1Si les peuples ignorent et méconnaissent d’habitude les traits essentiels du caractère des minorités qui, vivant parmi eux, partagent leur destinée historique, les groupes minoritaires, de leur côté, se trompent trop souvent sur l’image que celui-ci se fait d’eux. Après deux mille ans de cohabitation plus ou moins malaisée et parfois tragique, le peuple juif n’a toujours pas encore réussi à s’accommoder du paradoxe qui détermine sa situation : celui d’être infiniment proche des nations qui l’entourent et d’en être inéluctablement séparé. La difficulté est sans doute insurmontable — pour lui, évidemment, mais non moins pour les autres.
2Des documents exceptionnels, tels les journaux intimes — celui des frères Goncourt, de Jules Renard, d’André Gide, pour ne citer que quelques écrivains français — nous apprennent à quel degré nous sommes étrangers, monstrueusement étrangers à ceux-là mêmes avec lesquels nous frayons tous les jours dans une ambiance de collaboration confiante, souvent d’amitié. On imagine aisément la surprise de Léon Blum lisant dans le journal de Gide : « … Blum considère la race juive comme supérieure, comme appelée à dominer après avoir été longtemps dominée, et croit qu’il est de son devoir de travailler à son triomphe, d’y aider de toutes ses forces… Ils (les Juifs) parlent plus facilement que nous parce qu’ils ont moins de scrupules. Ils parlent plus haut que nous, parce qu’ils n’ont pas les raisons que nous avons de parler parfois à demi-voix, de respecter certaines choses. »
3L’imagination hostile, abondamment nourrie d’une incompréhension systématique, invente sans cesse une caricature d’autant plus haïssable qu’elle inspire peur et angoisse. Ne nous trompons pas, l’incompréhension de l’Autre va parfois de pair avec une sympathie exagérée, ou même une admiration sans bornes. Dans ce cas, on nous présente comme si nous étions le peuple que nous devrions être selon les exigences de nos prophètes, mais que nous ne sommes pas, naturellement. Et les louanges excessives ne sont pas moins dangereuses que les calomnies les plus savamment dosées.
4Je me souviens de l’ahurissement de l’adolescent que j’étais, découvrant chaque jour davantage combien l’Histoire nous ignore, ne signalant notre existence, constamment menacée, que par de rapides allusions, pour ainsi dire dans des notules de bas de page. Elle réduit les persécutions et nos souffrances en terre chrétienne, à des faits divers plutôt négligeables. Enfant, j’avais appris que les Croisés, avant de partir à l’assaut de la Terre Sainte, s’assuraient partout des victoires faciles en tuant les Juifs, avant ou après les avoir pillés avec un zèle indomptable. Les livres d’histoire chrétiens mentionnent ces épisodes en passant, juste assez pour expliquer le retard avec lequel des Croisés se présentaient enfin aux ports d’embarquement.
5Evidemment, les vaincus non vengés sont souvent oubliés ou négligemment mentionnés ; ils sont les objets de l’Histoire, dont seuls les vainqueurs sont les sujets. Juifs ou non-juifs, c’est à la lumière qui illumine les monuments des vainqueurs que la postérité écrit l’Histoire.
6OR, différents en cela aussi des autres peuples, les Juifs n’ont jamais cessé de se comporter comme des sujets de l’Histoire, comme de vrais vainqueurs, les vainqueurs d’une future bataille, la dernière. Cela s’explique par la promesse prophétique, mais aussi par le fait que l’enseignement juif joue un rôle prédominant, même dans la religion des persécuteurs. Enfin, l’illusion judéo-centriste se trouve favorisée par le fait que les antisémites obsédés s’acharnent à « révéler » que les événements, les malheurs, et les changements les plus importants, ne sont que les résultats des agissements secrets de ce petit peuple. On sait que Hitler, ses précurseurs, et ses émules, ne se sont pas fait défaut d’exploiter l’illusion judéo-centriste. Depuis lors, elle me parait encore plus dangereuse, et intolérable chez les Juifs eux-mêmes.
7Une autre illusion, qui n’est pas exclusivement juive non plus, est née d’une erreur concernant les sentiments que les souffrances de victimes innocentes inspirent d’habitude aux témoins, en particulier, et aux contemporains, en général. En dépit d’innombrables déceptions, notre humanisme optimiste ne cesse de renouveler cette illusion ; elle devint dominante après la fin de la guerre hitlérienne. Partout — notamment en Europe, sur les ruines sous lesquelles gisaient les massacrés sans sépulture — partout, les Juifs s’apprêtaient à accueillir la compassion des autres, leur solidarité empressée de s’exprimer par des actes en faveur des rescapés du Hourban.
8Or, la pitié est un sentiment bien doux et sincère — à condition qu’on ne lui demande pas de durer plus que ce moment dramatique pendant lequel la souffrance, atteignant son point culminant, force l’attention fuyante des indifférents.
9Après avoir préféré douter de la criminalité nazie, qui, dès 1933, perpétrait des forfaits immondes dans les camps de concentration ; après avoir hésité trop longtemps — même pendant la guerre et jusqu’à sa conclusion — à croire aux camps de la morts et à la politique de la solution finale, le monde se résignait enfin à admettre que nos avertissements avaient été bien fondés, et nos cris d’alarme tragiquement justifiés. Au printemps 1945, et pendant les quelques mois de l’été, la compassion semblait dominer les sentiments des peuples du monde, et plus particulièrement des Européens, envers les orphelins du Hourban. La compassion, mais non la mauvaise conscience. Et c’est là le premier point capital à retenir lorsqu’il s’agit d’établir le bilan des vingt dernières années. Evidemment, nul groupe humain, qu’il soit religieux, ethnique ou politique, n’accepte et ne supporte de vivre plus de quelques heures sous l’empire de sa mauvaise conscience. Chacun découvre ou invente plus de raisons qu’il ne lui en faut pour se justifier devant luimême. Seuls les saints pourraient demeurer en un repentir constant ; pour tous les autres, la contrition est le moyen le plus sûr d’échapper au passé qui accuse, pour retrouver tout le confort d’une conscience purifiée.
10Ni les Allemands, ni les Autrichiens, ni les Polonais ou les Ukrainiens, ni les Russes ou Croates, etc., n’ont le sentiment de s’être rendus coupables envers leurs voisins, qu’ils avaient fait — ou du moins laissé — mourir par leur refus de la moindre solidarité. Certes, on rencontre en Allemagne, comme dans d’autres pays, assez fréquemment, des hommes qui se croient sincèrement responsables, et même coupables de tout ce que leur peuple a fait au nôtre. Ces hommes sont, à coup sûr, des êtres exemplaires dont on peut avec certitude proclamer l’innocence, et dont on doit louer la solidarité avec les victimes ; ils en ont souvent fait preuve en risquant leur vie. Le paradoxe veut que ceux parmi les Allemands qui sont absolument innocents aient sincèrement assumé la responsabilité de leur peuple, cependant que la masse des autres, des coupables, de leurs complices, et des indifférents, n’a jamais connu le repentir, ou l’a rapidement oublié grâce à un système d’autojustification spécieux. Tous l’ont oublié de la manière dont on efface de sa mémoire les erreurs de jeunesse, lorsqu’elles n’ont pas tiré à conséquence.
11Si la certitude de devoir une réparation au peuple martyrisé par Hitler et ses complices de partout demeurait assez forte encore chez certains, pendant les premières années d’après-guerre, à présent il n’en est plus rien. C’est pourquoi le penchant des Juifs de rappeler avec insistance leur catastrophe et ses conséquences durables incommode même nos amis : ils réussissent aisément à ne plus entendre les plaintes, qui les ennuient, au lieu de les émouvoir.
12Pourtant, de même que l’antisémitisme ne saurait être une préoccupation des Juifs seuls, de même les événements des années 40 devraient continuer à tourmenter les Gentils, et à les confronter avec un problème torturant : « Comment, après deux mille ans d’éducation chrétienne, les nôtres étaient-ils capables de génocide et des crimes innommables ? » Les écrits religieux, moraux, sociologiques, psychologiques, politiques et, finalement, les œuvres de fiction, auraient dû refléter cette interrogation urgente. Or, la tentative de saisir et d’interpréter l’intolérable passé si proche, et de le surmonter par une prise de conscience sans cesse approfondie, d’en réparer les conséquences — cette tentative, très faible dès le début, a cessé rapidement. C’est là un fait qui donne à réfléchir et dont on ne saurait surestimer l’importance négative. Les livres consacrés au Hourban, c’est-à-dire à la plus grande catastrophe morale des peuples chrétiens, sont, à de rares exceptions près, dus à des Juifs. La littérature des Gentils, pour sa part, a ignoré ces thèmes, ou ne les a mentionnés qu’en passant. Je ne connais pas une œuvre, de fiction ou de réflexion, qu’un grand écrivain contemporain non-juif ait consacrée à notre désastre. Des auteurs chrétiens de grande réputation ont, certes, écrit des préfaces pour quelques livres juifs, mais guère plus.
13D’autre part, tel ou tel ouvrage juif traitant du Hourban ou de l’« Exodus », ou de la naissance d’Israël, aura connu une vogue extraordinaire ! Je citerai un seul exemple ici : le succès tout à fait exceptionnel du Journal d’Anne Frank, succès incontestablement mérité par ce document humain, s’explique non par ce qu’il relate les faits du Hourban, mais parce que ce livre émouvant se termine avant que la jeune Anne ait à faire face elle-même aux nazis et aux camps, à l’humiliation et à la mort. Ainsi, les lecteurs voulaient bien verser des larmes sur une ravissante adolescente, mais à condition qu’on leur épargne la confrontation avec l’effroyable réalité que la jeune fille appréhendait, et devant laquelle sa famille se cachait. Mais le « Journal » se termine avant que l’ouragan de la violence ne l’emporte vers le néant.
14Une analyse plus approfondie de cet immense succès de librairie et de théâtre démontrerait pertinemment que la volonté de prendre conscience de ce qui nous est arrivé reste limitée et froidement contrôlée.
15Vingt et un ans après la fin d’Hitler, on en est encore à chercher une réponse à la question suivante : l’antisémitisme, compromis par les crimes et par la défaite des exterminateurs, est-il à présent vaincu, ou seulement affaibli ?
16J’ignore si des sondages d’opinion publique nous permettraient de connaître exactement la situation actuelle de l’antisémitisme. Bien que ne disposant point de chiffres statistiques, j’ose affirmer que l’antijudaïsme raciste, considérablement affaibli pendant les dix ans qui ont suivi la défaite, n’a pas retrouvé sa virulence d’avant-guerre. En revanche, l’antisémitisme traditionnel, qui se réclame tout comme auparavant de certains enseignements religieux. de superstitions, de mensonges et calomnies transmis d’une génération à l’autre, cet antisémitisme, ouvert ou à demi-caché, bien qu’ébranlé il y a vingt ans, n’a cessé de se fortifier depuis lors. Il s’est même répandu avec une force renouvelée — en Union Soviétique, par exemple, et dans les territoires qu’elle contrôle.
17Peu importe de quels arguments se sert la haine des Juifs, et quels contours elle prête à la caricature dans laquelle elle emprisonne ceux qu’elle persécute ; peu importe si cette haine se cache, en partie ou totalement, derrière des ruses paranoïaques et des propagandes diffamatoires bien organisées, ou si elle retrouve le courage de s’avouer sans réticence — depuis le Hourban le rapport des peuples avec le Judaïsme n’a guère changé, l’antisémitisme n’a pas désarmé. A cet égard le problème juif reste entier — même dans les pays qui n’ont plus de population juive.
18Pourtant, on ne niera pas certaines modifications, provoquées notamment par deux facteurs qui agissent sur nos contemporains d’une façon divergente, sinon opposée :
191) Nulle méthode d’exploration psychologique ne permet de sonder la profondeur de l’influence dépravante subie par tous ceux qui ont vécu cette expérience : on pouvait priver les Juifs de tous les droits d’homme, les voler et piller en plein jour, les dégrader et humilier sans raison et, finalement, les assassiner, sans que le monde environnant, témoin permanent, eût abandonné l’indifférence, et fût accouru pour les secourir et pour empêcher les crimes. Des juges ignares, et des feuilletonnistes bavards, reprochent aux Juifs de ne s’être pas battus dans le ghetto et dans les camps. Là où il y avait la moindre possibilité de choisir la révolte, et avec elle le plus souvent la mort la plus sûre, les nôtres se sont insurgés bien plus souvent que d’autres groupes parmi les victimes des nazis, par exemple, les prisonniers de guerre russes ou les résistants exilés dans des camps de concentration.
20L’expérience corruptrice à laquelle je fais allusion ne concerne pas la non-résistance juive, dans les conditions où nulle résistance n’était possible, mais la tacite complicité morale des autres, par exemple des puissances militaires, de nos Alliés qui, en dépit de demandes constantes, se sont abstenues de bombarder les camps des nazis à titre de représailles. L’expérience déshumanisante dont il est question ici fut celle de millions et de millions d’Européens qui apprirent que l’on pouvait faire le plus grand mal aux Juifs, leurs voisins, sans avoir à craindre des conséquences. Cette démonstration ad oculos était quotidienne — dans les pays slaves mais aussi en France, et dans d’autres pays d’Europe occupés par les Allemands.
21Les effets traumatiques de cette rupture de la solidarité humaine, base de toute décence, obscurcissent la conscience d’innombrables contemporains : ils cherchent refuge dans l’oubli, dans l’inconscient qui cèle et désactualise le proche passé. Or, l’inconscient n’a jamais profité à une minorité comme celle formée par les Juifs parmi les peuples.
222) La naissance d’Israël, la guerre de la Libération, de même que la campagne du Sinaï, ont sans conteste influencé les relations des Gentils avec le peuple juif. On pourrait dire que, d’une certaine façon, l’existence du jeune Etat a pour effet de diminuer les conséquences redoutables de la dépravation dont on vient de parler. J’ai écrit ailleurs :
« Encouragés par le génocide que Hitler avait pratiqué sans rencontrer de « résistance, les Arabes se ruaient sur la naissante nation israélienne pour « l’exterminer, et s’en faire sur-le-champ les héritiers. Les chefs militaires et « politiques des Etats arabes, aussi bien que le ministre Ernest Bevin et ses « conseillers du Colonial Office, n’avaient pas compris que l’époque millénaire « des Juifs sanctifiant Dieu et se sanctifiant eux-mêmes par leur soumission à « la mort violente, venait de prendre fin avec l’insurrection du Ghetto de « Varsovie. Avec l’expérience concluante du Judaïsme européen prit fin aussi « l’illusion du peuple devenu laïque depuis un siècle : l’illusion qu’il pourrait « compter sur les autres pour le défendre. Les armées arabes furent taillées « en pièces et rejetées hors des frontières par des hommes qui, en se battant « sans esprit de recul, entendaient aussi venger les morts sans sépultures, « dont ils étaient les frères, les fils ou les neveux. Ils entendaient apprendre « au monde entier que la longue saison de la chasse était terminée pour tou « jours et que l’on ne tuerait plus le Juif aisément, ni impunément… Le plus « grand service que l’on puisse rendre aux peuples tentés par l’antisémitisme « agressif, c’est de rendre le crime qu’il inspire périlleux aux instigateurs et « aux exécuteurs eux-mêmes. »
24On n’entreprendra pas ici d’analyser les réactions, fort souvent favorables, et d’ailleurs très variées, que l’existence de l’Etat d’Israël ne cesse de provoquer parmi les Gentils. Qu’il suffise de dire qu’elles sont incomparablement plus compliquées qu’il ne parait. Ainsi, le fond antisémite d’un certain pro-israélisme ne prête guère au doute. De nombreux Gentils admirent chez les Israéliens, tels qu’ils se les imaginent, le caractère non-juif : une inlassable agressivité militaire, une rapidité de réactions violentes, et jusqu’à des abus dont des militaires israéliens se sont, hélas ! rendus coupables dans tel ou tel village arabe. Il y a, en outre, un pro-sionisme chrétien qui joint sa voix à celle de l’antisémitisme : « Les Juifs en Israël ! »
25L’analyse des rapports entre les hommes ou entre des collectivités est forcément dialectique, c’est-à-dire qu’elle doit toujours tenir compte du mouvement alternant par lequel le sujet devient objet sans cesser d’être celui qu’il est. Par ce mouvement le Moi apprend à se considérer aussi comme s’il pouvait être l’Autre — l’Autre qu’il demeure pour tous les autres, dont chacun de son côté se connaît lui-même en tant que moi. L’égocentrisme, dans notre cas le judéocentrisme, dérange parfois ce mouvement continuel, et en empêchant de bien comprendre les autres, rend impossible la connaissance de soi-même et les vraies relations avec autrui.
26Un des faits les plus tragiques de notre histoire contemporaine est le résultat de ce genre d’incomprétension et la source de contradictions flagrantes dans notre conduite : Si nous reprochons au monde sa tendance à oublier le Hourban, il est vrai, d’autre part, que les Juifs eux-mêmes s’en détournent, qu’ils sont bien loin, par exemple, de recueillir et de publier tout ce qui pourrait servir de base documentaire à l’histoire de nos désastres. Mais on ne se lasse pas de répéter à toutes les commémorations des discours qui deviennent des airs d’opérettes tragiques. Et on laisse périr les restes survivants de la culture assassinée dans les agglomérations juives d’Europe centrale et orientale.
27Il suffit d’étudier la réaction du public juif à tel ou tel livre, à la publication de tel ou tel document, pour se convaincre que nous n’avons pas fait la preuve d’avoir mérité de survivre.
28On a pu écrire que le procès d’Eichmann était nécessaire pour apprendre aux jeunes Isréaliens ce qui était arrivé à leurs pareils pendant la guerre. On rougit en pensant à cela, mais on n’a pas le droit de se dissimuler le fait qu’une immense ignorance caractérise de larges couches du peuple juif de nos jours — sans que cela les empêche d’ailleurs de compter sur la compassion permanente des autres et sur leur refus d’oublier.
29Or, il s’agit précisément d’éliminer une fois pour toutes cette attitude pitoyable qui aura si souvent caractérisé nos relations avec nos voisins. Nous n’avons que faire de leur pitié, mais nous veillerons désormais à ce que chacun assume sa responsabilité.
30Pour finir, et d’une façon peu réconfortante, constatons que le phénomène juif continue à être inconnu et, par conséquent, méconnu. Rappelons qu’une telle ignorance est extrêmement dangereuse. Elle le devient encore davantage du fait que les Juifs de notre temps méconnaissent le phénomène juif presque autant que tous ceux qui les entourent.
31Or, rien n’est plus menaçant pour les groupes minoritaires que l’obscurité qui les cache et défigure leurs contours, leur prêtant une démesure qui inspire la haine.
32Paris, Juin 1966.