Les réseaux sociaux seraient-ils à l’échelle de la planète l’équivalent du Forum de la Rome antique, symbole des fondements de nos démocraties ? On l’a peut-être espéré. Il convient toutefois de constater que certains de leurs effets vont à l’encontre du principe démocratique.
Je prendrai pour exemple le phénomène #Metoo qui a été particulièrement violent en France, d’autant qu’il s’est traduit en #Balance ton porc, et auquel, avec quelques autres femmes – Sarah Chiche, Abnousse Shalmani, Peggy Sastre, Catherine Robbe-Grillet –, je me suis opposée dans une tribune publiée par Le Monde le 9 janvier 2018. Notre texte recueillit immédiatement une centaine de signatures parmi lesquelles celle de Catherine Deneuve, ce qui lui assura une audience internationale ! Des journalistes, des institutions culturelles du monde entier nous ont demandé d’éclairer et de développer notre propos. Enfin, un point de vue différent s’exprimait !
Au cours de la polémique qui s’ensuivit, un certain nombre de critiques qui nous ont été adressées auraient voulu réduire le débat à un conflit de générations : la jeune génération de #Metoo s’opposant à une génération plus ancienne, celle notamment qui avait participé à la révolution sexuelle des années 68. Outre que c’est objectivement faux – toutes les générations sont représentées non seulement parmi les signataires, mais aussi parmi les auteurs –, je voudrais au contraire souligner que les militantes de #Metoo, quel que soit leur âge, et par défaut d’une pensée vraiment nouvelle, ont réveillé les pires réflexes du militantisme dogmatique…