On me propose d’écrire un texte sur l’internationalisme, un concept décidément out of fashion. Out of fashion, très certainement, mais absolument crucial si l’on veut comprendre rétrospectivement comment la race humaine a tenté d’éviter l’apocalypse préparée par cinq siècles de capitalisme et de colonialisme.
Internationalisme est le nom d’une utopie indispensable, l’utopie de la redistribution des ressources au niveau social et planétaire, utopie qui seule pourrait aider les humains à sauver l’humain.
Mais l’internationalisme a été écrasé par la loi darwinienne de la suprématie de la nature sur la volonté, permettant aux groupes humains les mieux entraînés au crime de dominer.
Après Auschwitz et Hiroshima, le darwinisme annonce l’extinction. Si la nature et l’ontologie sont destinées à prévaloir sur la volonté et la raison, reste à ceux qui ont la chance de croire en Dieu à réciter leurs prières, car la nature de l’âge atomique est la condition de l’apocalypse.
Réfléchissant sur l’internationalisme, je me suis retrouvé à écrire un texte sur le futur de l’Europe, ou plutôt un texte sur ce que l’Europe est devenue faute d’internationalisme.
Pendant trois décennies, comme beaucoup de mes amis provenant de l’histoire du mouvement de 68, je me suis proclamé européiste, et ai tâché de trouver un signifié progressiste, égalitaire et libertaire au projet européen.
Après le Traité de Maastricht, j’ai bien compris que la construction européenne empruntait un tournant néo-libéral…