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Article de revue

Les activités du Centre de Documentation Juive Contemporaine au cours de l’année 1973

Pages 22 à 26

1Comme les années précédentes, le Centre de Documentation Juive Contemporaine a rempli son rôle d’organisme central en accueillant un grand nombre d’écrivains, d’historiens, de chercheurs, de cinéastes et de réalisateurs de télévision.

2En outre, le Centre a accueilli des représentants d’organisations ainsi que des institutions scolaires et des écoliers. Le C.D.J.C. a fourni de la documentation aux tribunaux allemands. Ils continue de compléter ses archives et sa bibliothèque au moyen de documents et d’ouvrages reçus des administrations, des institutions de même nature que lui, ainsi que des éditeurs français et étrangers.

3Parmi les centaines de personnes qui ont rendu visite au Centre au cours de l’année 1973, on peut citer notamment :

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  • — Betty TRUCK, qui a écrit un livre en collaboration avec Henry Allainmat sur la tragique histoire des 13000 Français incorporés de force dans la Wehrmacht et la Waffen SS, paru aux Presses de la Cité sous le titre « LA NUIT DES PARIAS » et qui a reçu une importante documentation de notre part.
  • — Hillel J. KIEVAL, étudiant à Harvard College à Cambridge (Massachusets) a rédigé une thèse sur le sauvetage des enfants juifs en France « From Social Work to Resistance ». Dans sa préface on peut lire :
    • « It is difficult to express the full extent of my gratitude to the staff of the Centre de Documentation Juive Contemporaine. For six weeks they received me with hospitality, friendliness and constant encouragement. It is to their help and guidance that I owe the successful completion of this project. I would like to thank individuallq Messrs. Mazor and Hessel, and Mmes. Imbert, Halperyn and Mimoun. »
  • — Martine KRISKRIS a fait des recherches dans notre Centre et rédigé un mémoire de maîtrise sur l’antisémitisme en France en 1938-1939 à travers la presse antisémite.
  • — Claude MAILLARD a utilisé la documentation de notre bibliothèque pour son livre en collaboration avec J.C. SlMOEN, paru aux Editions Albin-Michel sous le titre « Hitler a travers la caricature internationale ».
  • — L’Institut Marxismus—Leninismus de Berlin—Est nous a délégué un Chercheur pour étudier dans nos archives l’histoire de la deuxième guerre mondiale et de la résistance allemande.
  • — Nous avons accueilli Bertram Gordon, professeur d’histoire a Mills College (Californie), qui prépare une étude sur la collaboration et les mouvements de la jeunesse sous l’occupation. Une grande quantité de photocopies de nos archives lui a été fournie.

5Voici la liste des établissements scolaires à qui nous avons fourni de la documentation sur l’antisémitisme et le racisme :

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  • — le C.E.S. de Cosne (Nièvre),
  • — le Collège d’Enseignement de Pont—Sainte-Maxence (Oise),
  • — l’Ecole de Juillac—le—Coq (Charente).
  • — Nous avons prêté des photos à l’association « SOUVENIR ET JEUNESSE DU CALVADOS » pour la journée commémorative de la Déportation du 28 avril 1973 à Caen.
  • — Nous avons fourni de nombreuses photos pour le forum sur l’antisémitisme qui s’est tenu a Lyon en mars 1973 et qui était organisé par le Département Educatif de la Jeunesse Juive.
  • — Des documents ont été fournis pour une exposition sur le nazisme à la synagogue de Massy (91).
  • — Nous avons fourni de la documentation à l’O.R.T.F. pour une émission sur la Révolte du Ghetto de Varsovie et sur la France sous l’occupation. Des photos ont été envoyées pour une émission de la B.B.C. sur Baby ar, émission programmée le 3 octobre 1973.
  • — Nous avons fourni des photos aux éditions Crag sur la Gestapo et les expériences médicales, ainsi qu’aux éditions Stock pour le texte-programme de la pièce de Jean—Claude Grumberg, « Dreyfus ».
  • — Des photos ont été également fournies à Weidehfeld and Nicolson (Londres) pour un ouvrage intitulé « The Hitler File », ainsi ku’au « Reader’s Digest » et au « Miroir de l’Histoire ».
  • — Elpé Productions a pris des photos dans nos archives sur l’antisémitisme en Allemagne 1933-1939.
  • — Nova Film s’est documenté sur le professeur Montandon.
  • — Nous avons reçu un cinéaste bulgare pour un documentaire à la télévision « Comment la Bulgarie a défendu ses Juifs contre les Allemands et la persécution ».
  • — Le cinéaste Michel Mitrani est venu nous consulter sur la Grande Rafle de 1942 pour son film « Les guichets du Louvre ».
  • Nous avons poursuivi notre collaboration avec la « Zentrale Stelle für Landesiustizverwaltungen » à Ludwigsburg qu nous envoie régulièrement les copies des jugements dans de nombreuses affaires de criminels nazis, jugées par les tribunaux de la République Fédérale d’Allemagne.
  • — Nous avons poursuivi notre correspondance avec le Parquet de Cologne pour l’A1ffaire Best.
  • — Le tribunal de Stuttgart s’est adressé à nous pour le procès de Rudolf Wüstholz pour participation au meurtre dans la ville d’Aleksandrija en Ukraine.
  • — Beate et Serge Klarsfeld ont continué à utiliser notre documentation pour mener à bien leur action pour un juste châtiment des criminels nazis.
  • — Nous sommes en rapports réguliers avec les tribunaux de Coblence et de Berlin pour des affaires d’idemnisation qui n’ont pas encore été réglées.
  • — Nous avons reçu du Ministère des Anciens Combattants une importante documentation sur le camp de Drancy, concernant les convois et différentes listes nominatives concernant entre autres les entrées et les sorties du camp, le transfert de détenus à l’hôpital Rotschild et d’autre part le transfert d’enfants et d’adolescents de l’hospice Rothschild à Drancy, les évadés du camp, etc...
  • — L’enrichissement de la bibliothèque du Centre de Documentation Juive Contemporaine a pris un tour particulier en 1973. Les ouvrages publiés et adressés par les éditeurs et les auteurs ont continué à s’ajouter aux collections. Mais l’activité principale de la bibliothèque a porté sur l’étude et le classement des ouvrages composant la bibliothèque de Maurice Vanikoff.
  • — Dans un message adressé à la famille de Maurice Vanikoff au moment de la mort de ce dernier, en mars 1961, Edmond Fleg avait dit: « Cette bibliothèque incomparable est un trésor inégalé ».

7Ce « trésor inégalé » a subi bien des tribulations et, après un séjour prolongé dans une cave humide, finalement une grande partie de cette bibliothèque a été offerte au Centre de Documentation Juive Contemporaine, grâce à la bienveillance de M. Henri Michel, secrétaire général du comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale, et avec l’accord du fils de Maurice Vanikoff.

8Cette précieuse bibliothèque était en partie endommagée et même détériorée par l’humidité. Mais, malgré ces pertes, elle constitue une très grande et riche collection.

9Cependant, avant de parler de la bibliothèque, il convient de présenter cet homme extraordinaire et attachant que fut Maurice Vanikoff et de donner un bref aperçu de ses multiples activités.

10Engagé volontaire en 1914, Maurice Vanikoff était médaillé militaire, président de la Fédération des associations des Anciens Combattants et Volontaires juifs de France et rédacteur en chef de l’organe de ces Associations, « L’ancien combattant juifs — Le Volontaire ». Il était également un fondateurs, le secrétaire général de L’Amitié Judéo—chrétienne, le fondateur, avec Edmond Vermeil, et le gérant du groupement d’Etude et d’Information « Races et Racisme », le rédacteur de ses bulletins.

11Il fut, jusqu’en 1939, secretaire du Centre de Documentation et de Vigilance, créée en 1936 par les membres du Consistoire sous la présidence du baron Robert de Rothschild.

12Pendant la deuxième guerre, Maurice Vanikoff se trouvait en Afrique du Nord où il faisait partie du cabinet du ministre de l’Information, Jacques Soustelle, et dirigeait un Centre de Documentation sur la collaboration et les crimes de guerre. De retour à Paris, il participa au Comité d’Action de la Résistance et fut chargé par la section française du Congrès Juif Mondial de la création et la direction d’un Centre de Documentation politique. Il publia, avec M. Moch, le bulletin du Centre d’Information Israélite et par la suite le bulletin « Signes ». Il fut le collaborateur le plus actif de la « Vie Juive », organe bimestriel de la Section française du Congrès Juif Mondial qui a cessé de paraître en 1964.

13Mais derrière ces titres officiels se profilait la silhouette d’un combattant courageux, passionné et désintéressé, d’un champion de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, d’un défenseur acharné des persécutés, des humiliés, des victimes de toutes les injustices.

14Après avoir fait la guerre en 1914—1918, l’arme à la main, il a continué le combat en se servant d’une autre arme. N’ayant jamais cessé de réunir une documentation relative à la cause qu’il servait avec tant de passion, il forgea une nouvelle arme pour poursuivre la lutte. C’est grâce à cette documentation et à sa plume acérée qu’il a pu engager le combat: démasquer l’antisémitisme dans la presse, empêcher la présentation de pièces antisémites, dénoncer les organisations nazies et néo—nazies, faire interdire leurs conférences, rechercher et signaler ce que sont devenus les criminels de guerre.

15La bibliothèque laissée par Maurice Vanikoff, qui sera incorporée à la bibliothèque du C.D.J.C., donne une juste image de la personnalité de son créateur. Elle contient tous les éléments dont se servait Maurice Vanikoff pour mener son combat pour le droit, la justice et la vérité et denoncer le mensonge, l’injustice et l’hypocrisie.

16L’un des éléments les plus précieux dans cette documentation est constitué par les collections de journaux et de périodiques. Ont déjà été incorporées à la bibliothèque du C.D.J.C. les collections du « Figaro », de « l’Aurore » (avec « J’accuse », par Emile Zola), et « l’Illustration » du temps de l’Affaire Dreyfus. Entre les deux guerres: « La France Enchainée » de Darquier de Pellepoix, « La Libre Parole » de Coston, « Je suis partout », « La Juste Parole » d’Oscar de Ferenzy, « La Question d’Israël » par les Pères de Sion, « L’Univers Israélite », « Le Journal Juif », « La Presse Juive illustrée » (en Yiddish), « Der Toug », avec une page française par Vanikoff, plusieurs journaux strasbourgeois, « Le Service Mondial » — version française du Weltdienst, organe de propagande hitlérienne, quelques isolés antisémites qui, probablement n’ont pas fait long feu: « La Rafale », « La Tempête », « Le Soldat du Droit ». Des journaux d’émigrés allemands en France: « Die Zukunft », « Deutsche Freiheit », « Deutsehe Volks-Zeitung » ; « Deutsche Zeitung in Frankreich », journal nazi paraissant à Paris de 1937 il 1939 avec une page en français.

17Sous l’occupation, les collections de « l’Action Française », d’« Aujourd’hui », de « l’Œuvre » (de Dent), de « L’Effort », du « Matin », de « Paris— Soir>>_ de « La France au Travail ». etc.

18Des publications de l’Allemagne Hitlérienne: « Der Stürmer », « Das Schwarze Korps (S.S.) ». Die Bewegung », « RAK (Aussenpolitische Auslands Korrespondenz) ». « Mitteilungen über die Judenfrage », « Die Hitler Jugend », « Der Angriff » (Goebbels), « Nationalsozialistische Briefe », « Nationalsozialistiselie Partei-Korrespondenz ». Aucune des collections citées n’est complète, mais très souvent elles complètent celles que nous possédons.

19Il y a encore des masses de périodiques non triés et des milliers de livres dont environ mille ont été incorporés à la bibliothèque du C.D.J.C.


Date de mise en ligne : 03/01/2021

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