Couverture de LMJ_170

Article de revue

Le camp de Royallieu à Compiegne (1941-1944)

Pages 12 à 30

Notes

  • (1)
    Voir « Le Monde Juif », n° 104.
  • (1)
    Chapitre 5. — « La situation sanitaire »
    J.-J. Bernard, op. cit., pp. 76 et 82 ; R. Franqueville, op. cit., pp. 58 et 59.
  • (2)
    De l’Université aux camps de concentration. Témoignages strasbourgeois. Paul Hagenmuller, op. cit., p. 4; J.-J. Bernard, op. cit., p. 118; Arch. C.D.J.C., CCXVI-66 ; Témoignage du Docteur A. Drucker.
  • (3)
    Arch. C.D.J.C., CCXVI-66. Déposition du Docteur A. Drucker ; M. Lacour-Gayet, op. cit., p. 84 ; R. Masset, op. cit., p. 52 ; J.-J. Bernard, op. cit., pp. 108, 150, 151 185 186 et 188.
  • (4)
    Ibidem.
    Le docteur Krewer, considéré comme non déportable en tant que « mari d’aryenne », refusa de quitter un groupe d’internés juifs, dont il était le médecin, et se laissa volontairement déporter avec eux (septembre 1942).
  • (5)
    J.-J. Bernard, op. cit., p. 188.
  • (6)
    Chapitre 6. — « La vie culturelle et religieuse »
    P. Chaplet, op. cit., pp. 97 et 98 ; R. Franqueville, op. cit., 58 et 65 ; A. Poirmeur, op. cit., p. 117 ; Marc Le Guillerme, Hors de la vie. Journal d’une déportée. Fasquelle, Paris, 1946, pp. 70 et 71 ; J. Thosac, op. cit., p. 41. Le texte de cette chanson.
  • (7)
    L. Martin-Chauffier, op. cit., p. 77 ; M. Martin-Gayet, op. cit., p. 85 ; R. Masset, op. cit., p. 49 ; J. Thosac, op. cit., p. 43.
  • (8)
    R. Masset, op. cit., p. 49 ; L. Martin-Chauffier, op. cit., pp. 75, 77 et 78 ; J. Thosac, op. cit., pp. 45-50.
  • (9)
    La pièce ne pouvait être jouée en zone Nord, mais elle était éditée en zone Sud.
  • (10)
    A la fin de janvier 1942, on donna des lits et des paillasses aux détenus du camp juif. Le couvre-feu, alors, était fixé à huit heures du soir.
  • (11)
    G. Wellers, L’étoile jaune à l’heure de Vichy, op. cit., p. 116.
  • (12)
    Charles Reine, Sous le signe de l’étoile jaune, Brentano’s, New York, 1945, p. 181 ; J.-J. Bernard, op. cit., pp. 85, 103, 131-133, 136, 139, 145, 145 et 153 ; G. Wellers, op. cit., pp. 107-109.
  • (13)
    M. Lacour-Gayet, op. cit., pp. 76 et 84 ; R. Masset, op. cit., pp. 50 et 51 ; L. Martin-Chauffier, op. cit., p. 175 ; P. Chaplet, op. cit., pp. 103 et 104 ; A. Tollet, op. cit., p. 138 ; J. Thosac, op. cit., pp. 41, 43, 48 et 51.
  • (14)
    Chapitre 7. — « les personnalites »
    Robert Masset, op. cit., p. 49; A. Poirmeur, op. cit., pp. 110-113.
  • (15)
    Ibidem., ; J.-J. Bernard, op. cit. ; G. Wellers, op. cit.
  • (16)
    Chapitre 8. — « Le “tribunal juif” au camp de compiegne »
    Arch. C.D.J.C., DXXXIV-79.
  • (17)
    Chapitre 9. — « Evasions et liberations du camp »
    A. Poirmeur, op. cit., pp. 125-129 ; R. Franqueville, op. cit., pp. 59-61.
  • (18)
    Ibidem. ; A. Tollet, Le souterrain, op. cit., pp. 134-160 ; l’auteur donne la liste de 19 évadés du 22 juin 1942 : Georges Cogniot, Jules Crapier, Robert Gagneux, Henri Kasteman, Maurice Lecointe, Maurice Lauriquet, Rossignol, Renard, Etienne Sacco, Camille Thouvenin, André Tollet, Charles Désirat, Andrien Bermand, Maurice Léonard, Lucien Plu, Edmond Savenaud, Louis Thorez (frère de Maurice, secrétaire général du P.C.F.) ; Henri de Gaulle, René Guerre, R. Masset, op. cit., p. 54.
  • (19)
    R. Franqueville, op. cit., pp. 63-65. Les internés soupçonnaient alors le doyen du camp, un Lorrain, mais ils n’étaient sûrs de rien ; A. Poirmeur, op. cit., p. 127.
  • (20)
    A. Poirmeur, op. cit., p. 135 ; Arch. C.D.J.C., XXV c-254, p. 14. Le premier était
  • (21)
    De l’Université aux camps de concentration. Témoignage strasbourgeois, p. 66. d’origine turque, l’autre polonaise.
    Témoignage de Francis Rohmer-Gayet, op. cit., pp. 89 et 90 ; A. Poirmeur, op. cit., p. 137. L’auteur avance le chiffre de 430 libérés, mais y met également les 300 hommes libérés du convoi de déportation par les cheminots français le 26 août 1944 à Péronne (dans les lignes alliées à l’époque).
  • (22)
    Ch. Bernardac, op. cit., p. 168.
  • (23)
    Chapitre 10. — « Liberation du camp »
    Arch. C.D.J.C., CCLXIV-3. Procès de Karl Oberg et de Helmut Knochen à Paris. Acte d’accusation, deuxième partie, pp. 137 et 138 ; Ch. Bernadac, op. cit., p. 333 ; A. Poirmeur, op. cit., p. 137.

Chapitre 5. La situation sanitaire

1Les lavabos et les w.-c. de toutes les sections du camp se trouvaient à l’intérieur des baraques, ils étaient d’une saleté repoussante, les murs et le dallage des couloirs remplis des déjections qui, en période de chaleur, attiraient mouches et parasites. Une vingtaine de w.-c. pour un effectif qui s’élevait quelquefois, au camp, à quatre mille personnes (octobre 1943), représentait un nombre, sans conteste, insuffisant, en particulier pendant les épidémies de dysenterie. Ap camp « C » (pendant la période juive : fin 1941 - début 1943), il y avait huit places pour mille hommes. Le problème des cabinets (ils étaient évidemment également dans un état déplorable) était pénible. La vidange régulière des tinettes, une certaine discipline consentie par la plupart des détenus amélioraient peu à peu cette situation.

2« Rester propre est une façon de se défendre », tel était le mot d’ordre au camp « C », mais il fallut se soumettre à des exercices d’équilibre assez compliqués. Pour se laver la figure et les mains, c’était encore facile, mais pour faire une toilette complète…

3Après dix heures du matin, les lavabos étaient d’accès plus facile et les détenus en profitaient pour procéder à une bonne toilette ou pour faire la lessive. Les chambrées se trouvaient de ce fait, transformées en buanderies [1].

4Les détenus vivaient serrés les uns contre les autres avec une hygiène plutôt rudimentaire. Dans ces conditions, les poux et les puces dévoraient les prisonniers, et l’épidémie de gale faisait des progrès. Un pavillon était réservé dans le camp « A » aux contagieux.

5Au camp juif, les poux avaient été amenés par les « Drancéens », c’est-à-dire par les quelque trois cents hommes internés au camp de Drancy le 20 août 1941, d’où ils furent transférés dans la nuit du 12 au 13 décembre 1941 à Compiègne. La situation devint grave. On désinfecta les chambrées, on fit brûler de la paille et on installa des lits. Pendant trois jours et par groupes, tous les internés allèrent aux douches, et toutes leurs affaires passèrent par des étuves de désinfection.

6Les détenus amenés fin janvier 1943 de Marseille, après la destruction du quartier du Vieux-Port, et internés dans le camp « C » (ancien camp juif), étaient tous infectés de poux et de gale.

7L’un des détenus du camp « A » a trouvé cent quatorze puces dans son pantalon. C’était, à vrai dire, le record de la chambrée. Les internés posaient une gamelle pleine d’eau par terre, en plein soleil, et les puces attirées par le miroitement de l’eau, se noyaient dans la cuvette. Ce fut une des techniques pratiquées par les internés dans leur lutte contre les puces [2].

8Le médecin-chef allemand du camp de Compiègne était le capitaine Fortwangler, un antisémite viscéral qui montrait sa haine et tout son mépris pour les internés juifs. « Tuez-vous entre vous, comme cela on aura la paix » — tels étaient ses propos en réponse aux propositions des médecins juifs internés du camp « C ». Il inspectait presque tous les matins l’infirmerie juive et il ordonnait d’examiner tous les malades du camp, mais il refusait systématiquement toute évacuation, même de grands malades, à l’hôpital. Il ne consentit à évacuer que quelques très grands malades (un ulcère de l’estomac en pleine hémorragie, une sinusite, etc.). Ces malades furent d’ailleurs récupérés et déportés.

9Le camp « A » (français) était mieux traité. Dans ce camp, le docteur Fortwangler avait une attitude moins brutale que dans le camp juif. Il paraît que ce médecin allemand transmit avec avis favorable le rapport, rédigé par Pierre Masse, d’accord avec les médecins juifs internés, sur la situation sanitaire ctastrophique des internés dans le camp « C » au début de l’année 1942. Ce rapport, envoyé à Paris par le commandant du camp, n’eut pas l’effet espéré. Une trentaine de détenus juifs avaient été libérés en raison de maladies. Le rapport attirait l’attention sur la situation anti-sanitaire et le régime alimentaire précaire au camp « C » à l’époque. Le rapport signalait que, si l’on n’autorisait pas la réception de colis alimentaires, la situation deviendrait catastrophique. [3]

10En général, dans chaque camp, à l’exception du camp juif, il y avait une infirmière. Jusqu’au début de janvier 1942, deux médecins du camp « A » assuraient le service de l’infirmerie du camp « C », puis à une certaine époque, une petite infirmerie fut installée et dirigée par des médecins internés du quasi camp juif lui-même. L’un des médecins du camp « A », qui assurait le service au camp « C », était le docteur Breitmann. Après le 6 juillet 1942, des médecins internés travaillèrent dans l’infirmerie du camp « A », à savoir les docteurs Breitmann (de Romorantin), Gallouen (de Rouen), Bodson (de Hirson, Aisne), Drucker ; les infirmiers Lucien Français (maire de Vitry-sur-Seine), Pougeol (instituteur de Rouen), Martini (des environs de Joinville) et Visitini (de Trieste). Ils assumaient leurs responsabilités sous la direction (ou plutôt sous le contrôle) du médecin-chef allemand le capitaine Fortwangler. [4]

11L’infirmerie était considérée par les détenus comme un havre en raison de l’amabilité des médecins et des infirmiers internés, de la propreté et du ravitaillement plus abondant que l’ordinaire. Le sac de couchage était très propre, on se levait à 10 heures ou 11 heures ; à midi et à 18 heures on servait les repas. Et en plus, à 16 heures on servait une sauce sucrée de flocons d’avoine, et plusieurs fois dans le courant de la journée, on recevait une tasse de lait. Ces suppléments jouaient un rôle important dans la vie de la plupart des internés. Les médecins internés (par exemple le docteur Epagneul, de Niort, en juin 1944) proposaient aux détenus dans un très mauvais état physique un séjour à l’infirmerie pour s’y reposer.

12Les maladies les plus répandues parmi les internés du camp juif étaient : la constipation, les engelures (les pieds et les mains gelés), les cystites, la dysenterie, les occlusions intestinales. Les plus grands malades pouvaient être évacués sur l’infirmerie sur place, ou dans les cas les plus graves, sur l’hôpital de Compiègne.

13Dans l’un des petits bâtiments qui constituaient l’infirmerie des Russes, on avait réservé deux salles pour les malades du camp juif. Aucun interné des autres camps ne devait y pénétrer. Les détenus juifs étaient partout et toujours sparés et isolés. L’infirmerie des Russes était considérée comme une sorte de pension de famille. On y servait deux soupes épaisses par jour et il y avait quelques petits suppléments.

14Les docteurs Krewer, Prosper, Veil (ophtalmologue) et puis le docteur Abraham Drucker assuraient le service médical au camp juif. Le docteur Krever était chargé de la liaison entre le camp juif et l’infirmerie russe.

15Le rôle de médecin était tragique : d’une part, l’affluence croissante des malades, le mauvais régime alimentaire, et, d’autre part, le manque de médicaments les plus essentiels, le manque de place dans l’infirmerie, et au surplus la pression du médecin-chef allemand provoquèrent de dramatiques cas de conscience. Les médicaments de la Croix-Rouge française n’arrivaient qu’au comptegouttes.

16Lorsqu’un jeune garçon mourut brusquement des suites d’une pneumonie, le médecin-chef allemand infligea aux quatre médecins internés chargés de l’infirmerie huit jours de prison, qu’ils firent successivement deux par deux. Selon les principes du médecin nazi, tous les détenus devaient mourir, mais à l’infirmerie et non dans les blocs, dans les chambrées, sinon tous les médecins internés seraient fusillés ou déportés. Les médecins étaient obligés de faire des rondes dans les blocs et de faire transporter les agonisants à l’infirmerie pour qu’ils y meurent. Cette mesure avait été dictée, paraît-il, par le souci de récupérer les objets du malheureux qui, pour la plupart, disparaissaient dans sa chambrée, lorsqu’il était mort.

17Au bout de deux mois d’un régime particulièrement féroce (régime de famine), tous les internés venus de Marseille fin janvier 1943, étaient atteints de cachexie grave (ils n’avaient plus de cuisses, la « peau sur les os »). Les médecins internés suppliaient, mais en vain, le médecin-chef allemand, le docteur Fortwangler, d’autosire l’évacuation des cachectiques. Un jour, face à une cinquantaine de cachectiques, complètement nus, de véritables cadavres vivants qui ne tenaient debout que parce qu’ils étaient appuyés contre le mur. Fortwangler vociféra, en portant la main sur son revolver : « Révolte, émeute ! » et tourna les talons.

18Une fois, cinq à six des Marseillais furent évacués à l’hôpital de Compiègne, sur l’ordre du médecin allemand, et ramenés le lendemain, à la suite de l’évasion de l’un d’eux.

19Il convient d’ajouter que les docteurs Raymond Weil (de Paris), Clarte et Drucker furent désignés par Fortwangler pour soigner ces malades dans le camp « C ».

20Pour caractériser la situation sanitaire catastrophique en février 1942 des internés du camp juif, il faut rappeler les propos adressés alors par René Blum (frère cadet du président Léon Blum) aux médecins internés : « Je vous dis seulement que Jean-Jacques Bernard représente un témoin de ce que nous vivons et que vous n’avez pas le droit de laisser mourir ce témoin » [5].

Chapitre 6. La vie culturelle et religieuse

A. — La vie culturelle

21Dès les premières semaines, une intense vie culturelle et sportive se développe parmi les détenus politiques, dont faisaient partie des personnalités de toutes les branches de la science, du théâtre et du sport. Vers la mi-décembre 1941, les intellectuels donnaient déjà des leçons, faisaient des conférences et causeries. Sur le grand terrain qui occupait le centre du camp « A », des équipes de foot-ball s’affrontaient presque chaque jour. « Ainsi tenaient ces hommes sur qui pesait la mort », écrit J.-J. Bernard, qui était arrivé au camp le 12 décem-1941. En effet, de lourdes menaces pesaient sur leurs têtes. Quand les autorités allemandes avaient besoin d’otages à fusiller, ils venaient puiser au camp des politiques de Compiègne.

22Des conférences scientifiques, des cours, des causeries étaient faits par des hommes de valeur sur des sujets les plus variés.

23Une troupe théâtrale, composée de chansonniers et d’acteurs de cinéma se produisait. Hugues Lambert (il incarnait à l’époque Mermoz dans un film) et le chansonnier Clermont-Ferrand, plein d’esprit et de verve, faisaient partie de cet ensemble, pendant le premier trimestre de 1944.

24Etant donné la séparation complète des femmes internées dans le camp « C » (ancien camp juif), un ensemble théâtral féminin donnait des spectacles analogues pour leurs compagnes d’infortune. Fin janvier 1944, une chanteuse professionnelle, après un petit discours sur l’état de ses cordes vocales, annonça et chanta le chant de prisonniers pour rappeler leur condition : « Compagnons, dormez-vous ? » Une autre artiste professionnelle, Yolande Del-Fu, caricatura avec humour, au cours d’une soirée musicale et récréative, dans un sketch improvisé, son arrestation et la vie en cellule.

25Un poète inconnu a écrit la populaire chanson humoristique sur le camp intitulée : « Royal-Lieu » [6]. Au cours d’enchères à l’américaine, une chanson-marche sur le camp de Compiègne fut adjugée mille cinq cents francs (l’argent recueilli allait à ceux qui ne pouvaient pas profiter de la cantine).

26Parfois, deux jours après le spectacle, c’était le départ pour l’Allemagne des artistes et des spectateurs.

27En dehors des appels et des corvées, les détenus étaient libres de leur temps. Ils faisaient de longues promenades à pied sur l’esplanade, ils bavardaient à deux ou trois. Quand il faisait mauvais temps, ils se rendaient dans la salle de lecture, à la bibliothèque.

28Le choix de livres était assez large. Les livres provenaient de deux sources. L’une, c’était la Croix-Rouge française qui envoyait périodiquement des livres nouveaux et quelques illustrés. L’autre, c’était la censure allemande du camp. Elle retenait tous les livres assez longtemps pour que leurs destinataires puissent être déportés pour l’Allemagne avant de les récupérer. La bibliothèque disposait en 1944 de plusieurs centaines d’ouvrages de toutes sortes : romans, histoire, science, politique, etc. Il y avait des œuvres de La Bruyère, de La Rochefoucauld, de Descartes, d’Eluard, de de Monzie, de Montherlant, et d’autres. Les bons livres étaient en mains, on devait attendre plusieurs jours pour les obtenir. La bibliothèque était, en 1944, dirigée par M. Le Posset, inspecteur d’Académie, un vénérable et fin personnage, coiffé d’une calotte d’où sortaient de longs cheveux blancs qui lui couvraient les épaules.

29La bibliothèque organisait de temps en temps des conférences qui rencontraient un certain succès. Elle louait également des jeux de cartes, des jeux d’échecs et des jeux de dames [7].

30Tout au long de l’existence du camp, les détenus organisèrent des matches de foot-ball, jouèrent aux boules, firent de la culture physique, jouèrent au basket-ball, au voley-ball, organisèrent des courses à pied.

31Un interné, désigné par les autorités allemandes, comme « délégué au sport et loisirs » (appelé également « le commissaire aux sports »), s’occupait de l’organisation de la vie sportive et des loisirs de ses co-détenus. Il était dispensé de toutes les corvées. Il mettait aux enchères à l’américaine des boîtes de conserves, des cigarettes et d’autres produits recherchés.

32En 1944, il y avait au camp l’entraîneur de l’équipe professionnelle de football d’Amiens, M. Tidière, qui se chargea de former les équipes. Au mois de juillet 1944, il y avait une équipe composée de jeunes missionnaires (âgés de 18 à 25 ans) qui se mesurait avec une équipe d’Espagnols rouges (« le rouge contre le noir »).

33Néanmoins, les conférences, les matches, les spectacles et toutes autres distractions du camp n’effaçaient pas la permanente angoisse de la prochaine déportation en Allemagne [8].

34Telles étaient la situation et l’atmosphère dans le camp français (camp « A »).

35Au cours des premières semaines (fin décembre 1941 et janvier 1942), une intense vie intellectuelle se développa parmi les détenus du camp juif (camp « C »), dont faisaient partie des gloires du judaïsme français. Dans une certaine mesure, le camp « C » à l’époque une école pour adultes, chacun des détenus (ou presque) étant à la fois et tour à tour maître et élève (historien, homme de lettres, sociologue, économiste, juriste, chef de laboratoire, médecin, etc.). C’est Paul Lévy, ingénieur, chef de la chambrée 12 (bloc 6) qui fut le premier à organiser des conférences et causeries régulières avec discussions. Son exemple fut bientôt suivi dans d’autres blocs, mais les causeries de la chambre 12 dans le bloc 6 demeurèrent jusqu’à la fin les plus fréquentées.

36Il était interdit au camp juif d’avoir des livres ; les crayons et le papier étaient très rares, toutes les conférences étaient donc faites sans la moindre note. Jean-Jacques Bernard, l’auteur de la pièce « Marie Stuart, reine d’Ecosse » [9], parlait, entre autres, sur le théâtre (le théâtre et l’esprit international), René Blum parlait sur les ballets russes, le professeur Kanapa sur le voyage de l’ « Ile de France » de Saint-Nazaire à Toulon, Halphen sur le pétrole, Me Ulmo sur les causes célèbres. Henri Lang fit une causerie sur l’avenir de la science, Kohre sur les problèmes de l’assistance publique, Prosper sur le turf. René Blum récitait les fables de La Fontaine ; un auteur dramatique déclama pendant plus d’une heure du Ronsard, sans aucun texte sous les yeux. L’historien Jacques Ancel parlait de la formation de l’idée de nation, un assistant à la Faculté de médecine parlait du problème du diabète. René Blum et J.-J. Bernard récitaient de mémoire, au cours de deux séances, de la poésie française depuis le XVIe siècle jusqu’aux symbolistes.

37Un grand nombre de sujets furent ainsi traités. Ils y avait cependant deux problèmes bannis ; « pour des raisons différentes », ils ne furent pas traités. C’étaient : le problème juif et le problème allemand.

38Pour ce qui était du problème juif, il convient de rappeler que l’internement avait rendu un certain nombre de détenus juifs plus conscients de leur judaïsme, tandis que les autres, au contraire, nés Français, dans un milieu assimilé, ne s’en tenaient que davantage Français. « Ils ne savaient penser que français, ils ne savaient pas penser juif. » Au cours d’une conférence, on demanda au professeur Ancel ce qu’il pensait de la nation juive. Sa réponse fut catégorique : « Il n’y a pas de nation juive ». Ils aimaient ainsi répéter : « Nous ne sommes Juifs qu’à partir du moment où on nous le reproche ». Il y avait évidemment d’autres détenus juifs, pour la plupart, des étrangers, qui étaient d’un autre avis : ils étaient persécutés et internés en tant que Juifs. La communauté nationale détermina la communauté du sort sous l’occupation nazie et le régime antisémite du gouvernement français de Vichy.

39Ajoutons que les causeries et les conférences eurent lieu dans des chambrées glaciales, éclairées par une faible ampoule. Une centaine d’auditeurs couchés sur la paille écoutaient l’orateur. A dix heures tout devait être fini, c’était l’heure du couvre-feu [10].

40Il y eut aussi des soirées musicales (de chant). Un petit groupe de chanteurs, parmi lesquels il y avait des belles voix, donnait de temps en temps des concerts. Il y avait également une petite chorale dirigé epar Maurice Franck, professeur au Conservatoire. Au début, Ritch (Rabinovitch, d’origine russe), un artiste d’Opéra de grande classe, participa à la chorale, mais il ne voulut jamais chanter seul. Il disait : « Je n’ai plus le souffle, ni le cœur pour distraire les autres ». Une seule fois il fit exception ; c’était au cours d’une petite soirée musicale, le 15 mars 1941 ; il chanta des compositions de Tchaïkovsky [11].

41Un récital de chansons yiddich eut également lieu, il eut du succès.

42Les activités intellectuelles et récréatives déployées au camp juif eurent une grande influence pour remonter le moral des détenus du camp « C ». Un détenu — auditeur vint, une fois, voir J.-J. Bernard avant une conférence que celui-ci devait faire et lui remit deux morceaux de sucre. « J’ai gardé cela pour vous. Prenez-le, cela vous soutiendra. Vous en avez besoin. Vos paroles me font tant de bien. » Et penser que ces deux morceaux de sucre représentaient un petit trésor…

43A la suite de la séparation totale du camp juif des camp français et russe, à cause de la terrible vague de froid qui s’abattit sur la région vers la mi-février 1942, la situation matérielle (alimentaire en premier lieu) des internés du camp juif empira considérablement. « Nous mangions de moins en moins. » Plusieurs détenus restèrent immobiles dans leurs chambrées, assis ou couchés avec le souci d’économiser leurs forces. La défaillance morale fut fonction de la défaillance psychique. Les activités culturelles s’arrêtèrent faute d’orateurs et d’auditeurs [12].

La vie religieuse

44La vie religieuse chrétienne à Compiègne était active. Nous ne disposons pas de renseignements sur la vie religieuse juive.

45Dès le début de l’existence du camp, on organisa tous les dimanches la messe. Ce fut l’interné Bagard (février-juin 1942), qui fut par la suite conseiller municipal de Paris, qui monta l’autel. La chapelle avait été aménagée dans un baraquement situé le long de l’enceinte nord, non loin d’une toute petite maison sans fenêtres : la prison. L’un des côtés de la chapelle était réservé au culte catholique, l’autre à toutes les autres croyances. Une table sur laquelle étaient installés quelques emblèmes religieux tenait lieu d’autel.

46L’aumônerie était composée uniquement de prêtres prisonniers. Deux messes étaient célébrées chaque jour au cours des années 1943-1944, la première vers sept heures du matin, la seconde dès la fin de de l’appel du matin. Une centaine de personnes assistaient à la messe matinale. A la veille des déportations, les derniers offices attiraient également beaucoup de monde.

47Une tentative manquée d’évasion par un tunnel qui passait de la chapelle sous l’autel, en direction de la route de Paris, avait entraîné la fermeture de la chapelle et l’interdiction du culte pour un certain temps. A l’aumônier qui s’en plaignait auprès du commandant allemand du camp, celui-ci répondit : « Tout divertissement est supprimé ». On finit pourtant par rétablir la messe du dimanche, mais le sermon demeura interdit.

48Avant cette interdiction, les messes du dimanche étaient parfois dites par Mgr Théas, avêque de Montauban, qui avait parfois des propos audacieux. Un dimanche de juin 1944, il dit notamment que « la liberté était une chose sacrée à laquelle on ne doit pas toucher » ; qu’il fallait également respecter l’intelligence de l’homme, etc. Tout cela dans un camp nazi. Rappelons que l’évêque de Montauban était un ami des Juifs persécutés par les nazis et que c’est en raison de son attitude à l’égard d’eux, manifestée dans ses lettres pastorales, entre autres, qu’il fut arrêté et interné par les autorités d’occupation allemandes.

49La messe la plus fréquentée fut celle du 15 août 1944, à laquelle assistèrent quelque mille cinq cents internés (les deux tiers de l’effectif total du camp). La déportation de deux mille détenus devait avoir lieu le 14 août 1944. La fouille fut générale et certains internés déshabillés de la tête aux pieds. Les bagages et les couvertures étaient rassemblés pour être expédiés dans deux wagons spéciaux. Les prisonniers étaient enfermés par quatre-vingt-dix dans les baraques à partir du midi, en attendant l’embarquement de soir. Soudain, vers 18 heures, contre-ordre. On ne partait plus. La joie était délirante. D’où l’action de grâces du lendemain [13].

Chapitre 7. Les personnalités

50Pendant plus de trois ans de l’existence du camp, près de cinquante-quatre mille Français et étrangers traversèrent le camp de Compiègne. Parmi eux il y avait de nombreuses personnalités connues avant ou depuis la guerre. Les étrangers étaient des ressortissants de tous les pays du monde, pour la plupart des Belges, des Espagnols, des Hollandais, des Italiens, des Russes, des Polonais, des Américains du Sud et du Nord, des Britanniques, des Arméniens et même des Hindous et d’autres ressortissants juifs asiatiques (quelques-uns).

51Des poètes : Robert Desnos et André Verdet ; des ecclésiastiques : Mgr Théas, évêque de Montauban, Mgr de Solages, recteur de l’Université catholique de Toulouse, le R.P. Riquet (de Paris) et le R.P. de la Perraudière (de Tours), et une quinzaine d’abbés des quatre coins de France. Le protonotaire Mgr André Wrasky et les prêtres de l’église orthodoxe Sobolev et Vilepine ; les pasteurs protestants Houzé et Roux (de Marseille), Lemaire (de Paris), Lobstein (de Strasbourg). Les écrivains Pierre Durand, Louis Martin-Chauffier, Charlotte Delbo ; les professeurs en Sorbonne Jahan et Kahn, Louis Géry et Thomas de l’Université de Strasbourg, Zamansky, futur doyen de la Faculté des Sciences, Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque nationale, de nombreux généraux avec l’amiral Martin (âgé de 72 ans) en tête. Quatorze préfets et sous-préfets. Plusieurs ministres et secrétaires d’Etat : Albert Sarraut, ancien président du conseil des ministres, Henri Teitgen, futur président de la Chambre, Albert Forcinal et d’autres. Une quarantaine de députés anciens et futurs et sénateurs : Georges Cogniot, Vincent Badie, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Jordery et d’autres. Des magistrats : Baron, président de Chambre à la Cour d’Appel, Hoeg, directeur de la police judiciaire ; l’état-major de la rédaction de la « Dépêche » (de Toulouse), Villiers, maire de Lyon (successeur d’Edouard Herriot) ; les industriels Michelin, le père et le fils (les pneus) ; des grands résistants (le colonel Frédéric Manhès, Danielle Casanova, Maï Politzer, etc.). Il convient de citer ici Michel Clemenceau (le fils du « Tigre »), Pierre et Geneviève de Gaulle (respectivement frère et nièce du général de Gaulle), Louis Thorez (le frère de Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français), Millet, petit-fils du célèbre artiste-peintre, lui-même aussi peintre [14].

52Par le camp « C » (juif) sont passés également des personnalités, comme les magistrats Laemlé, conseiller à la Cour d’Appel de Paris, Robert Dreyfus, conseiller à la Cour de Cassation, le sénateur Pierre Masse, ancien membre du gouvernement de Clemenceau, son frère Roger Masse, polytechnicien ; Ernst Ginsburger, grand rabbin de Bayonne ; les écrivains Jean-Jacques Bernard (fils de Tristan Bernard, le célèbre représentant de l’esprit français entre les deux guerres), André Arnyvelde (André Lévy), Spitzer, Maurice Goudeket (le mari de la célèbre Colette), Max Jacob ; les professeurs d’Université : Jacques Ancel (professeur d’histoire en Sorbonne), Maurice Franck (professeur au Conservatoire) ; Georges Wellers, futur maître de recherche et historien du nazisme, Ritch (Rabinowtich), artiste d’Opéra, Folk, le compositeur ; Berenstein et Berliner, les musiciens ; Marcel Lattès, le compositeur ; René Blum (le frère cadet de Léon Blum), directeur des Ballets de Monte-Carlo ; les avocats Ullmo, Georges Dreyfus, Montel, Michel Rolnikas ; de grands résistants : le docteur Joseph Bursztyn, Samuel Nadler (« Munie ») [15].

Chapitre 8. Le « tribunal juif » au camp de Compiègne

53Les avocats Pierre Masse, Albert Ullmo, Paul Léon, Paul Lévy, P. Lehmann, André Cohen, André Catrie, les frères Crémieux (arrêtés à Paris le 27 août 1941) organisèrent au camp de Compiègne (camp « C », camp juif) un tribunal pour juger les délits commis par les internés.

54Le tribunal fonctionna environ deux mois et demi (janvier, février et la moitié de mars 1942). Une petite partie des minutes de ce tribunal est conservée aux archives du Centre de Documentation Juive (C.D.J.C.) à Paris. Ce sont des manuscrits au crayon pour la plupart.

55Les délinquants étaient le plus souvent accusés de vol de produits alimentaires à la corvée d’épluchage (pommes de terre), et de vol d’aliments appartenant à leurs compagnons d’infortune (pain, sucre, margarine, etc.), de détournement de colis destinés aux autres internés, de vol de linge, de détournement d’argent, d’indiscipline de désobéissance, d’algarade contre les chefs de chambrée et les chefs de bâtiments (bloc), de vol d’objets (quarts en aluminium) appartenant aux détenus. Il y avait également des vols en récidive.

56« Le 17 janvier (samedi) 1942, à la sortie de la corvée de peluches, à la fouille, faite comme d’habitude par le policier Rosine, J.R. (*) fut trouvé porteur d’un kilo de pommes de terre. Affaire grave en raison de l’utilisation commune de la denrée et de l’influence de l’exemple. »

57« Le tribunal des internés, après avoir fait une enquête a constaté que l’interné N. S., pendant l’appel général du 10 mars 1942, a quitté la place d’appel et s’est rendu au bloc C 2 où il a dérobé différentes choses. »

58« L’interné R. R. a détourné deux mille francs et des colis destinés à un interné du même camp Othon Kellman n° 2455. Comme preuve : il possède la lettre de la fille de R. R. »

59« L’interné W. A. a constamment troublé par son indiscipline perpétuelle et ses observations intempestives l’ordre dans la chambrée 8 du bâtiment C 6. Muté à la chambre 10 et ramené à la chambrée 8 (commandée actuellement par un autre chef de chambrée), l’interné W. A. sapait toujours l’autorité du chef de chambrée ».

60Le chef du bâtiment C 6 demanda d’ouvrir d’urgence une enquête à ce sujet, vu que l’interné W. A., ancien combattant, blessé à la main gauche, étant exempt de toute corvée supplémentaire, abusa de cette facilité. »

61« L’interné Z., C6 - 3411, reconnaît avoir volé un quart en aluminium à son camarade Salomon Blumenfeld C6 - 10 d’une autre chambrée et qu’il connaissait peu ou pas. Z. s’étonne que prendre un quart puisse être considéré comme un vol. Il accepte pour éviter le tribunal une punition de distribution de tabac à la prochaine distribution » (c’est-à-dire 14 jours sans cigarettes).

62Le tribunal disposait des sanctions suivantes : tonte des cheveux, privation de distribution de tabac, corvées supplémentaires, affichage du jugement, privation de la ration de margarine, saisie de l’argent trouvé sur le délinquant, prison. Le tribunal infligeait, selon le délit, une de ces sanctions ou bien plusieurs punitions à la fois. Voici le texte des condamnations en date du 12 février 1942.

63« Condamnation du Tribunal du camp dans sa séance du 11 février 1942, présidé par Me Pierre Masse sur réquisitoire de Me Ullmo, représentant le ministre public, a condamné pour récidive de vol à la prison, à la privation de quatre distributions de tabac, à l’affichage pendant deux mois du présent jugement. Les quatre cents francs saisis sur lui ont été remis en dommages au commandant Kohn qui les a spontanément versés au fonds de solidarité » [16].

Chapitre 9. Évasions et libérations

A. — Évasions

64Au camp de Compiègne, les tentatives d’évasion furent très nombreuses, et pour cause : les détenus étaient presque tous des politiques anti-nazis et anti-vichyssois, et des résistants. Toutes sortes de stratagèmes étaient employées pour s’évader, mais, hélas, très souvent sans succè. La durée, en général, assez courte, du séjour des détenus au camp était également un facteur d’échec de la réussite de ces tentatives.

65Réussies ou non, elles peuvent être classées en deux grandes catégories : celles entreprises de l’intérieur du camp, celles entreprises de l’extérieur du camp (corvées en dehors du camp, convois, etc.). Selon un autre critère, ces tentatives peuvent être divisées en deux parties : les évasions collectives et les évasions indiiduelles. La dernière répartition concerne en premier lieu les tentatives d’évasion entreprises à partir du camp même.

66Les évasions individuelles du camp étaient nombreuses en 1942 lorsqu’il était relativement plus facile que les années suivantes de tromper la vigilance des gardiens allemands.

67Un détenu de petite taille, surnommé par ses compagnons d’infortune le « jockey », s’est évadé du camp dans une voiture-citerne de vidange. Un moniteur de gymnastique de l’Ecole de Joinville franchit les barbelés et la palissade en exécutant un saut à la perche. Une planche convenablement préparée lui servit de perche. En février 1942, Georges Cogniot, le chef du camp interné, aida un interné à s’embarquer dans le camion d’un fournisseur, dans une virage proche de la sortie du camp (après l’inspection des sentinelles). Le 24 juin 1942, on nota une évasion réusse dans un camion chargé de décombres de l’ancien mécanicien de chez Citroën. Le détenu Chinaud a également réussi son évasion du camp.

68La tentative d’évasion de cinq Marseillais, qui avaient acheté (par l’intermédiaire de deux Belges) la complicité des sentinelles de garde, échoua, les fugitifs avient été trahis. A l’appel du même jour, les détenus saluèrent d’une minute de silence leurs camarades (tués par les rafales du fusil-mitrailleur pendant l’évasion), placés sur une charrette, en défilant devant eux.

69Les détenus tentaient leur chance de fuir chaque qu’ils se trouvaient en dehors du camp. Plusieurs de ces tentatives réussirent. L’un d’eux quitta brusquement la corvée qui descendait la rue Saint-Germain à Compiègne et se glissa dans un convoi funèbre qui se rendait à l’église. Le curé et les assistants lui procurèrent des vêtements et de l’argent. Conduit en voiture à la gare, il prit le premier train [17]. Un autre interné, qui était en corvée non loin de la ferme Delahoche, se joignit à la queue des personnes venues chercher leur lait. Le fermier lui indiqua le bon chemin et le fugitif disparut dans la nature. Au cours d’une corvée de bois, un détenu s’évada à travers les futaies et les ronces.

70On note trois évasions réussies à partir de convois qui se dirigeaient vers la gare de Compiègne en ue de la déportation. Un audacieux détenu, profitant de l’éloignement temporaire du serre-file, prit le vélo d’un commis-charcutier et s’enfuit. Le 26 juin 1943, un convoi de déportés traversait les rues de Compiègne en direction de la gare; ils chantaient la « Marseillaise. ». Le convoi s’arrêta, brusquement, provoquant une confusion. Vingt et un détenus s’évadèrent alors. Le 18 juillet 1943, deux détenus (Pruneau et Pirette) s’évadèrent d’un autre convoi de déportés, et disparurent dans le couloir du café (rue Harlay).

71Les plus spectaculaires, c’étaient les tentatives d’évasion par des tunnels. La première en date des évasions réussions eut lieu le 22 juin 1942, à deux heures du matin. Le souterrain, creusé par les détenus communistes, sous la direction de Georges Cogniot, était long de 48 mètres et avait 60 à 70 centimètres de section. A l’intérieur du camp, les F.T.P. (Francs Tireurs et Partisans) prévenus montèrent la garde auprès de la sortie du tunnel, afin de piloter et d’aider les fugitifs. Des généraux et des officiers de la Wehrmacht vinrent enquêter sur place, en raison de la personnalité des évadés. A titre de représailles, le camp fut mis au secret ; les détenus furent obligés de faire trois heures de marche par jour dans le camp ; d’autres brimades furent infligées pendant plus d’un mois. [18]

72Au mois de juin 1944, dix-huit détenus, pour la plupart des ingénieurs, des techniciens des ponts et chaussées, après avoir creusé tous les soirs avec des moyens de fortune un souterrain aboutissant de l’autre côté des barbelés, se sont évadés pendant la nuit. Cette évasion fit beaucoup de bruit, les autorités allemandes annoncèrent qu’à l’avenir il y aurait cinq fusillés pour un évadé.

73Il y eut d’autres tentatives d’évasion par des tunnels, mais elles ne réussirent pas. L’un des projets prévoyait une évasion massive par un tunnel long de quatre-vingt mètres, au rythme de cinq hommes toutes les dix minutes (trois cents détenus devaient s’évader).

74L’idée était de creuser un tunnel profond et long qui devait passer sous une artère principale du camp, le chemin de ronde, et déboucher dans un terrain vague. Des ingénieurs des mines, des employés du Métro et du Gaz de Paris participaient à cette rude tentative. Des équipes se relayaient jour et nuit. On creusait à la lueur d’une lampe électrique ou de bougies fabriquées au camp. Le souterrain, au départ, mesurait 1,50 mètre de haut sur 1 mètre de large, la hauteur diminuait jusqu’à 1 mètre et la largeur à 75 centimètres. Le tunnel atteignait déjà les barbelés du chemin de la ronde, lorsqu’un officier allemand alla droit à la dalle qui recouvrait l’entrée au tunnel, et donna l’ordre de la soulever. C’était en avril 1944.

75Il y eut encore deux autres tentatives manquées d’évasion par un tunnel. L’une date du 1er février 1943, l’autre qui était basée sur le forage d’un souterrain passant de la chapelle sous l’autel, en direction de la route de Paris, échoua également ; ce dernier tunnel était déjà bâché [19].

76Le nombre total des évadés du camp de Compiègne est évalué à 120 [20].

77Sur le nombre global de quarante-neuf convois acheminés de Compiègne sur les camps de concentration en Allemagne (49.860 personnes), il y en a un (le train n° 7909), qui mérite une attention particulière. Les rescapés de ce convoi l’appellent le « convoi de la mort ». Il quitta Compiègne le 2 juillet 1944 avec deux mille cent soixante-six personnes, il arriva au camp de concentration de Dachau (*) avec six mille six cent trente personnes (cinq cent trente-six étaient mortes en cours de route), cent quatre-vingt une personnes seulement sont rentrées après la libération (mille quatre cent quarante-neuf sont mortes en déportation [21].

78Les causes de la mortalité sur le trajet Compiègne-Dachau ? La température enregistrée le 2 juillet 1944 dans le département de la Marne (Reims et Châlons-sur-Marne) par la Commission météorologique française, 34° [22]. Dans les wagons plombés, surchauffés, les déportés ruisselaient de sueur et mouraient de soif. Les hommes s’affaissaient épuisés, asphyxiés ; d’autres devenaient fous et s’entretuaient. D’autres encore hurlaient, les S.S. mitraillaient les wagons pour faire taire les cris des vivants et des agonisants (**).

Libérations

79Les libérations étaient très rares, et lorsque quelqu’un était libéré, chacun voulait voir le bénéficiaire d’une telle faveur. Le nombre total des libérés pour motifs divers fut de cent trente pour toute la période de l’existence du camp.

80Les 18 et 20 décembre 1941, soixante-treize détenus juifs furent libérés sur l’ordre du commandant militaire allemand en France. C’était de grands malades (trente-huit), des hommes âgés de plus de 65 ans (vingt) et 15 hommes libérés sur ordre spécial. Après cette date, aucune libération, quel qu’en fût le motif, n’était admise en ce qui concerne les détenus juifs. A la requête d’un Français collaborateur haut placé, M. Cognacq, l’ambassade allemande elle-même était intervenue pour le prisonnier juif Roger Gompel, père de quatre enfants, héros de la guerre 14-18, atteint d’une maladie incurable. Dannecker refusa de le libérer, avec une motivation très caractéristique : « Le fait qu’un Français germanophile s’intéresse à un tel Juif n’est pas d’une importance décisive. Une concession de notre part ne serait interprétée par les Français que comme une faiblesse […], elle serait seulement prise dans le sens que, à l’exception du Führer, il n’existe pas d’anti-Juifs parmi les Allemands » (7).

Chapitre 10. « Libération du camp »

81Le 17 août 1944, un accord est conclu entre M. Raoul Nordling, consul général de Suède en France, et le commandant militaire allemand en France, représenté par le major Humm, avec le consentement du commandant militaire allemand du Grand-Paris, le général von Choltitz. Aux termes de cet accord, M. Nordling, assisté de la Croix-Rouge, prenait en charge la surveillance et la responsabilité de tous les détenus politiques des prisons et hôpitaux de Paris ainsi que des camps de Compiègne, de Drancy et de Romainville. Il était précisé que l’accord visait les détenus de « tous les trains sans exception, faisant route à l’heure actuelle, vers toutes destinations ». Le paragraphe sur les détenus des trains, avait été spécialement inclus dans la convention pour que la police allemande (Sipo/SD) ne puisse la tourner en « évacuant » les détenus. Or, en violation de ces dispositions, le même jour, cent femmes qui arrivaient de Paris dans quatre autobus repartaient pour le camp de Ravensbrück dans les mêmes voitures, et le 26 août 1944, trois cents hommes partaient pour l’Allemagne, mais le convoi fut libéré à Péronne par les cheminots français qui avaient conduit le train dans les lignes alliées.

82M. de Grammont, délégué de la Croix-Rouge, et M. de Laguide essayèrent d’intervenir en faveur des internés, mais le S.S.-Hauptsurmführer Dr Illers, chef du service des évacuations auprès du commandant de la Sipo/SD en France, refusa d’appliquer les ordres du commandant militaire, déclarant n’accepter d’en recevoir que de son seul chef, Karl Ober, commandant des S.S. et de la police allemande en France. Le consul général de Suède, M. Nordling, qui s’était rendu sur les lieux, ne put voir le Docteur Illers par suite de l’attitude hostile qui fut prise à son égard [23].

83Le 31 août 1944, dans l’après-midi, les derniers Allemands quittèrent la ville de Compiègne et firent sauter le pont sur l’Oise. Le vendredi 1er septembre 1944, à quatre heures quarante-cinq du matin, les avant-postes de la 28e division américaine faisaient leur entrée dans la ville.

84Le 7 septembre 1944, les prisonniers allemands furent transférés au camp de Royallieu à Compiègne.

85A. R.

Archives

86Les principaux centres d’archives consultés :

87

  • Archives Nationales de France à Paris.
  • Centre de Documentation Juive Contemporaine à Paris.
  • Archives du Ministère des Anciens Combattants à Paris.

Les procès de grands criminels de guerre nazis

88

  • Procès Eichmann à Jérusalem.
  • Procès Karl Oberg et Helmuth Knochen à Paris.
  • Procès Rudolf Höss à Varsovie.

Tableau des abréviations utilisées

A.N.F.Archives Nationales de France.
C.D.J.C.Centre de Documentation Juive Contemporaine à Paris.
C.G.Q.J.Commissariat Général aux Questions Juives.
F. T.P.F.Francs Tireurs et Partisans Français.
M.A.C.Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (Archives).
P.P.F.Parti Populaire Français (collaborationniste).
R.S.H.A.Reichssicherheitshauptamt, Office central de sécurité du Reich à Berlin.
SipoSicherheitspolizei, police de sécurité allemande.
S.D.Sicherheitsdienst, Service de sécurité allemand.
S.S.Schutzstaffel, Troupes de protection nazies.
U.G.I.F.Union Générale des Israélites de France, créée par les autorités françaises de Vichy sur la demande des autorités d’occupation allemandes.
Z.N.Zone Nord ou Z.O. - zone occupée.
Z.S.Zone Sud, zone non occupée jusqu’au 11 novembre 1942.

Annexes

89Doc. n° 1

90IV JSA 225 a

91DAN/Bir

92Vfg.

93XXVI-15

94Paris, le 10-3-1942

95Parvenu le 16 mars 1942

961) Schr.

97Au Commandant militaire en France

98Etat-Major d’administration, Sect. adm. V pol.

99PARIS

100Objet : Déportation de Juifs ;

101en l’occurrence : Juifs mariés à des aryennes.

102Réf. : Lettre du V pol. 290/01 du 17-2-1942

103La question du traitement des Juifs conjoints de personnes aryennes n’a pas été définitivement résolue jusqu’ici. Pour cette raison, dans le cas des 1.000 Juifs internés au camp de détention de Compiègne et destinés à la déportation, l’office central de la Sécurité du Reich a provisoirement exclu de cette déportation les Juifs mariés à des aryennes.

104C’est pourquoi il conviendrait d’ordonner le transfert de ces derniers dans le camp de Drancy.

1052) Z de A.

106Signé illisible.

107Arch. C.D.J.C., XXVI-15.

108Doc. n° 2

109XXVI-15

110Service de Sécurité

111Transmission des Nouvelles

112N° 3416

113Transmis le 27 février 1942 à 16 h 10 par

114Télégramme

115IV J SA 2864

116Dan/Ga

117Secret !

118Paris, le 26-2-1942

119Urgent !

120A remettre immédiatement !

121A l’Office Central pour la Sécurité du Reich

122IV B 1

123Paris (ce mot rayé et remplacé par : Berlin : le changement de destination est opéré le 27-1143 par Mj).

124Objet : Déportation de Juifs.

125Réf. Télégramme secret DR N° 207899 du 24-12-1941.

126Le commandant militaire en France a demandé à notre service de décider si des Juifs conjoints de personnes aryennes sont exclus de la déportation.

127Prière de donner des directives et de me faire connaître la façon de procéder dans le territoire du Reich.

128Z. sv.

12914-3-42.

130Signé illisible.

131Arch. C.D.J.C., IV-18G.

132Doc .n° 4

133IV-180

134Le Commandant militaire en France

135Etats-Major administratif - Section Administration

136Paris, le 10-2-1942

137Gheim.

138Signe du dossier : V pol. 290-01

139Objet : Traitement des détenus juifs au camp de détention policière de Compiègne.

140Responsable : KVA/ss Nährich

1411. Remarque : …

142Observations au sujet du règlement de l’affaire :

1431) aux distributeurs

144Objet : comme ci-dessus.

145Réf. : décret du 20-12-41 - V pol. 230.04/774/41

146Au sujet de la création d’un camp allemand de détention administrative à Compiègne.

I.

147envoyé

14812-2-Geor.

149(note au crayon)

150(« Judenlager »)

151Dans l’enceinte du camp de détention policière de Compiègne sera installée une section spéciale dénommée « camp des Juifs » et où les Juifs seront séparés des autres détenus administratifs.

152Le camp des Juifs servira à héberger les Juifs arrêtés :

153

  1. aux fins de déportation,
  2. comme otages pour l’application ultérieure de mesures de représailles,
  3. parce qu’ils tombent pour une autre raison sous le coup du décret concernant les camps de détention administrative du 30-1241.

II.

154Pour ce qui est des règles régissant l’internement au camp de détention administrative de Compiègne — section Camp des Juifs — et le traitement ultérieur des détenus, il convient d’appliquer le décret susmentionné du 30-12-41 en tenant compte de ce qui suit :

155

  1. Lors de la sélection de Juifs pour la déportation (Ia), il faut veiller à ce que ces Juifs soient aptes au travail et soient âgés de plus de 18 et moins de 55 ans. Outre les Juifs français et apatrides, il convient de ne désigner pour la déportation que des Juifs possédant la nationalité d’un Etat occupé par l’Allemagne.
  2. Lors de la désignation de Juifs comme otages (I b) pour l’application ultérieure de mesures de représailles, il convient d’appliquer les règles générales régissant le choix des otages.

156Arch. C.D.J.C., IV-18G. — (Traduction française).

157

  1. Les Juifs du groupe I c ne devront être internés dans le camp de détention policière de Compiègne — section Camp des Juifs — que si les autres conditions du décret concernant les camps de détention administrative sont remplies. Sinon, il faudra les remettre aux autorités françaises compétentes et les faire transférer dans un camp français de Juifs.
  2. Pour les Juifs, il faudra remplir en règle générale le formulaire modèle 1 en triple exemplaire ; il faudra envoyer le 3e exemplaire au représentant du chef de la SP (Sicherheitspolizei : police de sécurité) et du SD (Sicherheitzdienst) : service de sécurité).
  3. Le formulaire modèle 1 devra porter au crayon de couleur rouge la mention correspondant à l’un ou à l’autre des 3 groupes de détenus juifs visés au parag. I :
    1. « Juifs déportable » ou
    2. « Otage juif » au
    3. « Juif ».
  4. Il ne sera pas procédé au camp de détention administrative de Compiègne — section Camp des Juifs — à un hébergement dans des établissements distinct des 3 groupes de détenus juifs visés au parag. I.
  5. Au camp de détention de Compiègne, et conformément aux indications au crayon rouge portées sur le formulaire modèle 1, un fichier mentionnera séparément sous les mots-clés :
    1. « Juifs »
    2. « Otages juifs »
    3. « Juifs »

158les noms des Juifs internés et permettra à tout moment de les extraire du camp.

159Z. Z. de A.

160Par délégation

161Signé : illisible

IV-18010-2-1942
Chefs de l’Adm. milit. adm. Sect. A, B, C
— Etat-Major administratif —
Commandant du Grand-Paris — Etat-Major adm.
Commandentures de campagne et de secteur180
Commandant du camp de détention administrative de Compiègne3
Pour information :
Etat-Major adm. — Groupe Vju2
Etat-Major command. — Sect. I a2
Etat-Major command. — Sect. I c3
Direction de la Défense (Abwehr) pour la France7
Directeur en chef de la police de campagne auprès du commandant militaire en France30
Représentant du chef de la police de sécurité (SP et MD)6
Rafles de Paris17
Réserve250

162Arch. C.D.J.C., IV-18G.

Bibliographie

  • Bibliographie des ouvrages cités

    • ALPERINE A., L’un des trente-six, Kyoum, Paris, 1946.
    • BERG Roger, La persécution raciale (recueil de documents), Paris, 1946.
    • BERNADAC Christian, Le train de la mort, Ed. France-Empire, Paris, 1946.
    • BERNARD Jean-Jacques, Le camp de la mort tente, Paris, 1946.
    • CHAMBON Albert, N° 81490, Flammarion, Paris, 1961.
    • CHAPLET Pierre, Häftling 43485, Chariot, Paris, 1947.
    • DELARUE Jacques, Trafic de crimes sous l’occupation, Fayard, Paris, 1968.
    • DESNOS Youki, Les confidences de Youki, Fayard, Paris, 1957.
    • DOMBRAS Jean, L’Odyssée du N° 31127, Béziers, 1973.
    • FRANQUEVILLE Robert, Rien à signaler, Victor Attinger, Paris, 1946.
    • LACOUR-GAET Michel, Un déporté comme un autre (1943-1945), S.P.I.D., Paris, 1946.
    • LE GUILLERME Marc, Hors la vie. Journal d’une déportée, Fasquelle, Paris, 1946.
    • MARTIN-CHAUFFIER Louis, L’homme et la bête, Gallimard, Paris, 1947.
    • MASSET Robert, A l’ombre de la croix gammée. Imprimerie Langlois. Argenton-sur-Creuse (Indre), 1949.
    • POIRMEUR André, Compiègne (1939-1945), chez l’auteur, Compiègne, 1968.
    • REINE Charles, Sous le signe de l’étoile, Brentano’s, New York, 1945.
    • RIQUET Michel, R.P., Chrétiens de France dans l’Europe enchaînée, S.O.S., Paris, 1972.
    • THOSAC J., Missionnaires et Gestapo, Les trois nefs, Paris, 1945.
    • TOLLET André, Le souterrain, Editions Sociales, Paris, 1974.
    • TWERSKI Aron, Je suis la victime et le témoin (yiddish), New York, 1947.
    • WELLERS Georges, L’étoile jaune à l’heure de Vichy, Fayard, Paris, 1973.
  • Ouvrages collectifs

    • De l’Université aux camps de concentration. Témoignages strasbourgeois. Paris, 1954. Publications de la Faculté des lettres de l’Université de Strasbourg. Société d’édition : Les belles lettres.
    • La persécution des Juifs en France et les autres pays de l’Ouest présentée par la France à Nuremberg. Recueil de documents publiés sous la direction de Henri Monneray, Ed. du Centre, Paris, 1947.
    • Ecrivains en prison. Préface de Gabriel Audisio, Paris.
    • Le Procès de Jérusalem (Procès d’Etchmann). Introduction de Léon Poliakov, Ed. du Centre, Paris, 1963.
  • Revues et périodiques cités

    • « Hefte von Auschwitz » (Cahiers d’Auschwitz), n° 3 (1960), Ed. Musée d’Etat à Oswiecim, 1960. Les convois avec les détenus de Royallieu (Compiègne) arrivés à Auschwitz (Calendrier des événements).
    • « Le Monde Juif » (Revue du Centre de Documentation Juive Contemporaine à Paris), n° 14 (décembre 1948), n° 15 (janvier 1949) et n° 12 (nouvelle série, 1972).
    • « La Presse Nouvelle » (yiddish), Paris.

Notes

  • (1)
    Voir « Le Monde Juif », n° 104.
  • (1)
    Chapitre 5. — « La situation sanitaire »
    J.-J. Bernard, op. cit., pp. 76 et 82 ; R. Franqueville, op. cit., pp. 58 et 59.
  • (2)
    De l’Université aux camps de concentration. Témoignages strasbourgeois. Paul Hagenmuller, op. cit., p. 4; J.-J. Bernard, op. cit., p. 118; Arch. C.D.J.C., CCXVI-66 ; Témoignage du Docteur A. Drucker.
  • (3)
    Arch. C.D.J.C., CCXVI-66. Déposition du Docteur A. Drucker ; M. Lacour-Gayet, op. cit., p. 84 ; R. Masset, op. cit., p. 52 ; J.-J. Bernard, op. cit., pp. 108, 150, 151 185 186 et 188.
  • (4)
    Ibidem.
    Le docteur Krewer, considéré comme non déportable en tant que « mari d’aryenne », refusa de quitter un groupe d’internés juifs, dont il était le médecin, et se laissa volontairement déporter avec eux (septembre 1942).
  • (5)
    J.-J. Bernard, op. cit., p. 188.
  • (6)
    Chapitre 6. — « La vie culturelle et religieuse »
    P. Chaplet, op. cit., pp. 97 et 98 ; R. Franqueville, op. cit., 58 et 65 ; A. Poirmeur, op. cit., p. 117 ; Marc Le Guillerme, Hors de la vie. Journal d’une déportée. Fasquelle, Paris, 1946, pp. 70 et 71 ; J. Thosac, op. cit., p. 41. Le texte de cette chanson.
  • (7)
    L. Martin-Chauffier, op. cit., p. 77 ; M. Martin-Gayet, op. cit., p. 85 ; R. Masset, op. cit., p. 49 ; J. Thosac, op. cit., p. 43.
  • (8)
    R. Masset, op. cit., p. 49 ; L. Martin-Chauffier, op. cit., pp. 75, 77 et 78 ; J. Thosac, op. cit., pp. 45-50.
  • (9)
    La pièce ne pouvait être jouée en zone Nord, mais elle était éditée en zone Sud.
  • (10)
    A la fin de janvier 1942, on donna des lits et des paillasses aux détenus du camp juif. Le couvre-feu, alors, était fixé à huit heures du soir.
  • (11)
    G. Wellers, L’étoile jaune à l’heure de Vichy, op. cit., p. 116.
  • (12)
    Charles Reine, Sous le signe de l’étoile jaune, Brentano’s, New York, 1945, p. 181 ; J.-J. Bernard, op. cit., pp. 85, 103, 131-133, 136, 139, 145, 145 et 153 ; G. Wellers, op. cit., pp. 107-109.
  • (13)
    M. Lacour-Gayet, op. cit., pp. 76 et 84 ; R. Masset, op. cit., pp. 50 et 51 ; L. Martin-Chauffier, op. cit., p. 175 ; P. Chaplet, op. cit., pp. 103 et 104 ; A. Tollet, op. cit., p. 138 ; J. Thosac, op. cit., pp. 41, 43, 48 et 51.
  • (14)
    Chapitre 7. — « les personnalites »
    Robert Masset, op. cit., p. 49; A. Poirmeur, op. cit., pp. 110-113.
  • (15)
    Ibidem., ; J.-J. Bernard, op. cit. ; G. Wellers, op. cit.
  • (16)
    Chapitre 8. — « Le “tribunal juif” au camp de compiegne »
    Arch. C.D.J.C., DXXXIV-79.
  • (17)
    Chapitre 9. — « Evasions et liberations du camp »
    A. Poirmeur, op. cit., pp. 125-129 ; R. Franqueville, op. cit., pp. 59-61.
  • (18)
    Ibidem. ; A. Tollet, Le souterrain, op. cit., pp. 134-160 ; l’auteur donne la liste de 19 évadés du 22 juin 1942 : Georges Cogniot, Jules Crapier, Robert Gagneux, Henri Kasteman, Maurice Lecointe, Maurice Lauriquet, Rossignol, Renard, Etienne Sacco, Camille Thouvenin, André Tollet, Charles Désirat, Andrien Bermand, Maurice Léonard, Lucien Plu, Edmond Savenaud, Louis Thorez (frère de Maurice, secrétaire général du P.C.F.) ; Henri de Gaulle, René Guerre, R. Masset, op. cit., p. 54.
  • (19)
    R. Franqueville, op. cit., pp. 63-65. Les internés soupçonnaient alors le doyen du camp, un Lorrain, mais ils n’étaient sûrs de rien ; A. Poirmeur, op. cit., p. 127.
  • (20)
    A. Poirmeur, op. cit., p. 135 ; Arch. C.D.J.C., XXV c-254, p. 14. Le premier était
  • (21)
    De l’Université aux camps de concentration. Témoignage strasbourgeois, p. 66. d’origine turque, l’autre polonaise.
    Témoignage de Francis Rohmer-Gayet, op. cit., pp. 89 et 90 ; A. Poirmeur, op. cit., p. 137. L’auteur avance le chiffre de 430 libérés, mais y met également les 300 hommes libérés du convoi de déportation par les cheminots français le 26 août 1944 à Péronne (dans les lignes alliées à l’époque).
  • (22)
    Ch. Bernardac, op. cit., p. 168.
  • (23)
    Chapitre 10. — « Liberation du camp »
    Arch. C.D.J.C., CCLXIV-3. Procès de Karl Oberg et de Helmut Knochen à Paris. Acte d’accusation, deuxième partie, pp. 137 et 138 ; Ch. Bernadac, op. cit., p. 333 ; A. Poirmeur, op. cit., p. 137.
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