Un grand nombre de politiciens, d’universitaires et de militants affirment que le conflit israélo-palestinien est unique et qu’il n’est donc pas surprenant qu’aucun accord n’ait pu être trouvé. Ils prétendent que le projet sioniste en Palestine inclut des éléments qui n’existent pas dans les efforts déployés par les autres nations pour parvenir à l’autodétermination et à l’indépendance. Je ne partage pas cette position. Ma thèse repose sur la conviction que si tout conflit a ses propres particularités, aucun n’a le monopole de l’unicité. J’ai appris, en étudiant différents conflits, que l’idée de singularité a été invoquée dans un certain nombre de cas. En général, une telle revendication était émise par le camp dominant. Ce dernier cherchait une solution qui préserve sa position dominante, et il utilisait la prétention à l’unicité comme un prétexte pour réaliser des objectifs stratégiques à long terme. J’ai également appris que les conflits politiques partagent nombre de similarités et de différences, et que nous pouvons tirer des leçons des unes aussi bien que des autres. En outre, je suis parvenue à la conclusion que ce qui importe réellement dans la résolution politique d’un conflit est la capacité et la volonté des parties concernées de prendre conscience et de comprendre précisément ses causes profondes, d’être prêtes à reconnaître les problèmes connexes et à y faire face aussi bien au niveau formel qu’informel. Il est tout aussi important que les adversaires en question tirent la conclusion qu’aucun camp ne sera en mesure de l’emporter sur l’autre, et qu’on ne saurait instaurer une paix durable sans parvenir à un accord dès le premier stade des négociations, lorsqu’est défini le but ou le résultat final…