Couverture de LMS_232

Article de revue

La promotion sociale des femmes : le retournement d'une politique de formation d'adultes au milieu des années 1960

Pages 29 à 45

Notes

  • [*]
    Maître de conférences HDR de sciences de l’éducation, Université Paris Descartes, Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS), UMR 8070.
  • [1]
    F. Battagliola, Histoire du travail des femmes, 3e éd., Paris, Éditions La Découverte, 2008, p. 85.
  • [2]
    M. Perrot, Les femmes ou les silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 1998.
  • [3]
    Aux Archives Nationales à Fontainebleau (CAC-AN), différents fonds de la Délégation générale à la promotion sociale (DGPS) (800405 ; pour l’Éducation nationale : 810553, 900234, de R. Cercelet, 780 670) ; du Comité interministériel, du Comité de coordination de la promotion sociale, DGPS (810406) ; de la Formation professionnelle et de la promotion sociale, de la Délégation (800406, 830190) ; du Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin (860111-1 et 2). Des archives privées du Centre universitaire de coopération économique et sociale. Des archives syndicales (Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, 227 J, Fonds UNSEN CGT ; Centre d’archives de la CFDT, 7H et 8H, différents cartons).
  • [4]
    Notamment : F. Thébaud (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. V : Le XXe siècle, 2e éd. revue, Paris, Plon, 2000 ; S. Chaperon, Les années Beauvoir (1945-1970), Paris, Fayard, 2000.
  • [5]
    P. Caillaud, « La construction d’un droit de la formation professionnelle continue (1959-2004) », in G. Brucy et alii, Former pour réformer. Retour sur la formation permanente (1945-2004), Paris, La Découverte, 2007.
  • [6]
    Rapport de Bernard Chenot, présenté au nom de la Commission d’étude des problèmes de formation et de promotion sociale en février 1964, Livre blanc de la promotion sociale, Paris, La Documentation française, 1966.
  • [7]
    Loi n° 59-960 du 31 juillet 1959, JO, 6 août 1959.
  • [8]
    Discours de Michel Debré à l’Assemblée nationale, le 1er juillet 1959, in Livre blanc de la promotion sociale, op. cit., p. 108-109.
  • [9]
    N. Terrot, Histoire de l’éducation des adultes en France. La part de l’éducation des adultes dans la formation des travailleurs (1789-1971), Paris, Edilig, 1983.
  • [10]
    Notamment : M. David, L’individuel et le collectif dans la formation des travailleurs, t. I : Approche historique 1944-1968, Paris, Economica, 1976 ; N. Terrot, Histoire de l’éducation des adultes en France, Paris, L’Harmattan, 1997 ; L. Tanguy (dir.), Genèse d’un espace d’activités sociales, la formation professionnelle continue, Université de Paris X-Nanterre, 1998 ; Y. Palazzeschi, Introduction à une sociologie de la formation. Anthologie de textes français, t. I : Les pratiques constituantes et les modèles, Paris, L’Harmattan, 1998 ; Cl. Dubar & Ch. Gadéa (dir.), La promotion sociale en France, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1999 ; G. Brucy, P. Caillaud, E. Quenson & L. Tanguy, Former pour réformer..., op. cit.
  • [11]
    Jeanne Picard (1909-2003) a été membre du Conseil économique, puis du Conseil économique et social, du 27 mars 1951 au 31 août 1974. Elle y était désignée au titre de l’Union nationale des associations familiales. Elle a été successivement membre de la section de l’adaptation à la recherche technique et de l’information économique, membre et vice-présidente de la section de la modernisation de la distribution et enfin membre de la section de l’industrie et du commerce. Dans le cadre de ces fonctions, elle a présenté quatre rapports sur les Circuits de distribution du lait de consommation (JO n° 1954-23a) ; les Problèmes des dénominations commerciales des produits textiles (JO n° 1958-05a) ; Le marché du riz métropole-outre-mer (JO n° 1958-17a) ; la Lutte contre la pollution atmosphérique (JO n° 1964-12).
  • [12]
    Délégation générale à la promotion sociale : Délégué général : Jacques Decoust ; conseillers techniques : Gilles Baudoin, lieutenant-colonel ; Jacques Brunaud, conseiller référendaire à la Cour des comptes ; Yves Béchade, conseiller référendaire à la Cour des comptes ; René Chatelain, inspecteur de l’Agriculture ; Jean Daoudi, sous-préfet en mission ; Jean-François Larger, auditeur à la Cour des comptes ; Philippe Le Ménestrel, auditeur au Conseil d’État ; Gilbert Rastoin, auditeur à la Cour des comptes ; Bernard Santolini, administrateur civil, Guy Thuillier, auditeur à la Cour des comptes ; Claude Vimont, sous-directeur à l’Institut national d’études démographiques. Chargés de mission : Louis Bense, administrateur des P et T ; Claude Le Roux, administrateur civil ; Etudes et documentation : Mlle Darcel, Mlle Nicolle, Mme Schachtel. Bottin administratif, 1964 (première année où les noms des « dames » apparaissent, nommées ainsi par J. Decoust, selon Claude Le Roux, entretien enregistré du 16 février 2010). Notons que le Bottin administratif ne précise pas leur prénom.
  • [13]
    Françoise Duléry est maître de requêtes au Conseil d’État. Elle est membre du cabinet de Michel Debré, alors ministre de l’Économie et des Finances.
  • [14]
    À la Délégation générale à la formation professionnelle, mise en place à la suite de la loi de 1966 ; elle y restera jusqu’en 1984.
  • [15]
    M. Sineau, Profession : femme politique. Sexe et pouvoir sous la Cinquième République, Paris, Presses de Sciences Po, 2001.
  • [16]
    CAC-AN 800405-11, J. Picard, « L’effort de promotion sociale dans les secteurs féminin et familial », Comité Grégoire, 10 décembre 1962, 5 pages ronéotées.
  • [17]
    Ibid., p. 4.
  • [18]
    Ibid., p. 2-3.
  • [19]
    Ibid., p. 2-3.
  • [20]
    Ibid., p. 5.
  • [21]
    Le taux d’activité féminine est de 39,8 % au recensement de 1962. Cf. S. Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire de leurs métiers au XIXe et XXe siècles, Paris, Odile Jacob, 2002.
  • [22]
    M. Maruani, « L’emploi féminin dans la sociologie du travail : une longue marche à petits pas », in J. Laufer, C. Marry, M. Maruani (dir.), Masculin-Féminin : questions pour les sciences de l’homme, Paris, PUF, 2001.
  • [23]
    Le néologisme est employé dans une note de la Délégation générale à la promotion sociale du 27 avril 1966, L’information des adultes en matière de promotion sociale. CAC-AN, 800405-35.
  • [24]
    G. Thuillier, La promotion sociale, Paris, PUF, 1969, p. 45-46. G. Thuillier, conseiller à la Cour des comptes, avait déjà soulevé la question en avril 1965 dans une note à la DGPS : Problèmes d’action sur le milieu familial, Annexe VI du Rapport Thuillier. Réflexions sur les problèmes de la pédagogie des adultes, Notes introductives au rapport Grégoire, avril 1965, 2 pages, Archives de la DGPS, CAC-AN, 800 405-11.
  • [25]
    CAC-AN 810406-1, DGPS, Bilan des effectifs des auditeurs de promotion sociale en 1965 (chapitre 4, intitulé « Répartition par sexe »), juin 1966.
  • [26]
    CAC-AN 800 405-11, DGPS, Essai d’évaluation des effectifs susceptibles d’être touchés par des institutions de promotion sociale, G. Rastoin, Délégation à la promotion sociale, note du Comité d’étude des structures et des problèmes pédagogiques de la promotion sociale, note ronéotée de 10 pages du 7 février 1963.
  • [27]
    Ibid., p. 1.
  • [28]
    CAC-AN 800406-4, Archives de la DGPS, document ronéoté non signé de 4 pages + 3 pages d’annexe.
  • [29]
    CAP, BP, diplôme FPA, Diplôme d’études supérieures techniques (DEST), Licence ès sciences, diplôme d’ingénieur.
  • [30]
    Le niveau 6 du Plan concerne le personnel occupant des emplois n’exigeant pas de formation allant au-delà de la fin de la scolarité obligatoire ; niveau 5 : CAP ; niveau 4 : Bac ; niveau 3 : fin de premier cycle de l’enseignement supérieur ; niveau 1 et 2 : niveau égal ou supérieur à la Licence et aux diplômes des écoles d’ingénieurs.
  • [31]
    Ce total est faux (il devrait être de 80 140), mais ce sont bien les chiffres qui figurent dans cette annexe.
  • [32]
    M. Guilbert, V. Isambert-Jamati, Travail féminin et travail à domicile, Paris, CNRS, 1956 ; « La femme au travail », Esprit, 1961 ; F. Guélaud-Léridon, Le travail des femmes en France, Paris, PUF, 1964 ; M. Guilbert, Les fonctions des femmes dans l’industrie, Paris-La Haye, Mouton & Co, 1966.
  • [33]
    A.-M. Sohn, « Un nouveau défi : traiter à égalité féminin et masculin, ou de l’histoire des femmes à l’histoire de “tous les garçons et les filles” », Le Mouvement Social, n° 198, janvier-mars 2002, p. 129-150, p. 130.
  • [34]
    CAC-AN 900234-1, Actions de promotion sociale des infirmières et du personnel spécialisé pour l’enfance inadaptée, DGPS, 1963,
  • [35]
    CAC-AN 780670-3, La promotion sociale et les femmes, rapport de 3 pages ronéotées, envoyé le 10 février 1964 par R. Cercelet à Mme Martraire, Inspectrice générale, chargée de mission à l’UNESCO.
  • [36]
    Ce chiffre total n’est pas donné. Il n’est pas facile de comprendre de quel total il s’agit. Chiffres globaux des effectifs des niveaux 1 et 2 ? Ou bien seulement des effectifs des cours mixtes ?
  • [37]
    La promotion sociale et les femmes, Rapport Cercelet, op. cit.
  • [38]
    CAC-AN 800405-4, Archives de la DGPS, La promotion sociale dans le cadre de la politique économique du gouvernement, note de J. Decoust à M. le ministre d’État [Jean-Marcel Jeannneney], 11 p., p. 8-9.
  • [39]
    CAC-AN 810406-1, Archives du Comité de coordination de la promotion sociale, Rapport général au comité de coordination de la promotion sociale, Rapport de la DGPS, présenté en juin 1966.
  • [40]
    J. Martin, « Politique familiale et travail des femmes mariées en France. Perspective historique : 1942-1982 », Population, n° 6, 1998, p. 1119-1155.
  • [41]
    S. Chaperon, Les années Beauvoir (1945-1970), Paris, Fayard, 2000.
  • [42]
    Cf. M.-F. Lévy, « Famille et télévision, 1950-1986 », Réseaux, n° 72-73, 1995, p. 179-193 ; A. Chauveau, « Le voile, le miroir et l’aiguillon. La télévision et les mouvements de société jusque dans les années 1970 », Vingtième siècle, n° 72, 2001, p. 97-108.
  • [43]
    S. Chaperon, Les années Beauvoir…, op. cit.
  • [44]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail : le Comité du travail féminin (1965-1984), Rapport final, février 2007. Accessible en ligne sur www.melissa.ens-cachan.fr/IMG/pdf/rapport_final_CTF/pdf. Résumé dans A. Revillard, « La cause des femmes au ministère du Travail : le Comité du travail féminin (1965-1984) », Revue française des affaires sociales, avril-juin 2007, p. 173-177.
  • [45]
    Loi n° 65-570 du 13 juillet 1965 portant réforme des régimes matrimoniaux.
  • [46]
    Liberté (sans autorisation préalable de leur mari) d’ouvrir un compte en banque, d’exercer un métier, de disposer librement de leurs gains. Cf. C. Omnès, « Les trois temps de l’emploi féminin : réalités et représentations », L’année sociologique, 53, 2003, p. 373-398, p. 393.
  • [47]
    À partir de janvier 1966 il est rattaché au ministère des Affaires sociales. Cf. E. Kocher-Marboeuf, La patricien et le général. Jean-Marcel Jeanneney et Charles de Gaulle, 1958-1969, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2003. Ce comité rejoindra par la suite, en 1969, le ministère du Travail et prendra en 1971 le nom de Comité du travail féminin, d’où l’abréviation (CTF) proposée pour faciliter la lecture.
  • [48]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail, op. cit.
  • [49]
    Ibid., p. 9.
  • [50]
    Ibid., p. 109.
  • [51]
    CAC-AN 860111-1, Archives du CTF (fonds signalé par A. Revillard, 2007, que j’ai pu ainsi facilement retrouver et consulter).
  • [52]
    Article 18 de la loi de 1966.
  • [53]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail, op. cit., p. 110.
  • [54]
    A. Revillard, « Défendre la cause des femmes au ministère du Travail : l’expérience du Comité du travail féminin (1965-1981) », Travail et Emploi, n° 110, avril-juin 2007, p. 91-102 et « L’expertise critique, force d’une institution faible ? Le Comité du travail féminin et la genèse d’une politique d’égalité professionnelle (1965-1983) », Revue française de science politique, mars-avril 2009, p. 279-300.
  • [55]
    P. Benoist, « Michel Debré et la formation professionnelle, 1959-1971 », Histoire de l’éducation, n° 101, 2004, p. 35-66.
  • [56]
    Loi n° 66-892, JO, 4 décembre 1966.
  • [57]
    Voir le témoignage récent de sa collaboratrice F. Duléry, « Une œuvre d’intérêt national : la loi du 3 décembre 1966 d’orientation et de programme sur la formation professionnelle », in É. Bussière (dir.), Michel Debré, un réformateur aux Finances (1966-1968), Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2006.
  • [58]
    Pour un autre aspect de cette loi, cf. M.-E. Chessel et F. Pavis, Le technocrate, le patron et le professeur. Une histoire de l’enseignement supérieur de gestion, Paris, Belin, 2001.
  • [59]
    Loi n° 66-892 du 3 décembre 1966 d’orientation et de programme sur la formation professionnelle, JO, 4 décembre 1966.
  • [60]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail…, op. cit., p. 110.
  • [61]
    Notamment avec la loi d’orientation n° 68-978 du 12 novembre 1968 sur l’enseignement supérieur (loi Edgar Faure) qui donne mission d’éducation permanente aux universités et la loi de décembre 1968 sur la rémunération des stagiaires.
  • [62]
    CAC-AN 800406-91.
  • [63]
    CAC-AN 800406-14, Archives du Fonds de la Délégation à la formation professionnelle, Document de 10 pages, p. 7.
  • [64]
    Il s’agit de Mmes Euvrard (commissariat au Plan) et Zajde (ministère de l’Industrie).
  • [65]
    CAC-AN 800406-48. Pour la deuxième réunion, participation de Mmes Euvrard (commissariat au Plan), Zajde (ministère de l’Industrie), Mme Mesnil-Grente (Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin) et de MM. Grégoire (président), [Philippe] Agid (Fonction publique), Auge (Agriculture), Chevallier (rapporteur, secrétariat commun), Guyader (secrétariat commun).
  • [66]
    C. Roux, « La reprise du travail professionnel chez la femme mariée », Enquête pour l’UNCAF dans la région parisienne (mars 1968), résultats confidentiels présentés à la réunion du 9 novembre 1967.
  • [67]
    CAC-AN 800406-48. Rapport de 31 pages, p. 30.
  • [68]
    P. Le Brouster, « Le rôle des sessions de formation “travailleuses” dans l’élaboration et la diffusion d’une stratégie syndicale pour les femmes : le cas de la CFDT (1961-1982) », in G. Brucy, F. F. Laot, E. de Lescure (dir.), Former les militants, former les travailleurs, Paris, L’Harmattan, à paraître.
  • [69]
    CAC-AN 860111-2. Archives du Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin, Charte de la formation professionnelle adoptée par la Conférence syndicale mondiale sur la formation professionnelle, Turin, 2-4 février 1968, 15 p., p. 10.
  • [70]
    C. Achin & D. Naudier, « Les féminismes en pratiques », in D. Damamme, B. Gobille, F. Mattonti, B. Pudal (dir.), Mai-Juin 1968, Ivry sur Seine, Editions de l’Atelier, 2008, p. 383-399, p. 384. Egalement G. Dreyfus-Armand, R. Frank, M.-F. Lévy, M. Zancarini-Fournel (dir.), Les années 1968. Le temps de la contestation, Paris- Bruxelles, Institut d’histoire du temps présent-Complexe, 2000 ; M. Zancarini-Fournel, Le moment 68, une histoire contestée, Paris, Le Seuil, 2008 ; P. Artières, M. Zancarini-Fournel (dir.), 68, une histoire collective (1962-1981), Paris, La Découverte, 2008.
  • [71]
    « La formation professionnelle féminine… », rapport cité, p. 28 (tiré de l’étude de Claude Roux).
  • [72]
    CAC-AN 800406-48, Propositions présentées à la suite du rapport sur la « formation professionnelle féminine », Réunion du 14 février 1969, note de 2 pages.
  • [73]
    CAC-AN 800406-48, « Conclusions et recommandations contenues dans le rapport établi au nom du groupe de travail « Formation professionnelle féminine » », 4 novembre 1968, note de 5 pages.
  • [74]
    P. Fritsch, C. de Montlibert, R. Vorobieff, État de la formation professionnelle continue en France, Rapport de l’équipe de sociologie de l’éducation des adultes, décembre 1971, INFA, 1971, 123 p., non publié.
  • [75]
    Archives du Centre universitaire de coopération économique et sociale et de l’Institut national de la formation des adultes, archives privées d’anciens cadres, chercheurs ou formateurs de ces institutions rassemblées en vue de faire l’histoire de ces institutions. Cf. F. F. Laot, La formation des adultes. Histoire d’une utopie en acte, le Complexe de Nancy, Paris, L’Harmattan, 1999.
  • [76]
    Circulaire du 16 octobre 1968.
  • [77]
    Loi n° 71-575 du 16 juillet 1971, JO, 17 juillet 1971. Cette loi, préparée par Jacques Delors, oblige les employeurs à financer les actions de formation et ouvre à deux accès différenciés à la formation, le plan de formation de l’entreprise et le congé individuel de formation.
  • [78]
    Association d’étude pour l’expansion de la recherche scientifique, Vie active et formation universitaire. Actes du colloque d’Orléans, novembre 1970, Paris, Dunod, 1972, p. 109-110.
  • [79]
    Sociologue, co-fondatrice du Planning familial. Elle jouera par la suite un rôle important dans la formation des femmes reprenant un emploi après d’une interruption à la suite d’une maternité, à travers la création de l’organisme Retravailler.
  • [80]
    M. Praderie, R. Salais & M. Passagez, « Une enquête sur la formation et la qualification des Français (1964) : la mobilité sociale en France, liaison entre la formation reçue et l’activité professionnelle », Etudes et conjoncture, n° 22 (2), février 1967, p. 3-109 ; P. Fritsch, Les élèves des Instituts de promotion supérieure du travail : étude sociologique, Nancy, INFA, 1970 ; C. de Montlibert, « Promotion et reclassement. Les élèves d’un centre d’enseignement par cours du soir à la recherche d’une promotion par un diplôme », Revue Française de sociologie, IX, n° spécial, 1968, p. 208-217 ; C. de Montlibert, « Le public de la formation des adultes », Revue Française de sociologie, XIV, 1973, p. 529-545.
  • [81]
    Ph. Fritsch et alii, État de la formation professionnelle continue en France, op. cit.
  • [82]
    A. Chenu, « Itinéraires professionnels d’ouvriers et d’employés (1968-1990) », in C. Dubar & Ch. Gadéa (dir.). La promotion sociale en France, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1999, p. 199-212.

1Aujourd’hui un lecteur, a fortiori une lectrice des textes des années 1960 se rapportant à la formation des adultes ne peut qu’être frappé-e par l’emploi systématique de certaines expressions pour désigner les publics de la promotion sociale. Il y est presque toujours question des « hommes à former ». Quoi de plus normal, à cette époque où on ne s’embarrassait pas encore de précautions de langage, que d’employer le « masculin neutre » pour désigner l’humanité tout entière ? Un examen un peu approfondi de cette question conduit à une tout autre conclusion. La politique de promotion sociale - selon la loi de 1959, c’est-à-dire en fait une politique de formation pour des adultes déjà au travail - a d’abord été pensée par des hommes, pour des hommes. Ceci n’est guère surprenant, étant donné la lente évolution de la « condition féminine » dans ce qui reste encore l’« âge d’or de la famille et de la femme au foyer » [1]. Néanmoins la formation des femmes reste en France quasi inexplorée par l’histoire de la formation des adultes, ce qui est loin d’être le cas chez nos voisins européens. Cet oubli constitue un silence supplémentaire de l’histoire à lever [2]. L’enjeu est de contribuer à enrichir l’histoire de l’éducation des femmes en même temps que l’histoire du travail des femmes, puisque la formation se situe au croisement de ces deux champs. Il est intéressant de comprendre comment les politiques de promotion ont longtemps « oublié » les femmes et comment la prise de conscience de leur existence en tant que possibles personnes à former a finalement émergé. L’examen de différents fonds d’archives [3] permet de mettre au jour ces évolutions, ajoutant un nouveau chapitre à la compréhension de ces années de lente mutation pour les femmes et les rapports de sexe et de genre [4].

Une promotion sociale par les hommes et pour les hommes

2Qu’est-ce que la promotion sociale ? Une notion bien floue selon les observateurs de l’époque et selon les analystes de cette étape initiale de construction du système de formation continue que nous connaissons aujourd’hui [5]. Selon le rapport Chenot de 1964 [6],

doit être considérée comme action de promotion sociale toute action de formation ou de perfectionnement, de quelque nature qu’elle soit, à quelque niveau qu’elle se situe, dès lors qu’elle s’adresse à une personne déjà engagée dans la vie professionnelle.
Michel Debré, à qui l’on doit la loi de 1959 relative à diverses dispositions tendant à la promotion sociale [7], argumente ainsi l’importance de cette politique : « Les circonstances peuvent empêcher nombre d’adultes, nombre d’hommes, de profiter de l’organisation de l’éducation nationale ». Il s’agit donc de « compléter le réseau public ou privé de formation professionnelle, le développer et l’étendre » [8]. Tout en instaurant une plus grande justice sociale, par le biais d’une seconde chance donnée à ceux qui sont sortis trop tôt du système scolaire, cette loi doit permettre de satisfaire les besoins économiques du pays en multipliant les ingénieurs, techniciens et cadres [9]. Plusieurs ouvrages analysent les évolutions de cette politique de promotion [10]. Nous nous en tiendrons ici à quelques aspects de cette politique non encore étudiés, par exemple la composition des différents groupes chargés de la mise en œuvre de la politique de promotion sociale qui ont été mis en place à la suite de la loi de 1959.

Des instances masculines

3Un examen rapide n’appelle pas de controverse : les groupes sont masculins. Les différents décrets, arrêtés ou décisions fixant la composition des comités ou autres commissions, signés entre 1959 et 1966, égrènent des noms d’hommes, qu’ils soient ministres ou secrétaires d’État, hauts fonctionnaires ou représentants d’une organisation syndicale ouvrière ou patronale, ou encore personnes qualifiées. Ainsi, le Comité de coordination de la promotion sociale est-il exclusivement masculin, comme le Comité restreint. Une seule exception à tous ces groupes : le Comité Grégoire, chargé de l’étude des structures et des problèmes pédagogiques de la promotion sociale, qui comprend une femme sur 21 membres. Il s’agit de Mme Jeanne Picard [11], membre du Conseil économique et social. Elle est donc l’exception qui confirme la règle. Il n’est pas indifférent de remarquer que c’est justement le comité Grégoire qui mettra en avant la question de la promotion sociale des femmes. Il y aurait donc bien une relation de cause à effet ? À moins que l’on doive cette présence féminine, même faible, à un intérêt porté en amont à la question des femmes par le président de ce comité, Roger Grégoire, conseiller d’État et aussi… mari de Ménie Grégoire ? Cette dernière, qui n’a pas encore commencé son émission sur RTL (1967), publie chez Plon en 1965 Le métier de femme.
La Délégation générale à la promotion sociale (DGPS) elle-même, c’est-à-dire la cheville ouvrière de la promotion sociale, est exclusivement masculine, du moins si l’on s’en tient à l’effectif des conseillers techniques ou chargés de mission [12], sauf la dernière année où une femme, Françoise Duléry, entre comme conseillère technique [13]. Bien entendu, cependant, le secrétariat, la documentation, les archives sont assurés par des femmes. L’une d’elles, Marie-Andrée Schachtel, deviendra plus tard chargée de mission [14]. Ces instances masculines s’inscrivent, en toute logique, dans le cadre de la Cinquième République, marquée par l’exclusion brutale des femmes de la sphère politique, et dans l’exercice d’un pouvoir gaulliste, conservateur dans sa vision du rôle des femmes dans la société [15].

Une certaine conception de la « promotion féminine »

4Très tôt, le Comité Grégoire s’intéresse à la promotion sociale des femmes. Jeanne Picard y signe en 1962 une note de cinq pages sur la question, qu’elle intitule « L’effort de promotion sociale dans les secteurs féminin et familial » [16]. Elle y développe une acception très spécifique de la promotion sociale relative aux « secteurs touchant la femme et la famille ». Elle mentionne en effet, pour l’existant, des formations « répondant directement aux besoins des responsables chargés [sic] d’un secteur bien déterminé », par exemple « formation des tuteurs aux allocations familiales, des élus municipaux, des représentants familiaux aux bureaux d’aide sociale, des travailleuses ménagères, des consommatrices, des ménagères et des parents par les Écoles de Parents ». Cette liste hétéroclite, dont les termes, parfois féminins, parfois masculins, sont censés désigner des femmes, est surprenante. Souvent sous sa plume, formation et information se confondent. Le lien avec la vie professionnelle, s’il apparaît, n’est qu’un élément parmi bien d’autres.

5Elle écrit ainsi :

6

Il me semble que les besoins concernant la Promotion Sociale de la Femme se classent en quatre chapitres distincts.
1°) La femme “professionnelle”
2°) La femme “consommatrice et ménagère”
3°) La femme “éducatrice”
4°) La femme “en tant que citoyenne” [17].

7Elle ne détaille pas ces quatre chapitres, en particulier la femme « professionnelle » n’est plus évoquée ailleurs dans son texte. En revanche elle développe deux secteurs : « légèrement plus favorisés, l’un très ancien, l’enseignement ménager, l’autre plus récent : la consommation » [18].

8

L’enseignement ménager, avec l’aide des Caisses d’allocation familiale et la taxe d’apprentissage, a su étendre un peu plus largement son enseignement aux femmes et aux jeunes filles. Dans le secteur de la consommation, une action d’information a été entreprise auprès des acheteuses, grâce aux mouvements privés. Actuellement, les émissions de radio sont reprises par le secrétariat d’État aux Affaires économiques ; mais ces émissions constituent néanmoins encore une information trop limitée. […]
Pour le secteur consommation, lorsqu’on pense à l’enjeu économique qui est en cause, on ne comprend pas qu’un effort plus important ne soit pas fait. 75 % des biens de consommation passent par les mains des femmes. Mal informée sur la production, les prix, la qualité, la publicité, la consommatrice ne joue pas son rôle d’agent actif de l’économie.
En outre, ce secteur se complique avec le Marché commun et les produits européens arrivent sur le marché. Les cadres des organisations de consommateurs ne sont nullement préparés à accuser les charges de représentation et de défense des consommateurs dans le Marché commun.
Pour terminer cette énumération critique, je dirais en ce qui concerne le travail de la femme, c’est qu’il n’est nullement adapté aux impératifs féminins actuels.
Toutes les structures sociales doivent être repensées en face de cette promotion, de cette montée de l’être humain. Les femmes devraient, en résumé, pouvoir jouir pleinement des droits qu’elles ont acquis tout en restant pleinement elles-mêmes [19].

9Si elle n’en dit pas davantage sur l’inadaptation du « travail de la femme », son texte conforte une conception traditionnelle du rôle social des femmes, qui prévaut alors largement dans les discours publics. Sa conception de la formation apparaît très décalée par rapport à celle qui est alors mise en avant dans le cadre de la promotion sociale : elle est peu professionnelle mais vise plutôt à « inciter hommes et femmes à faire l’effort d’un jugement personnel, à avoir l’esprit critique » [20]. Néanmoins ce premier rapport sur la promotion féminine a le mérite de poser le problème de la place des femmes dans une politique qui les oublie. Il faudra encore quelques années pour que les choses mûrissent et que les femmes y acquièrent, du moins dans les intentions, une place en rapport avec celle qu’elles occupent réellement sur le marché du travail. Car des femmes travaillent [21]… À partir de 1965, la tendance à la hausse de l’activité professionnelle féminine s’affirme et ne faiblira plus. Mais le phénomène reste peu visible, et les sociologues du travail ne s’y intéressent guère [22].

10Si les femmes ne sont pas pensées comme « promouvables » [23], comme nous le verrons plus loin, on leur reconnaît toutefois un rôle majeur dans la réussite ou l’échec de la promotion sociale de leur époux :

11

L’effort de promotion est plus ou moins compris et soutenu par l’épouse […]. Tous les observateurs insistent sur la nécessité d’associer assez étroitement la femme à l’effort de promotion, presque de lui donner une “formation” pour éviter tout déséquilibre : tâche délicate aux limites encore mal définies [24].

12C’est ainsi que des actions spécifiques sont pensées en appui de la promotion des hommes. Par exemple, un projet d’enseignement en direction des femmes, notamment pour celles « à la maison », consiste à créer des émissions de radio et de télévision diffusées pendant les heures de classe des enfants.
Malgré le fait que cette politique de promotion sociale ne s’adresse pas à elles, des femmes, célibataires mais aussi mariées, voire mères, participent pourtant à des cours de promotion sociale dans la première moitié de la décennie 1960. Il est cependant impossible de savoir combien exactement.

Estimer l’importance du phénomène

13Les statistiques générales émanant des instances nationales n’isolent pas la variable sexe avant 1967. Quelques données sexuées, partielles (rarement hommes et femmes, mais avec la précision soit hommes soit femmes), existent ici ou là mais elles sont difficilement exploitables car elles ne peuvent être comparées à un ensemble. Un bilan des effectifs des auditeurs de promotion sociale en 1965 produit en juin 1966 donne un vague ordre de grandeur de cette participation :

14

Les renseignements obtenus auprès des ministères ne permettent pas de donner une ventilation complète par sexe des effectifs des auditeurs aux cours de promotion sociale. Il apparaît toutefois globalement que sauf en ce qui concerne certains secteurs particuliers où les effectifs sont exclusivement masculins (ministères de l’Équipement, des Armées, des Anciens combattants, de l’Industrie) ou féminins (ministère des Affaires sociales, secteur santé publique et population), la proportion de femmes ou jeunes filles suivant des cours de promotion sociale est de l’ordre de 25 à 30 % [25].

15Soit, tout de même, entre 1/4 et 1/3 des effectifs ! Le problème commence donc à percer à travers le constat du manque d’informations.

16Les seuls chiffrages généraux sexués trouvés dans les archives ne le sont pas dans des bilans, mais dans des estimations. Ils n’en sont pas moins très instructifs. Ainsi, un rapport du Comité Grégoire du 7 février 1963, signé Gilbert Rastoin, propose un « Essai d’évaluation des effectifs susceptibles d’être touchés par des institutions de promotion sociale » [26]. Cette étude, réalisée en étroite liaison avec le Commissariat au Plan par MM. Philippe Madinier et Grimonprer, essaie de quantifier de manière prospective la population cible des actions de promotion, mais se heurte à des difficultés :

17

Déterminer aujourd’hui la clientèle potentielle des institutions de promotion (sociale) ou d’éducation permanente existantes ou à mettre sur pied est beaucoup plus difficile [qu’au siècle dernier]. À la limite, cette clientèle potentielle non seulement se confondrait avec la population active, chaque travailleur étant susceptible de faire l’objet de promotion, mais la dépasserait en nombre car une partie de la population inactive, notamment féminine, changerait d’attitude et travaillerait si des institutions d’éducation permanente existaient [27].

18Les auteurs de l’étude proposent donc de partir de chiffres existants (recensement de la population et effectifs scolaires) et d’opérer un certain nombre « d’abattements » qui les amènent à proposer des estimations correspondant aux publics potentiels de la promotion. Celles-ci ne concernent que les hommes, soit au total, environ « 548 000 personnes-Hommes » [sic]. Aucun chiffre n’est avancé en ce qui concerne les femmes…

19Deux ans plus tard, un document intitulé « Estimation des effectifs des auditeurs des cours de promotion sociale au cours de la période 1966-70 » propose une projection sur cinq ans :

20

Au cours de la période 1966-70, les cours de promotion sociale devront permettre :
– de mettre à disposition de l’économie les personnels qualifiés qui lui sont nécessaires,
– de donner un complément de formation générale et professionnelle aux jeunes sous-scolarisés [28].
On remarquera au passage les objectifs strictement économiques assignés à la promotion sociale. Il n’est pas ici question de développement culturel ou social et encore moins d’épanouissement personnel. L’estimation du nombre de personnes à former prend en compte différents facteurs : niveaux de formation de départ, niveau d’arrivée, chiffres moyens de perte… Ainsi, on mettra à la disposition de l’économie :

21

  • 1 sur 6,5 personnes en formation si l’on adopte comme critère l’octroi d’un diplôme correspondant à un seuil de qualification bien déterminé [29] ;
  • 1 sur 4 personnes en formation si l’on adopte comme critère celui d’un complément de qualification professionnelle ou de culture générale concrétisée par l’obtention d’un diplôme qui permette aux intéressés de bénéficier d’une promotion d’emploi à l’intérieur d’une branche d’activité.
Ces estimations s’appuient sur les résultats obtenus par l’ensemble des actions de formation professionnelle (FPA) et de promotion sociale de 1964. Ainsi, selon les hypothèses retenues, il faudrait former sur cette période entre 1 000 000 et 1 300 000 personnes. Deux annexes détaillent les estimations pour le public « Hommes ». Une troisième présente ces estimations par sexe. En voici la reproduction exacte :

Estimation des effectifs des auditeurs des cours de promotion sociale de 1966 à 1970 (Hypothèse II) Février 1965 [30][31]

tableau im1
Niveau Education Nationale Niveau Plan 30 Effectifs annuels des Auditeurs des cours de Promotion Sociale pour couvrir les besoins du Plan 5 1 HOMMES FEMMES 250 000 (1) 4 bis 2 4 3 100 (1) 3 4 174 000 (1) 40 (1) 2 5 270 000 (1) 80 000 (1) 1 6 300 000 (2) 1 000 000 110 000 31 1 110 000 (1) Dont la formation est nécessaire pour couvrir les besoins du Plan. (2) Complément de formation générale et professionnelle pour des jeunes de 14 et 15 ans quittant l’école et dont la formation est insuffisante.

Estimation des effectifs des auditeurs des cours de promotion sociale de 1966 à 1970 (Hypothèse II) Février 1965 [30][31]

22Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’économie n’a pas besoin de femmes qualifiées, même aux niveaux inférieurs !

23Il n’est pas possible de retrouver trace de la réception de cette estimation, mais on peut s’étonner aujourd’hui d’une telle cécité. Des données sont pourtant déjà disponibles mais, sauf rares exceptions [32], ne sont pas exploitées. Cela confirme, ainsi que l’écrit Anne-Marie Sohn [33], que les femmes et les filles constituent un « point aveugle des sciences sociales durant les Trente glorieuses ».

24En 1963, une note de la DGPS fait état d’une ligne de crédit pour organiser des « actions de promotion sociale des infirmières et du personnel spécialisé pour l’enfance inadaptée » [34]. Il s’agit essentiellement de faire face aux difficultés rencontrées (déjà) par les établissements hospitaliers dans le recrutement du personnel soignant, par un « élargissement du recrutement à des candidats ou candidates déjà engagés dans la vie professionnelle » et par la promotion interne des infirmières vers des postes de surveillantes ou monitrices. 150 000 F sont consacrés à ces actions. Mais il n’est pas possible de connaître le nombre de personnes touchées.

25Pour l’Éducation nationale, un rapport de 1964 de René Cercelet, chargé de l’inspection des cours de promotion sociale, présente en trois pages « la promotion sociale et les femmes » dans les actions relevant de ce ministère [35]. On y apprend ainsi que, sur 620 cours du 1er et 2e degré de la promotion sociale qui concernent environ 170 000 auditeurs (hommes et femmes),

26

27 cours sont spécifiquement féminins (essentiellement métiers de l’aiguille et tout ce qui se rattache à l’industrie du vêtement, quelques cours de secrétariat, vente) et 350 cours sont mixtes pour les préparations les plus diverses. Sans vouloir présenter une liste exhaustive, on peut citer les activités suivantes : secrétariat, comptabilité, dessinatrices industrielles, électronique, professions se rattachant à la chimie, coiffure, interprète, pharmacie, métiers de la chaussure, assurances, étalagistes, photographie, traductrices, prothèse dentaire, beaux-arts, etc. Ces 377 cours accueillent 37 000 femmes, ce qui représente plus de 20 % du total [36].

27Cercelet note que certaines spécialités réputées masculines accueillent à présent des femmes (notamment dessin, électronique). Quant à la Promotion supérieure du travail (PST), elle rassemble 50 000 personnes dont seulement 6 000 femmes (soit 12 %). Il est précisé que les cours d’aéronautique, thermique industrielle, électronique, analyse numérique, mathématiques appliquées… sont fréquentés par « un auditoire féminin non négligeable », sans plus de précision.

28Ce bilan, qualifié de trop rapide par son auteur lui-même, fait état de « l’importance de la Promotion sociale pour la femme ». La liste à la Prévert, qui mélange spécialités, métiers et branches d’activité, laisse supposer que ces informations ont été rapidement rassemblées pour répondre à une demande ponctuelle d’une inspectrice chargée de mission à l’UNESCO. Il s’agissait vraisemblablement de rendre compte de la situation française dans le cadre d’une commission de travail internationale. En conclusion, Cercelet précise que les auditoires féminins présentent des caractéristiques spécifiques : ou bien ce sont des jeunes femmes de 18 à 25 ans, ou bien des femmes de 35 à 40 ans. Il convient donc selon lui de développer ce mode de formation par cours du soir, car

il permet, dans une certaine mesure, d’accéder à des fonctions professionnelles nouvelles, mais encore, pour la femme, il permet la réinsertion après la coupure qu’entraînent très souvent les maternités successives, dans une des activités du monde économique [37].

La question de la promotion sociale des femmes enfin posée

29Continuer à oublier les femmes dans la mise en œuvre de la politique de promotion sociale devient de moins en moins tenable. Dans les tout derniers mois de vie de la Délégation générale à la promotion sociale, le problème commence à être soulevé. Ainsi dans une note du Délégué général, Jacques Decoust, du 31 mars 1966, un tout petit paragraphe sur 11 pages visant à faire un bilan de « La promotion sociale dans le cadre de la politique économique du gouvernement » [38] signale :

30

Enfin, le problème de la remise au travail de femmes exerçant des professions où un déficit en main-d’œuvre peut être très sensible et qui, après avoir abandonné leur activité professionnelle pour des raisons familiales, sont prêtes à reprendre un emploi, devrait être examiné, en liaison sans doute avec un aménagement des horaires de travail des intéressées.
La mise en place et le développement de telles actions ne doivent pas soulever de difficultés particulières et les incidences financières seraient faibles, mais il y faudrait également un certain nombre de réformes qui devraient être prises sans attendre.

31En juin 1966, le Rapport général au comité de coordination de la promotion sociale reprend ce thème :

32

Promotion féminine
La promotion des travailleurs féminins [sic], dont les conditions de participation à la vie économique et sociale du pays soulèvent aujourd’hui des problèmes dont on commence à mesurer l’importance dans tous les milieux, devrait également être retenue et examinée. Il ne fait pas de doute, en effet, qu’une meilleure organisation de tous les paramètres en jeu, dans cette difficile question, serait non seulement bénéfique pour l’économie nationale, mais permettrait en outre d’approcher le jour où une solution adéquate sera donnée aux problèmes posés par la condition des femmes au travail. La création récente par M. le ministre des Affaires sociales d’une Commission spécialement chargée d’étudier ces problèmes répond à l’ensemble de ces préoccupations [39].

33Cette phrase alambiquée montre combien le thème du travail féminin reste tabou et délicat à aborder dans le cadre d’une politique nationale. Que s’est-il alors passé de nouveau pour qu’enfin la question de la promotion sociale des femmes affleure dans un rapport officiel du Comité de coordination de la promotion sociale ?

Un nouveau contexte

34Poussé par des impératifs économiques, la croissance très forte amenant les industries à faire appel à la main-d’œuvre féminine ainsi qu’immigrée, le gouvernement en vient à légiférer dans le sens d’une libéralisation du travail des femmes, malgré une politique nataliste toujours en place, notamment l’allocation de salaire unique (ASU) qui dissuade encore certaines femmes mariées de travailler à l’extérieur [40]. Dans un contexte culturel (profusion d’écrits sur les femmes [41], rôle de la télévision [42]) et politique (campagne présidentielle dans laquelle le candidat François Mitterrand se prononce pour la contraception), la question des femmes se constitue à partir de 1965 comme un problème public cette fois visible. Cette année, qualifiée de féministe [43], « année des femmes » [44], est celle où, avec la loi du 13 juillet 1965 [45], les femmes deviennent majeures et conquièrent leur indépendance professionnelle [46]. C’est aussi celle où le ministre du Travail Gilbert Grandval crée, par un arrêté du 29 septembre, un Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin (CTF) [47], cette « commission » dont parle Jacques Decoust dans le rapport cité plus haut. Le récent travail d’Anne Revillard [48] sur l’histoire de ce Comité, à l’occasion du centenaire du ministère du Travail, constitue une mine pour l’histoire de nos institutions et une avancée notable vers la compréhension de la place des femmes dans les politiques de formation d’adultes. Original dans sa composition, ce Comité, constitué essentiellement de femmes militantes, d’associations féminines ou de syndicats, mais placé sous une tutelle ministérielle, représente, selon Anne Revillard, « le premier organisme relevant en France du “féminisme d’État” » [49]. Elle montre que le thème de la formation professionnelle y constitue un axe central de travail. Ainsi, une de ses premières prises de position, en 1966, sera de regretter que les intérêts des femmes n’aient pas été mieux pris en considération dans le cadre du projet de loi sur la formation professionnelle [50]. Marcelle Devaud, présidente du CTF, a reçu l’avant-projet de loi de 1966. Après examen, elle adresse, le 4 octobre 1966 [51], une lettre au ministre des Affaires sociales Jean-Marcel Jeanneney dans laquelle elle précise que ce projet de loi-cadre « fait naître de vifs espoirs parmi les femmes qui travaillent ou qui désirent prendre ou reprendre une activité professionnelle ». Elle demande, puisqu’une « inégalité réelle subsiste actuellement entre les femmes et les hommes », que le principe de la non-discrimination de sexe soit précisé dans l’article 1 de la loi. Cela ne sera pas fait. En revanche une autre demande sera entendue, celle d’élargir à d’autres femmes ayant des obligations familiales les allocations prévues pour les veuves [52].
Si la formation professionnelle, initiale et des adultes, constitue une préoccupation majeure pour les membres de ce Comité, c’est, nous dit Anne Revillard, qu’elle figure au premier rang des solutions proposées pour résoudre les inégalités hommes-femmes sur le marché du travail. Elle écrit également qu’en « dépit de […] sollicitations répétées, le Comité n’aura pas eu d’influence significative sur la législation en matière de formation professionnelle », qu’il s’agisse de la loi de 1966 ou de celle de 1971, car « ses interventions se sont heurtées aux résistances du système français de relations professionnelles à l’inclusion d’une représentation des intérêts des femmes » [53]. Il faudrait pourtant relativiser cette impression négative car le Comité a bel et bien joué un rôle, sans doute indirect mais réel, dans la prise en compte des questions de formation des femmes dans les instances officielles, ne serait-ce qu’à travers la participation de certains de ses membres aux instances de pilotage des politiques de formation [54].

La loi du 3 décembre 1966 et ses effets

35La mise en œuvre du Marché commun exige une compétitivité accrue et le Ve Plan a mis l’accent sur les besoins de formation [55]. Or nombre d’entre eux ne sont pas couverts et il manque une direction d’ensemble, la promotion sociale n’ayant pas les moyens de ses ambitions. C’est la raison pour laquelle une nouvelle loi est préparée, celle du 3 décembre 1966 d’orientation et de programme sur la formation professionnelle [56]. Cette loi, que l’on doit également à Michel Debré [57], en même temps qu’elle déclare que la formation professionnelle constitue une « obligation nationale », vient consolider et organiser la politique de formation [58]. En janvier 1967, au moment de la création des nouvelles instances mises en place par cette loi [59], les groupes ne s’ouvrent que de manière très minimaliste à la mixité. Si l’on exclut le Groupe d’étude de la formation professionnelle féminine, les groupes restent masculins soit exclusivement, comme le Comité de gestion des Fonds, soit très majoritairement, comme celui sur l’harmonisation des aides ou le Groupe permanent de la formation professionnelle et de la promotion sociale, qui ne comptent qu’une femme (« Mme Friedel », qui représente l’Industrie pour le premier, « Mlle Duléry », maître des requêtes au Conseil d’État, conseiller technique au cabinet du ministre de l’Économie et des Finances, pour le second). Les Comités régionaux ne sont pas en reste. Le CTF élève d’ailleurs une protestation pour signaler l’absence de femmes dans ces derniers [60]. Les événements de mai 1968, s’ils mènent à des développements importants en matière de formation [61], n’ont pas eu beaucoup d’effet concernant la composition des instances. Un plan de table de la réunion du Conseil national de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l’emploi, réunissant le monde des professionnels de l’enseignement et celui des syndicats le 30 octobre 1968 [62] - moment stratégique s’il en est dans l’histoire de la formation - rend compte de la présence d’une femme (Mme [Françoise] Villiers, UNAF) pour 31 hommes…

36Les instances mises en place par la loi de 1966 se sont finalement très peu féminisées ; cependant un changement d’optique assez prononcé apparaît en ce qui concerne la formation des femmes, si l’on compare le discours alors produit à celui des instances précédentes. Ainsi, dès avril 1967, une « note relative à la mise en œuvre de la loi d’orientation et de programme du 3 décembre 1966 sur la formation professionnelle » précise :

37

Il convient de signaler, en outre, que le groupe permanent a entrepris l’étude de deux nouvelles questions particulièrement importantes, afin d’être en mesure de saisir de propositions précises le comité interministériel [le second point « important » concerne l’indemnisation des stages de perfectionnement et de promotion] :
I.- La formation professionnelle des femmes et des jeunes filles a donné lieu à des recommandations adressées au ministère de l’Éducation quant aux dispositions qu’il doit prendre à cet égard en matière d’information, d’orientation, d’accueil et d’aménagement des formations. D’autre part, un groupe d’experts a été constitué sous la présidence de M. Grégoire, en vue d’accélérer, en liaison avec le Commissariat général du Plan et les ministères responsables, l’étude des mesures à prendre pour développer cette formation tant pour les jeunes que pour les adultes [63].

38La question de la formation des femmes deviendrait-elle prioritaire ? Elle devient, en tout cas, suffisamment pressante pour que soit créé un groupe spécifique, le Groupe d’étude pour la formation professionnelle féminine. Celui-ci débute très vite son action, puisqu’il se réunit pour la première fois le 27 avril 1967, sous la présidence de Roger Grégoire qui confirme ainsi l’intérêt qu’il a déjà manifesté à la question dans l’organisation précédente. Ses membres sont des représentants des différents ministères et du Commissariat au Plan. La première séance réunit deux femmes pour six hommes [64]. Trois autres membres rejoindront le groupe à la seconde réunion [65] : deux hommes et une femme. Cette dernière, Simone Mesnil-Grente, journaliste, n’est pas, comme les autres, une représentante d’un ministère ; elle participe au groupe en tant que membre du Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin au titre de « personnalité compétente ». Sa présence dans le groupe d’étude est donc remarquable.
Ce groupe cherche à rassembler le plus de documentation possible sur le travail féminin ou sur la formation professionnelle initiale des jeunes filles et post-scolaire des femmes, mais se heurte à l’absence de statistiques précises et de connaissances générales sur ces questions. Les travaux s’appuient souvent sur le recensement de 1962 (donc sur des données qui datent alors déjà de cinq ans…) et sur quelques études en cours. Ainsi sont cités les travaux de Viviane Isambert-Jamati, ou encore un travail en cours d’achèvement de Claude Roux sur la reprise du travail chez les femmes mariées dont les enfants ne sont plus en bas âge [66]. Le rapporteur a pour mission de rassembler et analyser la documentation recueillie. Le groupe prend ainsi en note le fait que contrairement aux idées répandues, en 1962 « plus de 50 % des femmes actives étaient mariées ». Sont soulignés dans ces travaux la grande inadéquation de l’orientation et la formation professionnelle des jeunes filles, les modifications à l’œuvre dans l’emploi féminin (notamment le développement considérable du salariat, le fait que les femmes représentent 51 % des agents de la fonction publique), la forme de la courbe de l’emploi féminin « caractérisée par un double maximum » (21 ans et 49 ans), la déqualification qu’entraîne souvent un arrêt du travail pour raisons familiales, surtout pour les femmes « de qualification moyenne », le caractère peu fréquent de la promotion des femmes, l’absence de mixité de la plupart des centres de formation, notamment de Formation Professionnelle des Adultes (FPA), la sous-participation dans les actions de formation…

La même formation pour tou-te-s ?

39Après une dizaine de réunions menées sur moins de deux ans, soit à un rythme assez soutenu, le groupe produit en novembre 1968 un pré-rapport intitulé La formation professionnelle féminine[67], dont le préambule annonce :

40

Le groupe de travail chargé d’étudier le problème de la formation professionnelle féminine s’est d’abord attaché à préciser les termes de sa mission. Il lui est apparu, en effet, que la préparation des femmes à la vie active ne soulève plus à l’heure actuelle de question de principe. Si l’on admet que les femmes doivent bénéficier, au moins sur certains points, de conditions de travail qui leur soient propres, l’idée qu’elles devraient être formées à part et seulement pour certains emplois est depuis longtemps abandonnée.

41Deux ans plus tôt, cette affirmation n’aurait pourtant rien eu d’évident ! La conclusion revient sur cette idée forte :

42

… la formation professionnelle doit être identique pour tous et accessible à tous, sans distinction de sexe. Nombre d’observations formulées dans le présent rapport sont d’ailleurs valables aussi bien pour la formation féminine que pour la formation masculine.

43En quelques mois, les mentalités et le discours officiel ont donc radicalement basculé vers l’option d’une égalité de traitement quel que soit le sexe. Bien entendu, outre les études menées par le Groupe, quelques événements extérieurs ont participé de ce revirement. Les prises de position syndicales par exemple, d’ailleurs diverses, sur la question du travail des femmes ont joué un rôle important qui reste à connaître plus finement [68]. Notons en particulier, en février 1968, une charte de la formation professionnelle de la Fédération syndicale mondiale qui proclame, dans un chapitre qui leur est consacré :

44

Les femmes et les jeunes filles ont droit à la formation et au perfectionnement professionnel, sans aucune discrimination, qui leur permette une promotion effective répondant aux exigences des progrès techniques, et du développement économique et social du monde [69].

45Puis les événements de Mai 68 sont passés par là. Si certains auteurs constatent qu’ils n’ont pas spontanément remis en question les rapports sociaux de sexe, ils provoquent cependant une « étincelle initiale » [70] en mettant notamment sur le devant de la scène les questions de mixité (des dortoirs, mais aussi des centres de formation) ou de non-mixité (des groupes politiques exclusivement féminins). L’égalité d’accès aux études et à la formation, qui était, en principe déjà acquise depuis 1946, se trouve cette fois posée dans les faits : comment rendre cette égalité effective malgré les nombreux obstacles (matériels, sociaux, psychologiques), malgré les femmes elles-mêmes, leur « indifférence au problème de qualification », leur « faible disposition à se sentir concernées par la promotion professionnelle ou par les actions de formation » [71] ?
S’élabore alors un discours qui croise deux positions pouvant sembler contradictoires : le droit et l’accès à la formation sont les mêmes pour tou-te-s, il faut donc traquer toutes les discriminations à l’égard des femmes ; l’égalité n’étant pas effective, il convient de mettre en place des mesures et des actions spécifiques en direction des femmes. Pour le Groupe de travail sur la formation professionnelle féminine, il reste en matière de formation professionnelle un « seul problème spécifiquement féminin […] qui exige des solutions particulières adaptées à la situation propre des intéressées » (p. 30). Il concerne les femmes adultes de plus de 35 ans reprenant une activité. Mais il propose également des « actions pilotes » qui visent à adapter davantage les formations à l’emploi féminin qui, lui, reste tout à fait particulier… La loi n° 68-1249 du 31 décembre 1968 relative à la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle reprend et accentue l’idée d’un sort spécifique réservé à certaines femmes. Dans son article 5, elle précise que sont « assimilées à des travailleurs salariés » les mères de famille qui, désirant occuper un emploi qui exige une qualification, suivent un stage de formation. Elles perçoivent ainsi une allocation en fonction du SMIG, majorée selon le nombre d’enfants ou lorsqu’elles sont chefs de famille.

Des femmes dans les cours du soir

46Les propositions du Groupe de travail sur la formation professionnelle féminine sont officiellement présentées le 14 février 1969 [72] et consistent surtout à… suggérer de continuer d’approfondir la question par des études qui pourraient déboucher sur des orientations particulières. Quelques actions spécifiques sont esquissées : l’information à privilégier, l’adaptation du cadre des formations pour permettre « la conciliation des tâches familiales et des sujétions du stage de formation » [73] (sans plus de détails) ou encore un développement d’actions pilotes de formation dans les métiers de la comptabilité ou de l’informatique. On le voit, les travaux restent très modestes et les conclusions assez peu révolutionnaires. On peut également y constater une grande absence : il n’y est pas question de promotion du travail en cours du soir… S’il est noté une grande difficulté pour les femmes de s’absenter pour des durées plus ou moins longues dans des centres de formation éloignés (comme les centres FPA) « étant donné leurs charges familiales » (qui n’incombent pas encore également aux hommes…), rien n’est dit d’une possible implication, plusieurs soirs par semaine après le travail à l’extérieur et/ou après s’être occupées de leurs enfants, dans un programme qualifiant dans un Institut de promotion supérieure du travail. Le fait que ce dernier prépare surtout aux fonctions d’encadrement ne peut être la seule raison invoquée (on sait en effet que les postes de cadre leur sont alors très peu ouverts). D’ailleurs, les femmes s’y inscrivent, pas encore massivement, mais la progression est réelle. Elles représentent 7,5 % de l’ensemble des auditeurs de la PST en 1967-1968 et 8,6 % en 1968-1969 [74]. Leur proportion augmente de façon significative dans les années qui suivent.
Comment expliquer cette progression des inscriptions de femmes dans les cours du soir alors qu’au plan national aucune réalisation concrète n’est venue modifier la politique ? Les femmes ont-elles soudain changé de position vis-à-vis de la formation ou bien ont-elles enfin trouvé à être mieux accueillies dans les dispositifs existants ? C’est plutôt la deuxième hypothèse qui semble se vérifier sur le terrain, ainsi qu’une étude menée sur des organismes de formation de Nancy nous a permis de le constater : après 1968, de nouveaux contenus de formation sont proposés à un public jusqu’ici délaissé, les femmes et les ouvriers spécialisés (OS) [75]. Sans qu’il soit possible de détailler ici ces nouvelles pratiques, signalons que l’accueil de femmes dans la promotion sociale se fait essentiellement par une modification des actions de formation. Il faut noter également qu’à la suite de la loi de décembre 1968, plusieurs textes ont redéfini les différents types d’actions, réduisant la promotion sociale à des actions dans lesquelles les travailleurs s’engagent eux-mêmes, en principe pour une durée au moins égale à un an ou, pour des actions à caractère social, à des « actions entreprises en vue de faciliter l’insertion dans la vie professionnelle de travailleurs pour lesquels l’origine ou la formation acquise représente un handicap » [76]. Dans ces dernières, les femmes trouvent plus facilement une place qui leur est reconnue.

Une éphémère visibilité

47La décennie 1960 s’achève donc sur plusieurs constats : les femmes qui avaient été oubliées par les politiques de promotion sociale rejoignent en plus grand nombre les formations dispensées, en cours du soir, mais elles le font surtout dans le cadre de nouveaux types de formation, le plus souvent à de plus bas niveaux de qualification ou dans des cursus moins diplômants. L’appareil public de formation est alors en pleine refonte. Les nouvelles instances issues de la loi de 1966 préparent celle de 1971, portant organisation de la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente [77], qui ouvre une nouvelle ère en même temps que le marché de la formation. Dans ce nouvel ensemble, les actions de promotion sociale, si elles perdurent, vont, peu à peu, passer au second plan. Les femmes, qui avaient progressivement acquis au cours des derniers mois une nouvelle visibilité, la perdent très vite en se fondant dans la masse. Constatons en effet que l’accord national interprofessionnel du 9 juillet 1970, qui inspire largement la nouvelle loi, est entièrement rédigé au masculin. Les plus optimistes verront à travers ce « salarié » ou ce « travailleur », figure emblématique asexuée, le signe que le droit est égal pour tou-te-s. D’autres y verront la persistance d’une conception masculine du travail, de la promotion sociale et donc de la formation. Comme le fait remarquer Pierre Bourdieu dans le compte rendu (d’ailleurs contesté) qu’il fait des échanges au sein d’un des trois groupes de travail du colloque d’Orléans de 1970 consacré à l’éducation permanente dans les universités :

48

Je pense qu’en particulier la foi souvent exprimée dans les vertus viriles du chef (le mot a été prononcé plusieurs fois) se sera trouvée fortement renforcée par cette réunion. […] Nous avons parlé essentiellement, sinon uniquement […], de l’éducation permanente des cadres. Nous étions entre cadres, parlant de cadres, pour des cadres, de sorte que, même si certains d’entre nous pensaient à d’autres populations – les uns pensant aux femmes qui, après avoir élevé leurs enfants, veulent retrouver un poste dans la vie active, d’autres pensant aux travailleurs qui veulent acquérir une qualification ou augmenter leur valeur sur le marché du travail, etc. –, il me semblerait tout à fait injuste et injustifié d’étendre les conclusions qui ont pu être dégagées de nos discussions à l’ensemble du problème de l’éducation permanente [78].

49Il faut préciser qu’Evelyne Sullerot [79] participait à ce même groupe. Cinq autres femmes (personnel administratif excepté) participaient à ce colloque qui comptait en tout 110 participants… Le milieu de la formation restera très masculin de longues années.
Si les premières enquêtes sociologiques sur les publics de la formation insistaient surtout sur les inégalités d’accès à la formation en fonction de l’origine sociale, elles pointaient également la question de l’inégalité entre les sexes [80]. Un rapport de 1971 sur l’état de la formation professionnelle continue en France réalisé par l’équipe de sociologie de l’éducation des adultes de l’Institut national pour la formation des adultes [81] consacre un chapitre de deux pages à cette question. Par la suite, toutes les études sociologiques n’auront de cesse de décrire, année après année et jusqu’aujourd’hui, les inégalités d’accès à la formation, ainsi que les inégalités des chances de promotion après formation entre les hommes et les femmes [82]. Sans chercher à réduire les causes de ces inégalités à la manière dont s’est construit le dispositif de formation, il est tout de même permis de s’interroger sur les conséquences qu’a pu produire, depuis 50 ans, l’oubli originel des femmes dans la politique de promotion sociale.

Notes

  • [*]
    Maître de conférences HDR de sciences de l’éducation, Université Paris Descartes, Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS), UMR 8070.
  • [1]
    F. Battagliola, Histoire du travail des femmes, 3e éd., Paris, Éditions La Découverte, 2008, p. 85.
  • [2]
    M. Perrot, Les femmes ou les silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 1998.
  • [3]
    Aux Archives Nationales à Fontainebleau (CAC-AN), différents fonds de la Délégation générale à la promotion sociale (DGPS) (800405 ; pour l’Éducation nationale : 810553, 900234, de R. Cercelet, 780 670) ; du Comité interministériel, du Comité de coordination de la promotion sociale, DGPS (810406) ; de la Formation professionnelle et de la promotion sociale, de la Délégation (800406, 830190) ; du Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin (860111-1 et 2). Des archives privées du Centre universitaire de coopération économique et sociale. Des archives syndicales (Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, 227 J, Fonds UNSEN CGT ; Centre d’archives de la CFDT, 7H et 8H, différents cartons).
  • [4]
    Notamment : F. Thébaud (dir.), Histoire des femmes en Occident, t. V : Le XXe siècle, 2e éd. revue, Paris, Plon, 2000 ; S. Chaperon, Les années Beauvoir (1945-1970), Paris, Fayard, 2000.
  • [5]
    P. Caillaud, « La construction d’un droit de la formation professionnelle continue (1959-2004) », in G. Brucy et alii, Former pour réformer. Retour sur la formation permanente (1945-2004), Paris, La Découverte, 2007.
  • [6]
    Rapport de Bernard Chenot, présenté au nom de la Commission d’étude des problèmes de formation et de promotion sociale en février 1964, Livre blanc de la promotion sociale, Paris, La Documentation française, 1966.
  • [7]
    Loi n° 59-960 du 31 juillet 1959, JO, 6 août 1959.
  • [8]
    Discours de Michel Debré à l’Assemblée nationale, le 1er juillet 1959, in Livre blanc de la promotion sociale, op. cit., p. 108-109.
  • [9]
    N. Terrot, Histoire de l’éducation des adultes en France. La part de l’éducation des adultes dans la formation des travailleurs (1789-1971), Paris, Edilig, 1983.
  • [10]
    Notamment : M. David, L’individuel et le collectif dans la formation des travailleurs, t. I : Approche historique 1944-1968, Paris, Economica, 1976 ; N. Terrot, Histoire de l’éducation des adultes en France, Paris, L’Harmattan, 1997 ; L. Tanguy (dir.), Genèse d’un espace d’activités sociales, la formation professionnelle continue, Université de Paris X-Nanterre, 1998 ; Y. Palazzeschi, Introduction à une sociologie de la formation. Anthologie de textes français, t. I : Les pratiques constituantes et les modèles, Paris, L’Harmattan, 1998 ; Cl. Dubar & Ch. Gadéa (dir.), La promotion sociale en France, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1999 ; G. Brucy, P. Caillaud, E. Quenson & L. Tanguy, Former pour réformer..., op. cit.
  • [11]
    Jeanne Picard (1909-2003) a été membre du Conseil économique, puis du Conseil économique et social, du 27 mars 1951 au 31 août 1974. Elle y était désignée au titre de l’Union nationale des associations familiales. Elle a été successivement membre de la section de l’adaptation à la recherche technique et de l’information économique, membre et vice-présidente de la section de la modernisation de la distribution et enfin membre de la section de l’industrie et du commerce. Dans le cadre de ces fonctions, elle a présenté quatre rapports sur les Circuits de distribution du lait de consommation (JO n° 1954-23a) ; les Problèmes des dénominations commerciales des produits textiles (JO n° 1958-05a) ; Le marché du riz métropole-outre-mer (JO n° 1958-17a) ; la Lutte contre la pollution atmosphérique (JO n° 1964-12).
  • [12]
    Délégation générale à la promotion sociale : Délégué général : Jacques Decoust ; conseillers techniques : Gilles Baudoin, lieutenant-colonel ; Jacques Brunaud, conseiller référendaire à la Cour des comptes ; Yves Béchade, conseiller référendaire à la Cour des comptes ; René Chatelain, inspecteur de l’Agriculture ; Jean Daoudi, sous-préfet en mission ; Jean-François Larger, auditeur à la Cour des comptes ; Philippe Le Ménestrel, auditeur au Conseil d’État ; Gilbert Rastoin, auditeur à la Cour des comptes ; Bernard Santolini, administrateur civil, Guy Thuillier, auditeur à la Cour des comptes ; Claude Vimont, sous-directeur à l’Institut national d’études démographiques. Chargés de mission : Louis Bense, administrateur des P et T ; Claude Le Roux, administrateur civil ; Etudes et documentation : Mlle Darcel, Mlle Nicolle, Mme Schachtel. Bottin administratif, 1964 (première année où les noms des « dames » apparaissent, nommées ainsi par J. Decoust, selon Claude Le Roux, entretien enregistré du 16 février 2010). Notons que le Bottin administratif ne précise pas leur prénom.
  • [13]
    Françoise Duléry est maître de requêtes au Conseil d’État. Elle est membre du cabinet de Michel Debré, alors ministre de l’Économie et des Finances.
  • [14]
    À la Délégation générale à la formation professionnelle, mise en place à la suite de la loi de 1966 ; elle y restera jusqu’en 1984.
  • [15]
    M. Sineau, Profession : femme politique. Sexe et pouvoir sous la Cinquième République, Paris, Presses de Sciences Po, 2001.
  • [16]
    CAC-AN 800405-11, J. Picard, « L’effort de promotion sociale dans les secteurs féminin et familial », Comité Grégoire, 10 décembre 1962, 5 pages ronéotées.
  • [17]
    Ibid., p. 4.
  • [18]
    Ibid., p. 2-3.
  • [19]
    Ibid., p. 2-3.
  • [20]
    Ibid., p. 5.
  • [21]
    Le taux d’activité féminine est de 39,8 % au recensement de 1962. Cf. S. Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire de leurs métiers au XIXe et XXe siècles, Paris, Odile Jacob, 2002.
  • [22]
    M. Maruani, « L’emploi féminin dans la sociologie du travail : une longue marche à petits pas », in J. Laufer, C. Marry, M. Maruani (dir.), Masculin-Féminin : questions pour les sciences de l’homme, Paris, PUF, 2001.
  • [23]
    Le néologisme est employé dans une note de la Délégation générale à la promotion sociale du 27 avril 1966, L’information des adultes en matière de promotion sociale. CAC-AN, 800405-35.
  • [24]
    G. Thuillier, La promotion sociale, Paris, PUF, 1969, p. 45-46. G. Thuillier, conseiller à la Cour des comptes, avait déjà soulevé la question en avril 1965 dans une note à la DGPS : Problèmes d’action sur le milieu familial, Annexe VI du Rapport Thuillier. Réflexions sur les problèmes de la pédagogie des adultes, Notes introductives au rapport Grégoire, avril 1965, 2 pages, Archives de la DGPS, CAC-AN, 800 405-11.
  • [25]
    CAC-AN 810406-1, DGPS, Bilan des effectifs des auditeurs de promotion sociale en 1965 (chapitre 4, intitulé « Répartition par sexe »), juin 1966.
  • [26]
    CAC-AN 800 405-11, DGPS, Essai d’évaluation des effectifs susceptibles d’être touchés par des institutions de promotion sociale, G. Rastoin, Délégation à la promotion sociale, note du Comité d’étude des structures et des problèmes pédagogiques de la promotion sociale, note ronéotée de 10 pages du 7 février 1963.
  • [27]
    Ibid., p. 1.
  • [28]
    CAC-AN 800406-4, Archives de la DGPS, document ronéoté non signé de 4 pages + 3 pages d’annexe.
  • [29]
    CAP, BP, diplôme FPA, Diplôme d’études supérieures techniques (DEST), Licence ès sciences, diplôme d’ingénieur.
  • [30]
    Le niveau 6 du Plan concerne le personnel occupant des emplois n’exigeant pas de formation allant au-delà de la fin de la scolarité obligatoire ; niveau 5 : CAP ; niveau 4 : Bac ; niveau 3 : fin de premier cycle de l’enseignement supérieur ; niveau 1 et 2 : niveau égal ou supérieur à la Licence et aux diplômes des écoles d’ingénieurs.
  • [31]
    Ce total est faux (il devrait être de 80 140), mais ce sont bien les chiffres qui figurent dans cette annexe.
  • [32]
    M. Guilbert, V. Isambert-Jamati, Travail féminin et travail à domicile, Paris, CNRS, 1956 ; « La femme au travail », Esprit, 1961 ; F. Guélaud-Léridon, Le travail des femmes en France, Paris, PUF, 1964 ; M. Guilbert, Les fonctions des femmes dans l’industrie, Paris-La Haye, Mouton & Co, 1966.
  • [33]
    A.-M. Sohn, « Un nouveau défi : traiter à égalité féminin et masculin, ou de l’histoire des femmes à l’histoire de “tous les garçons et les filles” », Le Mouvement Social, n° 198, janvier-mars 2002, p. 129-150, p. 130.
  • [34]
    CAC-AN 900234-1, Actions de promotion sociale des infirmières et du personnel spécialisé pour l’enfance inadaptée, DGPS, 1963,
  • [35]
    CAC-AN 780670-3, La promotion sociale et les femmes, rapport de 3 pages ronéotées, envoyé le 10 février 1964 par R. Cercelet à Mme Martraire, Inspectrice générale, chargée de mission à l’UNESCO.
  • [36]
    Ce chiffre total n’est pas donné. Il n’est pas facile de comprendre de quel total il s’agit. Chiffres globaux des effectifs des niveaux 1 et 2 ? Ou bien seulement des effectifs des cours mixtes ?
  • [37]
    La promotion sociale et les femmes, Rapport Cercelet, op. cit.
  • [38]
    CAC-AN 800405-4, Archives de la DGPS, La promotion sociale dans le cadre de la politique économique du gouvernement, note de J. Decoust à M. le ministre d’État [Jean-Marcel Jeannneney], 11 p., p. 8-9.
  • [39]
    CAC-AN 810406-1, Archives du Comité de coordination de la promotion sociale, Rapport général au comité de coordination de la promotion sociale, Rapport de la DGPS, présenté en juin 1966.
  • [40]
    J. Martin, « Politique familiale et travail des femmes mariées en France. Perspective historique : 1942-1982 », Population, n° 6, 1998, p. 1119-1155.
  • [41]
    S. Chaperon, Les années Beauvoir (1945-1970), Paris, Fayard, 2000.
  • [42]
    Cf. M.-F. Lévy, « Famille et télévision, 1950-1986 », Réseaux, n° 72-73, 1995, p. 179-193 ; A. Chauveau, « Le voile, le miroir et l’aiguillon. La télévision et les mouvements de société jusque dans les années 1970 », Vingtième siècle, n° 72, 2001, p. 97-108.
  • [43]
    S. Chaperon, Les années Beauvoir…, op. cit.
  • [44]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail : le Comité du travail féminin (1965-1984), Rapport final, février 2007. Accessible en ligne sur www.melissa.ens-cachan.fr/IMG/pdf/rapport_final_CTF/pdf. Résumé dans A. Revillard, « La cause des femmes au ministère du Travail : le Comité du travail féminin (1965-1984) », Revue française des affaires sociales, avril-juin 2007, p. 173-177.
  • [45]
    Loi n° 65-570 du 13 juillet 1965 portant réforme des régimes matrimoniaux.
  • [46]
    Liberté (sans autorisation préalable de leur mari) d’ouvrir un compte en banque, d’exercer un métier, de disposer librement de leurs gains. Cf. C. Omnès, « Les trois temps de l’emploi féminin : réalités et représentations », L’année sociologique, 53, 2003, p. 373-398, p. 393.
  • [47]
    À partir de janvier 1966 il est rattaché au ministère des Affaires sociales. Cf. E. Kocher-Marboeuf, La patricien et le général. Jean-Marcel Jeanneney et Charles de Gaulle, 1958-1969, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2003. Ce comité rejoindra par la suite, en 1969, le ministère du Travail et prendra en 1971 le nom de Comité du travail féminin, d’où l’abréviation (CTF) proposée pour faciliter la lecture.
  • [48]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail, op. cit.
  • [49]
    Ibid., p. 9.
  • [50]
    Ibid., p. 109.
  • [51]
    CAC-AN 860111-1, Archives du CTF (fonds signalé par A. Revillard, 2007, que j’ai pu ainsi facilement retrouver et consulter).
  • [52]
    Article 18 de la loi de 1966.
  • [53]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail, op. cit., p. 110.
  • [54]
    A. Revillard, « Défendre la cause des femmes au ministère du Travail : l’expérience du Comité du travail féminin (1965-1981) », Travail et Emploi, n° 110, avril-juin 2007, p. 91-102 et « L’expertise critique, force d’une institution faible ? Le Comité du travail féminin et la genèse d’une politique d’égalité professionnelle (1965-1983) », Revue française de science politique, mars-avril 2009, p. 279-300.
  • [55]
    P. Benoist, « Michel Debré et la formation professionnelle, 1959-1971 », Histoire de l’éducation, n° 101, 2004, p. 35-66.
  • [56]
    Loi n° 66-892, JO, 4 décembre 1966.
  • [57]
    Voir le témoignage récent de sa collaboratrice F. Duléry, « Une œuvre d’intérêt national : la loi du 3 décembre 1966 d’orientation et de programme sur la formation professionnelle », in É. Bussière (dir.), Michel Debré, un réformateur aux Finances (1966-1968), Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2006.
  • [58]
    Pour un autre aspect de cette loi, cf. M.-E. Chessel et F. Pavis, Le technocrate, le patron et le professeur. Une histoire de l’enseignement supérieur de gestion, Paris, Belin, 2001.
  • [59]
    Loi n° 66-892 du 3 décembre 1966 d’orientation et de programme sur la formation professionnelle, JO, 4 décembre 1966.
  • [60]
    A. Revillard, La cause des femmes au ministère du Travail…, op. cit., p. 110.
  • [61]
    Notamment avec la loi d’orientation n° 68-978 du 12 novembre 1968 sur l’enseignement supérieur (loi Edgar Faure) qui donne mission d’éducation permanente aux universités et la loi de décembre 1968 sur la rémunération des stagiaires.
  • [62]
    CAC-AN 800406-91.
  • [63]
    CAC-AN 800406-14, Archives du Fonds de la Délégation à la formation professionnelle, Document de 10 pages, p. 7.
  • [64]
    Il s’agit de Mmes Euvrard (commissariat au Plan) et Zajde (ministère de l’Industrie).
  • [65]
    CAC-AN 800406-48. Pour la deuxième réunion, participation de Mmes Euvrard (commissariat au Plan), Zajde (ministère de l’Industrie), Mme Mesnil-Grente (Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin) et de MM. Grégoire (président), [Philippe] Agid (Fonction publique), Auge (Agriculture), Chevallier (rapporteur, secrétariat commun), Guyader (secrétariat commun).
  • [66]
    C. Roux, « La reprise du travail professionnel chez la femme mariée », Enquête pour l’UNCAF dans la région parisienne (mars 1968), résultats confidentiels présentés à la réunion du 9 novembre 1967.
  • [67]
    CAC-AN 800406-48. Rapport de 31 pages, p. 30.
  • [68]
    P. Le Brouster, « Le rôle des sessions de formation “travailleuses” dans l’élaboration et la diffusion d’une stratégie syndicale pour les femmes : le cas de la CFDT (1961-1982) », in G. Brucy, F. F. Laot, E. de Lescure (dir.), Former les militants, former les travailleurs, Paris, L’Harmattan, à paraître.
  • [69]
    CAC-AN 860111-2. Archives du Comité d’étude et de liaison des problèmes du travail féminin, Charte de la formation professionnelle adoptée par la Conférence syndicale mondiale sur la formation professionnelle, Turin, 2-4 février 1968, 15 p., p. 10.
  • [70]
    C. Achin & D. Naudier, « Les féminismes en pratiques », in D. Damamme, B. Gobille, F. Mattonti, B. Pudal (dir.), Mai-Juin 1968, Ivry sur Seine, Editions de l’Atelier, 2008, p. 383-399, p. 384. Egalement G. Dreyfus-Armand, R. Frank, M.-F. Lévy, M. Zancarini-Fournel (dir.), Les années 1968. Le temps de la contestation, Paris- Bruxelles, Institut d’histoire du temps présent-Complexe, 2000 ; M. Zancarini-Fournel, Le moment 68, une histoire contestée, Paris, Le Seuil, 2008 ; P. Artières, M. Zancarini-Fournel (dir.), 68, une histoire collective (1962-1981), Paris, La Découverte, 2008.
  • [71]
    « La formation professionnelle féminine… », rapport cité, p. 28 (tiré de l’étude de Claude Roux).
  • [72]
    CAC-AN 800406-48, Propositions présentées à la suite du rapport sur la « formation professionnelle féminine », Réunion du 14 février 1969, note de 2 pages.
  • [73]
    CAC-AN 800406-48, « Conclusions et recommandations contenues dans le rapport établi au nom du groupe de travail « Formation professionnelle féminine » », 4 novembre 1968, note de 5 pages.
  • [74]
    P. Fritsch, C. de Montlibert, R. Vorobieff, État de la formation professionnelle continue en France, Rapport de l’équipe de sociologie de l’éducation des adultes, décembre 1971, INFA, 1971, 123 p., non publié.
  • [75]
    Archives du Centre universitaire de coopération économique et sociale et de l’Institut national de la formation des adultes, archives privées d’anciens cadres, chercheurs ou formateurs de ces institutions rassemblées en vue de faire l’histoire de ces institutions. Cf. F. F. Laot, La formation des adultes. Histoire d’une utopie en acte, le Complexe de Nancy, Paris, L’Harmattan, 1999.
  • [76]
    Circulaire du 16 octobre 1968.
  • [77]
    Loi n° 71-575 du 16 juillet 1971, JO, 17 juillet 1971. Cette loi, préparée par Jacques Delors, oblige les employeurs à financer les actions de formation et ouvre à deux accès différenciés à la formation, le plan de formation de l’entreprise et le congé individuel de formation.
  • [78]
    Association d’étude pour l’expansion de la recherche scientifique, Vie active et formation universitaire. Actes du colloque d’Orléans, novembre 1970, Paris, Dunod, 1972, p. 109-110.
  • [79]
    Sociologue, co-fondatrice du Planning familial. Elle jouera par la suite un rôle important dans la formation des femmes reprenant un emploi après d’une interruption à la suite d’une maternité, à travers la création de l’organisme Retravailler.
  • [80]
    M. Praderie, R. Salais & M. Passagez, « Une enquête sur la formation et la qualification des Français (1964) : la mobilité sociale en France, liaison entre la formation reçue et l’activité professionnelle », Etudes et conjoncture, n° 22 (2), février 1967, p. 3-109 ; P. Fritsch, Les élèves des Instituts de promotion supérieure du travail : étude sociologique, Nancy, INFA, 1970 ; C. de Montlibert, « Promotion et reclassement. Les élèves d’un centre d’enseignement par cours du soir à la recherche d’une promotion par un diplôme », Revue Française de sociologie, IX, n° spécial, 1968, p. 208-217 ; C. de Montlibert, « Le public de la formation des adultes », Revue Française de sociologie, XIV, 1973, p. 529-545.
  • [81]
    Ph. Fritsch et alii, État de la formation professionnelle continue en France, op. cit.
  • [82]
    A. Chenu, « Itinéraires professionnels d’ouvriers et d’employés (1968-1990) », in C. Dubar & Ch. Gadéa (dir.). La promotion sociale en France, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1999, p. 199-212.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.171

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions