Ceux qui sauvèrent l’honneur
Le commissaire aux questions juives est plus semite que les juifs
1Parmi ceux qui sauvegardèrent l’honneur français, comment ne pas citer cette revue de province qui en 1942 osa publier sur la question juive une opinion… française.
2Aussi M. le Commissaire aux Questions Juives s’empressa-t-il d’aviser ses supérieurs du forfait.
3Mais la revue se réfère à la parole du Pape Pie XI : « Comment pouvons-nous être antisémites quand nous sommes spirituellement tous des sémites ? ». Qu’à cela ne tienne ! M. le Commissaire, qui ne veut pas contredire le Pape, décrète purement et simplement que les Juifs ne sont plus des sémites.
4Voici le document :
5MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
6S. E. Information
7Vichy, le 18-3-1942.
8Le Commissaire Général aux Questions Juives à Monsieur le Secrétaire Général à l’Information.
9A l’attention de Monsieur le Chef de la Censure.
10J’ai l’honneur de vous informer qu’il m’a été communiqué un extrait de la revue mensuelle « Lettre aux Fédérés » de février 1942, cette revue, imprimée à Issoudun, autorisée à paraître par la censure de Clermont-Ferrand sous le n° 3529 contenait un article sur la question juive absolument inopportun.
11Je n’ai pas qualité pour juger les allusions à l’hitlérisme contenues dans les expressions : « pur paganisme… Cette vague de persécution païenne…, mais je tiens cependant à vous signaler que cela peut amener des réactions trop justifiées de la part des autorités occupantes.
12Cet article contenait une fois de plus la citation de la parole du Pape Pie XI « Spirituellement nous sommes tous des sémites » que les Juifs exploitent dans un sens que le Pape lui-même n’avait pu y attacher, car reniant les promesses du Nouveau Testament, contenues dans l’ancien, les juifs ne sont plus spirituellement des sémites au sens où le Pape l’avait entendu.
13Il y aurait intérêt à surveiller de très près des revues de cette sorte qui, sous prétexte de scrupules chrétiens, visent à contrebattre et à déconsidérer la politique de M. le Maréchal Pétain tendant à débarrasser la France de l’exploitation juive.
14Je vous serais bien obligé de bien vouloir soumettre de tels articles à l’étude de mes services.
Un livre sans lendemain
15Telle était l’opinion du critique redoutable que fut M. le Commissaire Général aux Questions Juives au sujet du Pilote de guerre d’Antoine de St-Exupéry.
16En effet, le héros de ce livre se nomme Israël et, qui pis est, il est… sympathique (!!!)
17Mais la trahison gagnant jusqu’à la presse « nationale », il s’y trouva des comparses pour louer le livre d’un auteur dont la sœur est mariée à un Anglais qui s’appelle Churchill.
18On aura tout vu !
19MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
20Commissariat Général aux Questions Juives
21Le Commissaire Général
22aux Questions Juives à Monsieur le Docteur B… 34, r. Pauquet — Paris-16e
23Monsieur le Docteur,
24Comme suite à la conversation que j’ai eu l’honneur d’avoir avec vous, hier soir 14 janvier, j’ai donné l’ordre d’acheter le livre dont je vous ai parlé : « Pilote de guerre » par Antoine de St-Exupéry.
25Malheureusement en ce qui nous concerne, mais fort heureusement pour ce qui se rapporte à l’opinion publique, ce livre a été récemment interdit.
26Il m’est donc impossible de vous l’envoyer.
27Je ne puis que mentionner le fait que le héros de ce roman est un certain Israël, que l’auteur nous présente sous le jour le plus sympathique.
28Par ailleurs les troupes fascistes sont assimilées à des « marchés d’es claves ».
29Ce livre fait preuve du plus révoltant bellicisme. « Fallait-il, s’écrie M. de Saint-Exupéry, que la France, pour s’épargner une défaite, refusât la guerre ? Je ne le crois pas. »
30Alors que la Radio s’efforce constamment de faire entrer dans les cerveaux populaires une vérité aussiévidente, il est surprenant que M. de Saint-Exupéry ait pu adopter coram populo une attitude qui soit en opposition flagrante avec le bon sens et que j’appellerai la « ligne européenne ».
31Mais, ce qui est peut-être plus intéressant que ce livre sans lendemain, ce sont les commentaires enthousiastes auxquels se sont livrés la plupart des critiques de la presse de Paris.
32II est étonnant qu’en territoire occupé, une telle insulte à l’Armée allemande (« marchés d’esclaves… ») à l’Europe nouvelle (vive la guerre de 1940) ait pu se voir louanger par :
- — M. Jean-Pierre Maxence qui, dans le journal Aujourd’hui, conseille aux jeunes hommes de prendre Pilote de Guerre comme livre de chevet ;
- — M. Maurice Betz qui, dans Paris-Midi, le considère comme un chef-d’œuvre, « tout pénétré de cette humanité hautaine et simplement généreuse que seule la familiarité du ciel semble prêter à l’homme » ;
- — M. Mac Orlan qui, dans les Nouveaux Temps, part en dithyrambes sur « une œuvre qui atteint sans effort sa perfection »… et, ajoute-t-il, « est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre 1939-1940. Je l’ai lu deux fois, et mon désir est de le faire lire… Pour la plupart des hommes, il sera un enseignement, pour d’autres un réconfort. »
- — M. Pierre Montanet, dans Comœdia, où il écrit : « De tous les livres écrits sur la défaite par des Combattants ou des non Combattants, « Pilote de Guerre » est le seul à la mesure de la France, le seul dont la dignité et la noblesse de vues soient en rapport avec la grandeur passée de notre Pays. »
- — M. Marius Richard qui, dans Révolution Nationale (ô ironie !) chante le cantique suivant : « C’est par sa substance profonde, par sa forme, par sa noblesse et par sa densité, le plus beau livre que la guerre ait inspiré. Il a des proportions de cathédrale… d’une cathédrale il a quelque peu la signification. C’est un des livres qui sauvent l’honneur. »
34Si sauver l’honneur consiste à traiter les Armées européennes de « marchés d’esclaves », à faire l’apologie des juifs, et d’une façon générale, des maux qui se sont abattus sur l’Europe, les Nationaux français ne comprennent plus.
35Ce qui, en tout cas, est extrêmement intéressant, c’est de remarquer quels sont les hommes qui se sont livrés à ce panégyrique, car il est évident que ce fait les révèle comme des amis des juifs, des amis passionnés qui n’attendent qu’un petit incident pour essayer de militer contre la Révolution Nationale et antijuive.
36Je vous prie d’agréer, Docteur, l’expression de mes sentiments distingués très respectueux.
37Signé : ERARD.
38P.-S. — La sœur de M. de Saint-Exupéry est mariée à un Anglais qui s’appelle Churchill, et qui habite Carnac (Morbihan).
Expansion française
39M. de Féraudy a reçu un jour, aux temps heureux où son pays était occupé par des amis allemands, une savoureuse lettre dont nous vous offrons la copie.
40CENTRE INTELLECTUEL
41D’EXPANSION FRANÇAISE
42Secrétariat Général
4338, rue Pierre-Demours
44Paris-17e
45Monsieur Jacques de Féraudy.
46Monsieur,
47Ainsi, vous avez éprouvé le besoin de déclamer devant les racistes allemands et français une poésie (!…) dont vous êtes paraît-il l’auteur et qui s’intitule : Juif va-t’en !
48Auriez-vous déclamé : Juif vat’en ! il y a trente ans, devant Sarah Bernhardt, la plus grande tragédienne française depuis Rachel, auriez-vous déclamé : Juif vat-t’en ! il y a dix ou vingt ans devant Simone, une des premières artistes de ce temps, devant G. de Porto-Riche, devant Tristan Bernard, devant Alfred Savoir, devant Henri Bernstein, auteurs dramatiques au grand talent indiscuté f
49Non, vous ne l’auriez pas fait, parce que ces Juifs étaient considérés, glorieux et que vous vous fussiez bien gardé d’insulter des personnalités d’un tel calibre dont vous pouviez avoir besoin à chaque instant. En déclamant alors votre diatribe antijuive, vous vous fussiez fermé l’accès des scènes et des salons. Il vous eût donc fallu dans ce temps-là pour attaquer publiquement les Juifs, surtout dans votre milieu où ils étaient puissants et nombreux, un courage incontestable et une fameuse dose de désintéressement.
50Aussi vous n’y songiez guère.
51En 1941, les Juifs étaient conspués, brimés, dépouillés ; quand ils ne sont pas enfermés ou proscrits, ils sont chassés de leur profession, mis hors d’état de gagner leur vie. Ils n’ont plus d’influence, plus d’adulateurs, plus de champions… journaux, théâtres, éditions, tout est sous la coupe et aux ordre des nazis.
52Il n’y a donc à cette heure aucun mérite, aucun risque, aucun honneur, aucun courage à se déclarer contre les Juifs. On ne fait, en agissant ainsi, que flatter bassement l’ennemi, que l’imiter, le suivre et lui obéir.
53Et c’est ce moment que vous choisissez pour vous lancer à pas de charge à l’assaut des Juifs ! A l’assaut, non, à la curée, car ils sont par terre, impuissants… Attaquer qui est désarmé, frapper un blessé gisant, jeter des pierres à un homme ligoté, cracher à la figure d’un crucifié, en bon français cela s’appelle de la lâcheté.
54Pour un porteur de particule, vous n’aaissez guère noblement. Même ceux qui ont l’autre jour applaudi cette récitation vous méprisent, vous pouvez en être sûr !
55Pourquoi avez-vous commis cette bassesse ? Pour soulager une vieille rancune peut-être. Lancer le coup de pied de l’ârte à ceux qui étaient hier puissants et glorieux, n’est-ce pas l’aveu implicite d’une sourde jalousie d’acteur sans talent et d’auteur injoué envers les grands artistes juifs - qui vous éclipsaient et que vous êtes bien content de voir déboulonnés ?
56Mais peut-être avez-vous fait ça parce que vous embrassiez sincèrement les thèses des envahisseurs teutons ? Cela ne fait pas honneur à votre intelligence ? Car les raisons de cette persécution sont aveuglantes, comme les malices cousues de câble blanc de la propagande boche… Pour détourner du bandit Hitler, les nazis cherchent à rejeter sur les Juifs la responsabilité de la guerre.
57Coup double : en même temps qu’on les voue à l’exécration du public, on leur barbotte leurs maisons, leurs objets d’art et leur argent. Du beau travail de gangster.
58Faut-il être ignorant ou abject pour se mettre à la remorque de ces gens-là et insulter une race qui n’a que le tort d’être plus noble, plus pure et plus vieille que les autres et d’avoir atteint les cîmes de la civilisation plusieurs siècles avant que les barbares d’Europe aient seulement cessé de manger avec leurs doigts.
59Signé : Baronne de Sétigné,
6028, rue Vaneau.
Les volontaires de l’etoile
61On ne devrait pas oublier que quand les Juifs furent obligés de porter l’étoile jaune qui, après les avoir exposé à toutes les humiliations et à toutes les spoliations, devait les conduire plus tard aux abattoirs nazis, de nombreux Français sortirent dans les rues arborant des insignes imitant l’étoile d’infamie avec des inscriptions « Auvergnat », « J3 », « Jésus » et même « Juif » (Jeunesse Universitaire de l’Ile de France).
62En attendant de revenir sur ces nobles gestes de mépris et de courage anonyme, nous reproduisons une lettre du C.G.Q.J. au sujet de ces « volontaires de l’étoile » :
63Paris 17 août 1942.
64Le Commissaire Général aux Questions Juives à Monsieur le Préfet de Police Paris
65Vous avez bien voulu par lettre sans date de la Direction des Affaires Juives, me demander d’intervenir auprès des Autorités d’Occupation afin d’obtenir la libération des vingt personnes non juives, arrêtées pour avoir porté un insigne parodiant l’étoile jaune.
66J’ai l’honneur de vous faire connaître que les Autorités Allemandes consultées à cet effet, m’ont fait connaître que cette requête ne pouvait être accueillie favorablement, dans les circonstances présentes.
Cabinet de Curiosités
Derriere la façade
67Nous tenons entre nos mains un témoignage d’où il ressort que le grrrand « savant » raciste français, l’anthropologue (anthropophage ?) Montandon est : niais, vicieux, obsédé sexuel condamné jadis pour attentat aux mœurs, lâche, calomniateurs, tout cela sans préjudice du reste.
68Ce qui confère le plus de poids à ce document c’est le fait qu’il est revêtu de la signature d’un collaborateur de Au Pilori, organe officiel des fous massacreurs.
69Nous le reproduisons intégralement.
70Clément Serpeille de Gobineau
71102, rue de la Tour (16e) Cher Ami,
72Le 16 février tard dans la soirée, un confrère d’un grand quotidien m’apprenait par téléphone ce qu’il a qualifié lui-même une agression contre moi du Dr Montandon.
73Ce dernier prenait prétexte d’un article de Au Pilori où je l’invitais à s’expliquer sur son terme d’ethnie appliqué à la race juive, ce terme prêtant à l’équivoque. Je précisais d’ailleurs en nommant ses amis qui avant-guerre se montraient antiracistes tout en étant antijuifs.
74Le Dr Montandon a jugé bon d’envoyer aux dirigeants de la presse un factum infâme sur moi, acte qui le stigmatise comme un faux savant, incapable de soutenir la contradiction, aigri et haineux contre ceux qui ne sont pas béats d’admiration devant ses exposés obscurs et ses définitions de mots tirés du grec appliqués à ses thèses.
75On ne discute pas avec un tel personnage on le marque au fer rouge. Je dis donc strictement ce que je sais sur lui dans le numéro de Au Pilori de ce jeudi 26 février.
76Je précise ce qui suit :
- 1° Le Dr Montandon est un niais.
78Mes connaissances générales ne le cèdent en rien à celles de ce Monsieur. Oui, je fréquente les hippodromes et les courses sont pleines d’attraits et d’enseignements.
- 2° Le Dr Montandon est un vicieux et un obsédé sexuel.
80Il a, aux dires d’un de ses amis, le Dr Spiess, habitant actuellement à Nice, été condamné pour- attentat aux mœurs dans son pays d’origine, car il est Suisse et c’est un rebut que nous avons naturalisé. Cet homme donc ne peut admettre que j’ai suscité parmi des jeunes gens des amitiés fidèles et une compréhension remarquable de mes idées sans en inférer à des mœurs anormales : Jalousie vicieuse ou obsession perverse.
- 3° Le Dr Montandon est un faux savant et il se contredit.
82Ses explications et ses attaques à mon égard sur le plan doctrinaire sont pénibles et confuses. Il n’est pas fixé lui-même sur la solidité de ses idées. En août 1936 il attaque Gobineau dans les « Nouvelles Littéraires », il y a un mois aux Sociétés Savantes il en fait l’éloge.
- 4° Le Dr Montandon est un aigri ayant conscience de son infériorité et un. lâche.
84Il attaque systématiquement ceux qui lui portent ombrage, les morts comme les vivants par des injures et sans les discuter. En revanche il couvre de fleurs ceux auxquels il a intérêt à ne pas s’attaquer.
- 5° Le Dr Montandon est un menteur conscient et un calomniateur.
86Son insinuation à propos du déjeuner amical le prouve. Voici des dates et faits à l’appui :
- a) Montandon a attaqué Gobineau en 1936, je le critiquais à ce propos.
- b) Il m’en veut ; en une rencontre faite dans le métro il me donne son adresse et son téléphone pour en discuter.
- c) Dans Au Pilori du 18 décembre 1942 je déplore le terme d’ethnie appliqué à la race juive.
- d) Peu après sachant que Montandon doit examiner M. B…, libraire, je lui donne rendez-vous pour lui parler de ce camarade collègue de la Molé-Tocqueville, où il s’était toujours montré antibelliciste, jamais projuif. Il avait en 1933 organisé une exposition gobiniste.
- e) La rencontre eut lieu le 3 janvier. Montandon me reprocha vivement mon allusion de mon article du 18 décembre. Je lui expliquais que celui qu’il doit examiner n’a qu’une grand-mère juive et pour se rendre compte des réactions spontanées de l’examiné je lui demande s’il ne serait pas gêné de déjeuner avec lui et moi ; sur quoi il me répond qu’il préfère reporter ce déjeuner après examen, je lui déclare que je comprends très bien ses scrupules.
- f) Le 16 janvier aux Ambassadeurs Montandon m’attaque encore d’une façon déplaisante à propos de mon article du 18 décembre. Je lui propose de s’expliquer.
- g) Paraît l’article du 12 février de Au Pilori où je demandais une explication pour dissiper l’équivoque.
88La chronologie de mes rencontres avec Montandon et les dates de mes articles prouvent qu’il ment en attribuant la querelle que je lui ai cherchée au fait qu’il ait déclaré juif mon camarade.
89Veuillez m’excuser de, vous importuner avec ces explications nécessaires pour juger cet ex-Suisse qui a mission officielle de nous défendre contre les Juifs et recevez, cher Ami, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
90Signé : Clément Serpeille de Gobineau.
Le journalisme mene a tout
91Il y en avait qui n’étaient contents, mais pas contents du tout de la lutte antijuive : cela n’allait pas assez vite !
92Tel ce « journaliste » dont nous reproduisons ici la lettre et qui, en fait de journalisme, de son propre aveu, s’intéressait particulièrement au contrôle de l’étoile jaune.
93Paris, le 8 juillet 1942.
94Monsieur le Commissaire Général et cher confrère,
95Au cours d’une visite, qui remonte déjà à plusieurs semaines, je vous avais demandé de prendre part à la lutte antijuive, dans l’organisation du Commissariat Général. Je n’entends parler de rien.
96Où en est la réorganisation dont vous m’aviez parlé ?
97Où en est le contrôle des identités juives, qui a été fort mal fait ces dernières années par la Préfecture de Police, et qui permet aujourd’hui sans doute le camouflage de beaucoup d’étoiles jaunes ? Car c’est à ce contrôle, et aux moyens de ce contrôle, que je m’intéresse particulièrement. J’estime que c’est le point de départ.
98Dans l’attente d’une réponse, je vous prie de recevoir, Monsieur le Commissaire Général et cher confrère (puisque que vous avez bien voulu me rappeler que vous veniez du journalisme) mes plus distinguées salutations.
99Signé : Jean GAYET,
10094, rue Nollet-17e
Date de mise en ligne : 04/01/2021