Le mot « révolution » a pour nous un sens principalement politique et combatif qu’il n’avait chez Littré qu’en huitième position (« changement brusque et violent dans la politique et le gouvernement d’un pays ») et qu’il n’acquiert dans le Robert qu’en deuxième partie de l’article avec cette définition : « Changement brusque et important dans l’ordre social, moral » ; précisé ensuite à propos de l’État : « Ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante (nationale en général) lorsqu’une partie d’un groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir et que des changements profonds se produisent dans la société. Révolution se distingue de révolte par son importance et ses conséquences de réforme, par sa soudaineté, sa violence. »
Que plaçons-nous dans le mot « révolution « ? Non pas la violence mais la volonté d’un monde enfin réformé pour qu’il soit plus juste, plus égal, plus fraternel. Notre époque rend toujours davantage improbable cette réforme. Elle fait même pire en démonétisant le sens de ces mots au profit de la seule réussite individuelle et de l’égoïsme. Un constat qui devrait scandaliser est en conséquence répété régulièrement comme la plus banale normalité : les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. La proportion de ces deux états de l’humanité a même été quantifiée : 1 % des humains possède autant que les 99 % restant. Que ce calcul révoltant ne suscite qu’une indignation répétitive et modérée est significatif d’un temps où la majorité des têtes est occupée par le…