L’itinéraire de l’artiste français Yannick Manier, alias Gustav Wallas, est caractérisé par une quête spirituelle à la démarche pluridisciplinaire et par la volonté de donner corps à la mythologie d’une culture alternative en opposition aux idéologies et aux principes de la civilisation occidentale. La radicalité de l’un de ses premiers choix est documentée par le court métrage vidéo Coral Tomb, 8 minutes 5 secondes, tourné en septembre 2008 par Robert M. Cluesman près de Pigalle, en utilisant les décors surréels du Cabaret Mme Arthur et l’espace urbain de la rue adjacente traversée par les lumières artificielles de l’éclairage nocturne. Interprétant son propre personnage, du moins tel qu’il était à cette époque : un rocker habillé de cuir qui a comme raison d’être sa guitare électrique, Gustav Wallas y incarne l’artiste maudit qui subit la dérision des bien-pensants bourgeois et la marginalisation sociale. Il chante mais sa voix, déformée et transformée en bruit, est rendue inaudible par une sorte d’écran invisible qui s’intercale entre lui et le spectateur. C’est le thème de l’incommunicabilité. Ses mots incompréhensibles demeurent ainsi sans effet, tandis que de brèves scènes du diable triomphant, figure mythique du mal, alternent avec les images réelles de l’explosion de la bombe atomique et de son souffle dévastateur. La scène finale montre l’artiste au bûcher, brûlé en victime sacrificielle. Le thème du pacifisme se situe au second plan, supplanté par le questionnement sur le rôle de l’artiste dans la société contemporaine et sur l’hypocrisie qui rend sa voix inaudible…