Notes
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Réceptions enthousiastes, immédiates, des chroniqueurs littéraires, quand paraît Littérature et Sensation : « Si l’on avait vu se révéler dans un roman le dixième du talent que M. Jean-Pierre Richard a mis dans un essai critique, qui est son premier livre, quel succès lui aurait-on fait » (A. Rousseaux) ; « Littérature et Sensation, livre dont la vérité désespérera la plupart des critiques d’aujourd’hui, livre que Sainte-Beuve lui-même n’a pas osé rêver » (A.-M. Schmidt), etc. D’illustres lecteurs, Octave Mannoni, Jacques Derrida, Gérard Genette, bien d’autres, dialogueront avec le Mallarmé ou le Proust ; et aujourd’hui encore la sortie de Pêle-mêle (2010) a été saluée dans Le Nouvel Observateur, comme une œuvre du plus grand critique français vivant.
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Antoine Perraud, émission « Tire ta langue », France Culture, 5 septembre 2010.
1Avec Littérature et Sensation, en 1954, une corne d’abondance gorgée de sensations s’était répandue généreusement sur des livres parfois étiolés, desséchés par des approches coupées du terreau sensible où ils puisent leur suc. L’abondance, la nuance : un « nuancier de qualités » chatoyantes. La plume de Richard avait l’irisation dont rêvait Diderot : « Tremper sa plume dans l’arc-en-ciel et jeter sur la ligne la poussière des ailes du papillon ». L’épigraphe de Profondeur de Baudelaire, dans Poésie et Profondeur, va à l’essentiel : « Le sentiment, comme tu sais, est enfant de la matière ; il est son regard admirablement nuancé » (Char). Le grand air salubre de ces premiers ouvrages a, dès lors, traversé, vivifié, nombre de livres lus par Jean-Pierre Richard [1]. Des classiques des xixe et xxe siècles, à Proust, à Barthes, aux poètes modernes, aux prosateurs contemporains, l’originalité d’une écriture où saveur et savoir retrouvaient leur commune racine a renouvelé notre perception des écrits. Pénétrante et enveloppante, irisée à l’infini, se lovant subtilement dans les moindres replis d’un texte, son inventivité a mis en lumière des convergences inattendues, des correspondances entre mets et mots, entre corps et décors ; des discords aussi, qui cherchent compromis et résolutions dans l’aventure d’une écriture. Littérature, revue du département de littérature française de Paris-VIII dont il a été, à Vincennes, l’un des fondateurs, lui marque ici, tout naturellement, sa reconnaissance.
2L’hommage a pris un tour particulier. Les travaux de Jean-Pierre Richard ayant été consacrés, à partir des années 1990, à des romanciers contemporains, cette orientation a donné l’envie de confier ce numéro à ceux sur qui il avait écrit. Dans les microrécits autographiques que voici il est partie prenante et partie prise. Son œuvre est tantôt directement analysée – Gérard Farasse se penche sur le livre qu’il a consacré à Pierre Michon, Christophe Pradeau relit son article sur Guérin ; tantôt abordée plus obliquement, dans des histoires de rencontre, d’entrecroisement – mais les approches latérales sont accordées à la manière légère de cette « critique buissonnière ». Le retentissement qu’elle a eu chez ces romanciers les a fait remonter vers l’évidence d’une justesse d’analyse, qui avait fondé la rencontre. Plusieurs revivent l’intensité du premier contact, le « point de départ » si décisif pour Poulet, le saisissement devant les pages de Richard, le lien affectif tissé entre eux et leur critique, qui invite souvent son lecteur à entrer dans la danse, à prendre garde à un détail qu’il désigne du doigt. C’est le point vers lequel se sont spontanément orientés ces écrivains, qui avaient carte blanche. Comment ont-ils rencontré l’œuvre de Jean-Pierre Richard, comment les a-t-elle marqués, a germé dans leur propre texte, s’est accrue en eux. Bergounioux revoit la main de son professeur lui tendant Poésie et Profondeur, Guillaume entend l’enseignement du sien, imprégné de Richard. Beaucoup d’entre nous, dans les troupes supplétives de la critique, pourraient narrer des découvertes parallèles. C’était l’étayage critique de tel khâgneux des années 1955 qui avait à portée de main, dans son étroit casier de pensionnaire, trois livres qui luisent encore dans la pénombre de cette fraîche réserve : le premier tome, avec sa couverture aux austères caractères verts et noirs, des Études sur le temps humain, Le Degré zéro de l’écriture dans la collection « Pierres vives », équarrie par l’exergue de Rabelais, et dans la même collection du Seuil, Littérature et Sensation. Là, on sentait vivre les livres, on touchait la vie à travers eux, on allait droit aux textes sans les contourner par des voies de « grande ceinture » (comme disait Péguy à propos du La Fontaine de Taine, ajoutant ironiquement que la difficulté de ces approches concentriques était de déterminer le point le plus éloigné du texte, pour l’élire comme point de départ …) Certaines phrases inoubliables gravées dans la mémoire de leurs lecteurs – Dominique Barbéris se rappelle la fabuleuse entame du Flaubert : « On mange beaucoup dans les romans de Flaubert » –, ont été des déclencheurs. Quand passe à l’arrière-plan de la mémoire le cheminement détaillé, ce sont des images, des couleurs qui restent en-avant, l’heure indicible, l’aube du détachement rimbaldien, le faisandage des Goncourt, la fadeur de Verlaine, la lumière grise flottant sur les déserts de Fromentin, ou la phrase, écho à Camus, sur laquelle je butais : « Il faut imaginer Baudelaire heureux » …
3Ces rencontres personnelles n’ont pas été tout à fait négligeables dans l’histoire de la critique moderne. Jean Starobinski, encore partagé entre littérature et médecine, est appelé à Johns-Hopkins où enseigne depuis un an Georges Poulet, collègue de Leo Spitzer, dont Poulet publiera le dernier texte inachevé sur La Modification ; quelques années auparavant, Jean-Pierre Richard, sortant de la rue d’Ulm au lendemain de la guerre, est nommé lecteur à l’université d’Edimbourg – Pierre Bergounioux se rappelle qu’il a ensuite enseigné à l’Institut français de Londres, et fait de cette position excentrée une des conditions de son renouvellement de la critique ; à Londres il a pour collègue Raymond Picard, alors attiré par Roland Barthes et la nouvelle critique … C’est à Édimbourg que Georges Poulet avait passé les années de guerre et, venant se présenter à lui, Richard assiste à son cours sur Hugo. S’en sont suivies une merveilleuse osmose intellectuelle et une grande amitié. « Vous verrez, m’avait dit Poulet, quand je rassemblais un livre d’hommage pour Richard, Jean-Pierre vous expliquera pourquoi je choisis précisément ce chapitre sur Hugo, dans le livre que je suis en train d’écrire sur la pensée indéterminée. »
4« La cribleuse de blé » : c’est la silhouette que Georges Blin avait choisie pour illustrer le labeur du critique. Il donnait à ce dernier mot, saisi par sa racine, les formes robustes de la cribleuse de blé de Courbet, agenouillée, penchée sur son van, liée à la terre, à sa fatigue paysanne, triant, et lisant sur la toile étendue devant ses genoux le poème du blé disséminé au rythme de ses bras. Penchée certes, comme le critique qui pâlit sur sa feuille, mais tellement moins irréelle ! Cette image vient comme naturellement au-devant de Jean-Pierre Richard, qui aura été un des rares critiques du xxe siècle à faire toute la place au corps, à la chair des êtres et des choses, à la sensation, dans les textes qu’il lit comme dans ceux qu’il écrit. Il se sent accordé à la « chair du monde », une expression de Merleau-Ponty qu’il aime, il porte « une adhésion sensuelle et imaginante à chaque élément textuel interrogé ». Proust, Barthes, une petite poignée de grands lecteurs nous ont donné ce sentiment de la réalité cueillie au ras des sensations, de cette brise fraîche enveloppant la marche d’un promeneur : Thibaudet le Bourguignon apercevant Montaigne dans les brouillards de son humide Aquitaine, Péguy arpentant le plateau de Saclay avec Halévy et sentant fourmiller dans ses jambes les sensations mêmes de Descartes, « ce cavalier français parti d’un si bon pas », Ponge soupesant un Claudel pondéreux, et l’identifiant, entre massivité et onomastique, à une grosse tortue à la marche claudicante.
5Le critique cherche un tamis qui séparerait le grain de la paille et, quand ce bricoleur devient mécanicien de machines littéraires, il donne à ses filtres l’encadrement de tableaux. À l’âge structuraliste des oppositions binaires, Barthes avait suggéré de faire un tri entre des textes scriptibles et des textes lisibles. Ceux-ci, classiques enclos dans leur perfection intemporelle, étaient victimes du sérieux de lecteurs soucieux de juger, de distribuer éloges ou blâmes : la férule et le lorgnon, disait Sainte-Beuve. Ceux-là, anciens ou modernes, étaient les contemporains intempestifs de leurs lecteurs, donnant l’envie et la possibilité de les récrire, de les prolonger. Des textes contagieux, inoculant le désir d’écrire, propageant une effervescence ludique chez le lecteur, lui offrant le plaisir « de jouer lui-même, d’accéder pleinement à l’enchantement du signifiant, à la volupté de l’écriture ». Aucun mot de cette phrase de Barthes qui ne convienne aux textes qu’écrit Richard. Un texte n’est pas scriptible en soi, il a la possibilité de le devenir, quand un lecteur comme Jean-Pierre Richard élève le livre lu, fût-il ancien ou contemporain, à la puissance de susciter une nouvelle écriture. Il leur donne le jeu d’une écriture seconde, la fruition des sons et des saveurs, les éveille au plus près des sensations, des rêveries et des désirs, retrouvant par ses bonheurs d’écriture le bonheur d’une relation vivante avec les êtres ; et avec le sol : portrait du critique des Terrains de lecture en bouliste, qui évalue le « grain » du texte, et les « grattons » funestes à la course de la boule qui veut s’approcher du « petit », le bouchon de la pétanque. À travers le corps conducteur de Richard monte vers le lecteur la vie enclose dans les lettres.
6Dans ce numéro, on a souhaité que l’œuvre de Jean-Pierre Richard, écrivain plénier, et salué comme tel dès ses débuts, soit tenue pour scriptible. Critique, il repère un motif récurrent, suit les appels de sens phoniques, déplie une phrase, prête une écoute flottante aux jeux de l’inconscient. Écrivain, il sait que tout ce que ne retiennent pas les mailles du tamis doit réapparaître dans les suggestions de l’écriture. Le texte scriptible émeut par son écriture d’autres écritures : Pierre Michon en donne un bel exemple avec Rimbaud le fils. Accompagnant depuis plus de vingt ans l’écriture de romanciers confirmés, ou de plus jeunes qu’il a adoubés ; et qu’il a tous comblés, par la plénitude d’un art de lire qui fait venir l’eau à la bouche ; taste-lettres comme d’autres sont taste-vin. L’intention de ce numéro n’était pas de parcourir, une nouvelle fois, l’œuvre de Jean-Pierre Richard, bien balisée dans ses étapes, scandée par les préfaces mêmes des livres successifs. On rappellera seulement ce que sait chacun de ses lecteurs. Ce maniement sans pareil de textes palpés, caressés, humés, goûtés, les grands parcours de Littérature et Sensation, de Poésie et Profondeur, formant la première époque de cette œuvre, culminant dans le monument frissonnant du Mallarmé ; une approche structurale, non grevée de pesanteurs intellectualistes mais faisant converger ce qui bâtit la cohérence d’une grande œuvre, dont les éléments sont sensations et rêveries, où tout communique, le schème intellectuel et l’obsession, les lignes d’un paysage et la carnation d’un corps. Ce sensualisme n’a pas sa propre fin en soi ; mais il est le chemin de la genèse d’un sujet, partant de l’élémentaire, se divisant, se rejoignant dans la langue. Comme il y a des romans d’apprentissage, c’est là une critique de formation, et Richard fait de l’acte d’écrire un « exercice d’appréhension et de genèse au cours duquel un écrivain tente d’à la fois se saisir et se construire ». Ayant pris en compte le choix existentiel illustré par Sartre, l’intentionnalité phénoménologique qui tourne la conscience vers tel objet, l’attention de Poulet au temps et à l’espace, tenus pour les catégories sensibles de cogito singuliers, Richard construit les modes et les formes de ce projet, tel qu’il est mis en œuvre dans les relations d’un sujet aux êtres, aux plus infimes objets, aux détails les moins visibles ou les plus reluctants à se laisser conceptualiser. Une critique par petites touches, qui dessinent peu à peu tout un paysage. « Le bon Dieu est dans les détails », formule fameuse attribuée à Warburg : Freud ou Spitzer n’ont cessé de se glisser dans l’inconscient ou le style à partir de détails révélateurs. Richard n’oublie pas le cercle que forment le tout et les détails, mais sa tendresse va vers le « petit », cet hypocoristique qui donne à chérir l’inappréciable presque rien ! Beaucoup de ses derniers textes, dans Pêle-mêle, dessinent la courbe de maturation du « petit », dans lequel se concentre, s’accomplit, le mouvement d’écriture, bouclé dans la jouissance de minuscules sphères ou ovales : l’olive charnue, gorgée de soleil, à la fin du parcours du courbe chez Bonnefoy, la goutte d’encre de Claudel donnée en libation aux gouttes de pluie qui enveloppent la maison, la galette sphérique roulée par le bousier de J.-H. Fabre, le paradis d’enfance floral de Marceline Desbordes-Valmore, « tout cela contracté en une seule douceur, celle d’un point véritablement final ». Quelle euphorie de Richard quand il retrouve les « petits bonheurs » stendhaliens miniaturisés dans le minuscule, « vies minuscules » de Michon, « plaisirs minuscules » de Delerm. Projeté par l’adjectif, le désir du sujet miroitait sur l’objet comme une moire ; en le substantivant (le velouté, le poisseux), Richard ne sacrifiait pas le désirable, mais pouvait dégager des essences, des unités discrètes, découper dans l’imaginaire des motifs à la réalité labile, insistante et fuyante, revécus par empathie dans leur dynamisme, se prolongeant, se dépassant l’un en l’autre, inversant leurs valeurs, résolvant leurs tensions après avoir traversé un point de vertige, l’espace d’une négativité. Trouver du continu, encore informe parfois, en deçà des oppositions (sa thématique fait jaillir volontiers le projet d’être de motifs antagonistes : sécheresse et tendresse de Stendhal), retrouver la douceur du lié au-delà de la déliaison, était le bonheur autorisant le glissando critique. Il ne renoncera pas à une critique déployant narrativement le projet d’être par l’écriture, mais considérera qu’il n’y a pas de « point de départ » absolu dans des œuvres à entrées multiples. Sans exhiber une théorisation, ce qui n’est guère de son goût, – encore que la préface du Mallarmé la dégage avec une grande rigueur –, Richard parti de la profondeur rejoint par son mouvement propre la valorisation des parcours de surface de l’écriture contemporaine. Avec la seconde époque de cette œuvre, la démarche critique favorise la vue myope de Microlectures (« Aux grands mots, les petits remèdes » : dédicace manuscrite de ce livre …) et de Pages Paysages, étayées, à partir de l’époque vincennoise, sur le jeu des signifiants et les déplacements inconscients – là encore l’appui discret sur Freud, sur Mélanie Klein, sur Winnicott, Bion, Green, Bellemin-Noël, et d’autres, est aimanté par ce qui va dans le sens du continu ou du fusionnel, le « bon sein », le fantasme de « parents combinés », les objets et espaces « transitionnels », etc. L’éprouvé sensoriel et l’épreuve pulsionnelle, entre lesquels il faudra trouver des recoupements ou des coupures. Mais l’affleurement du pulsionnel est enveloppé, enrobé, dans la matière sensible. Le titre Pages Paysages énonçait le désir de superposer l’un sur l’autre paysage sensible et paysage graphique. « C’était une utopie ! », dit aujourd’hui Richard dans un entretien avec Antoine Perraud [2], mais une utopie rectrice. Il lui semble s’en être le plus approché dans Paysage de Chateaubriand, grâce, ajoute-t-il avec sa modestie habituelle, au livre de Jean Mourot qui lui proposait le paysage stylistique des Mémoires d’outre-tombe. Avec la fin des cours donnés à l’Université, points d’ancrage des études antérieures, Richard s’orientera de manière décidée vers des romanciers contemporains, avec une allégresse de découvreur. « Avez-vous lu Baruch ? », question légendaire de La Fontaine, dans l’émerveillement de sa découverte. Richard transmet aussi (sans naïveté, en l’analysant) son enchantement. Par la grâce de sensations emparadisées, Christophe Pradeau retrouve, à travers les mots de son lecteur, la substance même d’instants, de scènes de sa propre enfance, oubliés et ressuscités. Attentif à toute nouveauté, il lui arrive d’interroger un proche – ainsi Réda lui signale Michon. Mais bien plus souvent, Dominique Barbéris y fait allusion, c’est lui qui, avec une délicatesse souriante, suggère tel titre, souffle un nom. Un souffleur, un alchimiste, partant du « plomb », qu’il trouve au creuset de Michon et de Rimbaud, pour en faire l’or des mots. Cet éclat, rayonnant malgré le souci d’effacement de son auteur, a fait de lui, on le sait, l’un des trois ou quatre grands lecteurs de langue française de la seconde moitié du xxe siècle.
7Dans leurs échanges épistolaires, Marcel Raymond et Albert Béguin évoquaient, plusieurs fois, le « sacrifice de soi » qu’implique l’acte critique, et Richard dit à Yvan Leclerc qu’il a choisi de ne parler de lui, de ses obsessions, de son paysage méridional, qu’à travers les textes des autres. Le grand critique n’est pas un écrivain raté, comme l’affirmait un esprit bilieux, mais un écrivain en séjour dans le corps et l’esprit d’autres écrivains. Richard s’introduit dans le corps des livres avec une rare acuité, et y vit, enveloppé dans le bruissement de leurs mots. Discrétion, modestie, générosité sont une évidence, pour qui songe à Jean-Pierre Richard. Il faudrait y ajouter de l’attention, cette « prière naturelle », des égards extrêmes envers l’auteur, une élégance toute mallarméenne dans le rapport aux Lettres, disons, d’un mot un peu passé de mode, de la noblesse ; celle qui fait défaut au critique qui monte sur les épaules de son auteur pour se faire voir de plus loin, ou qui le sacrifie, de bon cœur, à la gloire de sa méthode. « Inventer une façon d’écrire, une façon de lire qui soit à la hauteur, peut-être, de ce que le texte raconte. Voilà, c’est cela, écrire de la critique », disait, il y a un an, Jean-Pierre Richard, au micro d’Antoine Perraud.
8On a choisi de s’adresser à des romanciers pour suggérer le portrait d’un écrivain par des écrivains, de l’artiste dans les miroirs de ceux dont il avait d’abord dégagé les traits : Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Dominique Barbéris, Christophe Pradeau, Daniel Guillaume, Gérard Farasse, parmi d’autres possibles, sont ici présents. Trois textes inédits de Jean-Pierre Richard, l’un sur le premier roman de Daniel Guillaume, un autre sur La Scène de Maryline Desbiolles, le troisième sur les chambres de Proust, prononcé à Rome à l’invitation de Jacqueline Risset, ainsi qu’un entretien avec Yvan Leclerc, enrichissent ce dossier.
Notes
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Réceptions enthousiastes, immédiates, des chroniqueurs littéraires, quand paraît Littérature et Sensation : « Si l’on avait vu se révéler dans un roman le dixième du talent que M. Jean-Pierre Richard a mis dans un essai critique, qui est son premier livre, quel succès lui aurait-on fait » (A. Rousseaux) ; « Littérature et Sensation, livre dont la vérité désespérera la plupart des critiques d’aujourd’hui, livre que Sainte-Beuve lui-même n’a pas osé rêver » (A.-M. Schmidt), etc. D’illustres lecteurs, Octave Mannoni, Jacques Derrida, Gérard Genette, bien d’autres, dialogueront avec le Mallarmé ou le Proust ; et aujourd’hui encore la sortie de Pêle-mêle (2010) a été saluée dans Le Nouvel Observateur, comme une œuvre du plus grand critique français vivant.
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Antoine Perraud, émission « Tire ta langue », France Culture, 5 septembre 2010.