1950-1983, plus de trente ans dans la vie d’un homme de lettres, né par hasard en Normandie quand le vingtième siècle avait neuf ans, un homme qui a connu, à Paris [sa] grand’ville (2015), les vicissitudes de l’histoire, rencontré bon nombre de ceux qui, dans le monde artistique et littéraire, comptent, produit une œuvre littéraire d’une importance certaine et participé également, depuis 1964, chez Gallimard, à la vie d’une grande maison d’édition. Et c’est cette chance qu’il partage avec le public en publiant le fac-simile de quelques photos et des courriers échangés avec les Brassaï, lettres, dessins, cartes postales etc., d’avril 1950 à avril 1983, le tout précédé d’un essai où l’histoire personnelle des uns et des autres épouse l’aventure culturelle commune. Le hasard sourit à plusieurs reprises à Roger Grenier, lors de sa rencontre avec Albert Camus, par exemple, mais aussi, dans la naissance de son amitié avec Brassaï, comme il le rappelle dès la première page de l’essai liminaire où l’évocation des faits passés permet une approche pertinente de la personnalité complexe d’un homme aux multiples talents, un artiste complet qui « mettra longtemps à s’accepter comme photographe ». La rencontre de Brassaï avec sa future épouse, Gilberte Boyer, amie d’enfance de Roger Grenier, marque le début de l’amitié entre les deux hommes dont les intérêts artistiques correspondent pleinement. Les courriers échangés, même courts, disent, au détour des conventionnels « il fait très beau les enfants vont bien », où l’un, Roger Grenier, mais surtout l’autre, le héros de l’histoire, Brassaï, en est de son travail…