres travaux ont avancé que la législation formalisait un processus de mutation industrielle durable qui avait peu à peu exclu les enfants de la production. [9] En effet, dans les années 1830 et 1840, l’emploi des enfants dans des sites industriels complexes fut l’objet d’une surveillance accrue du fait du lien de plus en plus fort établi entre les pertes de production et les accidents mécaniques ou les explosions minières [10].

4Le présent article cherche à comprendre pourquoi l’attention portée à ces questions a pris une très grande importance vers la quatrième décennie du XIXe siècle. Il examine quelle a été l’influence de la question de la sécurité au travail sur l’action gouvernementale concernant l’emploi des enfants et étudie dans quelle mesure l’historiographie, qui a mis un accent disproportionné sur les campagnes parlementaires et le travail des « grands réformateurs », a eu tendance à occulter l’effet important du « point de vue de la demande » sur l’emploi des enfants. Or il semble que le moment de la promulgation des lois sur le travail des enfants dans l’industrie a été dicté principalement par la complexité croissante de la production industrielle, des niveaux différenciés de progrès techniques et la sensibilisation croissante aux problèmes de sécurité chez certains propriétaires et dirigeants de premier plan.

Accidents du travail

5La croissance urbaine et industrielle a entraîné chez les enfants une augmentation du nombre d’accidents, à l’issue pas toujours fatale, imputables à leur emploi en milieu industriel. Dans les années 1850 et 1860, les accidents du travail constituaient cependant la cause principale de décès parmi les enfants de 11 à 15 ans. Selon des rapports des Staffordshire Potteries, le plus grand centre britannique de fabrication de céramique et du Black Country (une région importante de production de charbon et de fer de l’ouest des Midlands), la proportion de décès liés au travail parmi les enfants des districts industriels était supérieure d’un tiers à celle des zones rurales voisines.

Tableau 1

Décès par accident du travail d’enfants de moins de 15 ans par rapport au nombre total de morts subites d’enfants. Staffordshire, 1851-1852 et 1860-1861[11]

Tableau 1
Black Country Potteries Milieu rural Total Décès par accident du travail 13,8 12,4 9,0 12,8

Décès par accident du travail d’enfants de moins de 15 ans par rapport au nombre total de morts subites d’enfants. Staffordshire, 1851-1852 et 1860-1861[11]

Calculs d’après P. A. Sambrook, “Childhood and sudden death in Staffordshire, 1851 and 1860”, art. cité.

6De même, le taux relativement plus élevé de morts accidentelles chez les jeunes femmes de Manchester au milieu du siècle a été attribué au fait qu’elles étaient plus nombreuses à occuper des postes de fabrication dangereux [12].

7Les accidents du travail non mortels étaient également très répandus chez les enfants employés dans l’industrie mais restaient souvent non déclarés dans les rapports officiels. Les débats sur la santé des enfants travaillant en usine ont eu beau s’intensifier à partir des années 1780, il a fallu attendre les années 1840 pour que la législation commence à prévoir des dispositions obligeant à enclore les machines ou à traiter le problème de la sécurité à l’intérieur des mines. Peu de documents antérieurs aux années 1840 font état du taux d’accidents du travail [13]. Quelques enquêtes conduites dans les usines fournissent cependant un aperçu partiel de l’étendue du problème. Un médecin de la commission Kenyon de 1818-1819 ayant examiné les blessures corporelles des enfants employés dans les filatures de coton a ainsi constaté que près de la moitié d’entre eux avaient été victimes de blessures « importantes » – voire « très importantes » pour 3 % d’entre eux – consécutives à des accidents du travail. Par ailleurs, une enquête de la même époque menée dans des écoles du dimanche à Manchester a montré qu’environ un tiers des garçons et un cinquième des filles travaillant en usine présentaient des blessures physiques qui pouvaient aller de petites entailles à des doigts manquants [14]. Surtout, l’étude de Robert Baker de 1840 révèle que 97 % des ouvriers des filatures victimes de blessures admis à l’hôpital (le Leeds General Infirmary) étaient atteints aux membres supérieurs [15]. De telles blessures rendaient souvent les enfants inaptes à un futur emploi en usine. Les employeurs n’avaient généralement pas non plus de politique systématique de prévention des accidents du travail pour les enfants [16]. Qui plus est, très souvent, les ouvriers eux-mêmes considéraient les accidents comme une conséquence normale du travail et pensaient qu’ils étaient dus à leur négligence ou à leur incompétence.

Lieux des accidents

8Le degré de violence des blessures corporelles était différent selon qu’elles étaient la conséquence d’accidents dus aux machines des usines et des filatures ou qu’elles survenaient dans des petits ateliers ou des manufactures familiales. Les premières machineries à vapeur utilisaient des techniques complexes de transmission de puissance faisant appel à des systèmes encombrants d’arbres, de poulies et de courroies. Les nouvelles machines textiles étaient souvent tassées dans d’anciens bâtiments non prévus à cet effet, obligeant les ouvriers à travailler à proximité immédiate de celles-ci. À cause des plafonds bas et des espaces de travail resserrés, les arbres de transmission et les engrenages se trouvaient notamment à portée de main des enfants ouvriers. Les accidents étaient souvent provoqués par leurs vêtements qui se coinçaient dans les arbres de transmission horizontaux ou verticaux non protégés [17]. De ce fait, les jeunes ouvriers étaient « obligés de porter des vêtements plutôt courts et ajustés, pour éviter qu’ils ne s’accrochent dans les machines » [18]. Les femmes et les jeunes filles plaquaient leurs cheveux sur la tête en les maintenant avec des peignes ou des coiffures et portaient des blouses ou bien des robes courtes et serrées. Plusieurs inspecteurs d’usines et ingénieurs avaient signalé que de nombreux bâtiments industriels n’étaient pas adaptés à l’installation des nouvelles machines et, vers les années 1840, le métier renvideur automatique (self-acting), d’usage de plus en plus courant, fut désigné par les inspecteurs et les fabricants de machines comme étant une cause importante de blessures pour les enfants.

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« Certains trouveront cela certainement ridicule ou absurde, mais qu’ils se rendent dans certaines filatures ; vous n’y trouverez pas plus d’une allée, large de seulement 25 à 30 cm au maximum. Là, vous verrez un garçon ou une fille marcher le long de cet étroit passage en portant une caisse ou un panier sur la tête. Pour éviter de se heurter au mur ou à la machinerie, l’enfant est obligé de se pencher d’un côté, puis de l’autre, toujours avec son fardeau sur la tête. […] Là, si l’enfant accroche ses vêtements, ou si son pied glisse et qu’il chute, il se retrouve forcément en grand danger, surtout si les métiers renvideurs sont en marche. […] Dans cet atelier, on emploie des enfants (généralement des garçons) appelés scavengers (« ramasseurs de déchets ») ; ils sont exposés à des dangers imminents car ils doivent passer sous la machine pendant qu’elle est en mouvement pour « balayer » ; ce faisant, s’ils ne s’écartent pas à l’arrivée du chariot, ils peuvent être saisis entre celui-ci et le porte-cylindres, risquant alors de subir de graves blessures, voire de périr. » [19]

10Pour l’entretien et le nettoyage de machines de ce genre, il aurait normalement fallu ralentir, voire arrêter totalement la production, mesure qui était aussi impopulaire chez les employeurs que chez les ouvriers. Comme le déplorait un contremaître, « ils auraient dû arrêter toute l’usine pour un seul tambour et cela pouvait se produire vingt fois dans la journée » [20]. D’autres méthodes permettant de gagner du temps étaient parfois adoptées et on apprenait aux enfants ouvriers à retirer les courroies des poulies à l’aide de bâtons pendant que la machinerie était en marche [21]. Dans les années 1830 et 1840, les surveillants remarquaient que les enfants étaient nombreux à souffrir de blessures dues aux systèmes et courroies de transmission qui provoquaient fréquemment l’amputation violente et rapide d’un doigt, d’une main ou d’un bras [22]. En raison des techniques rudimentaires de transmission de puissance utilisées dans de nombreuses fabriques, il fallait parfois plusieurs minutes avant d’arrêter les machines lorsque quelqu’un était blessé ou coincé [23]. La presse, qui intéressait un public de plus en large au début du XIXe siècle, donnait à lire des articles à sensation relatant la nature souvent horrible des accidents du travail. De tels récits suscitaient une compassion d’autant plus grande que la main-d’œuvre des premières usines était principalement constituée de femmes et d’enfants. Une ouvrière a décrit le niveau de violence inouï de la mort d’un enfant de 11 ans à laquelle elle avait assisté dans une filature de Manchester.

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« Le jeune garçon travaillait […] comme bobineur ; vers huit heures et demie, alors que la machinerie allait être arrêtée pour la pause du petit-déjeuner, elle le vit debout, tout près de son métier, tenant à la main une courroie qui était reliée à un arbre de transmission passant à moins de quinze ou vingt centimètres du plafond du bâtiment. Elle l’appela et lui dit qu’il était en danger mais il se contenta de lui sourire. Elle se dirigea vers son propre métier et peu après, entendit un craquement derrière elle ; se retournant, elle vit l’enfant mort entraîné autour d’un arbre en fer en haut de la pièce, qui tournait à environ 120 tours par minute. Elle hurla, tomba presque évanouie et c’est alors qu’elle vit passer devant elle l’une des jambes du malheureux. Elle dévala l’escalier jusqu’à l’étage du dessous aussi vite qu’elle le put et rencontra un homme qui se nommait William Grant. […] Lorsqu’elle lui décrivit l’accident, il ordonna d’arrêter le moteur et monta à l’étage. À ce moment-là, l’enfant mort avait les deux jambes coupées, des morceaux de chair volaient autour de lui dans tous les sens et le plafond du bâtiment s’était cassé sous la force du corps projeté contre lui. » [24]

12Toutefois, la majorité des accidents n’étaient pas mortels. Les enfants étaient principalement atteints de blessures aux membres supérieurs et il semble avéré que, vers les années 1830, on ait assisté à une baisse relative du nombre d’accidents dus à la non-protection des machines dans les filatures utilisant les techniques les plus modernes. Dans les bâtiments des nouvelles filatures à vapeur, spécialement construits pour cet usage, on faisait souvent passer les arbres de transmission sous les planchers tandis qu’il était de plus en plus fréquent d’abriter les arbres verticaux [25]. En 1833, l’éditeur et poète James Montgomery faisait observer que

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« de par leur conception et leur implantation, les arbres de transmission et autres engrenages installés dans les filatures de construction récente formaient un contraste saisissant en termes de netteté et de simplicité par rapport à ce qu’on pouvait voir dans les anciens établissements érigés trente ou quarante ans auparavant. Non seulement ces nouvelles installations dépassaient les anciennes en netteté et en simplicité, mais elles étaient également plus sûres et durables, moins sujettes aux accidents et consommaient moins de puissance motrice. » [26]

14Les filatures les plus grandes et les plus riches recevaient souvent les félicitations des inspecteurs d’usines pour avoir installé des dispositifs de sécurité. M. Marshall, de Leeds, avait ainsi placé des protections autour de sa dangereuse machine à carder bien avant le Factory Act de 1833 et, dès 1841, le surveillant de Preston faisait remarquer que la grande filature Horrockses avait fonctionné pendant au moins quinze ans sans qu’aucun accident dû à une machine non protégée ne se soit produit [27]. Cependant, la pose de protections autour des mécanismes de transmission n’était pas toujours la solution, car on devait pouvoir accéder aux arbres et aux engrenages pour l’entretien et la lubrification. Les trappes d’accès étaient peu surveillées et le fait d’enclore les arbres verticaux sur plusieurs étages risquait de créer de forts courants d’air susceptibles d’aspirer des vêtements lâches [28].

15Établir la responsabilité des accidents du travail dans les filatures n’était aisé ni pour les législateurs ni pour les premiers inspecteurs d’usines. Les membres de la commission d’enquête sur les fabriques de 1833 avaient largement rejeté l’idée que les enfants ouvriers puissent être tenus pour tacitement responsables des accidents du travail, mais on ne sait sur qui rejeter la faute clairement avant la fin des années 1840. Les parents accusaient souvent leurs propres enfants accidentés de stupidité ou de négligence. Quant aux inspecteurs et responsables, ils avançaient fréquemment que les sanctions en cas d’accidents affectant les enfants ne pouvaient être efficaces qu’à condition de s’appliquer aux fileurs qui autorisaient les rattacheurs et les ramasseurs à nettoyer les machines pendant la marche des machines. La raison invoquée était que le nettoyage s’exécutait en très peu de temps et que l’on ne pouvait pas exiger des contremaîtres et responsables qu’ils surveillent en permanence les enfants ouvriers pendant toute la journée [29]. Les inspecteurs d’usines soulignaient également « l’étourderie naturelle » des très jeunes enfants qui « couraient partout, jouaient et […] se heurtaient aux machines » [30]. Dans la foulée du Factory Act de 1833, les surveillants et chirurgiens ont commencé à établir davantage de procès-verbaux d’accidents du travail et la presse provinciale s’est montrée plus encline à rapporter des récits de morts spectaculaires et d’accidents du travail graves.

16Au début des années 1840, la question des accidents du travail est devenue fondamentale pour les inspecteurs d’usines qui rédigent alors toute une série de rapports spéciaux sur l’utilité d’une législation destinée à rendre obligatoire la pose de protections. Plusieurs procès retentissants ont, par ailleurs, de plus en plus souvent rejeté la responsabilité des accidents sur les employeurs [31]. Citons par exemple le cas d’une demande d’indemnisation portée en 1840 devant la cour d’assises de Liverpool par Elizabeth Stocks, une jeune fille de 16 ans. Employée dans une filature de coton, elle avait été happée par une machine non protégée, « à la suite de quoi elle était mutilée, gravement blessée, avait enduré d’horribles souffrances, avait perdu son salaire en raison de son inaptitude au travail et dû dépenser des sommes considérables pour se soigner ». La jeune fille était soutenue par « son ami proche et protecteur », Lord Ashley. La plaignante avait d’abord plaidé coupable et pourtant, « après des délibérations à huis clos entre les juges », son premier plaidoyer avait été retiré et la somme de cent livres de dommages et intérêts lui avait été accordée [32]. L’année suivante, la commission spéciale Ashley proposait l’interdiction du nettoyage des machines en marche, interdiction stipulée dans le futur Factory Act de 1844, en même temps que l’obligation d’enclore les volants, engrenages et arbres de transmission [33]. Pour la première fois au Royaume-Uni, la législation industrielle imposait des normes minimales pour la sécurité des machines. La loi de 1844 contenait également des dispositions pour la rédaction formelle de rapports et l’introduction d’amendes sanctionnant les employeurs contrevenants [34]. Il a cependant fallu attendre la fin des années 1840 pour que ces rapports commencent à révéler pleinement l’étendue du problème des accidents du travail. Dans les six premiers mois qui ont suivi ces nouvelles dispositions, on comptait un total de 996 rapports d’accidents pour les seuls comtés du Lancashire et du Yorkshire, dont 5 % impliquaient une amputation et 6 % la perte d’au moins un doigt. En 1849, les inspecteurs d’usines ont déclaré 2 021 accidents sur une période de six mois, dont plus de la moitié étaient imputables aux machines, provoquant 109 amputations et 22 morts ; en 1854, le premier compte rendu décennal faisait état de 38 000 cas, dont 477 mortels [35]. Eu égard à l’expansion de la production mécanique et au passage progressif à l’énergie thermique au cours du demi-siècle qui a précédé la loi de 1844, il est probable que les taux de décès et de blessures provoqués par les machines dans l’industrie textile aient été bien plus importants dans ces années.

17Entre les années 1780 et le début des années 1840, les enquêtes diligentées par le gouvernement portaient principalement sur le rôle des usines dans la propagation des maladies contagieuses ou reposaient sur des théories médicales souvent erronées à propos des difformités d’origine professionnelle chez les enfants. Ce n’est qu’au milieu des années 1840 que sont apparues de timides réglementations concernant la sécurité. À cette époque, six décennies s’étaient écoulées depuis les premières enquêtes dans les filatures des années 1780. Pendant la plus grande partie de cette période, l’État a donc largement fait la preuve de son incapacité persistante à reconnaître les accidents du travail comme un risque sanitaire majeur pour la santé des enfants ouvriers dans l’industrie textile.

Industrie houillère : techniques, géologie et gaz

18Dans l’industrie houillère, les premières enquêtes et lois ont été diligentées par des craintes convergentes à propos de la santé et de la sécurité à l’intérieur des mines. Ces questions, qui ont préoccupé les plus grands ingénieurs des mines au début du XIXe siècle, sont étroitement liées à l’évolution de la viabilité du travail des enfants dans un environnement de travail sous-terrain de plus en plus complexe, alors que l’extension de l’ampleur des opérations et des techniques d’extraction du charbon entraînaient des transformations fondamentales dans la structure de la main-d’œuvre minière et dans les fonctions exercées par les enfants ouvriers. Le nombre croissant des explosions souterraines dans les galeries profondes devenait notamment un souci majeur pour les propriétaires de mines.

19Au XIXe siècle, le travail dans les mines de charbon s’effectuait presque exclusivement à la main et, encore en 1900, 1 % seulement de la production totale de charbon était extrait par des machines. Ce n’est qu’autour de 1934-1935 que l’extraction mécanique commence à l’emporter [36]. En d’autres termes, l’augmentation de la production charbonnière au cours du XIXe siècle n’a pu se faire que par l’augmentation du nombre d’hommes employés sur les chantiers de taille et d’ouvriers affectés au roulage, ainsi que par le développement de techniques plus efficaces de transport à l’intérieur des mines [37]. Presque toutes les améliorations importantes dans les techniques d’exploitation de la houille au XIXe siècle ont concerné les domaines du transport et de l’aérage, où étaient employés en grande majorité des ouvriers de moins de 20 ans. La quasi-totalité des enfants recrutés dans l’industrie minière britannique au XIXe siècle ont d’abord été employés au transport ou à la ventilation.

Le transport souterrain

20Les besoins en charbon ont considérablement augmenté au cours des premières décennies du XIXe siècle et le domaine du transport de la houille a gagné en efficacité, grâce à l’introduction de rails et de wagonnets tirés par les chevaux puis, à partir des années 1850 environ, au développement de moyens mécaniques. L’usage du système du « câble sans fin » pour convoyer en continu de lourdes charges volumineuses de charbon sur de longues distances dans des trains s’est de plus en plus répandu. Au cours du deuxième quart du XIXe siècle, les berlines à roues ont commencé à remplacer les traîneaux en bois et les paniers en osier rigides. Les voies saillantes en fer ont également peu à peu supplanté les planches en bois plus primitives, ou les voies plates en fonte [38]. Le recours accru aux poneys dans les houillères du Nord-Est durant la première moitié du XIXe siècle a permis de transporter des charges plus importantes de charbon : dans certains puits, les conducteurs pouvaient évacuer le charbon directement depuis le chantier de taille [39]. Selon les calculs d’Arthur Taylor, une proportion élevée de mineurs travaillant à la taille par rapport aux autres ouvriers fournit une indication importante sur le niveau de progrès des techniques de transport souterrain. Dans les houillères du comté de Tyne, le taux des mineurs de fond ne travaillant pas à la taille est en effet passé de 60,5 % en 1828 à 53 % seize ans plus tard. Par conséquent, « il semble bien que le principal gain de productivité au fond des mines durant le troisième quart du XIXe siècle ait été obtenu non dans les opérations de taille, mais dans celles du transport du charbon jusqu’au puits » [40]. Toutefois, l’efficacité des techniques de transport dépendait fortement de la hauteur et de l’inclinaison des couches de charbon. Dans l’ouest du Yorkshire et certaines parties du Lancashire, où les couches étaient minces, plusieurs des moyens mécaniques de convoyage étaient impraticables et les techniques en la matière évoluèrent peu : le transport ne pouvait être effectué que par de jeunes enfants employés comme « porteurs » ou « herscheurs ». Ils portaient ou traînaient le charbon le long de la veine jusqu’au bas du puits. Dans les couches minces, les adultes employés comme « piqueurs » ou « abatteurs » étaient forcés de travailler couchés sur le côté pour réussir à extraire du charbon avec leurs pics. Dans les mines d’Halifax, le sous-commissaire avait entendu dire qu’il n’existait que « deux portes permettant le passage des chevaux […], c’est pourquoi il avait fallu leur substituer des enfants » [41]. Lorsque les couches étaient plus épaisses, le charbon abattu pouvait être évacué du chantier de manière plus rapide et efficace. Les galeries plus hautes de plafond facilitaient le transport et permettaient l’accès à des ouvriers de plus grande stature. Dans le Nord-Est, par exemple, où l’épaisseur moyenne des couches avoisinait les quatre à cinq pieds (entre 1,20 et 1,50 m environ), le transport souterrain était effectué par de vieux mineurs embauchés comme « herscheurs » et par des chevaux miniatures ou des poneys [42].

21Les progrès techniques et la géologie des mines de charbon ont donc eu une influence déterminante sur le taux d’emploi des enfants. Granville Poole estime qu’à Durham, entre 1840 et 1850, les poneys ont progressivement remplacé les herscheurs sur les chantiers de taille [43]. En ce qui concerne les effets de la géologie, un sous-commissaire du Lancashire a déterminé qu’il existait un lien entre la hauteur des galeries et la proportion d’emploi des enfants. Il a noté que, « en général, dans le district, là où les couches de charbon sont plus épaisses, il est nécessaire d’employer des rouleurs de plus grande taille, car les galeries sont plus hautes et les berlines ou wagonnets bien trop lourds pour de jeunes enfants ; en revanche, dans les endroits où l’on exploite des couches plus minces, on emploie toujours de petits enfants de sept à neuf ans » [44].

22Dans le bassin houiller du Shropshire, comme deux tiers des couches faisaient moins de trois pieds (90 cm), le transport ne pouvait être effectué que par des ouvriers très petits. En 1800, un propriétaire de mine déclarait combien il était « difficile de trouver des mineurs pour extraire du charbon […] Nous payons actuellement des garçons de moins de 10 ans six shillings par semaine car certaines couches n’atteignant pas les 13 pouces [30 cm], les adultes ne peuvent pas y travailler ». Même constat de l’un des sous-commissaires mandatés dans le Shropshire en 1841 : « on ne trouve pas plus d’une couche sur douze dans laquelle un homme puisse se tenir debout » [45]. Des conditions de travail aussi contraignantes, même si elles ne sont pas représentatives du pays tout entier, soulignent l’importance de l’effet de la hauteur de la couche de charbon sur les moyens d’extraction utilisés, ainsi que sur la stature et la structure par âge des travailleurs de fond [46]. Pour reprendre les termes d’un maître de mines, « plus la couche de charbon est mince, plus les enfants employés sont jeunes et petits ». Selon un autre, dans les couches très minces du Yorkshire, les enfants « n’étaient utiles que s’ils avaient huit ou neuf ans […] car la couche de charbon ne faisait que 20 pouces [50 cm] d’épaisseur » [47]. L’extension de techniques plus efficaces de transport et par là-même, le taux d’enfants employés au roulage, dépendaient essentiellement des conditions géologiques existantes. L’abaissement de l’âge du recrutement et le taux plus élevé de jeunes ouvriers dans les régions houillères où prédominaient des couches minces de charbon et des techniques primitives attestent cette relation. Le tableau 2 illustre ce phénomène dans deux districts houillers.

Tableau 2

Proportions de mineurs par groupes d’âges en 1841 (en pourcentage)[48]

Tableau 2
Northumberland et nord du Durham Ouest du Yorkshire Couches minces de l’ouest du Yorkshire Plus de 18 ans 68,87 61,36 54,8 13 à 18 ans 18,32 22,45 21,6 Moins de 13 ans 12,79 16,18 24,7

Proportions de mineurs par groupes d’âges en 1841 (en pourcentage)[48]

Remarque : les chiffres concernant les puits de petite taille incluent des femmes.

23Au sein d’un même district houiller, les âges des travailleurs de fond pouvaient varier considérablement en fonction de la hauteur des couches de charbon. Le tableau 3 montre le lien important existant entre la structure par âge et l’épaisseur des couches dans l’ouest du Yorkshire.

Tableau 3

Groupes d’âges des mineurs par rapport à la hauteur des couches (en pourcentage). 5 742 hommes dans 77 puits de l’ouest du Yorkshire en 1841

Tableau 3
Hauteur maximale de la couche en pouces (1 pouce = 2,54 cm) 24 36 48 60 72 84 96 108 120 Groupe d’âge Moins de 7 ans 5,94 0,59 0,12 1,23 0,00 0,00 0,58 0,00 0,00 8 à 9 ans 16,28 4,22 3,44 1,29 0,85 3,70 2,33 0,00 0,53 10 à 12 ans 25,06 17,17 9,33 13,62 13,18 6,17 6,68 7,61 13,46 13 à 17 ans 17,70 30,77 19,86 21,37 19,96 23,46 14,23 23,84 23,57 Adultes 35,02 47,24 67,25 63,49 66,01 66,67 76,19 68,55 62,44

Groupes d’âges des mineurs par rapport à la hauteur des couches (en pourcentage). 5 742 hommes dans 77 puits de l’ouest du Yorkshire en 1841

Remarque : lorsque deux épaisseurs de couches ont été données pour le même puits, la moyenne des deux a été retenue.
Source : informations fournies par les employeurs à la commission d’enquête sur l’emploi des enfants (PP, 1842, XVI), annexe B, p. 210-211.

24On constate donc que, d’une manière générale, les districts qui mettent en œuvre des techniques modernes et possèdent des couches de houille plus épaisses et à meilleur rendement, emploient moins d’enfants et les recrutent à un âge moyen plus élevé (voir également le tableau 6) par rapport à des régions houillères où la géologie amène à la conservation d’une extraction plus primitive.

Ventilation

25Les puits extrêmement grands, profonds et rentables utilisaient également de vastes systèmes de ventilation. Ces puits techniquement évolués, notamment dans les comtés du Durham et du Northumberland, voient augmenter le nombre d’enfants employés aux opérations de ventilation au cours de la première moitié du XIXe siècle [49]. La plupart d’entre eux travaillaient comme gardiens des portes ou trappes d’aérage. La surveillance de ces trappes est une fonction dont on n’entendait pratiquement pas parler au XVIIIe siècle, mais le nombre d’enfants employés à ce gardiennage a considérablement augmenté durant la première moitié du XIXe siècle en même temps que la mise en exploitation de couches auparavant inaccessibles. Paul E. H. Hair a fait état d’une grande quantité de gaz présente dans les immenses galeries de charbon du Nord-Est, lesquelles présentaient un risque exacerbé d’accidents en raison de l’accumulation de méthane (le « grisou ») ou d’un mélange suffocant de gaz carbonique (le « puteux ») et d’azote [50]. On s’est prémuni contre les risques d’explosion et de suffocation par la mise en place de méthodes toujours plus complexes pour évacuer les gaz dangereux des mines. Les voies de transport à l’intérieur des mines étaient interrompues par des portes ou trappes d’aérage, brièvement ouvertes pour permettre le passage des berlines chargées de charbon, puis rapidement refermées pour maintenir le sens de circulation de l’air (figure 1). La ventilation était donc un facteur de sécurité essentiel dans les grandes houillères, mais son fonctionnement était souvent confié à de très jeunes enfants.

Figure 1

Ventilation souterraine, bassin minier du Durham et du Northumberland, 1842[51]

Figure 1

Ventilation souterraine, bassin minier du Durham et du Northumberland, 1842[51]

26Une grande majorité des enfants affectés aux opérations d’aérage dans les comtés du Durham et du Northumberland avaient moins de dix ans alors que cette proportion était moindre dans les districts houillers moins modernes. Dans le Sud du Pays de Galles, par exemple, probablement le deuxième district le plus avancé sur le plan des techniques de ventilation en 1841, leur proportion était de 43,9 %, tandis qu’elle était de 15,7 % dans le Yorkshire et de 10,8 % seulement dans les Midlands [52]. Les districts houillers moins évolués mettaient en œuvre des méthodes de ventilation plus rudimentaires et employaient un nombre inférieur d’ouvriers pour ces tâches d’aérage. À Dysert, dans la province de Fife, par exemple, les mines étaient ventilées « en laissant les puits inutilisés ouverts » et encore en 1850, « une circulation paresseuse d’air naturel allait être découverte dans les mines du Sud du Staffordshire, des comtés de Warwickshire, Worcestershire, Shropshire et d’Écosse » [53].

Figure 2

Le travail d’un « trappier » ou « portier »[54]

Figure 2

Le travail d’un « trappier » ou « portier »[54]

27Garder une porte était une opération simple (figure 2). Comme Hair l’a suggéré, « les enfants étaient descendus dans les fosses pour ce travail à un âge où ils étaient incapables d’exécuter quelque autre tâche » [55]. Les portiers attendaient qu’une berline arrive et tiraient sur une corde attaché à la trappe pour ouvrir le passage. Ils devaient ensuite veiller à ce que la trappe se referme correctement. En 1842, le Northern Coal Trade Office précisait : « les trappes d’aérage correctement construites se ferment automatiquement, et la tâche du portier consiste simplement à les ouvrir avec sa corde et, à moins qu’elles ne soient volontairement maintenues ouvertes, elles doivent se refermer d’elles-mêmes, à l’instar d’une porte à guillotine » [56]. Cependant, malgré la simplicité de leur travail, la responsabilité en matière de sécurité qui incombait aux petits portiers était colossale. Les trappes étaient souvent maintenues ouvertes ou laissées entrebâillées par les enfants, et il n’était pas rare que les portiers s’assoupissent dans l’atmosphère chaude et sombre de la mine, cessant alors de surveiller leurs trappes. Un petit Gallois âgé de sept ans, employé comme portier, a ainsi raconté à la commission de 1842 : « quand je suis descendu pour la première fois, je ne pouvais pas garder les yeux ouverts » ; un herscheur de 17 ans de la houillère de Hetton avait remarqué que les « portiers s’endormaient souvent très tôt le matin et que les trappes qu’ils devaient surveiller étaient rabattues » [57]. C’est pourquoi, dans les années 1830 et 1840, les responsables du district du Nord-Est ont été obligés de mettre en place des rondes régulières pour s’assurer que le portiers restaient éveillés. Le sous-commissaire affecté au comté de Durham a décrit le sort d’un portier endormi en ces termes :

28

« Dans cet état d’existence sépulcrale, un ennemi insidieux l’envahit. Il a les yeux fermés et n’entend pas une berline s’approcher. Un surveillant passe et, d’un coup de baguette bien placé, punit immédiatement le coupable en le rappelant à son devoir ; et encore heureux pour lui qu’il soit tombé dans les mains de ce surveillant plutôt que dans celles de l’un des herscheurs qui lui aurait administré une correction beaucoup plus sévère à coups de poing » [58].

29Dans les houillères les plus « évoluées », le châtiment corporel modéré était devenu une composante rationnelle et réglementée de la production [59]. En 1835, la commission d’enquête spéciale sur les accidents dans les mines (Select Committee on Accidents in Mines) découvrit que « les enfants étaient continuellement exposés au contrôle et aux reproches des détenteurs de l’autorité qui passaient dans la mine » [60]. George Parkinson, qui commença à travailler comme portier à New Lambton en 1837, à l’âge de neuf ans, décrivit ainsi sa première journée de travail :

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« Plusieurs hommes qui franchissaient ma porte à différentes reprises parlaient gentiment au nouveau “portier” que j’étais et me disaient de faire attention et de ne pas bouger de mon coin. Mais un autre survint, habillé en bleu et coiffé d’une casquette en cuir à rabat, portant un bâton à la main. […] Il me regarda très sévèrement et, levant son bâton de manière menaçante, il dit : “Fais gaffe, si t’vas t’endormir et qu’tu gard’ pas c’te porte fermée, tu vas t’le prendre !” […] Je ne pouvais pas m’empêcher d’espérer que “l’homme bleu” ne repasse pas par ma porte, mais qu’il trouve un autre chemin pour sortir. » [61]

31Il pouvait également se produire des explosions tout simplement dues à une mauvaise compréhension du système de ventilation. Dans le Yorkshire, un enfant trouva « une porte [souterraine] ouverte et la ferma imprudemment, ce qui eut pour effet de créer brutalement un courant d’air à travers les galeries et de chasser le gaz d’un bloc vers le fond du puits où se trouvaient des enfants tenant leur bougie allumée, et une explosion se produisit immédiatement » [62]. En outre, la complexité et l’étendue des systèmes de ventilation n’ont cessé de croître durant le deuxième quart du XIXe siècle. John Buddle, inspecteur en chef du bassin houiller du Nord-Est, rapporte qu’en 1835, il existait quatre types distincts de trappes d’aérage en usage dans les houillères du Tyne et il en a été mentionné cinq auprès de la Commission de 1842 [63]. Pour l’ingénieur George Stephenson, l’âge d’un gardien aurait dû dépendre de « la nature de la trappe, […] un enfant de 10 ans pouvait faire l’affaire pour la plupart des trappes mais on ne devrait pas lui confier celles d’un maniement plus compliqué » [64]. L’une des principales conclusions du rapport d’enquête de 1842 était que « les accidents mortels dans les mines de charbon venaient fréquemment du fait que l’on avait pris pratiquement partout l’habitude de confier la fermeture des trappes d’aérage à de très jeunes enfants » [65].

32Naturellement, il se peut que les explosions aient été attribuées à la négligence d’un portier lorsqu’aucune autre cause ne pouvait être identifiée avec certitude et que toute preuve d’inattention avait été effacée par la violence de l’explosion [66]. Cependant, au cours des troisième et quatrième décennies du XIXe siècle, les dirigeants des mines du Nord-Est s’étaient globalement convaincus que les explosions étaient provoquées par des enfants étourdis ou indisciplinés. L’inspecteur de la houillère de Heaton a ainsi déclaré à la commission spéciale de 1835 : « Je pense que de nombreux accidents graves se sont produits à cause de la négligence de portiers qui avaient laissé une trappe d’aérage ouverte une fois le travail des hommes terminé et les enfants partis de leurs postes de surveillance » [67]. Dans le rapport, il est écrit que « le portier (souvent un enfant trop jeune et étourdi qui est chargé des trappes d’aérage) […] soit par omission de la tâche assignée, soit par négligence momentanée, peut causer la destruction instantanée de vies et de biens à une échelle incommensurable » [68]. Une commission officieuse ayant enquêté à South Fields en 1843 a mis en évidence des cas d’explosions dus à la non-fermeture des trappes d’aérage par de jeunes enfants et s’est montrée favorable au système de réglementation du travail des enfants dans les mines en vigueur sur le continent [69]. « Il est regrettable, estimait John Leifchild, que des personnes si jeunes occupent des postes avec une telle responsabilité » [70]. Le sous-commissaire Jelinger Symons trouvait « difficile d’imaginer qu’il puisse exister un autre système aussi sûr que celui d’employer des personnes beaucoup plus âgées, mieux payées et responsables pour exécuter une tâche aussi importante » [71]. À partir du début des années 1840, on a de plus en plus jugé que l’emploi de jeunes enfants dans les systèmes complexes de ventilation était une pratique risquée.

33L’immense retentissement dans le public et les morts collectives qui accompagnaient les explosions dans les mines ont également conduit à des erreurs de calcul du taux de décès. Avant les années 1852-1853, on pensait que la proportion de décès dans les mines de charbon provoqués par des explosions se situait aux alentours de 66 %. Ce chiffre était largement surestimé : la commission d’enquête spéciale sur les accidents dans les mines mise en place en 1852 les estima avec une beaucoup plus grande exactitude à 32,6 % en 1851 et 26,5 % en 1852 [72]. Toutefois, lorsqu’on examine le rôle des employeurs dans les négociations sur l’âge minimal des ouvriers, on ne peut pas sous-estimer le sentiment selon lequel les explosions provoquaient d’immenses pertes de main-d’œuvre et de capital. Une législation excluant les enfants de moins de dix ans, en faveur de laquelle plaidaient nombre des principaux inspecteurs des mines de charbon du Nord-Est, aurait permis de conserver les portiers plus âgés et plus fiables de dix à treize ans tout en fournissant une base légale pour refuser d’employer à ce poste les jeunes enfants moins sûrs. C’est le groupe d’âge des 10-13 ans qui a suscité les débats les plus acharnés [73]. Fixer la limite d’âge d’exclusion aux moins de treize ans, ce que souhaitait Lord Ashley, aurait vidé le bassin houiller du Nord-Est de pratiquement tous ses portiers. En fait, dans le Nord-Est, la majorité des portiers étaient âgés de neuf à douze ans, et les enfants commençaient à travailler comme conducteurs et abatteurs à onze ou douze ans. Les enfants de dix ans représentaient presque 30 % de l’ensemble des portiers.

Tableau 4

235 portiers dans 14 houillères du sud du Durham

Tableau 4
Âge 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Nombre 4 12 50 69 53 25 16 4 2 % 1,7 5,1 21,3 29,4 22,5 10,6 6,8 1,7 0,8 % cum. 1,7 6,8 28,1 57,5 80,0 90,6 97,4 99,1 99,9

235 portiers dans 14 houillères du sud du Durham

Source : PP 1842, XVI, p. 125. Mines concernées : Hetton, North Hetton, South Hetton, East and West Rainton, Pittington, Broomside, Coundon, Tees, Thornley, Sherburn, Great Lumley, Newbottle, Cocken, Penshaw et St. Helens Auckland.

34En admettant que les enfants de moins de dix ans (environ 28 % de tous les portiers du Nord-Est employés en 1841) aient été exclus après 1843, cela réduisait-il le nombre des accidents spécifiquement associés aux systèmes de ventilation perfectionnés ? Robert Galloway a calculé la proportion de toutes les explosions formellement provoquées par une interruption de la ventilation dans les comtés du Northumberland et du Durham, ainsi que dans le Lancashire et le Cheshire entre 1836 et 1850. Les différences entre districts miniers dans les périodes qui ont précédé et suivi l’entrée en vigueur de la loi de 1842 (1er mars 1843) sont importantes.

Tableau 5

Proportions d’explosions dues à une interruption de la ventilation, de 1836 à 1843 et de 1843 à 1850[74]

Tableau 5
1836-1843 1843-1850 Northumberland et Durham 23,6 % 12,1 % Lancashire et Cheshire 17,6 % 18,0 %

Proportions d’explosions dues à une interruption de la ventilation, de 1836 à 1843 et de 1843 à 1850[74]

35Dans les sept années qui ont suivi l’introduction de la loi, la proportion des explosions dans le Nord-Est provoquées par une interruption de la ventilation a chuté de manière significative par rapport aux sept années précédentes. Galloway y a estimé à 63 le nombre de morts causées par des explosions dues à la « négligence d’un portier » entre 1836 et 1843, et à trois entre 1843 et 1850 [75]. Selon toute probabilité, l’exclusion des très jeunes enfants a grandement contribué à la diminution générale du nombre de morts par explosion dans les houillères du Nord-Est. On estime que ce taux est passé de 3,1 pour mille ouvriers entre 1839 et 1845 à 0,9 entre 1851 et 1853. Selon Hair, « il y a peu de chances pour que cette diminution ait été aussi radicale ailleurs que dans le Nord-Est » [76]. Dans le Lancashire et le Cheshire, où les systèmes de ventilation étaient moins complexes, cette proportion n’a pratiquement pas bougé. L’exclusion des portiers très jeunes et virtuellement dangereux n’a donc nécessairement été une considération importante que pour les propriétaires et directeurs des mines qui dépendaient largement de systèmes de ventilation complexes.

Le Mines Act et ses partisans

36Même si les propriétaires de mines ont été sévèrement décrits par les historiens, on dispose de nombreux éléments attestant que beaucoup d’ingénieurs des mines influents du Nord-Est souhaitaient exclure les très jeunes enfants de leurs houillères et se déclaraient partisans d’une limitation de l’âge autour de dix ans. En 1842, John Buddle et plusieurs autres inspecteurs avaient recommandé « l’âge de 11 ans pour commencer à initier les enfants aux travaux de la mine ». Une réunion du Committee of the Northern Coal Trade avait, quant à elle, conclu que « l’âge idéal auquel un enfant devrait descendre dans une fosse était de 10 ans » [77].

37Cependant, dans le Nord-Est, un conflit d’intérêts important opposait la direction aux mineurs à propos de la tradition d’employer de très jeunes enfants. Comme l’expliquait le directeur de la houillère de South Hetton, dans le comté de Durham,

38

« parmi les enfants travaillant dans le puits, nous n’en avons aucun de moins de huit ans et seulement trois sont aussi jeunes. Nous sommes en permanence assaillis par les parents qui nous demandent de prendre des enfants de cet âge, et ils sont très angoissés, très mécontents si nous ne les acceptons pas. […] Il est parfois arrivé, dans des périodes de forte activité, que les parents menacent de quitter la mine et d’aller ailleurs si nous refusions […]. Les tentatives pour faire embaucher les garçons pour un travail que leur âge ne leur permet pas d’accomplir sont constantes. » [78]

39De même, le mandataire des houillères de Pease déclarait que, si une loi interdisant aux enfants de travailler dans une mine avant l’âge de dix ans était votée, « cela serait un soulagement pour beaucoup de propriétaires de mines car le fait de devoir employer des garçons d’âge inférieur constitue souvent une perte considérable ; pourtant, une telle loi irait à l’encontre des intérêts des ouvriers qui considéreraient qu’une telle ingérence est tout sauf un acte humanitaire en leur faveur » [79]. Même constat de la part du sous-commissaire affecté à Durham : « Si l’on considère le dénuement des familles nombreuses très pauvres et des veuves démunies, ainsi que le besoin de trouver du travail, je ne peux qu’être d’accord avec ceux qui pensent que 10 ans est le bon âge pour que les enfants puissent travailler dans les mines » [80].

40À l’inverse, les dirigeants et propriétaires des districts houillers reculés souhaitaient vivement pouvoir continuer à employer de très jeunes enfants. Au cours des débats à la Chambre des Lords sur la loi Ashley de 1842, Lord Londonderry présenta un document rédigé par l’association des propriétaires de mines du Yorkshire, déclarant que « concernant l’âge auquel les ouvriers de sexe masculin devraient être admis dans les mines, les membres de ladite association se sont unanimement prononcés pour le fixer à huit ans ». On y lisait : « Dans les mines où les couches de charbon sont minces, il est plus particulièrement nécessaire d’employer des garçons âgés de huit à quatorze ans, car le creusement de galeries souterraines dont la hauteur permette l’accès à des personnes plus grandes entraînerait un investissement si important que l’exploitation de telles mines ne serait plus rentable » [81]. Le soutien des industriels en faveur de la clause autorisant le travail des enfants de dix à douze ans uniquement trois jours par semaine était le fait de « ceux qui exploitaient des filons épais » [82]. Dans les houillères du Nord-Est, l’âge d’embauche pour les travaux de transport et de ventilation était plus élevé.

Tableau 6

Âge moyen du premier emploi à l’intérieur des mines par district houiller pour les hommes en 1841[83]

Tableau 6
TRANSPORT VENTILATION MIDLANDS 8,44 8,10 NORD-EST DE L’ANGLETERRE 10,60 8,39 NORD-OUEST DE L’ANGLETERRE 7,25 6,33 SUD DU PAYS DE GALLES 8,89 7,61 YORKSHIRE 8,23 7,67

Âge moyen du premier emploi à l’intérieur des mines par district houiller pour les hommes en 1841[83]

41Une autre indication de la différence des points de vue sur l’emploi des enfants selon les régions est donnée par la structure du mouvement pétitionnaire à propos de la législation. Entre mai et août 1842, 160 pétitions concernant la loi ont été présentées à la Chambre des Lords. Parmi elles, 105 provenaient de la région du West Riding dans le Yorkshire (73 pétitions contre la loi et 32 pour). Deux seulement émanaient du bassin houiller plus moderne du Northumberland et du Durham [84]. La plus forte opposition à la limitation de l’emploi des enfants était le fait des districts houillers où les progrès techniques étaient moindres.

Mise en œuvre de la loi

42La loi de 1842 donnait au ministre de l’Intérieur le pouvoir de nommer des inspecteurs chargés de « visiter et d’inspecter toute mine ou houillère […], d’y pénétrer et de l’étudier » [85]. En outre, les propriétaires ou concessionnaires de mines étaient « invités à mettre à la disposition de la ou des personnes ainsi mandatées tous les moyens nécessaires pour mener à bien leur mission ». Cependant, un seul inspecteur fut nommé pour couvrir l’ensemble des districts miniers de Grande-Bretagne et la rémunération proposée pour ces inspections était très faible. En 1844, le budget de l’inspection des mines était inférieur de 10 % à celui prévu pour l’inspection des usines. Dix ans plus tard, avec la nomination de six inspecteurs supplémentaires, cette proportion n’avait augmenté que de 41 % [86]. Outre les difficultés financières auxquelles étaient confrontés les inspecteurs, une opposition généralisée à ce qui était ressenti comme une atteinte à la propriété rendait l’inspection à l’intérieur des mines pratiquement impossible. Lord Londonderry prétendit qu’il déclarerait à tout inspecteur : « Vous êtes libre de descendre dans la mine comme vous le pouvez et, une fois en bas, vous pouvez y rester » [87]. Lord Ashley fit observer que l’inspection à l’intérieur des mines était « globalement impossible et que d’ailleurs, si elle était possible, elle ne serait pas sûre. […] À l’heure actuelle, quant à moi, je répugnerais beaucoup à descendre dans un puits pour faire quelque chose susceptible de déplaire aux mineurs du fond » [88]. Les inspecteurs désireux d’accomplir leur tâche jugeaient souvent nécessaire de se déguiser en mineurs pour éviter d’être agressés physiquement [89]. L’inspecteur des mines H. S. Tremenheere écrivait en 1854 : « là où certains ont tenté une inspection de leur propre chef, ils ont été malmenés et ont failli y laisser la vie » [90].

43Par ailleurs, la loi de 1842 ne donnait pas aux magistrats le pouvoir de convoquer des témoins en cas de poursuites judiciaires. Par conséquent, les poursuites intentées se fondaient presque entièrement sur des preuves réunies par des gardiens, agents de police, etc. H. S. Tremenheere leur avait demandé de recueillir des observations à l’entrée des puits [91]. On peut donc douter du fait que cet inspecteur ait jamais pénétré dans une mine. Sept ans après la promulgation du Mines Act, il était entendu par une commission de la Chambre des Lords :

44

« Êtes-vous Inspecteur des mines, en vertu des lois Victoria 5 et 6, chapitre 99, dites “loi Lord Ashley” ? – Oui.
Dans l’exécution des tâches liées à cette fonction, êtes-vous amené à visiter des mines dans le but principal d’étudier la condition de la population ? – À les visiter extérieurement.
Examiner l’intérieur des mines ne fait-il pas partie de vos attributions ? – Pas du tout.
Avez-vous déjà été en charge d’une mine ? – Non, je ne suis jamais allé dans une mine. » [92]

45Il en résulte que le non-respect de la loi était monnaie courante dans les régions minières comportant de petits puits ruraux ou des puits où le transport ne pouvait se faire que dans des couches étroites. En 1845, H. S. Tremenheere déclarait dans un rapport sur le West Riding que, « dans les parties du district où l’on exploite de minces couches de charbon dont l’épaisseur ne varie que de 18 à 30 pouces [environ 45 à 76 cm], le laxisme est de règle concernant l’emploi de garçons au-dessous de l’âge légal » [93]. Dans certains districts, la menace de pauvreté résultant de l’exclusion des enfants conduisait tant les mineurs que les propriétaires à fermer les yeux sur les violations de la loi. En mars 1843, le concessionnaire des mines du comte de Balcarres, observant que les femmes continuaient à être employées à Wigan, écrivait : « Il peut sembler surprenant qu’aucune plainte n’ait été déposée à l’encontre de Propriétaires aussi peu respectueux des lois mais la Raison en est que toutes les parties concernées ont intérêt à occulter ces faits autant que possible » [94]. Lorsqu’un propriétaire du Stirlingshire a tenté d’exclure les enfants de moins de douze ans, les mineurs se sont mis en grève jusqu’à ce que l’interdiction soit levée [95]. Friedrich Engels notait en 1845 qu’il « était très facile d’enfreindre la loi dans les territoires où sont situées les mines » [96]. Encore en 1866, l’inspecteur affecté au Lancashire expliquait qu’il faisait appliquer la loi de 1842 uniquement lorsque les propriétaires employaient sciemment des enfants trop jeunes ou lorsqu’un enfant au-dessous de l’âge légal avait été tué à l’intérieur d’une mine [97]. De surcroît, comme le soulignait cet inspecteur, étant donné que la plupart des enfants étaient employés par un membre de leur famille, l’amende de cinq à dix livres risquait de pénaliser « non pas le propriétaire de la mine, mais le père ou le tuteur du garçon » [98]. L’amende n’était pas de plus de 10 livres ou de moins de 5 livres [99]. À l’opposé, les grandes entreprises du Nord-Est étaient nombreuses à appliquer strictement la limitation d’âge. Paradoxalement, c’était la forte concurrence entre les parents pour faire embaucher leurs enfants le plus tôt possible qui garantissait le nombre très faible d’infractions à la loi. Dans les houillères de Londonderry, par exemple, il était rarement nécessaire d’exiger un certificat prouvant l’âge des enfants, « car tous les parents connaissaient l’âge de leurs enfants respectifs et si l’un d’eux avait été admis en dessous de l’âge légal, tous les autres auraient demandé la même chose. […] Ils venaient nous dire si un garçon était embauché avant 10 ans ». Il existait des pratiques similaires dans les houillères du comte de Durham, dont un inspecteur en second (underviewer) expliquait que « les parents des autres se plaignent si nous embauchons par mégarde un enfant n’ayant pas l’âge légal » [100]. Lord Ashley, le plus acharné des opposants au travail des enfants, a été obligé de le reconnaître : « je dois admettre, pour rendre justice aux grands propriétaires miniers du Nord, que s’ils avaient été les seules parties avec qui nous devions traiter, cette loi n’aurait peut-être même pas eu besoin d’exister : ils ont à bien des égards fait preuve d’attention et de gentillesse envers leur personnel » [101]. La loi interdisant le travail des enfants de moins de dix ans a été très facile à appliquer dans le Nord-Est où la grande majorité des enfants étaient employés directement par les propriétaires, ce qui constituait un cas unique dans les bassins houillers britanniques.

46Plusieurs conclusions se dessinent. Premièrement, les progrès techniques constants dans le domaine du transport souterrain se sont accompagnés de la diminution du taux d’emploi de très jeunes enfants dans la plupart des districts houillers au cours de la première moitié du XIXe siècle. Deuxièmement, en raison des pertes régulières provoquées par les explosions, la possibilité de limiter l’âge d’embauche à dix ans offerte par la loi sur les mines a donné aux propriétaires et directeurs des houillères les plus modernes l’occasion d’exclure une partie dangereuse et de plus en plus inefficace de leur main-d’œuvre. Les entreprises les plus performantes ne se sont pas privées de saisir cette occasion. Troisièmement, les districts houillers précaires ont été virtuellement épargnés par les inspections ou les poursuites prévues par la loi. Quatrièmement, les objectifs des réformateurs révélaient chez beaucoup d’entre eux une profonde incompréhension de la nature de l’industrie houillère et de sa main-d’œuvre. Par exemple, la proposition initiale de Lord Ashley d’interdire le travail de fond à tous les garçons de moins de treize ans (si tant est qu’une telle réforme eût été possible) aurait probablement mis un frein important à la production de charbon britannique.

47Il n’a pas existé de schéma général coordonnant la législation industrielle dans les usines textiles et les mines de charbon. Ces deux industries ont élaboré des politiques sensiblement différentes vis-à-vis des risques et de la réglementation au travail. Néanmoins, un cadre législatif défaillant et l’incapacité des législateurs à comprendre les procédés industriels ont souvent abouti à des lois irréalistes et inapplicables. Lors des enquêtes dans les usines, les idées reçues des commentateurs médicaux, entre autres, sur les grandes menaces pour la santé des enfants employés dans l’industrie ont souvent retardé les réformes indispensables. Il a fallu attendre les années 1830 pour voir diminuer le crédit que l’on accordait à l’avis des médecins figurant dans les rapports officiels sur l’emploi des enfants, en même temps qu’une nouvelle génération d’enquêteurs sur la santé publique mettaient en évidence un éventail plus large de dangers épidémiologiques associés à l’environnement urbain et industriel. Les critiques croissantes envers les théories du monde médical, sous la houlette de défenseurs de la santé publique comme Edwin Chadwick, ont mis en évidence l’incapacité de la plupart des médecins à comprendre les problèmes posés par la santé publique ou professionnelle, les plus élémentaires soient-ils [102]. Nonobstant, les visites médicales en bonne et due forme n’ont pas commencé avant 1867 et les enfants travaillant dans les ateliers ont globalement échappé aux examens médicaux jusqu’en 1906 [103]. De même, dans l’industrie minière, la réglementation du travail des enfants revêtait un caractère très permissif et s’appliquait uniquement lorsqu’elle servait un intérêt particulier. En attendant, bon nombre des conditions de travail éprouvantes dénoncées par la commission d’enquête sur l’emploi des enfants de 1842 ont perduré jusqu’au XXe siècle. Ainsi, le « guss and hook », sorte de harnais de cuir avec un crochet qui permettait de s’atteler aux traîneaux en bois pour les tirer, était encore en usage dans la région de la forêt de Dean en 1908 et l’a été dans les mines du Somerset jusqu’à la fin des années 1920 [104]. Il serait donc malavisé d’avancer que la législation du début du XIXe siècle sur le travail des enfants a amélioré de manière substantielle la santé ou les conditions de vie de ceux qui étaient employés dans les industries.

48La plupart des interprétations des réformes sociales relatives aux enfants dans les usines et les mines ont exagéré la capacité de l’État à diriger une transformation générale et durable de la santé professionnelle des enfants ouvriers. Les réformes concernant ces derniers adoptées au cours des années 1830 et 1840 sont le reflet de modifications importantes dans les méthodes de production et ont servi les intérêts des industriels et propriétaires de mines les plus importants et les plus puissants. Ces lois étaient révélatrices des interrogations à propos de l’émergence de nouveaux risques sur le lieu de travail [105]. On doit donc en conclure que la législation visant à protéger les enfants contre les risques professionnels a pris une ampleur significative au moment où l’utilité de la main-d’œuvre enfantine dans les grands complexes industriels entrait dans une phase de déclin irréversible [106].

Notes

  • [*]
    Professeur d’histoire sociale et directeur du Centre for the Social History of Health and Healthcare (CSHHH), Glasgow Caledonian University. Traduit de l’anglais par Isabelle Giard.
  • [1]
    Voir, par exemple, P. W. J. Bartrip, “British government inspection, 1832-1875 : some observations”, Historical Journal, Vol. 25, No. 3, 1982, p. 605-626 ; H. Freudenberger, F. J. Mather et C. Nardinelli, “A New Look at the Early Factory Labor Force”, Journal of Economic History, Vol. 44, 1984, p. 1085-1090 ; C. Nardinelli, “Corporal Punishment and Children’s Wages in Nineteenth-Century Britain”, Explorations in Economic History, Vol. 19, 1982, p. 283-295 ; id., “Child labor and the Factory Acts”, Journal of Economic History, Vol. 40, 1980, p. 739-755 ; P. Kirby, “Causes of short stature among coalmining children, 1823-1850”, Economic History Review, Vol. 48, 1995, p. 687-699 ; J. Humphries, “Short stature among coalmining children : a comment”, Economic History Review, Vol. 50, 1997, p. 531-537 ; P. Kirby, “Short stature among coalmining children : a rejoinder”, ibid., p. 538-541 ; id., “The historic viability of child labour and the Mines Act of 1842”, in M. Lavalette (ed.), A Thing of the Past ? Child Labour in Britain in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Liverpool, Liverpool University Press, 1999, p. 101-117 ; P. Kirby, Child Workers and Industrial Health in Britain, 1780-1850, Rochester, Boydell Press, 2013 ; A. Turner, « Corps meurtris : genre et invalidité dans les mines de charbon d’Écosse au milieu du dix-neuvième siècle », in J. Rainhorn (dir.), Santé et travail à la mine, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2014, p. 239-260.
  • [2]
    Les plus anciens rapports sur la santé des enfants ouvriers, apparus dans les années 1780, étaient presque exclusivement consacrés à la lutte contre les maladies contagieuses dans les premiers districts manufacturiers. Voir J. E. M. Walker, John Ferriar of Manchester, M. D. : His Life and Work, MSc thesis, University of Manchester, 1973, p. 4-8 ; R. B. Hope, Dr Thomas Percival, A Medical Pioneer and Social Reformer, 1740-1804, M. A. thesis of Manchester University, 1947, p. 37-38 ; J. Innes, “Origins of the Factory Acts : the Health and Morals of Apprentices Act 1802”, in N. Landau (ed.), Law, crime and English society, 1660-1830, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 230-255.
  • [3]
    B. Ramazzini, Treatise of the Diseases of Tradesmen, Londres, Andrew Bell, 1705. On avait également tendance à attribuer les difformités des enfants à des postures « non naturelles » et à des formes inhabituelles d’efforts physiques. Voir C. A. Struve, A Familiar view of the domestic education of children during the early period of their lives : being a compendium addressed to all mothers, who are seriously concerned for the welfare of their offspring, Londres, Murray and Highley, 1802.
  • [4]
    P. Kirby, Child Workers…, op. cit., p. 27-35 et p. 61-98.
  • [5]
    Matthew Baillie a été obligé d’admettre qu’il n’était « pas vraiment familiarisé avec la condition des enfants employés dans de telles manufactures » et de préciser qu’il n’avait effectué qu’une seule visite de filature. Robert Owen l’avait accompagné à New Lanark (« la seule fabrique que j’aie jamais vue ») : Parliamentary Papers (désormais PP), 1816 (397), p. 29-30. À la question : « Que savez-vous de l’état sanitaire général des enfants dans les manufactures » ?, un autre répondit « rien » (PP, 1816 (397), p. 35) ; un autre encore déclara : « Je n’ai pas pour habitude de visiter des manufactures. » (Ibid., p. 43.) La seule expérience de l’industrie textile d’un autre membre avait été une visite des fabriques de dentelle du Buckinghamshire effectuée vingt ans auparavant : ibid., p. 45. Voir aussi W. H. Hutt, “The Factory System of the Early Nineteenth Century”, Economica, mars 1926, p. 167 ; PP, 1816 (397), p. 99.
  • [6]
    Coal Mines Act, 1842. Lois Victoria (désormais Vict.) 5 & 6, chap. 99.
  • [7]
    Selon Hutchins et Harrison, « la loi Lord Ashley avait attaqué le problème à la racine [et constituait] l’ingérence la plus autoritaire de l’État dans l’industrie au cours du XIXe siècle », tandis que Mathias laissait entendre que les « horreurs de l’ancien système […] avaient été mises en évidence par une enquête parlementaire […], à la suite de quoi elles avaient été éradiquées par le Mines Act de 1842 qui interdisait le travail de fond pour les femmes et les enfants de moins de 10 ans ». B. L. Hutchins et A. Harrison, History of factory legislation, Londres, P. S. King & Son, 1911, p. 82 ; P. Mathias, The first industrial nation : an economic history of Britain, 1700-1914, Londres, Methuen 1983 (1re éd. 1967), p. 183 ; O. MacDonagh, “Coal mines regulation : the first decade, 1842-1852”, in R. Robson (ed.), Ideas and institutions of Victorian Britain, Londres, Bell, 1967, p. 58-86 ; O. MacDonagh, Early Victorian government, 1830-1870, Londres, Weidenfeld & Nicholson, 1977 ; A. Heesom, “The Coal Mines Act of 1842, social reform, and social control”, Historical Journal, Vol. 24, 1981, p. 69-88 ; U. R. Q. Henriques, The early factory acts and their enforcement, Londres, The Historical Association, 1971 ; J. Walvin, A child’s world : a social history of English childhood, 1800-1914, Harmondsworth, Penguin, 1982, p. 62.
  • [8]
    P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, 1800-1845, thèse inédite, Université d’Oxford, 1955, p. 165-174 ; R. Church, The history of the British coal industry, I : 1830-1913, Victorian pre-eminence, Oxford, Oxford University Press, 1986, p. 193-199 ; P. Kirby, “The historic viability…”, op. cit. ; id., “Victorian Social Investigation and the Children’s Employment Commission, 1840-42”, in N. Goose et K. Honeyman (eds.), Children and Childhood in Industrial England : Diversity and Agency, 1650-1900, Aldershot, Ashgate, 2013, p. 135-155.
  • [9]
    C. Nardinelli, “Child labor and the Factory Acts”, op. cit., p. 739 et 755 ; P. Kirby, Child Labour in Britain, 1750-1870, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2003, p. 93-130.
  • [10]
    P. Kirby, “Victorian Social Investigation…”, op. cit. ; id., “The historic viability…”, op. cit. Voir aussi id., “The Transition to Working Life in Eighteenth and Nineteenth-Century England and Wales”, in K. Lieten et E. van Nederveen Meerkerk (eds.), Child Labour’s Global Past : 1650-2000, Amsterdam, International Institute for Social History, Peter Lang, 2011, p. 119-135. Le taux d’accidents du travail parmi les enfants ouvriers de l’époque moderne demeure assez mal connu. Pour quelques statistiques, voir J. McKechnie, “A peculiarly British phenomenon ? Child Labour in the USA”, in M. Lavalette (ed.), A Thing of the Past ?…, op. cit., p. 211-214.
  • [11]
    P. A. Sambrook, “Childhood and sudden death in Staffordshire, 1851 and 1860”, in P. Morgan et A. D. M. Phillips, Staffordshire Histories : Essays in Honour of Michael Greenslade, Stafford, Staffordshire Records Society, 1999, p. 216-252, p. 226. En milieu rural, les enfants n’étaient pas à l’abri d’accidents dus à des machines. Verdon décrit ainsi le cas d’une domestique aidant à la batteuse, dont « les vêtements se sont malheureusement accrochés dans la roue, et à laquelle personne n’a porté secours avant que l’une de ses jambes ne soit atrocement arrachée », N. Verdon, Rural Women Workers in Nineteenth-Century England : gender, work and wages, Woodbridge, Boydell Press, 2002, p. 89-90.
  • [12]
    T. A. Welton, “On the effect of migrations in disturbing local rates of mortality, as exemplified in the statistics of London and the surrounding country, for the years 1851-1860”, Journal of the Institute of Actuaries and Assurance Magazine, Vol. 16, 1870-1872, p. 164-165.
  • [13]
    Sambrook avance que l’enregistrement des causes des décès était « médicalement imprécis » et ce, même vers le milieu du XIXe siècle. P. A. Sambrook, “Childhood and sudden death in Staffordshire…”, op. cit., p. 221.
  • [14]
    PP, 1819 (24), p. 357.
  • [15]
    W. R. Lee,”Robert Baker, the first doctor in the factory department, part 1, 1803-1858”, British Journal of Industrial Medicine, Vol. 21, 1964, p. 85-179, tab. 1, p. 89. Voir aussi PP, 1819 (24), p. 250.
  • [16]
    Huzzard remarque que, dans une usine, les blessures étaient soignées selon leur gravité, les plus bénignes étant confiées à « une vieille femme du voisinage » qui connaissait les traitements courants. Les blessures plus sérieuses étaient éventuellement soignées en premier lieu par le médecin de famille du propriétaire, les cas les plus graves étant traités à l’hôpital local. S. Huzzard, The Role of the certifying surgeon in the state regulation of child labour and industrial health, 1833-1973, thèse inédite, University de Manchester, 1976, p. 8-9.
  • [17]
    PP, 1841 (203), p. 5.
  • [18]
    J. Black, A Medico-topographical, Geological and Statistical Sketch of Bolton and its Neighbourhood, Bolton, 1836, p. 169. En 1816, Kinder Wood, le médecin d’Oldham, notait une augmentation du nombre des accidents de ce type dans les petites filatures : PP, 1816 (397), p. 195.
  • [19]
    Lettre de Mr B. Fothergill à Messrs. Sharp et Roberts, ingénieurs, Manchester, 16 mai 1840, cité par L. Horner, PP, 1841 (203), p. 14.
  • [20]
    Annexe au rapport de L. Horner, ibid., p. 19.
  • [21]
    PP, 1819 (24), p. 20 ; PP, 1841 (203), p. 3-4.
  • [22]
    Ibid., X, p. 4.
  • [23]
    Caledonian Mercury, 21 mars 1836 ; “Fatal Accident”, The Manchester Times and Gazette, 11 juin 1836.
  • [24]
    “Another Fatal Accident”, The Manchester Times and Gazette, 18 juin 1836. Un ouvrier prétendit à la commission de 1819 qu’il avait vu « jusqu’à deux ou trois morts par jour à cause des courroies ». PP, 1819 (24), p. 20-21.
  • [25]
    Rapport de J. Heathcote, Superintendent of Factories, PP, 1841 (203), Special Reports of the Inspectors of Factories, p. 22. Voir aussi J. Tann, The Development of the Factory, Londres, Cornmarket Press, 1970.
  • [26]
    J. Montgomery, The Theory and Practice of Cotton Spinning, also an historical sketch of the Rise and Progress of Cotton Spinning, Glasgow, J. Niven Jr., 1833, p. 39-40.
  • [27]
    W. G. Rimmer, Marshalls of Leeds : Flax Spinners, 1788-1886, Cambridge, Cambridge University Press, 1960, p. 216 ; rapport de J. Heathcote, Superintendent of Factories, PP, 1841 (203), Special Reports of the Inspectors of Factories, p. 22.
  • [28]
    “Accidents by Machinery’”, The Manchester Times and Gazette, 7 février 1835.
  • [29]
    J. L. Bronstein, Caught in the Machinery : Workplace Accidents and Injured Workers in Nineteenth-Century Britain, Stanford, Stanford University Press, 2008, p. 100-102 ; PP, 1841, X (203), Special Reports of the Inspectors of Factories, p. 10, 63. Il subsistait encore des affaires judiciaires fondées sur la culpabilité des enfants. Au début du XXe siècle, une fillette de 10 ans ayant eu les bras arrachés par une machine dans une filature de coton aux États-Unis avait été déboutée au motif qu’elle avait assumé tous les risques de son travail. J. Mitchell, ‘Burden of Industrial Accidents’, Annals of the American Academy of Political and Social Science, n°38, 1911, p. 81-82.
  • [30]
    PP, 1841 (203), p. 4.
  • [31]
    Voir rapports de Bisset Hawkins in PP, 1834 (167), p. 271-274 ; PP, 1841, X (203).
  • [32]
    “Accident by Machinery – Liability of Mill-Owners”, The Manchester Times and Gazette, 22 août 1840. Voir aussi The Preston Chronicle du même jour.
  • [33]
    Report from the S. C. on the Act for the Regulation of Mills and Factories, 18 février 1841, PP, 1841, X, p. 189 ; Factory Act, 1844, Vict. 7, chap. 15, sections xx-xxiii.
  • [34]
    Factory Act, 1844, Vict. 7, chap. 15. Cet aspect de la loi de 1844 a servi de modèle pour les dispositions relatives à l’établissement de rapports contenues dans le Mines Inspection Act de 1850 : Vict. 13 & 14, chap. 100, Coal Mines Inspection Act. P. W. J. Bartrip et S. B. Burman, The Wounded Soldiers of Industry : Industrial Compensation Policy, 1833-1897, Oxford, Clarendon Press, p. 54-63 et 83-92.
  • [35]
    S. Huzzard, The Role of the certifying surgeon…, op. cit., p. 39-41 ; J. Bronstein, Caught in the Machinery, op. cit., p. 15-16. Il est également probable que ces statistiques sous-estiment le nombre des accidents puisque leur compte rendu incombait aux employeurs.
  • [36]
    B. R. Mitchell, British historical statistics, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 262 ; D. Greasley, “The diffusion of machine cutting in the British coal industry, 1902-1938”, Explorations in Economic History, Vol. 19, No. 3, 1982, p. 246-268.
  • [37]
    PP, 1842, XV, Commission for Inquiring into the Employment and Condition of Children in Mines and Manufactories, First Report of the Commissioners, p. 126.
  • [38]
    G. Poole, “The history and development of underground haulage”, Historical Review of Coal Mining (Mining Association of Great Britain), 1924, p. 98-100 ; N. Wood, “On the conveyance of coals underground in coal mines”, Transactions of the North of England Institute of Mining and Mechanical Engineers, Vol. III, 1855, p. 245-246 ; G. C. Greenwell, “On the underground conveyance of coals”, Transactions of the Manchester Geological Society, Vol. X, 1870-1871, p. 54-56.
  • [39]
    T. H. Walton, Coal Mining Described and Illustrated, Philadelphie, H. C. Baird & Co, 1885, p. 54.
  • [40]
    A. J. Taylor, “Labour productivity and technological innovation in the British coal industry, 1850-1914”, Economic History Review, Vol. 14, No. 1, 1961, p. 48-70, p. 57.
  • [41]
    PP, 1842, XVII, Appendix to First Report of the Commissioners, Part II, p. 62.
  • [42]
    E. Wade, “The putter of the Northumberland and Durham coalfield”, Bulletin of the North East Group for the Study of Labour History, 1978, p. 12.
  • [43]
    G. Poole, “The history and development of underground haulage”, art. cité, p. 98.
  • [44]
    PP, 1842, XVII, p. 150.
  • [45]
    PP, 1800, XXVI, Second Report from the Committee Appointed to inquire into the State of the Coal Trade, p. 31 ; PP, 1842, XVI, Appendix to First Report of the Commissioners, Part I, p. 32.
  • [46]
    P. Kirby, “Causes of short stature among coalmining children, 1823-1850”, Economic History Review, Vol. 48, 1995, p. 687-699 ; J. Humphries, “Short stature among coalmining children…”, art. cité ; P. Kirby, “Short stature…”, art. cité.
  • [47]
    PP, 1842, XVI et p. 226, 233.
  • [48]
    Ibid., p. 210-211 et 556 ; PP, 1842, XVII, p. 95.
  • [49]
    P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, op. cit., p. 172-173.
  • [50]
    Id. “Mortality from violence in British coal-mines, 1800-1850”, Economic History Review, Vol. 21, No. 3, 1968, p. 545-561, p. 549.
  • [51]
    PP, 1842, XV, Commission for Inquiring into the Employment and Condition of Children in Mines and Manufactories, First Report of the Commissioners, Appendix to First Report of the Commissioners, Part I, fig. 2, p. 540.
  • [52]
    PP, 1842, XVI, XVII.
  • [53]
    PP, 1842, XVI, 510 ; K. N. Moss, “Ventilation of coal mines”, Historical Review of Coal Mining, 1924, p. 138.
  • [54]
    T. H. Walton, Coal Mining Described and Illustrated, op. cit., planche 7, p. 63.
  • [55]
    P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, op. cit., p. 173.
  • [56]
    Northumberland Archives, Bell 9/122 ; Hansard’s Parliamentary Debates (Lords), 24 juin 1842, col. 543.
  • [57]
    PP, 1842, XVII, p. 534 ; PP, 1842, XVI, p. 653.
  • [58]
    PP, 1842, XVI, p. 129-30.
  • [59]
    PP, 1842, XV, p. 133.
  • [60]
    PP, 1835, V, Select Committee on Accidents in Mines, p. 77.
  • [61]
    G. Parkinson, True stories of Durham pit-life, Londres, C. H. Kelly, 1912, p. 20-21.
  • [62]
    PP, 1842, XVI, p. 297.
  • [63]
    PP, 1835, V, p. 131-132 ; PP, 1842, XVI, p. 539.
  • [64]
    PP, 1835, V, p. 107.
  • [65]
    PP, 1842, XV, p. 257.
  • [66]
    J. Warburton, “Economical working of mines”, Transactions of the Manchester Geological Society, Vol. VIII, 1868-1869, p. 53-64, p. 62.
  • [67]
    PP, 1835, V, p. 90.
  • [68]
    PP, 1835, V, p. vi ; PP, 1842, XV, p. 137.
  • [69]
    R. L. Galloway, Annals of the coal trade, Vol. II, 1905, p. 157-162.
  • [70]
    J. R. Leifchild, “Life, enterprise, and peril in coal mines”, Quarterly Review, Vol. 110, 1861, p. 329-367, p. 352.
  • [71]
    PP, 1842, XVI, p. 175.
  • [72]
    PP, 1852-1853, XX, First Report from the Select Committee on Accidents in Coal Mines, p. 28.
  • [73]
    O. MacDonagh, “Coal mines regulation ; the first decade, 1842-1852”, op. cit., p. 60-62.
  • [74]
    R. L. Galloway, Annals of the coal trade, op. cit., p. 40-90.
  • [75]
    Ibid., p. 41-55.
  • [76]
    P. E. H. Hair, “Mortality from violence in British coal-mines…”, art. cité, p. 554 et 560.
  • [77]
    A. Heesom, “The northern coal-owners and the opposition to the Coal Mines Act of 1842”, International Review of Social History, Vol. XXV, 1980, p. 236-271, p. 242-243.
  • [78]
    PP, 1842, XVI, p. 149.
  • [79]
    Ibid., p. 124.
  • [80]
    Ibid., p. 125.
  • [81]
    Hansard’s Parliamentary Debates (Lords), 24 juin 1842, col. 545-546.
  • [82]
    Ibid., 4 juillet 1842, col. 1000 ; P. E. H. Hair, The social history of the British coalminers, op. cit., p. 164-165.
  • [83]
    PP, 1842, XVI, XVII, Prosopography of evidence.
  • [84]
    House of Lords Journal, Vol. LXXIV, 6th May to 1st August 1842.
  • [85]
    Vict. 5 & 6, chap. 99.
  • [86]
    The National Archives, TNA HO87/1, Factory and Mines Entry Books, 14 décembre 1843 ; P. W. J. Bartrip, “British government inspection…”, art. cité, p. 613-616.
  • [87]
    Hansard’s Parliamentary Debates (Lords), 1er août 1842, col. 891 ; R. N. Boyd, Coal pits and pitmen : a short history of the coal trade and the legislation affecting it, Londres, Whittaker & Co, 1892, p. 73.
  • [88]
    R. N. Boyd, Coal pits and pitmen, op. cit., p. 66.
  • [89]
    E. W. Binney, “Copy of a petition presented lately to Parliament by Mr. Brotherton. The humble petition of Edward William Binney, of Manchester, in the County of Lancashire, Gentleman”, Mining Journal, Vol. XII, 1842, p. 142.
  • [90]
    PP, 1854, XIX, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 6.
  • [91]
    Vict. 5 & 6, chap. 99 ; PP, 1846, XXIV, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 5 ; A. Heesom, “The Coal Mines Act of 1842, social reform, and social control”, Historical Journal, Vol. 24, 1981, p. 69-88, p. 78.
  • [92]
    PP, 1849, VII, Report from the Select Committee of the House of Lords Appointed to Inquire into the best Means of preventing the Occurrence of Dangerous Accidents in Coal Mines, QQ. 194-6, p. 261. Par la suite, H. S. Tremenheere a émis des objections sur le titre d’inspecteur des mines : « Je n’ai jamais exécuté les tâches que ce titre implique », The Times, 25 août 1871, Tremenheere Family Papers, Morrab Library, Penzance, Packet 120.
  • [93]
    PP, 1845, XXVII, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 19.
  • [94]
    Wigan Record Office, WRO DDX/E1/Box 99/2, livre de correspondance de William Peace, 4 ou 5 mars 1843.
  • [95]
    PP, 1842, XVI, p. 485.
  • [96]
    F. Engels, The condition of the working class in England, Londres, Penguin Books, 1987, p. 255 (1re éd. Leipzig, 1845).
  • [97]
    PP, 1866, XIV, Select Committee on Mines, p. 227.
  • [98]
    Ibid., p. 224.
  • [99]
    Vict. 5 & 6, chap. 99 ; R. N. Boyd, Coal pits and pitmen, op. cit., p. 73-74.
  • [100]
    PP, 1846, XXIV, p. 15 et 63.
  • [101]
    A. A. Cooper, Speeches of the Earl of Shaftesbury upon subjects relating to the claims and interests of the labouring class, Londres, Chapman & Hall, 1868, p. 33.
  • [102]
    Voir C. Hamlin, Public Health and Social Justice in the Age of Chadwick : Britain, 1800-1854, Cambridge, Cambridge University Press, 1998. Même l’étude novatrice de Thackrah sur la santé professionnelle n’est qu’une tentative limitée de cerner les problèmes de santé des enfants : C. T. Thackrah, The Effects of Arts, Trades and Professions, Leeds, Baines & Newsom, 1832 ; G. Calvert Holland, Diseases of the Lungs from Mechanical Causes, Londres, John Churchill, 1843 ; J. P. Kay, “Observations and Experience concerning Molecular Consumption and on Spinners’ Phthisis”, North of England Medical and Surgical Journal, août 1830-mai 1831, p. 348-363. Dans la Commission des mines de 1842, seuls 2,3 % des témoins venaient du milieu médical : P. Kirby, Evidence to the Children’s Employment Commission, 1842 (base de données). UK Data Archives, Université de l’Essex, 2009.
  • [103]
    F. Keeling, Child Labour in the United Kingdom, Londres, P. S. King & Son, 1914, p. xi-xii.
  • [104]
    PP, 1842, XV, p. 103 ; J. Burnett, Destiny obscure : autobiographies of childhood, education and the family from the 1820s to the 1920s, Londres, Allen Lane, 1982, p. 313 ; PP, 1928-1929, VIII, Report of the Departmental Committee on the Use of the Guss in Somerset Mines.
  • [105]
    Comme H. S. Tremenheere en témoignait en 1858, « la tendance à la rationalisation du travail dans les houillères, qui avait commencé à se généraliser même avant l’adoption du Mines Act [de 1842] […] va rendre le travail des très jeunes garçons au fond des mines bien moins nécessaire qu’auparavant ». PP, 1857-1858, XXXII, Report of the Commissioner on the Population in Mining Districts, p. 8.
  • [106]
    Les spécialistes du travail des enfants de nos jours ont défini les formes les plus dangereuses de ce travail dans les économies en voie de développement comme un problème urgent de santé publique. On préconise d’améliorer les conditions de travail sans passer par la loi, de façon à améliorer les conditions de travail, afin de minimiser les dangers immédiats menaçant les nombreux enfants qui échappent au contrôle de l’État. Voir, par exemple, le très intéressant ouvrage d’A. G. Fassa, D. L. Lewis et T. J. Scanlon (eds.), Child Labour : A Public Health Perspective, Oxford, Oxford University Press, 2010.
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