Couverture de LMJ_217

Article de revue

La participation des Juifs à la libération du territoire

Pages 229 à 296

Introduction

1Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquaient en Normandie, amorçant la reconquête de la France sur l’occupant nazi et leurs supplétifs français de Vichy.

2Pour les Juifs de France, comme pour bon nombre de Français, la lutte avait commencé dès septembre 1939.

3Ainsi, si les Juifs français répondirent massivement à la mobilisation, près de 160 000 Juifs réfugiés sur le sol français s’enrôlèrent dans la légion étrangère, dans l’armée polonaise de France, dans les régiments de volontaires étrangers et dans les régiments étrangers d’infanterie.

4Puis, dès la signature de l’armistice, les Juifs de France furent parmi les premiers à répondre à l’appel du général de Gaulle, à rejoindre ou à créer les premiers noyaux de Résistance intérieure.

5Leur engagement a été particulièrement varié, à l’image de la diversité des courants qui animaient le judaïsme français d’avant-guerre.

6Autour du général de Gaulle, dans les bataillons de la France Libre, sous l’étendard bleu et blanc de l’OJC ou dans les rangs de la MOI, ils devinrent des résistants par nécessité, par sens du devoir, et par soif de liberté.

7Résistance juive ou résistance des Juifs, se consacrant au sauvetage ou combattant l’oppresseur, ils participèrent avec courage à la libération du territoire français, au grand dam de ceux qui véhiculent le mythe d’une certaine passivité juive.

8A travers cette exposition, sans minorer ou exagérer le rôle joué parles Juifs de France, le CDJC a souhaité rendre un hommage à celles et ceux qui, ont risqué voire payé de leur vie, cette liberté que nous connaissons aujourd’hui.

Franc-Tireur

Jean-Pierre Levy

9D’origine israélite, né le 28 mai 1911 à Strasbourg, où son père était négociant. Il poursuit des études à l’Institut d’Enseignement commercial de Strasbourg avant de travailler comme agent commercial puis représentant dans une entreprise de filatures.

10Il entre dans la Résistance à Lyon en septembre 1940 et participe aux activités du groupe “France-Liberté” dès janvier 1941. Il recrute alors parmi les Alsaciens-Lorrains chassés de leur département et les réprouvés (les Francs Maçons et les Juifs), réfugiés en zone libre.

11Co-fondateur du mouvement “Franc-Tireur”, il en devient le chef national. Bientôt, la publication “Franc-Tireur” est diffusée régulièrement tous les mois, passant de 5 000 exemplaires en novembre 1941 à 150 000 en août 1944.

12Il organise le Mouvement en service de renseignements et service de parachutage. Il crée des Groupes Francs et initie l’organisation paramilitaire des premiers maquis tout en maintenant les contacts avec les représentants de la France Libre et les agents britanniques.

En février 1943, il participe à la création du M.U.R. avec “Combat” et “Libération”. D’avril à juillet 1943, il est en mission à Londres sur convocation du Général de Gaulle. Après deux arrestations qui n’eurent pas de suite, il est arrêté une troisième fois le 16 octobre 1943 à Paris et incarcéré à la prison de la Santé pendant huit mois. Il est libéré par les Groupes Francs des M.U.R. durant son transfert à Fresnes. Il reprend alors ses activités jusqu’à la Libération, notamment au sein du Conseil National de la Résistance (CNR).

En février 1943, il participe à la création du M.U.R. avec “Combat” et “Libération”. D’avril à juillet 1943, il est en mission à Londres sur convocation du Général de Gaulle. Après deux arrestations qui n’eurent pas de suite, il est arrêté une troisième fois le 16 octobre 1943 à Paris et incarcéré à la prison de la Santé pendant huit mois. Il est libéré par les Groupes Francs des M.U.R. durant son transfert à Fresnes. Il reprend alors ses activités jusqu’à la Libération, notamment au sein du Conseil National de la Résistance (CNR).

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Georges ALTMAN

Georges ALTMAN

Journaliste au Progrès de Lyon, il participe à la création de Franc-Tireur en décembre 1941 puis, en devient le rédacteur en chef. En novembre 1941, Il rejoint le Comité directeur du Front national en zone sud.
Appartenant à l’équipe dirigeante de Franc-Tireur, il participe également à la création de la Fédération de la presse clandestine en décembre 1943.
Emprisonné durant l’été 1944, libéré le 18 août 1944, il rédige en partie le premier numéro du Franc-Tireur libre.

14RESPONSABLES REGIONAUX

15Marc GERSCHEL :

16Responsable Franc-Tireur pour le Puy-de-Dôme à Clermont-Ferrand.

17Professeur Robert WAITZ :

18chef régional de Franc-Tireur pour l’Auvergne, déporté à Auschwitz, il survivra.

19Marc BLOCH

20AGENTS DE LIAISON

21Denise JACOB

22Nicole CLARENCE

23Gilles LEVY De SOUZA Dit CHAMBREY

24Chef de liaison de la zone sud, exécuté par les Allemands à Lyon, en 1944, à l’âge de 22 ans.

MARC-BLOCH

25Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, Marc Bloch, historien de la Féodalité, enseigne l’histoire économique à la Sorbonne. Révoqué de l’Université après le statut des Juifs, il parvient à obtenir une dérogation lui permettant d’enseigner à la Faculté de Montpellier. Cette faveur du ministère de l’Education nationale ne modifie en rien son hostilité au régime de Vichy.

26Athée et attaché aux valeurs de la laïcité, Marc Bloch ne désavoue pas son ascendance juive. En tant que Français israélite, il condamne sévèrement la création de l’UGIF qui porte atteinte à l’unité nationale française et qui, à ses yeux, risque de renforcer l’isolement des israélites de France.

27Début 1942, Marc Bloch est avec Benjamin Crémieux et Georges Friedmann à l’initiative d’une condamnation ferme de l’UGIF contresignée par 29 intellectuels Juifs. Le texte sera envoyé à Londres par le groupe Combat de Toulouse.

28Après l’invasion de la zone sud, fin 1942, Marc Bloch passe dans la clandestinité.

29A la même période, il est introduit par Maurice Pessis, jeune étudiant juif, au sein du mouvement Franc-Tireur. Agé de 55 ans, muni d’une canne et d’une serviette, Marc Bloch se met sous les ordres de jeunes étudiants. Finalement, Marc Bloch va s’occuper sous le pseudonyme d’Arpagon de Chevreuse, puis de Narbonne, de l’organisation de la Résistance. Et, il devient ainsi, délégué Franc-Tireur au Directoire des M.U.R. (Mouvements unis de la Résistance).

30Il voyage un peu partout en France afin d’établir des contacts avec d’autres résistants. Il réfléchit à l’éducation et rédige notamment pour le Comité Général des Etudes, le numéro trois des Cahiers Politiques consacré à la réforme de l’enseignement après-guerre, publié clandestinement en 1943.

31Arrêté au printemps 1944 par la Gestapo avec d’autres dirigeants des M.U.R., Marc Bloch est emprisonné et torturé à la prison de Montluc. Le 16 juin 1944, il est fusillé avec d’autres résistants, à Saint-Didier de Formans (Ain), près de Lyon.

32Marc Bloch tombe sous les balles du peloton en criant : “Vive la France !”.

LE SOE

33A l’initiative de Winston Churchill, les services secrets britanniques créent le SOE (Special Operation Executive) avec un ensemble de réseaux de renseignements et d’actions. Les agents du SOE doivent organiser, entraîner et approvisionner de petits groupes de ressortissants français agissant sur place.

34La section F, composée de Français, était dirigée par le colonel Maurice Buckmaster.

Adolphe RABINOVITCH dit ALEC alias ARNAUD

35Né à Moscou en 1908, Adolphe Rabinovitch, poursuit ses études universitaires à Paris et s’installe aux Etats-Unis. En 1939, il s’engage dans la Légion étrangère et en 1940, son régiment est fait prisonnier. Après quatre mois de captivité, il s’échappe pour gagner Londres.

36Début 1942, il est versé dans la Section F des SOE. Blessé au cours d’un parachutage dans la région de Grenoble, en septembre 1942, il devient opérateur-radio détaché auprès du Maréchal de Lattre. Après avoir effectué diverses missions et échappé à plusieurs arrestations, il regagne Londres.

37Parachuté une seconde fois en France, il atterrit, le 2 mars 1944, sur un terrain contrôlé par les Allemands. Déporté, il est exécuté à Ranicez, en Pologne.

Marcus BLOOM alias MICHEL alias URBAIN

38Né en 1918 en Angleterre, mais installé à Paris, il s’engage dans le SOE comme lieutenant radio-saboteur.

39Il est arrêté le 15 avril 1943 au Château de Fonsorbes (Haute-Garonne). Détenu à la prison de Furgole, à Toulouse puis à Fresnes, il est déporté à Mathausen où il sera exécuté.

HAIM Victor Guerson

40Homme d’affaires d’origine anglaise, Haim Victor Guerson réside à Paris. Pendant la drôle de guerre, il est agent de liaison entre l’armée anglaise et française.

41L’Intelligence Service le maintient en France au moment de la débâcle afin d’établir un réseau d’évasion vers l’Espagne et l’Angleterre évacuant des militaires britanniques évadés et des volontaires français.

42Par la suite, Vic Guerson retourne à Londres où il effectue un stage de parachutiste et devient le chef de la plus importante filière d’évasion du SOE. Il est reçu en octobre 1941, sur le sol français par Max Hymans et organise le réseau Vic grâce à l’aide de collaborateurs français tels que Pierre-Bloch et sa femme. Lucien Rachline et Bleustein-Blanchet.

43Vic Guerson multiplie les voyages aller-retour Paris-Londres, en dépit des risques d’arrestations. En juillet, il organise avec Lucien Rachet, l’évasion de détenus de la prison de Mauzac (Dordogne) où sont incarcérés six officiers anglais du SOE et Pierre-Bloch.

44Vic Guerson organise en outre le départ d’un certain nombre d’hommes politiques français voulant rejoindre Londres, tel Félix Gouin, le futur président de l’Assemblée consultative.

Lucien RACHET (Lazare Rachline) “SOCRATE”

45Né le 25 décembre 1905 en Russie, Lazare Rachline s’installe très tôt en France où il devient ingénieur des Arts et Métiers industriels. Fondateur de la LICRA aux côtés de Bernard Lecache, il demande à partir au Front, en août 1939, dès le début de la guerre. Prisonnier, il s’évade en avril 1941 et rejoint sa famille en zone sud.

46Vic Guerson, agent de liaison de la section D.F. du SOE, débarque en France en septembre 1942. Il monte la filière Vic avec l’aide de Lucien Rachline qui devient rapidement son adjoint.

47Ce dernier, organise en juillet 1942, l’évasion de Pierre Bloch et des hommes du SOE arrêtés avec lui, en octobre 1941.

48Condamné à mort, Rachline reçoit l’ordre de gagner Londres où il parvient après avoir été interné en Espagne.

49En avril 1944, Lucien Rachet arrivé à Alger se voit confier la mission “Clé” définie par le général de Gaulle lui-même.

50Envoyé du COMIDAC d’Alger en France, accompagné du colonel Ely qui agit sous sa responsabilité, il a en charge une tâche délicate, civile et militaire, visant à mettre en place les structures politiques décidées par le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) ainsi que la coordination des actions de la Résistance en vue du débarquement.

51Au lendemain de la Libération, Rachline est nommé Commissaire de la République chargé de l’épuration et de la sécurité nationale au ministère de l’Intérieur.

Lazare RACHLINE au centre.

Lazare RACHLINE au centre.

LE RÉSEAU DU MUSÉE DE L’HOMME

52Dès juin 1940, au sein du Musée de l’Homme, l’ethnologue Boris Vildé et le chef du département de Technologie, Anatole Lewitzky créent le premier noyau de résistance en zone nord.

53Ce réseau regroupe des professeurs, des écrivains, des avocats, tels que le socialiste Léon-Maurice Nordmann, Juif originaire d’Alsace-Lorraine.

54Le réseau s’étend en province avec Georges Zerapha à Marseille, Georges Friedman en zone sud. L’action est tout azimut : recrutement, propagande, renseignement, évasions.

55Se préoccupant d’abord d’aider les prisonniers évadés et de leur faciliter le passage en zone libre, ce réseau s’efforce également de trouver le contact avec la France libre et les services secrets britanniques.

56Grâce à l’aide de Jean Cassou, de Marcel Abraham et de Claude Aveline, ils lancent le journal Résistance en décembre 1941.

57Mais, le groupe est infiltré et démantelé par les Allemands.

58L’avocat Léon-Maurice Nordmann est arrêté dans la nuit du 13 au 14 janvier 1941 et exécuté le 25 février 1942.

Georges ZERAPHA

59Après avoir été le représentant à Marseille du réseau du Musée de l’Homme, il jette les bases de l’organisation politique de Libération dès 1941.

60Fin 1943, il vint à Londres et retourne en mission en France dès juillet 1944 pour créer un réseau de renseignement militaire.

Marcel ABRAHAM

61Marcel Abraham, ancien directeur de cabinet du ministre Jean Zay, est relevé de ses fonctions d’Inspecteur d’Académie, le 1er octobre 1940. Il s’engage dans le réseau du Musée de l’Homme puis, dès 1941, s’établit à Toulouse.

62Il est un des fondateurs du mouvement Franc-Tireur dans le Var et est un des animateurs de la Résistance dans le Sud-Ouest.

63A la Libération, il est nommé directeur du cabinet du Commissaire de la République de Toulouse.

LIBÉRATION

Raymond SAMUEL-AUBRAC

64Issue d’une famille juive aux ancêtres polonais, Raymond Samuel est ingénieur des Ponts et Chaussées. En 1939, il effectue son service militaire comme sous-lieutenant du Génie à Strasbourg. En décembre 1939, il épouse Lucie, jeune agrégée d’Histoire.

65Fait prisonnier avec son unité, en juin 1940, Raymond Samuel, s’évade de l’hôpital de Sarrebourg grâce à la complicité de sa femme. Le couple s’installe alors à Lyon à l’automne 1941.

66Ils sont parmi les organisateurs du mouvement Libération. Raymond dit Balmont, puis Aubrac devient responsable de l’action militaire pour le mouvement Libération Sud. Il organise un noyau de l’Armée Secrète en coordination avec son chef le général Delestraint.

67Le 15 mars 1943, l’arrestation d’un agent de liaison provoque celle d’Aubrac. Incarcéré à la prison Saint Paul à Lyon, avec deux de ses adjoints, Valrimont et Ravanel, il est libéré après que sa femme ait menacé le procureur de représailles. Il participe aux discussions pour la création des M.U.R. en juin 1943, avec Jean Moulin. Il est arrêté à Caluire, le 21 juin 1943, en même temps que Jean Moulin, lors de la réunion qui devait amener la désignation du successeur du chef de l’A.S., le général Delestraint, lui-même appréhendé par la Gestapo. Incarcéré sous le nom de Claude Hermelin, il s’évade grâce à une action du groupe Franc de Libération mise au point par son épouse. Après un passage à Londres et à Alger, il est nommé en août 1944 Commissaire de la République à Marseille.

BRUNSCHWIG dit Bordier

68Libération Nord est fondée par Brunschwig-Bordier et Cavaillès puis rattaché au Mouve-ment de Libération Nationale en mars 1943. Brunschwig, après un voyage à Londres en octobre 1943, retourne en France début 1944 et dirige le Mouvement jusqu’à son arrestation en avril 1944. Il est déporté à Buchenwald d’où il revient n’étant pas découvert comme Juif.

Albert KOHAN

69Albert Kohan participe à la création du mouvement Libération, début 1941, pour lequel il fait de la prospection en zone sud. Par la suite, il organise un réseau de renseignements au sein de la Résistance (réseau Nestlé).

70Puis, il gagne Londres où il effectue un stage de parachutiste alors qu’il est âgé de 64 ans. Effectuant sans cesse des voyages entre la France et Londres, en septembre 1943, son avion s’écrase en atterrissant. Dans le même vol, un autre Juif Tayar alias “Caseneuve” spécialiste de la transmission et fondateur du réseau lyonnais Electron, trouve la mort.

LA SFIO CLANDESTINE

Daniel MAYER

71Né à Paris, le 29 avril 1909, il est à partir de 1933, journaliste. Militant de la Ligue des droits de l’homme et de la SFIO, il tient, pendant six ans, la rubrique sociale dans le Populaire, organe central du Parti socialiste.

72Mobilisé dans le service auxiliaire en août 1939, Daniel Mayer combat dans les Ardennes. Après sa démobilisation, il gagne la zone sud où il rencontre Léon Blum à Toulouse qui lui demande de rester en France.

73Fin octobre 1940, il se lance avec l’aide de sa femme Cletta dans la reconstitution du Parti socialiste. Il frappe les premiers exemplaires du Populaire clandestin en zone sud.

74Il assume également la liaison entre le parti et Léon Blum emprisonné à Bourassol en novembre 1940. C’est d’ailleurs, au cours d’une visite à Léon Blum, qu’est décidée la création du Comité d’Action Socialiste, en décembre 1940.

75Secrétaire général du Parti socialiste clandestin, il est aussi, rédacteur en chef du Populaire clandestin et à l’origine de nombreux tracts.

76En avril-mai 1943, il gagne Londres où il prend contact avec le général de Gaulle et les socialistes français réunis autour de Marthe et Louis Levy dans le groupe Jean Jaurès.

77Daniel Mayer multiplie ses interventions pour que le Parti socialiste clandestin se range résolument derrière de Gaulle.

78En juin 1944, il est à Paris et paye de sa personne durant les journées insurrectionnelles à la préfecture de Police, sur les barricades du Ve arrondissement. Puis, Daniel Mayer siège au Conseil National de la Résistance où il représente le Parti socialiste.

79Tout au long de la guerre, Daniel Mayer a maintenu les contacts avec des organisations juives telles que le Bund après avoir travaillé à Marseille pour les œuvres juives.

Gaston LEVY

80Né en 1882, militant socialiste et syndicaliste de longue date, Gaston Levy bascule dans la clandestinité dès l’armistice. Il coordonne les activités de résistance à Saint-Amand (Cher) diffusant entre autre la presse clandestine.

81Au début de l’été 1942, Gaston Levy est approché par des agents de l’Intelligence Service pour l’organisation de parachutages.

82Ainsi, dès octobre 1942, Gastons Levy organise la réception et le départ des avions qui deviennent fréquents dans la région. Refusant de quitter la France, il multiplie son activité prodiguant également de l’aide à la population juive.

83Cependant, dénoncé par un milicien, il est arrêté par la Gestapo le 23 juillet 1944 et jeté vivant avec une trentaine d’autre Juifs, dans les puits de Guerry (Cher).

André WEIL-CURIEL ALIAS DUBOIS

84Né en 1910 à Paris, André Weil-Curiel, avocat à la Cour de Paris, est un militant de la gauche socialiste. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier et s’évade. Servant comme agent de liaison auprès de l’armée britannique, il est ramené en Angleterre après Dunkerque.

85Dès l’Appel du 18 juin, il se rallie au général de Gaulle. Le chef de cabinet du général, le lieutenant Hettier de Boislambert, lui confie la mission de dénombrer, recruter et organiser en France, les Français favorables au général. Weil-Curiel rentre donc en France en août 1940. Il parcourt le pays, rencontrant des personnes d’horizons politiques différents, afin de les rassembler et de les orienter vers la France libre.

86Le 12 mars 1941, Weil-Curiel est arrêté à Toulouse par les SS.

87Dans ses souvenirs, il se définit comme un agent du Gaullisme au sein de la Gestapo. Il regagne Londres en décembre 1941 pour d’autres missions.

Jean-Maurice HERMAN

88Responsable pour la Région lyonnaise du groupe Brutus, il est arrêté en 1943 avec Brutus, responsable de ce réseau et torturé par la Gestapo.

BENJAMIN CRÉMIEUX

89Détaché par le ministère de l’Instruction de 1920 à fin 1940 au service de la presse étrangère du Quai d’Orsay, Benjamin Crémieux se rend en Suisse au début 1941 pour une série de conférences à Lausanne et à Genève sur l’histoire de la NRF dont il est membre depuis 1920.

90A l’issue de cette série de conférences, Benjamin Crémieux choisit de rentrer en France au lieu d’émigrer en Amérique car la terre de France “lui colle aux pieds”.

91A la mi-1941 il retourne dans sa ville natale de Narbonne, puis s’installe en mars 1942 à Toulouse. Il y établit des contacts avec la Résistance locale, et quelques semaines plus tard, cosigne avec Marc Bloch un projet de protestation contre l’UGIF.

92A partir de juillet 1942, il entre dans la clandestinité. Son fils, Francis Crémieux, l’a mis en contact avec le mouvement Combat. Sa première mission consiste à monter un service d’espionnage à Vichy, où il a beaucoup de connaissances. Il est très vite repéré par la police et un mandat d’arrêt est lancé contre lui. Il se rend alors à Marseille où, sous une nouvelle apparence (il se rase la barbe) et une nouvelle identité (M. Lamy) il dirige le NAP (Noyautage des Administrations Publiques créé fin 1942) et le service de renseignements de Combat.

93Arrêté par les Allemands à Marseille, en avril 1943, il est interné et torturé pendant un mois à la prison Saint-Pierre à Marseille, puis transféré en tant que résistant à la prison de Fresnes. Considéré alors comme juif, il est transféré à Drancy et déporté individuellement de Compiègne à Buchenwald, le 23 janvier 1944, où il meurt le 14 avril 1944.

LÉO HAMON

94Né à Paris en 1908 de parents d’origine Russe, Léo Goldenberg est avocat à la Cour d’Appel de Paris.

95Mobilisé en 1939, ses origines et ses options politiques l’empêchent de gagner la zone de Front.

96L’armistice le transporte à Toulouse où il reprend contact avec les socialistes toulousains autour d’une librairie tenue par un antifasciste italien : Sylvio Trentin.

97Léo Goldenberg devenu Hamon s’engage alors à Combat et devient l’un des responsables du journal Combat-Languedoc puis de la branche Action ouvrière du mouvement Combat pour la région toulousaine.

98Au début de l’année 1943, il s’établit à Paris où il œuvre essentiellement au sein du Comité d’action contre la déportation. A ce titre, il dirige un commando qui, en février 1944, détruit au ministère du Travail le fichier central du STO comprenant les 200 000 noms des jeunes Français, susceptibles d’être appelés au travail obligatoire.

99Devenu responsable du mouvement, Ceux de la Résistance, il siège à ce titre au CPL (Comité parisien de Libération) dont il est le vice-président. Il joue un rôle important lors de l’insurrection de Paris, dirigeant notamment l’occupation de l’Hôtel de Ville et il est l’un des négociateurs de la trêve des combats dans la capitale.

100Tout au long de la guerre, Léo Hamon garde le contact avec les organisations juives et plus particulièrement avec Marc Jarblum, un sioniste socialiste, président de la Fédération des Sociétés Juives de France (FSJF). En 1941, Hamon accepte de réaliser, au profit de ce dernier, une enquête sur la communauté juive parisienne, rencontrant les responsables de la communauté tout en profitant de l’occasion pour s’entretenir avec les principaux responsables de la Résistance.

JEAN ROSENTHAL (Capitaine)

101Né le 5 septembre 1906 à Paris, Jean Rosenthal fait des études de droit avant de se lancer dans la joaillerie.

102Mobilisé en septembre 1939, il est affecté à la 8e Escadre aérienne puis démobilisé en juillet 1940. Ayant entendu l’appel du général de Gaulle, il décide de rejoindre la Résistance dès le mois de septembre 1940. Traqué par la Gestapo, il quitte la France par l’Espagne ; arrêté, incarcéré à la prison de Pampelune, il réussit à rallier Londres en janvier 1943. Il rejoint Tripoli et les forces du général Leclerc, le 25 mars 1943 ; lieutenant au 501e régiment de chars de combat, il est grièvement blessé à Ghadames en Tripolitaine et évacué sur Londres en juillet 1943.

103Dès son rétablissement, le 1er septembre 1943, il est incorporé au Bureau Central de Renseignements et d’Actions mais, il préfère se porter volontaire pour une mission en France occupée. Le 9 septembre 1943, il est parachuté au carrefour des départements du Rhône, de l’Ain et de la Saône-et-Loire. La mission Musc est composée de deux hommes : le colonel britannique Richard Heslop sous le pseudonyme de Xavier et le capitaine Jean Rosenthal sous le nom de Cantinier. Leur mission est d’évaluer la situation des maquis de Haute-Savoie.

104Revenu à Londres pour rendre compte, Cantinier se voit confier une seconde mission. Il est désormais délégué de la France libre et est à nouveau parachuté dans la nuit du 18 au 19 octobre dans le Jura. Il s’installe en Haute-Savoie dans la clandestinité et mène début 1944, en liaison avec les chefs des différents maquis, des missions périlleuses, notamment la délicate opération de sabotage des usines de roulements à bille Schmidt-Ross, à Annecy.

105Le 3 mai 1944, il retourne à Londres pour prendre des instructions et repart aussitôt pour annoncer à la résistance d’Annecy, l’imminence du débarquement allié. Il participe à la défense du plateau des Glières ; après l’ordre de repli donné au maquis le 26 mars 1944, Cantinier s’atèle à préparer la libération de la Haute-Savoie. En août 1944, sous sa direction, les maquisards de Haute-Savoie libèrent le département, capturent 3 000 prisonniers et un important matériel de guerre ; le 19 août 1944, il reçoit à la préfecture de Haute-Savoie, en compagnie du chef régional FFI Niziez, la capitulation des forces allemandes commandées par le général Oberg.

106En octobre 1944, il est muté à la Direction générale des Etudes et Recherches à Paris puis il se porte volontaire pour servir en Extrême-Orient ; il part de Londres en avril 1945 pour Calcutta où il est l’adjoint du Chef de base ; il prépare les parachutages et obtient des équipes de parachutistes de brillants résultats. Il rentre définitivement en mars 1946 et est démobilisé deux mois plus tard.

MARCEL BLEUSTEIN-BLANCHET

107Membre du réseau Vic, officier des Forces Aériennes Françaises Libres, chef des services de presse du général Koenig.

108Il participe également comme volontaire aux opérations de libération des poches de l’Atlantique où, il effectue quatorze missions en qualité de pilote d’avion d’accompagnement d’infanterie.

Marcel BLEUSTEIN-BLANCHET aux commandes d’un avion de I’U.S. ARMY.

Marcel BLEUSTEIN-BLANCHET aux commandes d’un avion de I’U.S. ARMY.

FRANÇOIS JACOB

109Né le 17 juin 1920 à Nancy, François Jacob entame des études à la faculté de Médecine de Paris avec l’intention de devenir chirurgien. Il se trouve encore étudiant lorsque la guerre éclate. Il passe en Angleterre en juin 1940 et s’engage dans les Forces Françaises Libres à Londres, le 1er juillet 1940. Il fait partie de l’expédition de Dakar et participe à la fin de la campagne du Gabon en novembre 1940. Affecté au régiment de Tirailleurs sénégalais du Tchad, il sert dans différents postes tchadiens en qualité de médecin-chef de la 12e compagnie du 1er régiment de Tirailleurs sénégalais du Tchad, avec un dévouement constant.

110Il participe aux campagnes du Fezzan, de Tripolitaine et de Tunisie, se distinguant par son courage. Ainsi, à maintes reprises, il se poste en première ligne et en ramène des blessés sous le feu de l’ennemi. Blessé lui-même, le 10 mai 1943 au Djebel Garci, il n’accepte de quitter la ligne de feu que le 11 au matin, après s’être assuré de l’imminence de son remplacement par un autre officier de Santé. Huit jours après le débarquement en France, il est grièvement blessé à Mortain, par une grenade aérienne, en relevant des blessés. Evacué sur Cherbourg, puis sur Paris, il est nommé médecin-lieutenant à titre exceptionnel le 10 novembre 1944.

LAZARE PYTOKOWICZ alias “Petit Louis” et “Louis Picot”

111Il est né le 29 février 1928 à Paris. Au moment de l’armistice, Lazare Pytkowicz a douze ans. Très vite, il aide son frère aîné à la distribution de tracts et de petits journaux anti-allemands.

112Au printemps 1942, son frère et une de ses sœurs sont arrêtés et condamnés à la prison à vie par un tribunal militaire allemand. Lazare Pytkowicz est lui, arrêté, le 16 juillet 1942 lors de la rafle du Vel’d’Hiv avec le reste de sa famille. Profitant d’une bousculade, il parvient à s’échapper et grâce à des faux papiers, il rejoint la zone dite libre. Il s’engage à Lyon dans la Résistance et devient agent de liaison des Groupes Francs du Mouvement de Libération Nationale.

113Le 24 octobre 1943, il est arrêté par la Gestapo de Lyon. Interrogé, il réussit à s’échapper et reprend son activité dans la Résistance.

114Il est ensuite envoyé à Paris, comme agent de liaison mais, le 27 janvier 1944, il est arrêté une troisième fois par la Milice dans le cadre des arrestations concernant le complot contre Darnand. Il est transféré successivement à Lyon, Vichy et Moulins.

115En juillet 1944, les Allemands, devant l’avance rapide des Alliés, décident de transférer les prisonniers de Moulins à Paris avant de les déporter en Allemagne. A la gare, au moment de sa déportation, il parvient une nouvelle fois à s’échapper en se noyant dans le flot des voyageurs.

116Ses parents et sa sœur ont été assassinés à Auschwitz.

ANDRÉ LICHTWITZ

117Né le 31 octobre 1899 au Bouscat (Gironde), André Lichtwitz réussit ses études de médecine et exerce à l’hôpital Lariboisière (Paris).

118Mobilisé en avril 1918 au 4e R.A.L., il demande à servir au front et s’illustre par des actes courageux dans le 85e régiment d’infanterie.

119Démobilisé au moment de l’armistice, il décide de s’engager dans la Résistance.

120En 1941, il s’évade par l’Espagne où il est emprisonné pendant trois mois. Parvenu à Londres, il s’engage dans les Forces Françaises Libres en février 1942 avant de rejoindre la Libye où l’envoie le général de Gaulle.

121Nommé médecin-commandant, il prend part en 1943 à la campagne de Tunisie puis à celle d’Italie où il débarque le 27 avril 1944. Toujours volontaire pour les missions dangereuses, il est chargé le 11 mai, de faire la liaison entre l’Infanterie française et les chars américains lors de la percée du Garigliano. Blessé plusieurs fois, André Lichtwitz continue le combat.

122Le 16 août 1944, il débarque en Provence puis participe à la campagne d’Alsace et est promu médecin-lieutenant-colonel.

123C’est en grande partie grâce à l’action d’André Lichtwitz et de ses hommes dirigée vers les Alpes, que les Forces françaises doivent la prise du massif de l’Authion et la libération des derniers territoires de la région.

124Dès la fin de la guerre, le Docteur Lichtwitz est envoyé par le Gouvernement provisoire aux Etats-Unis pour y accomplir une mission d’information médicale. De retour en France, il quitte l’enseignement clinique pour la recherche tout en devenant le médecin personnel du général de Gaulle.

JEAN GUEDJ Alias MAURICE

125Né le 8 juin 1913 à Sousse (Tunisie), Jean Guedj est avocat. La guerre déclarée, il rejoint comme soldat de deuxième classe, le 2e régiment de zouaves, à Meknès. En juin 1940, il est sergent. Mais, il n’accepte pas l’armistice et s’enfuit de Tanger, il arrive en Angleterre le 6 septembre 1940. Incorporé, au début d’octobre, aux Forces Aérienne Françaises Libres, il est promu aspirant. (Il était déjà détenteur d’un brevet de pilote).

126Après une période d’entraînement et de perfectionnement dans différentes écoles de la RAF, il est détaché dans un squadron britannique, en février 1942, un des meilleurs groupes de la RAF où, il réalise une série d’opérations de la Norvège à Maltye, attaquant des navires ennemis ou des chasseurs allemands.

127Dans ses différentes missions, Jean Guedj s’illustre par sa volonté d’en découdre, collectionnant les médailles. Sa popularité dans son squadron est à la mesure de son courage.

128Durant la période du D-DAY, son groupe effectue un travail considérable avec trois sorties par jour et parfois huit heures de rase-mottes.

129Le 15 janvier 1945, Jean Guedj attaque un convoi de navires ennemi sur les côtes de Norvège et, après plusieurs assauts, son avion est abattu.

JOSEPH KESSEL

130En 1941, Joseph Kessel entre dans la clandestinité en raison de ses origines juives. Ancien combattant de la guerre 14-18, il est déjà un écrivain célèbre.

131De passage à Alger en 1943, il publie L’Armée des ombres, roman sur la Résistance. Il y découvre le gaullisme auquel il adhère.

132En août 1943, Joseph Kessel écrit avec Maurice Druon, Le chant des partisans qui, régulièrement diffusé à la BBC, devient le signe de ralliement des résistants. Mais Kessel veut aller plus loin et en dépit de ses 45 ans, il réussit in extremis, à arracher aux Britanniques l’autorisation de voler à nouveau.

133Grâce à l’appui du colonel Rémy, il survole la France une nuit sur deux, chargé de recueillir par radio, des informations transmises par la Résistance sur un Mitchell piloté par les Anglais.

ROMAIN GARY

Romain GARY avec son coéquipier Arnaud LANGER.

Romain GARY avec son coéquipier Arnaud LANGER.

134Roman Kacew, naît le 8 mai 1914, à Vilnius en Russie (Lituanie), de parents comédiens. Il vit à Moscou puis, à Varsovie et ensuite à Vilnius.

135A la fin des années vingt, il suit sa mère, actrice au Théâtre-Français de Moscou, à Nice où il entreprend des études de Droit.

136Naturalisé français, sous le nom de Romain Gary, il effectue son service militaire dans l’aviation.

137En juin 1940, il se trouve à Bordeaux-Mérignac et décide de rallier les Forces Françaises libres, à Londres, en passant par l’Afrique du Nord.

138Dès son arrivée, il demande à servir dans une unité combattante. Affecté au Moyen-Orient, il sert en Libye, à Koufra notamment en février 1941, puis en Abyssinie et en Syrie. Il contracte le typhus et, presque mourant, il reste six mois à l’hôpital.

139Rétabli, il rejoint l’escadrille de surveillance côtière en Palestine et se distingue dans l’attaque d’un sous-marin italien au large des côtes palestiniennes.

140Rattaché au groupe de bombardement “Lorraine”, il est ramené en Grande-Bretagne en février 1943 pour servir sur le théâtre d’opérations de l’Ouest. Le groupe est rééquipé et réentraîné dans les centres d’entraînement de la R.A.F. A partir d’octobre 1943, l’action de bombardement du “Lorraine” est principalement dirigée contre les sites de V.1. Atteint par un éclat d’obus, au cours d’une mission qu’il dirige, le lieutenant Romain Gary se distingue en menant cette opération avec succès tout en ramenant son escadrille à la base et son coéquipier, Arnaud Langer, gravement blessé aux yeux.

141Au total, Romain Gary effectue sur le front de l’Ouest plus de 25 missions offensives représentant plus de 65 heures de vol de guerre.

PIERRE MENDÈS-FRANCE (député de l’Eure)

142Né à Paris, en 1907, Pierre Mendès-France appartient à une vieille famille israélite d’origine portugaise. Avocat, député Radical élu à l’âge de 25 ans, classé parmi les jeunes Turcs, il devient sous-secrétaire d’Etat dans le second gouvernement de Léon Blum en 1938.

143Au moment de la débâcle, il quitte la France pour le Maroc sur le Massilia. Arrêté au Maroc comme déserteur, il est transféré à Clermont-Ferrand et condamné à six ans de prison en mai 1941. Il s’évade en juin 1941 et gagne Londres en février 1942.

Pierre MENDES-FRANCE en septembre 1939.

Pierre MENDES-FRANCE en septembre 1939.

144Refusant les postes civils qui lui sont proposés, Mendès-France se bat pendant un temps dans l’escadrille Lorraine avec le grade de capitaine. Puis, en novembre 1943, sur ordre du général de Gaulle, il est nommé Commissaire aux Finances au Comité français de libération nationale (CFLN), succédant à Couve de Murville. Mendès-France participe aux travaux de la Conférence de Bretton Woods en juillet 1944, à la tête de la délégation française représentant le Gouvernement provisoire (GPRF) et accompagne le général de Gaulle dans sa visite aux Etats-Unis.

145En septembre 1944, il est nommé ministre de l’Economie.

De gauche à droite, MENDES-FRANCE, Max HYMANS, Léon BLUM et Spinasse, en 1938

De gauche à droite, MENDES-FRANCE, Max HYMANS, Léon BLUM et Spinasse, en 1938

146

Pierre MENDES-FRANCE à Louviers après la libération aux côtés du général De GAULLE.

Pierre MENDES-FRANCE à Louviers après la libération aux côtés du général De GAULLE.

Pierre MENDES-FRANCE en stage dans une base aérienne de Syrie.

Pierre MENDES-FRANCE en stage dans une base aérienne de Syrie.

Pierre MENDES-FRANCE, en mai 1941, au procès de Clermont-Ferrand.

Pierre MENDES-FRANCE, en mai 1941, au procès de Clermont-Ferrand.

RENÉ CASSIN

147Fils d’un négociant en vins, René Cassin est né le 5 octobre 1887, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Il fait ses études au lycée Masséna, à Nice puis entre à la Faculté de droit, à Aix-en Provence.

148En 1914, il est mobilisé et grièvement blessé le 12 octobre, à Saint-Mihiel. Renvoyé à la vie civile, il enseigne à Aix-en-Provence et à Marseille puis, participe dès 1917, à la création de l’une des toutes premières associations départementales de victimes de guerre.

René CASSIN (le deuxiéme en partant de la droite) à Glasgow en septembre 1942 avec Lord INVERCLYDE, le général LEGENTILHOMME, et le général VALIN.

René CASSIN (le deuxiéme en partant de la droite) à Glasgow en septembre 1942 avec Lord INVERCLYDE, le général LEGENTILHOMME, et le général VALIN.

149En 1920, il est agrégé de Droit et en 1922, élu président de l’Union fédérale des Mutilés et Veuves de guerre. Professeur à la Faculté de Lille, il est également président du Conseil supérieur des Pupilles de la nation. Il rédige et fait voter des lois en faveur des victimes de guerre. En 1924, il devient membre de la délégation de la Société des Nations et lutte dans tous les domaines pour la Paix.

150Après la déclaration de guerre et au moment de la débâcle, il pressent la liquidation du régime républicain. Il entend l’appel du général de Gaulle et embarque le 19 juin 1940 à Saint-Jean-de-Luz pour Plymouth. Le 29 juin, il se présente à Saint-Stephens-House où le général de Gaulle lui confie la mission de rédiger l’Accord avec le gouvernement britannique, maintenant le caractère purement français de l’armée de la France Libre, charte signée, le 7 août 1940 entre Winston Churchill et Charles de Gaulle.

151Membre du Conseil de Défense de l’Empire, il est nommé Commissaire à la Justice et à l’Education au sein du Comité Français de Libération Nationale. Il est également représentant de la France au Comité des Ministres Alliés de l’Education de 1942 à 1944 et à la commission d’enquête sur les Crimes de guerre de 1943 à 1945. Président du comité Juridique auprès du Gouvernement provisoire, il est condamné à mort par contumace par Vichy.

152Il devient aussi l’"ambassadeur” de la France combattante auprès des intellectuels et des universitaires. Il s’adresse en effet à plusieurs reprises sur les ondes de la BBC aux membres du corps enseignant restés en France et exalte, de sa voix familière, la résistance universitaire.

153René Cassin se montre également soucieux des mesures visant les Juifs. Dès 1940, à la demande du général de Gaulle, il établit des contacts avec la communauté juive en Angleterre, aux Etats-Unis et avec les mouvements sionistes. Le 12 avril 1941, sur les ondes de la BBC, il adresse un premier message d’espoir “aux israélites de France”. A partir de 1942, il prend en main les destinées de l’AIU (Alliance Israélite Universelle).

154Grâce au professeur Cassin, des contacts ont pu être établis dès la fin 1940 entre les juifs américains et le mouvement gaulliste. Le 23 mai 1941, le Congress Weekly, organe officiel de l’Américain Jewish Congress, publie un article intitulé “Vichy is not France” dans lequel l’auteur critique sévèrement la politique antisémite du régime de Vichy et exprime sa sympathie à l’égard du mouvement de la France Libre. Quinze jours plus tard, dans le même périodique, le rabbin Stephen S. Wise affirme que de Gaulle est le seul espoir des juifs français.

Message du général de GAULLE au rabbin STEPHEN WISE, président du Congrès Juif Mondial.

Message du général de GAULLE au rabbin STEPHEN WISE, président du Congrès Juif Mondial.

Le 14-07-1942, au cours de la revue à Londres, le général de Gaulle serre la main du général Eisenhower. A gauche René CASSIN.

Le 14-07-1942, au cours de la revue à Londres, le général de Gaulle serre la main du général Eisenhower. A gauche René CASSIN.

Lettre de général De GAULLE à Albert COHEN, conseiller politique du Congrès Juif Mondial.

Lettre de général De GAULLE à Albert COHEN, conseiller politique du Congrès Juif Mondial.

MAX HYMANS

155Né à Paris, le 2 mars 1900, Max Hymans est avantguerre, un avocat engagé en politique. Elu d’abord député socialiste, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à différentes reprises en 1937 et 1938. Mobilisé en 1939, Hymans participe comme capitaine d’artillerie à des combats meurtriers qui lui vaudront plusieurs citations.

156Dès l’armistice, Hymans bascule dans la clandestinité. Le 6 mai 1941, Max Hymans réceptionne le premier parachutiste-radio largué sur la France par les services britanniques du SOE. Max Hymans organise alors un recrutement méthodique afin de lui permettre de réceptionner les premiers parachutages d’agents secrets et d’armes. Dénoncé, traqué et condamné à mort par contumace, Hymans se résout à rejoindre Londres, via la prison espagnole de Miranda. Arrivé dans la capitale britannique bombardée, il rejoint la France libre.

Pour échapper aux recherches de la police de Vichy, Max HYMANS s’est composé un nouveau visage.

Pour échapper aux recherches de la police de Vichy, Max HYMANS s’est composé un nouveau visage.

Max HYMANS AUX ARMÉES

Max HYMANS AUX ARMÉES

(rang du bas, le quatrième en partant de la gauche).

157D’abord, il est affecté à différentes tâches, chargé de l’aide aux prisonniers, puis au micro de la BBC, du contact avec les agriculteurs. Enfin, Hymans se voit confier par le général de Gaulle la tâche d’organiser les communications et le transport aérien sur l’ensemble des territoires de la France libre.

158Disposant de peu d’avions, de moyens rudimentaires et d’un personnel naviguant rare, Hymans parvient à faire vivre et à animer un réseau de transport très vaste.

159En 1943, il est nommé directeur des transports aériens par le Gouvernement provisoire d’Alger et préside en novembre 1944, la délégation française à la Conférence de Chicago qui créé l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI).

L’arrivée de Max HYMANS (au centre) à Chateauroux en septembre 1944, de retour de Londres, accompagné de Mr PARPAIS et du général d’ASTIER de la VIGERIE.

L’arrivée de Max HYMANS (au centre) à Chateauroux en septembre 1944, de retour de Londres, accompagné de Mr PARPAIS et du général d’ASTIER de la VIGERIE.

PIERRE DAC

160Pierre Dac gagne Londres le 13 octobre 1943, après deux tentatives d’évasion par les Pyrénées et un séjour de 12 mois dans les prisons espagnoles.

161A son arrivée à Londres, il est incorporé dans l’émission de Jacques Duchesne, les Français parlent aux Français à la Section française de la BBC et il loge chez Kaminker, père de Simone Signoret, qui occupait les fonctions d’interprète au Q.G. du général de Gaulle.

162De retour en France en Août 1944, il s’engage aux côtés des Forces combattantes.

RAYMOND ARON

163Raymond Aron rejoint Londres en juin 1940 par le même bateau que Cassin.

164Normalien, sorti premier au concours de l’Agrégation de philosophie, docteur en Philosophie, Raymond Aron était depuis août 1939, maître de conférences à la Faculté de Toulouse. A Londres, il devient le rédacteur en chef de la revue mensuelle, France libre, dirigée par André Labarthe et signe ses articles sous le pseudonyme de René Avrod.

165Le 14 janvier 1941, Raymond Aron rend un vibrant hommage à Henri Bergson sur les ondes de la BBC et souligne l’influence de la pensée du disparu.

JACQUES BINGEN

166Né le 16 mars 1908 à Paris, Jacques Bingen est issue d’une famille juive d’origine italienne. Après des études à l’Ecole des mines et à l’Ecole libre des Sciences politiques, il devient le collaborateur direct d’André Citroën dont il épouse la sœur. En 1935, à 28 ans, il est nommé directeur général de la Société Anonyme de Gérance et d’Armement tout en restant directeur général du Comité Central des Armateurs. Il est pendant la guerre 39-40 officier de liaison auprès de la 51e division écossaise. Blessé en juin 1940, il réussit à quitter la France, il rejoint d’abord le Maroc puis la Grande Bretagne, le 16 juillet 1940, où il se met au service de la France libre.

167Il dirige pendant un an les services de la Marine Marchande de la France libre à Londres.

168Il passe au B.C.R.A. début 1942 comme chef des affaires non militaires et suit, jour après jour, l’activité des mouvements de Résistance. En février 1943, lors du dernier voyage de Jean Moulin, il obtient de celui qui est devenu son ami, la promesse de le rejoindre en France. Mais, Jean Moulin est arrêté. Et, c’est Bingen qui est désigné pour continuer l’œuvre unificatrice de Jean Moulin. Dans la nuit du 15 au 16 août 1943, il est déposé en France par un avion Lysander avec un ordre de mission le désignant comme délégué du C.F.L.N. en zone sud. Très rapidement, il donne une impulsion aux travaux de divers organismes crées au printemps 1943 :

  • le Comité des Actions Immédiates (coordination des sabotages), (C.A.I.),
  • le Comité des Oeuvres Sociales de la Résistance (COSOR),
  • le Comité d’Action contre la Déportation (C.A.D.)
  • la Commission de la Production industrielle,
  • la Commission du Ravitaillement.

169Grâce à son action et à son sens de la persuasion, l’Armée Secrète (A.S.), l’Organisation de la Résistance de l’Armée (O.R.A.), les Francs-Tireurs Partisans (F.T.P.) ainsi que les innombrables groupes isolés sont fusionnés en février 1944 au sein des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.).

170Délégué général de décembre 1943 à avril 1944, il retourne à cette date, malgré les menaces qu’il sent peser sur lui, à ses activités de délégué de la zone sud.

171Victime d’une trahison, il est arrêté, dans des circonstances aujourd’hui encore mal éclaircies, le 13 mai 1944, à Clermont-Ferrand.

172Il s’évade, mais capturé à nouveau, détenteur de secrets les plus importants de la Résistance, il préfère se donner volontairement la mort en avalant sa capsule de cyanure. Son corps ne sera jamais retrouvé.

PIERRE KAAN dit BIRAN

173Né à Paris en 1903, professeur de Philosophie en Alsace, Pierre Kaan se trouve à Montluçon au moment de la défaite. Résistant de la première heure, Pierre Kaan colle sur les murs de la ville des papillons stigmatisant Hitler et l’armistice.

174Il rentre rapidement en contact avec les organisations de résistance locale, participant à l’activité de Combat, Franc-Tireur et Libération. Il travaille à la mise en place de Libération dans la région de Clermont-Ferrand.

175En février 1942, il entre en contact avec Jean Moulin et s’engage dans les forces françaises combattantes. Il participe alors à l’organisation du premier parachutage d’armes en Juin 1942 et de nombreux atterrissages clandestins en liaison avec Londres. Le 6 juin 1943, il est un des organisateurs d’une manifestation contre le STO à Montluçon. Repéré, il devient alors clandestin et se replie à Lyon auprès de Jean Moulin dont il devient l’adjoint. Pierre Kaan est alors chargé d’organiser l’échelon parisien de la Délégation Générale et donc coordonne les différents mouvements de la résistance en zone nord.

176Alors qu’il se rendait à une réunion du CNR, il est arrêté par la Gestapo le 29 février 1944. Torturé et interné à Compiègne, déporté à Buchenwald, il meurt du typhus le 18 mai 1945 à Budejovice (Tchécoslovaquie), quelques jours après avoir été libéré par les partisans tchèques.

JEAN-PIERRE BLOCH

177Né le 14 avril 1905, à Paris, journaliste et militant socialiste, Pierre-Bloch est élu député radical indépendant de l’Aisne en 1936. La guerre venue en 1939, Pierre-Bloch est mobilisé comme brigadier-artilleur. Fait prisonnier le 22 juin 1940 avec son régiment, il s’évade le 17 novembre et gagne la zone sud où il entre dans la Résistance et au comité directeur du Parti socialiste clandestin.

178Le 10 octobre 1941, Jean Pierre-Bloch prend part à l’organisation et à l’expédition du premier parachutage d’armes en France, par les services britanniques du SOE.

179Arrêté le 20 octobre 1941 avec d’autres membres du SOE, il est transféré de la prison de Périgueux au camp de Mauzac (Dordogne). Grâce à l’action de sa femme et de Lazare Rachline, il s’évade le 17 juillet 1942 avec d’autres membres du SOE. Il franchit la frontière espagnole et est incarcéré à Miranda jusqu’en octobre.

Carte postale de Pierre BLOCH alors prisonnier de guerre, à sa femme Gaby.

Carte postale de Pierre BLOCH alors prisonnier de guerre, à sa femme Gaby.

Fiche de police de Pierre BLOCH

Fiche de police de Pierre BLOCH

180En novembre 1942, Pierre-Bloch est affecté au BCRA après son arrivée à Londres. Pendant trois mois, il est affecté par le colonel Passy au contre-espionnage puis est nommé à la direction de la section non militaire (NM) soit les services d’actions politiques en France.

181Pierre-Bloch, Max Hymans et Mendès-France écrivent le 9 novembre 1942, une lettre à Roosevelt reconnaissant de Gaulle comme chef de la France combattante.

182En août 1944, il est envoyé à Toulouse comme membre du Gouvernement provisoire pour installer le Commissaire de la République.

Pierre BLOCH incarcéré au camp de Mauzac

Pierre BLOCH incarcéré au camp de Mauzac

GEORGES BORIS

183Né à Paris, le 9 avril 1888, son père originaire de Moselle avait quitté sa région natale en 1871, lorsque cette dernière avait été annexée par les Allemands.

184Après ses études, il travaille avec son père dans l’import-export et quitte l’Europe pour Ceylan où, il sera régisseur d’une plantation de thé.

185Pendant la Première Guerre mondiale, Georges Boris est envoyé à Berne (Suisse), au sein d’une commission inter-alliée du Blocus des Empires centraux. Il y assume un travail considérable et découvre sa véritable voie pour le journalisme économique.

186En mai 1927, il fonde l’hebdomadaire d’obédience socialiste “La lumière” avec Georges Gombault, Salomon Grumbach et Emile Kahn, se réservant la rubrique économique. En 1938, lors du second Gouvernement de Léon Blum, il devient alors son directeur de cabinet.

187Quand éclate la guerre, Georges Boris s’engage comme volontaire. Officier de liaison auprès de l’armée britannique, il arrive en juin 1940, à Londres, avec les restes des armées du Nord rescapées de Dunkerque. Après avoir entendu l’appel du 18 juin, il se rend, dès le lendemain, auprès du général de Gaulle.

188Un des premiers hommes de gauche à Londres, il sera pendant près d’un an, responsable d’une revue de presse pour l’état-major de la France-Libre, participant pour les questions économiques aux émissions de radio à la BBC : “Les Français parlent aux Français”.

189Peu à peu, Georges Boris prend de l’importance, jouant le rôle de conseiller pour les questions économiques. Il passe ensuite au Commissariat à l’Intérieur où il anime le service de propagande dirigé vers la Résistance intérieure.

190En 1942, Georges Boris devient le conseiller politique d’André Philip au Commissariat national à l’intérieur puis d’Emmanuel d’Astier. Pendant leurs absences nombreuses, Georges Boris assure avec Pierre-Bloch, la direction du Commissariat à l’Intérieur à Hall Street où s’étaient maintenus les services qui actionnaient la Résistance (parachutage, mission,…)

191Début 1944, il est nommé délégué civil du CFLN au sein du Comité d’action en France aux côtés du Délégué militaire, le général Koenig.

192De l’automne 1943 au débarquement, Boris est le véritable inspirateur de l’action radiophonique vers la France. Il joue également un rôle central dans la conciliation des querelles qui animent la Résistance. Il préside aux envois de fonds à la Délégation générale en France. Il reçoit et répercute les messages de la Résistance intérieure vers Alger.

193En juin 1944, Georges Boris participe, aux côtés d’Astier, aux délibérations historiques du Comité de guerre britannique. Il essaie de convaincre Churchill d’intensifier les envois d’armes vers la Résistance intérieure.

194En septembre 1944, Georges Boris regagne Paris où il rejoint le cabinet de Pierre Mendès-France comme chargé de mission au sein du ministère de l’Economie du Gouvernement provisoire.

Georges BORIS (à droite) en 1938, alors Secrétaire d’État au Trésor avec Pierre-Mendès-France

Georges BORIS (à droite) en 1938, alors Secrétaire d’État au Trésor avec Pierre-Mendès-France

JOSÉ ABOULKER

195José Aboulker, né dans une famille juive le 5 mars 1920 à Alger, est interne des Hôpitaux de Paris, promotion 1940.

196Mobilisé à Alger en avril 1940, il est démobilisé en février 1941, date à laquelle il entre dans la Résistance coordonnant des départs clandestins pour Gibraltar.

197De août 1941 à novembre 1942, il est un des principaux animateurs de la Résistance en Algérie et prépare le débarquement allié avec Henri d’Astier de la Vigerie et la mission Murphy.

198Dans la nuit du débarquement américain, le 8 novembre 1942, il dirige l’occupation d’Alger, organisant la neutralisation des centres importants, le ralliement d’une partie de la Police et l’évacuation de la Préfecture assiégée.

199Après l’exécution de Darlan, il est arrêté et déporté dans le Sud Algérien, fin 42.

200En avril 1943, il rejoint Londres et s’engage dans les Forces Françaises Combattantes commemédecin sous-lieutenant.

201Délégué à l’organisation du service de santé des Maquis et des F.F.I., il est envoyé en mission en France en octobre 1943.

202Puis, de retour à Londres, il rejoint Alger pour mettre sur pied l’organisation de parachutage d’équipements chirurgicaux sur la France. Il repart pour sa deuxième mission dans les régions de zone sud en insurrection afin d’apporter des secours aux populations libérées et installer les Commissaires de la République à Toulouse et Limoges.

LE DÉBARQUEMENT EN AFRIQUE DU NORD

203Dès octobre 1940, de jeunes Juifs algériens de retour du front, ne se résignant ni à la défaite ni à la perte de leurs droits, se regroupent en vue d’une action éventuelle.

204Sous couvert de la salle de gymnastique Géo Gras, qu’ils ont ouverte, en plein centre d’Alger, Raphaël et Stéphane Aboulker développent une organisation clandestine, tout en diffusant des tracts et des affiches anti-vichystes. Ils se préparent au combat.

205A l’arrivée du capitaine Pilafort à Alger, ami de la famille Aboulker, ces derniers acceptent de recruter une troupe parmi les jeunes de la salle Géo Gras dont il sera le responsable.

206Par l’intermédiaire de leurs cousins, Roger et Pierre Carcassonne, d’Oran, José Aboulker alors étudiant en médecine, démobilisé, est présenté à Henri d’Astier de la Vigerie, officier monarchiste et au colonel Jousse. Ils décident d’unir leurs efforts et de regrouper tous ceux qui veulent lutter contre Vichy et les nazis.

207José Aboulker devient l’organisateur des effectifs et se charge de susciter et de coordonner l’action de différents groupes de volontaires. Il prépare avec Henri d’Astier, Bernard Karsenty, le colonel Jousse, et Guy Calvet-Cohen une action intérieure afin de favoriser un débarquement américain.

208Le 23 octobre 1942, les militaires français, américains et britanniques, en présence de Bernard Karsenty, se rencontrent à Cherchell et décident du plan du débarquement en Afrique du Nord, désigné sous le nom d’opération Torch.

209Le 5-6 novembre, José Aboulker installe, rue Michelet (Alger), chez ses parents, le Q.G. de l’insurrection et attribue aux chefs de groupe, leurs affectations tenues secrètes jusqu’à ce jour.

210A la veille de l’insurrection, les effectifs sont moins importants que prévus. Parmi les quatre cents conjurés, les juifs sont majoritaires y compris parmi les chefs de groupe qui sont : le Dr Morali-Danino, Aboulker Raphaël, Maurice Hayoun et Paul Ruff.

211Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, les forces anglo-américaines débarquent en Algérie.

212Le 8 novembre 1942, à 1 heure du matin, la Résistance algéroise s’empare des points stratégiques de la ville et met en état d’arrestation, les principaux chefs militaires dont le général Juin et l’amiral Darlan. A 2 heures, la ville est sous leur contrôle et, à 7 h 30, les Américains entrent à Alger, sans avoir tiré un coup de feu.

213Sur le plan militaire, l’opération Torch est une réussite à laquelle les juifs d’Algérie ont largement contribué. Pourtant, les conjurés d’Alger seront incarcérés après l’assassinat de Darlan en décembre 1942. De plus, le décret Crémieux ne sera rétabli que le 21 octobre 43. Ces événements n’empêcheront pas la communauté juive d’Algérie de rejoindre massivement les Forces Françaises Libres.

LES ORGANISATIONS JUIVES COMMUNISTES

214Lorsque la guerre éclate, les Organisations juives communistes, interdites, basculent dans la clandestinité.

215En septembre 1940, les dirigeants clandestins décident la création de Solidarité dont la mission est d’organiser l’aide matérielle aux familles dans le besoin, de remonter le moral de la population juive et de la préparer à la Résistance.

216Dans de nombreuses villes de France, le mouvement constitue des groupes par rues et par quartiers, ainsi que des comités de femmes et de jeunes. Le journal, anciennement Presse Nouvelle, est relancé sous le titre d"’Unzer Wort”.

217Des cellules de Solidarité sont créées dans les camps d’internement de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Le 20 mai 1941, après les premières rafles, les femmes juives manifestent et revendiquent le droit de visite à leurs maris et à leurs fils devant le camp de Pithiviers et le siège du Comité de coordination de bienfaisance, en juillet 1941.

218Par ailleurs, Solidarité lance, une campagne de boycott et de sabotage du travail allemand.

219Dans un premier temps, l’action est axée sur la propagande et l’action politique au sein de l’Organisation Spéciale (O.S.). Ainsi, Samuel Tyselman est arrêté, le 13 août 1941, dans le cadre d’une manifestation. Il est fusillé avec une jeune métallurgiste français, Henri Gautherot. Quatre jours plus tard, sa mort sera vengée, par un attentat perpétré par le colonel Fabien aidé de Fernand Zalnikov et de Gilbert Brustlein.

Marcel RAYMAN

Marcel RAYMAN

Marcel LANGER

Marcel LANGER

220En mars 1942, le Parti communiste décide d’intensifier la lutte armée et créée les FTP. Au sein de la MOI, quatre détachements, composés majoritairement de Juifs, sont créés. L’un d’entre eux, le deuxième détachement est spécifiquement Juif, Anciens des brigades internationales, aguerris à la lutte armée, ces militants mènent une guerre offensive contre l’occupant.

221Cet activisme entraîne une vive répression.

222En janvier 1942, la Brigade Spéciale, en charge de la répression contre la Résistance, est renforcée. Elle mène une vaste opération de filature qui conduit à l’arrestation de près de 200 combattants de la MOI. Le 2e détachement juif est décapité et le 23 février 1944, vingt-trois militants sont exécutés après une parodie du procès. Puis, afin de discréditer la Résistance assimilée à des terroristes étrangers juifs et communistes, une affiche rouge est apposée sur les murs de France.

223Progressivement, des groupes se créent dans toute la France, Grenoble, Lyon, Marseille, Toulouse.

224Fin avril 1943, une conférence nationale des dirigeants juifs se tient à Paris et décide de réunir toutes les Organisations juives au sein de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide). L’UJRE se rapproche des Organisations juives immigrés non communistes et la création du CGD (Comité général de Défense) scelle cette unité. Le CGD sera un maillon important du bouillonnement unitaire qui aboutit, grâce à Léon Meiss et Joseph Fischer, à la création, en 1944, du CRIF.

Attentat contre un camion de l’armée allemande, place du Capital à Toulouse le 02-10-1943.

Attentat contre un camion de l’armée allemande, place du Capital à Toulouse le 02-10-1943.

GEORGES POLITZER

225Né en Hongrie, en 1903, il participe activement à la Révolution hongroise.

226Agrégé de philosophie, inscrit au PCF depuis 1929. Il anime avant-guerre une Université ouvrière avec Henri Lefebvre et Paul Nizan.

227Dès la fin 1940, il est l’un des principaux animateurs du journal clandestin “l’Université libre” édité à l’intention des intellectuels. Il dénonce dans ses colonnes les persécutions dont sont victimes les enseignants juifs. Par ailleurs, en 1941, il lance la revue clandestine “la Pensée libre” qui affirme que la pensée française continue.

228En novembre 1941, le PCF fait paraître un fascicule de 79 pages diffusé à 15 000 exemplaires, intitulé : “l’antisémitisme, le nazisme, le problème juif” dont Georges Politzer est vraisemblablement l’auteur. Cette brochure dénonce les mesures antisémites édictées par Vichy.

Georges et Maité POLITZER

Georges et Maité POLITZER

JACQUES SOLOMON

229Né à Paris en 1908, d’un père roumain. Auteur à vingt-trois ans d’une thèse intitulée “Remarques sur la théorie des quanta”, chargé de recherches au CNRS, il assure un cours au Collège de France en 1937-1938, inscrit au Parti depuis 1934, Solomon est à la fois le gendre et le disciple de Paul Langevin, luimême proche du PCF.

230Mobilisé en 1939, il sert dans les services de santé. Sous l’occupation, son destin est mêlé à celui de Politzer avec qui il anime “l’Université libre”.

231Arrêtés à quelques jours d’intervalle en février et mars 1942. Politzer et Solomon sont fusillés avec huit autres résistants au Mont-Valérien, le 23 mai 1942. Leurs épouses et la mère de Solomon sont arrêtés et déportées à Auschwitz.

Paul LANGEVIN et Jacques SOLOMON

Paul LANGEVIN et Jacques SOLOMON

LA CRÉATION DU CENTRE DE DOCUMENTATION JUIVE CONTEMPORAINE

232Le 28 avril 1943, Isaac Schneersohn, juif français d’origine russe, réunit à son domicile de la rue Bizanet à Grenoble quarante représentants des grandes organisations juives dont Léon Meiss, président du Consistoire, Reuven Grinberg et Nahum Hermann pour la Fédération des Sociétés Juives, Léonce Bernheim pour l’ORT, le grand rabbin Hirschler pour le Rabbinat, Gaston Kahn et Raymond Raoul Lambert.

Isaac SCHNEERSOHN

Isaac SCHNEERSOHN

L’immeuble de la rue Bizanet à Grenoble.

L’immeuble de la rue Bizanet à Grenoble.

Nahum HERMANN

Nahum HERMANN

Dirigeant du Keren Hayessod, journaliste professionnel, initiateur du périodique clandestin de l’Armée Juive “Quand Même”, Nahum Hermann est arrêté à Limoges, le 19 février 1944, et déporté à Auschwitz.

233Face aux persécutions qui s’abattent sur la population juive de France, ils jettent les bases de la création du Centre de Documentation Juive Contemporaine (C.D.J.C.).

234La tâche immédiate est de rassembler les documents qui, permettront d’écrire l’Histoire des Juifs de France pendant la guerre, et de témoigner des persécutions dont ils ont été victimes.

L’ARMÉE JUIVE (A.J.)

235A Toulouse en août 1940. David et Ariane Knout d’un côté et Abraham et Eugénie Polonski de l’autre, tous issus du sionisme révisionniste, se regroupent pour fonder une organisation secrète baptisée Forteresse juive ou Main forte.

236Les buts de cette organisation sont définis dans le manifeste “Que faire” écrit par David Knout, un poète d’origine russe : création d’un Etat-juif mais également défense du droit des juifs à vivre en dehors de la Palestine.

237Polonski élargit l’organisation en ralliant à lui Aron Lucien Lublin, un sioniste socialiste. Et, le 10 janvier 1942, l’Armée Juive est créée.

238Jusqu’à l’été 1942, Polonski et Lublin recrutent des militants de l’AJ à Toulouse, Montpellier, Nice. Grenoble, Lyon et Limoges.

239Chaque incorporé doit prêter serment sur le drapeau bleu et blanc et sur la Bible, et réciter le serment suivant :

“La main droite sur le drapeau bleu et blanc, je jure fidélité à l’Armée Juive et obéissance à ses chefs. Que revive mon peuple, que renaisse l’Etat d’Israël : la liberté ou la mort !”

240Les rangs de l’Armée juive sont renforcés par des militants du MJS, Mouvement de la jeunesse Sioniste, créé en mai 1942 par Simon Levitte et Dika Jefroykin.

241Les normes du recrutement sont sévères, le secret et l’obéissance indispensables.

David et Ariane KNOUT

David et Ariane KNOUT

Enfants convoyés de Toulouse vers l’Espagne par l’Armée juive, juillet 1944.

Enfants convoyés de Toulouse vers l’Espagne par l’Armée juive, juillet 1944.

ZUPRANER, était membre du Hashomer Hatsaïr et le responsable des affaires militaires à la main forte, une composante de l’armée juive.

ZUPRANER, était membre du Hashomer Hatsaïr et le responsable des affaires militaires à la main forte, une composante de l’armée juive.

242En 1943, les Hollandais, de jeunes Juifs d’origine allemande et autrichienne, infiltrés dans l’organisation Todt responsable des chantiers de fortifications du mur de l’Atlantique et de la frontiére espagnole, prennent contact avec l’AJ afin d’organiser des passages clandestins à travers la frontière espagnole sous couvert de leurs faux papiers allemands.

L’ŒUVRE DE SECOURS À L’ENFANCE (OSE)

243Dès l’approche des troupes allemandes, l’OSE évacue tous ses centres de la région parisienne vers la province. Son siège est évacué à Montpellier après un bref passage à Paris.

244Pendant toute la guerre, l’action de l’OSE sera à la fois, légale et clandestine.

245Intégrée à l’UGIF, l’OSE tente de conserver en zone nord, une structure d’accueil et d’entraide animée par le Dr Eugène Minkowski. D’abord aide médicale, sociale et maternelle. Dès la fin de l’année 1941, l’OSE recherche également des familles d’accueil susceptibles d’héberger des enfants déportables.

246Les rafles de l’année 1942 amènent l’OSE à apporter assistance aux juifs incarcérés dans les camps d’internement.

Assistantes sociales de l’OSE au camp de Gurs.

Assistantes sociales de l’OSE au camp de Gurs.

Assistantes sociales de l’OSE au camp de Rivesaltes.

Assistantes sociales de l’OSE au camp de Rivesaltes.

247Elle y aide les populations vulnérables – vieillards et malades – sur le plan médical et social. Elle choisit de porter son action principalement dans les camps à forte population enfantine. Mais, elle tente également d’obtenir la libération du plus grand nombre possible d’enfants au dessous de quinze ans. Pour cela, l’OSE falsifie les actes d’état civils, multiplie les démarches auprès des autorités préfectorales afin d’obtenir des certificats d’hébergement, pièces indispensables aux libérations. L’OSE joue aussi dans les camps, un rôle éducatif, ouvrant des ateliers de travaux manuels (menuiserie, couture, coiffure).

248Elle apporte également une aide médicale et matérielle, réussissant à ouvrir des bureaux et des locaux à Gurs, où un local est aménagé pour les enfants.

249Dès le départ des premiers convois, l’OSE s’attache à soustraire les enfants aux listes des déportables. Les enfants libérés sont répartis dans les Centres de l’OSE ou des EIF mais, certains s’évanouissent dans la nature, convoyés dans des familles d’accueil par le réseau Garel.

250Grâce à l’aide des Quakers, de l’American Joint, de l’HICEM, de la CIMADE, de la Fédération protestante, après de nombreuses démarches, elle parvient à organiser l’émigration de près de 300 enfants orphelins ou sortis des camps principalement vers l’Amérique.

251De 1939 à 1944, l’OSE gère et subventionne également dix-huit maisons d’enfants principalement concentrées dans le centre de la France, accueillant d’abord des enfants d’Europe centrale puis d’Allemagne et d’Alsace-Lorraine. (1 080 enfants en 1942).

252Les maisons les plus importantes étant Magelier, Chabannes et Chaumont dans la Creuse. Activités culturelles, sportives et spirituelles y sont prodiguées avec l’aide d’animateurs de l’ORT et des EIF. L’orientation professionnelle est également le souci de l’OSE qui organise dans ses maisons, un enseignement professionnel (agriculture, menuiserie, activités manuelles).

253L’OSE ferme fin 1943 ses trois principales maisons de la Creuse en raison des rafles. Les autres centres constituent des étapes transitoires avant le placement dans une famille d’accueil ou une institution.

254Les maisons de l’OSE n’en constituent pas moins des souricières tant pour le personnel que pour les enfants.

255Sa dissolution au sein de l’UGIF, l’échec de la politique d’émigration, les arrestations de Venissieux amènent l’OSE à mettre en place un circuit parallèle clandestin.

Château de Chabannes.

Château de Chabannes.

LA RUE AMELOT

256Une poignée de militants de la Fédération des Sociétés Juives de France, se réunissent à Paris le 15 juin 1940 dans l’appartement de Léo Glaeser et décident la remise en marche des services dont ils avaient la charge avant guerre, soit un dispensaire médico-social et quatre cantines.

257Un comité est désigné pour diriger ces réunions. David Rapoport est nommé secrétaire général, tandis que le siège est fixé dans les locaux du dispensaire, “La mère et l’enfant”, 36, rue Amelot.

258Outre les cantines, le comité organise des collectes d’argent et reçoit des subsides de l’American Joint et des Quakers. Il dispense des secours, des repas, des vêtements et des soins médicaux.

259A partir de novembre 1940, la Rue Amelot obtient l’autorisation de faire porter quotidiennement, des rations alimentaires à la caserne des Tourelles où sont incarcérés les ressortissants étrangers en situation irrégulière.

260Le charisme de David Rapoport fait de lui un rassembleur, le comité dédaigne les débats idéologiques préférant les problèmes concrets.

261En août 1940, la rue Amelot obtient l’adhésion de l’OSE et de l’ORT puis, en octobre 1940, d’un groupe de jeunes militants de l’Hachomer Hatzair dirigé par Henry Bulawko.

262A l’action sociale des militants de la Rue Amelot, s’adjoint une composante jeune dont la démarche se situe d’abord au plan de la formation culturelle juive.

263Ces jeunes se réunissent dans les locaux de la cantine de la rue Elzévir pour y suivre un programme éducatif, culturel et sportif laissant une large place au sionisme.

264Progressivement, David Rapoport prend en compte la nécessité de fabriquer des fausses cartes pour permettre aux évadés, de passer en zone sud. Cette tâche est attribuée à Henry Bulawko.

265La Rue Amelot aide les Juifs traqués en leur fournissant des faux papiers et des fausses cartes d’alimentation. Mais, elle assure également la prise en charge d’enfants libérés des camps ou dont le père est interné. Grâce à l’action de la rue Amelot, les enfants sont placés dans des familles nourricières, à titre onéreux.

266En 1941, la rue Amelot place une centaine d’adolescents à la campagne, outre le home d’enfants à l’effectif variable de 100 à 150 places.

267Mais, l’action clandestine de la Rue Amelot est atteinte par l’arrestation de ses principaux responsables.

268Après ces arrestations, la jeunesse sioniste parisienne se trouve démembrée et les activités de la Rue Amelot sont reprises par l’UGIF tandis que le sauvetage continue à fonctionner sous la direction d’un vétéran de la FSJF, Abraham Alperine.

Le personnel du Dispensaire de la Rue Amelot (de droite à gauche)

Le personnel du Dispensaire de la Rue Amelot (de droite à gauche)

Dora Liberboïm, Mlle Mandelstamm, Mlle Libman, Mme Youchnowetzki, Isidore Vladimirowski, Mme Dobrinsky, Mme Rapoport, le Dr Leibovici, Mme Losice, Jenny Caraco, David Rapoport, M. A. Cremer, J. Jacoubovitch, M. Charavner, M. Kouliche, M. Ischlonski, I. Byl, Judkowski, Z. Salomon, Tcherechna.

269

Responsable du service des faux papiers, Henry Bulawko est interpellé le 18 novembre 1942. Accusé de cacher son étoile jaune, il est interné à Drancy et déporté quelques mois plus tard.

Responsable du service des faux papiers, Henry Bulawko est interpellé le 18 novembre 1942. Accusé de cacher son étoile jaune, il est interné à Drancy et déporté quelques mois plus tard.

David Rapoport reprend alors le service de faux papiers mais il est également arrêté le 1 er juin 1943 au siège de la rue Amelot avec David Oks, son agent de liaison.

David Rapoport reprend alors le service de faux papiers mais il est également arrêté le 1 er juin 1943 au siège de la rue Amelot avec David Oks, son agent de liaison.

David Rapoport est interné au fort de Romainville puis à Drancy, d’où il est déporté. Il meurt d’épuisement au camp de Buna-Monowitz, le 2 juillet 1944.

Léo GLASER, membre de la Direction de la Fédération des Sociétés juives de France, Fondateur de la Rue Amelot et secrétaire général du Comité général de défense.

Léo GLASER, membre de la Direction de la Fédération des Sociétés juives de France, Fondateur de la Rue Amelot et secrétaire général du Comité général de défense.

Léo GLASER est arrêté le 20 juin 1944 par la milice, il est fusillé avec six autres otages juifs à Rilleux la Pape sur ordre de Paul Touvier.

LES ÉCLAIREURS ISRAÉLITES DE FRANCE (EIF)

270Fondateur des EIF en 1923, Robert Gamzon amène le Comité directeur du mouvement à se préoccuper dès la crise de Munich en 1938, de l’évacuation des enfants EI hors des centres urbains. Ainsi, la ferme Ecole de Saumur est ouverte accueillant dans un premier temps, des réfugiés juifs allemands fuyant l’antisémitisme.

Léo COHN, originaire de Hambourg (Allemagne), s’occupe de la jeunesse juive à Strasbourg avant la guerre. Il rejoint les EIF où il joue un rôle important. Juif orthodoxe, poète et musicien, Léo Cohn valorise, par le vécu, l’éducation juive au sein des EIF. En 1939, il s’engage dans la légion étrangère où il retrouve d’autres EIF. Il est arrêté en mai 1943 par la Gestapo, en gare de Toulouse, alors qu’il s’apprête à quitter la France avec les EIF qui ont choisi le départ en Palestine. Léo Cohn meurt en déportation.

Léo COHN, originaire de Hambourg (Allemagne), s’occupe de la jeunesse juive à Strasbourg avant la guerre. Il rejoint les EIF où il joue un rôle important. Juif orthodoxe, poète et musicien, Léo Cohn valorise, par le vécu, l’éducation juive au sein des EIF. En 1939, il s’engage dans la légion étrangère où il retrouve d’autres EIF. Il est arrêté en mai 1943 par la Gestapo, en gare de Toulouse, alors qu’il s’apprête à quitter la France avec les EIF qui ont choisi le départ en Palestine. Léo Cohn meurt en déportation.

Secrétaire général des EIF, Simon Levitte réunifie les différentes tendances des mouvements de jeunesse sioniste au sein du MJS, en mai 1942.

Secrétaire général des EIF, Simon Levitte réunifie les différentes tendances des mouvements de jeunesse sioniste au sein du MJS, en mai 1942.

Il suscite la création d’un service clandestin du MJS possédant son propre réseau en zone sud sous le nom de code Education Physique.

EDMOND FLEG (à gauche) avec Robert GAMZON.

EDMOND FLEG (à gauche) avec Robert GAMZON.

271En septembre 1939, les cadres des EIF sont mobilisés sous les drapeaux. Parallèlement, comme les autres mouvements de scoutisme, les EIF participent à la défense passive, aux moissons ou à l’accueil des réfugiés juifs allemands fuyant l’antisémitisme.

272Dès septembre 1939, Denise Gamzon réussit à ouvrir trois puis au total cinq maisons recevant des enfants EI, évacués des centres urbains mais également, de nombreux jeunes juifs de nationalité étrangère. Ainsi, les centres de Villefranche de Rouergue et Saint Afrique (Aveyron), Saint Céré (Lot), Beaulieu sur Dordogne (Corrèze) et Moissac (Tarn) où s’établit le secrétariat national sont ouverts.

273Après l’armistice, les EIF renforcent alors leurs structures nommant des commissaires rémunérés consacrant leur temps au fonctionnement du mouvement. Ceux-ci parcourent la France afin de relancer l’activité des EIF, organisant des stages de formation pour les animateurs. Vingt-six groupes sont ainsi créés dans des villes de la zone sud.

274A Paris, les EIF créent un patronage regroupant près de trois cents jeunes qui se réunissent, une fois par semaine, rue Vauquelin, avenue Secrétan et rue Claude Bernard. Lors de la rafle de l’été 1942, les animateurs tentent de porter secours aux enfants et familles juives menacées.

LAUTREC 1943, fabrication des pains azymes.

LAUTREC 1943, fabrication des pains azymes.

Scène de la vie quotidienne, Michel GLOWINSKI à droite.

Scène de la vie quotidienne, Michel GLOWINSKI à droite.

Maurice BERNSON, conduit à son mariage par le père d’Henriette Hartanu, sa future femme. A droite, Gilbert Bloch.

Maurice BERNSON, conduit à son mariage par le père d’Henriette Hartanu, sa future femme. A droite, Gilbert Bloch.

275A Moissac, Simon Levitte créé un centre de documentation diffusant du matériel pédagogique aux EIF (chants, fiches techniques, cours par correspondance) ainsi qu’aux cadres des mouvements de jeunesse. Une bibliothèque itinérante est également créée. Simon Levitte est aidé par Samy Klein, détaché par le Consistoire comme aumônier.

276Dans les maisons d’enfants qui, en août 1940, ne sont plus que deux (Moissac et Beaulieu sur Dordogne), parmi les 270 enfants, plusieurs dizaines d’entre eux viennent des camps de Gurs et Rivesaltes. Le but de ces maisons est de faire vivre, dans des conditions normales, des enfants séparés de leurs parents grâce à la méthode scoute, avec en guise de formation professionnelle une initiation au travail rural et artisanal.

277Enfin, sont créés des chantiers ruraux, Lautrec, près de Castres, Charry (Tarn) et Taluyers (Rhône) axés sur le travail de la terre, toujours dans l’optique EI.

278Les EIF jouent dans un premier temps, la carte de la légalité entretenant des relations avec les représentants des ministères de Vichy et intégrant l’UGIF en décembre 1941. En zone sud, les EIF poursuivent leur action sous l’appellation de quatrième direction jeunesse.

279Les EIF participent avec l’OSE aux équipes d’internés volontaires dans les camps. A Rivesaltes, sont créées des unités scoutes, à Gurs, l’équipe d’internés tente d’arracher des libérations d’enfants.

280Dès les rafles de l’été 1942, les EIF évacuent les enfants étrangers dans des maisons d’enfants. Ils participent également à l’évacuation des 108 enfants de Venissieux libérés par l’OSE, avec l’aide de l’abbé Glasberg et de la Cimade.

281A l’été 1942, le service social des jeunes (SSJ) est mis en place. Il a pour nom de code clandestin, la Sixième, du nom de la 6e division de la 1re direction de l’UGIF.

282Fabrication de faux papiers, placement des enfants, passages de frontières (Suisse principalement, et Pyrénées) pour les familles et ceux qui veulent rejoindre Londres ou la Palestine. La Sixième travaille en totale collaboration avec le réseau du MJS, éducation physique, le réseau de l’OSE, le réseau Garel et le réseau de Joseph Bass.

283Après la dissolution de la 4e direction jeunesse occupée par les EIF en zone sud, le mouvement bascule dans la clandestinité, intensifiant le sauvetage et bientôt la lutte armée.

LES FILIÈRES DE SAUVETAGE

Le Réseau André

284Juif d’origine russe, spécialiste de brevet en propriété industrielle, évadé du camp d’Argelès, Joseph Bass est professeur de dessin industriel à Marseille, dans un internat de la communauté juive.

285En automne 1942, il se lance dans l’action de sauvetage, initié par des cadres de la Sixième et créé le groupe d’Action contre la déportation, plus connu sous le nom de groupe André. Il a autour de lui, Denise Caraco (Colibri) des EIF et Léon Poliakov.

286Bass recrute alors des agents, confectionne des faux papiers et trouve des abris dans des institutions ecclésiastiques ainsi qu’à la campagne, notamment au Chambon sur Lignon. Le réseau opère à Marseille, Nice, Grenoble, Lyon, Saint Etienne et dans la Haute-Loire, fournissant des fausses identités et des cachettes. Certains étaient dirigés vers la Suisse, l’Espagne, et plus tard, vers les maquis et le plateau protestant du Chambon.

287Bass avait autour de lui, des personnalités diverses telles que le grand rabbin Hirschler, Angelo Donati, Israël Saljer, le grand rabbin de Marseille mais aussi le révérend Père Benoît, le révérend Père Bremond, le pasteur marseillais Heyse…

Le réseau Abadi

288Fin septembre 1943, dans les jours qui suivirent la fin de l’occupation italienne, un juif d’origine syrienne, Moussa Abadi, homme de Lettres inconnu de la communauté, décide de monter un réseau de sauvetage parallèle à l’OSE à Nice et dans les Alpes-Maritimes.

289Moussa Abadi s’appuie sur l’aide des EIF, du MJS, et du réseau Garel. Les deux assistantes sociales du réseau, Huguette Wahl et Odette Rosentock sont arrêtées et déportées.

290Le réseau monté sauva jusqu’à la fin 1943, de 300 à 500 enfants.

Au centre, Joseph BASS

Au centre, Joseph BASS

David DONOFF

David DONOFF

Travaillant pour le service André, la Sixième et l’OSE, David Donoff est arrêté à Lyon, le 27 juin 1944 porteur de faux papiers. Il est abattu dans la rue alors qu’il tente de s’enfuir.

Le réseau Garel

291Après les rafles d’août et septembre 1942, afin d’éloigner les pupilles déportables. l’OSE créé un réseau d’organisations parallèles et clandestines.

292Grâce à l’aide de Saliège, archevêque de Toulouse, Georges Garel obtient l’autorisation de placer clandestinement des enfants dans des institutions ecclésiastiques, d’abord dans la région de Toulouse puis, dans tout le sud de la France. Garel obtient rapidement l’aide d’organisations confessionnelles, catholiques et protestantes, ainsi que d’organisations laïques, publiques et privées, acceptant d’assurer les risques du camouflage. Georges Garel assure la direction centrale à Lyon. Des convoyeuses, quelques unes non juives, munies de faux papiers, amènent discrètement les enfants qui sont alors régulièrement visités par des assistantes.

Georges GAREL

Georges GAREL

293Georges Garel coordonne également un service de faux papiers et de cartes de rationnement avec d’autres réseaux juifs.

294En une année, le réseau Garel place 1 600 enfants autour de Lyon, Valence, Toulouse et Limoges.

Marianne COHN

Marianne COHN

D’abord pensionnaire à Moissac (Tarn), Marianne Cohn part à Grenoble pour travailler au Centre de Documentation avec Simon Levitte. Elle se spécialise dans les passages clandestins coordonnés par l’OSE, le MJS et la Sixième.
Le 31 mai 1944, un convoi de 28 enfants est placé sous sa responsabilité. Arrêtés à deux cents mètres de la frontière, ils sont emprisonnés à Annemasse. Elle refuse de s’évader comme lui propose son frère Emmanuel. Si les enfants sont sauvés grâce au maire d’Annemasse, Jean Defaugt, Marianne Cohn est assassinée par la Gestapo à coups de bêche.

Mila RACINE

Mila RACINE

Membre du Mouvement de Jeunesse Sioniste, arrêtée par les allemands le 21 octobre 1943 alors qu’elle voulait faire passer en Suisse un convoi comportant de nombreux enfants.
Elle est déportée et meurt à Ravensbrück.

NICE

295En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre alors que huit départements sont sous domination italienne. Cette enclave devient un refuge pour plus de 20 000 Juifs qui affluent dans cette zone.

296Le banquier juif Angelo Donati se fait le Défenseur de la communauté juive auprès des autorités italiennes.

297Rue Dubouchage, les militants de la FSJF créent un comité d’aide aux réfugiés. A sa tête, un juif russe d’Odessa, Yaakov Dobinski entouré de Michel Topiol, Ignace Fink, Claude Kelman, Joseph Fisher, Jules Jefroykin. Angelo Donati et le comité Dubouchage se rencontrent régulièrement, afin d’étudier les problèmes de sécurité des Juifs et contourner les mesures de refoulement et d’internement adoptées formellement par les Italiens sur pression allemande.

298L’inspecteur général italien, Lo Spinozo, autorise le comité Dubouchage à établir des papiers aux Juifs qui en étaient démunis et à organiser leur logement dans des hôtels réquisitionnés. Mais, la chute de Mussolini amène Donati à concevoir un plan d’évacuation des Juifs vers l’Italie en accord avec les autorités italiennes.

299L’annonce prématurée de l’Armistice entre les Alliés et le gouvernement Badoglio amène le déferlement de la Wehrmacht et de la Gestapo avec à leur tête, Aloïs Brunner. Les Juifs sont pris dans la nasse. Recherchés et traqués, les cadres de la rue Dubouchage doivent quitter Nice. Claude Kelman est parmi les derniers à partir après que la Gestapo ait perquisitionné son domicile et arrêté deux de ses assistantes.

300Les équipes du MJS et des EIF prennent alors le. relais distribuant aides matérielles, faux papiers, et décelant des refuges et des voies d’évacuation.

301Après l’arrestation de Gutman (EIF) et Waintrob (MJS), Maurice Cachoud prend la tête du groupe. Ce dernier créé un véritable laboratoire de faux papiers qui circuleront d’ailleurs, dans toute la France. Après le départ de Cachoud pour Paris, c’est Raymond Heyman qui devient le chef du groupe.

302Leur action occupe une place majeure dans le sauvetage des 20 000 Juifs de l’ex-zone italienne. 9 résistants de ce réseau seront arrêtés en première ligne mais auront sauvé d’une mort certaine, la population juive dont Brunner voulait s’emparer.

Angelo DONATI

Angelo DONATI

Claude GUTMAN (GRIFFON)

303Claude Gutman dirige pendant deux ans, l’activité des EIF à Lyon. Il participe entre autre à l’évacuation des 108 enfants de Venissieux et organise surtout les passages vers la Suisse.

304Recherché par la Police lyonnaise, il part pour Nice où il devient le responsable de la Sixième. Il s’illustre dans le sauvetage des Juifs réfugiés sur Nice lors de l’arrivée des troupes allemandes dans l’ex-zone italienne.

305Arrêté sur dénonciation, le 28 septembre 1943, il mourra en déportation.

Jacques WAINTROB

306Du réseau Education physique arrêté en septembre 1943 à Nice, relâché après examen de ses faux titres d’identité. Il fut aussitôt repris après la découverte du lot de faux papiers qu’il transportait dans sa serviette. Déporté à Auschwitz.

A droite blessé, le caporal HILDEBRAND (F.F.L.).

A droite blessé, le caporal HILDEBRAND (F.F.L.).

Maurice LOEBENBERG dit Maurice CACHOUD

307Né le 29 juin 1916, dans une famille juive aisée Maurice Loebenberg est avant-guerre, un technico-commercial chez Gestetner.

308Au lendemain de la défaite Maurice Cachoud s’engage dans la Résistance et organise le stockage d’armes dans le midi de la France.

309En 1941, il est chargé de la réception et de la diffusion du journal Combat. Mais, c’est à Nice, que Maurice Cachoud fait la démonstration de son courage et devient l’expert en faux papiers.

310Avec ses camarades de l’Armée Juive, il met sur pied, un service de renseignements et un corps franc chargé de chatier les délateurs, les adjoints de la Gestapo, membres du PPF et les physionomistes Russes blancs. Puis, il monte à Paris où il assume en mai 1944, la responsabilité du service de faux papiers du MLN (Mouvement de Libération Nationale). Cachoud est arrêté dans un traquenard monté par la Gestapo, rue Erlanger, le 18 juillet 1944, dans le cadre d’une offensive générale contre le MLN. Torturé pendant 26 heures d’affilées, il est assassiné par la Gestapo. Son corps est retrouvé après la Libération. dans un fourré des Bois de Verrières.

311

DANS LES COMBATS POUR LA LIBÉRATION

A droite blessé, le caporal HILDEBRAND (F.F.L.).

A droite blessé, le caporal HILDEBRAND (F.F.L.).

Maurice ODESSER, (2e D.B.).

Maurice ODESSER, (2e D.B.).

Victor GHEZ, (2e D.B.), 197e compagnie de transport.

Victor GHEZ, (2e D.B.), 197e compagnie de transport.

Roger HALIMI, (2e D.B.), Alsace.

Roger HALIMI, (2e D.B.), Alsace.

Le père et le fils MAGER, 2e D.B de LECLERC. Le fils est mort ou combat en 1944.

Le père et le fils MAGER, 2e D.B de LECLERC. Le fils est mort ou combat en 1944.

Michel GRUZWORCEL, (2E D.B.) dans les Vosges, mai 1944.

Michel GRUZWORCEL, (2E D.B.) dans les Vosges, mai 1944.

Albert SALAMA et COHEN, (2E D.B.).

Albert SALAMA et COHEN, (2E D.B.).

Zizi MARCHAND, (2e D.B.), le deuxième en partant de la droite

Zizi MARCHAND, (2e D.B.), le deuxième en partant de la droite

312

Caporal Simon KURZ, lère Brigade de la légion étrangère.

Caporal Simon KURZ, lère Brigade de la légion étrangère.

Georges MENDELKORN, (2e D.B.).

Georges MENDELKORN, (2e D.B.).

Simon HERSCHKOWITZ, (2e D.B.), le 28-10-1944.

Simon HERSCHKOWITZ, (2e D.B.), le 28-10-1944.

Roger SERFATI, (F.F.L., escadrille Bourgogne).

Roger SERFATI, (F.F.L., escadrille Bourgogne).

Maurice ROSENBERG, lieutenant F.F.L., 1945, en Allemagne.

Maurice ROSENBERG, lieutenant F.F.L., 1945, en Allemagne.

Maurice et Lazare GOLDBERG, (2e D.B.) dans les Vosges, hiver 1944.

Maurice et Lazare GOLDBERG, (2e D.B.) dans les Vosges, hiver 1944.

Pierre CAHEN, (2e D.B.), Ibrigadier.

Pierre CAHEN, (2e D.B.), Ibrigadier.

Jean-Pierre GLASMAN, 1944, légion étrangère.

Jean-Pierre GLASMAN, 1944, légion étrangère.

Léon TSEVERY, (2e D.B.), 1944.

Léon TSEVERY, (2e D.B.), 1944.

Léon NABET, (F.F.L. 2e D.B.) le plus jeune engagé, 14 ans et demi

Léon NABET, (F.F.L. 2e D.B.) le plus jeune engagé, 14 ans et demi

LE MAQUIS DE l’ARMÉE JUIVE

313A l’hiver 1943, l’AJ constitue, dans la Montagne Noire, ses premiers maquis pour la formation de combattants venant des fermes dispersées de Blémont et Fretteserpes ainsi que d’autres recrutés à Toulouse, Grenoble, Lyon et Limoges. Certains d’entre eux s’entraînent afin de rejoindre la Palestine par la frontière des Pyrénées. Un officier de carrière, Jacques Lazarus déchu par les lois de Vichy, assure la responsabilité et la formation militaire du maquis de Rec près d’Albi.

314Après avoir fait mouvement de Biques à Lacaune, le maquis de l’AJ s’installe en avril 1944, dans le sud du Tarn à l’Espinassier. Là, il s’intègre au début de juin 1944 aux maquis de la Montagne Noire sous la responsabilité du lieutenant Leblond (Levy Seckel) de l’Armée Secrète. Au même moment, l’A.J. prend le nom d’Organisation Juive de Combat.

315Les maquisards juifs sont regroupés dans le peloton Trumpeldor avec à leur tête, Raoul Leons, Pierre Loeb et Henri Broder. Leur uniforme comporte une épaulette bleue et blanche. Le peloton bleu-blanc participe aux nombreuses escarmouches sur les grandes voies de communication où les Allemands sont signalés. Le 20 juillet 1944, le peloton bleu- blanc affronte la grande offensive de la Wehrmacht sur les maquis du Tarn, parcourant plus de 100 kilomètres pour échapper à l’encerclement.

Le maquis de Biques

Le maquis de Biques

Le maquis de l’Espinassier

Le maquis de l’Espinassier

De gauche à droite : Jean-Jacques Frayman, Jacques Lazarus, Patricia, Henri Broder, Pierre Loeb et Albert Cohen.

Le maquis de l’espinassier avant juin 1944.

Le maquis de l’espinassier avant juin 1944.

A gauche, le lieutenant Raoul LÉONS.

316Ils se regroupent à partir du 17 août et participent aux actions destinées à empêcher le repli ennemi. C’est ainsi qu’à Saint Pons (Hérault), ils anéantissent une colonne allemande et s’emparent d’un important matériel.

317Les combats provoquent des pertes, aggravées par plusieurs arrestations d’agents de liaisons telles que celle de Régine Knout à Toulouse, abattue le 22 juillet 1944.

Le Maquis du Chambon sur Lignon

Le Maquis du Chambon sur Lignon

Formé vers la fin de l’hiver 1944 par le chef de service André, le maquis juif du Chambon sur Lignon est repris par l’Armée juive.

L’unité prend part aux Combats de la Libération, d’abord sous les ordres des FFI locaux puis, en août 1944, elle se joint aux forces engagées dans l’insurrection populaire.

L’unité prend part aux Combats de la Libération, d’abord sous les ordres des FFI locaux puis, en août 1944, elle se joint aux forces engagées dans l’insurrection populaire.

LA COMPAGNIE MARC HAGUENAU

318En mars 1944, les EIF appellent à la mobilisation de leurs cadres. La compagnie Marc Haguenau est créée dans le Tarn avec le parrainage de l’Organisation Juive de Combat et de l’Armée Secrète. Devant l’afflux des volontaires, la compagnie est divisée en 3 sections. La Malquière transférée en juin, à La Roque, La Farasse, et Lacado dirigées respectivement par Gilbert Bloch, Roger Cahen et Adrien Ginsburger.

319Début juin, la compagnie commandée par Robert Gamzon (capitaine Lagnes), et placée sous l’autorité du responsable régional de l’AS, le colonel Dunoyer de Segonzac, compte une soixantaine d’hommes dont quelques paysans de la région.

Un commando complet de soldats américains (15 hommes) ont été reçu sur le terrain de parachutage par l’escadron Marc HAGUENAU.

Un commando complet de soldats américains (15 hommes) ont été reçu sur le terrain de parachutage par l’escadron Marc HAGUENAU.

Marc HAGUENAU totémisé COLOMBE

Marc HAGUENAU totémisé COLOMBE

Fils du grand rabbin Hagenau de Paris, Marc Haguenau est un ami d’enfance de Castor (Robert Gamzon). Actif aux Eclaireurs Israélites (El) depuis le début des années 30, il rentre au secrétariat général des EIF en 1940 et il en devient le secrétaire administratif.
Dirigeant de la Sixième, Marc Haguenau et Edith Pulver tombent dans une souricière tendue par la Gestapo à Grenoble, le 18 février 1944.
Atrocement torturé, Haguenau trouve la mort le lendemain en se jetant par la fenêtre du Q.G. de la Gestapo. Edith Pulver fut elle, déportée à Auschwitz.

Libération de Castres.

Libération de Castres.

320La compagnie Marc Haguenau, affectée pendant un mois à la lourde tâche de la réception des parachutages pour le secteur FFI, subit une attaque allemande, dans la nuit du 7 au 8 août, avec pour conséquence plusieurs morts dont le chef d’une section, le lieutenant Gilbert Bloch.

321Après s’être regroupés, les membres de la compagnie jouent un rôle essentiel lors de l’attaque d’un train militaire allemand, le 19 août, puis ils participent aux libérations des villes de Castres et Mazamet.

322Les membres de la compagnie Marc Haguenau continuent le combat au sein de l’armée de Lattre de Tassigny, engagement qui. les mènera jusqu’au lac de Constance.

Défilé du 14 juillet 1944, la Compagnie Marc HAGUENAU.

Défilé du 14 juillet 1944, la Compagnie Marc HAGUENAU.

Gilbert BLOCH

Gilbert BLOCH

Jeune polytechnicien exclu par le statut des Juifs, Gilbert Bloch rejoint les EIF en 1942.
Responsable du Centre agricole :de Lautrec, il s’engage dans le maquis El et devient l’adjoint de Castor. Il est tué le 8 août 1944 lors d’une attaque allemande.

Samy KLEIN

Samy KLEIN

Après avoir fait des études rabbinique, Samy Klein devient à vingt-cińq ans, aumônier général des El tout en animant la Commission d’instruction religieuse du Consistoire. Arrêté, après avoir décidé de rejoindre le maquis, il est fusillé près de Lyon, le 7 juillet 1944, par la Gestapo.

Défilé du 12e Dragon, Compagnie Marc HAGUENAU (18 juin 1945).

Défilé du 12e Dragon, Compagnie Marc HAGUENAU (18 juin 1945).

LE DÉBARQUEMENT

323

Le 6 juin 1944, les Alliés déclenchent l’opération OVERLORD. Ce nom de code annonce le débarquement sur les plages de Normandie d’une force militaire jamais déployée : “50 000 hommes, 1 500 chars, 2 500 véhicules tout terrain, 3 000 canons, et 10 500 véhicules de types divers.” Dans ce dispositif, les forces françaises sont peu nombreuses : 177 bérets verts du commando Kieffer débarquent à Sword Beach sous commandement britannique après avoir subi un entraînement intensif à Londres. Parmi ces 177 soldats, six d’entre eux sont Juifs.

Le 6 juin 1944, les Alliés déclenchent l’opération OVERLORD. Ce nom de code annonce le débarquement sur les plages de Normandie d’une force militaire jamais déployée : “50 000 hommes, 1 500 chars, 2 500 véhicules tout terrain, 3 000 canons, et 10 500 véhicules de types divers.” Dans ce dispositif, les forces françaises sont peu nombreuses : 177 bérets verts du commando Kieffer débarquent à Sword Beach sous commandement britannique après avoir subi un entraînement intensif à Londres. Parmi ces 177 soldats, six d’entre eux sont Juifs.

Henri DORFSMAN

324Engagé militaire en 1938, à l’âge de dix-huit ans et demi, Henri Dorfsman est agent de liaison motocycliste en 1939. Il prend part au combat du Front nord jusqu’à Dunkerque où il est fait prisonnier. Il s’évade en février 1941 du camp de Saint Omer et rejoint le Maroc pour s’engager dans l’armée française. Dénoncé, il est arrêté et réussit à fausser compagnie à ses geôliers. Il rejoint Lyon où il s’engage dans la Résistance et gagne enfin l’Angleterre après un passage dans les prisons de Miranda (Espagne) et une grève de la faim. Il est libéré sur intervention de l’ambassade britannique et rejoint les Forces Françaises Libres à Londres.

325Après un entraînement intensif, Henri Dorfsman débarque le 6 juin 1944 comme soldat du 1er bataillon de fusiller-marin du commando Kieffer, intégré au 4e commando britannique.

Le 5 juin 1944 les derniers préparatifs du débarquement au sein du commando Kieffer. A droite Henry DORFSMAN.

Le 5 juin 1944 les derniers préparatifs du débarquement au sein du commando Kieffer. A droite Henry DORFSMAN.

Le 10 mai 1940 Henry DORFSMAN est en campagne avec le 15e régiment Artillerie Divisionnaire, 1ère armée de Douai.

Le 10 mai 1940 Henry DORFSMAN est en campagne avec le 15e régiment Artillerie Divisionnaire, 1ère armée de Douai.

LIBÉRATION DE PARIS

326Dès le 19 août 1944, le Conseil National de la Résistance et le Comité Parisien de Libération appellent à l’insurrection alors que de nombreuses grèves dans les Transports, les PTT, et la Police appuient le mouvement. Mais, les forces FFI commandées par le commandant Rol-Tanguy, sont désavantagées face à des Allemands peu nombreux mais bien armés, dirigés par le général Dietrich von Choltitz. Les combats éclatent. Les Français s’emparent de plusieurs mairies, de la Préfecture de Police et de l’Hôtel de Ville. Après une trêve de 48 heures, les combats reprennent. Des barricades s’élèvent dans Paris. Le général de Gaulle obtient du commandement américain, le 22 août 1944, une concession salvatrice, la 2e D.B. de Leclerc, forte de 15 000 hommes, de 200 chars, est détachée de l’armée alliée et fonce vers Paris où elle entre le 24 août au soir. Von Choltitz signe la capitulation le 25. De Gaulle entre dans Paris libéré, le 26 août 1944.

MAURICE KRIEGEL-VALRIMONT

327Né le 14 mai 1914 à Strasbourg dans une famille juive originaire d’Autriche-Hongrie, Maurice Kriegel entreprend des études de Droit qu’il poursuit à Paris. Militant syndical à la C.G.T., il en devient le secrétaire général en 1937. Replié à Toulouse, il entre à Libération Sud début 1942, par l’intermédiaire de Raymond Aubrac. Aux côtés d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, il s’installe à Lyon où il participe à la direction du mouvement dans le secteur militaire. A cette période, il contribue à la formation de l’Armée Secrète aux côtés du général Delestraint.

328En mars 1943, il est arrêté avec Raymond Aubrac et Ravanel. Incarcéré à la prison Saint Paul, il est libéré par un Groupe Franc, déguisé en agents de la Gestapo, le 24 mai 1943.

329Puis il regagne Paris où il est nommé délégué national à l’Action Ouvrière au sein des M.U.R. dont il devient également le responsable militaire. A ce titre, il siège aux côtés de Villon au sein du COMAC (Comité d’action militaire du C.N.R.) qui exerce le commandement militaire de toutes les formations militaires de la résistance unifiée.

330Kriegel-Valrimont prend donc une part active aux combats pour la libération de Paris.

331Le 25 août, Von Choltiz arrêté, est conduit par Kriegel Valrimont, Rol-Tanguy et Chaban-Delmas à la gare Montparnasse où la reddition allemande est signée.

332Kriegel-Valrimont siège alors dans divers organismes de la Résistance tout en administrant le COMAC.

333A l’Assemblée consultative, Kriegel-Valrimont devient le rapporteur général de la commission de la Défense nationale présidée par Pierre Villon. Puis, début 1945, Kriegel-Valrimont se lance dans une carrière politique.

La reddition de Von Choltitz. Derrière lui, ROL-TANGUY et KRIEGEL-VALRIMONT.

La reddition de Von Choltitz. Derrière lui, ROL-TANGUY et KRIEGEL-VALRIMONT.

PIERRE VILLON-GINSBURGER

334Né à Soultz le 27 août 1901, d’un père rabbin et documentaliste à la bibliothèque de Strasbourg, Pierre Villon, architecte, est arrêté le 8 octobre 1940. Il s’évade le 17 janvier 1942 et reprend contact avec la Résistance communiste. Il tente de relancer les publications initiées par Politzer. Puis, il est chargé par le Parti de diriger le Front national.

335Présent à la première réunion du CNR, rue du Four, le 27 mai 1943, il est membre permanent du bureau, et désigné au COMAC, avec Kriegel-Valrimont, au printemps 1944. Ils sont alors chargés d’unifier et de diriger l’action des combattants clandestins.

336A la tête des combats à Paris en août 1944, partisan d’une action immédiate de la résistance clandestine, Villon s’oppose à la trêve de l’insurrection de Paris. Ne séparant pas son patriotisme de ses convictions politiques, Villon est surnommé le Lazare Carnot de la Résistance.

VALENTIN FELDMAN

337Né à Saint-Pétesbourg en 1909, agrégé de philosophie et disciple du professeur Victor Basch, Valentin Feldman adhère au Parti communiste français en 1935.

338Inapte au service militaire, Feldman réussit cependant à s’engager et obtient une citation pour sa conduite au feu.

339Après sa démobilisation, Feldman est replié à Dieppe avec le lycée de Charleville. N’acceptant ni la défaite ni l’armistice, il s’emploie à les dénoncer en rédigeant des tracts ou en écrivant dans le journal local clandestin du PCF.

340Révoqué après le second statut des Juifs, il s’installe à Rouen et entre dans le réseau du Front national. Tout en écrivant dans des journaux clandestins, il se consacre à l’organisation de l’aide aux détenus politiques. Arrêté sur dénonciation en février 1942, accusé de sabotage d’une centrale électrique, il est condamné à mort et fusillé, le 27 juillet 1942, au Mont-Valérien. Avant de mourir, il adresse ces derniers mots à ses bourreaux : “Imbéciles, c’est pour vous que je meurs !”

341L’UJRE engage ses membres dans la milice patriotique et participe aux combats pour la libération des Mairies parisiennes du XXe, XIe, Xe, IVe et IIIe arrondissements prenant également possession de plusieurs locaux de l’UGIF.

342Les bataillons Carmagnoles participent à l’Insurrection des villes de Marseille, Toulouse, Grenoble et Villeurbanne.

343Puis, parallèlement deux formations, Marcel Rayman et Claude Marcus commandées par Jacques Tancerman et Sigmund Tumim sont créées au sein du bataillon 51/22 de l’armée régulière, lui-même dirigé par Boris Holban et Jaroche Kleczelski.

La Compagnie RAYMAN

La Compagnie RAYMAN

L’ARMÉE JUIVE DANS LES COMBATS POUR LA LIBÉRATION

344A Paris, le corps Franc de l’Armée Juive combat en mars 1944 aux côtés du groupe Alerte du Mouvement de Libération Nationale dirigé par le capitaine Charcot-Neuville. Mais, le 17 juillet 1944, l’état-major de l’AJ est décapité après l’arrestation de plusieurs de ses membres dont René Kapel et Jacques Lazarus.

345Pendant l’insurrection parisienne, suite à un ordre du colonel Rol-Tanguy, les troupes de l’AJ prennent possession du camp de Drancy. Le lendemain, ils investissent le siège de l’UGIF et arrêtent son Président. Ils participent aux combats de la Préfecture de Police et sont affectés à la protection rapprochée du colonel Rol-Tanguy. Leur attitude courageuse leur vaudra de défiler, sur les Champs-Elysées, mélangés à la garde d’honneur du général de Gaulle, le 25 août 1944.

346Des actions militaires sont également menées à Toulouse, Grenoble et à Nice où le Groupe Franc d’Henry Pohorylès élimine les collaborateurs des nazis. A Lyon, le chef du Groupe Franc, Ernest Lambert, est arrêté à la gare de Perrache le 29 juillet 1944 et fusillé le 8 juillet 1944.

CONCLUSION

347Cette exposition n’avait pas pour ambition de dresser un bilan complet de la participation des Juifs à la libération du territoire.

348Certains aspects n’ont pu être évoqués faute de place.

349Cependant, en guise de conclusion, qu’il nous soit permis d’évoquer la résistance quotidienne des Juifs d’Europe pour survivre face à l’exclusion, la traque, les arrestations et la déportation :

  • La résistance des parents qui cachèrent leurs enfants afin de les sauver de la mort.
  • La résistance de celles et de ceux qui ont lutté pour survivre dans les camps d’extermination et de concentration, sans céder au suicide et au découragement.
  • La résistance de celles et de ceux qui tentèrent de rester des êtres humains là où, justement, l’homme était nié.

350Rendons également hommage à celles et ceux qui combattirent anonymement sans que le récit de leurs exploits ne nous parvienne.

REMERCIEMENTS

351Cette exposition placée sous le haut patronage du ministère de la Défense et du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre a été conçue et réalisée par le Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC).

352Que soient remerciés pour leur aimable concours, les photothèques : du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre, du musée de l’Ordre de la Libération, du musée d’Air France, de la Fédération nationale des Déportés et Internés Résistants Patriotes (FNDIRP), de l’Institut Pierre Mendès-France et l’Association la Mémoire Juive de Paris (MJP).

353Exposition conçue et réalisée par Jacky Fredj, Marcel Meslati et Karen Taïeb.

354Crédits photographiques

355Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre

356Musée d’Air France

357Institut Pierre Mendès-France

358Association Mémoire Juive de Paris

359Musée de la Libération

360Fédération Nationale des Déportés Internés Résistants et Patriotes


Date de mise en ligne : 03/01/2021

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